Chronique vintage | La IHL, cette ligue mineure professionnelle qui a accueilli les Rafales de Québec pour deux saisons
La Ligue internationale de hockey a roulé sa bosse parmi les nombreuses ligues de l’époque entre 1945 et 2001. Fondée à la base pour accueillir quatre équipes réparties à Détroit et à Windsor, l’expansion de la ligue s’est effectuée de façon graduelle pendant une vingtaine d’années. Après une tentative infructueuse de lancer le marché de la IHL en Ohio et dans quatre autres villes américaines, la ligue revient à ses racines avec des équipes de Détroit et de Windsor, tout en incluant deux autres villes canadiennes, soient Sarnia et Chatham. Windsor lâche toutefois le morceau en 1950 et à ce moment, c’est le retour des expansions américaines. Consécutivement, c’est Grand Rapids, Troy, Cincinnati, Fort Wayne et Milwaukee qui héritent de franchises de la IHL. En 1952, la dernière équipe canadienne, basée à Chatham, quitte la IHL et la ligue ne devient qu’Américaine. Un bref retour de deux franchises canadiennes en 1963, le temps de deux saisons, pour ensuite connaître la plus grande expansion de son existence.
En compétition avec la LAH
En effet, dans les années 70, la LAH était la ligue primaire en guise de club-écoles pour la LNH, mais l’expansion fulgurante de la IHL commence à entrer en conflit. Vaguant entre six et neuf équipes depuis sa naissance, la IHL accueille 11 clubs pour la première fois lors de la saison 1974-1975, ce qui devient un standard pour les saisons suivantes. Plusieurs clubs de la IHL deviennent des club-écoles de la LNH et la ligue grossit ses rangs en absorbant les équipes survivantes de la défunte CHL de même que celles de la WHA dans le milieu des années 80. Les plus grosses années de cette ligue commencent dès la saison 1990-1991, où la IHL accueille 11 clubs. Par la suitée, de plus en plus d’équipes se greffent à la ligue pour atteindre un sommet en 1995 avec 19 organisations actives. Depuis le début de son existence, 22 joueurs ont été sélectionnés au repêchage de la LNH alors qu’ils s’alignaient avec un club de la IHL. Au cours des années 90, cinq joueurs se sont faits repêchés en première ronde directement en provenance de la IHL:
Radek Bonk (1re ronde, 3e total pour les Sénateurs en 1994)
Petr Sykora (1re ronde, 18e total pour les Devils en 1995)
Ruslan Salei (1re ronde, 9e total pour les Mighty Ducks en 1996)
Sergei Samsonov (1re ronde, 8e total pour les Bruins en 1997)
Patrik Stefan (1re ronde, 1er total pour les Thrashers en 1999)
Retour des équipes canadiennes
En 1996, la IHL annonce officiellement le retour d’une équipe canadienne dans ses rangs avec le Moose du Manitoba et avec les Rafales de Québec. Pour la franchise manitobaine, il s’agissait d’un déménagement en provenance du Minnesota, où l’équipe portait le même nom. D’ailleurs, le Moose du Manitoba existe toujours après son transfert dans la LAH en 2001. Pour Québec, le retour d’une franchise fut éphémère puisque les Rafales n’ont disputé que deux saisons dans la IHL avant de s’éteindre. La franchise avait été achetée en provenance d’Atlanta. Parmi les joueurs plus connus dans l’alignement des Rafales, on retrouvait Francis Bouillon (1997-1998), Alain Côté (1996-1997), Gaétan Duchesne (1996-1998), Steve Larouche (1996-1998 et meilleur compteur de l’histoire de la franchise), Glen Metropolit (1996-1997) et Éric Perin (1997-1998). L’arrivée de ces deux franchises apportait un léger baume dans le coeur des partisans irrités par la perte de leur franchise de la LNH (1995 pour Québec et 1996 pour Winnipeg). L’engouement se fait sentir dès la première campagne des Rafales avec une moyenne d’assistance de plus de 11 000 personnes. L’année suivante, cette moyenne chute de moitié, ce qui met fin à la franchise des Rafales. Malgré l’expansion incroyable que connaissait la IHL, la décente aux enfers de cette ligue fut brutale devant une compétition aussi féroce que la LNH.
Sur le déclin…
Dans le milieu des années 90, avec toutes ces équipes d’expansion, la IHL déclare officiellement la rivalité avec la LNH. Toutefois, en raison de son statut de ligue professionnelle de rang mineur, jamais elle ne pourra atteindre les standards de la plus puissante ligue en Amérique. Par exemple, les équipes de la Ligue internationale de hockey devaient composer avec un cap salarial de 1,5 M$, en comparaison avec 11,4 M$ au niveau de la LNH. Croyant pouvoir bénéficier du lock-out de 1994 pour mousser la ligue, les dirigeants de la IHL se font jouer un tour après l’instauration d’un tel cap salarial par la LNH. L’effet négatif est instantané: la LNH retire tranquillement ses équipes affiliées de la IHL pour qu’à la saison 1997-1998, il n’en reste plus que quatre. À ce moment, la Ligue internationale en était à son maximum d’équipes malgré la baisse d’engouement. En effet, la baisse de la qualité des joueurs a un effet dévastateur alors qu’aucune franchise n’est en mesure d’atteindre le cap des 10 000 partisans en moyenne lors des rencontres au cours des deux dernières saisons. Au cours de la saison 2000-2001, six équipes sont transférées dans la AHL et une autre a été rapatriée dans la ECHL. Ces mouvements de franchise donnent le dernier clou dans le cercueil de la IHL, qui ferme ses portes à la fin de cette campagne.
Qu’en reste-t-il maintenant ?
Il faut dire que plusieurs franchises de la IHL roulent encore leur bosse tant dans la LAH que dans la IHL. Voici un aperçu des équipes encore actives:
Wolves de Chicago
Aeros de Houston (maintenant basé en Iowa)
Moose du Manitoba
Grizzlies de l’Utah (maintenant basé à Cleveland)
Griffins de Grand Rapids
Orlando Solar Bears (ECHL)
Cyclones de Cincinnati (ECHL)
De ces équipes, la franchise de Cincinnati demeure celle qui a mis la main sur le plus de championnats de séries. Le trophée Turner, remis au champion des éliminatoires, n’aura toutefois jamais été remporté par une équipe canadienne, mis à part dans les années 40, quand les Spitfires de Windsor l’ont remporté à deux reprises en 1947 et en 1949. En 2007, la IHL tente un retour sur le marché sous le nom de la United Hockey League, ce qui ne fut pas fructueux puisque cette résurrection de la Ligue internationale de hockey ne dure que trois ans. Ces trois années, jamais plus de sept clubs n’ont foulé les patinoires de la IHL, dont aucune n’était basée au Canada. Néanmoins, les assistances n’étaient tout simplement pas au rendez-vous (moyenne de 4000) et la rentabilité de la ligue était au plus bas. La IHL demeure tout de même la ligue qui est passée sous le radar pendant des années, mais qui a également accueilli les Rafales de Québec, une équipe appréciée des partisans de hockey de la ville de Québec.
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