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Le cap salarial ajusté en fonction des impôts des provinces et des États?

On voit de plus en plus une tangente au sein de la LNH lorsque vient le temps d’analyser le marché des joueurs autonomes. Certaines formations ont la cote auprès des joueurs, alors que d’autres se font littéralement bouder. La réalité des impôts dans les différents provinces et États devient de plus en plus l’un des facteurs les plus importants dans la décision d’un joueur avant de signer un lucratif contrat comme joueur autonome.

Des équipes avantagées

Dans le circuit Bettman, les Golden Knights de Vegas se comptent parmi les formations attirantes pour un joueur autonome. Qualifiée comme une place où il fait bon de vivre, cette ville n’offre aucun taux d’imposition d’État, alors que seul l’impôt fédéral est prélevé sur le chèque de paye des joueurs. Comme l’illustrait Jesse Granger dans un billet pour le compte du Las Vegas Sun en 2018, un joueur qui gagnait un salaire de 5M$ par année à Vegas touchait, après impôt, un total de près de 3,06M$ au final. En guise de comparaison, le même joueur, au même salaire, mais qui évoluait dans une province canadienne comme Toronto, Ottawa ou Montréal, gagnait au final près de 2,36M$.

C’est une différence énorme sur un salaire annuel et on parle ici d’un argument de taille pour le choix d’une formation, lorsqu’on a le loisir de choisir notre destination en tant que joueur autonome. À ce jour aux États-Unis, huit États ne prélèvent pas d’impôt sur le revenu des particuliers: la Floride, l’Alaska, le Nevada, le Dakota du Sud, le Texas, le Wyoming, le Tennessee et l’état de Washington. C’est donc dire que ces formations de la LNH sont toutes favorites pour l’obtention d’un joueur autonome à gros salaire:

  • Le Lightning
  • Les Panthers
  • Les Golden Knights
  • Les Stars
  • Le Kraken
  • Les Predators

Rien d’étonnant de voir certains joueurs signer avec ces formations. Récemment, il y avait des rumeurs à l’effet que les Canadiens de Montréal voulaient signer Jonathan Marchessault. Selon une source très proche du joueur, l’attaquant s’était fait offrir un contrat de trois saisons au coût annuel d’environ 4,7M$. Une entente qui fut refusée en raison de la courte durée, mais aussi parce que les Predators offraient 5,5M$ dans un État beaucoup moins imposé que le Québec.

Québec, le pire endroit

Parlons des taux d’imposition pour les branches de salaire de la NHL. Au Québec, un joueur de la NHL se fera imposer à 25,75% de son salaire seulement sur le volet provincial. Le Fédéral vient gruger une autre partie avec un taux d’imposition de 33% pour les tranches de salaire supérieur à 246 752$. Les chiffres présentés sortent directement des sites web du Gouvernement du Canada et du Québec. On se retrouve à un taux d’imposition nettement supérieur à 50% lorsqu’on évolue pour le Canadien de Montréal. Michael Pezzetta mentionnait dans un podcast qu’il a fait un saut lorsqu’il a vu 54% de son salaire partir en taxes et impôt lorsqu’il a été rappelé dans la NHL. Ses propos furent mal accueillis par les partisans, mais on ne peut avancer qu’il avait tort.

Cette réalité touche également les formations canadiennes en général. L’exercice fut exécuté en 2018 et l’Ontario arrivait 2e comme province la plus imposée. Or, ce n’est plus le cas en 2024. En effet, selon le site du Gouvernement du Canada, l’imposition provinciale en Ontario s’élève à 13,16% pour les salariés en haut de 220 000$. Ajoutons à cela le 33% prélevé par le Fédéral et nous frôlons encore les 50% d’imposition.

C’est plutôt la Colombie-Britannique qui se retrouve tout juste derrière le Québec avec un taux d’imposition provincial de 20,5% sur les salaires dépassant 252 752$. Ainsi, en ajoutant le taux d’imposition fédéral, on se retrouve à 53,5% d’imposition pour, exemple, les joueurs évoluant avec les Canucks de Vancouver. Voici un tableau récapitulatif de la situation pour les équipes canadiennes:

ProvinceTaux impôt provincialTotal impôt (prov et fed)
Québec25,75%58,75%
Colombie-Britannique20,5%53,5%
Manitoba17,4%50,4%
Alberta15%48%
Saskatchewan14,5%47,5%
Ontario13,16%46,16%
*33% d’impôt fédéral ajouté au total*

Où paient-ils leur impôt ?

Évidemment, le système d’impôt américain est assez complexe et différent de celui au Canada. Généralement, il y a trois paliers d’impôt aux USA: l’impôt fédéral, d’État (provincial) et local (certaines villes). À noter qu’en Floride, au Texas, dans le Tennessee, dans le Nevada, dans l’État de Washington et dans certains autres états, on ne prélève pas d’impôt d’État. Les formations de ces États sont donc nettement avantagées. Le taux d’imposition fédéral s’élève à 37% pour les plus hauts salariés selon l’échelle de NerdWallet. C’est dans les impôts provinciaux et locaux que les joueurs viennent sauver de l’argent.

En guise de comparaison, la Californie impose ses citoyens à 13,3%. On tombe donc dans les mêmes eaux que la province de l’Ontario en matière d’imposition. Cela dit, les taxes de vente sont bien moins élevées avec un taux de taxe de 7,5%. Au Nevada, État qui accueille les Golden Knights de Vegas, on n’impose rien sur les revenus des particuliers. La charge fiscale, sous forme de taxe, n’est que de 6,5% en plus de l’impôt fédéral (37%).

Il y a certainement des avantages à jouer dans certains États aux États-Unis. Par contre, les joueurs évoluant au Canada paient-ils leur impôt aux États-Unis ou dans leur Terre adoptive ? Antoine Deshaies, de Radio-Canada, avait dressé à l’époque un très bon dossier à ce sujet. En effet, le journaliste écrivait que «les athlètes professionnels ne paient pas leurs impôts que dans leur lieu de résidence, mais ils en paient généralement en proportion du temps travaillé dans chaque juridiction fiscale, puis à leur lieu de résidence.» Toujours selon ses recherches, un joueur américain jouant pour les Canadiens de Montréal sera imposé sur ses revenus gagnés au Canada. Ainsi, tous les matchs joués aux États-Unis seront soumis à l’impôt américain.

Un plafond salarial ajusté ?

Afin de rendre le tout équitable pour toutes les formations de la LNH, devrait-on ajuster le plafond salarial en fonction du taux d’imposition des provinces et des pays ? C’est en observant ces chiffres que l’on comprend pourquoi certaines formations partent favorites pour l’obtention d’un haut salarié de la LNH. En mettant plus d’espace salarial aux formations canadiennes, en guise d’exemple, ce phénomène deviendrait moins flagrant et par conséquent, plus équitable pour les formations du circuit Bettman.

Toutefois, comme on le voit de plus en plus, les organisations trouvent le moyen de contourner les règles d’imposition en versant 910 000$ en salaire après avoir obtenu 11M$ en bonus. C’est exactement comme cela que le contrat de John Tavares a été construit une fois qu’il a signé chez les Leafs. L’attaquant étoile ne touchera jamais un salaire plus haut qu’un million pendant huit ans, mais il recevra des bonus chaque année jusqu’à l’échéance de son contrat. D’autres optent pour le versement d’argent auprès des oeuvres de charité, afin de récupérer un peu de cet argent via l’impôt. De ce fait, leur salaire annuel est moins imposé, puis ils récupèrent une petite partie sur leur remboursement d’impôt.

Actuellement, les fiscalistes et les agents de joueurs travaillent d’arrache-pied pour faire sauver des dollars à leur client. Au final, l’ajustement du plafond salarial en fonction du taux d’imposition des endroits pourrait-il enrayer toutes ces formalités de contournement ?

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