Opinion | Est-ce que Charles Hudon est la copie québécoise de Daniel Carr?
Premièrement, je dois mettre quelque chose au clair avant d’exposer mon point. Cette manchette ne se veut pas réductrice à l’égard de Charles Hudon. Le but n’est pas là, mais je suis pleinement conscient que le fait qu’il soit Québécois viendra chatouiller les valeurs de certains amateurs avec cette manchette. Faire une comparaison avec Daniel Carr, qui est un joueur talentueux, mais qui n’a jamais obtenu de chances au sein d’un trio offensif dans la NHL, ce n’est nullement réducteur pour Charles Hudon, puisqu’il vit la même réalité. Je vous invite à lire jusqu’à la fin pour comprendre le point en sa totalité avant de juger. Les comparatifs statistiques et les évaluations de DobberProspect à leur début respectif sont assez révélateurs.
Si pour vous c’est réducteur, c’est que vous jugez Carr par le simple fait qu’il ne joue pas dans la NHL à temps plein, ce qui est aussi le cas de Hudon, alors… Clarifications faites, commençons par le cheminement de Carr. Ce joueur jamais repêché par un club de la LNH roule sa bosse en AHL depuis 2014. Signé au sein de l’organisation du Canadien de Montréal, le produit issu du Union College offre dès son arrivée une production offensive intéressante avec les Bulldogs d’Hamilton. L’année suivante, il maintient le rythme jusqu’à ce qu’il reçoive une première opportunité avec le Canadien. Lorsqu’il fut rappelé par l’organisation, plusieurs avaient le même point d’interrogation au visage à la vue de ce nom.
Une belle impression
En 23 matchs chez le Canadien lors de la campagne 2015-2016, il cumule neuf points, dont six buts. L’année suivante, il obtient 33 matchs dans le grand club, mais les blessures le limitent quelque peu. En AHL, il continue de produire au même rythme qu’il nous a habitué. Carr offrait toujours de fiers services au CH lorsqu’il était rappelé, les gens appréciaient son rendement, mais jamais on ne l’envoyait sur les unités offensives. Pourtant, on parle d’un joueur qui frôlait la moyenne d’un point par match en AHL. Cela vous rappelle quelqu’un ? Nous y reviendrons…
Lors de la campagne 2017-2018, il obtient sa plus longue opportunité avec le CH, jouant 38 matchs dans le circuit Bettman au cours desquels il cumule 16 points pour une moyenne de 0,42 point par match. Malheureusement à l’été, l’organisation décide de ne pas soumettre d’offre qualificative au joueur, qui se retrouve sur le marché des joueurs autonomes. Certains sont déçus, car l’ailier natif de l’Alberta était apprécié lors de ses passages à Montréal. On connaissait son potentiel offensif, on le voyait même comme un projet à Montréal et souvent, plusieurs militaient pour qu’on lui fasse une plus grosse place dans l’organisation. Il aura fallu qu’il se joigne à un autre club pour comprendre que Daniel Carr est un excellent joueur AHL, mais n’a pas ce qu’il faut pour s’implanter à temps plein dans la grosse ligue.
Surprise: Daniel Carr fait partie des joueurs à qui le Canadien n’a PAS soumis d’offre qualificative. C’est moins étonnant dans le cas de Logan Shaw, Zach Fucale, Jérémy Grégoire et Tom Parisi.
Danault, JDLR, McCarron et Rychel en ont reçu une.— Marc Antoine Godin (@MAGodin) June 25, 2018
À l’été 2018, le CH décide de ne pas soumettre d’offre qualificative à Carr. Il devient joueur autonome et signe rapidement avec les Golden Knights. Là-bas, il n’obtient également aucune réelle opportunité même s’il domine littéralement la AHL. Cette saison-là, il est élu joueur le plus utile de la ligue américaine avec une production de 71 points en 52 matchs. L’année suivante, ce sont les Predators qui s’offrent les services de Carr. Le scénario est le même: très dominant en AHL, aucune opportunité de ce nom dans le circuit Bettman.
#Preds add AHL MVP Daniel Carr. https://t.co/72wjPbfVLZ
— Nashville Predators (@PredsNHL) July 1, 2019
Et le parallèle avec Hudon dans tout cela?
Je ne reviendrai pas sur le cheminement de la carrière de Charles Hudon. Non seulement on lea connaît, mais elle est presque identique à celle de Carr. Hormis le fait qu’Hudon fut un choix de cinquième ronde et qu’il s’est développé en LHJMQ, son cheminement dans le hockey professionnel fut quasi identique. Hudon connaît beaucoup de succès en AHL, c’est assez évident. À l’image de Carr, il aura saisi une seule réelle opportunité en 2017-2018 avec une production de 38 points en 72 matchs pour une moyenne de 0,42 point par match (identique à celle de Carr à son plus long rappel). La saison suivante, on le garde dans le club sans pour autant lui donner des chances, mais en ne le renvoyant pas en AHL non plus.
D’où la question initiale dans le titre: est-ce que Charles Hudon est la réplique québécoise de Daniel Carr ? À cela, je réponds par l’affirmative. On parle ici de deux joueurs au potentiel similaire, qui se démarquent grandement en AHL, mais qui n’ont jamais vraiment eu d’opportunité sur des trios offensifs. Par contre, si Hudon se retrouve ailleurs qu’à Montréal, je ne crois pas qu’il obtiendra cette chance non plus, à l’image de Carr. Des joueurs comme ces deux prototypes, il y en a des centaines. C’est malheureux, mais parfois il faut passer outre le fait qu’Hudon est Québécois pour évaluer de façon objective son cheminement.
Voici donc quelques comparatifs statistiques entre Hudon et Carr et plus loin, j’aborderai leur évaluation respective par DobberProspect en frais de potentiel.
AHL
NHL
Points en carrière:
Daniel Carr (AHL): 206 points en 235 matchs (0,88 pt/match)
Charles Hudon (AHL): 197 points en 253 matchs (0,78 pt/match)
Daniel Carr (NHL): 36 points en 11 matchs (0,32 pt/match)
Charles Hudon (NHL): 41 points en 123 matchs (0,33 pt/match)
Comparaison des potentiels par DobberProspect
Daniel Carr:
– Bel »upside » offensif et sa touche de marqueur dans les collèges risque de se transposer très bien chez les pros (2013)
– Son »upside » chez les pros peut être limité, mais son efficacité dans les 3 zones peut lui permettre un rôle de »bottom 6 » d’ici deux ans (2014)
– Toujours projeté comme un attaquant »bottom 6 » (2015)
– Il va dans les zones chaudes et possède une touche pour créer des jeux. Une saison de 20 buts est tout à fait légitime pour cet attaquant top 9 (2016)
– Carr est un joueur offensif qui trouve le moyen de produire et il peut le faire sur le long terme, à un coût d’investissement très bas (2017)
– Il est peut-être petit, mais il se démarque en possession de rondelle. Il possède des mains très habiles et s’avère être un très bon complément avec les joueurs qui lui sont jumelés (2018)
Charles Hudon
– Bon joueur avec un »upside » offensif, mais nous sommes encore à quelques années de voir les résultats (2012)
– Ses pieds sont lents et cela affecte son patin. Par contre, ses mains et son sens du hockey viennent compenser le tout (Fin 2012)
– Son jeu est complet, son sens du détail et son intelligence sur la glace viennent compenser son manque de rapidité. (2014)
– Il y a encore du travail à faire, mais Hudon se développe très bien depuis sa sélection en 5e ronde (2015)
– Hudon pourrait attirer l’attention au camp, mais le plan est de le développer en AHL. On s’attend à le voir dominer en AHL puis de le voir s’acclimater tranquillement à la LNH (2016)
Source:DobberProspect
Ayant posé la question sur Twitter, les avis étaient assez partagés. Et vous, que pensez-vous de cette comparaison ?
Je pose la question sans vouloir dénigrer Charles Hudon. Je suis simplement curieux de voir les opinions sur ce take…
Est-ce que Hudon est la réplique québécoise de Daniel Carr, du temps où il était de l’organisation ?#GoHabsGo
— Mathieu Paradis (@mat_paradis) March 5, 2020
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