Chronique vintage | Du fond de classement à la Coupe en un an (Partie 2)
»Started from the bottom now we’re here ». Ces paroles tirées d’une chanson du rappeur canadien Drake peuvent se coller assez bien à cette chronique. En effet, dans cette deuxième partie de notre chronique, nous observerons le parcours des Rangers de New York entre 1992 et 1994, qui sont passés des bas-fonds de classement à champions de la Coupe Stanley en l’espace d’une saison seulement. Vous pouvez d’ailleurs consulter notre première partie abordant les Penguins de 1989 à 1991 en suivant ce lien: (Chronique vintage | Du fond de classement à la Coupe en un an (Partie 1)) Comment ces organisations en sont-elles venues à cela ? Par le repêchage ? Par de bonnes transactions ? Ce qu’on pourra observer, c’est que visiblement, il n’y a aucune recette gagnante absolue…
- Rangers de New York (1992 à 1994)
Saison 1991-1992, les champions en titre sont les Penguins de Pittsburgh. Comme expliqué dans notre première partie de cette chronique, les Pens ont réussi à partir du fond de classement pour s’élever comme champion de la Coupe Stanley en l’espace d’un an, et ce, sans l’apport de Mario Lemieux, blessé. Lors de la saison 91-92, les Rangers terminent la campagne avec une récolte de 105 points au classement en saison pour ensuite plier l’échine contre les Penguins en finale de division. La troupe de Pittsburgh récoltera ainsi une deuxième Coupe d’affilé. Chez les Rangers, on souhaite poursuivre sur les mêmes bases, mais la saison 1992-1993 devient un gros point d’interrogation au sein de l’organisation.
En effet, cette saison-là, les Rangers terminent la campagne avec 79 points, bons pour le dernier rang de leur division. Dans l’Est, seuls les Senators (24 points) et Hartford (58 points) se retrouvent sous New York au classement. Cette saison-là, on comptait sur pas mal le même club que la saison précédente, une campagne parsemée d’une récolte de 115 points. C’était tout de même étonnant de subir une telle baisse de production avec ces éléments dans l’alignement:
Joueur | Buts | Passes | Points |
---|---|---|---|
Mark Messier | 25 | 66 | 91 |
Tony Amonte | 33 | 43 | 76 |
Mike Gartner | 45 | 23 | 68 |
Brian Leetch | 6 | 30 | 36 |
Le mélange de vétérans et de recrues était assez évident. D’un côté, on avait des monuments comme Mark Messier et Mike Gartner alors que chez les jeunes, on comptait sur Alex Kovalev (19 ans), Doug Weight (22 ans) et Tony Amonte (22 ans). La perte de Brian Leetch pour plusieurs matchs aura certes eu un effet sur les contre-performances de l’équipe en 92-93. Dans le filet, le duo composé de Mike Richter et de John Vanbiesbrouck faisait relativement le travail. Messier en était seulement à sa deuxième campagne chez les Rangers, acquis en provenance des Oilers d’Edmonton. Le propriétaire à l’époque avait effectué cette transaction dans le but précis de soulever la Coupe. Avec les espoirs fondés en 91-92, c’était une grande déception de voir la formation être exclue des séries en 92-93. Une saison à oublier ? Pas vraiment, car on savait maintenant ce qui manquait pour aspirer aux grands honneurs.
Les performances de l’équipe lors de la saison 92-93 placent les Rangers au 8e rang au repêchage amateur de l’été. On repêche Niklas Sundstrom, qui aura offert de bons services à l’organisation, mais pas dans l’immédiat. Il débute sa carrière NHL en 1995. Aucun choix de ce repêchage ne viendra en aide aux Rangers, à la différence des Penguins de 90-91, qui comptaient sur l’arrivée de la recrue Jaromir Jagr, repêché à l’été. Qu’est-ce qui allait donc faire en sorte que les Rangers, en l’espace d’une saison, passent de derniers de division à champions de la Coupe Stanley ?
Une liquidation qui mène à la Coupe
La saison 92-93 voyait un jeune défenseur émerger chez les Rangers: Sergei Zubov. La saison suivante, celle de la conquête de la Coupe Stanley, Zubov devient le meilleur marqueur de l’équipe devant Mark Messier même. L’effet du nouvel entraîneur Mike Keenan rapportera également cher à la franchise lors de sa première saison à la barre. Par contre, ce qui frappe le plus dans le chemin parcouru par l’organisation, c’est la liquidation de la date limite de 1994 qui s’est transformée en véritable course pour la Coupe. Ce paradoxe est encore à ce jour incompris, mais on ne peut contester son efficacité. En effet, en mars 94, les Rangers se départissent coup sur coup du jeune Tony Amonte et du vétéran Mike Gartner, deux des meilleurs attaquants de l’équipe. Seul Stéphane Matteau, dans le lot reçu pour les deux joueurs étoiles, fait partie de l’alignement et son impact est minime en termes de production offensive.
On s’était également départi de John Vanbriesbrouck pendant la saison morte avant la campagne 93-94 alors on fonctionnait uniquement avec Mike Richter qui connaît une superbe saison. Il était assisté jadis par Glenn Healy. À la date limite de 94, les Rangers trônaient au premier rang de la ligue nationale. Pourquoi a-t-on donc échangé Amonte et Gartner ? Mike Keenan, à l’époque, désirait ajouter de la robustesse et du coeur à son alignement et il aura finalement pu convaincre son DG que dans les séries, même avec le plus de talent sur la glace, c’est avec la robustesse qu’on gagne.
Keenan toucha un point. Amonte et Gartner quittent les deux contre des gros bonhommes dont Nick Kypreos et Stéphane Matteau entre autres. On n’ajoute aucun talent supplémentaire et on fait confiance en l’alignement présent. Bien que Mark Messier affiche une baisse de régime comparativement à ses deux années précédentes chez les Rangers, on réussit à gagner la finale de la Coupe Stanley en 6 rencontres contre les Canucks, qui comptaient ni plus ni moins que sur Pavel Bure et Trevor Linden, deux vedettes instantanées à 22 et 23 ans respectivement. L’émergence du jeune Alex Kovalev au sein des Rangers aura également grandement servi à l’offensive de l’équipe.
En conclusion…
C’est ce qui met fin à notre chronique divisée en deux parties. Il est très plaisant de voir qu’il n’y a définitivement pas de recette gagnante pour gagner la Coupe. D’un côté, les Penguins ont profité du repêchage pour mettre la main sur Jagr en plus d’ajouter de l’expérience en Larry Murphy et en Ron Francis pour ainsi se relever d’une saison difficile au centre de deux saisons dominantes. De l’autre côté, on retrouve les Rangers qui, à l’image des Pens de cette époque, ont connu une saison difficile entre deux saisons dominantes.
Par contre, les Rangers ont axé sur la robustesse, sans passer par le repêchage, quitte à échanger une vedette montante en Tony Amonte et un vétéran qui sera du Temple de la renommée quelque temps plus tard en Mike Gartner.
Deux visions différentes, même résultat au final.
Chronique vintage | Du fond de classement à la Coupe en un an (Partie 1)
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