Trevor Timmins et sa relation avec la LHJMQ
Depuis longtemps, plusieurs se tuent à dire que le CH fuit la LHJMQ. C’est faux, mais la relation entre le Québec et l’équipe de recrutement ne semble pas au beau fixe. Voici une analyse de l’un de nos chroniqueurs sur les 10 dernières années de repêchage du Tricolore.
Plus tôt cette année, j’ai publié une analyse statistique en plusieurs parties sur le succès des différentes ligues au travers du monde à produire des joueurs de la LNH. En le faisant, j’ai construit une banque de données regroupant 10 ans de repêchage (2010 à 2019). Depuis que ces articles ont été rédigés, une phrase me revient toujours en tête : « le Canadien ne repêche que des joueurs du programme américain et fuit la LHJMQ ». Avec les informations que j’ai entre les mains, je veux tenter d’étudier la question. Est-ce qu’il est vrai que le CH n’en a rien à faire de la LHJMQ ? Je récidive donc et vous présente une nouvelle étude statistique démontrant les préférences du CH au repêchage.
La provenance des sélections du CH
Premièrement, si on ne regarde que le nombre de sélections sans regarder la qualité (le rang), ce n’est pas vrai que le CH ignore complètement la LHJMQ au profit des États-Unis, au contraire. Si vous regardez le tableau 1 ci-dessous, le Tricolore compte 12 choix provenant du circuit Courteau de 2010 à 2019. Seulement les Blues de Saint-Louis et le Lightning de Tampa Bay ont choisi plus d’espoirs que la Sainte-Flanelle (13 choix) au Québec. Pour ce qui est des États-Unis, on note 8 sélections dans les collèges et 5 dans l’USHL. Ce qui donne 13. La différence est loin d’être énorme.
Tableau 1 – Nombre de sélections du Canadien de Montréal selon la provenance en fonction du reste de la ligue
Le Canadien a repêché énormément au Canada (OHL, LHJMQ, WHL et junior A canadien) et c’est dans la WHL qu’ils ont pigé le plus souvent avec 14 dans les dix dernières années. À elles seules, ces ligues représentent 58,33 % du repêchage des Habs. Ceci est largement au-dessus de la moyenne au travers la ligue. En effet, pour l’ensemble des équipes du circuit Bettman, les ligues canadiennes représentent en moyenne 48,55 % de leurs sélections. Si on compare aux ligues américaines, le CH y base 18,06 % (un des plus faibles pourcentages de la LNH) de leur recrutement depuis 2010 comparativement à 25,88 % en moyenne au travers de la ligue. Pour l’Europe, c’est 23,61 % contre 25,47 % dans la LNH.
Ainsi, le repêchage du Canadien est assez diversifié. Ils n’ont pas peur de choisir un peu partout dans le monde, mais le Canada demeure leur principale source d’espoirs. Ainsi, pourquoi est-ce que les gens soulèvent souvent le problème que la LHJMQ est ignorée par l’équipe ?
La qualité des choix
La réponse se retrouve dans la qualité des choix selon moi. Le sentiment que la plupart des partisans ont est que le CH prend toujours un Québécois ou un joueur de la LHJMQ en milieu de repêchage pour faire plaisir aux gens. Avec les données que j’ai recueillies, on est capable de voir que le sentiment n’est pas totalement faux.
Le tableau 2 qui suit montre la qualité des choix en fonction de la provenance du joueur sélectionné. Si on identifie les cinq origines dans lesquelles le CH pige le plus (Suède, Highschool, OHL, WHL et LHJMQ), c’est la LHJMQ qui se mérite le moins de bons choix. Pour le circuit québécois, seulement 25 % proviennent des trois premières rondes. Concernant les quatre autres, c’est tous en haut de 45 %.
Tableau 2 – Qualité des choix du Canadien de Montréal en fonction de leur provenance
Personnellement, je ne vois pas cela comme un désaveu envers la ligue à proprement parler. En effet, certaines équipes comme Détroit, Tampa Bay ou Saint-Louis n’ont pas peur d’utiliser un choix dans les trois premières rondes pour prendre un joueur de la LHJMQ. Toutefois, ce que je me demande c’est si Timmins, Churla et Bergevin ont confiance en leurs recruteurs qui couvrent le circuit.
Depuis 10 ans, Charles Hudon, Sven Andrighetto, Nathan Beaulieu et Morgan Ellis sont les seuls quatre espoirs sur douze qui ont foulé une patinoire de la LNH. Aucun de ces joueurs ne s’est développé comme on le voulait. Est-ce que Timmins préfère se tourner vers ces hommes de main des autres provinces qui lui ont procuré Brendan Gallagher, Mikhail Sergachev, Victor Mete, Cale Fleury ou Noah Juulsen ? Peut-être bien. C’est un peu tôt pour évaluer de 2016 à 2019 et le repêchage du Canadien n’a pas été top jusqu’en 2016 (le bilan est très décourageant), mais le fait demeure que le CH risque peu de choix élevés sur le Québec.
La suite
Il est certain qu’avec un plus grand nombre de sélections, le CH peut encore plus diversifier ses sélections. Avec la fin du « reset » qui est enclenché selon ce qu’on peut lire en les lignes des dirigeants, je m’attends à voir beaucoup de mouvement d’ici le repêchage. Personnellement, j’espère que l’équipe conservera un bon nombre de sélections, car le repêchage demeure une priorité. On ne devient pas une équipe prétendante en 10 matchs éliminatoires. Beaucoup de travail sur l’alignement demeure à faire et Bergevin (et Molson) ne doit pas l’oublier.
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