Patience chez le CH | Il faudrait se souvenir de Pacioretty, Markov, Ribeiro, Plekanec, Koivu, Subban, Gallagher…
»Je me souviens » étant la devise du Québec, on pourrait très souvent ajouter les mots »de rien » après la paraphrase qui représente notre province. Dans le monde politico-social et même dans le sport, on a tendance à oublier bien des choses lorsqu’on véhicule notre opinion. Du côté des partisans du Canadien de Montréal, on a tendance à oublier jusqu’à ce qu’on remette certaines choses en plein visage. Hier, on fêtait les 25 ans de la fameuse échange impliquant le gardien de but Patrick Roy. On s’est donc souvenu, pendant toute la journée, à quel point cette transaction a cloué le spectre du Canadien loin des succès. Pourtant, depuis près d’une décennie, on voit plusieurs personnes souhaiter voir Carey Price être échangé.
Heureusement, les gens qui pleurent encore le départ de Roy ne sont pas les mêmes qui souhaitent voir Price être échangé. Mais tout de même, cela démontre très bien comment on peut oublier les répercussions et les émotions reliées à certains événements plus le temps passe. L’exemple de Patrick Roy et des gens qui souhaitent voir Price être échangé en est un parmi tant d’autres. Dans ce texte, je vous ferai part d’une observation qui devrait rester vissée dans la tête de bien des gens.
La patience est une vertu…absente
On voit souvent des gens s’affoler sur le développement d’un jeune joueur. Lorsque je regarde les jugements à l’égard de jeunes comme Ryan Poehling, Jesperi Kotkaniemi, Cole Caufield, Jesse Ylonen, Lukas Vejdemo et j’en passe, je ne peux m’empêcher de lâcher un soupir. Dès qu’un joueur atteint la branche d’âge de 18 à 20 ans, il se doit de performer aux yeux du partisan, sinon, il est un »bust ». Vraiment ? Je suis très conscient que le développement chez le CH a longtemps fait défaut et je comprends la frustration de plusieurs devant le nombre de joueurs repêchés qui n’ont ni même franchi la porte du hockey professionnel. Cela dit, on a des joueurs dans l’organisation qui aspire à la NHL à temps plein et on se permet de les dénigrer s’ils ne performent pas à 20 ans. Revenons un peu dans le passé si vous le voulez bien.
»Vejdemo se juste bon en AHL, il ne fera jamais la NHL »
»Cole Caufield, un nain de jardin. S’il fait la NHL, c’est bon »
»Kotkaniemi, un flop monumental encore »
»Poehling ne sera jamais plus qu’un 4e centre »
Voici là des commentaires qui reviennent fréquemment sur nos différentes plateformes et croyez-moi, les exemples pris ici sont censurés puisque c’est bien pire en réalité. Le parcours vers le NHL de Poehling (21 ans) et de Vejdemo (24 ans) s’éclaircit beaucoup avec les années. Dans le cas de Ryan Poehling, un choix de premier tour à l’encan 2017, je ne suis pas prêt à abandonner à son âge tout comme bien des jeunes. Pourquoi ? Parce qu’on ne doit pas abandonner auprès de jeunes de cet âge et je reviens à l’adage amené en début de texte: »je me souviens ».
Lorsqu’on revient dans le temps, on peut constater qu’un nombre important de joueurs chez le Canadien se sont implantés dans l’alignement quelques saisons après leur début. J’ai décidé de ressortir tous les joueurs d’impacts sélectionnés par le CH dans les dernières années. J’ai évidemment omis de mettre Ryan McDonagh, puisque ce dernier a connu un passage assez éphémère chez le CH. Les exemples que j’ai pris sont les suivants:
– Max Pacioretty
– Andrei Markov
– Mike Ribeiro
– Tomas Plekanec
– Saku Koivu
– P.K Subban
– Brendan Gallagher
Vous croyez que j’en ai oublié deux ? On y reviendra, soyez-en assuré. Lorsque je regardais le rendement de ces sept joueurs, un constat flagrant ressortait. Ces joueurs connaissent ou ont connu de belles carrières alors qu’à leur tout début, la patience était de mise. Prenons Max Pacioretty et Mike Ribeiro pour commencer. Les deux joueurs ont débuté leur carrière chez le Canadien plutôt lentement et c’est à l’âge de 23 ans que les deux ont commencé à amasser les points et à jouer de façon plus intéressante. 23 ans ! Pas 19 ni 20 ans…23 !
Sautons maintenant à Andrei Markov et à Tomas Plekanec, deux visages marquant de la franchise du Canadien depuis les années 2000. Ces deux piliers ont passé leur carrière à Montréal et sincèrement, je n’ai pas vraiment vu ni constaté de haine envers ces deux joueurs au point de vouloir les échanger. C’est d’ailleurs plutôt dans l’entourage du Canadien de nos jours. Lorsqu’on observe leur parcours, on constate qu’ils ont commencé à avoir un impact dans l’alignement à 24 ans. À cet âge, Markov enfilait pour la première fois de sa carrière un total de 14 buts. Au même âge, Plekanec connaissait une première campagne de 20 buts. Avant cela, les deux s’acclimataient à la NHL puisque leur développement s’est passé en Europe exclusivement. Or, on le rappelle, c’est à 24 ans qu’il ont explosé dans le rôle qu’ils ont conservé toute leur carrière.
Enfin, dans la liste d’exemples que j’ai cités plus haut, il nous reste Saku Koivu, P.K Subban et Brendan Gallagher. Qu’ont-ils en commun ? Ces trois joueurs ont connu leur éclosion à 21 ans dans le rôle qui les maintiendra dans la NHL pour toute leur carrière. Si Koivu s’est développé en Europe, c’est plutôt un passage en CHL et en AHL qui aura amené Gallagher et Subban à s’établir de façon permanente à 21 ans dans l’alignement. Est-ce qu’à l’époque, Gallagher était vu comme il l’est aujourd’hui ? Assurément pas. Même que dès sa saison recrue, on voyait qu’il avait un potentiel. C’est à l’âge de 21 ans qu’il le confirma pour garder son poste à temps plein. En étant un choix tardif au repêchage, la pression est moins forte, cela va de soi. Or, il s’agit encore là de trois exemples où il est totalement impératif d’attendre que le développement atteigne le plafond avant de juger. Koivu demeure toutefois l’un des rares qui a eu un impact direct dans l’alignement dès son arrivée et pourtant, il était âgé de 21 ans.
Et Price ? Et Galchenyuk
Ceux qui auront arrêté de lire critiqueront assurément l’absence de Price et de Galchenyuk, deux joueurs qui ont rapidement intégré l’alignement du CH. En fait, Carey Price a gagné le Calder à 20 ans et déjà, on voyait en lui un prochain Price. On amène Halak dans le lot et hop! On veut échanger le gardien d’avenir en Price. Dès lors, on ne se souvient plus de l’échange de Patrick Roy, basant l’évaluation sur une tenue incroyable d’un auxiliaire en séries. Voir l’arbre et non la forêt…
Quant à Galchenyuk, il fut lancé dans la mêlée à 18 ans et rapidement, on l’a placé au rang de star. On l’a cependant détrôné rapidement en le plaçant dans la catégorie des »bust ». Pourtant, à 21 ans, il a marqué 30 buts dans la NHL. On connaît le potentiel de Galchenyuk, mais malheureusement, plusieurs facteurs ont fait en sorte que son développement s’est arrêté à 21 ans. Ses problèmes hors glace (rumeurs) et ses blessures l’auront secoué considérablement, mais il n’en demeure pas moins que Galchenyuk est le dernier joueur de 18 ans à débuter rapidement en NHL chez le Canadien.
Malheureusement, c’est de lui qu’on se souvient uniquement. Pas du choix de premier tour de 2007 en Pacioretty qui a éclos à 23 ans, pas du choix de premier tour de 2001 en Koivu qui a éclos à 21 ans, pas du choix de deuxième tour de 2007 en Subban qui a éclos à 21 ans, pas du choix de troisième tour de 2001 en Plekanec qui a éclos à 24 ans… On ne se rappelle que de Galchenyuk qui s’est transformé en »bust » malgré une saison de 30 buts à 21 ans. C’est du moins ce qui est palpable chez les partisans:
»Kotkaniemi, un autre Galchenyuk »
»Caufield, un bust assuré à la Galchenyuk »
Et si Kotkaniemi devenait un Koivu ? Et si Caufield devenait un Pacioretty ? Non, le réflexe n’est pas celui-là puisque c’est plus facile de juger un jeune de 18-19-20 ans en retirant tout contexte. Pourquoi fait-on cela ? Parce que le Canadien n’a pas eu de joueur (et non gardien) élite dans son équipe depuis des décennies. Un joueur de franchise comme on le voit à Edmonton, Toronto, Pittsburgh, Los Angeles… L’absence de joueur élite au sein du Canadien de Montréal fait mal et c’est ce qui a fait en sorte qu’on développe de plus en plus le réflexe d’en vouloir à des jeunes de 18-20 ans de ne pas être ce qu’on souhaite même si ces derniers ne sont pas encore dans la NHL.
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