Alfons Freij : Analyse détaillée
Alfons Freij est un défenseur gaucher, issu de la Suède, de 6’1 et 196 lbs (à l’œil, je dirais que ces mensurations sont quelque peu généreuses). Il aura connu du succès partout où il aura passé cette saison ; il m’aura épaté pour des prouesses offensives en J20, mais c’est vraiment en s’illustrant sur la scène internationale que j’ai pu cimenter mon appréciation envers lui. Par le passé, je me suis fait jouer des tours avec des Suédois évoluant dans le circuit junior en Suède ; Oskar Olausson (pour être juste, il avait été très impressionnant en SHL), Alexander Suzdalev et Noah Dower-Nilsson. Ce qui se produisait avec ces joueurs (principalement Suzdalev et Dower-Nilsson) est qu’ils avaient l’air une grosse coche au-dessus de la compétition, mais lorsqu’ils arrivaient dans un niveau plus relevé (j’entends ici les compétitions internationales avec leur groupe d’âge) ils n’étaient pas en mesure de reproduire les mêmes jeux, à l’exception de quelques-unes contre les équipes faibles, telles que la Suisse. J’avais peur de m’emballer et puis inévitablement vivre une déception avec Freij, mais c’est là qu’il a réussi à se démarquer des exemples mentionnés plus haut : il a été excellent en tournoi international. Il était le défenseur numéro un de son pays et a récolté 31 pts en 28 matchs si l’on regroupe l’ensemble des tournois auxquels il a participé.
Freij est à prime abord un défenseur doté d’un bon coup de patin. Il possède une bonne vitesse même s’il pousse trop sur les côtés lors de ses foulées.
Sa mobilité multidirectionnelle est de toute beauté, ses croisées alors qu’il est de reculons est quelque chose à voir.
J’aime d’ailleurs comment il utilise ses pivots de manière proactive lorsqu’il défend les contre-attaques. Plutôt que d’attendre que l’attaquant se crée un chemin le long de la bande, et risquer de se faire déborder, Freij amorce ses pivots relativement tôt pour empêcher que cela se produise. J’aimerais aussi pointer au passage que Freij est excellent pour gérer la distance optimale avec le porteur du disque. De plus, son travail avec son bâton est incessant et embête beaucoup son adversaire de réaliser le jeu désiré.
La J20 n’est pas le meilleur contexte pour évaluer le jeu défensif des espoirs, mais au U-18, j’ai pu voir Freij défendre des descentes adverses à pleine vitesse et c’était à couper le souffle à quel point il semblait en contrôle de la situation et que sa défense était sans faille.
Offensivement, sa mobilité s’observe à la ligne bleue alors qu’on a souvent l’impression qu’il danse tout en manipulant la rondelle. Sa mobilité et son jeu de pieds sont à un niveau supérieur, mais ce qui lui accorde autant d’efficacité c’est comment il fait mordre ses adversaires avec ses feintes posturales.
Freij est l’un des meilleurs exemples pour faire la démonstration de comment manipuler ses adversaires avec des feintes de tête et d’épaules. Ce que j’aime avec lui, c’est à quel point il exagère le mouvement et qu’il se commet à 100% dans son leurre.
En récupération de rondelle dans les coins aussi, il excelle à tromper ses adversaires avec des feintes posturales.
Le défenseur de Vaxjo démontre un très bon sang-froid alors qu’il a une aise particulière à évader la pression.
Mais sa plus grande qualité demeure à quel point il peut attirer cette pression sur lui pour libérer de l’espace à son partenaire à la défense avant de lui permettre d’effectuer une relance tout en n’ayant pas à composer avec un adversaire à sa poursuite. Freij est ce que j’appelle un ‘Facilitateur’ en défense. L’absence de panique face à la menace d’une mise en échec m’impressionne. C’est un ‘Gamer’.
Défensivement, je suis un grand fan de son approche lors des confrontations. D’entrée de jeu, il ne concède aucun espace au porteur de la rondelle, il engage le corps dès que cela lui est possible. Par la suite, il travaille sans relâche avec son bâton à une seule main pour balayer la rondelle, et avec son bras libre, il repousse avec intention son adversaire. Cela me rappelle énormément Theo Lindstein l’an dernier. Il a une certaine agressivité dans son jeu.
Malgré que cette comparaison se voulait un compliment envers Freij, je n’ai pas pu la maintenir puisque ce dernier démontre beaucoup plus de promesses offensivement. Le cœur de son offensive est définitivement son jeu en circulation de rondelle. Il est l’un des meilleurs distributeurs de rondelle de ce repêchage à la ligne bleue. Ce qui est épatant avec Freij, c’est que l’on ne parle pas seulement de mouvement de rondelle efficace pour faire bouger la boite défensive, mais bien de passes lumineuses qui mènent directement à une chance de marquer.
Quelque chose d’un peu inusité dans le cas de Freij est qu’il utilise quand même régulièrement des passes soulevées, ce que l’on ne voit pas très souvent chez les défenseurs. Son exécution est sans bavure alors que la rondelle tombe toujours bien à plat sur la lame de bâton de son intention de passe.
Cette passe en particulier m’avait beaucoup impressionné alors que mis sous pression par deux adversaires à la ligne bleue, Freij a rapidement aperçu un coéquipier dans le haut de l’enclave. Non seulement de repérer le joueur, mais de réussir un jeu hautement technique sous pression, cela mérite des louanges. Je trouve d’ailleurs que le haut de l’enclave n’est pas suffisamment utilisé comme cible de passe chez les jeunes défenseurs, lorsque je vois un espoir être capable de faire parvenir la rondelle à cet emplacement, il gagne des points dans mon évaluation.
Cette séquence a aidé à démontrer la vitesse à laquelle l’intellect offensif de Freij opère, et cela s’observe aussi dans le dynamisme qu’il dégage offensivement alors qu’il regarde constamment pour exploiter les séquences de ‘Give N Go’.
La plus grosse limitation dans l’arsenal de Freij est son tir. Son lancer est relativement très faible et ce qui me dérange le plus est qu’il emploie souvent des tirs hauts où il cherche à battre les gardiens de manière franche. J’aimerais le voir plus à l’affut de cette faiblesse et employer son tir, non pas avec l’intention de marquer, mais plutôt pour occasionner des retours pour ses coéquipiers.
J’ajouterais aussi que malgré que son jeu de pied lui permette d’ouvrir le jeu, il n’est pas le meilleur pour trouver les lignes de tir.
En guise de conclusion, je me considère comme un fan de Freij. Son avenir n’est pas celui le plus certain, mais j’entrevois un scénario où il devient un défenseur top 4. Cela a déjà été annoncé qu’il sera prêté à un club de la Allsvenskan l’an prochain, en 2e division Suédoise. Il sera alors possible de l’évaluer face à des professionnels, chose dont nous n’avons pas été en mesure de faire cette saison. J’aime comment il défend et je trouve qu’il a du chien, chose qui est passée inaperçue cette année. Lorsque je mentionnais que la comparaison (défensivement) avec Theo Lindstein ne pouvait pas tenir, car Freij peut exécuter des choses offensivement que le premier choix des Blues de St-Louis ne peut pas faire, et bien cela à un nom : Gustav Forsling. La mobilité multidirectionnelle, le style de défense ‘In Your Face’ même si on ne parle pas de robustesse, les qualités de faire bouger la rondelle. Forsling est à mon humble avis le joueur le plus sous-estimé de la LNH depuis au moins 2 ans et les gens commencent à s’ouvrir les yeux avec lui. Bien entendu, Freij a beaucoup de chemin à parcourir avant d’atteindre un tel niveau, mais en termes de stylistique, il lui ressemble beaucoup.
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