Analyse du jeu de Logan Mailloux en OHL | Rapport d’observation
Notre collaborateur au TSLH Espoirs, Simon St-Laurent, vous partage ses observations de Logan Mailloux des Canadiens depuis ses premiers coups de patin en janvier dans la OHL.
Tel que promis, voici le rapport d’observation que je fais de Logan Mailloux à la suite de ses 6 premiers matchs de la saison avec les Knights de London. Je n’avais vu qu’un seul match de Mailloux l’an dernier alors il était important pour moi de me faire une tête sur le premier choix du CH du dernier repêchage.
D’entrée jeu, je dois aviser les lecteurs que 6 matchs, s’étalant sur une période de 2 semaines, représentent un très petit échantillonnage dans le monde du recrutement. Voyez-vous, certains défauts nécessitent une certaine période de temps afin d’être corrigés et les changements ne s’opèreront pas après un seul match, ce qui peut nous faire adopter une position trop critique envers un joueur. Parfois, ça va être l’inverse ; nous allons faire fi de certaines carences croyant qu’elles peuvent facilement être rectifiées, ce qui ne se produit pas toujours. Il arrive aussi qu’on ne s’aperçoive de tendances négatives qu’après un bon nombre de visionnements. Enfin bref, vous comprenez l’essentiel. Mes évaluations du joueur ne sont donc pas définitives. Pour mieux illustrer ce point, après mes 3 premiers visionnements j’étais plus impressionné par le jeu défensif de Logan Mailloux que son jeu offensif, analyse sur laquelle je ne suis plus tant certain de m’avancer.
Très rares sont les joueurs de 18 ans qui présentent un jeu déjà entièrement poli. Encore plus véridique lorsqu’il s’agit d’un défenseur de 6’3 qui n’a pris part qu’à seulement 25 matchs au cours des 22 derniers mois et que 19 de ceux-ci ont été joués sur une patinoire de dimension olympique dans une ligue sans structure. Ce fait demeure inconditionnel à notre analyse et nous ne devons pas tirer de conclusion trop rapidement.
Globalement, les aspects que j’ai moins aimés de Logan Mailloux peuvent amplement être travaillés avec l’aide du personnel approprié. Il offre des qualités indéniables, mais à l’intérieur desquels je constate certaines limites.
Ce qui est le plus apparent est le coffre à outils qu’il a à sa disposition.
Du lot, s’il avait quelque chose à offrir que ses comparses du même âge ne peuvent égaler est sans aucun doute son tir. Lorsque vient le temps d’évaluer le jeu des espoirs, les superlatifs se perdent très facilement et plusieurs mots lourds d’implications sont lancés allègrement. Mais le lancer de Logan Mailloux figure réellement parmi l’élite de l’élite des plus récents repêchages. Son tir sur réception est retentissant et à lui seul, permet d’immobiliser la défensive adverse. À l’intérieur de chaque qualité, il faut regarder si l’espoir est en mesure d’offrir une certaine diversité afin de ne pas devenir facile à lire pour ses adversaires et Mailloux offre un bon éventail de tir. Son lancer des poignets mérite tout autant d’éloges. La vélocité qu’il génère est remarquable et son exécution est propre à lui. Il n’a besoin que du temps que ça lui prend à mettre tout son poids sur sa jambe droite, sans que cela nécessite de prendre d’élan. D’ailleurs, Logan Mailloux n’a pas à poursuivre la motion de son lancer après que la rondelle ait quitté son bâton, limitant l’information que peut prendre le gardien. Il n’hésite pas non plus à s’avancer et bénéficier de l’espace libre qui lui est conféré. Le seul reproche qui peut lui être fait est que la précision n’est pas toujours au rendez-vous, atteignant souvent le gardien dans le plastron. Cela dit, c’est très mineur comme reproche et les points positifs l’emportent facilement sur ceux négatifs. Son tir possède la puissance pour traverser les gardiens et s’il les garde plus bas, les chances qu’occasionneront les retours vont faire en sorte qu’aucun de ses lancers ne sera considéré comme une mauvaise sélection de jeu.
L’autre aspect qui fait de Logan Mailloux un projet alléchant à développer est le mélange de ses qualités physiques et athlétiques. Les défenseurs droitiers de 6’3 préconisant un jeu physique se font une denrée de plus en plus rare. Si on regarde la cuvée de repêchage de l’an dernier, il y a eu 11 défenseurs de plus de 6’1 choisit dans les 40 premières sélections. Parmi ceux-ci, on en compte seulement 2 qui affectionnent le jeu robuste : Logan Mailloux et Nolan Allan.
Somme toute, l’espoir des Canadiens n’a pas encore atteint sa pleine maturité physique. En dépit de ses mensurations, il ne domine pas encore physiquement sur une base constante. Je l’ai vu donner quelques bonnes mises en échec, mais, ayant entrepris sa saison avec un retard considérable sur ses pairs, son attention est portée sur différentes facettes. Je n’ai pas encore vu le joueur difficile à affronter et ‘mean’, mais en vertu des circonstances je vais me référer au faible échantillonnage de visionnements que je mentionnais plus tôt, car ça semble unanime, selon les observateurs en qui j’ai confiance, que cela fait partie de son ADN.
Accompagné à cela, Logan Mailloux offre une bonne mobilité sur la glace pour un tel gabarit. Sa vitesse est bonne et laisse entrevoir des progrès à venir encore. Cela rend son jeu en transport de rondelle efficace, d’autant plus qu’il possède le maniement de rondelle nécessaire lui permettant de déjouer des joueurs au passage et de travailler face à deux joueurs adverses dans un espace relativement restreint. Couplé à son gabarit, ses adversaires n’ont pas d’autres choix que de devoir reculer. Il repose aussi sur ces atouts lors de sorties de zone où on le voit s’emparer la rondelle derrière son filet et se servir habilement de son bras libre pour neutraliser le bâton de son poursuivant. Je ne suis pas encore convaincu s’il peut être tout aussi efficace à ces chapitres dans la LNH, mais les fondations avec lesquelles travailler sont bien présentes.
Il gagnerait à être un peu plus explosif sur la glace (cela risque de venir avec la maturation physique) ce qui l’aiderait dans son jeu en récupération de rondelle. C’est d’ailleurs à l’intérieur de cet aspect du jeu propre aux défenseurs que j’observe ce qui nécessite le plus de travail dans son patin qui est : son agilité. Tout particulièrement ses pivots.
Cela semble mineur, mais ça le rendrait ô combien plus efficace en récupération de rondelle. Dans le cas où la pression est imminente, il peut toujours se sortir du pétrin en protégeant la rondelle avec son corps ou avec ses mains, mais s’il doit tourner rapidement sur lui-même il se retrouve un peu exposé.
Ce sont des situations qui se répètent aussi dans sa propre zone, où, à cause d’un certain manque de fluidité dans ses pivots arrière, il peut se faire prendre à contre-pied, en dépit de sa longue portée.
En lumière de ce qui est avancé, Logan Mailloux peut sembler comme le genre de joueur qui repose majoritairement sur ses attributs physiques (ce qui n’est pas faux), mais il faut également rendre crédit à son intelligence. Offensivement, il démontre une bonne ‘awareness’, ce qui se résume à la conscience qu’il fait preuve de son environnement, incluant la position de ses coéquipiers et de ses adversaires sur la glace, ainsi que de la situation. Il peut planifier certains jeux d’avance. Cela s’observe lors d’une séquence où il est venu appuyer ses attaquants profondément en zone adverse (pratiquement dans le coin de la patinoire), la rondelle se dirige vers lui et avant même qu’elle ne l’atteigne, il prend soin de regarder par-dessus son épaule et repère un coéquipier dans l’enclave. Il ne perd aucun temps et balaie la rondelle de son revers en sa direction, sans même ne prendre le temps de l’arrêter sur son bâton.
Ce qui m’amène à vous parler de son jeu sur l’avantage numérique. Puisque la menace que représente son tir a déjà été couverte de long en large, nous allons seulement nous arrêter à son jeu en distribution de rondelle.
L’une des qualités les plus importantes que peut présenter un joueur offensivement est la ‘Deceptiveness’. Ce qui se traduit par les qualités à tromper/induire en erreur/manipuler ses adversaires. Mailloux offre des bribes de cet aspect. L’option qu’il va privilégier pour démontrer cette qualité est lorsqu’il va s’avancer de quelques enjambées et va feindre un tir des poignets en mettant tout son poids sur sa jambe droite pour immobiliser la défensive adverse avant d’y aller d’une passe transversale à un coéquipier. Je l’ai d’ailleurs vu mettre à exécution ce jeu venant des deux côtés de la patinoire. Cela dit, il est beaucoup plus efficace lorsqu’il le fait venant de la droite. Lorsqu’il le fait de la gauche, il est trahi par la position de certains segments corporels (tête, épaules et poignets) qui s’alignent avec la trajectoire de la passe plutôt que de faire face au filet. Il pourrait gagner à être plus ‘Deceptive’ dans son approche. Mis à part cela, Logan Mailloux est relativement ‘meat and potatoes’ (simpliste)en distribution de rondelle sur l’attaque à 5. Ce n’est pas un défenseur qui va utiliser des déplacements latéraux ainsi que des feintes de la tête et des épaules pour faire déplacer la couverture défensive. Personnellement, je le projette plus comme un gars de 2e unité d’avantage numérique.
Toujours dans la veine des unités spéciales, j’ai bien aimé le jeu de Mailloux lors des désavantages numériques. Il demeure près de son gardien de but et cherche activement à couper les lignes de passes en s’agenouillant et en étendant son bâton au complet sur la patinoire. Cela lui rend service à plusieurs occasions et il est vraiment bon pour couper les lignes de passes, mais il arrive à plusieurs reprises où il ‘nage’ devant son propre filet, couché de tout son long. Il le fait aussi lors des 2 contre 1. C’est d’ailleurs quelque chose que faisait Evan Bouchard à son année de repêchage avec ces mêmes Knights de London. Coïncidence ou demande des entraîneurs ? Qui sait.
Défensivement à 5 contre 5, il y a du bon et du moins bon. J’aime sa façon de défendre les entrées de territoire où il se montre assertif et demeure à sa ligne bleue plutôt que de descendre avec l’attaquant et lui concéder l’entrée de zone offensive. Son patin de reculons semble à la hauteur et aidé par sa longue portée, il parvient à garder un bon ‘Gap-Control’ (distance qu’Il garde)avec l’attaquant adverse.
Il défend bien les attaques qui sont linéaires, mais si son adversaire gagne la zone en déplacement diagonale, Mailloux présente des difficultés à l’approcher avec le bon angle et va concéder le centre. Cela va au-delà des entrées de territoire alors que l’on peut observer la même chose derrière son filet où il peut se faire mystifier et échouer à clouer l’attaquant le long de la bande.
Son jeu en relance, autre que par le biais du transport de rondelle, me chicotte un peu pour le moment. Je trouve que ses passes manquent à l’occasion de conviction et de précision.
En guise de conclusion, je dirais qu’à la lumière de mes visionnements je porterais plus Mailloux comme un défenseur de 2e paire plutôt qu’un défenseur top 2. Cela dit, les bases avec lesquels travailler sont attrayantes et je ne pourrai jamais le mentionner suffisamment de fois, mais 6 matchs échelonnés sur une période de 2 semaines représentent un très faible échantillon pour tout travail de recrutement sérieux.
Il est intrigant de se questionner à savoir où je classerais Logan Mailloux dans mon classement de 2022. Il est, bien entendu, un an plus vieux que ces joueurs, mais puisque ce sont ceux-ci sur qui je concentre la quasi-totalité de mes visionnements, les parallèles se dressent plus facilement ainsi. Il reste encore une demi-saison pour noter de la progression ou de la stagnation de certains joueurs. C’est une réponse que je pourrais seulement fournir à la fin de la saison, et encore, je ne compte pas regarder d’autres matchs de Mailloux, alors je me dois de donner un intervalle aussi grand qu’entre le 7e et le 19e rang.
Pour ce qui est de son véridique repêchage, celui de 2021, j’ai été très vocal pendant toute la saison dernière que je détestais ce repêchage. La qualité présentée au sommet n’était pas si mal, mais les joueurs dont je n’aurais pas été prêt à prendre à leur rang de sélection ont fait surface très rapidement. Le plus gros problème était que les joueurs que j’aimais avaient tout leur lot de point d’interrogation majeur alors cela s’est résulté en une liste que je n’aurais pas suivie à la lettre en fonction des choix, ainsi que de ma banque d’espoir, à ma disposition.
Le joueur sur qui j’ai fait mon plus gros ‘statement’ fut Scott Morrow, que j’avais au 14e rang (sélectionné 40e par les Hurricanes de la Caroline). Ce dernier connaît une saison exceptionnelle en NCAA et possède un jeu offensif presque élite. Il pourrait devenir tout qu’un joueur. Il était mon choix pour le CH et le demeure encore à ce jour, malgré le fait qu’il n’est pas nécessairement difficile à affronter.
Ce qui m’amène à discuter de certaines choses qui me trottent dans la tête dernièrement et que je cherchais à exprimer. Je trouve que les gens s’accordent beaucoup trop de liberté pour critiquer les recruteurs de la LNH. Les formations du circuit Bettman comptent sur des équipes complètent de recruteurs, qui voyagent partout à travers le monde pour observer les différents espoirs, qui interview les joueurs eux-mêmes ainsi que leurs coéquipiers, leurs entraîneurs et anciens-entraîneurs, rencontrent leur famille, les soumettent à des évaluations psychologiques, analysent une batterie de tests physique ainsi que physiologique, et j’en passe. On voit ces mêmes gens par la suite, donner leur opinion, de façon tranchante, sur différents espoirs à l’aide de condensé de faits saillants. C’est un phénomène que je ne comprendrai jamais et que je ne me cacherai jamais pour critiquer. Il n’y a absolument rien de mal à admettre ne pas avoir vu jouer un joueur ou que nos visionnements sont trop limités pour qu’on y accorde de l’importance. Tristement, peu de gens abordent cette manière de penser.
Aucun de nous ne compose avec la réalité des équipes de la LNH également. Pour nous, une erreur d’évaluation et de choix ne change pas grand-chose à notre quotidien, mais pour eux, cela représente leur emploi. Il est donc beaucoup plus facile pour les amateurs de prendre des risques.
Ce qui me dérange le plus cependant est que bon nombre de personnes n’assument pas leur choix.
J’ai déterré chaque article, chaque fil de discussion Twitter ainsi que chaque intervenant s’étant prononcé au moment même de la sélection et c’était les 5 mêmes noms qui revenaient constamment : Sasha Pastujov, Nikita Chibrikov, Aatu Raty, Francesco Pinelli et Logan Stankoven.
En ce qui me concerne, je prends Logan Mailloux devant tous ces joueurs (du lot, seul Pinelli se retrouvait à l’intérieur de mon top-32). Cela dit, le plus gros problème que j’ai est que j’ai vu un nombre important d’intervenants se raviser 6 mois plus tard et dire que finalement, leur choix était un autre joueur.
J’ai vu du monde parler de Scott Morrow récemment alors qu’il n’était même pas classé à l’intérieur de leur top 32 et qui n’avait jamais été mentionné auparavant par ces mêmes personnes.
Chaque année on aperçoit également des gens offrir une liste interminable de joueurs qu’ils aimeraient pour une sélection donnée. Évidemment, du lot, un ou deux supplanteront les attentes et ces gens pourront dire qu’ils auraient fait une bonne sélection pour une équipe de la LNH, alors que les autres joueurs mentionnés deviendront des non-facteurs ou ne parviendront jamais à s’établir dans la LNH. Les équipes doivent jeter leur dévolu sur un seul joueur et assumer les conséquences, pourquoi il en serait différent pour nous ?
Bon, sur ce, trêve de chialage. D’ici à ce que nous approchions le repêchage, je vais commencer à publier quelques profils de joueurs admissibles à cette cuvée sur TSLH et afin de ne rien manquer, vous pouvez me suivre au @19Simon19 sur Twitter.
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