Anton Silayev vaut-il un haut choix au repêchage ?
Tout au long de la saison 2023-2024, le TSLH Espoirs partage des rapports d’observation et profils d’espoir sur les jeunes joueurs qui sont éligibles au prochain repêchage. À l’instar des quatre dernières saisons, les chroniqueurs produisent des textes sur un bon nombre de prospects pour vous donner un portrait global de la cohorte et de sa progression. Aujourd’hui, la cible est Anton Silayev, un défenseur évoluant en Russie.
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Même si je n’y adhère pas, je peux comprendre l’engouement des observateurs envers Anton Silayev. Ce colosse de 6 pieds 7 pouces et 207 livres présente un profil parfait pour la NHL avec son style robuste et sa mobilité parmi l’élite du repêchage 2024. On peut le qualifier comme une licorne, terme qui est de plus en plus utilisé pour décrire des hockeyeurs présentant des caractéristiques uniques ou en voie d’extinction dans le hockey moderne.
Si on regarde plus sur papier, c’est un défenseur gaucher qui a évolué toute la saison en KHL avec Torpedo au sein du top 4 de l’organisation. Bien que sa production offensive en impressionnait plus d’un en début de campagne, le jeune a ralenti en novembre pour ainsi atteindre un total de 11 points en 63 matchs. Même si ce n’est pas énorme, on doit voir sa saison de façon très positive en raison de sa progression et de son temps de jeu qui a été constant également.
Quand on évalue Anton Silayev, il est vraiment important de garder le potentiel du jeune en tête. En effet, ce que nous avons vu toute la saison n’est pas un produit fini. Il s’agit plutôt d’un diamant brut qui reste à polir. Lorsque je mentionne que je n’adhère pas à l’engouement autour de cet espoir, je parle plus précisément des pronostics en vue du repêchage de la NHL et non pas du talent de l’individu en tant que tel.
Plusieurs observateurs voient se défenseur être repêché dans le top cinq voir le top trois de la séance. Personnellement, même si je crois aussi qu’il sera sélectionné haut, je ne vois pas ici un espoir qui le mérite tant que ça. Je suis d’accord avec le potentiel au niveau de la robustesse et de la défensive. En revanche, pour ce qui est de l’attaque, je ne crois tout simplement pas que ce qu’il présente est suffisant.
Le Russe a tendance à paniquer en possession du disque. Dans sa zone, les relances ne sont pas aisées. Lorsqu’il y a de la pression, l’espoir n’utilise pas assez ses jambes et sa mobilité élite pour se sortir du trouble. Trop souvent, il se débarrasse de la rondelle rapidement par la bande ou l’envoie à un coéquipier qu’il soit démarqué ou non. C’est correct de vouloir éviter de perdre le disque contre l’échec-avant. Néanmoins, il ne semble pas identifier avec constance toutes les options qui s’offrent à lui ou qui pourraient s’offrir s’il utilisait adéquatement ses outils.
Je trouve que sa prise d’information n’est pas efficace sous pression et le rend sujet aux revirements. Ce n’est pas rare qu’en raison d’une mauvaise décision de sa part que son équipe soit engouffrée dans son territoire pendant plusieurs minutes. Que ce soit par une mauvaise passe ou par une montée qui est mal calculée, ça doit s’améliorer dans l’avenir pour que je puisse le voir sur une première paire dans le hockey nord-américain. Il y a eu de l’amélioration en cours de saison, mais pas assez si on ajoute l’offensive.
En transition et à l’attaque, les erreurs se succèdent au niveau de l’occupation des espaces libres ainsi que du timing pour tenter des jeux. Ça me laisse croire à un manque de « IQ » qui le met en retard par moment, mais aussi qui lui fait manquer des occasions de faire progresser le jeu. Entendez-moi, bien je ne veux pas dire qu’Anton Silayev n’est pas capable de participer aux attaques, mais il se sort du jeu ou arrive en retard fréquemment. Toutefois, je dois avouer que j’apprécie qu’il tente beaucoup d’activation et le manque d’expérience dans une ligue aussi forte ne pardonne pas. On doit lui laisser le bénéfice du doute.
La puissance de son tir est proportionnelle à sa taille. Le Russe peut vous dégainer un boulet assez facilement sans trop d’espace. Ce n’est pas le plus créatif en possession et en mouvement, mais s’il est libre, son élan peut battre un gardien de loin. Malheureusement, la précision n’est pas là pour le moment. Avec l’expérience et la maturité, j’imagine que ça va aller un peu moins vite dans sa tête à moyen terme, alors je m’attends à le voir un peu plus utile en zone adverse. Ce qui est bien est que l’espoir ne semble pas craindre de prendre des chances.
Le gaucher est téméraire et a de la confiance à revendre. C’est ce qu’on veut voir chez un espoir de haute qualité, car ça nous indique une bonne éthique de travail et une capacité d’amélioration intéressante. Si on met le tout dans un gabarit colossal et une mobilité hors pair, on peut comprendre que ça peut attirer la convoitise.
Au niveau défensif, j’apprécie son apport. Sa mobilité et l’utilisation de son bâton le rendent très efficace. Il n’a aucune difficulté contre les attaques adverses. Ce n’est pas aisé de le contourner par l’extérieur, de le traverser avec une feinte ou de couper au centre avec lui dans les parages. Le jeune a tous les atouts pour vous arrêter avec un harpon, un jeu de jambes impeccable ou une mise en échec percutante. Vous comprendrez que son gabarit lui donne un avantage clair au corps à corps. Ç’a été, encore une fois, un apprentissage pour lui tout au long du calendrier. Il se faisait battre couramment en début de saison, mais je trouve qu’il s’appuie davantage sur ses jambes à l’heure actuelle quand vient le temps de frapper. Ça le rend particulièrement utile le long des rampes avec la hanche ou devant le filet.
Ça devient plus difficile quand le jeu ennemi tourne en cycle dans son territoire. C’est là que les erreurs de lecture surviennent et que la panique s’installe. Comme c’est une jeune équipe, je crois que la communication sur la glace n’est pas toujours à son mieux. Lorsqu’il joue avec Bogdan Konyushkov des Canadiens de Montréal, je trouve que ça va quand même bien entre les deux, mais on voit qu’il est sujet à perdre le fil. À vouloir couvrir une large surface, Anton Silayev se place parfois dans une situation que, finalement, personne n’est couvert. Je voudrais aussi qu’il soit encore plus agressif devant le filet pour neutraliser ses opposants.
Bref, il y a du chemin à faire pour l’espoir afin qu’il atteigne la NHL. Est-ce qu’il sera repêché tôt cet été ? Absolument, son profil est beaucoup trop attrayant pour qu’une équipe le laisse filer en dehors du top 5 à 8. Par contre, j’ai l’impression que l’offensive ne sera jamais réellement une force. Ainsi, je m’abstiendrais personnellement à le prendre aussi tôt. Par contre, en dehors du top 10, il devient une cible de choix sans l’ombre d’un doute quand vous savez comment développer des colosses en défensive.
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