Antonin Verreault, né pour jouer au hockey
Nous sommes un soir de novembre 2007. La télévision dans la maison des Verreault synchronise une partie des Canadiens de Montréal. Rien de nouveau, avec le plus vieux qui jouait au hockey et le plus jeune qui y rêvait.
Antonin Verreault était à peine capable de marcher que déjà, il avait des patins dans les pieds. Il faut dire qu’il n’avait pas à chercher très loin pour trouver de l’inspiration. Plus jeune, il suivait son cadet à ses premiers pas dans le monde du hockey, avant de faire de même quelques années plus tard.
En revanche, contrairement à son frère, le hockey est rapidement devenu une partie intégrante de la vie du plus jeune de la famille Verreault. Antonin a compris que l’alimentation, le repos et l’entraînement étaient plus importants que tout le reste.
Il n’était pas question de dériver de son plan alimentaire et de manger des sucreries ou de la malbouffe. Par exemple, à Pâques, à la place de lui donner un chocolat comme son frère et tous les autres enfants de son âge, sa grand-mère lui préparait une salade de fruits seulement pour lui.
« Personne ne l’a poussé, c’est venu naturellement. Il dormait presque dans ses patins. Même atome, quand il avait une pratique à 7h30 le matin, il nous attendait assis dans les marches à 5h. La fin de semaine, il était couché à 8h30. » mentionne son père, Robin, qui passait beaucoup de temps à être certain que la patinoire familiale soit à point pour ses deux jeunes hockeyeurs.
De Saint-Eustache… À Gatineau
Le natif de Mirabel n’aura pas tardé avant de se démarquer dans le Midget AAA. À sa première année avec les Vikings de Saint-Eustache, Verreault a amassé 17 buts et 31 mentions d’aide en 39 rencontres. Une récolte qui lui a valu le deuxième rang du repêchage de 2020 de la LHJMQ. Les Olympiques de Gatineau possédaient quatre choix parmi les dix premiers cette année-là.
Au deuxième rang, tout juste après Tristan Luneau, l’équipe a jeté son dévolu sur un petit attaquant de 5 pieds 7 po, 148 lb. À peine âgé de seize ans, Verreault est débarqué dans la grande région de l’Outaouais pour débuter son stage junior en pleine pandémie. Gatineau comptait sur l’une des formations les plus jeunes du circuit Courteau à l’époque. Quinze joueurs de 17 ans et moins ont disputé au moins une rencontre avec les Olympiques lors de la saison écourtée par la Covid-19.
Malgré une reconstruction, la troupe de Louis Robitaille a tout de même terminé avec une fiche positive de 16-11-4. En 31 matchs, les 29 points de Verreault lui ont permis de terminer à égalité au premier rang des compteurs des siens.
La constance à mettre des points au tableau était moins au rendez-vous à sa deuxième année, première d’admissibilité au repêchage de la LNH. Il n’a pas été repêché en juin dernier, mais il a connu une très bonne fin de campagne niveau production. Verreault a terminé l’année sur une bonne note en amassant quinze points à ses quinze derniers matchs. Il a continué sur cette même lancée en séries éliminatoires, avec deux buts et cinq aides en sept parties.
Une saison 2022-2023 parsemée d’embuches
À quelques semaines à peine du début des activités dans la LHJMQ, le verdict est tombé. Antonin Verreault ratera les premières semaines de la campagne en raison d’une blessure au poignet. Il devra subir une opération. Il est revenu au jeu le 23 novembre, avant de passer sous le bistouri une autre fois, moins d’un mois après.
Verreault s’est fracturé la mâchoire lors du match du 13 décembre face aux Voltigeurs. Moins de onze jours plus tard, il était de retour sur la glace et le 8 février, il était en uniforme. À chaque fois qu’il s’est blessé, il est revenu au jeu plus fort et plus rapidement que prévu. Une résilience et force de caractère qui ne passent pas inaperçu chez le paternel.
Il est revenu au jeu à peu près deux semaines avant de ce qu’il était supposé et ça toujours été comme ça quand il était blessé. Je le félicite à chaque jour parce que je ne crois pas qu’il y a beaucoup de joueurs qui auraient eu sa détermination durant les deux dernières années. Avec les blessures, ce n’est pas évident. Malgré la douleur, il continue de s’entraîner et de voir le bon côté des choses.
Robin Verreault
Pour le principal intéressé, il s’agit de la seule façon de continuer et de ne ne pas se laisser abattre par des situations qui ne contrôle pas.
C’est sur qu’avec une vis dans le poignet, il peut avoir des douleurs ici et là (rires), mais je pense que ça va bien. Une opération au poignet, ça peut prendre un à deux ans avant de retrouver ta forme à 100%. Ce n’est pas toujours facile, mais je me concentre sur le fait que je suis revenu plus tôt que prévu. Ça aurait pu être beaucoup plus long.
Antonin Verreault
Fidèle à son identité
À 5’8 et 163 lb, ce serait facile de croire qu’il a déjà été freiné par son petit gabarit, mais non. Au contraire, il n’y a jamais vraiment porté attention. Lorsque la rondelle est déposée, tout le monde est sur le même piédestal.
« Quand j’arrive dans les coins, je vais y aller même si c’est un joueur qui est plus gros. Tu ne dois pas avoir peur sinon ça va te limiter et c’est à ce moment que c’est un aspect qui peut venir te jouer dans la tête et devenir dangereux. » admet Verreault, qui a toujours joué avec la même intensité.
L’ailier est tout de même conscient qu’il n’est pas le plus imposant du groupe. En fait, il n’a qu’à regarder à sa gauche pour avoir un exemple concret. Presqu’une centaine de lb le sépare de son compagnon de trio, Marcel Marcel.
« C’est certain que je ne m’appelle pas Marcel (rires). Je ne pèse pas 244 lb et je ne suis pas gros comme un bœuf. »
Depuis quelques années, on peut observer un certain virage dans la Ligue nationale de hockey. Le sport évolue à la même vitesse que les mentalités. La ligue donne de plus en plus de place aux joueurs qui n’en prennent pas beaucoup implicitement. Dans sa quête vers son but ultime, Antonin Verreault voit cette évolution d’un bon œil.
« Des joueurs comme Johnny Gaudreau, Brayden Point et Alex DeBrincat, ils sont petits, mais ils sont quand même en mesure de jouer à ce niveau-là. C’est vraiment motivant de les voir avoir du succès. » dit-il.
Les yeux rivés sur les grands honneurs
Les Olympiques de Gatineau connaissent toute une séquence. L’équipe a remporté ses treize derniers matchs et se classe confortablement dans le haut du classement de la Ligue de hockey junior majeur du Québec. Seulement les Remparts de Québec, les Mooseheads d’Halifax et le Phoenix de Sherbrooke devancent les Olympiques. D’ailleurs, trois petits points séparent Gatineau (4e) du deuxième rang occupé par Halifax.
C’est difficile de ne pas penser à la Coupe. Tous les matchs, tous les entraînements, on les fait pour un seul but, c’est pour se rendre jusqu’au bout. Il n’y a pas de meilleure motivation.
Antonin Verreault
La lutte sera ardemment disputée, et ce, jusqu’à la toute fin.
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