Artyom Levshunov : Analyse détaillée
Artyom Levshunov est un défenseur (droitier) Biélorusse qui joue aux États-Unis depuis les deux dernières saisons. Après avoir passé un an USHL avec les Gamblers de Green Bay, il a fait le saut en NCAA cette saison avec l’université de Michigan State.
Levshunov est l’un des défenseurs que l’on pourrait qualifier de ‘Two-Way’ de ce repêchage. Il est une présence calme dans son territoire et particulièrement lorsqu’il défend les contre-attaques. Il n’est jamais alarmé par un attaquant qui descend à pleine vitesse, peu importe si ce même attaquant l’attaque de front ou si Levshunov lui-même doit le rattraper. Il fait un bon usage de son bâton et on s’aperçoit que son patin lui permet de couvrir plus de territoire que l’on pourrait croire à première vue.
Ayant terminé la saison avec une récolte avoisinant le point par match, Levshunov est un curieux cas à évaluer offensivement. Dans la zone offensive, il n’est pas du genre à se déplacer de long en large en possession du disque et ce n’est pas le joueur le plus à l’aise ou le plus créatif avec la rondelle, mais il est capable de distribuer la rondelle de manière efficiente tout de même. Personnellement, je préfère les défenseurs dégageant une certaine aura avec la rondelle et qui peuvent installer des doutes dans la tête de leurs adversaires ainsi que les défier, mais bien que je ne retrouve pas cela chez Levshunov et que je le trouve un peu simpliste dans ses approches offensives, il a tout de même sorti quelques jeux cette saison qui m’ont fait hésiter de l’étiquette que j’allais lui coller en tant que Puck-Mover.
Tout comme avec sa distribution de rondelle, le mot d’ordre pour décrire son lancer et l’usage qu’il en fait est : Simplicité. Il se signale par sa capacité à placer des rondelles au filet même lorsqu’il est collé le long de la bande. C’est généralement à ces moments où le jeu semble le plus inoffensif que la couverture défensive peut être plus perméable et que des coéquipiers de Levshunov peuvent se rendre au filet pour récupérer les retours. Plusieurs buts de Michigan State ont été marqués de la sorte cette saison.
Sur le plan technique, Levshunov possède un tir très ‘Sec’. Il décoche ses lancers sans ne prendre d’élan au préalable. Il n’a pas à ramener la rondelle vers l’arrière avant de s’élancer. Ce détail fait en sorte que les attaquants chargés de le couvrir n’ont pas d’indices quant à ses intentions de décocher et cela peut faire en sorte qu’ils ne réagiront pas à temps pour se placer en position de bloquer le tir. C’est l’une des raisons qui explique pourquoi Levshunov parvient à diriger autan de rondelle au filet. Aussi, il ne poursuit jamais le mouvement de son bâton vers l’avant après que la rondelle ait quitté sa lame.
Même sur ses lancers frappés, ses élans sont très courts.
Pour clore cet aspect de son jeu, les gardiens doivent se méfier de lui puisqu’il effectue un bon boulot pour décocher des lancers alors qu’il est dans une position inorthodoxe.
Par contre, ce n’est pas pour la projection de son offensive que Levshunov est un espoir convoité. Ce qui pourrait très bien être sa caractéristique la plus attrayante est comment il peut faire pencher la patinoire en faveur de son équipe. Son jeu de transition compte plusieurs points forts.
Il offre une première passe de qualité, mais ce qui retient le plus mon attention, c’est que je retrouve des nuances qui font de lui un joueur unique dans ce département.
On retrouve un élément de ‘Tromperie’ alors que ça lui arrive de regarder un joueur autre que sa cible intentionnée. C’est quelque chose que l’on retrouve souvent en territoire offensif chez les joueurs de talents, mais ce n’est pas quelque chose d’usuel en relance.
Mais surtout, Levshunov est excellent pour effectuer des remises transversales, de la largeur complète de la patinoire, à un coéquipier. On n’observe pas des changements d’ailes de la sorte fréquemment au hockey. Mais cela permet de prendre à dépourvu une formation qui apporte un changement et d’exploiter le côté libre de la patinoire. Certaines stratégies d’entraîneur sont aussi d’appliquer une pression accentuée avec plus d’un joueur d’un côté de la patinoire, Levshunov est le parfait antidote à cela.
Pour moi, sa plus grande qualité est la rapidité à laquelle il peut faire passer le jeu d’une situation défensive à son équipe à une situation offensive. Il n’y a rien de très tape l’œil lorsque l’on regarde de près comment il parvient à ces fins, mais je vais faire mention une fois de plus de son efficience. Ses qualités défensives lui permettent de s’emparer de la rondelle, que ce soit en gagnant une confrontation physique ou en faisant usage de son bâton. Ensuite, la bonne option de passe est rapidement identifiée et il ne perd pas de temps dans son exécution. J’aime aussi qu’il poursuive ses actions et saute dans la mêlée suite à sa remise.
Cet aspect était également l’une des plus grandes forces chez un espoir l’an dernier. Un autre défenseur droitier de plus de 6’2 : David Reinbacher.
En tant que Canadien-Francophone, je vois constamment des comparaisons être établies avec des joueurs, ou des espoirs, des Canadiens de Montréal, et bien franchement, je trouve ces comparaisons très paresseuses. Elles sont souvent boiteuses et je ne vois pas vraiment où les gens s’en vont avec. Ce n’est pas comme s’il n’y avait pas d’autres joueurs avec qui établir des parallèles.
En début de saison, les similarités entre les deux m’ont frappé dû à cette habileté susmentionnée à passer d’un scénario appelé à défendre à une relance offensive en le temps de le dire. C’était une prise de position audacieuse en début de saison, mais je maintenir mon point : Je trouve Reinbacher supérieur à Levshunov !
(Reinbacher était généralement classé autour du 20e rang dans les listes publiques l’an dernier).
Là où un fossé s’observe entre les deux est au niveau du Compete-Level. C’est la principale raison qui fait que je préfère Reinbacher.
Cela s’observe dans divers scénarios. De un, il arrive à Levshunov d’aller appuyer l’attaque, et lorsque la rondelle tombe dans les mains ennemies et que ceux-ci amorcent une contre-attaque, il ne semble pas très pressé de se replier. Lors d’une séquence, un 4 contre 2 se dessinait pour l’équipe adverse et c’est un attaquant qui a assumé le repli défensif. Levshunov est arrivé quelques secondes plus tard en se laissant glisser.
La différence la plus notable entre les deux est cependant comment qu’ils vont accepter les contacts afin de protéger la rondelle. Cela était l’une des choses que j’aimais le plus à propos de Reinbacher l’an dernier. Dans le cas de Levshunov, je l’ai vu se débarrasser de la rondelle mollement, car il ne voulait pas se faire frapper. Cela fait partie intégrante du Compete-Level d’un joueur pour moi.
Je me suis remis en question continuellement avec Levshunov cette saison. Par moment, j’étais prêt à lui pardonner tout ce que j’avais pu lui reprocher tôt dans l’année, mais maintenant que j’ai un portrait de l’ensemble de sa saison, je me dois de constater que c’est un joueur qui est assez inconstant dans son désir de compétitionner.
C’est dommage, car lorsqu’il joue avec ardeur, il a la force physique pour rudoyer ses adversaires et peut être simplement dominant physiquement le long des bandes.
Malgré les reproches que je peux avoir à son propos, c’est difficile de lui coller l’étiquette de ‘désintéressé’ sur la patinoire, car dans l’ensemble, c’est un joueur très éveillé. Lorsqu’on le regarde attentivement, c’est fascinant de voir comment qu’il communique activement avec son non-verbal. Il est constamment en train de pointer avec sa main ou son bâton à ses coéquipiers où se diriger sur la patinoire, qui couvrir en situation de surnombre, où envoyer la rondelle, etc. Parfois c’est littéralement comme avoir un entraîneur sur la patinoire.
C’est particulièrement impressionnant de le voir diriger ses coéquipiers sur la glace alors qu’il est le plus jeune joueur de sa formation. Encore plus lorsqu’on prend en considération qu’il y a peut-être une barrière de la langue présente dans son cas.
Mais par-dessus tout, cela démontre une compréhension accrue du jeu en général. Lors du Combine, des dirigeants de la LNH aiment bien questionner les espoirs en leur montrant une séquence de jeu d’un match LNH, et en appuyant sur pause, ils leur demandent quels joueurs seraient chargés de couvrir quels joueurs, d’aller où, etc. J’ai l’impression que Levshunov fera bien à cet escient, si questionné.
Pour revenir à sa production offensive, celle-ci m’est difficile à justifier. Comme dit précédemment, Levshunov est efficace dans les jeux simples, mais il n’a pas la dextérité des mains ni le niveau de créativité nécessaire pour faire des jeux dignes de le projeter sur une première unité d’attaque à 5. Il se retrouve rapidement dépassé s’il tente des jeux un peu plus imaginatifs. Je crois que plusieurs personnes se laissent berner par les chiffres qu’il a cette année en NCAA.
En fait, cela se transporte également dans les deux autres zones. Du moment où il cherche à conserver le disque et à effectuer une manœuvre plus audacieuse, il se met dans l’embarras.
Défensivement, l’une des choses que je lui reproche est de concéder trop d’espace aux tireurs.
Ici, il prend une mauvaise décision et au lieu de suivre son joueur derrière le filet, il freine et va protéger l’autre côté.
Levshunov n’aura pas été l’un de mes favoris cette saison, mais lorsque je regarde la projection de son coffre à outils, j’accorde plus d’importance à l’impact qu’il aura défensivement qu’à ce que peuvent réaliser avec la rondelle d’autres joueurs. Il en était à ses premiers pas dans la NCAA et il demeure possible qu’il s’améliore dans les prochaines années.
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