Bogdan Konyushkov | Se développer en KHL pour l’espoir du CH
Tout au long de la saison 2022-2023, le TSLH Espoirs a partagé des rapports d’observation, des profils d’espoir, des classements et un guide sur les jeunes qui étaient éligibles au repêchage. À l’instar des trois dernières saisons, les chroniqueurs ont ratissé large, mais certains choix du CH ont passé au travers des mailles du filet. Ainsi, nous terminons la saison en vous présentant ceux qui n’ont jamais été couverts. Ma deuxième cible est Bogdan Konyushkov, un défenseur de 20 ans jouant en KHL.
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Développement et KHL ne sont pas des mots qui vont bien ensemble généralement, mais dans le cas de Bogdan Konyushkov, c’est réellement le cas. Le 2e choix de quatrième ronde des Canadiens de Montréal lors du repêchage 2023 a joué dans la meilleure ligue de Russie cette saison et a été géré d’une main de maître par son entraîneur, Igor Larionov.
Très rapidement, l’ancien coéquipier de Martin Lapointe a fait confiance au jeune et lui a donné des missions d’importance. Le défenseur droitier a commis beaucoup d’erreurs, mais n’a jamais été puni par l’entraîneur-chef. Son temps de jeu n’a fait qu’augmenter en cours de calendrier passant de 15 minutes en août à 18 minutes en moyenne en septembre. Ensuite, ce chiffre est passé à 20 minutes en novembre et à 22 minutes en janvier pour finalement atteindre des sommets lors des séries éliminatoires de la KHL (oscillant entre 24 et 34 minutes).
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En termes de minutes de jeu sur l’ensemble de la saison, le Russe est le deuxième défenseur le plus utilisé de Torpedo. Au niveau de l’avantage numérique, c’est le premier et le deuxième en désavantage numérique. Ai-je besoin de vous dire ce que ça représente d’avoir autant de temps de jeu pour un arrière de 20 ans dans la KHL au sein de la 4e meilleure équipe de la conférence de l’Ouest ?
Niveau production, c’est 25 points, dont 2 buts, en 64 rencontres régulières et 5 passes en 10 matchs éliminatoires. Ça le place 2e chez les défenseurs de son équipe (1 point derrière le premier) en saison et en séries. Dans toute la KHL, il se situe 19e chez les défenseurs et 5e chez les moins de 25 ans.
Bref, statistiquement, ça s’est vraiment bien passé pour Bogdan Konyushkov. Je voulais néanmoins le connaître davantage. Ainsi, je suis allé regarder dix matchs échelonnés sur l’ensemble de la saison en KHL. Je comprends maintenant mieux la sélection et le peu de risques qu’elle représente.
Je dirais que les principaux défauts du prospect se situent au niveau du gabarit, de la prise d’information et de la fluidité à reculons. Ce n’est pas un arrière puissant physiquement. C’est plutôt le contraire. Il se fait malmener par ses opposants plus imposants, mais surtout plus expérimentés. En fond de territoire, c’est difficile pour lui de gagner ses batailles, tout comme en avant du filet où le jeune n’arrive pas à s’imposer. C’était vrai en début de campagne et l’était encore en séries.
D’août à novembre, le Russe ne se servait pas assez de ses pieds pour se libérer de la pression et mettait ses coéquipiers dans le trouble avec des décisions précipitées. Sa prise d’information n’était pas assez rapide ou même présente en récupération de rondelle pour s’appuyer sur ses coéquipiers ou identifier les espaces sécuritaires. Ça rendait ainsi la tâche facile aux attaquants en échec-avant qui n’avaient qu’à lui imposer un peu de pression pour le voir se débarrasser du disque en zone dangereuse.
À mesure que la saison a avancé, la panique a été réduite et le jeune a vraiment bien appris à gérer la rondelle, et ce, dans les trois zones. On le voit maintenant plus calme en possession, car il est davantage au courant de ce qui se passe autour de lui. Ainsi, il connait rapidement les déploiements de ses coéquipiers et des ennemis pour prendre les meilleures décisions possible. Ça lui évite des contacts physiques, réduisant par le fait même l’une de ses plus grandes faiblesses. C’est important, car n’importe quel défenseur de ce gabarit dans la LNH doit apprendre à utiliser l’espace pour contrôler le disque, mais aussi à identifier rapidement les options sous pression.
Une des choses qui le rend un peu à risque est son patin à reculons contre les contre-attaques. Ça arrive souvent qu’il n’est pas assez explosif et que ça crée des surnombres. Je dirais que ce n’est pas tant l’explosion ou la fluidité qui lui nuit, ce sont plus des facteurs aggravants de l’un de ses péchés mignons. Bogdan Konyushkov adore « pincher » en zone adverse.
Quand l’équipe opposée relance l’attaque, l’espoir des Canadiens de Montréal affiche un malin plaisir à anticiper l’action pour bloquer une passe ennemie, créant ainsi une chance au filet. C’est vraiment bien quand ça marche. Par contre, le taux de succès n’est pas 100 %. Lorsque le droitier ne réussit pas sa tentative et que l’adversaire poursuit sa relance, il ne présente pas le patin nécessaire pour empêcher le surnombre. Il ne lâche pas et fonce en défensive, mais ce n’est pas assez.
Personnellement, je ne crois pas que c’est un gros problème d’essayer de « pincher » à la Markov. Toutefois, si tu n’as pas les qualités athlétiques pour t’assurer de ne pas faire mal à ton équipe, tu dois te garder une gêne. Heureusement, ça s’est calmé en cours de saison et le prospect évaluait beaucoup mieux ses occasions.
En offensive, oui, il a accumulé les points et on l’utilisait énormément. Néanmoins, ce n’est pas encore un quart arrière qui contrôle l’action. C’est plutôt un défenseur qui garde le jeu en vie et distribue le disque convenablement. Son tir n’est pas une menace et j’aimerais le voir plus à l’aise à diriger des rondelles au filet avec des tir-passes. Les points sont venus principalement en raison du brio de ses coéquipiers et non pas de sa créativité. Ça va venir, j’en suis certain, mais je ne vois pas de compétence élite pour le moment m’amenant à croire qu’il sera un producteur de points de ce côté-ci de l’Atlantique.
Bref, en ayant une dizaine de matchs de visionnement sur Bogdan Konyushkov, je peux mieux comprendre la décision des Canadiens de Montréal d’en faire un choix de quatrième ronde pour eux. Avec tous les prospects dans leur banque, c’est normal d’acheter du temps avec des « overagers » de Russie que tu peux garder longtemps sans signer. Est-ce qu’il était le meilleur choix disponible ? Nous le saurons dans trois ans quand il aura terminé son contrat en Russie. Mais, ce qui me rassure est le fait qu’à l’heure actuelle, nous avons beaucoup de données sur lui concernant sa capacité à jouer contre des hommes dans une ligue ultra compétitive avec un coach que le CH connait bien.
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