Cayden Lindstrom : Analyse détaillée
Cayden Lindstrom possède l’un des profils des plus nantis que l’on a pu voir chez un espoir lors des dernières années. Colosse de 6’4 et évoluant à la névralgique position de joueur de centre, le seul moyen de mettre la main sur un prototype de la sorte, est de le repêcher. Peu de joueurs peuvent allier finesse et talent avec les caractéristiques typiques d’un joueur à fort gabarit.
La plus grande valeur de Lindstrom sur la patinoire, et ce qui le distingue le plus des autres espoirs, est à quel point il peut dominer le jeu ‘Down Low’ (tout ce qui se situe en dessous des cercles des mises aux jeux, sous la ligne des buts, ainsi que les coins de patinoire). La diversité des outils dans son arsenal s’offrant à lui pour se défaire de ses adversaires est des plus vastes ; il possède la qualité du maniement de rondelle, la longueur de sa portée, sa capacité d’évasion grâce à sa surprenante agilité, et sans oublier sa force physique conféré grâce à son imposante charpente. Il peut, non seulement, à lui seul, prolonger les séquences offensives de son trio de plusieurs secondes, mais il possède l’intelligence offensive pour créer des chances de marquer de ces endroits. Alors que ce sont souvent les habiletés individuelles dans les espaces ouverts qui captent l’attention des partisans de hockey, ce sont les habiletés dans ces zones ‘Down Low’ et dans ces espaces restreints qui font remporter des matchs de hockey. Cela est encore plus véridique lorsqu’il s’agit d’une série 4 de 7. Ces longues confrontations face à un joueur comme Lindstrom sont très éreintantes pour les défenseurs et c’est à ce moment qu’une équipe peut en tirer avantage. Lindstrom lui-même se sert de son gabarit pour attaquer la ligne des buts et effectuer une dangereuse poussée vers le gardien pour le battre du côté rapproché.
C’est aussi à partir de ces zones profondes que la distribution de rondelle de Lindstrom est la plus apparente. Et ceci est quelque chose à laquelle je porte une attention très particulière chez les espoirs : Est-ce qu’il y a une suite logique, un emboitement, entre les différences forces d’un joueur ? Est-ce qu’une qualité peut élever une autre qualité dans son jeu ? Si tel n’est pas le cas, on peut se retrouver avec des compétences ‘aberrantes’ qui ne seront pas en mesure d’être exploitées au prochain niveau puisqu’il n’y a pas de complémentarité avec les autres attributs du joueur. Dans le cas de Lindstrom, il présente possiblement le profil le plus ‘cohérent’ que j’ai eu la chance de voir chez un espoir. Toutes ses habiletés s’entremêlent en harmonie. Il se sert des qualités susmentionnées pour se libérer d’un couvreur et acheter du temps pour repérer un ailier et on le voit également effectuer des passes sur réception pour repérer un coéquipier dans l’enclave, sans laisser le temps à la couverture défensive de réagir.
Mis à part cela, Lindstrom n’est peut-être pas le fabricant de jeux le plus varié, mais il commence à gagner en confiance et on se met à apercevoir une créativité fleurissante dans son jeu.
On en voit un exemple ici alors que bien positionné dans le haut de l’enclave, Lindstrom exécute une passe soulevée par-dessus le bâton des deux défenseurs pour rejoindre un coéquipier qui s’était blotti derrière ses adversaires pour se retrouver seul face au gardien. Une très grande souplesse des mains est nécessaire pour exécuter une telle remise.
C’est le genre de remise qu’il aime effectuer alors qu’il attire l’attention de tout le monde sur la glace en attaquant les défenseurs avec vitesse avant de couper dans le centre.
Un autre aspect identitaire chez Lindstrom est sa capacité à sortir des ‘Cyclings’ offensifs avec la rondelle. Il peut faire d’une possession inoffensive une menace de marquer en gagnant l’enclave grâce à son gabarit et sa longue portée, mais ce qui est fascinant avec Lindstrom dans ces situations, c’est à la vitesse à laquelle ses pieds bougent pour se déplacer et créer de la séparation. Si je disais que la superposition des qualités de Lindstrom était cohérente et faisait beaucoup de sens, il arrive régulièrement de le regarder exécuter quelque chose et de se dire que c’est insensé. Un joueur de ce gabarit ne devrait pas, en temps normal, posséder des pieds aussi vites.
Lindstrom possède une légèreté sur patin surprenante lui permettant d’effectuer de brusques pivots sur lui-même en espace restreint pour se défaire d’un couvreur.
Malgré cela, ses foulées sont extrêmement puissantes et font de lui un joueur pouvant faire reculer les défenseurs adverses dès qu’il se met en marche, créant beaucoup d’espace et de marge de manœuvre pour ses coéquipiers. Et encore une fois, je tiens à pointer la cadence de ses enjambées qui est hors de l’ordinaire pour un joueur doté d’u tel gabarit.
C’est d’ailleurs en se servant de se grande vitesse que Lindstrom incorpore le plus ses tirs au but. Beaucoup de ses lancers proviennent des ailes alors qu’une ligne de tir s’ouvre après que le défenseur n’eut été en mesure d’égaler sa vitesse.
On ne produit pas à un rythme de près de 60 buts par saison dans la WHL à 17 ans par hasard et Lindstrom nous le fait savoir. Il se montre tellement dangereux alors qu’il peut marquer de plusieurs endroits ; son lancer des poignets est très puissant et il parvient à battre des gardiens dans la lucarne même en provenance de zones plus éloignées, c’est dans le haut de l’enclave que Lindstrom utilise son tir sur réception plutôt qu’aux emplacements des cercles de mises aux jeux, et finalement, le centre des Tigers de Medicine Hat a marqué un grand nombre de buts à l’embouchure du filet, endroit où il est particulièrement difficile à déloger et où il peut tirer bon escient de ses mains vives.
Parlant de son maniement de rondelle, le natif de Colombie-Britannique s’attire une fois de plus des éloges. Ce qui attire l’attention lorsqu’il drible la rondelle, c’est à quel point ses mouvements semblent vifs et décisifs. Aussi, malgré une très longue portée, c’est surtout lorsqu’il semble coincé que Lindstrom déploie le plus de finesse, faisant de lui un joueur qui semble à l’occasion simplement impossible à contenir.
On l’a aussi vu gagner en confiance avec ses mains au fur et à mesure que la saison progressait, commençant à expérimenter avec des retardements sur ses lancers pour changer ses angles.
Comme si ses habilités individuelles n’étaient pas suffisantes pour vous séduire, Lindstrom préconise un style de jeu robuste qui est rendu beaucoup trop rarissime chez les jeunes espoirs. C’est un style qui peut être difficile à préconiser avec constance durant une saison pour toutes les répercussions que cela peut engendrer sur le corps. C’est encore plus vrai lorsqu’il s’agit d’un joueur offensif d’impact qui doit éviter de se sortir du jeu ou d’être pénalisé. Lindstrom, lui, affectionne le jeu physique à un point où aucune mise en échec ne peut être ignorée. Ce que j’aime de lui c’est qu’il ne se gênera pas pour faire un petit détour de sa route pour aller frapper un joueur. Ce que fait de lui une menace en tout temps et qu’aucun de ses adversaires n’a le luxe de se sentir en sécurité lorsque le gros numéro 28 foule la patinoire.
Le dernier aspect à aborder dans le jeu de Lindstrom est son jeu défensif. C’est peut-être la seule tache à son dossier. C’est dans sa zone qu’il a effectué la majorité de ses revirements, ne prenant pas les bonnes décisions lorsqu’on lui applique de la pression le long des bandes. Furent également quelques séquences où il fut un peu lent à réagir en couverture défensive.
Pour cette raison, je ne suis pas entièrement convaincu que Lindstrom est un joueur de centre au prochain niveau. Ça et aussi le fait qu’il puise le maximum de son potentiel dans des situations où il retrouverait le plus souvent à l’aile ; le jeu profond dans le territoire ennemi ainsi que ses descentes à pleine vitesse le long des bandes. Ce qui est légèrement dommage, car Lindstrom a un fort taux de réussite aux cercles de mises aux jeux.
Par contre, cela n’influence en rien ma perception ni ma projection du joueur. Les espoirs présentant un tel niveau de talent dans un corps de la sorte, et arborant fièrement une identité physique presque désuète dans le hockey moderne sont simplement trop rares. Le seul moyen de se procurer un tel prototype est de repêcher très haut, et encore là, ce n’est pas chaque année qu’un joueur de la sorte se retrouve dans le sommet du repêchage.
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