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Classement repêchage LNH 2022, par Simon St-L

Voici mon classement personnel en prévision du repêchage de la LNH 2022. Sera présenté dans cet article, mon classement des 32 meilleurs espoirs de la saison. Je présenterai également quelques joueurs qui pourraient représenter des cibles intéressantes pour les rondes ultérieures, ainsi que des profils sur certains joueurs plus populaires qui se retrouvent exclus de mon classement. Au total, c’est 43 joueurs qui seront analysés dans cet article.

Sur une note personnelle, je ne partage pas les mises à jour de mon classement publiquement pendant la saison, mais par transparence, je vais faire part à l’intérieur de mes descriptions de certains joueurs si leur rang a subi d’importantes fluctuations au fil des mois.

Je suis satisfait du travail que j’ai accompli pendant la saison et du flair que j’aurai eu sur quelques joueurs qui ont vu leur cote augmenté énormément alors que j’avais déjà adopté une prise de position audacieuse sur ceux-ci

Parlant de ma liste, elle n’a pas changé énormément pendant la saison et honnêtement, je ne sais pas trop comment interpréter cela. Je suis pourtant quelqu’un d’ouvert d’esprit et je n’éprouve pas de difficulté à admettre mes erreurs et à changer d’avis sur un joueur, mais en même temps, je progresse dans ce que je fais et je prends confiance en mes habiletés à évaluer les joueurs. Seul le temps pourra me dire si cela m’aura été une erreur fatale ou si j’aurai remporté mon pari en me fiant sur mes instincts et sur le cumul de mon travail annuel.

Bien évidemment, faire une liste pour le plaisir comme je le fais comporte plusieurs différences avec les réalités qu’opèrent les équipes de la LNH. Malgré le fait que j’accorde beaucoup d’importance au travail que j’y mets et qu’il est important pour moi de frapper juste afin d’avoir une crédibilité digne de ce nom, la sécurité de mon emploi ne dépendra pas de ces choix.

L’un des défis pour moi est de trouver un équilibre entre la prise de risque, la transparence et l’authenticité. Ce que j’entends par ce dernier point est que, à bien des occasions, je ne suivrais pas ma liste intégralement tout dépendamment des choix que j’aurais ainsi que de la banque d’espoir de mon équipe. J’essaie donc de trouver un équilibre entre placer les joueurs en fonction de mes préférences et du potentiel que je vois en eux, mais en même temps, j’essaie de ne pas placer des joueurs trop haut si je n’étais pas prêt à les sélectionner au rang que je les classe. Il y a quelques-uns de ces joueurs dans ma liste cette saison, mais cela sera préciser lorsque ce sont des joueurs que je prendrais le risque d’attendre plus tard afin de les sélectionner.

Brève analyse de la cuvée 2022 :  Les gens auront pu m’observer dire dès le tout début du mois de novembre que je considère ce repêchage comme étant relativement assez faible. Cela s’explique par plusieurs facteurs. Il y a différentes façons de juger de la force d’un repêchage et pour moi, celui-ci n’est pas particulièrement fort dans aucune des catégories ;

– il n’y a pas de talent élite au sommet.

-Lorsque je regarde la composition de mon top 15, je suis contraint à placer des joueurs qui ne seront pas des choix très sexy et qui ne démontrent pas un gros potentiel offensif.

-Je vois très peu de joueurs pouvant évoluer sur un premier trio ou une première paire de défenseurs et je vois peu de potentiel grand producteur de points (et je ne suis pas quelqu’un qui place la barre élevée à cet escient).

-La profondeur de la première ronde n’est somme toute pas si mal…. Mais je ne compte pas beaucoup de joueurs que je peux dire que je serais emballé de repêcher au premier tour après une année de dur travail.

Un débat aura fait couler beaucoup d’encre cette saison et cela est entourant la toute première sélection de ce repêchage. À mes yeux, aucun joueur ne s’est mérité le statut de premier choix au total. Dans le top 5, je compte peu de joueurs qui représentent une chance inouïe pour une formation de mettre la main sur un actif rare et unique. En fait, l’ailier slovaque Juraj Slafkovsky pourrait voir cette définition se coller à lui si son développement se déroule à merveille. Des ailiers de 6’4 talentueux de la sorte sont plutôt rarissime dans la ligue et ce n’est pas à tous les repêchages que l’on en retrouve dans le top 5.

Cependant, il ne faut pas seulement regarder ce qu’un joueur peut apporter à notre formation, mais il faut également regarder ce que notre organisation peut apporter au joueur !

Et en ce qui me concerne, Shane Wright est le joueur que je considère nécessite le moins de travail pour lui faire atteindre un niveau supérieur dans son jeu, alors il demeure le premier joueur sur ma liste, malgré un jeu moins que convaincant cette saison.

Voici sans plus tarder l’intégralité de mon classement !

  1. Shane Wright :  

Perçu comme 1er choix universel depuis déjà 3 ans, ce n’est certainement pas les discussions qui ont manqués entourant Shane Wright cette saison. Bien malin celui qui aurait pu prédire que ce joueur aurait été aussi polarisant, cependant.

C’est un phénomène courant qu’on a pu observer au fil des dernières saisons, où soudainement, le joueur pressenti pour sortir au premier rang ne devient pas si unanime. Ça l’a été le cas en 2020 avec Alexis Lafrenière, en 2019 avec Jack Hughes, en 2016 avec Auston Matthews et nous pourrions continuer encore longtemps.

Ce qui est différent dans la situation de Shane Wright est que ; de 1) les remises en question concernant sa place au sommet de cette cuvée ont commencé beaucoup plus tôt que les exemples donnés où ce n’est que dans les deux derniers mois où on a commencé à émettre l’hypothèse qu’un autre joueur pourrait sortir au tout premier rang. Et de 2) contrairement à ces joueurs, le statut de premier choix au total de Wright n’était pas mis en péril par l’ascension d’un rival (Stuzle, Kakko, Laine), mais plutôt, car son jeu à commencer à susciter plusieurs interrogations.

Certains reproches faits au joueur peuvent être attribués directement à son style de jeu, alors commençons par décortiquer ce joueur et regarder les endroits où des critiques pourraient survenir.

Ayant obtenu le statut de joueur exceptionnel, Wright a fait ses débuts dans la OHL à 15 ans lors de la saison 2019-2020. Pour avoir scruté cette ligue de très près, j’ai eu la chance d’observer Wright à maintes reprises et mon constat était, qu’alors âgé de 15 ans, il était déjà supérieur à Quinton Byfield âgé de 17 ans, qui disputait sa 2e saison dans la OHL (ainsi que sa saison de repêchage).

Transportons-nous à cette saison. Ayant pour but de me faire une idée sur bon nombre de joueurs de la cuvée, ce n’est que vers la mi-novembre que j’ai commencé à regarder les matchs de Wright.

À ce point, déjà plusieurs doutes avaient été divulgués sur la place publique le concernant.

Pourtant, l’identité de Wright était déjà bien cernée et ce n’est pas un joueur qui a été élevé à tort à un tel statut comme l’ont été certains joueurs par le passé à cause d’un tournoi ou deux (bonjour Aatu Raty).

Centre droitier de 6’01, Wright possède une compréhension du jeu et une propension pour la défensive que très rarement égalé pour un joueur de son âge.

Pour bénéficier de cette aura de premier choix au total, un joueur se doit de montrer des traits dynamiques et des qualités qui feront de lui un futur ‘Game-Breaker’.

Si on s’attarde à ce qui le rend excitant comme joueur, nous nous devons de commencer par son tir. Il a, à mes yeux, le meilleur tir du repêchage et lorsque je prends en considération les facteurs de constance et la capacité à pouvoir tirer en mouvement, ce n’est pas particulièrement proche. Joakim Kemell pourrait le rivaliser pour ce qui est du lancer, mais il a démontré des inconstances trop difficiles à ignorer à ce niveau. Le tir de Wright est unique en termes de vélocité et de ‘release’. Non seulement la rondelle quitte sa lame de bâton à une vitesse ahurissante, mais il est très difficile pour un gardien de lire quand elle va quitter son bâton, car il décoche sans aucun élan et il le fait alors que la rondelle se trouve très près de son corps. Aussi, il ne poursuit pas la motion de son lancer avec son bâton après avoir décoché. Il y a de fortes chances que si vous clignez des yeux, vous n’apercevrez même pas son tir.

Un autre aspect qui rend le tir de Wright élite est la coordination qu’il démontre pour parvenir à tirer lorsqu’il est en mouvement. Lorsque je fais mention de tir en mouvement, je fais référence au jeu de ses pieds alors qu’il décoche son lancer. Il arrive à le faire à l’intérieur même de sa cadence de patin. Même des tireurs de très haut niveau n’ont pas cette nuance dans leur répertoire et vont plutôt devoir se laisser glisser au moment où ils prennent leur tir. Le meilleur espoir des dernières années à cette qualité précise était Jack Quinn. Toujours dans l’optique de lancer lorsqu’en mouvement, la constance de l’exécution de Wright demeure la même peu importe le flanc duquel il s’amène ce qui est une autre qualité rarissime. Prenant en considération les changements mécaniques qu’implique le fait de devoir tirer de différents endroits alors que son corps n’est pas toujours orienté de la même façon vers le filet, c’est remarquable de voir la constance dans la technique de lancer de Wright.

Ses qualités de fabricants de jeux sur l’avantage numérique m’ont surprise à plus d’une occasion. À l’image de son lancer, ses passes sont très vives et sont effectuées alors qu’il ne laisse aucun indice à ses adversaires sur ce qu’il s’apprête à réaliser. Deux des critères que j’aime bien regarder lorsque j’évalue les talents de fabricants de jeux d’un joueur sont s’il est capable d’être ‘Deceptive’ (trompeur) et la facilité avec laquelle il parvient à passer au travers la boîte défensive de l’équipe adverse. Wright répond aux deux critères très facilement. L’élément ‘deceptive’ survient majoritairement lorsqu’il laisse prévoir qu’il va décocher un lancer des poignets en plaçant tout le poids de son corps sur une jambe et en ayant le regard ainsi que les épaules et les hanches droit vers le filet adverse pour finalement passer à un coéquipier directement à travers la boîte défensive. Il est à son plus dangereux dans cette facette lorsqu’il opère du haut du cercle droit, là où il a l’opportunité de pouvoir prendre son erre d’aller et de vendre encore plus la menace d’un lancer. Je l’ai vu faire des passes que très peu de joueurs dans la LNH auraient pu compléter.  Avec la qualité des pièces de jeu que je l’ai vu orchestré pour ses coéquipiers ainsi que la menace que représente son lancer, il est possiblement le joueur le plus menaçant de ce repêchage avec l’avantage d’un homme.

Cependant, la qualité prédominante de Shane Wright demeure sans l’ombre d’un doute son intelligence sur la glace. Son sens de l’anticipation est parmi les plus élevés que j’ai eu la chance de voir. Cela est accentué par le fait que sa compréhension du jeu et son positionnement sont sans bavure. Il est rare que le jeu sans la rondelle d’un espoir attire autant d’éloges, mais regarder Wright décortiquer l’offensive de l’équipe adverse et d’anticiper chacune de leurs actions à l’avance est presque aussi fascinant que de regarder un condensé de faits saillants des plus beaux jeux de la semaine. C’est littéralement comme s’il voyait les jeux un ou deux coups d’avance sur ses adversaires. Il est toujours au bon endroit pour intercepter une passe en zone défensive ou en zone neutre.

Défensivement, il est maître dans l’art de subtiliser la rondelle aux joueurs adverses avec son bâton lors de replis défensifs.

Son positionnement est également sans bavure, il reconnaît les situations où ses défenseurs ont besoin d’aide devant le filet ou le long des bandes. L’avoir sur la glace en de telles situations est pratiquement comme si son équipe comptait sur 3 défenseurs. Son jeu défensif est réellement élite et on peut très facilement le projeter comme l’un des meilleurs centres 2-way de sa génération.

En vertu de ce qui vient d’être présenté, pourquoi tant de critiques ont fait surface ?

Vous remarquerez je n’ai pas parlé du maniement de rondelle ni du patin de Wright dans les aspects positifs de son jeu. Ne vous alertez pas, ce n’est assurément pas des faiblesses non plus.

Cependant, je trouve que ce ne sont pas des qualités de jeu qui ressortent pour la simple raison que Wright préfère se reposer sur son intelligence hockey.

Son maniement de rondelle n’a rien de sexy de prime abord, mais ses mains sont suffisamment dynamiques et réactives pour être capable d’éliminer un joueur au besoin si celui-ci tente de le harponner, mais rarement il va décider par lui-même de se débarrasser de la première couche de défense en déjouant un joueur ou deux au passage. Même dans les espaces restreints, il ne fait pas tant preuve d’ingéniosité pour se défaire d’un joueur, il préfère positionner son corps de sorte à protéger la rondelle et ensuite la passer à un coéquipier qui est en position moins précaire, exemple un défenseur à la pointe. Un joueur de son calibre et pedigree devrait pouvoir créer de l’offensive de plusieurs façons, surtout lorsque c’est quelque chose qui se retrouve dans l’arc du joueur. À titre d’exemple, Cole Perfetti, Lucas Raymond et Kent Johnson sont des espoirs des plus récents repêchages qui arrivaient à créer des chances de marquer uniquement grâce à leurs mains.

C’est le même constat que l’on peut faire avec son coup de patin. Sans présenter des failles mécaniques, le patin de Wright n’a rien d’excitant et il ne fait rien pour en faire la promotion. Cependant, tout comme ses mains, lorsque le moment est propice, il démontre une force d’accélération impressionnante. Lors de revirements en zone neutre par l’autre équipe, il peut changer de vitesse pour se dépêcher de profiter de la bévue pour partir en situation de deux contre un. Je l’ai également vu rattraper Jan Mysak sur un échappé alors que ce dernier avait déjà quelques enjambées d’avance. Globalement, je préférerais tout de même le voir être plus assertif avec son patin et le voir chercher à provoquer des bévues de l’équipe adverse plutôt que de simplement le voir être réactif.

 Le fait de jouer à différent rythme/vitesse est souvent une jauge sur lequel j’évalue l’intelligence hockey des joueurs. Il y a plusieurs exemples de joueurs très rapides qui ne sont pas capables de ralentir le jeu à leur avantage et qui ne semblent pas en mesure de traiter l’information à la même vitesse qu’ils patinent. Wright est l’antipode de cela, il aurait le coup de patin nécessaire pour faire reculer les défenseurs adverses, mais il préfère ralentir le jeu. Cela dit, il le fait de manière efficace.

Si vous ne l’aviez pas déduit avec ces deux derniers passages, Wright est, paradoxalement, victime de sa (trop) grande maturité sur la glace.

Je n’ai jamais (ou presque) vu Wright faire de revirements. Il ne force jamais de ligne de passe, il identifie toujours les bons couloirs lorsqu’il transporte la rondelle, n’essaie jamais d’en faire trop, etc. Cependant, ça lui nuit d’une certaine façon, car ça limite de beaucoup le facteur ‘it’ (ou wow) que l’on recherche chez un joueur de sa trempe.

Son jeu offensif repose surtout sur intelligence et c’est un joueur qui est axé sur le jeu collectif. Il implique beaucoup ses coéquipiers dans l’action.  Cela lui cause préjudice un peu, car on aimerait le voir prendre les choses en main, mais aussi, car il ne joue pas avec des coéquipiers de très haut calibre. Il a joué avec Martin Chromiak dans plusieurs matchs que j’ai vus et bien que talentueux, je ne trouve pas que ce dernier est un joueur intelligent sur la glace (il est surévalué en ce qui me concerne). À 5 contre 5, quand Wright passe à un de ses coéquipiers en rentrant dans la zone offensive, rarement la rondelle lui revient. On est en droit de s’attendre à ce qu’il rende ses ailiers meilleurs, mais ça permet tout de même de voir les choses d’un œil différent.

Il serait plaisant de le voir plus audacieux dans son jeu, mais de l’autre côté, beaucoup d’espoirs très talentueux ont frappé un mur en arrivant chez les pros et ont dû changer leur façon de jouer et l’ont appris à la dure. Ça ne sera pas le cas de Wright. Il sera également plus facile d’apprécier la maturité de son jeu.

Les critiques (en première moitié de saison) survenaient majoritairement en raison de sa production offensive décevante et c’est un discours qui aurait facilement pu être différent si ses coéquipiers avaient été en mesure de compléter ses jeux un peu plus souvent. J’ai vu plusieurs matchs où il aurait légitimement pu finir avec 3-4 pts de plus si ses compagnons de trio n’avaient pas raté des filets ouverts.

L’un des reproches avec lequel je suis en accord est que le niveau de combativité de Wright lors des batailles pour la rondelle n’est pas proche d’être suffisant.  Ce n’est pas quelque chose que je m’attendais de voir cette saison, car il a toujours été très soucieux des détails et a toujours démontré une éthique de travail sans reproche pour ce qui est des replis défensifs. C’est un ‘drapeau rouge’ qui est d’envergure relativement importante et on ne doit pas l’ignorer. Normalement, tu t’attends à voir les espoirs de premier plan être habités par un brûlant désir d’être le meilleur sur la glace. Cela n’a pas été le cas pour Wright cette saison. Je ne l’ai pas vu prendre un match en main, même à l’intérieur même d’une présence sur la glace, c’était rare où il était tout simplement dominant. C’est inquiétant et on se doit de le mentionner, car même un espoir comme Nico Hischier en 2017 arrivait à gagner des matchs à lui seul pour sa formation. Ce qui m’a dérangé le plus est que la couverture médiatique que Wright reçoit est bien documentée et que les reproches lui sont fort probablement parvenus aux oreilles. En lumière de cela, je m’attendais à ce que cela ait ravivé la flamme en lui pour la 2e moitié de saison, et malgré une production offensive augmentée, le niveau de combativité du joueur est demeuré bien en deçà de ce qu’il aurait dû afficher.

Wright est surtout victime des attentes démesurées qui ont été placées en lui. Oui il y a des choses qui chicotent dans son jeu, mais le fait qu’il ne soit pas un joueur exceptionnel ne devrait pas ternir pour autant l’appréciation du joueur.  Un peu comme Owen Power l’an dernier, c’est un joueur dont le plafond et le plancher de son potentiel ne sont pas séparés d’un très grand écart.

Est-ce que c’est juste qu’il soit jugé plus sévèrement en raison de son statut ? Oui et non. Je suis prêt à concéder que je suis moi-même plus critique envers les espoirs de premier plan, car lorsque tu repêches si haut, tu es en droit de t’attendre à un joueur qui va changer ta franchise. Mais à un certain point, les critiques incessantes envers lui (bien que fondées) n’apportaient rien de nouveau et semblaient plus une recherche d’attention qu’autre chose. Il est vrai qu’un manque d’ardeur est impardonnable, mais aux dernières nouvelles, les autres espoirs ne sont pas parfaits non plus et on ne les a pas vus jugés avec la même intransigeance.

Est-ce que Shane Wright est digne d’un premier choix au total ? En raison de son jeu cette saison, la réponse serait non, cependant, aucun autre joueur n’a montré avoir l’étoffe d’un premier choix au total. Bien que les reproches envers le joueur (le manque d’ardeur et d’urgence dans son jeu ainsi que la dépendance sur ses ailiers pour créer des opportunités) soient tout à fait légitimes (et croyez-moi, ils m’inquiètent aussi), si Wright allume la ‘switch’ il est sans contredit le meilleur joueur de cette cuvée. Pour ma part, je crois que le joueur anticipait déjà sa présence dans la LNH et qu’il a ajusté son jeu en conséquence de cela, minimisant les risques sur la patinoire et jouant un jeu plus structuré. Bien que mon niveau de patience avec lui a touché le fond du baril à quelques occasions, je crois que le défi de jouer dans la LNH le forcera à nous montrer le meilleur qu’il a à offrir

2. Juraj Slafkovsky

Slafkovsky est un ailier slovaque de 6’4 ayant un coffre à outils des plus nantis chez les espoirs qu’on a pu observer lors des dernières saisons.

Il est difficile de pointer ce qu’il fait de mieux sur la glace, car il y a tellement de ses attributs qui se situent à un haut niveau et il ne compte pas sur l’un de ceux-ci plus qu’un autre.

La première chose dont je parlerais à propos de Slafkovsky est ses excellentes mains et la confiance dont il fait preuve sur certains jeux.  Il a un excellent contrôle de rondelle et il est en mesure de manœuvrer en circulation lourde, même face aux hommes.  Possédant un bon répertoire de feintes, j’ai vu Slafkovsky se moquer à plusieurs occasions d’un attaquant adverse à la ligne bleue alors qu’il avait pris la position d’un défenseur qui s’était avancé dans la zone offensive. Il ne manque pas d’audace et de créativité.  Il peut aussi bien déjouer un joueur lorsqu’il a son erre d’aller comme qu’il peut le faire alors qu’il reçoit la rondelle en étant statique dans un coin de patinoire où il laisse le joueur adverse venir sur lui et s’en défait avec une succession de mouvement vif d’épaules, ce qu’on appelle familièrement en anglais un ‘Shimmy-Shake’. Lorsqu’il a joué dans la ligue des moins de 20 ans en Finlande, c’était assez incroyable les feintes qu’il sortait à l’occasion. C’est une qualité rarissime de pouvoir déjouer des joueurs lorsqu’à pleine vitesse, c’est très impressionnant de voir cela chez un joueur de son gabarit. Plus tard dans la saison, vers le mois de décembre, Slafkovsky a commencé à jouer avec un bâton plus long (plus à ce sujet plus tard), ce qui en temps normal occasionne des répercussions sur le maniement de rondelle d’un joueur, mais Slafkovsky en a seulement retiré du positif. Il a conservé toute sa dextérité et cela lui a également permis d’allonger sa portée avec la rondelle.

La chose qui m’impressionne le plus chez lui est la variété de jeu qu’il est en mesure de penser et d’effectuer ainsi que sa ‘deceptiveness’ (tromperie/induire en erreur). Lorsque je parle de variété de jeu, je ne fais pas nécessairement mention de ses différentes armes telles que son lancer et son gabarit. Je demeure toujours dans l’éventail des idées créatives dont il fait preuve avec la rondelle. Slafkovsky représente une énigme pour ses adversaires, car il peut les battre de tellement de manières et aussi, car il cache super bien ses intentions. Un exemple de cela est lorsqu’il descend à l’un des cercles des mises aux jeux et commence à prendre un élan de lancer des poignets tout en ayant le regard droit au but et qu’il attend à la dernière seconde qu’un défenseur se compromettre pour bloquer le lancer pour finalement passer à un coéquipier dans l’enclave. Je l’ai vu faire ce genre de jeux venant des deux côtés. Slafkovsky analyse très rapidement ce qui se produit sur la glace et il peut réagir en fonction de ce qu’il voit s’il croit qu’il peut réaliser un meilleur jeu. Dans la même ligne de pensée de retarder ses tirs pour passer à un coéquipier, c’est arrivé à plusieurs reprises que Slafkovsky s’apprêtait à tirer et lorsqu’il s’apercevait que le défenseur optait pour une approche trop agressive envers lui, il sortait une feinte de son chapeau à l’improviste et en profitait pour s’avancer à un endroit encore plus dangereux.

À plusieurs reprises je l’ai vu induire volontairement ses adversaires en erreur comme bon lui semblait. Un de ces exemples est sur l’un des jeux les plus impressionnants que j’ai vus cette saison, tous joueurs confondus : évoluant à la pointe lors des avantages numériques, Slafkovsky s’est emparé de la rondelle derrière son filet après un dégagement de l’adversaire, il a transporté la rondelle par le flanc gauche jusqu’en zone neutre où il a tourné ses hanches dos au jeu comme s’il s’apprêtait à remettre la rondelle au joueur derrière lui (ce qu’on appelle la stratégie du ‘slingshot’), voyant cela, les joueurs de l’équipe adverse ont porté leur attention sur le joueur qui suivait et à la seconde même qu’ils ont ajusté leur positionnement et attention sur l’autre joueur,  Slafkovsky s’est retourné face au jeu, a complètement déculotté le défenseur à la ligne bleue qui ne l’attendait pas et à assuré l’entrée de zone en possession du disque pour son équipe.

Occupant cette position lors des unités spéciales, il a souvent été le joueur qui menait la charge pour les contre-attaques et la diversité de jeux dont il a fait preuve était vraiment impressionnante. Il a aussi le talent nécessaire pour faire des montées d’un bout à l’autre.

J’enchaînerais ensuite avec ses talents de passeurs ainsi que sa vision de jeu. La raison pour laquelle je décide de parler de cet aspect après avoir parlé de ses mains et de sa créativité est que ces qualités amplifient de beaucoup l’efficacité de Slafkovsky comme passeur. Sa remarquable dextérité avec la rondelle lui confère le statut d’un des meilleurs espoirs que j’ai vu pour effectuer des jeux sur leur revers. Mine de rien, peu de joueurs sont en mesure d’effectuer des jeux de haut niveau de ce côté. Le meilleur espoir des dernières années dans cette nuance était Matthew Boldy. Le plus impressionnant est que dans la plupart des situations, effectuer une passe du revers n’était pas sa première option. Plus souvent qu’autrement c’était pour remettre à un joueur qui fonçait au filet. Des passes d’une distance surprenante et même des passes soulevées qui atterrissaient directement sur le bâton de son coéquipier. Aidé par sa portée et sa dextérité, il est aussi arrivé qu’en situation de 2 contre 1 le défenseur se couchait de tout son long pour bloquer la ligne de passe et que Slafkovsky étende sa portée et parvienne tout de même à passer du revers à son ailier.

En avantage numérique je l’ai vu feindre des tirs frappés de la ligne bleue pour finalement y aller d’une passe très précise à travers la boîte défensive au complet à un coéquipier à l’embouchure du filet.

Ses talents de passeurs sont d’autant plus mis de l’avant par le fait que les défenseurs adverses n’ont pas le choix de lui concéder de l’espace sur la glace, car ils doivent se méfier de son imprévisibilité, ce qui ouvre beaucoup de glace pour ses coéquipiers.

Dans plusieurs aspects du jeu, il a démontré des nuances et du raffinement et ses passes n’en font pas exception. Lors de sorties de zone, je l’ai vu utiliser la bande pour parvenir à passer à un coéquipier alors qu’il se trouvait plusieurs joueurs de l’équipe adverse coupant toutes les options. Cela est également arrivé à plusieurs reprises où Slafkovsky y est allé de passes sur réception. Ça démontre une excellente compréhension du positionnement de ses coéquipiers sur la glace et qu’il a déjà planifié ses actions à l’avance dans sa tête. Cela fait partie de ce qu’on appelle le ‘pace’ auquel un joueur joue. Ce n’est pas seulement le rythme auquel il patine, mais aussi la vitesse à laquelle il peut traiter l’information devant lui, réfléchir et exécuter ses jeux.

Lorsqu’on porte attention à son tir, il y a du très bon et d’autres trucs qui laissent à désirer. Son tir sur réception provenant de la pointe ou du haut des cercles est tout simplement violent. Son tir des poignets lors des avantages numériques lorsqu’on lui concède de l’espace est également très menaçant ; décocher sans élan et avec beaucoup de vélocité. Cependant son arsenal de tir n’est pas autant vaste que celui de ses feintes ou de ses passes.

En effet, je ne l’ai pas encore vu démontrer qu’il pouvait prendre des tirs alors qu’il était en accélération. Ses meilleurs tirs surviennent surtout lorsqu’il est arrêté ou à très basse vitesse. C’est peut-être dû à un manque de coordination. À ce stade-ci je ne m’attends pas à ce qu’il devienne un expert dans cette facette comme l’est Shane Wright, mais j’aimerais le voir développer sa capacité à pouvoir prendre de bons tirs lorsqu’il ressort du cercle lors d’un ‘cycling’ en zone offensive comme le faisait Dylan Holloway qui n’était également pas reconnu pour avoir un si bon lancer. C’est d’ailleurs de cette façon que Slafkovsky a marqué son premier but en Liiga ainsi qu’aux Olympiques.

Comme c’est souvent le cas, évaluer le patin d’un espoir n’est pas toujours évident pour plusieurs raisons ; premièrement, évaluer des joueurs sur vidéo comporte beaucoup de limites relativement à le faire en personne, les angles de caméra qui diffèrent d’un match à l’autre peuvent donner des impressions différentes. Deuxièmement, la saison est très longue. Surtout pour des jeunes de cet âge, il se peut qu’à certains moments, la fatigue les rattrape et que ça s’apparente sur leur patin. Il se peut également qu’à d’autres occasions, le joueur doive composer avec des blessures qui l’embêtent.

Un peu à cette image, le patin de Slafkovsky était en demi-teinte cette saison. Par moment, on aurait préféré le voir ajouter une vitesse supplémentaire, par d’autres, on aurait dit qu’il est un patineur au-delà de la moyenne, et ce, en jouant contre des hommes. Par moment il semblait en mesure de couvrir beaucoup d’espace en peu de temps avec son patin et parfois il semblait manquer un peu d’explosion dans les petits espaces. Cependant, son agilité est très bonne dans cesdites espaces, surtout pour un joueur de son gabarit.

Ce qu’on voit en premier dans son cas, c’est sa posture inorthodoxe. C’est peu fréquent de voir un joueur de sa taille avoir une technique sans faille. Dans le cas de Slafkovsky, certaines nuances semblent exacerbées par la façon dont son corps est fait. Je serais curieux de voir les données anthropométriques du joueur, car lorsqu’on le regarde, il semble avoir un très long tronc, ce qui change son centre de gravité et la distribution de sa masse corporelle. Généralement dans de tels cas, il est bon pour le joueur de jouer avec un bâton plus court pour ne pas avoir le tronc trop à la verticale sur la glace et tirer avantage de la force gravitationnelle lors des accélérations en inclinant le tronc. Slafkovsky joue déjà avec un bâton court, mais sa posture semble tout de même un peu curieuse. Pencher son corps davantage l’aiderait à maximiser l’apport de ses muscles fessiers lors de ses poussées. Il gagnerait aussi à augmenter encore son degré de flexion au niveau des genoux.

Quelque chose qui a semblé l’aider est qu’il semble en très bonne condition physique et est en mesure de terminer de longues présences tout en conservant un haut niveau d’intensité.

Somme toute, sa mécanique ainsi que sa posture ont fait des progrès pendant la saison et ne représentent pas de points d’interrogation pour moi. Je suis également en mesure de formuler l’hypothèse comme quoi il a encore beaucoup de progrès à faire physiquement (en termes de force physique et de puissance), ce qui va aider à amener son patin à un niveau supérieur.

À 6’4, il est évident que son gabarit allait être mentionné à plusieurs reprises, mais comment l’utilise-t-il ? Slafkovsky n’est pas un joueur qui va nécessairement chercher à punir l’adversaire, mais l’affronter sur une base régulière représente un défi pour les défenseurs. Il est capable à l’occasion de distribuer de très bonnes mises en échec. Ça ne sera pas son identité, mais ça lui arrive ici et là d’avoir ce petit côté dérangeant où il va donner des coups d’épaules à ses adversaires en rentrant au banc de son équipe.

Autre que l’aspect rudesse, Slafkovsky se sert très bien de son corps pour protéger la rondelle avec son bras libre. Il est également très efficace lorsqu’il coupe au filet, en abaissant son épaule et en gagnant en levier sur le défenseur.

Comme je mentionnais plus tôt lorsque je parlais de son patin, Slafkovsky est agile et on peut le voir lorsqu’il est en poursuite de rondelle où il va gagner sa position sur le défenseur avec finesse. Advenant le cas où ça ne fonctionne pas, il a le gabarit et la force pour jouer la carte du jeu physique.

Son physique n’est pas la seule chose qui est déjà à maturité, son jeu défensif est remarquable pour un joueur de son âge et de son talent. Il est très solide en zone neutre, avec ou sans la rondelle. Et comme lorsqu’il est en contrôle du disque, Slafkovsky analyse rapidement le jeu lorsqu’il n’a pas celui-ci. Il va être le premier à reconnaitre lorsqu’un de ses défenseurs quitte sa position pour aller le couvrir et il va se replier d’avance lorsqu’un de ses défenseurs tente un ‘pinch’ advenant le cas où ça ne fonctionne pas et qu’il y ait un revirement. Dans sa zone je l’ai vu à plusieurs reprises faire d’excellentes interventions pour empêcher un joueur de tirer de l’enclave. Cependant, ce qui est le plus impressionnant dans son jeu défensif est sa capacité à subtiliser la rondelle à un adversaire avec son bâton lors de repli. C’est quelque chose qui est revenu extrêmement souvent dans mes notes sur le joueur.

Ayant partagé sa saison entre le circuit professionnel en Liiga ainsi que dans la ligue des moins de 20 ans en Finlande, Slafkovsky a vu son utilisation ainsi que son rôle changer sur les avantages numériques. En Liiga on l’employait principalement devant le filet. Ce qui peut avoir du sens dû à son gabarit pour voiler la vue du gardien ainsi que par la qualité de ses mains pour sauter sur les retours de lancer. On le voyait aussi à l’embouchure du filet là où il pouvait alimenter le joueur dans l’enclave.

Cependant, je préfère de loin le voir employé à la pointe comme c’est le cas dans la ligue U-20 en Finlande ainsi qu’au tournoi Hlinka. Il peut utiliser son violent tir sur réception et ça lui permet également de pouvoir contrôler le jeu, ce que je le crois capable de faire au prochain niveau.

Sur le plan offensif, il tardait à mettre des points au tableau, mais je ne l’ai pas pénalisé comme je l’ai fait avec d’autres joueurs, car il avait démontré qu’il pouvait être une menace et utile sur différents points ; créatif offensivement, gros et rapide, tir menaçant sur l’avantage numérique, très bon fabricant de jeux, utile dans les coins ainsi que devant le filet, responsable défensivement.

Il fut toutefois quelques matchs que j’ai commencés à éprouver certains doutes à son égard. Lors de certains matchs, on ne l’a pratiquement pas vu avec la rondelle et il semblait toujours en retard sur le jeu. Même avec la rondelle, je trouvais que son exécution était un peu lente. En consultant mes notes du tournoi Hlinka, je me suis aperçu que c’est quelque chose que je m’étais noté lors de la finale contre les Russes, alors que le ‘pace’ était plus rapide et qu’on l’avait moins remarqué.

Je n’étais certainement pas le seul à avoir remarqué une baisse de régime dans son jeu, car peu de temps après, il fut rétrogradé dans la ligue des moins de 20 ans. J’ai regardé 2 ou 3 de ces matchs et il fut tout simplement dominant. Ça m’avait beaucoup rassuré, mais en même temps je voulais voir plus de ce joueur chez les professionnels. Ce qui va passer sous le silence et qui est hyper important selon moi, c’est l’attitude dont Slafkovsky a fait preuve lors de ce renvoi. Il a pris son mal en patience, a accepté son sort et a redoublé d’ardeur au travail. C’est un scénario qu’avait vécu Lucas Raymond lors de son année de repêchage et son éthique de travail avait été très douteuse dans la ligue des moins de 20 ans en Suède lorsqu’il fut rétrogradé.

Cela a fait le plus grand bien à Slafkovsky. Il a repris confiance et est revenu en Liiga en tant que joueur transformé. Il a regagné l’audace qu’il avait dans son jeu et on l’a vu commencer à oser des jeux comme il le faisait avant. Il a commencé à transporter la rondelle, à défier les défenseurs à un contre un, à couper vers le centre de la glace, à diversifier sa sélection de tirs (tant l’emplacement que le type de lancer en soi).

Le reste n’est qu’histoire : Slafkovsky a brillé sur les plus grosses scènes alors qu’il a été nommé joueur par excellence des Olympiques et qu’il a très bien fait au Championnat du Monde. La progression fut constante et les arguments pour le mettre en premier sont nombreux. À mes yeux, il supplante Wright pour ce qui est du Compete-Level et du désir de faire une différence sur la patinoire. Bien que j’adore le joueur et que je le vois définitivement être l’une des pièces maîtresses de la formation avec laquelle il évoluera, je ne suis pas convaincu qu’il sera un grand producteur de points. Cela dit, lorsque nous allons réévaluer ce repêchage dans plusieurs années, le contexte dans lequel les joueurs auront été placés risque d’avoir une plus grosse incidence que celui des autres repêchages. Prenons en exemple Slafkovsky, si les Devils du New Jersey jettent leur dévolu sur lui au 2e rang et le clou au flanc de Jack Hughes, il pourrait très bien s’avérer le meilleur joueur de cette cuvée.

3. Kevin Korchinski

Korchinski est l’un de mes espoirs favoris à la défense des quelques dernières années. Il est le joueur le plus amélioré de ce repêchage, et il n’y a aucun autre joueur qui démontre une progression qui peut rêver s’approcher de celle de Korchinski. En fait, le contraste est tellement fort qu’il serait plus approprié d’utiliser le mot ‘transformé’ plutôt qu’amélioré. Des quelques visionnements que j’avais faits sur lui en début de saison, peu de notes reluisantes étaient ressorties. Lorsque je suis retourné le voir au tout début du mois de janvier (visionnant ses matchs du mois de décembre), je devais me pincer constamment pour réaliser ce que j’étais entrain d’observer. J’ai consulté mes notes que j’avais sur lui et c’était littéralement le jour et la nuit. Il a rapidement intégré mon top 10 et d’écoute en écoute, il ne faisait que gravir les échelons, pour atterrir au 4e rang de ma liste vers la mi-janvier/fin-janvier.

C’est un choix controversé, certes, mais lorsque je décortique les qualités élémentaires propres au jeu des défenseurs, Korchinski excelle dans chacune d’entre elles.

Celle qui prédomine dans son jeu est la grande ingéniosité dont il fait preuve lors des sorties de zone et des relances. À l’intérieur de cette facette, on remarque que le coffre à outils qu’il a à sa disposition est tout simplement remarquable ; pourvu d’une confiance inébranlable, on le voit se servir de son coup de patin, de son calme avec la rondelle, de sa vision de jeu, de la qualité de ses passes (même celles sur son revers) et d’une propension à pouvoir tromper/manipuler ses adversaires à sa guise. Toutes ces qualités prises individuellement valent leur pesant d’or, mais la créativité avec laquelle Korchinski parvient à harmoniser celles-ci en un tout est digne d’une des plus belles pièces d’art. Je me suis noté quelques séquences pendant l’année pour tenter d’illustrer ce dont je vous fais part.

Dans un match il s’empare d’une rondelle dans sa zone, contourne son propre filet avec un attaquant adverse sur le dos, s’avance vers la zone neutre tout en regagnant le même côté de la glace dont il revient, alors que tous les joueurs adverses se dirigent vers lui (laissant un trou béant du côté opposé) il y va d’une passe du revers soulevé entre deux joueurs adverses, sans même regarder à un coéquipier qui obtient une échappée partielle et qui marque.

Récupérant une rondelle du côté gauche dans sa zone, un attaquant adverse effectue de l’échec-avant poussant Korchinski à se déplacer vers le centre, son partenaire à la défense de l’autre côté n’est pas disponible puisqu’un autre attaquant adverse anticipe une passe qui se résulterait en revirement. Korchinski qui est un gaucher, amène l’attaquant adverse vers le centre de la zone défensive pour dégager le flanc gauche et y va d’une passe du revers entre ses propres jambes à un de ses attaquants qui était venu lui offrir du support. C’en est suivi une sortie de zone avec le champ totalement libre pour son coéquipier. Même en arrêtant la séquence sur vidéo à différents moments, il n’y avait aucune solution, et de parvenir à penser et exécuter ce genre de jeu sous pression est tout simplement fabuleux. Sa capacité à se sortir des situations difficiles ne trouve pas son égal dans ce repêchage.

Un autre exemple frappant de cette capacité est survenu alors que deux attaquants adverses lui ont fait pression derrière sa propre ligne des buts. Se servant de la bande derrière lui, il s’est passé la rondelle à lui-même du revers se défaisant de ses rivaux et il a ensuite complété la sortie de zone avec une facilité déconcertante.

Il est également extrêmement résilient face à la panique et ne cède jamais à la pression de l’échec-avant et va plutôt conserver la rondelle et revenir sur lui-même plutôt que de s’en débarrasser.

Toujours dans l’optique des sorties de zone, sa première passe est tout simplement éblouissante. C’est d’ailleurs un autre aspect de son jeu que je n’hésiterais pas la moindre seconde à affirmer qu’il est le meilleur de sa cuvée. Ses passes sont d’une précision chirurgicale et il parvient à rejoindre ses coéquipiers, peu importe la distance les séparant et peu importe le nombre de bâtons ou de joueurs se mettant à travers son chemin. Même dans les situations les plus inextricables, il parvient à trouver ses coéquipiers sur la glace sans ne jamais montrer la moindre erreur de parcours. Une des choses qui contribue à le rendre aussi unique dans cet aspect est son habileté à rejoindre ses coéquipiers de son revers. Un espoir récent qui démontrait de telles aptitudes était Luke Hughes.  Une raison supplémentaire pourquoi il excelle autant en relance est son ‘Spatial-Awareness’, ce qui réfère à son aptitude à prendre conscience de l’environnement sur la glace et de la position de ses coéquipiers ainsi que de ses adversaires. Je l’ai vu à plusieurs reprises aller récupérer une rondelle dans le fond de sa zone (plus à cet escient bientôt) et y aller d’une bombe à un coéquipier, sans la moindre hésitation, en se retournant.

Une autre qualité qui est enracinée dans son identité, et qui est pour moi essentielle à tout défenseur, est son jeu en récupération de rondelle. Facilité par son excellent coup de patin, Korchinski est constamment le premier sur les rondelles libres, tant après que celles-ci furent rejetées dans sa zone que lorsqu’il va s’avancer en zone offensive pour empêcher un dégagement.

Son coup de patin mérite d’ailleurs qu’on s’y attarde de plus près car ça fait quelques occasions qu’il en est mention et il parvient à réaliser une tonne de jeu sur la patinoire qu’on peut presque exclusivement attribuer à celui-ci. D’entrée de jeu, son coup de patin lui sert à merveille afin d’évader à la pression (qualité nécessaire aux défenseurs) dans son propre territoire, rebroussant chemin en contrôle du disque, les attaquants adverses ne sont pas en mesure de le suivre.

Il est d’une très grande efficacité en transport de rondelle grâce à la puissance qu’il génère dans chaque enjambée et aussi par le fait qu’il est constamment entrain de prendre de l’information sur ce qu’il y a en avant de lui et il ajuste ses routes en conséquence. Non seulement il prouve son efficacité à quitter son territoire et à amener la rondelle en zone ennemie, mais il parvient également à matérialiser ces montées en quelque chose de concret offensivement ; s’il est forcé à l’extérieur lors d’une percée, il ne va pas décocher un tir non-menaçant du coin de la patinoire ou tenter une passe à faible coefficient de succès. Il va plutôt s’aventurer jusque derrière le filet et gagner le temps nécessaire pour créer une chance de marquer. Aussi, lorsqu’il a la rondelle en sa possession, c’est lui qui dicte le jeu et cherche toujours à avoir un impact positif. Il va exploiter chaque pouce de glace qu’on va lui donner. Il est très alerte aux ouvertures qui se présentent devant lui. Je l’ai même vu traverser entre les deux défenseurs adverses en situation de 4-contre-4.  Si ce n’est pas lui qui transporte le disque lors du jeu de transition, il va sauter dans le jeu et va attaquer le filet adverse, faisant reculer les défenseurs et créant de l’espace pour ses coéquipiers.

Dans la zone offensive, son coup de patin est tout aussi impressionnant. On le voit souvent s’avancer dangereusement. Si jamais le jeu se referme devant lui, il revient sur ses pas et regagne la ligne bleue offensive. C’est un jeu que maîtrise également très bien Denton Mateychuk, la différence est que Korchinski est tellement explosif qu’il crée une grande séparation entre lui et son couvreur et ça lui permet de regagner le centre de la zone offensive pour décocher un puissant tir frappé. On observe également une très belle mobilité dans les 4 directions, alors qu’on peut le voir patiner de reculons en longeant la ligne bleue offensive et faisant déplacer la couverture défensive.

Ses talents de distributeur de rondelle sont probablement ceux qui se sont vus être le plus améliorés pendant la saison. C’était d’ailleurs l’aspect de son jeu sur lequel j’avais été le plus virulent dans mes toutes premières écoutes en début de saison. J’étais complètement renversé de voir à quel point il avait gagné en confiance avec la rondelle. Korchinski distribue désormais très bien la rondelle en zone offensive. Il est bien entendu aidé par son coup de patin comme illustré précédemment, mais la confiance qu’il dégage est éloquente : il va constamment maintenir le regard dans les yeux de ses adversaires tout en les défiant avant de faire circuler la rondelle sans ne jamais regarder sa cible de passe. Il peut aussi très bien mettre la table pour ses coéquipiers de son revers (comme lors des sorties de zone).

C’est quelque chose que je mentionne souvent, mais lorsqu’on évalue des espoirs évoluant dans les ligues juniors, il faut faire attention de ne pas se laisser berner par leur utilisation qu’en fait leur entraîneur. On voit des attaquants unidimensionnels évoluer sur le désavantage numérique tout comme l’on voit des défenseurs sans aucune habilité offensives jouer sur l’attaque à 5. Tout défenseur pressenti à sortir en première ronde vont inévitablement se retrouver sur l’avantage numérique de leur formation respective, mais la vraie question est : Ont-ils le nécessaire pour répliquer cela au prochain niveau ? Et dans le cas de Korchinski, les progrès qu’il a faits pendant la saison me font dire qu’il ne fait aucun doute pour moi qu’il peut être un efficient quart-arrière dans la LNH. Ses instincts offensifs sont beaucoup plus élevés qu’on ne le pense.

Il y a une thématique récurrente dans ce repêchage et c’est que les défenseurs issus de celui-ci n’ont pas de gros lancer. Korchinski n’en est pas une exception. Son tir n’est pas excessivement menaçant, mais il est tout de même décent. Son tir frappé est lourd et il est l’un des meilleurs défenseurs des derniers repêchages que j’ai vu pour ce qui est de se créer de l’espace soi-même afin de pouvoir l’utiliser. Il possède également un bon tir des poignets où il va ‘dragger’ la rondelle sur sa jambe arrière afin de maximiser son transfert de poids. Comme chaque habilité individuelle, il ne suffit pas uniquement de la décortiquer, mais il faut également évaluer si le joueur arrive à utiliser ses outils de manière efficace et pour ce qui est de celle-ci, Korchinski est très bon pour repérer les bonnes lignes de tir et ses lancers atteignent régulièrement la cible. Il est aussi constamment entrain de surveiller les occasions pour s’avancer en option de passe dans le haut de l’enclave.

Son jeu en défensive s’attire tout autant d’éloges. Il défend très bien les entrées de territoire, forçant les attaquants adverses vers des zones mortes. Son ‘Gap-Control’, qui réfère à la distance à laquelle il se garde entre l’attaquant adverse, est déjà très poli, ne se compromettant jamais et en ne laissant pas d’espace de manœuvre.

Les arguments pour vendre sa sélection sont abondants, cependant, je n’ai pas encore parlé de celui qui pourrait, je crois, être le plus important d’entre tous. Voyez, la progression dans son jeu fut exponentielle, et ce, dans une courte période de temps et lorsqu’il est question de recrutement, c’est toujours quelque chose que l’on doit accorder beaucoup d’importance. Le deuxième point qui n’a pas encore été abordé quant au développement de Korchinski est son développement physique. Il y a à peine 2 ans, il ne faisait que 5’7. Il est maintenant listé à 6’2. De cette grande courbe de croissance, son développement musculaire a beaucoup à rattraper, faisant seulement osciller la balance à 185 lbs. Il faut tenir compte de cela et chercher à projeter le joueur dans quelques années. Il est beaucoup plus vert que la majorité de ses pairs et il y a encore place à beaucoup de croissance tant sur la glace qu’en dehors.

La seule flèche qui manque à l’arsenal de Korchinski est l’aspect physique. J’ignore même si à maturité ça va être quelque chose qu’il préconisera, pour le moment, ça ne semble pas vraiment dans son ADN. N’en demeure que la fondation y est pour qu’on ait un excellent défenseur sous les mains.

Au moment d’intégrer mon top 4 du repêchage, Korchinski était classé à la toute fin de la première ronde ou même au début de la 2e ronde. Malgré, le vaste étendu qu’il y avait entre mon classement du joueur et des autres, je n’avais jamais eu autant confiance en une prise de position de la sorte.

Il n’y a aucune garantie avec le repêchage alors je ne peux pas mettre mon nom en jeu qu’il deviendra le 3e meilleur joueur de ce repêchage, cependant, les fondations sont là pour qu’il devienne un défenseur de première paire, et pour moi, dans un repêchage que je qualifie de plus faible au sommet, ça justifie amplement la 3e position (il s’est inséré à la 2e position de mon classement à la mi-mars). L’éventail de ce qu’il pourrait devenir au prochain niveau est très vaste ; il fait des montées à la Shea Theodore, il démontre des flashs de vision à la Roman Josi, il a la capacité à éviter la pression adverse à la Miro Heiskanen et il peut manger d’importantes minutes comme Thomas Chabot. Deviendra-t-il aussi bon que ces défenseurs ? Je joue toujours de prudence avec les comparaisons, préférant même m’abstenir d’en faire dans la plupart des cas, alors je ne veux pas mettre autant d’attentes envers ce joueur, mais je crois qu’il peut devenir un défenseur de première paire dans la LNH.

4. Logan Cooley

Logan Cooley est un joueur de centre ayant entrepris la saison avec un pedigree fort impressionnant alors qu’il avait été, et de loin, le meilleur joueur des États-Unis au championnat mondial des moins de 18 ans en 2021, alors qu’il était le joueur le plus jeune de la formation. Son début de saison fut retardé légèrement en raison d’une blessure et à mes yeux, cela lui aura pris quelque temps à retrouver ses repères. Pour la majeure partie de la première moitié de saison, lui et Nazar se sont chaudement disputé une lutte à savoir qui serait le premier des deux sur ma liste.

Son coup de patin est probablement sa qualité primaire. Il est discutablement le meilleur patineur de cette cuvée. La première chose qui fait de lui un aussi bon patineur est sa vitesse. En tant que joueur de centre, sa vitesse lui confère la possibilité d’être partout sur la patinoire, sans que ça ait l’air de lui nécessiter le moindre effort. Il peut aussi bien être profondément dans sa propre zone à appuyer ses défenseurs une seconde et se retrouver en contre-attaque la suivante. Même en possession de rondelle, il aime couvrir beaucoup d’espace et on va souvent le voir contourner la zone offensive en gardant le disque. Sa vitesse représente une menace et fait également reculer de beaucoup les défenseurs adverses, faisant de lui l’un des meilleurs joueurs de ce repêchage en transition. C’est cependant, vraiment son agilité qui le distingue des autres rapides patineurs de ce repêchage. Cooley est extrêmement ‘slippery’ et trouve toujours le moyen d’évader à son couvreur. Il peut tourner sur lui-même et changer de direction habilement sans perdre en vitesse. Il possède aussi un très haut niveau de coordination où il arrive à récupérer des rondelles dans son dos sans n’avoir à se retourner ou à briser sa cadence de patin. Il possède une technique de patin unique qui lui permet de se distinguer en utilisant une base de sustentation inhabituellement large pour un joueur de sa taille. Cela lui sert très bien à quelques occasions où il repousse le bâton d’adversaire avec sa jambe.

Un autre aspect où Cooley s’élève bien au-delà de ses comparses dans ce repêchage est au niveau de la créativité offensive ainsi que des habiletés naturelles. Il joue avec une confiance inébranlable et il a l’audace de tenter des jeux en situation de matchs que la majorité des joueurs ne tenteraient même pas lors de pratique. Il a d’excellentes mains et il va déjouer des joueurs plus que quiconque dans ce repêchage. Il adore se passer la rondelle entre les jambes en situation d’un-contre-un. Comme dit précédemment, il aime conserver le disque longtemps dans la zone offensive et contourner la zone au complet. Il aime bien innover et tromper ses adversaires de façon audacieuse, exemple, en passant par la ligne bleue offensive il va feindre de laisser la rondelle entre ses jambes pour son défenseur qui permute de position avec lui et va finalement garder le disque, laissant son couvreur avec le défenseur et lui donnant le centre de la glace libre. Il fait également preuve d’ingéniosité dans les petits espaces, par exemple, le long des bandes en se passant la rondelle à lui-même ou en utilisant son agilité et son maniement de rondelle pour se sortir de situations difficiles.

Plus concrètement, les talents de fabricants de jeux de Cooley s’expriment principalement par sa propension à garder la rondelle et à déjouer ses adversaires afin d’ouvrir le jeu pour ses coéquipiers. Ceci étant dit, Cooley demeurerait tout de même un bon fabricant de jeux si ce n’était pas du fait que la qualité de ses mains et de son coup de patin amplifie grandement ses talents de passeur. Il est vraiment bon pour induire ses adversaires en erreur en regardant volontairement une autre option de passe. En ce qui me concerne, cela constitue une qualité fondamentale à tout bon fabricant de jeux et Cooley parvient à réaliser ce genre de jeux en provenance de différents endroits sur la patinoire ; lorsqu’il évolue au cercle gauche en avantage numérique (ce qui n’est pas toujours le cas), il va garder ses épaules, sa tête et ses hanches orientées vers le filet avant d’y aller d’une passe à travers la boîte défensive. Une autre séquence a parfaitement mis en valeur cette qualité alors qu’il descendait sur le flanc droit lors d’un 3 contre 2 et qu’il a gardé ses yeux rivés en permanence sur le joueur à gauche pour finalement faire glisser la rondelle délicatement vers le joueur au centre qui fonçait au filet. Une autre qualité de ses talents de passeur est qu’il est à l’aise sur son revers. On le voit régulièrement se servir de ce type de passe pur étendre sa portée alors que des défenseurs vont s’étendre de tout leur long pour couper des lignes de passes. Sa créativité offensive est également mise de l’avant avec ce type de passe alors qu’il va faire des passes du revers à contresens alors qu’il contourne le filet adverse. La dernière inclinaison qui ressort constamment dans ses choix de passe est qu’il aime beaucoup y aller de ‘Drop-Pass’ (ou de laisser la rondelle entre ses patins pour un coéquipier). Ça lui arrive régulièrement dans les entrées de territoire de laisser la rondelle directement au joueur qui le suit derrière, mais il utilise également ce genre de passe latéralement lorsqu’il gagne la zone en croisée.

S’il y a un aspect de son arsenal offensif que Cooley a beaucoup à envier à ses rivaux, c’est au niveau de son tir. Son lancer manque de puissance et Cooley ne démontre pas les mêmes signes de tromperies en utilisant son tir comme qu’il le fait avec sa distribution de rondelle. Il ne semble pas posséder non plus d’instinct de marqueur né comme on peut l’observer avec d’autres joueurs. D’une plus grande distance, ses tirs n’atteignent pas la cible aussi régulièrement. Globalement, il a quand même progressé pendant la saison à ce niveau, je dirais même suffisamment pour qu’il représente une certaine menace au niveau de la USHL, mais je ne le vois pas devenir un tireur craint au prochain niveau. Un chose que j’ai apprécié de sa sélection de tir, et ça peut sonner contre-intuitif, mais c’est qu’il forçait les couvertures défensives à demeurer honnête et à ne pas tricher. Étant donné que ce n’est pas nécessairement dans son ADN de prendre beaucoup de tir, les équipes adverses s’étaient ajustées à son style de jeu et trichaient lors des désavantages numériques, gardant une couverture plus étanche envers ses coéquipiers. Cooley qui opérait au cercle droit s’était mis à prendre beaucoup plus de tirs. En devant se méfier plus de lui, cela redonnait de nouveau plus d’espace à ses coéquipiers. À cette période de l’année, Cutter Gauthier était à la pointe gauche et il avait désormais beaucoup plus de marge de manœuvre pour s’avancer lorsque Cooley lui remettait le disque.

Un autre aspect qui est identitaire à Cooley est son jeu sur les deux sens de la patinoire. Il est l’un des bons centres défensifs de ce repêchage. Cette qualité chez lui s’exprime par trois constantes ; son niveau d’alerte sur la patinoire, son coup de patin et son éthique de travail. Il est toujours en train de prendre de l’information sur la patinoire et il ajuste son positionnement en conséquence, il ne se fera jamais prendre à contre-pied et il ne triche jamais sur la patinoire (ce qu’on pourrait être porté à croire à en juger par son jeu avec la rondelle). Il repère toujours les occasions où, dans sa propre zone, un défenseur adverse quitte sa position pour descendre à l’embouchure du filet. Son niveau d’implication est également sans reproche.

Quelque chose que j’ajouterais dans le cas de Cooley est que les trios du NTDP changeaient en permanence pendant la saison, et ce qui revenait constamment, était qu’à chaque fois que je voulais évaluer minutieusement les ailiers, il m’était difficile de le faire adéquatement avec ceux qui se retrouvaient aux ailes de Cooley, peu importe qui ils étaient. C’était difficile pour eux de maximiser leurs qualités et de jouer à la hauteur de leur talent, malgré que Cooley soit le joueur le plus talentueux du club. Pour un si bon talent, je trouve que l’étendue auquel il améliore ses ailiers n’est pas autant haut de ce qu’on serait en mesure de croire.

En guise de conclusion, Cooley est un joueur que j’aime bien et que j’ai beaucoup de plaisir à regarder jouer. Cela dit, je suis moins optimiste que plusieurs vis-à-vis son potentiel ultime. Pour le dernier droit de la saison, on le voyait tout simplement dominant en USHL, cela dit, le style de jeu qu’il préconisait est loin d’être garant de succès à la LNH. Trop souvent, ses jeux spectaculaires ne se matérialisent pas en quelque chose de concret, cela impose un certain bémol à son plafond offensif, en plus qu’il ne représente pas vraiment une menace pour marquer des buts. À un certain moment au début de l’hiver, je l’avais aussi bas qu’au 9e rang sur ma liste. Même si certains doutes se sont dissipés, d’autres persistent. Son ascension (ou plutôt, son retour) dans mon top 5 fut une combinaison de sa domination dans le dernier droit de la saison, ainsi que d’autres joueurs devant lui qui auront vu, à leur tour, des interrogations se former ou demeurer. Il est fort possiblement le joueur le plus talentueux de ce repêchage, mais pas nécessairement le plus efficace dans son offensive.

5. Pavel Mintyukov

La transformation de Pavel Mintyukov en tant que joueur de hockey fut fascinante à suivre. La meilleure façon de l’imager en début de saison serait de penser à un cheval de course qui a besoin d’être apprivoisé. Dynamique défenseur offensif faisant un peu à sa tête, le Russe démontrait des bribes d’un défenseur capable de neutraliser les meilleurs éléments adverses à l’occasion et c’est sur ces parcelles prometteuses que j’ai pris un pari en classant Mintyukov dans mon top 10 dès le mois de novembre.

Depuis quelques années déjà, on nous parle de ‘défenseurs défensifs modernes’ faisant allusion à la fin de l’ère où les défenseurs se voyant léguer les missions défensives étaient reconnus pour avoir la finesse sur patin et avec la rondelle digne d’un éléphant dans un magasin de porcelaine. Mintyukov est à l’avant-plan d’une nouvelle tendance qu’on peut observer chez certains espoirs et je dirais qu’on pourrait parler d’un ‘défenseur offensif moderne’.

Mintyukov est très talentueux et ce qui ressort le plus dans son jeu offensif est l’audace ainsi que l’innovation dont il fait preuve dans ses jeux. C’est lorsqu’il patrouille à la ligne bleue que son aplomb est le plus flagrant. Ayant un excellent maniement de rondelle, une longue portée et une très bonne agilité multidirectionnelle, les attaquants fonçant sur lui pour lui soutirer le disque s’exposent à être du mauvais côté d’un fait saillant. Il génère tellement de puissance latéralement qu’il peut se défaire de son couvreur de sorte à écarquiller les yeux de tout le monde sur la galerie de presse. La majorité des bons manieurs de rondelles opèrent généralement avec un bâton plus court, mais ce n’est pas le cas de Mintyukov, ce qui rend encore plus impressionnant quand il réalise ces feintes où il peut appâter ses opposants loin de lui avec sa portée et qu’il ramène ensuite la rondelle près de son corps avec fluidité tout en se déplaçant explosivement. Quelque chose qui va revenir souvent dans mon profil de Mintyukov est qu’il est très axé sur l’offensive et qu’il joue avec une intention ferme. Peu de défenseurs peuvent se déplacer à la ligne bleue offensive avec la rondelle en situation de pression comme il le fait. Après s’être défait de son adversaire son idée est déjà fait d’exploser vers le haut de l’enclave et de créer une chance de marquer. Chaque fois qu’il est sur la glace, il embarque avec la détermination d’aller marquer.

Somme toute, il possède de très bonnes mains pour un défenseur et de tous les espoirs du repêchage, il est l’un des joueurs ayant réalisé les plus beaux jeux en situation d’un-contre-un. Par contre, il est un peu menotté par la position de ses mains sur son bâton, étant trop près l’une de l’autre. C’est dans les espaces restreints que l’on voit les répercussions que cela lui cause.

 Globalement, ses talents de distributeur de rondelle sont très bons. Il a réalisé des passes très impressionnantes dirigées vers l’enclave alors qu’il descendait appuyer l’attaque le long de la bande. Il arrive aussi à cacher ses intentions de passes alors qu’il peut rejoindre des coéquipiers sans même que sa tête ou son corps soit orienté dans leur direction.

À l’instar de la majorité des défenseurs de ce repêchage, le tir de Mintyukov peut laisser un peu à désirer. Il possède un bon tir balayé mais il doit être à l’intérieur des cercles de mises en jeu s’il espère pouvoir battre les gardiens de façon nette. Son lancer sur réception ne représente pas une menace lors des avantages numériques, heureusement qu’il repose plus sur ses qualités de distributeur de rondelle et de son dynamisme avec la rondelle pour ouvrir des sélections de jeux supplémentaires. Son tir des poignets est limité en puissance car ses mains se retrouvent trop près l’une de l’autre, l’empêchant d’utiliser le flex de son bâton.

Lors des contre-attaques, il saute agressivement dans le jeu et lors de situations de surnombres, plutôt que de rester en retrait comme 2e vague, il va prendre le centre et foncer directement au filet, faisant reculer les défenseurs. Il a ensuite les mains nécessaires pour s’emparer des retours de lancer. Il est constamment entrain de chercher un moyen de sauter dans le jeu et de réaliser quelque chose. Un autre exemple de comment il aime sauter dans le jeu est lors de ses relances en zone neutre : plutôt que de regarder son attaquant transporter la rondelle après avoir compléter une passe, il va tout de suite aller de l’avant pour éliminer un adversaire avec un ‘Give-N-Go’ . Cette tendance dans son jeu explique à merveille les sélections qu’il va prioriser en transport de rondelle. Jamais il ne va chercher à traverser la patinoire d’un bout à l’autre par lui-même. Il va plutôt utiliser ses coéquipiers intelligemment de sorte à recevoir la rondelle de nouveau sans avoir à composer avec un joueur de plus devant lui.

Une des choses que j’apprécie le plus de Mintyukov est son jeu physique. Il ne se fait plus beaucoup de défenseur de ce moule-là de nos jours. Encore moins lorsque ceux-ci peuvent compter sur le niveau d’habiletés individuelles du Russe. La cuvée de repêchage de l’an dernier était parfaitement à l’image de ce que j’avance : 11 défenseurs dépassant la barre des 6 pieds ont été choisis dans les 40 premiers choix et seulement deux (Logan Mailloux et Nolan Allan) apportaient un élément physique à leur jeu.

Ce fut rare durant la saison que je regarde deux matchs consécutifs où Mintyukov n’avait pas au moins une bonne mise en échec. C’est arrivé assez régulièrement qu’il en distribue plusieurs bonnes dans un match. Surtout lors de contre-attaque de l’adversaire en zone neutre ou lors des entrées de zone, il ne concède aucunement son territoire à l’opposition. Il a ce petit côté ‘nasty où il va faire payer le prix à un joueur si ce dernier se présente en zone neutre avec la tête basse. Quand il est sur la glace, ses adversaires doivent en être conscients.

Au niveau défensif, il y a du bon et du moins bon. Pour poursuivre dans la veine des capacités athlétiques et physiques de Mintyukov. Il excelle en récupération de rondelle, ce qui est une qualité fondamentale pour un défenseur. Non seulement il faut être doté d’un bon coup de patin, il faut également savoir comment positionner son corps de la bonne façon pour ne pas donner de corridor à l’attaquant en échec-avant de venir gagner l’intérieur sur soi. Il faut également faire preuve de calme, de sang-froid ainsi que de ‘deceptiveness’ lorsque la rondelle est récupérée pour ne pas se faire emprisonner le long de la bande par l’attaquant adverse. C’est quelque chose qu’il fait très bien. Il a aussi les habiletés individuelles pour se défaire facilement de la pression adverse ainsi que pour pouvoir contrôler des rondelles bondissantes.

Il a aussi montré à plusieurs reprises une excellente coordination main-œil pour frapper des rondelles au vol lors des sorties de zone ou entrée de territoire de l’autre équipe. C’est quelque chose que Brandt Clarke avait montré lors du tournoi U-18 l’an dernier.

Pour ce qui est des aspects moins reluisants, Mintyukov offre parfois du jeu erratique dans sa zone.

Lorsqu’il couvre sa zone, il est à l’occasion trop passif et n’offre pas le même niveau d’alerte que lorsqu’il se porte en attaque. Pourtant, il est très engagé lors des batailles à un-contre-un et lorsqu’il doit défendre des espaces plus restreints. Ça ce produit tout de même assez régulièrement où après s’être avancé sur un joueur le long de la bande, ça lui prend un peu trop de temps retourner gagner le devant de son filet et laisse un joueur sans surveillance. On le remarque le plus souvent lors des désavantages numériques où il joue relativement haut, ce qui laisse un joueur seul à la ligne des buts.

Un autre aspect de son jeu défensif qui nécessite un peu de travail est directement lié à son identité en tant que joueur et comment il perçoit le jeu. Comme j’en faisais mention, c’est un défenseur qui à un fort penchant pour l’offensive et qui cherche par tous les moyens à faire la différence lorsqu’il est sur la glace.

À quelques repises, ses ‘pinchs’ en zone offensive ou en zone neutre furent trop agressifs et il s’est fait prendre à contre-pied.

Il y aussi le fait que lorsqu’il se porte en attaque, il ne le fait pas à moitié. Même en désavantage numérique il joint la contre-offensive de son équipe. Il y avait d’ailleurs une séquence que je n’ai pas pu m’empêcher de prendre en image et de partager à des personnes avec qui je discute des espoirs. Lors d’un désavantage numérique, son équipe était dans la zone de l’adversaire, la plupart des joueurs sur la glace étaient regroupés au même endroit. Du lot, Mintyukov était celui qui était le plus près du gardien adverse. C’est tel quel comme séquence, jusqu’à ce que tu t’aperçoives que son club est en désavantage numérique, que c’est en milieu de 3e période et que la marque est à égalité. Ça lui arrive souvent de descendre aussi bas qu’à l’embouchure du filet à 5 contre 5. Le problème est que l’effort qu’il offre par la suite pour se replier est parfois épouvantable. Il laisse l’attaquant qui a permuté avec lui défendre la contre-attaque et ne semble pas pressé de reprendre sa position de défenseur.

Sa première passe pourrait également être un peu plus vive.

En dépit de tout ça, j’ai accordé des passe-droits à Mintyukov car je le voyais offrir du jeu très solide en défensive. Lors des matchs contre Windsor il a été confronté à Wyatt Johnston qui est probablement le meilleur joueur du circuit et il a fait un sublime travail pour le tenir au silence. Il lui a même appliqué 2-3 très bonnes mises en échec lors d’un certain match. Lors de d’autres matchs où Saginaw détenait une avance en fin de rencontre, son entraîneur s’appuyait fortement sur Mintyukov pour protéger l’avance et toutes les fois où il comprenait la tâche qui lui était assignée, il réalisait le défi avec brio. Au fur et à mesure que la saison a progressé, l’espoir du Spirit de Saginaw a maturé énormément dans sa dévotion envers la défensive. On ne retrouvait plus de séquences où il semblait faire qu’à sa tête et il s’est même établi comme un roc défensif. Je l’ai même vu tuer des désavantages numériques à situation de 5 contre 3 de façon convaincante.

Une des interrogations que j’ai eue à un certain point avec lui est que pendant le mois de janvier, la qualité de son jeu a périclité de façon assez importante. Il était généralement employé aux alentours de 28-29 minutes par match, même lors de séquences de 3 matchs en 4 soirs. Mon hypothèse était qu’il était tout simplement brûlé. Dans son cas, il n’avait pas joué la saison précédente et il n’avait prit part qu’à 33 parties la saison d’avant. Cette absence de partie aura fini par la rattraper. Il est également encore un peu vert physiquement, alors la question sera de savoir si c’est seulement une immaturité physique due à l’âge où s’il n’a tout simplement pas la constitution génétique pour faire face aux rigueurs d’un long calendrier avec une utilisation à outrance. L’aplomb qu’il aura retrouvé en mars m’aura convaincu de ne pas lui en tenir rigueur.

Je dressais certains parallèles avec Simon Edvinsson (qui a été le joueur qui a passé le plus de temps au premier rang de mon classement l’an dernier) dans le sens où les erreurs dans son jeu, principalement lié au positionnement, étaient plus dues au fait qu’il cherchait à expérimenter sur la glace et à apprendre ce avec quoi il peut s’en tirer et ce qu’il ne peut pas. Contrairement à d’autres cas où ces erreurs sont le résultat de limitation au niveau du hockey IQ. Je ne compare cependant pas les joueurs au-delà de ce point, ils sont assez différents et Edvinsson est une grosse coche supérieure.

Pendant longtemps, j’avais de la difficulté à trouver un comparable pour Mintyukov puis, de plus en plus j’ai commencé à voir des similitudes avec ce que je voyais de Josh Morrissey dans le junior. Bien que ce dernier ne soit pas devenu le défenseur offensif que j’entrevoyais, il demeure un défenseur de première paire qui peut fournir 35-40 pts par saison. À leur année de repêchage; les deux faisaient preuve d’avant-gardisme en offensive, capable de déculotter des adversaires, de bons passeurs, mais qui n’ont pas un gros tir et finalement, l’attitude de faire payer le prix à quiconque s’aventurant dans leur zone la tête basse. Lorsque je les compare et que je vois que Mintyukov est plus grand physiquement et qu’il a encore place à développer beaucoup de masse musculaire, et qu’il est plus explosif sur patin, je ne peux m’empêcher de voir un espoir qui, dans le pire des cas, deviendra un bon défenseur numéro 3 et qui possiblement, pourrait évoluer sur une première paire. Même si techniquement il est plus avancé que d’autres espoirs de cette cuvée puisque c’est un ‘late’ , Mintyukov n’a pas joué l’an dernier, comparativement à des espoirs comme Cooley et Nemec. De plus, la maturation qu’il a fait preuve tout au long de la saison, surtout par rapport à son jeu défensif, me laisse entrevoir encore des gains possibles dans d’autres aspects. Il a également place à beaucoup de croissance physique quant au développement de masse musculaire.

6. David Jiricek

Défenseur droitier tchèque de 6’03, Jiricek est un joueur qui aura, ironiquement, bénéficié d’une absence prodiguée par une blessure au genou, autant contre-intuitif que cela peut sonner. Je n’étais pas le plus grand fan de Jiricek en première moitié de saison. Même si on s’efforce de regarder les matchs sans biais, il peut être difficile d’effacer notre évaluation initiale, surtout lorsque celle-ci s’est consolidée dans les visionnements qui ont suivi. C’est que c’est principalement les lacunes de Jiricek qui m’avaient sautées au visage lors de mes premiers visionnements et c’était difficile de ne pas trop focusser là-dessus et de ne pas y accorder trop d’importance. Mais en profitant de son absence pour regarder de plus près ses rivaux, j’ai commencé à trouver qu’il y a plusieurs choses qu’ils ne sont pas aussi bien que Jiricek et qu’ils ont eux aussi des choses qui seront à travailler dans leur jeu.

D’ailleurs, parlons-en. L’aspect le plus controversé de son jeu est son coup de patin. Jiricek n’est pas un patineur élégant à première vue. Sa posture est peu orthodoxe et il semble mal coordonné en plus de manquer d’équilibre. Sa base de patin n’est pas assez large pour un joueur de sa taille et son tronc est trop vertical. En fonction de cela, la foulée de Jiricek est plutôt courte et très saccadée, tout particulièrement sur ses premières enjambées, là où il ne génère pas une tonne de puissance. Le plus gros problème de Jiricek par contre est son patin de reculons. Défendre les rapides patineurs pour lui est une tâche extrêmement corsée. Son jeu de pied n’est pas suffisamment bon pour lui permettre suivre les bons patineurs. Ses pivots ne sont pas à point et il ne peut pas se permettre de garder ses pieds statiques sur la patinoire, car il ne sera pas en mesure de suivre les changements de directions et de vitesse. À cause de cela, il n’est pas le défenseur le mieux outillé pour composer avec les attaquants en échec-avant, que ce soit en possession de rondelle ou en récupération de celle-ci.

Il y a cependant des choses qu’il fait bien. J’argumenterais que sa mobilité latérale dans la zone offensive n’est pas aussi bonne que l’on est porté à croire de prime abord, mais il s’en sert bien. Ce que j’entends par là est que Jiricek est excellent pour vendre la menace de l’un de ses lancers dévastateurs à ses adversaires alors cela immobilise la défensive, lui donnant ensuite plus de temps et d’espace pour longer le long de la ligne bleue. Je trouve aussi que c’est un joueur qui a bien su adapter son jeu en fonction de ses propres limites, en développant une technique unique pour protéger la rondelle dans ce genre de scénario. Il adore faire ce jeu où il reçoit la rondelle à la pointe droite et il feint de prendre le centre en se déplaçant de reculons pour finalement freiner et accélérer pour regagner le côté droit et ensuite descendre le long de la bande. En temps normal, il s’exposerait à commettre des revirements puisque sa mobilité n’est pas si bonne que ça, mais Jiricek va tourner légèrement son dos à son adversaire tout en se servant de sa longue portée pour augmenter la distance entre la rondelle et son adversaire pour la sécuriser. Pour ce qui est de sa vitesse en tant que telle, elle ne comporte aucun problème en ce qui me concerne. Je l’ai vu partir de derrière le filet adverse (après une percée offensive) et facilement rattraper ses adversaires en replis défensifs. Ce qui est le plus impressionnant est qu’il a semblé améliorer de beaucoup cette facette alors qu’il revenait d’une importante blessure au genou. Cela témoigne de son impressionnante force de caractère.

Jiricek est l’un des joueurs qui jouent avec le plus de chien de tout le repêchage. Il a un élément dans son jeu qu’on ne retrouve plus beaucoup de nos jours. Le Tchèque adore jouer physique et c’est quelque chose qu’il recherche activement sur la patinoire. Lorsqu’il défend les entrées de zone, il aime aller frapper le porteur de la rondelle. Ce n’est clairement pas un joueur ‘réactif’ sur la patinoire, il cherche à provoquer des choses. En zone neutre, s’il voit que l’un de ses attaquants est en position de le couvrir, il va s’avancer pour aller frapper durement un adversaire. C’est d’ailleurs de cette façon que Jiricek défend le mieux. Comme cela a été expliqué plus tôt, son coup de patin possède certaines limites et il a aussi la tendance à jouer de façon trop agressive, ce qui fait en sorte qu’il gère mal ses angles avec lesquels il approche les attaquants adverses. Jiricek s’expose à se faire battre s’il cherche à jouer la rondelle dans ce genre de situation, c’est lorsqu’il simplifie les choses et qu’il opte plutôt pour jouer le corps qu’il gagne en efficacité dans sa propre zone.

Offensivement, Jiricek possède probablement le meilleur tir frappé de tout le repêchage. Son arsenal est très varié ; son tir sur réception sera vraisemblablement une arme sur un avantage numérique de la LNH et son tir des poignets est aussi très bon. Ce qui est le plus désirable cependant est la façon qu’il parvient à se créer de l’espace lui-même en éliminant un joueur avec son maniement de rondelle ou, justement, en feintant un lancer frappé. Il possède de très bonnes mains et il a confiance de tenter ce genre de jeu et il est probablement le défenseur dans ce repêchage qui parvient à passer à travers la première couche de défense avec le plus d’aisance. Il fait preuve d’une très bonne patience dans la zone offensive alors qu’il va attendre que son adversaire se compromet avant de réaliser une feinte. Il possède de très bonnes mains. Il aime beaucoup longer le long de la bande du côté droit et même descendre jusque derrière le filet pour rejoindre un coéquipier dans l’enclave. Ce qui me chicote un peu est que la majorité du temps qu’il fasse une percée dans la zone offensive, cela se passe en périphérie. Je me demande si cela ne va pas lui causer un problème lorsqu’il va arriver sur une patinoire de dimension nord-américaine.

Jiricek a aussi été l’auteur de plusieurs très belles passes dans la zone offensive. Il peut atteindre sa cible que ce soit d’une passe précise de longue distance de la ligne bleue à l’embouchure du filet ou encore en combinant son maniement de rondelle pour déjouer un joueur avant d’atteindre un joueur dans l’enclave. Je l’ai également vu réaliser une superbe passe du revers à travers la boîte défensive.

En transition, je ne suis pas le plus vendu sur son jeu. Lorsqu’il transporte la rondelle, il n’a pas la meilleure conscience de la position de ses adversaires sur la glace, alors, lorsqu’il tente une passe en retrait (jeu du Slingshot) il commet souvent des revirements. Ça lui arrive aussi de casser le rythme du jeu car il n’évalue pas toujours bien ses options en relance et cela casse le jeu.

Globalement, Jiricek est tout de même l’un des (sinon, le) meilleurs défenseurs offensifs de ce repêchage et il défend bien s’il priorise le jeu au corps et le jeu physique. Son patin ne m’effraie pas autant qu’en début de saison et je crois que cela peut se corriger avec des modifications apportées sur sa posture ainsi qu’avec du travail en gymnase (il ne fait que 189 lbs sur 6’03 et plusieurs de ses problèmes d’équilibres pourraient être corrigés avec une amélioration de son gainage).

  • 7. Simon Nemec

Nemec est un joueur qui a connu une saison un peu en montagne-russe et cela s’est reflété dans la fluctuation de son classement sur ma liste pendant la saison. Pour mieux en comprendre les raisonnements, nous allons passer sa saison en revue en ordre chronologique.

S’alignant pour la Slovaquie lors du tournoi Hlinka, Nemec est un défenseur droitier qui avait mis la barre assez haute sur ce que ça allait prendre pour sortir au 2e rang cette saison.

Son jeu a par la suite été un peu en dents de scie, sortant rapidement de cette discussion pour moi. Mais un coup qu’on a mieux cerné le joueur, il demeure un espoir de très bonne qualité, suffit seulement de tempérer les attentes.

Lorsqu’on analyse chacune de ses qualités et qu’on cherche à les projeter dans la LNH, on se rend compte que c’est moins reluisant que ce qui aurait pu être anticipé au départ. Cela est causé par le fait que les limites de son jeu sont éclipsées par sa plus grande qualité : son implication sur la glace.

Épaulé par un bon sens du hockey et de superbes lectures de jeu, Nemec peut surgir de nulle part en zone neutre pour venir intercepter une passe ou harponner un joueur. Cette qualité se montre cependant la plupart du temps par sa propension à se joindre comme option de passe lors des contre-attaques et à venir appuyer profondément ses attaquants dans la zone offensive. Ses instincts offensifs sont très bien développés. Même lors des désavantages numériques, Nemec n’hésitait pas à défier agressivement le porteur du disque, provoquant même des attaques en surnombre. Tout ça, agrémenté par une tendance à transporter la rondelle faisait de Nemec le joueur s’étant le plus démarqué au Hlinka, du moins, en ce qui me concerne.

Puisqu’aucun espoir n’est parfait, il y avait tout de même certains éléments de son jeu qui donnaient naissance à certains questionnements.

Le calibre de jeu du Hlinka se devait d’être pris à la légère un peu sans la présence du Canada et du NTDP. Pour cette raison, il n’était pas encore permis de juger de son jeu défensif honnêtement.

Cela dit, mes interrogations concernaient son jeu offensif. Nemec avait démontré suffisamment de beaux flashs mais l’ensemble de son arsenal offensif n’était pas à un niveau qui me semblait digne d’une si haute sélection.

En premier lieu, son tir n’est clairement pas une menace. Son lancer sur réception manque de puissance, soustrayant une arme importante de ce qu’il peut apporter sur l’avantage numérique. À quelques reprises il a fait un bon boulot pour reconnaître l’espace libre qui s’offrait libre devant lui, en profitant pour s’avancer jusqu’à la hauteur des cercles pour décocher de meilleurs lancers. À d’autres occasions, il faisait preuve d’un bon timing pour attendre que du trafic s’installe devant le filet avant de lancer, ce qui est un très bon jeu, mais fut quelques reprises où un coéquipier était libre pour prendre un tir sur réception des cercles (Slafkovsky), ce qui aurait représenté une meilleure option.

Ce qui m’amène à mon autre point ; n’étant pas une menace de marquer lui-même, Nemec se doit d’être un distributeur de rondelle élite pour justifier son statut. Ce qui n’est pas le cas. Je ne suis pas entrain de dire que c’est quelque chose dans son jeu qui fait défaut, car ce serait une vulgaire hyperbole. Il fait généralement preuve d’une bonne patience à la ligne bleue lors des avantages numériques évaluant bien chacune de ses options et laissant ses adversaires se compromettre avant de réaliser un jeu. Cependant, son niveau ne me permettait pas d’anticiper le voir occuper un rôle dans la chaise d’un quart-arrière d’une première unité d’attaque à 5.

Toujours lors du tournoi Hlinka, je trouvais aussi que sa façon de créer de l’offensive n’était pas aussi vaste que je ne l’aurais cru au départ. Son jeu offensif est majoritairement occasionné par son implication dans le jeu et son intelligence quant à son positionnement et son timing. Ce sont des qualités très désirables, certes, mais j’aurais aimé le voir être en mesure d’éliminer la première couche de défense avec différents atouts.

Somme toute, j’avais adoré son jeu et j’avais bien hâte de voir jusqu’à où il allait être en mesure de transposer ses habiletés pendant la saison.

Comme je le craignais, le manque de qualité élite dans son jeu a ressorti face à une opposition de meilleure qualité lorsqu’il s’est retrouvé à jouer contre des hommes.

On a tout de même pu observer les mêmes forces qu’il avait montrées contre son groupe d’âge, faisant de très bonnes interventions dans la zone neutre et offrant son support très profondément à ses coéquipiers en zone offensive.

Un aspect de son jeu que j’attendais afin d’évaluer correctement était son efficacité dans sa propre zone. Il possède un bon bâton actif et fait de bonnes interventions mais globalement je trouve qu’il manque un peu de conviction, surtout en ce qui trait de ses passes provenant de sa zone, elles ne sont pas assez vives à mon goût.

Ce n’est pas de la seule façon où son jeu en transition se retrouve affecté. À plusieurs reprises Nemec s’est vu coupable d’un revirement où il tente de contourner son propre filet et d’effectuer la sortie de zone en transport de rondelle par le biais de son patin se faisant enlever la rondelle par son poursuivant.

Son coup de patin est quelque chose d’autre dont je m’étais gardé des réserves à analyser suite au Hlinka. Il semblait définitivement rapide mais j’attendais un meilleur contexte. Face aux hommes, on peut voir qu’il y a des limites à ce qu’il peut faire avec et il figure plus comme étant ‘bon’ plutôt qu’élite. On le voit d’ailleurs beaucoup moins confiant à transporter la rondelle, neutralisant du fait même l’un des aspects déjà limité qui lui permettait de se démarquer offensivement face à son groupe d’âge.

Il aura eu besoin d’une bonne période d’acclimatation. C’est vers la mi-novembre où il a commencé à montrer des signes de progression dans son jeu. L’aspect qui s’en est vu le plus bénéficier fut sa gestion de la pression dans sa propre zone. On l’a vu également plus confiant à imposer sa présence en zone neutre pour défendre les situations de contre-attaque.

Le défenseur droitier que j’avais vu au Hlinka s’est finalement remontré en 2e moitié de saison. Cela a commencé par le WJC, qui est probablement la plus grande vitrine pour un espoir éligible au repêchage. Nemec y a excellé. Son jeu en transport de rondelle s’est avéré une arme de taille pour la Slovaquie. On l’a d’ailleurs vu corriger l’erreur qu’il répétait constamment en début de saison lorsqu’il contournait son propre filet, en se servant désormais de son bras libre pour neutraliser le bâton de son adversaire.

Cette hausse dans la qualité de son jeu s’est poursuivie dans la ligue professionnelle en Europe et a même été exponentielle, étant l’un des meilleurs défenseurs du circuit et établissant de nombreux records en séries éliminatoires. Globalement, mes observations sur le joueur sont demeurées les mêmes ; bon en transport de rondelle, doit s’avancer pour prendre de bons tirs, bon distributeur de rondelle mais pas élite, actif partout sur la patinoire mais pas le plus efficace pour nettoyer le devant de son filet et peut s’éparpiller un peu sur la glace.

Nemec est un cas difficile à évaluer. Il serait faux de dire qu’il ne possède pas de qualités de très haut niveau mais celles-ci ne sont pas égale à l’impact qu’il peut avoir dans certains matchs. L’un des problèmes est de savoir s’il peut reproduire ces performances dans un calibre supérieur. L’une des raisons de ce questionnement est qu’il est difficile d’entrevoir le voir préconiser le même style de jeu dans la LNH. Personnellement, je vois plus Nemec comme un très bon défenseur de deuxième paire qui pourrait bénéficier d’une certaine protection de son entraîneur en ce qui trait des oppositions qu’on va lui donner. Son style de jeu, sa taille, son coup de patin et ses talents de me passeur me font un peu penser à Sergei Zubov  (on parle ici seulement de stylistique).

  • 8. Jonathan Lekkerimakki

Jonathan Lekkerimakki est un dynamique ailier suédois qui m’aura pris plus de temps que je l’aurais souhaité à bien le saisir. En temps normal, je ne suis pas très fan de ce type de joueur alors j’ai joué de prudence dans son cas, même lorsqu’il avait commencé à produire dans la SHL. En toute transparence, j’ai commencé à me faire une tête sur son cas à partir de mon 15e visionnement.

Son meilleur atout est sans l’ombre d’un doute la qualité de son tir et ses talents de marqueur. Lekkerimakki possède l’un des meilleurs tirs de tout le repêchage, si ce n’est pas tout simplement le meilleur. Ce qui le rend aussi dangereux est la puissance et la précision de on tir des poignets, parvenant à battre des gardiens de distance alors qu’il n’y a même pas d’écran devant eux, chacun de ses tirs sont dangereux. De nos jours, non seulement les gardiens sont extrêmement imposant devant leur filet, ils sont aussi des experts pour décortiquer la position des différents segments corporels des tireurs (position des mains, des épaules, de la rotation du tronc et des hanches, etc.) afin d’anticiper où ils vont lancer la rondelle. Même des tirs presque parfaits ne suffisent pas à les battre, pour ce faire, il faut les induire en erreur ou limiter la quantité d’informations qu’ils peuvent prendre. Lekkerimakki encapsule à merveille ce dernier point. La dégaine sur son lancer est subliminale. Elle ne nécessite aucun élan et il ne poursuit pas la motion de son lancer après que la rondelle ait quitté son bâton. En fait, lorsque la rondelle part, la position de la lame du bâton de Lekkerimakki est toujours à l’intérieur de sa base de patin, ne laissant pas le temps aux gardiens de réagir. Il utilise beaucoup le flex de son bâton sur ses tirs également. Un autre aspect qui rend le suédois aussi dangereux est le placement de ses tirs. Chacun de ceux-ci fait travailler les gardiens. Il va toujours opter pour des tirs qui vont être difficiles pour ses derniers même si son intention primaire n’est pas de marquer. Étant un droitier, lorsqu’il s’amène sur le flanc droit, il va prioriser des tirs bas, à contre-sens, visant la jambière opposée du gardien pour occasionner des retours dans l’enclave. Le dernier aspect digne de mention du tir de Lekkerimakki est sa sélection de tir. Trop souvent, les jeunes joueurs qui possèdent une telle arme ont tendance à trop s’appuyer sur celle-ci et lorsqu’ils gravissent les échelons, ils ne sont plus en mesure de faire comme bon leur semble. Pour les excellents tireurs, cela s’observe sur des tentatives de tirs sans écran ou encore, de trop loin sur la patinoire. Lekkerimakki n’est pas victime de cela, alors qu’il ne précipite jamais ses tirs, faisant preuve de patience à la place. Il ne prend pas de tirs à faible pourcentage de réussite même s’il y a une occasion devant lui. Pour agrémenter le tout, Lekkerimakki possède aussi un très bon instinct de marqueur, sachant comment se faire oublier devant le filet.

La seconde chose qui saute aux yeux en regardant l’ailier est son excellent coup de patin et sa grande vitesse. Il possède la vitesse nécessaire pour créer une séparation vis-à-vis son poursuivant et il est également très habile alors qu’il peut mystifier ses couvreurs avec de petits changements de directions et des mouvements d’épaules. Lekkerimakki est également très agile et possède une évasion remarquable dans les petits espaces, pouvant tourner sur lui-même habilement. Pour complémenter cette habileté, il est également doté d’un excellent équilibre sur ses patins, conservant une bonne posture même lorsque poussé par un adversaire lorsqu’en mouvement et/ou en pivot. Dans l’utilisation de sa vitesse, Lekkerimakki démontre la même intelligence et la même maturité qu’avec son tir alors qu’il reconnaît bien les situations pour laisser parler son talent, ainsi que les situations où il serait préférable d’opter pour un jeu à plus haut taux de réussite. Ce n’est pas un joueur qui joue à une seule vitesse et qu’il essaie toujours de battre les défenseurs adverses, il sait comment ralentir le jeu à son avantage et comment impliquer ses coéquipiers dans ses attaques. La dernière chose à mentionner, et cela pourrait être la plus importante de tous concernant sa vitesse, est que Lekkerimakki joue à un rythme élevé en ce qui trait de ses prises de décisions. Son cerveau semble opérer à la même vitesse que ses pieds et que ses mains, et ça, c’est un trait très désirable et qui se transpose merveilleusement bien à la LNH.

Ce qui m’amène à parler de ce que je considère être l’aspect auquel j’accorde le plus d’importance et qui m’aura finalement vendu dans le cas de Lekkerimakki, qui est : Son intelligence. C’est ce qui différencie Lekkerimakki des autres joueurs préconisant le même style de jeu que j’ai mentionné en introduction ne pas être fan (Fabian Lysell, Joakim Kemell, Samu Tuomaala, etc.) Ces joueurs sont tous coupables des mêmes défauts sur la patinoire ; ils conservent la rondelle beaucoup trop longtemps, font des revirements à la tonne, utilisent mal leurs coéquipiers (surtout dans la zone neutre) et ont des sélections de tirs douteuses. Lekkerimakki ne commet pas de tels péchés sur la patinoire.  Lorsqu’il transporte la rondelle, il est bon pour évaluer les informations devant lui en conservant la tête haute. Il n’est pas un joueur enclin aux revirements.

Un autre aspect qui fait mention de l’intelligence de Lekkerimakki est ses talents de fabricants de jeux. Bien qu’il ne soit pas considéré comme un ‘Playmaker’, il se veut efficace dans cette facette sans fanfares. Ses passes sont toujours précises et bien synchronisées. Ses passes surviennent toujours à une bonne vitesse, ce qui se transpose bien à la LNH. Il est également capable de passe sur son revers à l’occasion. Lors des avantages numériques, il n’est pas un joueur prévisible par la menace de son lancer, il incorpore très bien ses coéquipiers dans l’attaque collective et il est en mesure d’utiliser son coéquipier à l’intérieur de la boîte défensive. Il démontre certains signes de créativité où il se sert de ses principaux atouts (tir et patin) pour faire reculer les défenseurs adverses et après avoir laissé entrevoir un tir des poignets, il remet la rondelle derrière lui à son coéquipier qui s’amène en 2e vague.

Pour finaliser le tout, Lekkerimakki joue avec un niveau d’intensité appréciable, terminant certaines de ses mises en échec et n’hésitant pas à aller se salir le nez dans les endroits payants. Au niveau défensif, il tire bien son épingle du jeu démontrant une bonne capacité à couper les lignes de passes en allant étendre son bâton complètement sur la patinoire, ce qui est facile pour lui étant donné qu’il possède un centre de gravité relativement bas.

Il sera curieux de voir où Lekkerimakki évoluera l’an prochain puisque son club en Suède, Djurgardens, a été relégué en 2e division dans la Allsvenskan. Peut-être que l’équipe LNH qui le sélectionnera sera tentée de l’amener tout de suite en AHL, ce qui serait une bonne option, à mon avis.

  • 9. Frank Nazar

Évoluant au centre, Nazar est un droitier s’alignant pour le Programme de Développement des États-Unis. Doté d’une créativité et d’un niveau d’habiletés naturelles fort élevé, Nazar a passé plusieurs séquences dans la saison devant son coéquipier Logan Cooley sur ma liste et s’est retrouvé aussi haut qu’au 2e rang à un certain moment (novembre).

Si chaque espoir de haut niveau offre quelque chose qui les distingue des autres, c’est définitivement au niveau du IQ offensif que Nazar supplante ses homologues. Son intelligence offensive est discutablement la plus élevée de tout le repêchage. Nazar peut créer des chances de marquer à partir de peu et cela est principalement pour en faire bénéficier ses coéquipiers, lui qui est un excellent fabricant de jeux. Similaire à son coéquipier Logan Cooley, ses talents de passeurs sont grandement amplifiés par la qualité de son maniement de rondelle et sa facilité à déjouer des adversaires. En opérant ainsi, il élimine des variables de l’équation et crée des ouvertures pour ses coéquipiers. Son niveau de créativité est très élevé et il a l’audace d’essayer des jeux que peu de joueurs tenteraient. Avec lui, chacun de ses coéquipiers représente une menace sur la patinoire. L’un (sinon le) meilleur signe d’un bon fabricant de jeux est la capacité à cacher ses intentions réelles et à induire ses adversaires en erreurs, on peut dire sans l’ombre d’un doute que cette capacité figure hautement parmi les tendances de Nazar. On dit souvent des bons tireurs qu’ils ont la capacité de changer leurs angles de tirs pour battre les gardiens, mais Nazar change ses angles de passes avant de remettre à ses coéquipiers. Il va ramener la rondelle plus près de son corps pour se donner la possibilité de passer à l’un de ses ailiers qui n’existait pas autrement, il crée ses propres lignes de passes. Pour revenir avec la comparaison avec Cooley, j’aurais tendance que dans certains aspects, la créativité de Nazar est plus ‘efficace’ que celle de Cooley ; il utilise plus efficacement la largeur de la patinoire pour ses passes, optent plus souvent (et y trouve succès) avec des passes de longues distances et il utilise mieux ses coéquipiers plutôt que de tenter de tout faire pour eux. Un autre aspect des talents de passeurs de Nazar que je trouve drôlement efficace et transposable est sa vivacité d’esprit et sa compétence à utiliser des passes sur réception et des mouvements de rondelle très rapide. Il démontre, de par ce fait, une grande compréhension du jeu et la conscience de son environnement sur la glace. L’équipe adverse a rarement le temps de réagir en conséquence et cela mène généralement à une chance de qualité. Même autre que dans la zone offensive, Nazar se montre un passeur intelligent. On le voit souvent dans la zone neutre se servir de la bande pour remettre à un coéquipier alors qu’il n’y avait aucune ligne d’ouverte à lui. Les fondations sont présentes pour faire de Nazar un très bon passeur au prochain niveau, il y a cependant une correction (relativement majeure) qu’il devra apporter avec le temps et qui est : ses tentatives de passes dans l’enclave. Plus que la saison progressait, plus que Nazar forçait des passes dans cet endroit et seulement qu’un très faible pourcentage de celles-ci trouvaient preneur.

Comme mentionné plus tôt, Nazar est un très habile manieur de rondelle et cela fait de lui une option de prédilection pour transporter la rondelle et pour effectuer les entrées de territoire puisqu’il peut naviguer à travers la circulation lourde et peut aisément se défaire de plusieurs joueurs seulement qu’avec la qualité de ses mains. Sa capacité à se défaire de ses adversaires est également agrémentée par son agilité sur la glace. Sa capacité à être évasif est presque inégalée dans ce repêchage, Cooley et Noah Ostlund étant les deux autres joueurs que je considère comme étant la crème de la crème à cet effet. Du moment que tu crois l’avoir pris au piège, il parvient à transférer tout son poids corporel de l’autre côté et garder possession du disque tout en conservant sa vitesse.

Le natif du Michigan est également un très bon patineur. Ce qui est impressionnant est la progression qu’il a affichée à ce niveau au fil de la saison. Sans dire que c’était une faiblesse au début du calendrier, il n’était définitivement pas un ‘Speedster’. Rendu vers la fin de saison, je pouvais affirmer en pleine confiance que sa vitesse représentait une menace importante de son arsenal. Il affiche même une vitesse de séparation où il peut laisser son poursuivant dans la poussière et il déborde régulièrement des défenseurs par l’extérieur. C’est d’ailleurs quelque chose qui est revenu tout au long de la saison : son enclin à battre des défenseurs de vitesse et à attaquer le filet, en dépit d’un gabarit moins optimal pour ce genre de jeux. Il ne va pas sans dire qu’il n’a pas froid aux yeux. Il est également possible que je me sois fait prendre, car il ne semble pas autant rapide qu’il l’est en réalité. L’une des raisons qui expliquent cela est qu’il n’a pas une cadence de patin très élevé pour un joueur de sa taille, ce qui est un peu trompeur, pourtant, lorsque je le regardais côte à côte avec Isaac Howard, il était aussi rapide que lui. Autre que par ses poussées offensives, Nazar se sert de sa vitesse pour sauter sur chaque bévue de ses adversaires. Ce qui est probablement l’aspect le plus alléchant dans les qualités de patineur de Nazar est son équilibre et son agilité sur la glace. Il peut tourner efficacement sur lui-même et même lorsqu’on le bouscule, il parvient à garder son équilibre et conserver la rondelle. Il incorpore également très bien des changements de vitesse et de direction à son jeu.

Bien que rendu à un certain stade Cooley s’était montré supérieur à Nazar dans mon évaluation, le débat demeure légitime dans une certaine mesure et ce dernier se veut supérieur dans certains aspects du jeu. L’un de ceux-ci réside dans la qualité de son tir et ses instincts à marquer des buts. Nazar possède un meilleur tir balayé qu’il décoche rapidement et a beaucoup plus de facilité à trouver le fond du filet provenant d’une distance moyenne à supérieur, contrairement à son coéquipier. Son tir se montre également plus précis. Pour agrémenter le tout, bien qu’il ne soit pas ce qu’on qualifie de ‘Sniper’, Nazar sait quoi faire pour marquer des buts, se dirigeant régulièrement au filet. Le reproche qui pourrait lui être appliqué à ce regard est que sa propension à envoyer des rondelles au filet est quelque peu inconstante et parfois inexistante. Fut une séquence de 5 matchs que j’ai visionnés en isolé du joueur où il n’a pris qu’un seul tir au but provenant d’un endroit dangereux et cela est survenu lors d’une période de prolongation où il y avait beaucoup plus d’espace sur la patinoire.

L’une des plus grandes interrogations avec Nazar est que son futur en tant que joueur de centre est incertain. L’une de ces raisons est que son jeu défensif ne se veut pas toujours à point. Principalement au niveau de l’implication. Les signes positifs qu’il démontre à ce niveau font principalement référence à ses lectures de jeu et à sa capacité à sournoisement retirer la rondelle à ses adversaires. Il reconnaît bien lorsqu’il doit passer d’une couverture d’homme à homme à une couverture de zone. Lors des désavantages numériques, il est très alerte et vif à profiter des cafouillages de ses adversaires, mais ses replis à forces égales laissent parfois à désirer, alors qu’il va se laisser glisser. Ça lui arrive d’arriver en retard lors des contre-attaques de l’équipe adverse. Son implication dans sa zone n’est pas toujours constante et généralement, il laisse plus de de temps et d’espace aux joueurs qu’il serait sensé couvrir de réaliser des jeux.

En ce qui me concerne, ma plus grande crainte envers Nazar est son incapacité à se protéger adéquatement. Il s’expose souvent sur la glace à se faire frapper solidement et cela s’est produit à quelques reprises dans la saison, parfois, même plusieurs fois dans le même match. Il a été dit précédemment que Nazar adorait couper au centre et c’est dans certaines de ces situations où il a payé le plein prix. On observe la même chose au centre de la glace. On ne pourra pas lui reprocher de manquer de caractère par contre car à chaque fois que cela se produisait, il revenait à la charge dès la présence suivante, comme si rien ne s’était produit.

Des doutes sont présents à savoir si son avenir est en tant que joueur de centre. Au moins, il devrait y évoluer l’an prochain à l’Université du Michigan avec les départs de Matt Beniers, Kent Johsnon, Thomas Bordeleau et Brendan Brisson. Nazar devrait pivoter la 2e unité derrière Adam Fantili.

10. Jimmy Snuggerud

Jimmy Snuggerud est un ailier américain, costaud et très talentueux qui a figuré dans mon top 10 pour la majeure partie de la saison (aussi haut qu’au 8e rang à la toute fin du mois de décembre). Possédant un arsenal offensif très varié et complet, il est ce qu’on appelle en anglais un ‘Dual-Threat’. C’est-à-dire qu’il est autant dangereux en tant que marqueur qu’en tant que passeur.

Il est difficile de trancher entre les deux, mais son tir représente probablement sa meilleure qualité. Les traits désirables de ses qualités de tireurs sont très nombreux et variés. D’entrée de jeu, son tir est parmi l’élite de ce repêchage. Tant ses lancers des poignets que ses tirs sur réception sont d’une violence inouïe, faisant de lui une menace chaque fois qu’il a la rondelle. Il utilise beaucoup le flex de son bâton pour décocher ses lancers et on a l’impression que la rondelle va littéralement exploser lorsqu’elle quitte sa lame. Ses tirs sont la grande majorité du temps en trajectoire montante et donnent énormément de difficulté aux gardiens à maîtriser. Au-delà de la violence de ses tirs, Snuggerud possède des instincts de marqueur qui ne s’apprennent pas. De un, il se montre également très intelligent dans ses sélections de tirs et il sait comment se montrer ‘Deceptive’ en cachant ses intentions réelles alors qu’il va prendre des tirs au but sans même regarder, en se retournant ou alors que ses épaules et son tronc ne sont même pas orientés vers le filet. Le droitier sait aussi comment marquer des buts, poursuivant généralement ses actions au filet après avoir pris un tir pour s’emparer de ses propres retours.

Ses talents de passeurs sont tout aussi bons, et curieusement, lorsqu’on analyse ce qui le rend si efficace dans ce département, ce sont les 3 mêmes caractéristiques qu’avec ses tirs qui ressortent ; la vivacité de ses passes, sa capacité à cacher ses intentions ainsi que la poursuite de ses actions après avoir réalisé un jeu. La première chose qui le distingue vraiment en tant que passeur est vraiment la précision et l’ardeur derrière ses passes. Cela lui permet de réaliser des passes que très peu de joueurs de ce repêchage peuvent reproduire. Il est incroyable pour utiliser la largeur au complet de la patinoire dans la zone offensive pour remettre à un coéquipier, et ce, même à travers une multitude de bâtons au travers de son chemin. Même lorsqu’il a à exécuter une passe en sortie de zone, on peut voir que ce sont des passes de qualités LNH ; directement sur la lame du bâton et avec énormément de conviction derrière. Snuggerud est un excellent fabricant de jeu grâce à sa vision ainsi qu’à sa propension à se montrer impossible à lire pour ses adversaires. Tout comme ses tirs, il va trouver le moyen de remettre à un coéquipier alors que son alignement corporel ne pointe pas en cette direction. Finalement, ce qui le rend aussi dangereux dans la zone offensive est qu’il ne demeure jamais stationnaire et qu’il va tout de suite sauter dans un espace libre après avoir fait une passe, et avec un gabarit de 6’2, il est très difficile à contenir.

Pour agrémenter le tout, Snuggerud possède de très bonnes mains qui lui permettent de déjouer des adversaires avec facilité. Il peut manœuvrer de manière impressionnante sous pression ou lorsqu’entouré de plusieurs joueurs dans la zone neutre.

Au niveau du coup de patin, l’américain est somme toute un bon patineur malgré quelques légères lacunes à corriger. Ça lui arrive à l’occasion que ses pieds semblent lourds et il doit continuer à gagner en puissance s’il veut passer à un échelon supérieur dans ce département. Cela dit, il est tout de même d’avoir des élans de vitesse pour déborder des défenseurs et s’il a une enjambée d’avance sur ceux-ci, il sera très, très difficile de lui soutirer la rondelle avec sa longue portée, sa force physique ainsi que son gabarit. Il démontre aussi certains flashs d’agilités très intéressants alors qu’il peut tourner sur lui-même et virer brusquement pour se défaire de la pression adverse. Ces parcelles dans son jeu sont d’autant plus efficaces puisque Snuggerud parvient à combiner son maniement de rondelle à ceux-ci, le rendant très évasif sur la glace. C’est à l’intérieur de l’analyse de son coup de patin qu’il serait le plus pertinent de parler de sa technique en protection de rondelle. C’est une facette du jeu dans laquelle il excelle. La principale raison qui fait qu’il est si bon dans cet aspect est qu’il s’est approprié à lui-même une technique qui prend en considération ses limitations ainsi que ses attributs qui lui sont uniques. N’étant pas le plus grand des marchands de vitesse, Snuggerud ne cherchera pas à battre les défenseurs en se servant du plus d’espace qui lui est disponible, mais plutôt en se butant au défenseur et avec sa portée, il va distancer la rondelle de son corps, la rendant hors d’accès pour son rival. Avec son gabarit et sa force physique, il a très souvent l’avantage. De plus, Snuggerud parvient à garder ses pieds en mouvement et à aller chercher une vitesse supplémentaire alors ça lui permet de battre les défenseurs. Lorsque le jeu est déjà installé dans la zone offensive, il est aussi très efficace en protection de rondelle. C’est très impressionnant de le voir du haut de ses 6’2 tourner le dos à ses adversaires et à continuer à manier la rondelle tout en regardant par-dessus son épaule pour évaluer soigneusement sa prochaine sélection de jeu.

Pour la majeure partie de la première moitié de saison, Snuggerud me faisait beaucoup penser à Drake Batherson : un ailier droitier, très talentueux, aussi menaçant comme marqueur de but que comme passeur, ayant eu une poussée de croissance importante dans l’année précédant sa sélection au repêchage et ayant quelques petites lacunes à travailler au niveau du patin.

En deuxième moitié de saison, il a commencé à jouer un jeu beaucoup plus en puissance. Il se servait plus de son gabarit pour appliquer des mises en échec et pour faire de l’échec-avant. Il se montre très efficace à ce niveau et ça lui fait un outil de plus à son coffre. En occupant de telles fonctions sur son trio, je l’ai par contre trouvé plus effacé qu’en début d’année et je trouvais le package offensif un petit peu moins alléchant que ce que j’étais porté à croire plus tôt dans la saison.

En conclusion, l’attaquant américain a tout d’un futur joueur de top-6 ; un excellent IQ offensif, un tir des ligues majeures, une capacité à rejoindre ses coéquipiers de longue distance et à travers la boîte défensive, les mains et l’agilité pour être évasif, le gabarit et l’efficacité en échec-avant. Il ne sera peut-être pas le prochain Drake Batherson tel que je le pensais en début de saison, mais l’équipe qui mettra la main sur lui au repêchage aura un joueur qui pourrait grandement contribuer au succès d’un trio offensif, et ce, de plus d’une façon.

11. Matthew Savoie

Les gens qui me connaissent et qui ont échangé avec moi cette saison vont être surpris de voir Matthew Savoie…. Aussi haut dans ma liste ! En toute transparence, c’est seulement au mois d’avril que Savoir a intégré mon top 15. Puisque cela peut représenter une surprise pour certaines personnes, je vais expliquer en premier lieu les raisons qui me poussaient à adopter une telle position sur le joueur, avant de dresser un portrait des forces et faiblesses du joueur.

En premier lieu, Matthew Savoie évoluait au centre pour la majeure partie de la saison, et à un gabarit de 5’9, sans être particulièrement solide dans sa zone, il était impossible de savoir quel serait son réel impact sur la glace ainsi que sa réelle valeur tant et aussi longtemps qu’on ne l’avait pas vu à la position d’ailier. Je sais que les temps ont changés et qu’il y a désormais plus de place qu’avant pour les petits joueurs, mais la réalité demeure qu’ils n’ont pas le choix d’être élite dans ce qu’ils apportent pour espérer atteindre la LNH. Et pour ces joueurs, une simple bonne production dans le junior ne suffit pas, ils se doivent d’apporter un petit quelque chose de plus. Dans le cas de Savoie, ce n’était clairement pas son jeu défensif et puisqu’il demeurait légèrement plus en retrait, en tant que joueur de centre, lors des échec-avants, on ne parlait pas d’un joueur qui provoquait constamment des chances de marquer à lui seul.

Une autre raison (et probablement la principale) qui m’amenait à être moins enthousiaste sur Savoie que les autres observateurs est que le joueur semble déjà très près de son produit finit. J’ai eu la chance de le voir jouer ces trois dernières années et je n’ai pas vu beaucoup de changements opérer, demeurant pratiquement le même joueur sur la glace. C’est le même constat au niveau du physique. Ça fait déjà trois ans que Savoie est listé à 5’9 et cette saison, il était listé à 185 lbs (finalement à 179 lbs lors du Combine, mais faut aussi prendre en considération que les joueurs perdent quelques lbs au cours de l’éreintant calendrier d’une saison complète). Ce qui m’indique que le joueur a fini de se développer physiquement et qu’il ne bénéficiera pas de la même marge de manœuvre d’autres joueurs qui ont beaucoup de rattrapage au plan physique et qui pourront améliorer plusieurs facettes de leur jeu en vertu de cela. Cette hypothèse se confirme aussi par le fait que Savoie possède une pilosité faciale complète depuis les deux dernières années. Certains trouveront ça loufoque comme argument, mais c’est un signe additionnel comme quoi le joueur est en avance sur sa maturation physique sur plusieurs de ses rivaux. Étant donné que je n’ai pas nécessairement vu le joueur sur une pente ascendante depuis l’an dernier, je pars avec la prémisse que ‘What you see is what you get !’ dans son cas.

Un autre reproche que je faisais à Savoie en début de saison était qu’il produisait beaucoup de son offensive lors des avantages numériques. C’est un sujet qui ouvre la porte à de bonnes discussions : D’un côté, je dois concéder qu’il y a une raison pourquoi il amasse des pts dans de telles situations (plus à ce sujet plus tard) et aussi que, au final, si un joueur peut aller marquer un gros but important (ou mettre la table pour celui-ci), que ce soit à forces égales ou en avantage numérique, ça ne change rien. Il est aussi important de mentionner que les statistiques finales de Savoie ne pointent pas vers une production gonflée par les unités spéciales. Cependant, mon plus gros problème n’était pas au niveau des chiffres en tant que tels, mais plutôt par l’apport général sur la glace à égalités numériques. En première moitié de saison, j’avais beaucoup de difficulté à le voir générer de l’offensive à 5 contre 5. Très souvent même, il était un non-facteur total dans ces situations. La plupart du temps, c’était son coéquipier Connor McLennon qui drivait le jeu sur sa ligne.

C’est aux alentours de la fin-février / début-mars que Savoie a commencé à être employé à l’aile et cela a eu un impact important sur la qualité de son jeu. Plusieurs autres joueurs que j’avais devant lui en début de saison ont stagnés rapidement ou en décortiquant leur jeu, j’ai observé des choses qui me refroidissaient tout autant, sinon plus, que dans le cas de Savoie au début de l’année. Dans ce repêchage que je qualifie de faible, je n’ai pas eu d’autres choix que de le monter sur ma liste.

Il est également possible que j’aie été trop critique à son endroit. Cela est un peu ironique, car je trouve un peu injustes certains reproches adressés envers Shane Wright lorsqu’on le compare avec Connor Bedard. Pourtant, c’est un peu ce que je faisais dans le cas de Matthew Savoie. Je le comparais à tous les petits joueurs qui ont été repêchés ces dernières années et je le trouvais toujours inférieur à ceux-ci dans une facette ou une autre ; il ne provoque pas autant de chances de marquer que Seth Jarvis, il n’est pas aussi bon défensivement que Marco Rossi, il ne possède pas un talent de marqueur élite comme Cole Caufield, etc.

Il faut relativiser face à sa propre cuvée et les joueurs qui la composent (ce qui est à son avantage) et un moment donné, il faut accepter le joueur pour ce qu’il est.

Pour ce qui est de l’analyse du joueur maintenant.

Savoie possède l’un des meilleurs tirs des poignets de ce repêchage. Il dégaine rapidement et la rondelle quitte la lame de son bâton avec beaucoup de vélocité. Pour illustrer à quel point il décoche ses tirs rapidement, Savoie est excellent dans les tirs de type ‘Catch and Release’. Ceci ce produit lorsque Savoie, un droitier, s’amène sur le flanc droit et qu’il reçoit la rondelle. Il réceptionne cette dernière sur son côté fort et parvient à décocher à l’intérieur d’une seule et même motion, ce qui lui permet de ne perdre aucun temps (équivalant pratiquement à un tir sur réception) et ce, en gagnant même en précision. La précision de son tir est également un très haut niveau, pouvant battre les gardiens tant du côté rapproché que du côté éloigné. Il démontre également une bonne intelligence offensive en plaçant la rondelle à des endroits difficiles pour les gardiens de buts ; entre la jambière et le bloqueur/gant. C’est principalement du côté droit qu’on l’a vu battre les gardiens cette saison, que ce soit en étant statique au haut du cercle droit lors des avantages numériques ou bien en mouvement lors montées en surnombre. Ce qu’il fait de mieux est de laisser la rondelle trainer légèrement tout en s’approchant du centre, faisant déplacer le gardien de sorte à ouvrir le côté rapproché. On ne l’a pas vu cette saison, mais lors de la dernière campagne, alors qu’il évoluait avec Dubuque en USHL, Savoie évoluait au cercle gauche en avantage numérique et son tir sur réception était tout aussi dangereux. Finalement, il possède aussi de très bonnes mains lui permettant de battre les gardiens en situation d’un contre un.

Son coup de patin est très bon, mais à son gabarit, il serait préférable qu’il y ajoute encore un cran. Ce qu’il fait de très bien par contre, est de gagner rapidement en vitesse grâce à une très bonne accélération. La majeure partie des occasions où il a débordé des défenseurs, ce fut en utilisant des changements de vitesse. Il allait arriver rapidement du côté gauche, freiner une fraction de seconde et diriger ses épaules vers le centre de la glace comme s’il allait changer de direction, pour finalement accélérer de nouveau sur le flanc gauche, tout en penchant l’épaule pour gagner l’intérieur sur le défenseur. Ce genre de jeu était également possible grâce à son très bon maniement de rondelle. À l’occasion, il effectue des montées impressionnantes. Le problème est que s’il ne peut pas exécuter un jeu sur cette montée (ou foncer au filet) il se retrouve contraint à aller derrière le filet ou revenir le long de la bande et son gabarit et son manque de force physique lui empêche de gagner du temps efficacement pour ses coéquipiers. Somme toute, Savoie joue rapidement et cela implique également sa prise de décision et son exécution lors des jeux simples, exemple, remettre à un coéquipier tout juste avant de rentrer dans la zone offensive si on lui bloque le chemin. Cela fait partie de son intelligence, il va généralement faire progresser le jeu et ce n’est pas un joueur qui joue individuellement et qui commet des revirements dû à une mauvaise gestion de risque.

L’endroit où Savoie s’est démarqué le plus tout au long de la saison fut lors des avantages numériques. Employé au haut du cercle droit, il a marqué plusieurs buts grâce à son laser de tir des poignets. Plus tard dans la saison, on a déplacé Savoie au cercle gauche (là où il jouait à Dubuque) pour qu’il puisse utiliser son tir sur réception. Je l’ai personnellement trouvé beaucoup moins efficace. Plutôt que de pouvoir traverser la boîte défensive avec ses passes, Savoie va se déplacer de haut en bas à l’intérieur du corridor alloué le long de la bande et va généralement passé la rondelle derrière le filet, se montrant moins le catalyste de chances de marquer.

 C’est plutôt au cercle droit en PP que les talents de fabricants de jeux de Savoie ont le plus été étalés. Il y excelle pour plusieurs raisons. Premièrement, sa capacité à rejoindre un coéquipier (généralement Connor McLennon) avec une passe à travers la boîte défensive est possiblement la plus élevée de tout le repêchage. Aussi, son mouvement de rondelle est rapide et ses passes sont toujours très vives. Il peut aussi cacher ses intentions habilement en vendant la menace d’un lancer.

Là où ça ce corse est que, malgré qu’il démontre de bonnes qualités de passeur, Savoie a de la difficulté à en faire la promotion à 5 contre 5. Les fois où je l’ai vu orchestré, des jeux, autres qu’en avantage numérique, furent sur des séquences ‘Off the rush’. L’une des raisons pourquoi Savoie perd en efficacité au niveau de sa fabrication de jeux est qu’il n’est pas un ailier qui excelle sur les ‘Cycling’ dans la zone offensive, en grande partie dû aux limitations de son gabarit.

Malgré cela, Savoie est tout de même un joueur combatif. Depuis qu’il joue à l’aile, on le voit beaucoup plus provoquer des revirements et créer des choses sur la glace, il aime foncer au filet lorsqu’il n’a pas la rondelle et il joue parfois plus gros que son gabarit (par contre il n’a pas la force physique d’un Marco Rossi). Bien que ce soit une qualité appréciable, je me demande s’il sera en mesure de se tirer d’affaire dans les espaces restreints dans la LNH et trouver le moyen d’avoir un impact à forces égales.

Malgré mes plusieurs interrogations sur le joueur, Savoie demeure l’un des plus talentueux de ce repêchage. Je me garde une petite gêne à le qualifier tout de suite de producteur de pts au niveau de la LNH, mais une formation qui compte déjà sur plusieurs joueurs au gabarit intéressant pourrait trouver un moyen de le placer dans une chaise propice à exploiter ses forces tout en comblant à ses faiblesses.

12. Owen Pickering

Owen Pickering est l’incarnation même de ce qu’est un joueur ‘raw’. Le défenseur gaucher qui affiche un gabarit de 6’4 n’était aucunement sur les radars avant le début de la saison.  Il a la fondation nécessaire dans son jeu pour devenir un très bon défenseur et nous pouvons observer des habiletés offensives latentes qui permettent d’espérer le meilleur dans son cas. Dans la vie de tous les jours, il est dit que nous avons 30 secondes pour faire une bonne impression. Sans dire que les joueurs de hockey opèrent avec ces mêmes modalités, la première impression va tout de même être importante. Dans le cas de Pickering, les 2 premiers matchs que j’ai visionnés se sont avérés face aux Pats de Regina et un certain Connor Bedard. Le défenseur des Broncos de Swift Current avait effectué tout un boulot pour tenir le jeune prodige au silence. Agrémenté de certains flashs offensifs, Pickering trônait au 2e rang de ma liste à la fin de la première moitié de saison.

La première chose qui saute aux yeux en le regardant est de constater à quel point il est un excellent patineur pour un joueur qui affiche un gabarit de 6’4. Il affiche une fluidité qui n’a que très peu de rivaux dans ce repêchage, ce qui sort de l’ordinaire lorsqu’on prend en considération sa taille. Sa vitesse de pointe se montre également très satisfaisante. L’arrière des Broncos est doté d’une superbe mobilité qui lui sert à merveille à la ligne bleue offensive. Il peut la marauder aisément même en ayant peu de marge de manœuvre devant lui, chose qu’il parvient à faire tout aussi bien du reculon que de l’avant. Il démontre plusieurs signes d’imprévisibilité pour son couvreur aussi en coordonnant à merveille des feintes d’épaules et de la tête combinée à une ouverture des hanches pour laisser planer une vaste possibilité d’option. Il peut très bien s’emparer de la rondelle à la ligne bleue complètement à droite de la zone offensive et la transporter jusqu’à la ligne des buts du côté gauche du gardien sans ne jamais être menacé de se la faire enlever. Il démontre aussi une très grande agilité en utilisant des pivots sur lui-même pour se défaire de la pression, peu importe son emplacement sur la patinoire. Une chose qui est d’une importance capitale avec Pickering est qu’il y a à peine 2 ans, il mesurait 5’7 et pesait 131 lbs !!!! De voir un joueur démontrer un si haut niveau d’agilité et de coordination dans ses enjambées suite à une si grande poussée de croissance est un réel exploit. Ce qui pourrait facilement expliquer qu’à l’occasion, son explosion dans ses premières enjambées a encore un peu de retard. Ça s’observe lorsqu’après un pivot, il doit partir à fond de train vers l’avant pour rattraper un joueur adverse qui part en surnombre. Cela s’observe aussi (parfois) lorsqu’il sort la rondelle de sa zone par le biais de son patin et qu’il va mystifier un adversaire avec une succession de changement de direction et qu’après avoir emprunté sa trajectoire décisive, il ne créera pas beaucoup de séparation de son couvreur. Il a seulement besoin de gagner en force musculaire. Il est présentement listé à 179 lbs malgré ses 6’4, compte tenu de sa poussée de croissance, je n’ai aucune inquiétude que cela va venir. Même lors des bagarres le long des bandes on peut voir qu’il manque encore de force. Au niveau du transport de rondelle, le natif du Manitoba est très bon pour gagner la zone neutre. Son patin en est évidemment l’une des principales causes, mais s’ajoute à cela un très bon maniement de rondelle et un excellent traitement de l’information pour choisir les bonnes routes à prendre, quitte à devoir déjouer un joueur ou deux au passage. L’option que Pickering va adopter la majorité du temps lorsqu’il va avoir franchi la ligne centrale est de rejeter la rondelle en fond de territoire ennemi pour ensuite aller la récupérer lui-même. Son patin lui permet de le faire, mais pendant la saison j’attendais de voir les progrès qu’il allait faire au sujet des entrées de zone pour mieux évaluer son intelligence offensive dans de telles situations, mais il a continué à privilégier le ‘Dump-And-Chase’. C’est dommage, car on peut voir la propension vers l’offensive. Même lorsque ce sont ses coéquipiers qui transportent la rondelle, il va appuyer l’attaque et sauter dans le jeu, mais si on lui remet la rondelle avant de rentrer dans la zone, cela ne se matérialise pas assez souvent par quelque chose de concret offensivement à mon goût.

On peut pourtant voir que les instincts offensifs de Pickering sont entrain de fleurir sous nos yeux. Il y a beaucoup plus d’offensive en lui qu’on pourrait être porté à croire. Il a les mains et la confiance pour déjouer des joueurs lorsqu’il est en possession de rondelle, même dans sa propre zone. Cependant, la plus grande constance dans son jeu dans la zone offensive est son penchant à descendre très profondément pour s’offrir comme option de passe. On le retrouve très souvent en train de marauder aux alentours du filet adverse. C’est d’ailleurs à cet endroit qu’il a marqué plusieurs de ses buts cette saison. Il ne se montre pas uniquement menaçant par le fait qu’il s’aventure dans les zones dangereuses mais également par la sélection de jeu qu’il va préconiser la rondelle lorsqu’il est en sa possession dans ces endroits. Il va souvent défier les défenseurs et le gardien adverse en patientant et en les laissant mordre à l’appât avant d’y aller d’une dangereuse passe à un coéquipier de l’autre côté. Il est également doté d’une bonne patience dans la zone offensive et ne croule pas sous la pression alors qu’il va réussir à gagner du temps pour ses coéquipiers en tournant légèrement le dos à son couvreur et en le repoussant avec sa jambe.

La meilleure qualité d’Owen Pickering dans la zone offensive est toutefois, sans l’ombre d’un doute sa vision de jeu et la qualité de ses passes. Il a été l’auteur de plusieurs des plus belles passes que j’ai vu cette saison, et ce, parmi tous les joueurs admissibles pour le repêchage. À quelques reprises je l’ai vu faire des passes transversales qui m’ont tout simplement renversé. Même en pausant l’image sur mon ordinateur à différents moments sur les séquences, je n’arrivais pas à comprendre comment il avait pu repérer ses coéquipiers de la sorte. Il y parvient tout en ne laissant transparaître aucun indice à ses adversaires alors que sa tête et ses épaules sont orientées vers le filet adverse. Un autre aspect qui favorise à le rendre aussi trompeur est que ses passes sont extrêmement vives et qu’il va utiliser le même ‘flex’ sur son bâton que s’il s’apprêtait à lancer. Il peut aussi ouvrir des ouvertures lorsqu’il va descendre dans la zone offensive en possession du disque. Il est difficile de contenir un joueur de 6’4 qui se déplace comme il le fait, cela libère souvent un de ses coéquipiers dans l’enclave, qu’il parvient à rejoindre sans faillir.

La qualité de son lancer a beaucoup à envier à celle de ses passes. À l’image de la majorité des défenseurs de ce repêchage, son tir frappé laisse beaucoup à désirer au niveau de la puissance. Cela vient tout de même menotter son potentiel offensif ultime puisque ça lui enlève une flèche importante à son arc lors des avantages numériques. Son tir des poignets est toutefois bien supérieur. Sa mécanique de lancer est infaillible. Il utilise très bien sa main supérieure comme levier pour ajouter une force de levier supplémentaire. Il utilise beaucoup de ‘flex’ sur son bâton également. Il n’a pas le meilleur arsenal de lancer mais il sait très bien comment maximiser l’efficacité de ses habiletés en se rendant très souvent accessible au haut des cercles pour décocher ses tirs. Il aime bien aussi prendre des tirs bas, à contre-sens pour occasionner des retours pour ses coéquipiers. Une autre chose qu’il fait bien malgré ses limites est de trouver les bonnes lignes de tir. Il ne va pas ‘Overpowered’ les gardiens avec ses tirs provenant de distance mais il va exceller à faire bouger la défensive devant ceux-ci afin de créer du trafic avant d’y envoyer la rondelle. On l’a également vu faire preuve de plus d’audace dans sa sélection de tir pendant l’année en cherchant à battre les gardiens par-dessus l’épaule du côté rapproché. Je ne m’attends pas à ce qu’il devienne une menace avec son lancer mais je crois qu’on peut quand même formuler l’hypothèse qu’il va y ajouter de la puissance avec la maturation physique qui va venir dans les prochaines années.

Sa production offensive n’a rien de bien impressionnant à première vue (33 pts en 62 matchs) mais il évoluait pour une des pires équipes juniors dans tout le Canada. Le 2e meilleur marqueur de son club a terminé la campagne avec 47 pts en 62 matchs.

Il y a quelques petits détails que j’aime un peu moins dans son jeu.

Il s’est montré coupable de revirements à quelques occasions. Ceux survenus alors qu’il transportait la rondelle ne me dérangent pas tant, car cela fait partie de l’apprentissage et il démontrait quand même une propension à vouloir impacter le jeu. Cela dit, ce sont plus quelques revirements provenant dans sa propre zone qui m’ont dérangé. Son seuil de panique gagnerait à être plus haut et j’aimerais le voir en mesure de se sortir de situations complexes par lui-même sans avoir à rejeter la rondelle. En défensive, il a également de la difficulté à se placer dans les lignes de tir.

Cependant, ce qui me refroidit le plus est que Pickering n’a pas affiché la progression que j’espérais au cours de la saison. J’irais même à dire que pour moi, il est sensiblement le même joueur en fin de saison qu’il ne l’était au tout début. Aussi, advenant le cas où ses habiletés offensives ne se développent pas davantage, ça pourrait représenter une sélection assez beige à un aussi haut rang. Si son développement se déroule bien, prenez garde! Sa façon d’interpréter le jeu devant lui ainsi que les habiletés naturelles pour parvenir à ses fins est bel et bien présente pour qu’il devienne un joueur important au sein d’une formation. Il y a seulement plus de projection à faire dans son cas qu’avec d’autres joueurs. Je n’irais pas à parler d’inconstance dans son cas, mais il n’avait pas l’air d’un ‘Top-Pick’ lors de chacun de mes visionnements.

13. Lian Bichsel

Cela pourra représenter une surprise pour plusieurs de voir Bichsel aussi haut sur ma liste, mais le défenseur Suisse de 6’5 est un joueur qui, selon moi, apportera une contribution inestimable pour un club de la LNH lors des séries éliminatoires. Il est immanquable sur la patinoire et possède une identité qui se perd dans la LNH.

Ceux qui me connaissent savent très bien que je ne suis pas du genre à lancer des affirmations sensationnalistes, mais Bichsel est fort probablement LE prospect le plus dominant physiquement que j’ai eu la chance de voir. Comme si cela n’était pas suffisant, il est important de préciser que c’est face à des hommes que le Suisse imposait la loi sur la glace (il évolue dans la SHL en Suède). Les mises en échecs qu’il distribue sont persécutantes, et la majorité de celles-ci se produisent alors qu’il semble très loin d’y mettre toute la gomme. Rarement je l’ai vu se prendre une erre d’aller avant d’aller frapper un adversaire. Pourtant, les impacts sont retentissants. Seule, la dureté de ses mises en échec n’est pas suffisante pour qualifier d’élite son jeu physique, mais ce dernier regorge d’éléments qui le rendent unique et qui font du joueur suisse un virtuose de cet aspect. En premier lieu, sa constance d’exécution est la plus haute que j’ai pu observer ; son approche et son ‘timing’ est toujours à point, ne se faisant jamais prendre à dépourvu, mais surtout, le nombre de bonnes mises en échec qu’il distribue dans un match est très élevé. Si on compare à d’autres défenseurs robustes des dernières années, Bichsel est celui qui affiche (et de loin) la plus grande constance à ce chapitre. Je l’ai vu projeter un joueur sur la patinoire à 8 (!) reprises dans un match en SHL. Même si ce ne sont pas toujours des mises en échecs dans le centre de la patinoire dignes des jeux de la semaine, Bichsel a littéralement l’air de faire comme bon lui semble avec ses adversaires tellement qu’il est dominant physiquement. Un aspect dans le jeu global du grand Suisse qui a été amélioré cette saison est sa propension à sauter dans le jeu et sa capacité à distribuer les coups d’épaules n’en a pas fait exception : on le voit régulièrement aller frapper un ailier dans la zone offensive alors que ce dernier attend la rondelle pour la faire dévier hors de sa zone. C’est le même constat en zone neutre ou il va aller frapper les joueurs qui n’attendent que de rejeter la rondelle en territoire adverse avant de retraiter au banc pour un changement. Même si ce ne sera pas une grosse mise en échec, il se veut très insistant et ses adversaires se doivent de constamment jouer la tête haute et se méfier lorsqu’il est sur la patinoire, dans une série 4 de 7, cela devient très éreintant. Il démontre une très bonne intelligence avec ses sélections de mises en échec alors qu’il ne se fait jamais prendre à contre-courant et aussi, il fait preuve de maturité alors qu’il ne recherche pas nécessairement les grosses mises en échec, mais il applique aussi de ‘bonnes’ mises en échec dans l’optique de simplement séparer le porteur de la rondelle de cette dernière. Ce qui est possiblement le plus désirable dans le jeu physique du défenseur est la mentalité avec laquelle il approche chaque présence sur la patinoire. On dit souvent des petits joueurs hargneux que ‘’Ce n’est pas à propos de la grosseur du chien dans le combat, mais plutôt à propos de la grosseur du combat dans le chien qui compte’’. Appliquer maintenant cette phrase à un géant de 6’5, 214 lbs. Bichsel veut être celui qui mène sur la patinoire. C’était fascinant de regarder les matchs de Leksand face à Frolunda alors que le Suisse passait ses présences à courir après Elmer Soderblom, un espoir de 6’7 des Red Wings de Detroit. Malgré un désavantage au niveau de la taille et de l’âge, Bichsel voulait prouver à tout le monde que c’était LUI le plus gros sur la glace. C’est un ‘Alpha-Dog’ et un joueur avec qui vous voulez définitivement aller à la guerre avec. Il pourrait définitivement s’avérer l’un des défenseurs les plus craints de sa génération.

Bichsel a cependant bien plus à offrir que du jeu physique. Au niveau des habiletés naturelles, on a pu observer chez lui l’une des plus fortes progressions de la saison parmi les espoirs de la cuvée 2022. L’un de ces progrès fut au niveau de son coup de patin. Ce n’était pas quelque chose qui retenait grandement le Suisse, mais il a atteint un échelon supérieur au cours de la saison et c’est principalement au niveau de la mobilité des hanches qu’on a aperçu les changements les plus bénéfiques. Cela lui donne désormais la possibilité de laisser entrevoir plusieurs options à ses couvreurs lorsqu’il a la rondelle et c’est également plus facile pour lui de s’ajuster à des changements de situations en temps réel, alors qu’il peut maintenant emprunter différentes directions sans avoir à sacrifier au niveau de la fluidité de mouvement. Il offre une mobilité surprenante pour un tel spécimen physique, affichant par-dessus tout une très belle technique de patin où l’on retrouve une flexion optimale au niveau des genoux et une inclinaison au niveau du tronc. Avec ce léger peaufinage, Bichsel a eu un gain en confiance relativement important vis-à-vis ses propres habiletés. On le voit beaucoup plus s’avancer dans la zone offensive pour sauter sur des rondelles libres, chose qu’il duplique également dans la zone neutre. Sans être le joueur à qui on va demander d’amener la rondelle profondément dans la zone adverse, il va tout de même effectuer quelques poussées à l’occasion vers le filet alors qu’il penche l’épaule et repousse les joueurs adverses avec son bras libre. Vers la fin de la saison, il a même fait quelques montées d’un bout à l’autre, déjouant quelques joueurs au passage. Son maniement de rondelle s’est aussi amélioré, même s’il parvenait à surprendre bien des gens à cet escient en début de saison. Tout comme avec son coup de patin, c’est surtout au niveau de la confiance que le changement s’est opéré. Bichsel est désormais beaucoup plus assertif avec celle-ci, la conservant plus longtemps et en faisant la demande plus souvent sur la patinoire. Il peut se débarrasser d’un joueur à l’occasion, comme en zone neutre, alors qu’il peut amener la rondelle de gauche à droite tout en couvrant beaucoup de glace grâce à sa longue portée et à son coup de patin. Il démontre une bonne dextérité et une bonne coordination ‘Mains-Œil’ pouvant frapper des rondelles au vol et empêcher des dégagements dans son propre territoire. Il affiche aussi un bon calme dans sa propre zone, ne cafouillant pas suite à la pression d’un adversaire. Au niveau de la distribution de rondelle, Bichsel n’est pas nécessairement un défenseur qui va orchestrer des offensives, mais il est capable de passes transversales surprenantes lorsqu’il est employé à gauche (étant gaucher, il est majoritairement employé à droite, ce qui est très impressionnant étant donné qu’il joue face à des adultes). Sinon, il demeure intelligent dans ses choix de jeu et il ne bousille jamais un jeu de son équipe, repérant bien les joueurs qui viennent lui porter support. Il est également intelligent en ce qui trait de la position de son corps dans la zone offensive ; il se sert très bien de son bras libre en protection de rondelle et lorsqu’il reçoit une rondelle difficile à la ligne bleue offensive et qu’un attaquant arrive pour la lui soutirer, il va lui tourner le dos pour la protéger avec son corps.

Bichsel est, en ce qui me concerne, le 2e meilleur défenseur défensif du repêchage (le premier sera mentionné plus tard dans mon classement). Son jeu défensif se résume en trois grandes catégories. La première serait sa capacité à défendre les entrées de territoire. Il excelle dans cette facette, car le positionnement de son corps est sans reproche. En conservant une bonne ouverture au niveau des hanches, il va approcher les attaquants de sorte à les pousser vers la bande, mais il va être positionné de sorte à pouvoir les suivre patin pour patin s’ils optent pour le contourner pour l’extérieur et il va également être dans la bonne position pour ne pas concéder le centre s’ils décident de tenter une feinte et de prendre l’enclave. Il y excelle également grâce à sa longue portée. De tous les espoirs que j’ai vu avoir un tel avantage, il est probablement celui qui s’en sert le mieux. Si jamais un attaquant à une longueur d’avance sur lui, il n’aura aucune difficulté à le harponner et à lui enlever la rondelle. Ce qui est encore mieux est que dès que la rondelle n’est plus en la possession de son adversaire, Bichsel s’en empare et réalise le jeu adéquat, que ce soit de relancer immédiatement l’offensive ou de gagner du temps en collant le long de la bande pour attendre le renfort de coéquipiers. Le deuxième aspect où Bichsel démontre un jeu défensif supérieur à la moyenne est au niveau de son jeu en récupération de rondelle. Aidé par son patin, c’est surtout au niveau du positionnement de son corps que Bichsel montre son efficacité alors qu’il réussit à se placer d’une façon à mettre la rondelle hors d’atteinte pour les attaquants adverses, et avec son gabarit, ce n’est pas comme s’ils pouvaient le tasser brusquement et s’en emparer. Finalement, Bichsel est un défenseur qui reste avec une zone à défendre bien délimitée et il ne s’éparpille pas trop, demeurant près de son filet et dans les coins de patinoire. Ce sont deux endroits où il va rendre la vie dure aux attaquants qui vont s’y aventurer.

Bien que n’étant pas le joueur offrant le potentiel offensif le plus élevé, Bichsel montre à sa propre façon un ‘potentiel’ très unique et pour moi, un projet de la sorte mérite une plus haute sélection que des attaquants au potentiel de 2e trio incertain.

14.Conor Geekie

Quelle bizarre de saison ce fut pour Conor Geekie. Les joueurs de 17 ans qui présentent un gabarit de 6’03 et 196 lbs ainsi que d’une panoplie de qualités offensives tant désirées par les équipes de la LNH se font rare. Démontrant des parcelles de brillance en début de saison, Geekie ne parvenait pas encore à harmoniser toutes ses qualités ensemble. Comme c’est souvent le cas pour de jeunes joueurs possédant un coffre à outils si bien garni, du temps était nécessaire pour qu’on puisse assister à ce qui pourrait bien être le produit fini du joueur. Je ne voulais pas trop juger le joueur sévèrement en début de saison, car je gardais bien en tête ce qui s’était produit avec Kirby Dach en 2019. Joueur de centre au gabarit fort imposant et qui se montrait être l’un des bons passeurs de sa cuvée, je n’étais pas le plus entiché envers ce joueur, jusqu’à ce que je regarde ses séries éliminatoires. Geekie n’aura pas eu besoin d’attendre jusqu’à cette période de l’année pour prouver qu’il pouvait être un joueur dominant. Il a commencé à prendre des matchs en main à lui seul en décembre. Démontrant encore place à beaucoup d’amélioration, Geekie faisait partie de mon top 4 du repêchage pour une bonne partie de l’hiver. Cependant, son jeu a rapidement stagné et on a pu observer qu’il prenait les choses en main majoritairement grâce à sa force physique et offensivement, son jeu s’est montré beaucoup plus limité que je l’aurais cru.

Le sujet qui a suscité le plus de discussion entourant le joueur de centre du Ice de Winnipeg fut sans contredit son coup de patin. À première vue, non, le patin de Geekie n’a rien de très séducteur. Sa foulée est très courte et saccadée et il y a beaucoup de mouvement au niveau de son haut de corps lorsqu’il patine sans la rondelle. Il y a une limite des changements qui peuvent être opérés sur la mécanique du patin d’un joueur. Dans le cas de Geekie, jamais il n’aura l’air d’un patineur élégant, mais la question dans son cas est de savoir s’il peut suffisamment parvenir à améliorer l’efficacité de ses premières enjambées pour pouvoir exceller dans les petits changements de direction qui surviennent constamment à l’intérieur d’une présence sur la glace et s’il peut parvenir à gagner en accélération. Cela peut en grande partie s’améliorer avec du travail en gymnase. Sa vitesse de pointe a d’ailleurs été titulaire de beaucoup de progrès dans la saison. Au début du calendrier, lorsqu’il transportait la rondelle, il préférait attaquer par le centre et délaisser immédiatement à un coéquipier sur les ailes et ensuite attaquer directement le filet, faisant reculer les défenseurs à l’aide de son gros gabarit. J’aimais le fait qu’il semblait conscient de ses limites, mais un joueur aussi talentueux ne peut pas être un si haut choix de repêchage s’il ne peut pas battre des défenseurs par lui-même. Heureusement pour lui, dès décembre on a pu remarquer de nets progrès effectués au niveau de son explosion sur patin. Résultat ? Il s’est mis à accumuler le nombre de fois où il a pu déborder un défenseur par l’extérieur et finir sa course par une puissance charge au filet. C’est principalement sa vitesse de pointe qui s’en est vu récipiendaire de cette amélioration, mais fut quelques séquences où on a pu le voir sortir d’une bataille le long de la rampe pour prendre le centre de l’enclave avant de décocher un tir, et ce avec deux joueurs sur le dos. On a également vu une confiance nouvelle lors de ses entrées de zone alors qu’il conservait la rondelle plus longtemps, battait des joueurs à l’aide de ses mains et jouait même d’est en ouest.

Ce n’est pas lui qui va mener les sorties de zone, mais il va en profiter pour prendre son erre d’aller et sa vitesse de pointe est très adéquate, avec son gabarit, bonne chance pour l’arrêter, que ce soit s’il attaque le centre sans la rondelle pour faire reculer les défenseurs ou s’il reçoit une passe en zone neutre et qu’il contourne les défenseurs par l’extérieur pour ensuite couper au filet. En ce qui me concerne, sa vitesse est bonne. C’est surtout lors des replis défensifs qu’on le voit atteindre son maximum et je l’ai vu facilement dépasser plusieurs joueurs sur la patinoire. Il est d’ailleurs le joueur que j’ai vu effectué les plus beaux replis défensifs de tout le repêchage. Une chose qui me chicote avec son patin par contre est qu’il a beaucoup de difficulté à utiliser l’extérieur de sa lame de patin pour pivoter, se résultant en de nombreuses chutes sur la patinoire.

Geekie peut faire saliver les recruteurs puisqu’il est l’un des meilleurs centres sur les 200 pieds de la patinoire de ce repêchage. Comme cela vient tout juste d’être mentionné, il a été le joueur que j’ai vu effectuer les plus beaux replis lors de la présente saison. Sa vitesse sous-estimée lui permet de rattraper des joueurs, mais cela n’est pas le seul facteur qui lui permet de reprendre possession de la rondelle, il y a deux autres éléments qui viennent s’ajouter à cela : son jeu physique et son travaille avec son bâton. Geekie sait comment positionner son corps face à ses adversaires pour gagner position contre eux et maximiser la force qu’il peut générer avec son corps pour bousculer ses adversaires. Il est un maître dans l’art de subtiliser la rondelle à ses adversaires. Son jeu avec son bâton m’a rapidement fait penser à celui de Mark Stone. Je l’ai vu faire preuve d’une grande ingéniosité pour couper des passes en zone neutre en venant coucher complètement son bâton sur la patinoire. Il possède aussi une excellente coordination ‘Main-Œil’ lui permettant d’empêcher des sorties ou entrées de zone de l’adversaire alors qu’il rejetait la rondelle dans les airs (cela lui a aussi servi à plusieurs reprises pour capter des passes qui auraient été autrement impossibles à recevoir). Il appuie aussi ses défenseurs derrière son propre filet. Lors de plusieurs matchs, Geekie était le centre de Winnipeg qui héritait des grosses responsabilités défensives pour affronter les meilleurs joueurs de l’équipe adverse.

Son jeu physique est quelque chose qui s’est vu bénéficiaire des mêmes améliorations que son coup de patin en première moitié de saison. Tombant relativement facilement au début de l’année, c’est vers le mois de décembre que Geekie a commencé à avoir l’air d’un homme parmi des enfants sur certaines présences sur la patinoire. Il a distribué certaines des plus grosses mises en échec que j’ai vu cette saison et à l’intérieur des mêmes présences, il allait s’emparer des rondelles avant d’effectuer un jeu. Il avait littéralement l’air d’un homme possédé. Ce que j’ai aimé dans cet aspect de son jeu est que Geekie a également démontré une force de caractère impressionnante. Chaque fois qu’il se faisait frapper, il prenait en note le numéro du joueur et il allait immédiatement lui redonner la monnaie de sa pièce, coûte que coûte.

D’un point de vue offensif, Geekie est d’abord et avant tout un fabricant de jeu. Il y a 3 aspects qu’il a démontrés dans l’année pour qu’on lui donne le mérite de cette qualité. Premièrement, Geekie est l’un, sinon LE meilleur joueur de cette cuvée pour effectuer des passes soulevées. C’est le joueur qui a démontré cette compétence le plus souvent dans l’année. C’est surtout derrière la ligne des buts qu’il a pu mettre à profit cette qualité. Deuxièmement, il est aussi un très bon joueur sur son revers. Il a la capacité d’acheter du temps et d’étirer sa portée avant de réaliser des jeux. Dernièrement, Geekie a la capacité de retarder ses jeux le temps que l’un de ses coéquipiers se défait de sa couverture pour foncer au filet. Malheureusement, après avoir vu cette qualité chez Geekie, j’ai vu plusieurs limites à l’intérieur de celle-ci en 2e moitié de saison. Il est un très bon passeur dans les jeux qui sont plus linéaires, exemple les situations de 2 contre 1. Par contre, Geekie n’a pas nécessairement la créativité et la capacité de mélanger plusieurs de ses outils pour faire manipuler les structures défensives adverses. C’est surtout lorsqu’on le voyait permuter avec un défenseur et prendre le centre de la ligne bleue offensive qu’on pouvait voir qu’il était limité dans son répertoire à faire bouger la couverture défensive.

Au niveau de son tir, c’est sensiblement le même état des choses que l’on peut constater qu’avec ses talents de fabricants de jeux : des flashs intéressants et distincts en début de saison, mais plusieurs limites qui s’y rattachent observées en 2e moitié de campagne.

Son tir des poignets est assez bon, suffisamment pour qu’il puisse représenter une certaine menace de longue distance, surtout lorsqu’il profite d’écran voilant la vue du gardien adverse. De près, il aime beaucoup chercher à battre les gardiens en élevant la rondelle par-dessus l’épaule, du côté rapproché. Il parvient à faire agenouiller les gardiens en vendant une intention de passe en regardant un coéquipier tout juste avant. C’est probablement la plus grande constance dans son jeu offensif avec ses sélections de tirs : Il aime prendre des tirs de la ligne des buts et d’angles restreints et profiter des gardiens qui trichent en cherchant à les battre par-dessus l’épaule.

Cependant, tout comme avec ses talents de passeurs, un manque de diversité et de créativité limite grandement l’apport offensif que peut générer Geekie avec son tir. De un, il est assez prévisible et télégraphié dans ses tirs provenant du cercle gauche lors des avantages numériques (ce qui n’est pas du côté de son tir sur réception), il laisse traîner la rondelle un peu trop longtemps et il n’est pas un adepte pour changer son angle de tir. Lorsqu’il descend sur l’aile, il est bon sur le flanc droit pour passer de son revers à son coup droit et décoché à l’intérieur de sa cadence de patin alors qu’il place la rondelle à l’intérieur du triangle du défenseur, la rendant inaccessible pour ce dernier. Cependant, il s’amène plus souvent sur le flanc gauche et plus la saison progressait, moins il semblait menaçant. Malgré une assez bonne puissance et précision, son tir n’est pas si effrayant pour un gardien, car ils peuvent le voir venir d’avance assez facilement. Geekie ne possède pas la capacité d’effectuer un jeu supplémentaire à l’intérieur de la motion de son élan pour réajuster sa sélection de jeu et battre un adversaire, exemple, il n’a pas le jeu de pied et l’agilité sur patin pour effectuer un petit changement de direction pour ensuite prendre le centre s’il s’apprêtait à prendre un tir. Si son élan est enclenché, il doit la terminer. Son jeu offensif ne possède pas vraiment d’effet de surprise.

Pourtant, il possède les mains nécessaires lui permettant de déjouer à son aise des joueurs adverses.

En début de saison je croyais qu’on n’avait pas vu le meilleur de Geekie et l’une de ses raisons était que Savoie était le joueur qui bénéficiait du temps de qualité sur les avantages numériques et force est d’admettre qu’il y a une raison pourquoi les choses étaient ainsi. Il est un bien meilleur distributeur de rondelle que Geekie et son tir est beaucoup plus menaçant et imprévisible. Peut-être que Geekie aurait bénéficier d’être utilisé à un autre endroit qu’au cercle gauche, mais en vertu de ce qu’il a été démontré, je ne crois pas que c’est un joueur qui a le nécessaire pour être la figure de proie d’un avantage numérique.

Comme c’est le cas avec la majorité des espoirs, lorsqu’un jeune semble adhérer à un archétype bien définit, des comparaisons souvent paresseuses tombent dans la bouche des observateurs. Dans le cas d’un gros joueur de centre qui a certaines lacunes au niveau du patin et qui distribue bien la rondelle, c’est le nom de Leon Draisaitl qui est lancé allègrement. En ce qui me concerne, je crois que c’est plus réaliste d’entrevoir une sorte de Kevin Hayes en Conor Geekie, ce qui représente déjà un très bon joueur de hockey.

15.Marco Kasper

Marco Kasper est probablement le joueur qui m’a causé le plus d’ennui à classer en fin de saison. En toute honnêteté, l’Autrichien n’a fait partie de ma première ronde que cet automne. Pour la majeure partie de l’année, j’ai trouvé que l’on surestimait de beaucoup ses habiletés individuelles et que les intangibles qu’il apportait ne parvenaient pas à pallier à un manque de potentiel offensif élevé. C’est un joueur de 4e trio que je voyais en lui, pas plus. En reconsidérant l’ensemble de ce repêchage, le manque de talent, de profondeur ainsi que les risques que comportent plusieurs de ses homologues m’ont fait reconsidérer l’insérer dans mon classement. Il a haussé son jeu d’un cran lors des séries en SHL, mais j’en demeurais somme toute avec la même évaluation du joueur. Cependant, c’est au Championnat du Monde que j’ai vu une version complètement différente de Kasper. Ce genre de situation est franchement embêtante. D’un côté, on ne veut pas mettre aux oubliettes l’évaluation d’un joueur qui découle de plusieurs visionnements échelonnés sur une saison complète, mais de l’autre côté, on peut avoir l’air fou si on le classe trop bas et on fait abstraction de la progression qu’il a affichée. Au final, malgré une démonstration d’un arsenal offensif enrichi, je ne vois toujours pas un joueur jouissant d’un grand potentiel offensif et de production de pts, mais il est l’un des joueurs les plus sûrs ainsi que l’un des plus près de la LNH, alors mon classement n’a pas eu le choix de refléter cela dans ce repêchage que je trouve faible.

Il en a été mention dans l’introduction, mais ce que Kasper apporte en abondance, ce sont des intangibles. Il est le joueur qui joue avec le plus de hargne de tout le repêchage. Ne bénéficiant que d’un gabarit décent (6’0 187lbs), Kasper joue littéralement comme un chien enragé sur la patinoire ; s’amenant à pleine vitesse pour frapper tout ce qui bouge sur la patinoire, état toujours celui qui initie les escarmouches après les coups de sifflet, allant se salir le nez en avant du filet adverse, en cherchant à punir physiquement ses adversaires lorsque le match est hors de portée pour son club, etc.

Kasper est un joueur doté d’un très bon coup de patin. Sa mécanique de patin est sans bavure, alignant une flexion optimale à chacune de ses articulations et maximisant l’apport de chacun de ses groupes musculaires. Il génère beaucoup de puissance à chacune de ses enjambées. Cela fait de lui une bonne option pour transporter la rondelle puisqu’il peut battre des défenseurs de vitesse en passant par l’extérieur, mais aussi, car il est en mesure de changer de trajectoire tout en conservant la même vitesse. Il y trouve également succès grâce à son calme dans les situations où il est entouré de plusieurs joueurs ennemis. Le porte-couleurs de Rogle ne représente peut-être pas l’élite de sa cuvée en termes de vitesse ou d’agilité, mais il est pour moi, le joueur qui joue avec le ‘Tempo’ le plus élevé de tout le repêchage, en grande partie grâce à sa mentalité sur la glace et au désir qui l’habite. Il est très intense dans ses courses sans la rondelle et il exécute ses jeux avec celle-ci très rapidement en plus de toujours demeurer en mouvement.

L’Autrichien est un joueur relativement intelligent et responsable sur la patinoire. Dans sa propre zone ainsi qu’en zone défensive, il ne va pas forcer des jeux, préférant remettre à ses défenseurs. Il possède une bonne conscience d’où sont ses coéquipiers sur la patinoire en allant couvrir son joueur de centre ou l’un de ses défenseurs lors d’une permutation. Cela lui permet également de réaliser le bon jeu lorsqu’on lui met de la pression puisqu’il a déjà scanné la patinoire à priori. Il n’y a que défensivement, il éprouve parfois de la difficulté à bien positionner son corps dans les lignes de tir.

Ce qui a été ironique dans le cas de Kasper est que, très souvent, lorsque l’on voit des joueurs dominés dans le circuit junior, on aimerait les voir dans un calibre plus élevé pour voir si leur jeu peut se transposer dans des systèmes plus structurés, à u rythme plus rapide et contre des adversaires plus fort physiquement. Pour ce qui est de Kasper, on pouvait constater qu’il tirait très bien son épingle du jeu contre des hommes, mais je tenais à le voir contre son propre groupe d’âge pour voir s’il pouvait y dominer et ainsi mieux analyser ses habilités individuelles (étant le joueur qui fait office de voiler la vue du gardien lors des avantages numériques en SHL, il est plus difficile d’observer sa distribution de rondelle et son tir).

AU mois de janvier, Kasper est allé jouer plusieurs matchs dans la ligue des moins de 20 ans en Suède et personnellement, j’ai trouvé qu’il n’y avait rien d’impressionnant à son jeu et que ses performances avaient été grossièrement surévaluées. J’appréciais toujours ce qu’il avait offert en SHL, car ce n’est pas tous les bons joueurs juniors qui auraient aussi bien performé dans ce contexte, mais je craignais qu’on ait à faire à un gars qui ne fera que remplir un chandail rendu dans la LNH.

Ses habiletés individuelles ont toujours été difficiles à évaluer pour moi. En décembre, il a pris part à un tournoi international contre des adultes, jouant contre des formations telles que la France et le Bélarus, et ses skills avaient l’air très moyens sur une séquence, mais bons la suivante.

Si on commence par regarder son maniement de rondelle, je l’ai toujours considéré comme étant moyen, mais soudainement arrive le Championnat du Monde et je perçois mieux qu’est-ce qui rend ses mains bonnes. Ce n’est pas nécessairement son maniement de rondelle en soi qui est supérieur, mais c’est plutôt comment il parvient à ouvrir des failles dans la couverture d’un joueur adverse par une première feinte qui implique un changement de direction et/ou de vitesse à l’aide de son patin. Ensuite il a la capacité de repérer ce que le joueur lui concède très rapidement et il ne perd pas de temps en effectuant des maniements supplémentaires et non nécessaires, il attaque directement l’ouverture qui se présente à lui, que ce soit entre les jambes du joueur, son triangle, l’intérieur ou l’extérieur. Il démontre certains flashs de créativité offensive, exemple, en laissant transparaître un élan de prendre un lancer et aussi tôt que le défenseur se met à genoux pour bloquer le lancer, il gagne le centre et décoche un tir du revers provenant de l’enclave.

Ses talents de passeurs ont eux aussi fait part d’une inconstance pendant la saison. Cependant, contrairement à ses mains, la question était plus à savoir : Est-ce que sa vision de jeu est limitée ou est-ce qu’il se complique lui-même les choses ? Il avait principalement montré de sages décisions dans ses sélections de passes sans que cela n’attire l’attention et il faut également dire qu’il était rarement employé dans des situations pour être le principal distributeur de rondelle sur le jeu. Fut une séquence où il avait un coéquipier seul dans l’enclave et que Kasper bénéficia de plusieurs secondes pour lui remettre la rondelle mais il conserva plutôt celle-ci plus longtemps avant de tenter un jeu à faible taux d’efficacité. Sur la même séquence, il récupère la rondelle à la ligne bleue offensive et attire un adversaire vers lui avant de faire une passe du revers entre deux joueurs sans même regarder.

Je suis cependant plutôt confiant d’affirmer que son tir ne s’élève pas plus haut que dans la moyenne. Kasper va principalement marquer ses buts dans une délimitation plus près du filet, ce qui se sied très bien à son style de jeu.

16. Julian Lutz

Relativement une grosse surprise dans mon classement, Julian Lutz est un espoir pour qui je voue une affection particulière depuis le tout début de la saison. Les contextes pour l’évaluer adéquatement cette saison furent plutôt limités. Ailier de 6’02 en provenance d’Allemagne, il a entrepris sa saison lors du tournoi Hlinka où il prit part à 4 matchs. Après avoir disputé 2 rencontres hors-saison dans la DEL, Lutz s’est blessé au dos et a raté pratiquement le 3/4 de la saison. Il aura finalement joué 14 matchs dans cette ligue avant d’aller prêter main-forte à son pays lors du tournoi U-18. Au total, c’est 24 matchs auxquels il aura pris part cette saison (si on inclut les 2 matchs préparatoires). Le problème c’est que dans 8 de ceux-ci (lors des compétitions internationales), l’Allemagne fut grandement déclassée et son utilisation dans la DEL fut sporadique (ne bénéficiant que de 3 minutes de temps de glace dans plusieurs de ceux-ci).

La meilleure façon de décrire le style de joueur qu’il est serait de dire que c’est un hybride entre un ailier de puissance et un fabricant de jeux.

Lutz est en effet un excellent passeur et cela est principalement sa plus grande qualité. Sa vision de jeu est d’un très haut niveau et il voit des lignes de passes là où il n’y en a pas toujours, que ce soit en utilisant la bande pour rejoindre un coéquipier alors qu’il se trouve dans son propre territoire ou dans la zone neutre, mais principalement par sa façon de repérer les ‘soft spots’ sur la patinoire, qui sont les espaces libres où il n’y a encore personne, en remettant tout en finesse à un endroit où l’un de ses coéquipiers va se retrouver dans l’imminence. La délicatesse de ses passes dans les situations difficiles est quelque chose qui est revenu constamment dans mes notes, exemple, lorsqu’il manœuvre dans la circulation lourde et que le chemin lui est bloqué, il va méticuleusement faire glisser la rondelle entre le ‘Tripod’ d’un défenseur pour que celle-ci soit accessible à un coéquipier qui passe derrière les défenseurs. C’est ce genre de jeu de finesse qui fait de lui un si bon fabricant de jeux. Dans ce genre de jeu, la majorité des espoirs vont tenter un tir qui se fera bloquer.  Lutz adore également faire des passes transversales à l’embouchure du filet alors qu’il se retrouve pratiquement seul près du gardien du côté droit, ce qui démontre sa grande générosité avec la rondelle. C’est un joueur qui travaille bien sur son revers alors qu’il peut s’acheter du temps avec sa large base de patin (plus à ce sujet plus tard) et en prenant soin de regarder par-dessus son épaule pour repérer les bonnes options de passes. Finalement, et c’est peut-être l’endroit où Lutz excelle le plus en tant que distributeur de rondelle, l’ailier du EHC Munchen brille lorsque vient le temps de réaliser des jeux à partir de l’arrière du filet (ou même en sortant du coin de la patinoire). Il est très ingénieux à cet emplacement de la patinoire, l’ayant vu réaliser certains des jeux les plus créatifs que j’ai pu voir un espoir réaliser à cet endroit. Il est dangereux, car il parvient à rejoindre un coéquipier dans l’enclave avec un fort taux de succès, et ce, même sur son revers ou même si son champ de vision et sa position corporelle ne laissent pas présager qu’il peut atteindre un coéquipier.

L’une des raisons qui contribuent à faire de l’Allemand un aussi bon passeur est que son maniement de rondelle lui permet de déjouer des joueurs et créer des ouvertures sur la patinoire. L’une de ses sélections de jeux qu’il aime faire est de freiner à la ligne bleue après avoir gagné la zone ennemie en possession du disque, d’appâter un joueur ou deux sur lui, les déjouer et ensuite remettre à un coéquipier qui va bénéficier du centre de la patinoire. Lutz a les mains nécessaires pour composer avec les éléments imprévisibles et pour garder possession de la rondelle dans la circulation lourde. Il peut facilement déjouer des joueurs en situation d’un contre un et il adore utiliser son maniement de rondelle ainsi que sa patience pour manipuler les défenseurs et leur faire déplacer leur bâton pour ainsi ouvrir une nouvelle ligne de passe. Son maniement de rondelle lui sert aussi pour se donner de meilleure chance de marquer alors que je l’ai vu habilement ramener la rondelle de son revers à son côté droit avant de battre un gardien, et ce, alors qu’il n’avait pratiquement pas d’espace pour manœuvrer.

Une autre qualité alléchante de son jeu est qu’il est un SUPERBE patineur. Sa mécanique est très bonne ; il a une large base de support et il incline le tronc. Il joue également avec un centre de gravité très bas, ce qui l’aide à conserver un meilleur équilibre lors de ses batailles pour la rondelle, lui qui est encore plutôt vert physiquement (plus à ce sujet plus tard). Lutz possède une excellente vitesse mais ce n’est pas un patineur de ligne droite, il adore changer ses angles d’attaques et voir ce qui en découle ; il peut facilement exploiter une ouverture qui se crée et il a l’agilité pour réajuster sa trajectoire et revenir du côté initial. Il arrive également à gagner en vitesse à l’intérieur de ses croisées. L’allemand est excellent pour se servir de sa large base de patin pour repousser les bâtons de ses adversaires pour s’acheter du temps alors qu’il est le long de la rampe.

C’est surtout ses qualités de passeurs qui sont prédominantes dans son jeu, mais il possède aussi un très bon tir. Son tir des poignets gagne en hauteur rapidement et est très difficile à contenir pour les gardiens de but. Il se cache aussi beaucoup de puissance derrière son tir des poignets et son lancer sur réception. Il démontre certaines qualités similaires à l’intérieur de ses sélections de tir que pour ses talents de passeur : il semble voir des jeux à l’avance et si une ouverture se présente à lui, il n’y aura aucune hésitation de sa part et il va attaquer la zone libre pour décocher un très bon tir des poignets. Il a aussi dans son arsenal un sournois tir sur réception du côté fort (décoché sur réception du côté gauche alors qu’il est lui-même un gaucher) qui n’est jamais facile à lire pour les gardiens et qui offre aussi un élément de surprise important.

Il joue également avec une excellente éthique de travail. Il travaille très bien avec son bâton pour neutraliser le porteur de la rondelle et il n’abandonne pas tant et aussi longtemps qu’il n’aura pas repris contrôle du disque. Il est toujours en mouvement sur la glace et toujours en train d’appliquer de la pression. Lutz est tout sauf un joueur réactif sur la patinoire, il possède un très bon ‘moteur’ et est souvent le premier à sauter dans l’action. Même sur les mises aux jeux, il sort très rapidement des blocs et s’empare de la rondelle aussitôt que celle-ci est déposée sur la patinoire. Il aime bien jouer physique aussi, que ce soit en bataillant devant le filet ou même en appliquant des mises en échec alors qu’il s’amène à pleine vitesse.

Ce qui m’amène à vous parler d’un des aspects qui pourrait être le plus important dans son développement. Lutz a encore beaucoup de rattrapage à faire au niveau de son développement physique. Il est présentement listé à 185 lbs sur un gabarit de 6’02, ce qui lui confère un indice de masse corporel très bas. Dans la DEL, cela lui arrivait souvent de se faire malmener physiquement et la grande majorité, voir la presque totalité, de ses erreurs sur la patinoire survenaient dû au retard de force physique qu’il démontrait face à ses rivaux. Le fait qu’il démontre beaucoup de puissance au niveau du bas de son corps me laisse optimiste quant à ce sujet. C’est seulement un joueur qui aura besoin de plus de temps pour se développer et atteindre son plein potentiel. Il a facilement un 20 à 25 lbs à gagner.

Ce n’est vraiment pas une mince tâche de s’amener dans une ligue d’homme après s’être absenté pendant aussi longtemps dû à une blessure au dos (ce qui l’a probablement empêché aussi de s’entraîner en gymnase). Je le dis depuis quelques années déjà, mais le calibre de la DEL est grandement sous-estimé. En plus, de toutes les ligues professionnelles en Europe, elle est celle qui offre, et de loin, le jeu le plus physique. Malgré cela, Lutz a démontré une inclinaison à préconiser le jeu physique et à terminer ses mises en échec et à aller se salir le nez. Il a aussi étalé sa force de caractère alors qu’il ne s’en laissait pas imposer par personne, chaque fois qu’il se faisait bousculer, il se prenait une petite erre d’aller et il retournait frapper le joueur. Il a une attitude très combative sur la patinoire.

Il sera de voir dans quelques années si cela représentait un judicieux choix de le mettre si haut. En DEL je l’ai vu faire quelques petites erreurs de nervosité alors qu’il revenait au jeu très tard dans la saison alors que son équipe ne se préparait tranquillement pas vite pour les séries éliminatoires et lors du tournoi U-18, il a fait quelques erreurs alors qu’il cherchait à en faire un peu trop sur la patinoire alors qu’il était de loin le meilleur joueur de son équipe et que le tournoi prenait lieu dans son Allemagne natale. Peut-être qu’au final j’aurais dû accorder plus d’importances à ce genre de détails. Mais le niveau de talent est très entichant et je crois que c’est un joueur chez qui on est loin d’avoir aperçu tout le potentiel. Lutz était au 12e rang sur ma liste en novembre et en décembre ! J’aurai au final, regardé chaque présence qu’il aura passé sur la patinoire dans sa saison.

Je n’ai jamais été le plus grand fan des comparaisons mais plusieurs éléments de son jeu me rappellent un joueur pour qui je ne peux pas dire suffisamment de bonnes choses à son égard : Ondrej Palat. Son travail persistant sur le porteur de la rondelle, ses entrées de zone en croisé, le niveau de talent et la propension à terminer ses mises en échec malgré que ce soit à la base un joueur de finesse. S’il parvient à ajouter du coffre, je crois qu’il pourrait devenir ce genre de joueur.

17. Alexander Perevalov

Perrevalov est un ailier russe de 6’0 tirant de la droite. Il est l’un de mes favoris de cette cuvée depuis le tout début de l’année et ça m’a abasourdi de voir à quel point il a passé sous le radar longtemps.

Possédant énormément de talent, c’est étrangement le sens du jeu et l’anticipation de Perevalov que je considérais comme sa principale qualité.

Il lit excessivement bien le jeu lorsqu’il n’a pas la rondelle, et ce, pas uniquement dans une optique défensive. Lorsque l’adversaire en est en possession, Perevalov est toujours prêt à exploiter la moindre petite erreur et à déjà repérer les ouvertures en cas de revirements. Lorsque se sont ses coéquipiers qui en sont en possession, il lit à merveille leurs intentions et se retrouve toujours aux bons endroits aux bons moments.

Il est d’ailleurs un adepte pour provoquer des revirements lui-même avec un excellent ‘timing’ et une capacité à cerner les moments où un adversaire est vulnérable, exemple ; aucun support de ses coéquipiers, rondelle bondissante, peu de temps pour réaliser un jeu, etc.

Cela dit, Perevalov demeure avant tout un joueur avec une intelligence hockey très élevé alors ce n’est pas nécessairement un joueur qui est toujours entrain de courir sur la glace sans but précis. À maintes reprises je l’ai vu laisser ses coéquipiers faire le travail en échec-avant et s’est plutôt contenté de prévoir l’erreur de l’adversaire et intercepter des sorties de zones de la sorte. Lorsque ce sont ses compagnons de trio qui forcent un revirement, il est très alerte et vif pour sauter sur les rondelles libres, exemple, en zone neutre ou sur les retours de lancer.

Afin de le considérer si hautement comme joueur offensif, un fort sens du jeu et d’anticipation n’est pas suffisant. Heureusement pour lui, Perevalov possède d’excellentes mains et il joue avec beaucoup de créativité.

Comme tout joueur offensif de haut niveau, Perevalov possède une patience avec la rondelle qui lui permet de semer le doute dans la tête de ses adversaires et de les laisser se compromettre. Je considère qu’il a parmi l’une des meilleures paires de mains de tout le repêchage, il peut battre des défenseurs en situation d’un contre un avec une facilité déconcertante. Ce que j’aime de son jeu électrisant en possession du disque est qu’il va se défaire d’un joueur dans le but d’ensuite attaquer le filet en penchant l’épaule et en repoussant le défenseur avec son bras libre. Il incorpore du jeu de finesse à un escient plus grand et qui peut se matérialiser par quelque chose de concret.

C’est très rare que le tir d’un espoir ait quelque chose qui occasionne autant de questionnement quant à sa projection dans la LNH. Pas, car c’est une limitation majeure, mais plutôt, car on voit des bribes qui promettent, mais aussi, car certaines choses tracassent un peu. Pour tout de suite écarter un aspect de son tir qui ne fait aucun doute, son tir sur réception est super bon.  Son ‘timing’ est excellent et il ne manque certainement pas dans le département de la puissance. Ce qui est la seule chose qui m’inquiète dans son répertoire de tir : la puissance derrière son tir des poignets.  Il n’a pas la capacité de pouvoir battre les gardiens de façon nette lorsqu’il n’y a pas d’écran devant eux, contrairement à ses compatriote Ivan Miroshnichenko et Gleb Trikozov qui peuvent battre des gardiens de loin, sans problèmes. C’est quand même quelque chose que je suis incapable de passer sous le silence, car ça pèse pour beaucoup dans la balance lorsque vient le temps de projeter un joueur comme attaquant top-6. C’est dommage, car les autres aspects de son tir sont tous d’un niveau fort appréciable; il sait comment se faire oublier de manière efficace, il est très bon pour prendre des tirs lorsqu’il s’amène sur l’aile, il est excellent pour couper dans le centre de la glace avant de prendre un tir, mais ce que j’aime le plus, c’est qu’il apporte une dimension de ‘deceptiveness’ importante, le rendant très difficile à lire. Perevalov est en mesure de décocher de bons tirs peu importe le pied sur lequel il se retrouve en appui. Il aime aussi prendre tout le temps nécessaire en situation de 2 contre 1 et laisser le gardien tomber dans le doute.

L’une des raisons pourquoi les gardiens, et même les défenseurs, doivent être sur leurs aguets est que Perevalov est tout un fabricant de jeux. Tout comme son tir, il amène plusieurs éléments de tromperie avec lui et il possède une variété impressionnante d’étaler son savoir-faire. Il est l’un des joueurs qui m’a le plus impressionné à ce chapitre pendant la saison. Plusieurs de ses passes m’ont fait écarquiller les yeux. Il peut faire des passes transversales remarquables, peut faire des passes près du filet, des passes alors qu’il est en pleine accélération, des passes où il laisse ses adversaires se compromettent tout juste avant, des passes alors qu’il semble être en motion de prendre un tir, trompant tout le monde sur la glace. Il voit les jeux d’avance et reconnaît les espaces libres auxquels il envoie la rondelle avant qu’un coéquipier arrive. Il a aussi un très haut de succès à passer la rondelle à un coéquipier dans les zones dangereuses.

Pour toutes ces raisons énumérés, Perevalov m’a rapidement évoqué des comparaisons avec Xavier Bourgault (classé 13e sur ma liste l’an dernier).

Contrairement aux images préconçues (parfois à tort) des joueurs russes, Perevalov est un joueur défensif aguerri. C’est majoritairement grâce à son intelligence hockey ainsi que son éthique de travail. Il a une très bonne conscience défensive et ne montre aucune réticence à être le premier joueur de son trio à se replier sur la glace. Il a fait plusieurs replis défensifs très impressionnants tout au long de l’année. Il travaille très fort et possède un bon bâton pour subtiliser la rondelle de ses adversaires.  Une des raisons pourquoi il est si bon est, car il joue sans peur sur la glace et arrive souvent en premier sur les rondelles libres. Il utilise également bien son corps en protection de rondelle et il accepte de payer le prix d’une bonne mise en échec si cela lui permet de réaliser un jeu pour le bien de son équipe. Il n’hésite pas à se placer dans les lignes de tir et est un régulier en désavantage numérique pour son équipe en MHL et est constamment utilisé dans les fins de match.

Ayant mentionné au passage son jeu physique, c’est quelque chose que j’avais apprécié lors du tournoi Hlinka, là où il terminait régulièrement ses mises en échec. Globalement, j’ai aimé cet aspect de son jeu hormis lors de deux matchs en début de saison en MHL où il se débarrassait de la rondelle un peu rapidement le long des bandes lorsqu’un joueur arrivait pour le mettre en échec. Cependant, il y a eu des progrès notables qui ont été réalisés dans cette facette qui concorde avec le prochain point que je voulais amener : son jeu en KHL.

Sans dire que la MHL était trop facile pour lui, on pouvait clairement voir qu’il était déjà une bonne coche supérieure à son opposition. Je tenais à le voir dans un calibre plus élevé car malgré le fait qu’il jouait déjà du très bon hockey, le fait qu’il était très bon dans tous les aspects du jeu sans nécessairement être élite à un endroit me faisait remettre en question un peu le fait de l’avoir si haut dans ma liste.

La chose qui était le plus notable fut la hargne avec laquelle il jouait. À aucun moment ce ne fut un point d’interrogation dans la saison, mais là où on pouvait clairement le voir élever son jeu d’un cran. Il bataillait très fort le long des bandes, donnait son 110% lors des replis défensifs et ce qui était impressionnant est qu’il gagnait ces dites batailles et qu’il protégeait bien la rondelle avec son corps. Il semblait aussi très fort sur son bâton. Il jouait comme un joueur qui voulait avoir un impact chaque fois qu’il sautait sur la glace. Ce que j’aimais c’était qu’il était en mesure de créer de très belles choses. C’est bien beau travailler fort sur la glace, mais ça demeure relativement facile de remplir des chandails avec des joueurs qui travaillent fort, trouver des joueurs de talent c’en est un autre. Perevalov était employé à la pointe lors des avantages numériques et son niveau de confiance avec la rondelle était remarquable. Il n’a pas hésité à décocher des lancers sur réception et même à s’avancer dangereusement vers l’enclave. Il a aussi été en mesure de créer des chances de marquer lors d’entrées de zone à forces égales. C’est d’ailleurs dans ce calibre que je l’ai vu distribuer ses plus grosses mises en échec de toute la saison. J’étais ébahi. J’avais toujours été son plus grand fan jusque là et je ne me serais jamais attendu à ce qu’il paraisse aussi bien à ce niveau dès ses 2 premiers matchs. À ce moment, Perevalov figurait au 6e rang sur ma liste.

Cette expérience a semblé allumer une sorte de flamme en lui et il a commencé à jouer de manière beaucoup plus hargneuse lors de son retour en MHL. On l’a vu poursuivi à distribuer de bons coups d’épaule et il a commencé à attaquer le filet adverse sur une base plus constante. Sans dire qu’on peut parler de lui comme joueur physique, discrètement, il aura été un des attaquants qui a distribué parmi les meilleures mises en échecs que j’ai vu de la saison. Il ne faut pas jouer la tête basse devant lui. Même dans les situations d’un contre un face aux défenseurs il a commencé à se montrer plus assertif incorporant des mouvements de successions de vifs changements de direction, le rendant encore plus dangereux. Son nombre de tirs par match a également augmenté.

Son patin est un peu à l’image de son tir : difficile à évaluer, car il donne parfois l’impression d’être très bon et d’autres où il peut manquer un peu de puissance.  À cet égard là aussi il se compare à Xavier Bourgault. Je l’ai tout de même vu déborder des défenseurs régulièrement et il est très habile, pouvant utiliser d’excellents pivots brusques en possession de rondelle pour déjouer les défenseurs. Il a également un très haut niveau de coordination pouvant réceptionner des passes difficiles tout en conservant sa vitesse. Il a semblé gagner en puissance tout au long que la saison avançait et semblait, étrangement, plus rapide lorsqu’il jouait en KHL.  

Au-delà des habiletés individuelles, Perevalov est un joueur qui m’a impressionné tout au long de la saison par le nombre de revirements qu’il provoque et par le nombre de chances de marquer qu’il génère sur la glace. Son implication finit toujours par rapporter des dividendes pour son équipe. Il y a eu plusieurs séquences pendant l’année où il semblait partout sur la glace.

Par contre, sa fin de saison m’aura apporté quelques craintes. La régression statistique en soi ne me dérange pas tant que ça, mais j’aurais aimé voir ses habilités individuelles progresser un peu plus. Son implication n’était plus toujours au rendez-vous et ce qui revenait le plus était qu’il manque encore de force physique, tombant souvent sur la patinoire. Pour un joueur qui a une forte propension à amener la rondelle au filet, cela lui sera crucial. Au début de mois de mai, Perevalov a joué deux matchs avec une formation russe des moins de 20 ans où ils avaient affronté des équipes d’adultes Russes et Biélorusses. Il a très bien fait. Mieux que Danila Yurov même ! (ce qui fut également le cas en KHL) Compte tenu de la situation géopolitique, je m’attends à ce qu’il glisse au repêchage. Jusqu’à où ? Je ne saurais dire ….  Mais malgré qu’il présente plus d’interrogations que je ne l’aurais cru en début de saison, il est un joueur que j’ai ADORÉ à plusieurs points dans l’année et je crois que s’il peut gagner en force musculaire et qu’il arrive l’an prochain et que tous les petits jeux qui ne fonctionnaient pas dû à des petits détails se remettent à cliquer soudainement, il représentera une excellente tentative de coup de circuit. Évidemment, je ne le prendrais pas nécessairement à l’endroit où il est classé, mais ce rang témoigne du talent et du potentiel, ainsi que du fait que c’est un joueur que je chercherais activement à soutirer dans la 2e ronde

18. Danila Yurov

Quelle surprise ce fut de devoir descendre Danila Yurov de la sorte dans mon classement… Je voyais en ce joueur Russe un solide prétendant pour le 2e rang de l’encan tout juste derrière Shane Wright au début de la saison. Je me prenais même la tête lorsque je le voyais classé relativement bas dans les listes de début et de mi-saison. L’argument utilisé pour justifier une telle position était que Yurov ne bénéficiait que de bagatelle en guise de temps de jeu et n’avait pas l’opportunité de se faire valoir. Il est difficile d’argumenter contre cela, cependant, ce que Yurov m’avait montré au tout début de la saison avec plus de temps de glace en termes de talent et de compréhension de jeu allait être très difficile pour tout autre joueur de ce repêchage d’égaler. Ironiquement, c’est lorsqu’il a commencé à jouer beaucoup plus en MHL que je me suis mis à le faire descendre petit à petit, mais constamment, dans mon classement.

Lors des tout premiers matchs de la saison (avec l’équipe nationale russe et en KHL) Yurov était employé en tant que joueur de centre (les rares apparitions qu’il a fait à cette position durant l’année) et cela à contribué beaucoup au favoritisme que je lui portais. La compréhension de jeu qu’il a démontré dans une ligue professionnelle pour un jeune de son âge était presque sans précédent.  Ses lectures de jeu étaient toujours à point, et ce, dans les trois zones.  Lorsque les défenseurs adverses s’emparaient d’une rondelle rejetée dans leur zone, il laissait ses ailiers appliquer de la pression et demeurait plus haut et anticipait toujours la bonne option choisie par ses adversaires afin de nullifier une éventuelle sortie de zone. Lors des contre-attaques de l’équipe adverse, il excellait à fermer le centre de la glace pour le transporteur du disque et pour le forcer vers des zones mortes (le long des bandes). En situation de rejet de rondelle dans sa zone, il allait souvent être le premier pour aller les récupérer et appuyer ses défenseurs dans les batailles. Il démontrait également un excellent bâton dans sa zone pour couper les lignes de passes.

En plus de démontrer un fort engagement dans les deux sens de la patinoire, Yurov démontrait un dévouement pour son équipe bien avant ses propres intérêts personnels. Son éthique de travail était irréprochable :

– Il était souvent le premier sur les rondelles libres.

-Il bataillait très fort dans les coins et aidé avec sa longue portée, il a provoqué de multiples revirements.

-Il était toujours le premier lors des replis défensifs.

– Il était toujours en mouvement sur la glace, tant en zone offensive qu’en zone défensive.

– Il acceptait de payer le prix en encaissant de bonnes mises en échec afin de compléter, avec succès, une sortie de zone.

– Lorsqu’un coéquipier se faisait frapper durement, il était toujours le premier à sauter dans la mêlée.

La raison pour laquelle c’est surprenant de voir Yurov démontrer ce type de qualité à un si haut niveau est qu’il est à prime abord un joueur très talentueux.

Le joueur russe de 6’1 possède une excellente paire de mains. Ce qui en fait un si bon manieur de rondelle est qu’il possède une très longue portée et il l’utilise à très bon escient pour déjouer ses adversaires. Ses mouvements passants de l’extérieur vers l’intérieur sont sans égal dans ce repêchage ; lorsqu’il s’amène sur le flanc gauche en situation d’un contre un face à un défenseur, il va élargir sa base de patin et va ramener la rondelle vers l’intérieur tout en la conservant près de son corps et en maintenant un excellent équilibre sur patin, étant très difficile pour le défenseur de le stopper. Ses qualités de manieur de rondelles sont accrues par le fait que Yurov incorpore plusieurs éléments à son jeu et les défenseurs se doivent de respecter sa vitesse puisqu’il aime bien les déborder pour attaquer le filet. Ils vont donc apprivoiser une approche différente avec lui où ils vont reculer davantage, lui donnant ensuite l’espace nécessaire pour sortir une feinte ou décocher un lancer.

Yurov se projette comme étant un meilleur fabricant de jeux que marqueur. Il n’est pas un passeur très ‘flashy’, mais ses passes évoquent les mêmes qualités que dans ses lectures de jeu : son intelligence. Rarement il va effectuer des passes qui vont vous ébahir, mais rarement (ou jamais) il va opter pour une mauvaise sélection de passes, peu importe l’endroit sur la patinoire. Dans la zone offensive, il n’est pas un joueur qui va précipiter ses jeux ; s’il est à l’embouchure du filet, il ne forcera pas une zone dans l’enclave, il n’hésitera pas à conserver la rondelle plus longtemps ou simplement remettre à un joueur à la pointe pour continuer de faire bouger la boîte défensive. Lors des entrées de zone, bien qu’il puisse très bien se frayer un chemin par lui-même au filet, il démontre la capacité de jouer à différent ‘pace’ et de ralentir son jeu pour attendre l’arrivée de coéquipier. Il fait également preuve d’une très bonne vision en zone neutre et advenant le cas où un amas de joueurs s’y retrouve et que le défenseur adverse du côté opposé vienne fermer le centre de la patinoire, il va y aller d’une passe soulevée dans l’emplacement libre délaissée par ce même défenseur afin qu’un de ses coéquipiers puisse aller récupérer la rondelle. L’une des plus belles passes que je l’ai vu réaliser était lors d’un avantage numérique où il était du haut du cercle gauche et il ne faisait que dribler la rondelle en captant le regard de tous ses adversaires, attendant patiemment qu’un coéquipier se libère à l’embouchure du filet, le rejoignant par la suite pour un but.

Malgré des instincts offensifs innés et indéniables, Yurov n’est pas un marqueur né. Il est très rare qu’on va le voir se servir de son lancer sur réception (contrairement à l’année précédente) ce qui est fortement dommage, car cela représente, et de loin, son meilleur tir dans son arsenal. Son lancer des poignets n’est pas très puissant, il ne possède pas le luxe de pouvoir battre les gardiens de loin, alors il va préconiser des percées au filet en contournant les défenseurs, comme mentionné précédemment. L’un des problèmes que j’avais avec le tir de Yurov cette année est qu’étant donné qu’il n’a pas le tir nécessaire pour battre les gardiens, il doit trouver un moyen de les battre sans avoir à reposer sur la puissance (manque de) de son lancer. Il avait beaucoup à gagner en devenant meilleur à changer ses angles de tirs. Il n’est pas passé maître dans cet art, mais il a définitivement effectué du progrès au fil de la saison. En début de campagne, c’est surtout sur le flanc droit qu’il démontrait cette nuance dans son jeu, endroit où il pouvait se servir de sa longue portée et de sa large base de patin pour ramener la rondelle vers l’intérieur pour lancer (exactement comme il le fait pour déjouer les défenseurs). Du côté gauche, il a été pour la majeure partie de la saison relativement assez télégraphiée dans son élan, étant facile à lire tant pour le gardien que pour le défenseur. J’étais aussi laissé sur mon appétit, car on ne le voyait pas attaquer le centre de la patinoire pour décocher ses lancers. C’est de ce côté qu’il a montré des signes d’améliorations alors qu’il allait laisser traîner la rondelle loin de son corps, utilisant au passage sa longue portée, pour appâter le gardien le long de son poteau pour ensuite tirer à contresens. C’est aux alentours du filet qu’il démontre le plus de créativité et d’audace avec son lancer alors qu’il essaie d’élever la rondelle par-dessus l’épaule du gardien en espace restreint.

La maturité dont il faisait preuve sur la glace ainsi que sa forte éthique de travail, couplé à une amélioration de sa vitesse de pointe, me faisait voir en lui un joueur de centre. C’est à cette position qu’il a joué ses meilleurs matchs et il possède tout dans son coffre à outil pour en faire un joueur de centre très efficace. Avoir à le repêcher, je mettrais tout en place pour qu’il soit développer comme tel. Le problème est, comme avec plusieurs autres joueurs russes, que son développement comporte plus d’incertitude que les joueurs en Amérique du Nord. Ceci est encore plus vrai dans le cas de Yurov puisque le club avec lequel il évolue ne compte sur aucune équipe dans la VHL (l’équivalant de la AHL pour la KHL), ce qui fait qu’il sera probablement contraint à un temps de jeu limité l’an prochain et les chances de le voir au centre ne sont probablement pas tant élevées. Pour m’assurer que ce soit le cas, je ferais exception sur l’une de mes valeurs et je crois que je l’amènerais prématurément en AHL.  Un aussi haut choix au repêchage est un actif d’une grande importance pour toute formation de la LNH et tu ne peux pas courir le risque que son développement soit ruiné en Russie, alors je le ferais venir en Amérique du Nord et je mettrais mes meilleurs actifs à l’intérieur de mon organisation en place pour encadrer du mieux de leur compétence son développement. En prime, il pourrait aussi s’acclimater aux plus petites patinoires rapidement. Cela comporte cependant quelques risques.  Il est beaucoup plus difficile de produire dans cette ligue que ce les gens ne le croient et cela peut peser lourd sur la confiance d’un jeune joueur. Les joueurs de talents sont moins nombreux et les systèmes de jeu sont parfois plus axés sur du ‘Dump and chase’ ce qui peut tuer les élans de créativité des joueurs offensifs.

Ma plus grosse interrogation dans le cas de Yurov serait de savoir s’il est prêt à gérer le jeu physique préconisé en Amérique du Nord dès l’an prochain. Même s’il a démontré ne pas craindre le jeu robuste et qu’il a réussi à gagner quelques batailles pour les rondelles libres en KHL, la norme dans son jeu est qu’il manque encore de force physiquement, et c’est un constat qu’on pouvait faire même dans la MHL. À 6’1, 179lbs, Yurov a encore beaucoup de marge de manœuvre à ce niveau. Cependant, il est un peu trop facile de se montrer optimiste quant au développement de la masse musculaire et de la force qu’un joueur peut gagner. Pour travailler dans le domaine de la préparation physique, il y a des individus qui auront beau mettre tous les efforts possibles, ils ne seront pas en mesure d’ajouter de la masse et de gagner davantage en puissance. Cela comporte certaines incertitudes, mais différentes données (comme celles recueillies lors du Combine) nous permettent de formuler une hypothèse plus facilement et de prendre une position. L’une de celles-ci est de regarder l’explosion dont le joueur fait preuve sur la glace. Sans donner un cours de physiologie, la répartition de fibres musculaires est différente chez chaque individu et les bons athlètes sont dotés de plus de fibres dites ‘rapides’. Ce sont également ces mêmes fibres musculaires qui ont le plus de potentiel d’hypertrophie. Dans le cas de Yurov, puisqu’il possède une assez bonne force d’accélération sur patin, il est plus facile de formuler l’hypothèse qu’il sera en mesure d’ajouter suffisamment de poids à sa charpente. Si on prend en exemple, Connor Zary qui était lui aussi un ‘late’ qui devait gagner en maturité physique à son année de repêchage, la différence est que Zary n’avait aucune explosivité dans son coup de patin, et on le regarde aujourd’hui, deux ans après son repêchage et il n’a pas gagné en masse ni en force musculaire et il a de la difficulté à composer avec le jeu physique de la ligue américaine. Pour faire preuve de nuance, j’ajouterais que le mot clé demeure ‘hypothèse’ puisque Lukas Reichel était un puissant patineur avec gabarit un peu plus chétif qui semble avoir de la difficulté à gagner en poids.

La chose qui m’a dérangé le plus dans la saison de Yurov fut définitivement son jeu en MHL. Malgré une récolte de 36 pts en 23 matchs, ses performances ne m’ont donné aucune raison de m’emballer, bien au contraire. L’évaluation des aptitudes du joueur sur la glace est demeurée les mêmes, c’est plutôt auprès de son approche psychologique que j’ai commencé à déchanter. Yurov ne jouait pas comme un joueur qui voulait faire une différence sur la patinoire. Avec son niveau de talent, il aurait été censé être le joueur sur qui tous les yeux sont rivés à chaque fois qu’il embarquait sur la glace, ce qui n’était pas le cas. Dans la zone offensive et en transport de rondelle, il aurait pu contrôler le jeu comme bon lui semble, à la place, il déléguait souvent la tâche à ces coéquipiers. Il n’a pas démontré être un joueur qui a l’étoffe d’être un ‘Go-To’. Si on dresse le parallèle avec Slafkovsky qui a également été rétrogradé dans la ligue des moins de 20 ans en Finlande, c’est le jour et la nuit. Beaucoup de mes déceptions ont étés engendrées par son déploiement dans cette ligue. En premier lieu, il jouait à l’aile alors que j’aurais souhaité le voir jouer au centre. Cela aurait pu avoir une influence sur ses responsabilités ainsi que son désir de faire la différence. Deuxièmement, il était généralement employé dans le ‘bumper’ (à l’intérieur de la boîte défensive) lors des avantages numériques alors qu’il aurait dû être le joueur qui contrôle le jeu. Cela nous a privés d’observer ses talents de distributeur de rondelle. Cependant, la chose qui m’a de loin le plus exaspéré est l’éthique de travail (plutôt le ‘manque de’) dont il a fait preuve. À plusieurs reprises, peu importe la situation, il se laissait glisser sur la patinoire. Lors des désavantages numériques, il n’allait pas mettre de pression sur le porteur du disque, il allait seulement l’approcher en s’étirant le bras pour donner l’impression qu’il lui mettait de la pression. La qualité de ses replis défensifs en a également pris pour son rhume. Le contraste est tellement fort avec ce quoi il nous a habitué qu’il en est difficile de ne pas trop lui en tenir rigueur, car en KHL il était impeccable, cependant, l’échantillonnage dans lequel il était frustrant à regarder n’à fait que s’accroître.

Il faut être honnête, le scouting implique quand même beaucoup d’ego. Même si on ne souhaite pas qu’un joueur se plante, on ne veut pas avoir l’air fou avec les joueurs que l’on classe plus bas ou plus haut que le consensus. Aussi cliché que cela puisse sonner, s’il y a un joueur sur qui j’espère me tromper, c’est sur Yurov. Il a le talent et l’intelligence pour être un joueur qui peut rendre de très fiers services à une formation de la LNH.

19. Jiri Kulich

Jiri Kulich est un joueur Tchèque que j’avais beaucoup apprécié lors du tournoi Hlinka. J’ai été quelque peu surpris de le voir dans les considérations pour la première ronde aussi tôt que cet automne mais force d’admettre qu’il a démontré son utilité sur la glace et offensivement, sa progression au niveau des habilités individuelles fut constante tout au long de la saison. Kulich peut jouer au centre ou à l’aile. Étrangement, il aura joué à l’aile à chaque occasion qu’il aura eu de jouer avec son groupe d’âge et il aura joué au centre dans la ligue d’homme en République Tchèque.

De prime abord, Kulich est un joueur qui se projette plus comme étant un joueur de milieu d’alignement. On ne parle donc pas d’un énorme potentiel offensif, mais là où il gagne en valeur est que son jeu se transpose facilement dans la LNH grâce à plusieurs qualités.

Kulich est un joueur qui possède une bonne compréhension du jeu. Il patine toujours au bon endroit lorsqu’il n’a pas la rondelle, cela inclut son jeu pour récupérer les rondelles libres et aussi sa capacité à se démarquer lorsque ses coéquipiers sont en contrôle de celle-ci. Avec la rondelle, il opte généralement pour les bons jeux simples qui font progresser le jeu vers l’avant. Son exécution est rapide, ne conservant pas la rondelle trop longtemps et fonçant directement au filet après avoir remis à un coéquipier.

Il est responsable défensivement grâce à ses lectures de jeux mentionnés plus haut mais également grâce à une excellente éthique de travail. Il donne son 100% lors de ses replis défensifs et il bataille fort pour la possession de la rondelle.

Au point de vue offensif, Kulich offre un tir des ligues majeures. Ce qui est fascinant dans son cas est que son tir n’était pas une aussi grosse menace en début de saison. Cela représentait tout de même une belle qualité, mais on ne parlait pas du tir retentissant qu’il possède actuellement. Ce que j’avais le plus aimé lors du tournoi Hlinka fut sa capacité à prendre des tirs difficiles. Ce que j’entend par là est ; des tirs alors qu’il est en position inadéquate, des tirs habiles tout près du filet ou bien des tirs alors qu’il était à pleine vitesse. Un bel exemple de cela serait sur une séquence où Kulich a effectué une percée au filet et alors qu’un défenseur l’a bousculé tout juste avant de se rendre au gardien, Kulich est parvenu à habilement ramener la rondelle près de son corps et a l’élevé pour tenter de battre le gardien par-dessus l’épaule, et ce, alors que ses patins se retrouvaient derrière la ligne de but. Son lancer des poignets est lourd. Son point de dégaine est difficile à lire et il opte pour des lancers hauts, avec beaucoup de difficulté, ce qui donne du fil à retorde aux gardiens à maîtriser. Une autre chose qui m’impressionnait avec son tir était qu’il était constamment en mesure d’atteindre le filet malgré une circulation lourde. Ce n’est pas une habileté qui est donnée à tout le monde, parlez-en à Brad Lambert….  Finalement, Kulich démontrait une très bonne capacité à se défaire de la couverture défensive pour se rendre accessible comme option de passe, que ce soit dans l’enclave, ou bien en allant se placer en retrait, en 2e vague, lors des contre-attaques pour se retrouver à une bonne distance des défenseurs lorsqu’il allait recevoir la rondelle et ainsi bénéficier de plus de temps pour décocher un lancer. C’était d’ailleurs une qualité qu’il avait également démontrée : sa patience avant de décocher ses tirs, parvenant à faire bouger les gardiens de buts adverses.

Pendant la saison, Kulich n’a pas été en mesure de faire la promotion de son bon lancer autant qu’il l’aurait souhaité dans la ligue d’homme en République Tchèque, se contentant plus d’être un joueur qui fonce au filet sans la rondelle. Il aura pris quelques bons tirs alors qu’il était en mouvement ou en pleine accélération. Et soudainement, arriva le tournoi U-18 !

Kulich s’est transformé en l’un des plus gros ‘Volume-Shooter’ de tout le repêchage (joueur qui décoche le plus de tirs dans un match). Principalement lors des avantages numériques où il avait le doigt sur la gâchette facilement lorsque venait le temps d’utiliser son tir sur réception. Ce dernier est puissant et a beaucoup de vélocité. Étant gaucher c’est surtout à l’intérieur du cercle droit qu’il utilisait cette arme, mais Kulich aime beaucoup se faire oublier en revenant très haut dans la zone offensive (sortant pratiquement de celle-ci) et ensuite descendre au cercle gauche pour prendre un lancer sur réception en provenance d’une passe de la ligne des buts de ce même côté. Son tir des poignets est également dangereux alors qu’il dégaine rapidement et qu’il n’a pas besoin de ramener la rondelle vers l’arrière avant de décocher.

De plus, l’attaquant Tchèque est un excellent patineur. C’est au niveau de la vitesse de pointe que Kulich s’attire de tels éloges. Il a l’une des meilleures vitesses de pointe de tout le repêchage et il a une ‘gear’ de séparation, lui permettant de contourner les défenseurs sur une base régulière. Il utilise cet atout merveilleusement bien pour être le premier sur les rondelles rejetées en territoire ennemi. Il est très bon dans de telles circonstances par son travail incessant et il utilise bien son corps et son bâton le long des rampes. C’est aussi ce que Kulich fait en regagnant la possession du disque que j’aime bien. Il ne va pas se contenter d’un jeu banal, il va chercher à amener la rondelle en zone dangereuse. Il joue avec intention et désir.

Pour effectuer ce genre de jeux et sortir du coin avec la rondelle et naviguer dans la circulation lourde, cela nécessite des bonnes mains. Kulich se montre décent dans cette catégorie. Ce n’est pas toujours le joueur le plus habile à manœuvrer dans les espaces restreints mais il est en mesure d’intégrer certains maniements de rondelle habile alors qu’il est en pleine vitesse pour battre des défenseurs par l’extérieur.

Offensivement, ce n’est pas un gars qui va faire circuler la rondelle si bien que ça dans la zone adverse. On le voit faire des jeux efficaces mais ce n’est pas un joueur qui va incorporer brillamment ses coéquipiers dans la zone offensive. Je ne considère pas que son IQ offensif est si élevé que ça, ni que ce soit un marqueur naturel même si c’est possiblement sa meilleure qualité offensive, mais il sait comment se démarquer. Il joue pratiquement toujours à la même vitesse, qui est à la vitesse maximale en tout temps, ce qui me démontre à l’occasion un manque de diversité dans ses sélections de jeux à l’offensive. Mais globalement, il est beaucoup plus efficace que des gars comme Isaac Howard et Cutter Gauthier pour utiliser cette qualité. C’est d’ailleurs pour cette raison que je vois Kulich comme ailier dans la LNH même s’il a joué au centre également cette saison ; il utilise l’extérieur de la patinoire pour transporter la rondelle (n’a pas démontré beaucoup de créativité les fois que je l’ai vu passer par le centre) et cela lui permet également de maximiser l’une de ses plus grandes qualités qui est de s’emparer des rondelles libres.

Réalistement, Kulich se projette facilement comme joueur de 3e trio dans la LNH. Son style de jeu et ses qualités qui prédominent me font penser à un Adrian Kempe des pauvres.

  • 20. Luca Del Bel Belluz

Luca Del Bel Belluz est un de ces joueurs cette saison sur qui j’ai été très ‘high’ avant même qu’il n’apparaisse sur les radars. J’aurais bien aimé garder le secret plus longtemps, mais avec une récolte de 76 pts en 68 matchs, cela fut impossible. Del Bel Belluz est un centre qui possède différents traits qui font de lui un joueur bien distinct, mais certains de ces dits traits viennent avec plusieurs fausses croyances qui y sont rattachées.

D’abord et avant tout, Del Bel Belluz capte l’attention des gens grâce à son niveau d’habileté naturelle et de créativité avec la rondelle. Il possède l’une des meilleures paires de mains de tout le repêchage et il a la confiance nécessaire pour les utiliser au maximum de leur efficacité. Dans la zone offensive, il n’hésitera pas à déjouer un joueur si cela lui permet d’améliorer sa sélection de passe ou son emplacement pour décoche un tir. Je l’ai vu à plusieurs occasions en situation de 2 contre 1 coucher le défenseur avant de prendre l’enclave pour obtenir une meilleure chance de marquer. Il est extrêmement habile aux alentours du filet ; il peut élever la rondelle par-dessus l’épaule du gardien même de très près et il peut manœuvrer habilement malgré la restriction de l’espace. C’est d’ailleurs l’une des choses les plus impressionnantes lorsqu’il est question de ses mains ; il excelle dans les petits espaces alors qu’il possède une longue portée. Généralement, les excellents manieurs de rondelle vont privilégier des bâtons plus courts. Il est très astucieux sur la patinoire et il arrive constamment à se sortir de situations ardues grâce à la qualité de ses mains, tant dans la zone offensive qu’en zone neutre. Ce n’est pas quelque chose qu’il faisait beaucoup en première moitié de saison, mais depuis qu’il le fait, sa capacité à transporter la rondelle par le centre de la glace est grandement accrue par son maniement de rondelle.

Pour poursuivre dans la lignée de son arsenal offensif, Del Bel Belluz possède un excellent tir. Tout particulièrement son lancer des poignets. Comme tous les bons tireurs, Del Bel Belluz est un as pour ce qui est de changer son angle. Aidé par son maniement de rondelle de haut niveau et sa longue portée, il arrive à tromper les défenseurs qui croient avoir un bon ‘gap-control’ sur lui et il va ramener la rondelle vers l’intérieur, tout près de son corps avant de décocher. Il a non seulement un bon tir, mais il a également des instincts de marqueur fortement développés. On le voit régulièrement faire preuve d’une très grande patience afin de semer le doute dans la tête des gardiens et les laisser poser le premier geste avant d’exploiter la moindre petite ouverture qui se sera libérée. Je suis l’un de ceux qui est plutôt critique envers ce repêchage et qui le qualifierait de relativement faible, mais si cette cuvée offre quelque chose en abondance, ce sont de très bons tireurs. Le tir de Del Bel Belluz n’est pas aussi puissant que certains et sa ‘release’ n’est pas au niveau de d’autres, mais s’il y a un endroit où il pourrait se hisser au sommet parmi ses homologues, c’est au niveau de la précision. Il n’a besoin que d’un petit espace pour placer la rondelle dans le filet. Il est employé à la pointe gauche lors des avantages numériques et c’est une position qui lui permet de tirer pleinement profit de son lancer des poignets alors qu’il descend souvent jusqu’au cercle des mises aux jeux pour décocher un lancer.

L’une des qualités prédominantes du jeu de Del Bel Belluz est sa grande intelligence sur la patinoire. Avec ou sans la rondelle, il est ce que j’appelle ‘un joueur cérébral’. Cela a cependant fait en sorte que beaucoup de gens ont confondu son approche calculée sur la glace à un manque d’ardeur au travail. Ce n’est jamais un hasard lorsqu’un joueur se retrouve constamment près de la rondelle ou de l’action. Ce qui est le cas de Del Bel Belluz malgré le fait qu’il n’est pas un joueur ‘relentless’ sur la patinoire et qu’il ne soit pas le plus rapide des patineurs. Cela fait une forte mention de son intelligence. Il semble toujours être un coup ou deux en avance sur ses adversaires et anticipe à merveille le jeu collectif de ses rivaux, parvenant à repérer les options de passes qui seront privilégiées. Plusieurs préféreraient le voir s’impliquer plus en échec-avant, mais le nombre de revirements dont je l’ai vu être le bénéficiaire seulement grâce à son anticipation et son positionnement surpasse fort probablement la majorité des joueurs de ce repêchage, à part peut-être Isaac Howard. Moi-même il m’est arrivé pendant la saison d’avoir voulu le voir jouer avec un peu plus d’urgences dans son jeu, mais sa nature en est tout autre et ce n’est pas nécessairement une mauvaise chose. Avec lui, beaucoup de choses se font en silence, même sa façon de se démarquer dans la zone offensive. Il va prendre le temps de soigneusement traiter l’information sur la patinoire et il va trouver les endroits libres à exploiter de manière très efficiente. Il lui arrive même régulièrement de se retrouver, oublié, complètement seul à l’embouchure du filet. Pour ce qui est de l’aspect combativité, je peux faire certaines concessions. À quelques reprises, il est arrivé qu’un de ses coéquipiers soit en bataille pour la rondelle dans le coin de la patinoire en zone offensive et Del Bel Belluz préférait rentrer paisiblement au banc des siens pour un changement, ce qui m’a dérangé. Pourtant, malgré les croyances populaires, Del Bel Belluz remporte beaucoup de ses batailles pour la rondelle le long des bandes.  Mes premiers visionnements de Del Bel Belluz étaient d’ailleurs face aux Frontenacs de Kingston et un certain Shane Wright. L’entraîneur de Del Bel Belluz l’employait systématiquement à chaque fois que Wright se retrouvait sur la glace et Del Bel a remporté pratiquement toutes les batailles dans les coins pour la rondelle entre les deux joueurs. Dans les espaces ouverts, il est également très bon pour prendre possession des rondelles libres en adoptant une excellente position corporelle face à son rival. Globalement, je trouve que les critiques face à son éthique de travail sont plus dû à un manque de compréhension du joueur. Je préfère un joueur avec son flair à un joueur qui ne fait que déplacer de l’air sans que ça n’aboutisse à rien, exemple, Nail Yakupov.

L’un des autres aspects identitaires de Del Bel Belluz est qu’il est un excellent joueur dans les deux sens de la patinoire. Il figure aisément parmi les meilleurs centres défensifs de ce repêchage. Comme dit précédemment, ses lectures du jeu et son anticipation en font un joueur toujours en position pour intercepter une passe ou pour harponner un adversaire. Il est excellent dans ses replis défensifs et c’est une raison supplémentaire pourquoi je n’aime pas lire qu’il manque d’intensité. Ses habiletés pour soutirer la rondelle à ses adversaires sont extrêmement développées et nécessitent un excellent sens du ‘timing’ et un travail persistant sur le porteur de la rondelle. Il n’hésite pas à descendre profondément dans sa zone pour aller aider ses défenseurs et il va même aller tasser les joueurs adverses de devant son filet s’il a à le faire. Tout au long de la saison, c’est à Del Bel Belluz que l’entraîneur de Mississauga confiait les plus grosses responsabilités défensives et les confrontations les moins avantageuses. Il était constamment jumelé face aux meilleurs éléments de l’équipe adverse. Il excelle aux cercles de mise en jeu et est un régulier sur le désavantage numérique, situation dans laquelle il ne montre aucune réticence à aller bloquer des lancers. Il est également toujours dans la mêlée pour protéger les avances en fin de match.

Del Bel Belluz est aussi un fabricant de jeux aguerri. Il possède une excellente vision et il peut remettre à des coéquipiers même lorsqu’il y a plusieurs bâtons dans la ligne de passe. Lors des avantages numériques, il n’a pas de difficulté à passer la rondelle à travers la boîte défensive. L’une des choses qui ressortent le plus dans cette facette de son jeu est qu’il semble avoir des yeux tout le tour de la tête. Il repère souvent des coéquipiers qui ne sont même pas dans son champ de vision. Il est excellent pour remettre du revers à un joueur qui suit en ‘trailer’ (ou en 2e vague, lors d’une contre-attaque). Il y va souvent aussi de passe du revers vers l’enclave après avoir gagné une bataille le long de la bande. Tout comme avec son sens de l’anticipation sans la rondelle, Del Bel Belluz semble lire les jeux un ou deux coups d’avance en situation offensive également. Il va repérer les meilleures options de passes avant même de s’être emparé de la rondelle et ne perdra aucun temps avant de remettre à un coéquipier pour une chance de marquer. Ses sélections de passes sont toujours intelligentes et efficaces, même si elles ne mènent pas à une chance de marquer, elles font constamment progresser le jeu vers l’avant.

Une autre chose dans son jeu qui est identitaire, mais qui vient sans fanfare est sa propension à amener la rondelle vers le centre de la patinoire. C’est un aspect qui passe sous le silence et qui est moins perceptible, car il n’a pas l’attitude et le style de jeu d’un joueur très hargneux et combatif, mais pourtant, il est l’un des joueurs qui amènent le plus de rondelles dans les zones dangereuses. Les moyens qu’il utilisent pour parvenir à ces fins sont assez vastes ; avec la qualité de ses passes, en déjouant un joueur avant d’exploiter un endroit libre, mais aussi, car il fait preuve d’engagement et de combativité pour attaquer cet endroit (ce qui accentue davantage mon désaccord avec le narratif qu’il n’est pas suffisamment travaillant sur la patinoire). Pour une bonne partie de la saison, son coup de patin ne lui permettait pas de passer directement par le centre lorsqu’il transportait la rondelle, mais il faisait preuve d’ingéniosité et de tromperie pour s’y rendre d’une façon ou d’une autre. Il allait plutôt passer par la droite et allait laisser traîner la rondelle légèrement derrière lui comme s’il s’apprêter à prendre un lancer et au moment que le défenseur allait se compromettre, il allait attaquer le centre. Lorsqu’il n’est pas en possession du disque, il va constamment poursuivre ses actions au filet.

Pour ce qui est de son coup de patin, Del Bel Belluz est un patineur correct. Ce n’est pas une faiblesse en soi, mais ça pourrait être un facteur limitant qui l’empêcherait d’atteindre un niveau supérieur dans son jeu. Pour la majeure partie de la première moitié de saison, il ne transportait pas beaucoup la rondelle en zone neutre. Il allait plutôt préférer remettre à un coéquipier avant d’aller se positionner en zone offensive. J’ignore si c’est par manque de confiance, car dans cette même période, je le voyais s’emparer de la rondelle derrière son filet et la transporter alors même qu’il avait un joueur sur le dos. Ceci étant dit, cela démontre la maturité du joueur et la conscience qu’il a par rapport à son propre arsenal et comment choisir les options de jeux qui lui permettent de maximiser ses habiletés principales. Par contre, ce qui démontre encore plus d’intelligence de la part du joueur est qu’il est parvenu à faire des ajustements au cours de la saison pour rendre son jeu en transport de rondelle beaucoup plus efficace. Sa vitesse et son explosion ont affiché quelques progrès dans la saison, mais pas au même titre que Conor Geekie par exemple. Del Bel Belluz a plutôt amélioré son efficacité en incorporant des éléments de tromperies et de créativités à sa façon de transporter la rondelle. Il va désormais serpenter de gauche à droite pour induire les défenseurs dans une mauvaise direction avant de les déjouer. Il est devenu très élusif lors des entrées de territoire. Son agilité sur patin ne laisse planer aucun doute quant à elle. Il peut tourner sur lui-même brusquement en zone offensive pour se défaire d’un couvreur. L’une des choses à prendre en considération dans le cas de Del Bel Belluz est que, comme tous les joueurs de la OHL l’an dernier, il n’a pas joué. Mais dans son cas, cela a été accompagné par le fait qu’il est passé de 150 lbs à sa saison recrue à un poids de 185 lbs pour l’aube de la saison 2020-2021. Cela pourrait laisser entrevoir une amélioration dans le cas où il n’est pas encore acclimaté à sa maturation physique et aussi au fait qu’il pourrait avoir encore beaucoup de progrès à faire à ce chapitre. Il a mentionné en entrevue qu’il considérait son coup de patin comme sa plus grande faiblesse et aussi comme sa priorité à travailler pendant la saison morte, ce qui est encourageant. Maintenant, aura-t-il les bonnes ressources à sa disposition pour y parvenir ? Je l’ai vu s’entraîner sous la tutelle de Gary Roberts alors je croirais que oui.

Del Bel Belluz est un ‘late’, mais étant donné qu’il a raté une saison complète dans la OHL, je le ferais peut-être jouer deux saisons supplémentaires, même s’il était éligible à la AHL en 2023-2024. Un peu comme les Sharks de San Jose ont fait avec Tristen Robins.

  • 21. Rutger McGroarty

McGroarty est un joueur que j’attendais impatiemment de voir cette saison, car, bien qu’il figurait parmi plusieurs top 10 préliminaires, j’avais détesté ce que j’avais de lui la saison précédente. Cela s’explique dû au fait que je trouvais qu’il était un joueur plutôt unidimensionnel offensivement, n’ayant pas un répertoire très vaste d’armes offensives, entre autres, par un manque quasi total de talent de fabricant de jeux. Et de surcroît, son coup de patin représentait une déficience majeure à un jeu déjà limité. Les performances qu’il a offertes cette année furent en dent de scie et il me fit changer d’idée à plus d’une reprise. Des progrès incontestables se sont effectués, mais sa réussite au prochain niveau suscite encore beaucoup de précarité en ce qui me concerne.

Son plus grand obstacle à franchir demeure encore son coup de patin, même si c’est nettement mieux que l’an dernier. Dans le cas de McGroarty, les limitations observées ne s’arrêtent pas seulement aux aspects techniques, mais touchent également à la propre perception que le joueur a de lui-même. C’est connu de tous que pour qu’un joueur ait du succès, il doit posséder une bonne compréhension de jeu, mais on passe beaucoup trop sous le silence la compréhension que les joueurs doivent avoir de leur propre jeu. McGroarty s’est avéré très inconstant à cet égard pendant la saison. Il ne semble pas toujours conscient des limites dont ils l’accablent. À l’occasion il travaillait très bien à l’intérieur des limites qui lui sont attribuées, mais cela fut entrecoupé de séquences où il prit plus confiance en ses habiletés de patin qu’il n’aurait dû. Il tentait alors d’être un joueur qui n’est pas dans ses cordes (ni à sa portée) et il perdit de vue ce qu’il se devait de faire pour maximiser ses forces et être efficace sur la patinoire. Un exemple d’un joueur qui œuvrait bien à cet escient est Brandt Clarke. Bien que je n’étais pas un très grand fan de lui l’an dernier, il avait une évaluation très honnête de son jeu et il reconnaissait les options à éviter, entre autres, ne préconisant pas le transport de rondelle lors de ses relances puisque son coup de patin ne lui permettait pas de le faire.

Puisqu’il a entrepris sa saison sur une note positive à cet effet, je vais commencer par étaler ce qu’il faisait de bien :

  • L’une des grosses différences avec son patin comparativement à l’an dernier est la posture qu’il adopte avec son haut de corps. On le voit plus incliné que l’an dernier, tirant avantage de la force gravitationnelle.
  • Toujours dans la lignée de levier corporel, McGroarty n’a pas la vitesse pour battre des défenseurs, mais je l’ai vu en début de saison n’avoir besoin que d’une légère séparation avec le défenseur pour ensuite baisser son épaule et rentrer en dessous de lui pour ensuite couper au filet. Je l’ai vu marquer un superbe but de la sorte.
  • Son agilité sur patin s’est aussi améliorée de beaucoup. Il peut désormais, à un certain degré, pouvoir effectuer des pivots sur lui-même et freiner brusquement en changeant de direction pour tromper un adversaire. Un atout additionnel qui a principalement été observé lors des avantages numériques où cela lui permettait de bénéficier de quelques secondes supplémentaires avant de réaliser un jeu et/ou afin de ne pas commettre de revirements.
  • Au niveau de l’intelligence dont je mentionnais plus tôt, au début de l’année il reconnaissait ses limites et savait qu’il ne pouvait pas transporter la rondelle profondément en zone adverse, alors il freinait en entrée de territoire et attendait l’arrivé de coéquipier.
  • Cette sélection de jeu s’observait également en zone neutre où il allait rapidement remettre le disque à un coéquipier et allait immédiatement exploser vers le centre de la patinoire pour se diriger au filet. Ce que j’aimais de jeux de la sorte était non seulement la prise de conscience de ses faiblesses, mais également le fait qu’il savait déjà quoi faire du moment qu’il ne touchait plus à la rondelle.
  • Suite à une période (prolongée) plus difficile pour lui, il est revenu à la base vers le mois de janvier et on l’a vu devenir plus efficace grâce à un jeu simplifié. C’est avec cet aspect, combiné à une amélioration notable au niveau de sa vitesse, qu’on a pu le voir opter pour des rejets de rondelle en territoire ennemi plutôt que de tenter des jeux qui ne fonctionnent pas pour lui. Même que ce changement lui a souri à plus d’une occasion alors qu’il pouvait profiter d’un ‘Gap-Control’ trop agressif d’un défenseur en zone neutre pour se passer la rondelle par la bande pour lui-même et profiter d’un mauvais pivot du défenseur pour créer une entrée de zone ou même un surnombre.

Cependant, pour pratiquement la totalité de la première moitié de saison, McGroarty croyait être en mesure de créer des jeux à l’aide de son coup de patin sur une base régulière, ce qui n’était pas le cas :

  • Les progrès qu’il a faits au niveau de l’agilité lui servent principalement dans des espaces plus restreints où il peut se servir de son gabarit en protection de rondelle ainsi que de ses mains, mais on l’a vu chercher à mystifier ses adversaires un peu partout sur la patinoire, sans succès.
  • On l’a vu gagner trop en confiance (ce qui n’est pas toujours une bonne chose) dans sa capacité à transporter la rondelle et il s’était mis à chercher à battre des défenseurs de vitesse au lieu de remettre la rondelle en fond de territoire.
  • Il avait aussi commencé à opter pour des jeux de finesse plutôt que de prioriser les jeux simples. Au lieu de prendre les corridors qu’ils lui étaient donnés, il changeait de direction et cherchait à jouer un peu plus Est-Ouest et il se retrouvait constamment dans des zones mortes, perdant possession du disque.

Sur le plan technique, McGroarty a beaucoup à travailler en ce qui trait de son coup de patin. Il y a de ces joueurs qu’on dit que patiner semble être ‘Effortless’ et il y a McGroarty.

Deux autres aspects que je trouve inquiétants quant à la projection de son coup de patin dans les années à venir est que; Premièrement, je me demande s’il a le profil génétique pour gagner suffisamment en puissance dans ses enjambées. Sa cadence de patin est très élevée et pourtant, il n’est pas un rapide patineur. Il ne génère pas beaucoup de puissance lors de ses poussées. Physiologiquement parlant, si nous n’avons pas un profil prédisposé à la puissance, nous ne pouvons pas espérer une trop grande amélioration à ce sujet.

Finalement, cette inquiétude est exacerbée par le fait que McGroarty est déjà pas mal à maturité physiquement (6’0, 205lbs). La marge de progrès dont il pourrait bénéficier avec de l’entraînement en gymnase est plus limitée que celle de d’autres joueurs. Samuel Poulin était un joueur que j’adorais et qui était issu du même moule (Indice de masse corporelle déjà élevé et coup de patin moyen) et il n’a pas réalisé les progrès que j’aurais souhaité le voir faire à ce niveau. Cependant, puisqu’il a toujours un autre côté à la médaille, Aatu Raty était lui aussi déjà à maturité physique l’an dernier EN PLUS d’être encore plus en retard sur McGroarty au point de vue mécanique et il a fait des progrès incroyables à cet escient cette saison. Comme quoi, rien n’est perdu pour l’ailier américain.

*** Note de fin de saison : Le patin de McGroarty est ‘correct’ pour moi et je n’ai plus trop d’inquiétudes. Ceci étant dit, il retombe souvent dans les mêmes patterns de penser qu’il est meilleur qu’il ne l’est en réalité en essayant d’être celui qui transporte la rondelle sur son trio et en essayant de battre des défenseurs par l’extérieur ou avec son agilité. Il perd beaucoup de son efficacité ainsi. ***

La meilleure qualité dans le jeu de McGroarty est probablement son lancer. L’ailier américain est un très bon marqueur. Son tir est extrêmement lourd et sa dégaine s’effectue excessivement rapidement, prenant les gardiens par surprises à plusieurs occasions. On le voit souvent décocher des tirs dès lors de la mise en jeu et les défenseurs adverses n’ont même pas le temps de mettre leur bâton pour faire dévier le tir. On n’est pas un marqueur émérite seulement avec la qualité de son lancer, heureusement pour McGroarty, il possède un très bon instinct et il anticipe d’avance où la rondelle va se retrouver et il repère facilement les endroits libres.

L’aspect du jeu du capitaine du NTDP qui m’aura le plus conquis pendant la saison, plus encore que l’amélioration de son coup de patin, est le renouvellement qu’il a fait en ce qui concerne ses talents de passeurs. Non seulement le contraste avec la saison dernière est frappant, mais il y existe plusieurs couches à ses talents de fabricants de jeux. L’une des premières choses qui s’attirent des compliments est qu’il reconnait constamment la bonne option de passe à privilégier, évaluant bien au passage les risques et taux de succès des différents choix se présentant à lui. L’une des principales occasions où l’on dénote ces jeux est lors des avantages numériques où on le retrouve souvent en bas de la ligne des buts. Il démontre une bonne patience, ne forçant jamais aucune ligne de passe. Il excelle pour repérer un joueur quittant sa position pour venir se présenter à l’embouchure du filet mais je l’ai vu à plusieurs reprises s’ajuster en temps réel alors qu’un défenseur venait se coucher pour couper la ligne de passe. Il retardait plutôt son jeu et s’assurait que son équipe conserve possession de la rondelle à la place. Un autre aspect qui m’a vraiment épaté de ses talents de fabricant de jeux est son ‘Spatial-Awareness’ qui se résume à la conscience de son environnement et de la position de ses coéquipiers et de ses adversaires. Je l’ai vu rejoindre des coéquipiers près du filet alors qu’ils n’étaient pas dans son champ de vision. Finalement, il peut à l’occasion compléter des passes d’un haut coefficient de difficulté, les plus fréquentes étant en rejoignant un coéquipier qui fonce au filet alors qu’il ne semble pas y avoir de ligne de passe.

Le robuste ailier possède également de bonnes mains. Elles lui servent majoritairement dans les espaces restreints ; devant le filet et derrière la ligne des buts, là où on le retrouve souvent lors des avantages numériques. C’est d’ailleurs un endroit où il a marqué plusieurs de ses buts. Il a le maniement de rondelle pour lui permettre de se défaire d’un premier joueur, mais il a la même fâcheuse manie qu’avec son patin qui est : de ne pas savoir quand s’arrêter et de reconnaître les limites à son talent.

 Il serait tellement plus efficace si après avoir déjoué un joueur, il refilait la rondelle à un coéquipier et irait se positionner en position de tirer ou aller devant le filet. À la place, il va essayer d’aller déjouer un autre joueur ou passer entre les 2 défenseurs alors qu’il n’a pas la vitesse ni la dextérité des mains pour le faire.  Il a tout du profil d’un bon attaquant de puissance moderne, mais il semble penser que c’est un joueur de finesse d’un très grand talent. Je serais très curieux de savoir à quel joueur il se compare….

Malgré le fait qu’il ne semble pas toujours comment savoir tirer profit de ses qualités et qu’il cherche parfois à en faire trop (selon ce qu’il est capable), je crois qu’il est possible d’enseigner à McGroarty comment jouer du hockey efficace à l’intérieur de ses propres compétences et limitations, et que si cela est réalisé adéquatement, il pourrait devenir un joueur utile qui peut être utiliser partout dans un alignement.

  • 22. Cutter Gauthier

Cutter Gauthier est un costaud américain qui s’aligne pour le Programme de Développement des États-Unis. Ayant évolué tant à la position de joueur de centre qu’à l’aile cette saison, il regorge d’aptitudes recherchées par les dépisteurs de la LNH. Cependant, si je n’avais qu’une seule phrase pour décrire le joueur, je dirais que ‘’Son tout n’est pas aussi bon que la somme de ses attributs’’. Une autre expression qui pourrait également être employée est que Gauthier possède tous les outils, mais il n’a pas le coffre.

L’une des premières choses qui sautent aux yeux en le regardant est la combinaison ‘Gabarit-Patin’. Rare sont les joueurs de 6’3, 200 lbs qui ont le coup de patin que Gauthier possède. Non seulement il est très rapide et puissant dans ses enjambées, il démontre également une bonne force physique alors qu’il est très difficile à déloger lorsqu’en possession du disque et qu’il conserve son équilibre sur la glace, nonobstant des tentatives de ses adversaires à le bousculer. La fondation d’un excellent patineur est bien présente, par contre (comme ça va être le cas pour la plupart de ses attributs), l’utilisation qu’en fait Gauthier n’offre pas la même excitation. Ne vous détromper pas, sa vitesse lui permet de toujours suivre le jeu et de pouvoir sauter dans l’action rapidement lors des contre-attaques et de constamment se montrer comme option de passe pour ses coéquipiers, mais lorsqu’il a le disque, ce n’est pas un joueur qui peut créer de l’offensive à partir de son coup de patin. Pour les rapides patineurs, il y a différentes façons de produire de l’offensive grâce à sa vitesse ; De un, la témérité et la détermination de couper au filet après s’être défait d’un défenseur en est une, mais l’un des aspects auquel je porte le plus d’attention pour ces joueurs (et qui témoigne à la fois d’une intelligence offensive élevé) est la capacité à varier ses vitesses et ses tempos pour créer de la confusion chez les défenseurs adverses et créer de l’espace sur la glace. Gauthier peut à l’occasion faire des percées au filet, mais pour ce qui est de la deuxième option, ce n’est pas quelque chose qui se prête à son jeu. La principale raison (et il en sera mention plus tard également) est que Gauthier ne possède pas une intelligence offensive très élevée. Il est en mesure de repérer les chances/occasions/options immédiates, mais il n’est pas en mesure d’entrevoir les ouvertures éventuelles s’il se défaisait d’un joueur ou s’il changeait le rythme du jeu. Un espoir qui excellait à ce niveau était John-Jason Peterka en 2020. Étant le patineur le plus explosif de son repêchage, il attaquait les défenseurs à pleine vitesse avant de brusquement mettre les freins, ce qui ouvrait beaucoup d’espace pour ses coéquipiers. La variété qu’il avait dans son jeu offensif me portait à croire qu’il était très sous-estimé à ce niveau et 2 ans plus tard, le temps semble me donner raison.

Un autre département où Gauthier s’élève au-dessus de ses pairs est au niveau de son lancer. Il a l’un des tirs les plus violents de tout le repêchage et la diversité de ses lancers est également fort impressionnante. Son tir sur réception est des ligues majeures, son lancer des poignets est extrêmement dangereux, étant très lourd et précis et ne nécessitant aucun élan, laissant très peu de temps aux gardiens pour prendre de l’information. Son tir du revers est aussi très impressionnant et quelque peu unique alors qu’il a beaucoup de vélocité et qu’il peut élever la rondelle même de près face aux gardiens. Un peu comme avec son coup de patin, Gauthier va être bon pour cibler les options primaires pour utiliser son tir (lorsque repéré dans une zone dangereuse par un coéquipier ou en s’amenant sur l’aile alors qu’il a de l’espace devant lui), mais son processus cognitif n’opère pas à un niveau lui permettant d’entrevoir les possibilités qui pourraient s’offrir à lui s’il réalisait un petit jeu ou deux avant de prendre son lancer, et ainsi se créer une chance pour lui-même. C’est lors des avantages numériques où Gauthier a les meilleures opportunités d’utiliser son lancer des poignets, alors qu’il est régulièrement employé au top du cercle gauche (n’est pas son côté de tir sur réception). Bien qu’extrêmement dangereux, je doute fortement qu’il occupe un tel poste dans la LNH. Pour évoluer à cette position névralgique dans la LNH, cela implique également qu’il faut être un très bon distributeur de rondelle et je n’ai pas été en mesure de voir des flashs de haut niveau dans cet aspect du jeu de Gauthier. C’est une barrière importante dans l’exploitation de l’un de ses meilleurs atouts. Il pourrait devenir une présence très efficace devant le filet à l’aide de son imposant gabarit, mais puisqu’il n’y a pas évolué de la saison il faut demeurer prudent avec cette projection.  Est-ce qu’il serait suffisamment alerte pour sauter sur les rondelles libres et pour effectuer des passes sur réception à un coéquipier dans l’enclave ? Ça reste à voir, mais on sait qu’il possède une touche de marqueur, alors, qui sait !

Un autre aspect où Gauthier se démarque est au niveau du jeu physique. Il se montre quelque peu inconstant à ce niveau, mais, parmi les avants de ce repêchage, il est fort probablement celui que j’ai vu distribuer les plus gros coups d’épaules cette saison. Même face à des équipes de la NCAA, il a malmené des joueurs bien plus âgés que lui. Cependant, la majorité de ses percutantes mises en échec sont survenus dans la zone neutre, et bien que ce soit majeur au jeu du joueur, il aurait beaucoup à gagner à délivrer de telles mises en échec dans la zone offensive (en échec-avant) s’il aspire à devenir un attaquant de puissance craint et redouté des défenseurs adverses.

Sans être le premier joueur qui me vient en tête lorsque je pense aux habiletés naturelles, Gauthier possède tout de même une bonne dextérité avec son maniement de rondelle lui permettant de bien manœuvrer même lorsqu’entouré de plusieurs joueurs.

Comme il en a été mention à plusieurs reprises, l’intelligence offensive de Gauthier fait défaut. Sa vision pour repérer les ouvertures sur la glace alors qu’il transporte la rondelle montre plusieurs limites. Son coup de patin et son maniement de rondelle pourraient en faire une option intéressante, mais il n’y a pas beaucoup de variété dans ses poussées et il n’est pas très efficace lorsqu’il préconise le centre de la patinoire, étant beaucoup plus à l’aise à suivre le corridor le long des bandes. Lorsque dans la zone offensive, il démontre un certain penchant à tenter des jeux en conservant la rondelle, tels qu’en remontant vers la ligne bleue offensive ou en jouant d’est en ouest, mais on observe rapidement des signes de limite au niveau de sa vision de jeu.

Gauthier a été essayé en tant que joueur de centre par son entraîneur aux alentours du mois de janvier, et cela a coïncidé avec son ascension dans certaines listes (ou plutôt, en provenance d’écho des recruteurs de la LNH). À mes yeux, il est clair qu’il demeurera un ailier au prochain niveau. Il semble beaucoup plus à l’aise pour transporter la rondelle en tant qu’ailier et on peut voir que sa nature est à cette position, allant souvent se placer devant le gardien adverse dans al zone offensive. Il aura tout de même démontré une acclimatation intéressante à cette position, mais ce n’est pas suffisant pour moi.

Au final, bien que possédant plusieurs atouts attrayants, Gauthier n’a pas le IQ nécessaire pour évoluer sur un trio offensif dans la LNH et c’est ce qui se reflète mon classement. Il faut toutefois demeurer ouvert d’esprit et voir les choses d’un œil différents et formuler des arguments sur pourquoi Gauthier pourrait valoir une haute sélection : le Programme de Développement des États-Unis regorge de vedette et il peut être difficile d’être mit de l’avant plan dans de telles circonstances. Gauthier a évolué à l’aile de Logan Cooley pour une bonne partie de la fin de saison et cela arrivait qu’il ne touchait pratiquement pas à la rondelle d’un match. Il aurait peut-être été en mesure de briller au sein d’une autre formation. Aussi, les jeunes ayant autant d’outils ont parfois besoin de plus de temps pour tout mettre en application, cela est peut-être le cas de Gauthier.

  • 23 . Isaac Howard

Isaac Howard est un ailier gauche extrêmement dynamique évoluant pour le Programme de Développement des États-Unis. Joueur que j’avais bien aimé l’an dernier et en début de saison, il aura été l’un des espoirs qui auront chuté le plus dans ma liste versus le début du calendrier (s’est retrouvé aussi haut qu’au 7e rang lors des mois de novembre et décembre).

Sa principale qualité est son dynamisme sur la glace. Howard est l’un des joueurs les plus explosifs de ce repêchage et sa vitesse de pointe, ainsi que sa force d’accélération, a de quoi mettre plusieurs défenseurs dans des situations périlleuses. Il va principalement les attaquer en prenant le large de la patinoire et en cherchant à les battre par l’extérieur. En plus d’être excessivement rapide, Howard est l’un des joueurs avec le meilleur ‘moteur’ de tout le repêchage, c’est-à-dire, que ses pieds sont toujours en mouvement et qu’il conserve un niveau d’énergie élevé durant l’entièreté de ses présences. Il n’est pas du genre à tricher, loin de là, mais il demeure très à l’affût si les défenseurs adverses s’aventurent un peu trop profondément dans la zone neutre ou offensive et il va demeure un petit peu plus haut au cas où son équipe reprendrait possession du disque pour partir en échappé ou en surnombre. Ça lui est arrivé quelques fois de se blottir derrière la défense adverse dans de telles situations et personnellement, je n’ai aucun problème avec (surtout compte tenu de l’éthique de travail du joueur qui sera abordé plus tard). Le niveau d’athlétisme d’Howard va bien au-delà d’uniquement sa vitesse, il démontre aussi une coordination de très haut calibre, récupérant des rondelles habilement dans ses pieds tout en conservant sa pleine vitesse. Malgré le fait qu’il s’élève parmi l’élite de sa cuvée à ce chapitre, quelques éléments de son patin m’ont plutôt refroidi cette saison. En premier lieu, il s’est montré inconstant en ce qui trait d’utiliser efficacement cet attribut en incorporant des changements de direction et de vitesse. En début de saison, il démontrait des tendances à jouer latéralement face aux défenseurs et ses changements de direction en couvraient énormément large, même avec que quelques enjambées. Peu de défenseurs possédaient la mobilité multidirectionnelle pour pouvoir le suivre. Le hic est qu’Howard n’a pas su maintenir cette habitude dans son jeu, devenant de plus en plus un joueur de corridor et de périphérie. L’autre conflit que j’ai avec les habiletés de patineur d’Howard est qu’il ne variait pas ses vitesses d’attaque et semblait toujours jouer au même rythme, devenant plus prévisible pour ses adversaires. Aussi, le rythme élevé qu’il préconise semble impacter négativement sa vision de jeu, ce qui sera abordé plus tard.

Une autre distinction du jeu de Howard est l’irréprochabilité de son éthique de travail. À différents points durant la saison, il était le joueur démontrant la meilleure éthique de travail de tout le repêchage. Cela prend naissance avec ses habiletés de patineur et son ‘moteur’ susmentionné plus haut alors qu’il est constamment en mouvement et entrain d’appliquer de la pression sur le porteur de la rondelle. Il est le joueur que j’ai vu provoquer le plus grand nombre de revirements de tout le repêchage et il y met autant d’effort lors des replis défensifs. Howard est également un joueur qui n’est pas effrayé de sacrifier son corps pour le bien collectif, se jetant devant des tirs et acceptant de payer le prix pour réaliser des jeux. Malgré les reproches qui peuvent lui être adressés, c’est un joueur qui embarque sur la glace avec la détermination de faire la différence autant avec que sans la rondelle. Il a une détermination remarquable et il est ce qu’on appelle un joueur ‘affamé’.

Au-delà des qualités athlétiques ainsi que de sa force de caractère, Howard est un joueur qui possède un bon niveau d’habiletés individuelles. Il a un bon maniement de rondelle et parvient à sortir quelques lapins de son chapeau, faisant preuve d’ingéniosité ou d’une grande finesse dans certains jeux alors qu’on a pu l’observer élever la rondelle par-dessus l’épaule du gardien alors qu’il n’avait que très peu d’espace pour manœuvrer. Un aspect avec son maniement de rondelle qu’il fait très bien est d’incorporer différentes parties de son corps à l’intérieur de celui-ci (avec la tête, les épaules et les pieds) pour demeurer imprévisible aux yeux de son adversaire et laisser entrevoir différentes possibilités d’options. Il aime afficher une certaine créativité dans la zone offensive que peu de joueurs démontrent alors qu’il va regagner le haut de l’enclave et feindre une ‘Drop-pass’ entre ses jambes à un coéquipier pour finalement exploiter le trou que cela occasionne dans la couverture défensive. Ce que j’aime le plus dans son cas est la confiance qui transpire avec lui lorsqu’il a la rondelle, il aime regarder les défenseurs droits dans les yeux tout en s’avançant pour les défier.

Ce qui m’a surpris dans le cas de Howard cette saison est que son profil a semblé changé quelque peu alors que je le voyais surtout comme fabricant de jeux la saison précédente. Pour ce qui est de cette année, je le voyais plus comme joueur de vitesse provoquant des chances et pouvant finir habilement près du filet (il n’est pas un joueur qui va battre les gardiens de distance moyenne ou longue). En fonction de ce que j’avais observé l’an dernier, cela ne me préoccupait pas trop tôt dans la saison, car je demeurais optimiste qu’il allait parvenir à assembler toutes ses qualités ensemble éventuellement. Cependant, ses talents de fabricants de jeux se sont avérés beaucoup moins bons que je le pensais. La principale raison qui explique cela est que le champ de vision d’Howard semble de beaucoup rétréci lorsqu’il joue à pleine vitesse, et malencontreusement pour lui, il joue la majeure partie du temps à ce rythme-là. Ses sélections de passes me dérangeaient de plus en plus au fil que la saison progressait. Il aurait tout avantage à ralentir le jeu ou à freiner brusquement pour créer de la séparation sur la glace avec les défenseurs. Autres que son exécution, les prises de décisions de Howard semblent également précipitées à quelques occasions alors qu’il ne prend pas le temps de soutirer un maximum d’informations avant de réaliser un jeu. Son ‘Spatial-Awareness’ (conscience de son environnement sur la glace) a semblé faire défaut également alors qu’il n’était pas en mesure de repérer un coéquipier s’il n’était pas directement devant lui. Bien que sévère comme évaluation, Howard a démontré pouvoir réaliser des passes de grande qualité à l’occasion alors il a le potentiel en lui de renverser la tendance et de regagner des plumes à ce chapitre.

Dans les situations à un contre un également, Howard démontrait de la difficulté à reconnaitre les bonnes occasions pour tenter un jeu.

Un autre changement qui s’est opéré dans le jeu de Howard cette saison qui l’a pénalisé, et cela peut sembler anodin, mais c’est quant à sa sélection de bâton. L’attaquant américain s’est mis à jouer avec un long bâton quelque part aux alentours du mois de décembre et cela a coïncidé avec sa chute dans mon classement. Howard est tellement rapide et dynamique qu’il est très difficile à suivre pour les défenseurs, surtout lorsqu’il garde la rondelle près de son corps, car il a la dextérité des mains et l’agilité des pieds pour s’ajuster aux tentatives d’harponnage des défenseurs adverses, mais avec un aussi long bâton, la rondelle est beaucoup plus facile d’accès pour ses adversaires. Cela a affecté son maniement de rondelle et la qualité de ses tirs également alors qu’il devenait plus prévisible et que les défenseurs avaient plus de facilité à les faire dévier hors de danger.

  • 24. Viktor Neuchev

Neuchev est un ailier russe doté d’un des plus grands talents de ce repêchage. Son niveau d’habileté naturelle est ridiculement élevé.

Sa qualité prédominante est fort probablement ses excellentes mains, le rendant l’une des meilleures options possibles en transport de rondelle. Ce qui en fait un aussi bon manieur de rondelle, c’est que ses talents sont amplifiés par sa grande intelligence hockey, sa confiance ainsi que ses habiletés uniques de patin (plus à ce sujet plus tard). Il adore attirer des joueurs vers lui et ensuite les battre de plusieurs façons ; en ayant donné suffisamment de temps à un coéquipier de venir l’appuyer, avec un brusque changement de direction/vitesse ou avec une feinte. Il joue avec beaucoup de conviction lorsqu’il a la rondelle, lorsqu’il se retrouve en situation d’un contre un avec les défenseurs, il attaque sur une base régulière leur ‘tripod’ (l’aire délimitée entre la base de chaque patin du défenseur ainsi que son bâton). Il excelle pour gagner le territoire ennemi et il peut littéralement créer des chances de marquer à partir de rien. Je l’ai vu à de très maintes reprises parvenir à obtenir une chance de qualité alors qu’il était en situation d’un contre trois. Contrairement à d’autres joueurs du même moule, lorsque Neuchev réalise des jeux spectaculaires de la sorte, ce sont généralement aussi des jeux qui apportent beaucoup de substance et qui ne sont pas dépourvus de pertinence. Comme mentionné, c’est très souvent pour pouvoir éliminer un joueur afin d’ouvrir plus de glace pour ses coéquipiers, pour effectuer une entrée de zone malgré une circulation lourde, pour être en mesure de prendre un tir au but malgré une situation inespérée, mais aussi pour rendre une chance de marquer encore plus dangereuse. Exemple, lors de deux contre un, il va faire coucher le défenseur tout en coupant dans le centre de la glace pour améliorer son angle de tir ou lors de situation d’un contre un, il va déjouer le défenseur pour se retrouver seul avec le gardien. Il est également très efficace dans de tels scénarios pour gagner position sur le défenseur en penchant son épaule avant de rentrer au filet. Pour rajouter, non seulement Neuchev réalise de superbes jeux qu’il a planifiés d’avance, il a également l’acuité d’esprit et le talent pour réajuster sa stratégie dans le vif du moment.  Il y a bon nombre de joueurs intelligents qui savent d’emblée ce qu’ils vont faire avec la rondelle, mais peu d’entre eux peuvent s’adapter comme le fait Neuchev. Si exemple un défenseur réagit en conséquence d’un indice dans son non-verbal qu’il l’aurait trahi, exemple, regarder par-dessus son épaule avant de faire une passe sans regarder, il est tellement à conscient de ce qu’il l’entoure et il est constamment entrain de traiter l’information ce qui lui permet de s’adapter en temps réel à ce qui se présente devant lui.

Ses talents de fabricants de jeux sont également d’un très haut niveau. Surtout lors des avantages numériques où je l’ai vu réaliser des passes soulevées hallucinantes au travers la boîte défensive.    

Neuchev est un tireur particulier à plusieurs égards. Il possède un très bon tir des poignets qui est d’autant plus dangereux par son habileté à exploiter chaque pouce de glace qu’on lui offre, surtout lors des avantages numériques. Il reconnaît très rapidement les failles dans la couverture défensive de l’ennemi et les exploite à son mieux. Un nombre important de ses buts sont survenus suite à des tirs dans la partie supérieure alors qu’il n’y avait pratiquement pas d’espace. Tout comme son maniement de rondelle et ses talents de passeurs, les habiletés de tireur de Neuchev viennent avec un élément ‘deceptive’ (trompeur) important. Il peut prendre des tirs en ne donnant aucun indice aux gardiens alors que ses épaules et ses hanches ne sont même pas orientées vers le filet. Un aspect de son tir qui le rend unique est la façon qu’il a de changer ses angles de tir. La grande majorité du temps, les joueurs qui sont habiles dans cette nuance du jeu vont le faire en utilisant un ‘drag’ et en ramenant la rondelle plus près de leur corps. Bien qu’en mesure de le faire, Neuchev va très souvent changer ses angles vers l’extérieur plutôt que vers l’intérieur. Il va faire mordre le défenseur vers l’intérieur pour ensuite prendre l’espace qui lui est offert à l’extérieur et va tirer en appui d’une seule jambe.

Un très bon tireur en ce qui me concerne. Il y a eu au cours de la saison, une séquence de quelques matchs que j’ai vus de Neuchev où plus rien n’allait avec son tir. Soudainement il semblait faible et son synchronisme était ‘off’ sur ses lancers sur réception. Je me demandais si je ne m’étais pas complètement trompé dans mon évaluation initiale. Cependant, peu de temps après, toutes craintes se sont dissipées. Je crois que la raison aurait pu être quelque chose d’aussi banal que le fait qu’il aurait expérimenté avec une longueur, un flex ou une courbure différente sur son bâton. C’est très rare de voir des inconstances dans quelque chose comme le tir d’un joueur pendant la saison. C’est de quoi de plutôt usuel pendant une aussi longue saison d’en parvenir à ce genre de questionnement sur le patin d’un joueur, mais comme je le fais parfois dans de tels scénarios, il est aussi possible que Neuchev était aux prises avec une blessure mineure qui nuisait à sa mécanique de lancer.

À l’image de son tir, ses habiletés de patin sont uniques. Mais pas nécessairement, car elles s’élèvent au-dessus de la masse. Neuchev demeure un bon patineur et il est plus rapide qu’il ne le semble à priori. Il pousse toujours le tempo du match et même s’il ne va pas nécessairement déborder les défenseurs sur une base constance, il arrive avec assez de vitesse et ses mains représentent une menace suffisante pour faire reculer les défenseurs. Il possède également un ‘moteur’ qui ne cesse jamais, étant toujours en mouvement sur la glace, tant pour se replier défensivement que pour perturber le porteur de la rondelle de l’équipe adverse en zone offensive et en zone neutre. Ce qui rend Neuchev si unique comme patineur est son incroyable équilibre sur glace et sa façon d’utiliser ses ‘edges’ et de pouvoir virailler sur une seule jambe. Sa façon d’incorporer ces mouvements où il tourne son dos à son poursuivant tout en conservant sa vitesse et qu’il continue de s’ajuster à la couverture défensive en changeant constamment sa position corporelle le rend insaisissable sur la glace. Surtout lorsque combiné avec son maniement de rondelle et le fait qu’il garde toujours la tête haute et qu’il peut faire une passe sublime à tout moment. C’est la première fois que je vois un joueur utiliser la méthode ’10-2’ de cette façon. Généralement, les joueurs le font en faisant face à leur couvreur, comme on peut le voir ici :

Neuchev le fait faisant dos à ses adversaires mais arrive tout de même à gagner position sur eux vers l’intérieur.  

Son jeu en avantage numérique est hallucinant. L’un des meilleurs du repêchage. C’est incroyable de voir à quel point il contrôle le jeu, on jurerait le voir déplacer chaque pièce de son échiquier comme bon lui semble. Ses talents de passeur et de marqueur sont à leur meilleur lors de ces situations.

Il possède une très bonne éthique de travail, ne ratera jamais un repli défensif et je l’ai vu à l’occasion se jeter devant des lancers.

Dans les aspects qui sont moins reluisants, Neuchev est présentement listé à 6’2 mais ça ne pourrait pas être plus loin de la réalité. À l’œil, il est au gros maximum 5’11. Et c’est peut-être même un peu généreux.

Il n’évolue pas pour une puissance en Russie et c’est arrivé à quelques occasions dans l’année en MHL où son langage corporel laissait à désirer, démontrant des signes de frustrations notoires. Il est si peu entouré qu’il est régulièrement employé près de 30 minutes par match.

Ce qui fait changement du peu de matchs qu’il a joué en VHL là où il n’était utilisé que sporadiquement. C’est dommage car j’aurais aimé le voir dans un calibre supérieur. Avec peu de temps jeu, la seule chose qui était observable était le fait qu’il se repliait défensivement et gagnait des courses pour les rondelles libres. J’aurais adoré le voir au tournoi WJAC sur une glace de dimension nord-américaine mais ce tournoi fut une fois de plus annulé en raison de la Covid-19. Somme toute, je considère quand même que le jeu dans la MHL représente un moins gros obstacle dans la projection des joueurs que le jeu dans la ligue des moins de 20 ans en Suède ou en Finlande. Le jeu y est plus structuré et y es également plus collectif. Mine de rien, le calibre de cette ligue s’est beaucoup amélioré au fil des dernières saisons. Neuchev est un ‘late’ aussi, ayant évolué la majeure partie de la saison à 18 ans.

Il représente un autre joueur que je ne prendrais pas au rang où il apparaît sur ma liste. Je ne suis pas un très grand fan du mot ‘vol’ qui est lancé allègrement lors de la 2e journée de repêchage, mais Neuchev a réellement, selon moi, le potentiel d’être un vol à la fin de la 2e ronde ou au début de la 3e ronde.

  • 25. Calle Odelius

Défenseur gaucher de 6’0, Odelius est l’un de mes favoris depuis le tout début de la saison.

Ce n’est pas un défenseur offrant un potentiel très élevé, mais du moment que je l’ai vu, j’ai toujours soupçonné que ses instincts offensifs étaient latents et qu’ils ont matières à se développer.

C’est d’ailleurs quelque chose que j’ai pu constater au fil de la saison et ce fut fascinant. La progression fut constante et on pouvait le voir clairement ajouter un outil après l’autre à son arsenal offensif dormant.

Pour mieux témoigner de ce cheminement, passons en revue sa saison en ordre chronologique.

C’est en s’alignant pour la Suède au Hlinka que j’ai découvert Odelius.

Au-delà du fait que j’anticipais un développement dans l’aspect offensif, il y a d’autres raisons pourquoi j’avais ce joueur-là en si haute estime. Son jeu défensif est déjà à point et il possède des qualités qui s’élèvent à des niveaux remarquables.

En effet, ses couvertures dans sa zone sont excellentes. Il garde un excellent ‘gap-control’, qui est la distance qu’il garde avec son bâton de son adversaire. Dans la même ligne de pensée, son jeu en désavantage numérique est sans bavure, il ne donne rien à l’adversaire sans n’avoir à se compromettre, il nettoie bien le devant de son filet aussi.

Il est aussi un très bon patineur du reculon, ne se faisant jamais prendre à dépourvu.

Ce qui m’impressionnait le plus de lui cependant était le calme et le sang-froid qu’il avait avec la rondelle dans la zone défensive et en zone neutre ainsi que ses relances. Ce ne sont pas les principales qualités auxquelles on va s’attarder en premier lorsqu’on cherche à faire la promotion d’un joueur, mais Odelius figure parmi l’élite des défenseurs des dernières années dans ces catégories.

Il ne semble jamais accablé par la panique. Aidé par un bon maniement de rondelle et une très belle mobilité, Odelius arrive à se défaire des joueurs en échec-avant d’une facilité déconcertante. Ces trois qualités ainsi qu’une intelligence hockey supérieure à la moyenne l’aide à rapidement identifier les zones sans dangers lorsqu’on lui met de la pression et il peut par la suite y parvenir grâce aux qualités susmentionnées.

Dans ces scénarios, il va souvent attirer des joueurs vers lui pour libérer de l’espace pour son partenaire et va ensuite lui remettre la rondelle sans que celui-ci n’ait à composer avec la pression adverse. Même avec un joueur sur le dos il peut patiner et manœuvrer comme bon lui semble sans jamais se résigner à dégager la rondelle.

Ces attributs accentuent d’autant plus les qualités de récupération de rondelle d’Odelius. Déjà que cela figure parmi ses forces, maintenant que la rondelle est en sa possession, les chances qu’elle retourne à l’adversaire sont très minces.

On peut observer le même phénomène en zone neutre où il peut calmement attirer un joueur sur lui avant d’effectuer une passe courte et simple et s’assurer que son équipe puisse effectuer une entrée de zone en contrôle.

Une autre facette de son jeu que je trouve sensationnelle est son habileté à sortir de sa zone, en grande partie par ce qui vient d’être expliqué, mais aussi par ses relances de qualité supérieure. Rarement j’ai vu un espoir pouvant effectuer des longues passes comme il le fait. La plupart des espoirs des dernières années que j’ai vu ayant recours à ce genre de passes n’avaient définitivement pas le même taux de succès que lui et encore moins la capacité de le faire sur une base constante. J’ai rarement été aussi impressionné par cet aspect du jeu chez un joueur qu’avec lui.

C’est d’ailleurs pour ces raisons que je croyais fermement qu’il se cachait un potentiel offensif en lui ; il est tout simplement trop intelligent sur la glace et c’est un excellent passeur dans la zone défensive et dans la zone neutre. En plus il identifie toujours la meilleure option de passe possible et s’il n’y en a pas, il peut retarder le jeu, attirer un joueur et s’ouvrir des options ainsi.

Lors de ce tournoi, Odelius avait montré quelques flashs en transport de rondelle. Il avait aussi démontré en zone offensive le même calme avec la rondelle qu’en zone défensive et en zone neutre. Il pouvait patrouiller la ligne bleue et faire déplacer ses adversaires.

Cependant, il y avait certaines limites à son jeu offensif. Comme exemple, lors de ses relances, il avait souvent l’habitude de demeurer en retrait plutôt que de poursuivre le jeu et de se présenter comme option en 2e vague.

Lorsqu’il transportait la rondelle, bien qu’efficace, il ne semblait pas démontrer les instincts offensifs pour poursuit sa percée jusqu’au bout, se contentant souvent d’un tir de loin peu menaçant.

Quand son équipe était installée en zone offensive, très rarement il s’avançait dans le jeu pour créer de la confusion dans la structure l’équipe adverse.

Maintenant rendu en saison régulière, Odelius a commencé à ajouter des couches à son offensive tout au long de la saison.

La première chose que j’ai constatée est qu’il a commencé à sauter dans l’attaque après avoir effectué un jeu.

Un exemple de ceci s’est déroulé lors d’un avantage numérique. Toujours habité par le même sang-froid, Odelius s’est emparé d’une rondelle rejetée en zone neutre. Ayant un joueur qui fonçait sur lui, plutôt que de rejeter dans la zone de l’ennemi, Odelius est patiemment revenu dans sa propre zone en contrôle du disque, en attirant le joueur sur lui. Il a attendu qu’un de ses coéquipiers lui viennent en soutien, lui a remit la rondelle d’une passe soulevée parfaite et a tout de suite explosé vers l’avant pour un ‘give-n-go’, éliminant du coup même le joueur adverse et cela s’est résulté en une entrée de territoire à 5 contre 3.

Ensuite il a bâti sur sa capacité à patrouiller la ligne bleue en zone offensive et a montré des progrès. Il s’est mis à être plus assertif et à prendre la glace qui s’offrait à lui et à descendre jusqu’au haut des cercles pour prendre des tirs.

La vision et l’intelligence que j’avais notées dans ses choix de passes ainsi que dans leur exécution à commencer à se transposer en zone offensive. De plus, il parvenait à vendre ses intentions efficacement et à tromper ses adversaires. Il ne s’est jamais montré victime de passes télégraphiées.

Il a ensuite commencé à se tenir plus haut en zone neutre et à ne rien concéder à l’adversaire. C’est d’ailleurs dans ces circonstances que je me suis aperçu de son sens de l’anticipation, là où il a lu à merveille la relance de l’équipe adverse et a intercepté de nombreuses passes.

Même s’il ne possède pas un tir dangereux, ce fut quand même une surprise agréable de le voir débuter à prendre plus de tirs. Exemple, des tirs sur réception ce que je ne l’avais pas vu faire au Hlinka. Tout comme ses passes, sa sélection de tir est toujours très intelligente. Il attend souvent qu’il y ait du trafic devant le filet et tir bas pour viser une déviation ou un retour.

Son jeu en transport de rondelle a pris une grosse coche et il démontre maintenant la capacité de faire face à plusieurs joueurs devant lui et se frayer un chemin au travers d’eux, contrairement au Hlinka où on le voyait n’éliminer que la première couche.

Cette nouvelle confiance pouvait également se voir en zone offensive où il a ajouté un élément supplémentaire de ‘deceptiveness’ (tromperie) en utilisant des feintes subtiles avec des mouvements de tête et d’épaule.

Et finalement, il s’est mis à descendre beaucoup plus bas en zone offensive alors que son équipe est en possession pour se montrer comme option de passe.

Sa production offensive dans la ligue des moins de 20 ans en Suède est un peu gonflée par la qualité de son équipe et ne devrait pas vraiment être utilisée comme baromètre de la projection que l’on fait de lui à ce niveau, mais c’est tout de même quelque chose d’encourageant.

À 6’00, il a un gabarit correct sans plus pour un défenseur. Il ne préconise pas nécessairement le jeu physique, quoiqu’il aimait bien jouer du bâton et donner des doubles-échec après les sifflets lors du Hlinka.

Toutefois, je soupçonne le joueur d’être relativement ‘coffré’ au haut du corps car à plusieurs reprises j’ai vu des joueurs initier un contact sur lui et finalement se retrouver par terre. Ce qu’on appelle dans le jargon, un ‘Reverse-hit’.

Rappelé par moment en SHL, Odelius s’est montré convaincant en dépit de temps de jeu limité. Son ‘pace’ ou la vitesse à laquelle il effectue ses jeux ne s’étaient jamais montrés comme un doute en ce qui me concerne, mais le voir être tout aussi efficace dans cette ligue qu’il ne l’est au niveau junior fut quelque chose qui m’a rassuré et qui a continué de me vendre sur le joueur. Son jeu en défensive fut très bon et il a fait plusieurs excellentes interventions avec son bâton.

Je vois Odelius comme un excellent défenseur numéro 5 qui pourrait dans le meilleur des scénarios devenir un numéro 4. Je ne place pas vraiment d’attente à le voir évoluer en avantage numérique dans la LNH un jour mais son intelligence et ses talents de passeurs vont faire de lui un joueur très efficace à 5 contre 5. Il pourra aussi occuper un rôle important sur le désavantage numérique de sa formation. Il est l’un des meilleurs défenseurs défensifs du repêchage en ce qui me concerne.

  • 26. Artyom Duda

Artyom Duda est un défenseur russe gaucher de 6’1. Il a été le pilier à la défense du meilleur club de la MHL (circuit junior russe), Krasnaya Armiya Moskva, qui a remporté les grands honneurs. N’eut été du manque d’exposition de ce joueur dans les compétitions internationales, il se serait mérité beaucoup plus d’attention. Il n’est pas le genre de joueur qui va rapidement capter l’attention des gens, mais lorsqu’on lui porte une attention particulière, on peut rapidement y voir un joueur qui a un style de jeu qui se prête à merveille chez les Pros.

Duda est, à mon humble avis, le meilleur défenseur défensif de tout le repêchage.  Si j’avais à appuyer cette affirmation à l’aide de deux qualités prédominantes dans le jeu de Duda, je dirais que c’est son intelligence sur la glace et son coup de patin qui parviennent à lui proliférer un tel statut. Il est une présence tellement rassurante pour son entraîneur et ses coéquipiers lorsqu’il est sur la glace, je n’ai pas souvenir l’avoir vu concéder des situations de surnombre, commettre des revirements coûteux ou placer un coéquipier dans une situation périlleuse en raison d’une mauvaise lecture de jeu et d’une mauvaise passe qui s’en suit. Son positionnement défensif est excellent, étant toujours placé de sorte à ne pas se faire battre et à pouvoir couper des lignes de passes à l’aide de son bâton. Il aligne son corps face aux attaquants de sorte à être prêt à palier à toute éventualité. Son ‘Gap-Control’ qui réfère à la distance qu’il conserve avec le porteur de la rondelle est toujours bien contrôlé. C’est dans les petits détails que l’on observe son intelligence, exemple, lorsqu’un dégage la rondelle dans la zone défensive et part pour la récupérer, Duda trouve le moyen de lui bloquer le chemin, sans causer d’obstruction, simplement en se mettant devant lui, mais sans joueur le corps. Si le joueur cherche à le battre avec des mouvements d’épaules et de tête pour lui vendre une mauvaise route, Duda a le jeu de pieds pour pouvoir le suivre, même lorsqu’il patine de reculons. C’est d’ailleurs ce qui m’amène à vous parler de l’autre qualité qui élève le défenseur russe à ce statut.

Duda possède un excellent coup de patin, qui, à l’image du reste de son jeu, nécessite une attention de plus près pour s’apercevoir d’une qualité qui s’avère relativement haute face à ses pairs. Si j’avais décrire son coup de patin en un seul mot, je dirais : efficace. Mécaniquement parlant, sa technique de patin est sans faille et pourrait facilement être utilisée comme point de comparaison pour tout bon patineur. Duda va chercher une pleine extension à la hanche, maximisant l’apport de son complexe fessier et il pousse assez large sur les côtés pour avoir une grande surface de contact de sa lame de patin sur la glace pour optimiser ses poussées,  cela lui permet également de ramener rapidement ses patins à l’intérieur de sa base de support et conserver un bon équilibre. Ses épaules demeurent toujours parfaitement alignées avec ses patins, faisant signe d’une inclinaison optimale au tronc, toujours dans l’optique de conserver un bon équilibre.  Plus concrètement, Duda possède une très bonne Vitesse de pointe, et ce, avec une cadence tout de même basse, il génère beaucoup de puissance à chacune de ses enjambées. Cela lui donne la possibilité de suivre de très bons patineurs lors de repli défensif et sans que cela ait l’air difficile pour lui. Il ne semble jamais en panique. Sa Vitesse et son calme s’observent aussi lorsqu’il récupère des rondelles libres dans son territoire.

Offensivement, on ne le voit pas beaucoup transporter la rondelle, puisqu’il opte souvent pour une relance par la passe (endroit où il démontre aussi une efficacité de haut niveau, sans faire d’artifices), alors il est difficile de dénoter des éléments de ‘tromperie’ avec son coup de patin, mais lorsqu’il est à la ligne bleue offensive, on peut le voir générer beaucoup de puissance dans ses déplacements latéraux pour se défaire, sans grande difficulté, d’un attaquant qui fonce sur lui.

Offensivement, Duda a récolté 41 pts en 52 matchs, lui conférant le 2e rang chez les défenseurs du circuit. Pour l’avoir observé dans différents contextes (tournoi international en décembre), il est clair pour moi que s’il avait évolué dans un circuit différent (exemple, en sol canadien dans la LCH) les habiletés offensives de Duda auraient plus ressorti et son nom aurait ressorti beaucoup plus souvent chez les dépisteurs publics cette saison (cette hypothèse est également appuyée par le fait qu’il préconise un style de jeu plutôt nord-américain). Le système de jeu adopté par son équipe le menotte quelque peu et l’empêche de démontrer l’étendue de son savoir-faire. Lors d’un tournoi international en décembre, on le voyait beaucoup plus audacieux avec la rondelle alors qu’il y allait d’impressionnantes percées et de belles feintes. Ceci étant dit, son jeu en MHL n’est clairement pas dénudé de tout flashs offensif.

À l’instar, de son jeu défensif, c’est l’intelligence hockey de Duda qui est à l’avant-plan de sa contribution offensive. Il reconnait très bien les situations où il peut permuter avec un attaquant et aller se placer devant le filet adverse, il repère très bien les espaces libres qui s’offrent à lui pour sauter dans le jeu.

Pour un joueur qui ne possède pas de qualité offensive prépondérante, Duda affiche une très belle confiance avec la rondelle ; il démontre une bonne vision de jeu et il défie son opposition lorsqu’il est en possession du disque, la regardant droit dans les yeux. Il peut utiliser la largeur de la zone offensive grâce à son puissant coup de patin.

Il possède un très bon tir des poignets, lourd et précis. Il les garde généralement à une hauteur qui est très difficile pour les gardiens à arrêter, c’est-à-dire, pas plus d’un pied au-dessus de la glace, juste au-dessus de la jambière, mais en dessous du bouclier ou du gant. Il démontre certains signes de tromperies alors qu’il va décocher ce stirs tout en gardant le regard rive sur un coéquipier en option de passe. En provenance de la ligne bleue, ce n’est pas tant le gardien qui va être induit en erreur, mais plutôt les attaquants et les défenseurs adverses, ce qui va ouvrir des lignes de tir. Si le gardien a la vue voilée, cela déviant rapidement des tirs dangereux.

Quelque chose qui ressort beaucoup dans son jeu offensif et qui passe sous le silence est qu’il trouve constamment le moyen d’amener la rondelle vers le centre de la zone offensive. Aidé par la puissance qu’il génère latéralement avec son coup de patin (comme susmentionné plus haut), il va se diriger vers cet endroit pour décocher ses tirs.

Toutefois, pour réaliser ce genre de jeu, Duda a besoin d’une bonne paire de mains. C’est dans cette sélection de jeu que l’on observe la plus grande qualité de son maniement de rondelle qui est : son seuil de panique. Il ne démord pas face à la pression d’un attaquant adverse. Il peut recevoir des rondelles difficiles à la ligne bleue où il doit réceptionner de son revers alors qu’un adversaire fonce sur lui et il trouve le moyen de ramener la rondelle sur son coup droit et de le feinter. Il en a été mention à quelques reprises, mais lors d’un certain tournoi je l’ai vu faire preuve d’une plus grande audace avec la rondelle et faire des montées d’un bout à l’autre tout en se passant la rondelle entre les patins face à un adversaire. Je ne crois pas qu’il se cache en lui un défenseur ayant l’offensive pour être un grand producteur de points au prochain niveau, mais clairement, il y a beaucoup plus de talent en lui qu’on serait porté de le croire à première écoute.

Personnellement, je vois en lui un joueur qui a le potentiel de s’établir en LNH, quitte à ce que ce soit comme 4e ou 5e défenseur. Il peut possiblement défendre face aux meilleurs éléments offensifs de l’autre côté et il a le calme avec la rondelle et des habiletés offensives qui passent sous le radar pour lui permettre de tirer son épingle du jeu alors qu’ils évoluent dans des situations offensives. La situation en provenance de Russie nous place dans l’inconnu à savoir où il sera sélectionné au repêchage, mais je ne serais pas surpris d’apprendre que plusieurs formations l’ont relativement haut sur leur liste.

  • 27. Brad Lambert

Grand centre droitier, ce finlandais a vu son étoile pâlir au cours de la dernière saison. Évoluant en Europe et ayant disputé des matchs dans le circuit professionnel dès ses 15 ans, Lambert fut le cas typique du joueur qui s’est vu apposer une étiquette d’un joueur qui n’avait rien à voir avec ce qu’il est vraiment. Bien que talentueux et prometteurs, les gens ont fait de lui un espoir de calibre top-3 seulement, car il s’est fait connaître avant ses comparses.  Déjà l’an dernier, on pouvait voir qu’il n’était pas un joueur dominant face à son groupe d’âge.

Quels sont les raisons pour lesquelles Lambert fut élevé à ce rang si tôt ? Il y a le fait, comme j’ai dit, qu’il est apparu sur la carte il y a déjà de cela 3 ans et lorsqu’un joueur d’un bon gabarit patine comme il le fait dans une ligue d’homme, ça attire l’attention.

Qu’en est-il du joueur maintenant ? Détrompez-vous, je ne suis pas un détracteur de Lambert. Je l’apprécie beaucoup pour ce qu’il est, seulement que mon évaluation diffère de celle des autres.

Lambert est probablement, à mes yeux du moins, le meilleur patineur de tout le repêchage. Sa base de patin est large et il génère énormément de puissance à chaque enjambée. Il est l’un de ses rares joueurs qui peuvent créer de la séparation avec ses adversaires très rapidement. Pour agrémenter le tout, il a un excellent ‘moteur’ et une très bonne éthique de travail, demeurant toujours en mouvement.

L’endroit où l’on peut le mieux apprécier le patin de Lambert, cela dit, est lors de son jeu de transition, tout particulièrement pour ce qui est des entrées de zone offensive. Il est l’un des joueurs les plus dominants que j’ai vu dans cette facette au fil des dernières années, étant tout simplement monstrueux lors de certains matchs. En plus d’avoir un incroyable coup de patin et d’assez bonnes mains, il a un bon sang-froid, demeurant en contrôle lorsqu’on lui met de la pression. Il parvient également à bien identifier les corridors pour transporter la rondelle, ne cherchant pas nécessairement à se faire un chemin à travers plusieurs joueurs, préférant plutôt rentrer par les ailes. Le problème est que toutes ces entrées de zone ne menaient pratiquement jamais à quelque chose de concret en offensive.

Son jeu défensif fait bonne figure également. Il se replie toujours lors de ses présences sur la glace et son positionnement dans sa propre zone est plus qu’adéquat. Cependant, ce n’est pas un jeu défensif élite non plus. Il n’est pas un centre typique qui va neutraliser les meilleurs éléments adverses, il n’est pas nécessairement un centre qui est difficile à affronter, n’est pas un joueur qui va constamment soutirer la rondelle aux adversaires et il n’a pas montré beaucoup d’anticipation interceptant des jeux pour lancer une contre-offensive.

Il présente tout de même des qualités alléchantes et qui se transposent bien à la LNH. Pour un joueur qui s’est vu descendre de beaucoup dans les classements pour le repêchage, Lambert, contrairement à bien des cas similaires des dernières saisons, n’a pas vraiment de drapeaux rouges dans son jeu, c’est seulement qu’il n’a pas un gros potentiel offensif.

Pour commencer, son tir n’est clairement pas une menace. Ce n’est pas qu’il est si faible que ça, c’est tout simplement que Lambert n’est pas en mesure de l’utiliser. Les deux thèmes les plus récurrents dans mes notes sur le joueur tout au long de la saison étaient ; sa capacité à gagner la zone offensive et ses lancers qui ne se rendaient jamais au filet. Il n’y a pas d’élément ‘trompeur’ dans son tir et les défenseurs ont toujours tout le temps du monde pour s’ajuster et les faire dévier dans le filet protecteur. Sa ‘release’ n’est pas particulièrement vive et il ne cache jamais ses intentions, exemple, en leurrant un défenseur avec une option de passe disponible sur la glace. Il a aussi beaucoup de difficulté à repérer les bonnes lignes de tirs et demeure prévisible dans son approche. Plusieurs joueurs parviennent à dominer un niveau inférieur (AHL) et lorsqu’ils arrivent en LNH, ils ne sont plus en mesure de produire, car ils leur manquent une petite fraction de seconde dans leur jeu. C’est difficile de projeter que Lambert pourra effectuer suffisamment de progrès à ce niveau alors qu’il a déjà énormément de difficulté à exécuter rapidement dans la Liiga…..

Ses talents de fabricants de jeux sont également plutôt ordinaires en ce qui me concerne. Là aussi, comme son tir, il est assez prévisible dans ses approches et n’a pas énormément de variété dans ses jeux. Cependant, je ne remets pas tant en doute sa vision, car je l’ai vu faire d’assez solides passes lors des avantages numériques.    

La raison pour laquelle je ne considère pas que Lambert comme joueur offensif de haute qualité est que je ne perçois pas son intelligence hockey comme étant très bonne. Il joue pas mal toujours qu’à une seule vitesse et il ne semble pas en mesure de bien repérer ses options lorsqu’il joue à ce rythme. Ses approches sont, pour la plupart, linéaires. Il ne provoque pas de confusion dans la défensive adverse en effectuant des changements de direction et en attaquant le centre. Le problème est qu’il n’est également pas efficace à changer de rythme. Il est un peu ce qu’on appelle un joueur d’une seule vitesse. Son jeu offensif ne contient pas beaucoup d’éléments ‘deceptive’ et n’est pas un joueur qui va créer des chances de marquer pour ses ailiers. D’ailleurs, son entraîneur ne l’utilisait pas sur l’un des deux cercles lors des avantages numériques pour la majeure partie de la saison. Cependant, j’aimais tout de même son jeu en ces situations. Il maraudait activement dans la zone offensive et offrait un excellent support à ses coéquipiers.

Lorsque je regarde un espoir, il y a toujours deux questions que je me pose : Est-ce que ses jeux/qualités peuvent se transposer dans la LNH ? Et, est-ce que ces jeux peuvent être reproduits par ses pairs de son repêchage ? Et si oui, par combien d’entres eux ? Bien que possédant des aspects de son jeu qui permettent d’en faire de lui un joueur ayant une certaine utilité dans la LNH, pour ce qui est de son jeu offensif je ne suis pas en mesure d’affirmer qu’il a des qualités que les autres n’ont pas et qui lui permettent de s’élever au-dessus de la moyenne.

Pour revenir sur une note plus positive, il y a quelque chose que j’ai beaucoup aimé de Lambert et cela mérite d’être souligné. Pendant la saison on a pu le voir prendre conscience des limites dans son jeu avec lesquelles il doit œuvrer et plutôt que de s’accrocher à son statut de haut choix potentiel au repêchage et tenter des choses qui ne fonctionnent pas (ou qui ne sont pas dans son arsenal), comme, tenter d’être créatif sur la patinoire et effectuer des passes à la remorque derrière lui entre ses jambes et etc (ce qu’il faisait en début de saison) il a commencé à comprendre comment il peut devenir un joueur efficace à l’intérieur des cartes qui lui sont attribuées. Il ne sera jamais un grand fabricant de jeux, mais il a commencé à comprendre comment qu’il peut travailler dans le cadre de ses limites. Lors de ses entrées de zone, plutôt que de chercher à repérer un coéquipier à l’entrée de zone ou de s’installer en territoire (ce qu’il avait de la difficulté à faire, car il a de la difficulté à tempérer son jeu et à repérer les bonnes options), Lambert a commencé se rendre très rapidement vers le derrière du filet, laissant la rondelle dans la peinture réservée au gardien et laisser ses coéquipiers attaquer la rondelle libre. Un espoir qui était très efficace pour réaliser ce genre de jeux était Alex Turcotte en 2019. Pour ça il faut lui rendre beaucoup de crédit. S’il peut continuer à faire ce genre de constat et ajuster son jeu et ses approches, on pourrait voir quelque chose de prometteur avec une identité renouvelée.

Personnellement, je le vois plus comme joueur de 3e trio. Son jeu en transition est très impressionnant et c’est fatidique dans le hockey d’aujourd’hui pour s’assurer de la possession de la rondelle. C’est loin d’être un désaveu envers le joueur. Il est clair pour moi qu’il n’a pas ce qu’il faut pour être la principale pièce d’un trio sur un top-6, mais tout dépendant de la formation pour laquelle il évoluera, il est quand même possible que les qualités qui lui sont uniques soient perçu comme un besoin sur l’un des deux premiers trios pour l’aspect complémentarité (transport de rondelle, support à ses coéquipiers le long des bandes, travail derrière le filet, etc.), ce qui n’est pas impossible.

En vertu du rang où je le classe, est-ce que je déteste le joueur ? Absolument pas. J’aime Lambert pour ce qu’il est et dans les aspects où il est utile. Le plus tôt on se sort de la tête l’idée où il était supposé être un choix top 3 et un pilier d’une reconstruction et que c’est plutôt un joueur complémentaire de milieu d’alignement, c’est un joueur que j’apprécie.

  • 28. Joakim Kemell

Ailier électrisant provenant de la Finlande, il ne va pas sans dire que Kemell fut polarisant cette saison. La controverse adhère facilement à des joueurs taillés de ce moule. Personnellement, je n’ai jamais eu Kemell dans mon top-10 et bien que je pouvais voir les arguments en faveur du joueur, toute conversation le plaçant dans le top 3 n’a jamais été prise aux sérieuses.

Les qualités de Kemell sont indéniables et lorsqu’il tire profit de celles-ci, il capte l’attention de tout le monde.

Celle qui vient en tête de liste est sans contredit son lancer. Son tir sur réception est d’une violence n’ayant pas d’égale dans cette cuvée. Son lancer des poignets est également phénoménal. Il est à son plus dangereux à l’intérieur du cercle gauche (étant droitier il est en mesure de tirer sur réception), tout particulièrement lors des avantages numériques. Son tir des poignets est particulièrement difficile à lire alors que la rondelle semble effectuer un mouvement de translation sur sa lame de bâton avant de quitter celle-ci, se dirigeant souvent dans la lucarne de la partie rapprochée.

Bien que parmi l’élite de cette cuvée dans ce département, Kemell doit composer avec des facteurs limitants à cet égard. La première serait qu’il est loin d’être aussi menaçant à forces égales que sur les unités spéciales. Beaucoup de ce phénomène est affecté par son (manque d’) intelligence sur la glace et une certaine inaptitude à lire les jeux adéquatement. À 5 contre 5, il a de la difficulté à tempérer son jeu et a de la difficulté à reconnaître les bonnes routes à choisir avec la rondelle, optant généralement pour la périphérie et jouant de manière individuelle, il perd très souvent la rondelle. Sans celle-ci, il se dirige souvent au filet, ce qui est loin d’être une mauvaise chose, mais ça amenuise sa plus grande force et le reste de son jeu ne compense pas pour justifier une si haute sélection s’il ne peut pas être un dangereux marqueur à égalités numériques. Beaucoup de bons tireurs ont comme faiblesse de faire preuve d’une mauvaise sélection de tir, lançant de partout, de trop loin et sans écran, exemple Alexander Holtz et Dylan Guenther lors des deux derniers repêchages. Kemell montre des signes de ce défaut à l’occasion, mais bien souvent, il n’a même pas le temps de prendre un tir, car il effectue un revirement avant.

Même lors des avantages numériques, il n’amène pas beaucoup de diversité dans son jeu, le rendant prévisible et amoindrissant son efficacité. Pour un joueur qui repose beaucoup trop à mon goût sur une seule qualité, Kemell a montré des lacunes au niveau de sa coordination sur ses tirs sur réception pendant la saison, bien plus qu’il ne peut se le permettre, fendant l’air à plusieurs reprises.

Il possède une excellente paire de mains, démontrant un contrôle de rondelle de très haut niveau. Optant pour un bâton relativement très court, c’est probablement l’une des raisons pourquoi son synchronisme sur certains de ses tirs fait défauts. Il ne manque certainement pas d’audace, tentant des tirs et même des passes le bâton entre les jambes.

Son coup de patin est autant électrisant que son maniement de rondelle, étant l’un des plus rapides de ce repêchage.

Un aspect de son jeu qu’on ne peut pas lui reprocher et que bien des gens semblent ignorer est que Kemell préconise un style de jeu très physique. Il n’y a pas une mise en échec sur laquelle il va lever le nez, capitalisant sur chaque opportunité de frapper un adversaire. C’est même quelque chose qu’il recherche activement sur la glace, parcourant de grandes distances pour aller frapper un joueur. Il applique de très bonnes mises en échec, et ce, à plus d’un égard. Premièrement, l’impact de ses coups d’épaules sont très solides et dans les avants de cette cuvée, j’ai seulement vu Geekie, Gaucher et Gauthier délivrer de meilleures mises en échec. Je dirais même que Kemell fut beaucoup plus constant que Gauthier (6’2) à cet égard lors de la saison, ce qui n’est pas peu dire. Je l’ai même vu y aller de superbes mises en échec de la hanche alors, qu’évoluant à la pointe en avantage numérique, il devait se replier comme un défenseur.

Deuxièmement, ses mises en échec ne sont pas seulement bonnes en termes d’impact, mais aussi en termes d’efficacité. Le but premier demeure de séparer le joueur adverse de la rondelle et Kemell maîtrise très bien cette nuance.

Cependant, malgré que ce soit un élément de son jeu qui est fort appréciable, il en naît quelques interrogations. Kemell n’est pas le plus gros, affichant un gabarit de 5’11 (finalement et officiellement listé à 5’09.5 au Combine) et 176 lbs, il s’expose à certains risques s’il préserve un style aussi abrasif. Il faut aussi contextualiser son style relativement à celui de la ligue dans laquelle il évolue. La Liiga est très peu physique, ce qui lui donne pratiquement le champ libre pour se permettre ce qu’il veut sur la glace. Je crois qu’il y a un certain parallèle que l’on peut établir avec deux joueurs de taille diminutive qui avait ce côté perturbateur sur la glace dans leur ADN. Ozzy Wiesblatt et Ridly Greig (classés respectivement 22e et 23e dans ma liste de 2020). Deux joueurs que j’appréciais beaucoup lors de leur année de repêchage. J’en étais abasourdi de voir à quel point rien ne les effrayait sur la glace et à quel point il pouvait être physique malgré un gabarit moins qu’idéal (listés tous les deux à 5’10, Greig apparaît maintenant à 6’0). La raison qui m’amène à parler de ces joueurs est que les deux évoluaient dans la WHL. J’ai été assez vocal à ce sujet dans les dernières années ; cette ligue a de quoi faire honte à tous les circuits professionnels d’hockey en Europe en ce qui traite de l’aspect physique. Malgré que ce soit une ligue junior, je dis souvent à la blague que c’est une ligue d’hommes. Quand un joueur aime autant frapper et déranger, généralement on va lui rendre la monnaie de sa pièce. Ce fut le cas avec ces deux joueurs. Je les ai vus délivrer certaines des plus grosses mises en échec que j’avais vues cette année-là, mais je les avais également vus être la cible de certaines de celles-ci. Même Cole Sillinger (6’0, très fort physiquement) l’an dernier en USHL recevait de très dures mises en échec en réponse à ses propres coups d’épaules.  On pourrait penser que Kemell est simplement bon pour éviter de se placer dans des positions vulnérables, mais on l’a vu au WJC se faire sonner les cloches par Red Savage. La mise en échec n’était pas dans les règles de l’art, mais on ne parle pas non plus d’un gros joueur en Savage…. (un 5’10 généreux). Lorsqu’il fera le saut en sol nord-américain, il devra composer avec des joueurs bien plus gros cherchant à lui faire payer le prix.

Comme vous pouvez vous en apercevoir, le jeu de Kemell ne m’entiche pas autant que la majorité des observateurs et je n’ai parlé que de ses attributs.

Les critiques incluses aux caractéristiques qui viennent d’être présentées peuvent se corriger somme toute assez facilement. Cependant, on y retrouve beaucoup plus inquiétant dans son jeu.

Une panoplie d’éléments me font remettre en question son intelligence sur la glace.

Le premier point qui figure au sommet de cette liste a été effleuré lors de précédents passages et c’est son égoïsme avec la rondelle sur la glace. Je n’aime pas tomber dans les superlatifs, mais Kemell est l’espoir que j’ai épié se faisant coupable du plus grand nombre de revirements sur la glace que j’ai vue. Et de loin. Je lançais même à la blague cette année qu’il faisait des revirements comme si cela était sa seule source de revenu.  La principale raison est qu’il utilise très mal ses coéquipiers, tant dans la zone offensive (tel que mentionné lors que je parlais de son tir) et également en transport de rondelle en zone neutre. Une autre raison est qu’il reconnaît mal les espaces libres sur la glace. S’il conserve la rondelle, il va très souvent identifier le mauvais corridor et va tenter de passer entre 2 défenseurs ce qui va se résulter en revirement la majorité du temps. Il y a également plusieurs occasions où il pourrait tout simplement rejeter la rondelle dans des endroits libres, exemple en fond de territoire, mais qu’il ne le fait pas. En plus il a le coup de patin ainsi que l’inclinaison à sortir les épaules pour aller lui-même récupérer les rondelles alors cela serait une bonne option de jeu. Ironiquement, les fois où il optait pour une passe à un coéquipier, c’était le mauvais jeu à faire et il aurait été mieux servi de tenter un jeu par lui-même plutôt que de mettre un coéquipier dans une situation difficile. Tout ça me dit qu’il a de la difficulté à bien évaluer ce qui est devant lui. Même lors de surnombres, je l’ai vu choisir la mauvaise option de passe à plusieurs occasions.

Ce qui m’amène au point suivant, Kemell ne semble pas avoir un souci du détail très important. Un nombre immense de ses passes pendant la saison étaient d’une imprécision impardonnable pour un joueur de ce calibre. Ses qualités de fabricant de jeux ne sont pas très élevées. Un aspect qui m’a impressionné à cet égard par contre fut de le voir faire des passes soulevées très hautes et voir la rondelle atterrir directement sur la palette d’un coéquipier.

Mon échantillonnage du joueur est important et pourtant je ne l’ai pratiquement rien vu créer pour ses coéquipiers. Ce fut également très tranquille à 5 contre 5. Même en transport de rondelle, il n’est pas efficace en dépit d’un excellent coup de patin et d’excellentes mains.

Son attitude semble aussi particulière, le voyant claquer la porte en retournant au banc des siens très souvent.

Je reconnais qu’il a beaucoup de talent, mais pour moi, le risque qu’il devienne un flop est trop élevé.

  • 29. Gleb Trikozov

Ailier tirant de la droite, Trikozov est un espoir Russe sur qui mon opinion aura changé drastiquement au fil de la saison, et ce, à plus d’une reprise.

 Les raisons expliquant ces va-et-vient sont multiples. Il aura passé de ‘peut-être un projet pour le milieu du repêchage’ à ‘je n’ai aucun temps à lui consacrer’ à ‘dans mon top-32 et qui sait jusqu’à où il pourra monter’ à ‘en dehors de mon top 32 et je ne sais pas si je serais prêt à le repêcher’ à ‘Ses plus récentes séries me redonnent confiance en lui’.  La progression dont il a fait preuve en première moitié de saison est impossible à ignorer, ajoutons à cela un niveau d’habiletés individuelles élevées et Trikozov a fait un bond fulgurant dans mon classement. Suite à cette lune de miel, j’ai commencé à avoir des questionnements sur son éthique de travail ainsi que sur sa constance. Après d’autres visionnements, ces interrogations ne persistaient pas autant qu’à ma plus grande crainte, mais je me suis cependant aperçu que la domination offensive que j’avais vue de ce joueur plus tôt à l’automne n’était pas aussi prononcée que je ne l’aurais cru. Un trop grand optimisme de ma part ? Ou des matchs face à une opposition plus faible ? Qui sait !

À l’intérieur d’un tournoi Hlinka plutôt discret, Trikozov aura démontré certains flashs de fabricant de jeux suffisants pour piquer une curiosité en moi. Suite à mes visionnements du joueur dans la ligue VHL (l’équivalant de la AHL pour la KHL), j’ai rapidement écarté Trikozov de ma liste de joueur à surveiller cette saison. Sommairement, il n’était pas en mesure de réaliser des jeux à ce niveau, il était clairement qu’un passager sur son trio, ne s’impliquait pas en échec avant et son coup de patin composait plusieurs lacunes. Effectivement, en transport de rondelle il avait une drôle de posture, beaucoup trop à la verticale, l’empêchant d’avoir une extension à la hanche adéquate, ses talons quittaient de beaucoup la glace donnant l’impression qu’il galopait sur la patinoire. Mais plus important encore, la vitesse n’était pas au rendez-vous et il semblait clairement dépassé par ce calibre de jeu.

Quelques semaines passèrent et à ma grande surprise, je constatais que Trikozov était en train de produire à un rythme effréné dans la MHL après s’y être fait rétrograde.

Le changement le plus notable aura été son coup de patin. Jamais je n’aurais anticipé le voir autant de progrès à ce niveau dans une si petite fenêtre de temps. D’un point de vue mécanique, il aura changé sa posture, inclinant le tronc vers l’avant, ce qui offre des répercussions directes sur la puissance qu’il parvient à générer. Ce nouveau gain de vitesse lui permet de déborder des défenseurs au niveau de la MHL. Il aime bien le faire en ralentissant le long de la bande en entrée de territoire, en appâtant un défenseur vers lui et en accélérant par la suite. Pour le moment, je demeure sceptique à le voir répéter ce genre de jeu dans un calibre supérieur, mais les progrès démontrés demeurent encourageants. Après s’être acclimaté à la ligue et à avoir prit connaissance d’à quel point il peut y dominer, Trikozov a commencé à jouer à un rythme un peu trop ‘facile’ et j’aurais aimé le voir challengé un peu plus à cet effet.

 C’est à l’intérieur même de cette amélioration sur son coup de patin que l’on a pu observer une approche totalement différente au jeu de Trikozov. En effet, son niveau d’implication s’est montré beaucoup plus relevé. Il s’est mis à jouer avec combativité, ce qu’on pouvait observer lorsqu’il coupait au filet avec un joueur adverse sur le dos. Globalement, Trikozov jouait avec beaucoup plus d’engagements; on le voyait désormais batailler dans les zones payantes, effectuer de beaux replis défensifs, déployer plus d’effort pour se démarquer dans la zone offensive et montrer un certain intérêt pour utiliser son corps face à ses adversaires.

Un autre changement que j’ai trouvé frappant dans son jeu est la qualité et l’emploi de son tir. Je suis quelqu’un qui n’aime pas particulièrement attitrer des étiquettes aux joueurs, mais dans le cas de Trikozov, il est pratiquement passé d’un exclusif fabricant de jeux à un franc-tireur létal en quelques mois à peine. C’est un phénomène assez rare, mais qui me rappelle un peu le cas de Sasha Pastujov l’an dernier. Son tir des poignets est retentissant et m’a impressionné à maintes reprises. Il est l’un des rares espoirs qui parvient à battre des gardiens de loin, sans même qu’il y ait d’écran devant eux. La vitesse à laquelle il décoche est très vive. Son tir est lourd et donne beaucoup de difficulté à maîtriser pour les gardiens. Ce changement de profil s’est opéré, en partie, grâce à deux prises de conscience dans son jeu. La première a été discutée plus tôt et est son enclin à batailler pour exploiter les endroits libres ainsi que les zones payantes sur la glace, le rendant plus dangereux. La deuxième est l’apprentissage que parcourt présentement Trikozov à incorporer ses différents atouts à l’intérieur des autres. En se servant de la qualité de son maniement de rondelle, cela permet à Trikozov de retarder ses tirs ou de changer ses angles alors qu’il est en mouvement. Il se montre également très bon pour utiliser les défenseurs comme écran. Pour conclure sur cet aspect, son tir sur réception est également très bon. L’ensemble de son arsenal de tir est supérieur à celui d’Alexander Perevalov et rivalise très certainement, si ce n’est pas qu’Il supplante, celui d’Ivan Mirochischenko.

Les talents de fabricant de jeux du début de saison de Trikozov ont été abordés et bien que moins nombreux, les flashs qu’il a continué de démontrer pendant la saison se sont avérés plus efficace et plus intéressant. Et cela repose sur les mêmes ajustements qui l’ont vu devenir un si dangereux tireur et cela est sa nouvelle propension affichée à aller dans les endroits payants et à intégrer différentes qualités à l’intérieur d’un jeu pour tromper ses adversaires. Les jeux que je l’avais vu réaliser d’ici là étaient majoritairement des jeux venant du coin de la patinoire ou le long des bandes, demeurant en périphérie. Manœuvrant maintenant à l’intérieur de la boîte défensive adverse, il peut laisser planer la menace d’un tir avant de remettre à un coéquipier à l’embouchure du filet.  On le voit aussi faire circuler la rondelle très efficacement en avantage numérique, étant incisif et rapide dans ses prises de décisions. Le problème est que son équipe ne compte pas sur de bons éléments offensifs autres que lui et cela l’empêchait de maximiser son efficacité dans ces situations.

Il possède également de bonnes mains et peut battre des défenseurs à un-contre-un. La progression qu’il avait affichée en première moitié de saison ainsi qu’un optimisme à le voir, éventuellement, combiner tous ses atouts ensemble avaient fait de Trikozov un joueur qui figurait à l’intérieur de mon top 32 entre novembre et décembre.

L’une des choses que je n’aimais pas à l’occasion était le langage non verbal de Trikozov. Il n’était pas rare de le voir lever les bras en l’air à la suite d’un appel manqué par un officiel ou par un mauvais jeu de l’un de ses coéquipiers.

Par la suite, il a commencé à faire preuve de beaucoup d’inconstance, tant dans sa production offensive que dans son implication dans le jeu. Quoique l’un ne vient pas sans l’autre…. Trikozov avait sorti de mon classement et je n’étais même pas certain que j’aurais été prêt à le prendre, peu importe la ronde dans le repêchage. J’étais prêt à lancer la serviette jusqu’à ce que les séries arrivent.

Fort d’une production de 18 pts en 13 matchs (dont 10 buts), l’intensité qu’il a démontrée sur la patinoire était impossible à ignorer et son talent fait en sorte qu’il méritait amplement de réintégrer mon classement.

  • 30. Liam Ohgren

Puissant ailier de 6’1 et 201 lbs, Ohgren est un Suédois qui voit son rang fluctuer de beaucoup sur les différentes listes. Contrairement à un joueur comme Joakim Kemell, ce n’est pas parce qu’il est un joueur polarisant ou un joueur comportant beaucoup de risques. Je crois que cela est plus une question d’approche et de philosophie. Ohgren représente un choix plutôt sécuritaire qui pourrait être prêt à jouer dans la LNH plus tôt que plusieurs de ses rivaux.

Ne possédant pas beaucoup de potentiel offensivement, il est pour moi un joueur typique de 3e trio mais il ne faut pas banaliser l’importance de ces joueurs-là.  Nous pouvons affirmer hors de tout doute que Ohgren est l’un des joueurs les plus travaillant de ce repêchage. Il possède une excellente éthique de travail et il parvient à réaliser plusieurs bons jeux grâce à cette qualité mais il ne serait pas autant efficace si ce n’était pas de ses impressionnantes capacités athlétiques. Il peut facilement supplanter ses adversaires grâce à sa force physique et s’emparer des rondelles ainsi. Il travaille efficacement avec son corps sachant comment se positionner pour gagner position sur ses adversaires et également pour protéger la rondelle. Il fonce constamment au filet sans la rondelle et fait reculer les défenseurs adverses.

Lorsque je fais référence aux capacités athlétiques d’Ohgren qui accentuent son efficacité sur la glace, il n’y a pas que sa force physique. En effet, le grand suédois est un excellent patineur. Il est un puissant patineur qui a une large base de patin et qui gagne beaucoup en explosion à chaque enjambée. Sa technique de patin est excellente, ayant un degré de flexion optimal aux genoux, un tronc incliné vers l’avant et en allant chercher une pleine extension à la hanche lors de chaque poussée. Il possède aussi un bas centre de gravité, surtout pour un joueur de sa taille, ce qui en plus de sa large base de support et de sa force physique le rend extrêmement difficile à bousculer lorsqu’il est en possession de la rondelle. Ohgren possède la vitesse pour pouvoir battre les défenseurs par l’extérieur, et advenant le cas où il n’y parvient pas, sa force physique et sa technique de protection de rondelle lui permettent quand même de se rendre à destination prévue. Il possède une longue portée et se sert très bien de son bras libre pour protéger le disque.

S’il y a une catégorie où Ohgren démontre un atout offensif intriguant, c’est au niveau de son tir. Il a roulé à pratiquement un rythme d’un but par match dans la ligue junior en Suède et ce n’est pas par hasard (malgré le fait qu’il jouait avec d’excellents coéquipiers de jeu). Son tir des poignets est excessivement lourd. La vélocité de son lancer est probablement sa meilleure qualité, il parvient aussi à prendre de très bons tirs alors qu’il est en mouvement. Son placement de rondelle sur ses lancers est aussi l’un des aspects le rendant dangereux, optant souvent pour des tirs pas plus hauts qu’un pied de la patinoire, à peine par-dessus la jambière des gardiens. Il possède aussi un certain instinct de marqueur en situation d’un contre un face aux gardiens alors qu’il va utiliser à merveille sa longue portée pour aller sur son revers et marquer. Ceci étant dit, il y a tout de même une raison pourquoi je n’ai pas en très haute estime son potentiel offensif malgré les atouts qui viennent d’être présentés. Ohgren n’est pas tant menaçant dans sa façon d’utiliser son tir. S’il a l’espace et le temps nécessaire, il peut battre les gardiens adverses, mais il est tout de même assez télégraphié dans ses élans. Il n’a pas le luxe d’avoir une dégaine excessivement rapide et il n’a pas beaucoup d’éléments de tromperies dans son tir, exemple, ce n’est pas un joueur qui va changer ses angles.

Son maniement de rondelle est adéquat malgré que ce n’est pas un joueur qui a la créativité offensive pour battre des joueurs en situation d’un contre un. C’est principalement sa protection de rondelle qui s’attire les éloges dans ce département (en grande partie expliquée par sa longue portée).

L’aspect qui me fait le plus douter de son apport offensif est au niveau de son intelligence sur glace ainsi que de sa vision de jeu. À quelques reprises je l’ai vu échouer à réaliser des jeux simples et sinon, ce n’est pas un joueur qui repère bien quelles lignes de passes sont ouvertes et celles qui ne le sont pas. Une autre raison qui explique cette lacune au niveau de ses talents de passeurs est qu’il n’a pas une très bonne conscience de la position de ses adversaires sur la patinoire.

  • 31. Noah Ostlund

Diminutif joueur de centre, Ostlund est un suédois qui aura vu sa cote augmentée en 2e moitié de saison. N’ayant pas été impressionné par son jeu lors du Hlinka et des 5-Nations en novembre, c’est en regardant ses coéquipiers avec Djurgarden que Ostlund s’est mis à capter mon attention.

La meilleure qualité de son jeu est son coup de patin. Le joueur de centre suédois est très similaire à Logan Cooley, et ce, dans plusieurs aspects. À première vue, leur coup de patin attire des comparaisons par leur large base de support pour des joueurs au gabarit plus petit. Ostlund possède une très bonne vitesse et il est l’un de ces joueurs qui a l’air de survoler la patinoire. Il a l’air aussi rapide en se laissant glisser que bien des joueurs qui sont en pleine accélération. Il se sert très bien de son coup de patin à différents escients sur la patinoire et l’un de ces endroits qui en bénéficient le plus est son jeu en transport de rondelle. Sa vitesse n’en est pas le seul dénominateur, il possède un très haut niveau de coordination avec son corps et il peut induire ses adversaires en erreur en zone neutre avec des feintes de tête et d’épaules tout en changeant de route et en conservant sa vitesse de pointe. Il a un contrôle exceptionnel de son corps. Fut une séquence où, en sortie de zone, il était en pleine accélération et a reçu une passe derrière lui. Il a pivoté de reculons, a réceptionné la passe et s’est reviré pour faire face au jeu dans une seule motion, sans perdre ne serait-ce qu’un minimum de vitesse. Cette qualité fait de lui un joueur excessivement évasif sur la patinoire. Similaire à une couleuvre, il n’est tout simplement pas attrapable ! Cette grande agilité est largement attribuable à ses ‘Edge-Work’ (ce qui en anglais réfère à la capacité d’utiliser l’extérieur de ses lames de patins pour tourner sur lui-même) qui sont hallucinants. Un autre élément qui fait de lui un joueur si efficace lorsqu’il patine avec la rondelle est qu’il traite l’information tout aussi rapidement qu’il opère. Il voit les joueurs venir lui mettre pression à l’avance et il n’a besoin que d’une fraction de seconde pour s’en défaire. Ce qui me tracasse par contre est qu’Ostlund a une forte tendance dans son jeu à différer vers la périphérie lorsqu’il transporte la rondelle profondément en territoire offensif. C’est le même constat lorsqu’il s’empare de la rondelle dans la zone offensive. Je vais expliquer dans un paragraphe ultérieur comment cela amenuise ses talents de fabricants de jeux, mais pour s’en tenir qu’à son patin, cette tendance va grandement nullifier son efficacité sur une patinoire nord-américaine. Encore plus lorsqu’il devra composer avec défenseurs beaucoup plus gros que lui qui viendront le clouer à la bande. Sans la rondelle, ce n’est définitivement pas un joueur qui craint d’attaquer les zones payantes, mais avec la rondelle, il doit apprendre à opérer plus dans le centre de la glace et dans les endroits dangereux.

Malgré quelques qualités offensives bien distinctes, c’est le jeu défensif d’Ostlund qui est le deuxième aspect le plus notable de son jeu. Malgré son faible gabarit, il excelle dans cette facette grâce à plusieurs raisons. La première serait qu’il est entrain d’harceler le porteur de la rondelle. Il force ses adversaires à précipiter leurs actions et à prendre de mauvaises décisions. Son sens de l’anticipation est parmi les meilleurs de ce repêchage alors qu’il voit à l’avance les jeux de l’équipe adverse. Une autre constatation de son jeu sans la rondelle est qu’il descend très profondément dans zone pour venir appuyer ses défenseurs. Lorsqu’il est sur la glace, ses défenseurs n’ont pas à s’inquiéter d’oublier un joueur devant le filet. Il est vraiment une présence rassurante lorsqu’il est sur la patinoire. En plus, avec son coup de patin, il ne sera jamais en retard pour se joindre à la contre-attaque de son équipe. Cela peut sonner farfelu aux oreilles de plusieurs compte tenu de sa stature, mais pour moi, Ostlund redéfini un peu ce qu’est un joueur difficile à affronter. Non, il ne sera pas un joueur qui punit ses adversaires, mais il est constamment au bon endroit au bon moment et son travail sur le porteur de la rondelle est des plus tenaces.

Son meilleur outil offensivement est ses talents de fabricants de jeux. Primairement, c’est surtout en conservant la rondelle longtemps et en faisant déplacer la couverture défensive adverse qu’Ostlund va mettre la table pour ses coéquipiers. Cette qualité est accentuée par sa grande patience en possession du disque. Ostlund ne force jamais le jeu et il revient constamment sur ses pas pour réévaluer le jeu devant lui. C’est une autre affirmation qui ne semble pas faire de sens à priori, mais Ostlund crée beaucoup d’espace pour ses coéquipiers sur la glace en attirant des adversaires sur lui. Le centre suédois choisit majoritairement les bons jeux et cela s’explique en grande partie par sa prise de décision sous pression. Dans les trois zones, on le voit démontrer un calme impressionnant lorsqu’il semble emprisonner ou à risque de recevoir une mise en échec. D’un point de vue technique, Ostlund est extrêmement habile pour faire des passes soulevées. C’est surtout dans sa propre zone ou dans la zone neutre qu’il va avoir recours à ce genre de passe alors que des bâtons entravent le chemin à toutes lignes de passes possibles. Il va réussir à rejoindre un coéquipier en dépit de cela grâce à cette habileté. Dans la zone offensive, Ostlund est capable d’y aller de passes très vives et décochées sans hésitation alors qu’il vient tout juste de prendre possession du disque, donnant moins de temps à la couverture défensive de s’ajuster. Cela survient surtout lorsque ce n’est pas lui qui entre dans le territoire ennemi en contrôle de la rondelle. C’est ce genre de passes que j’aimerais le voir adopter plus souvent. Même si je concède que c’est une très belle qualité à posséder de pouvoir ralentir le jeu et réévaluer ses options en revenant sur ses pas, Ostlund a un style de jeu qui n’est pas garanti de se transposer à la LNH, surtout qu’avec la rondelle il diffère souvent vers la périphérie. Pour un joueur aussi intelligent, je ne trouve pas que le pourcentage de ses passes qui mènent à des chances de marquer ait si élevé que cela. Pour avoir du succès en Amérique du Nord, il devra se réinventer un peu et apprendre à jouer un peu plus ‘Off the Rush’.

Le suédois possède une très bonne paire de mains et il peut battre des adversaires en situation d’un contre un alors qu’il est en pleine vitesse. C’est une qualité dans son arsenal qui est accentuée par son agilité sur patin. Il a la finesse et le raffinement nécessaire dans son maniement de rondelle pour battre un défenseur avec peu de ‘Puck Touch’, en allant placer la rondelle dans un endroit inaccessible pour le défenseur, exemple, à l’intérieur de sa base de support. Il a relativement une longue portée également pour un joueur de sa taille.

Son tir est cependant une arme manquant à son arsenal offensif. Sa production de seulement 9 buts dans une ligue relativement faible en est un bon indicateur. On pourrait argumenter que cette faible production dépend largement de sa propension à mettre la table pour ses coéquipiers, mais ses instincts de marqueur ne sont pas particulièrement développés à un haut niveau. Cependant, la qualité de son tir s’est beaucoup améliorée en 2e moitié de saison, plus spécifiquement son tir frappé qu’il n’hésite plus à se servir lorsqu’il saute sur une rondelle libre à l’intérieur des cercles. Il semble y avoir eu un déclic au niveau de sa mentalité regardant l’utilisation de son tir. Son niveau de coordination a été vanté à plusieurs reprises dans les derniers paragraphes et c’est quelque chose que l’on retrouve aussi à l’intérieur de son tir alors qu’on le voit être en mesure de prendre de bons tirs alors que ses pieds sont toujours en mouvement.

L’autre limitation, et probablement la plus importante, dans le cas de Ostlund est son gabarit. Il semble avoir grandi pendant la saison et son 5’11 ne cause pas de problème, mais ses 164 lbs sont plus contraignantes. Il sera de voir dans son cas si il peut ajouter suffisamment de masse musculaire et s’il trouvera le moyen d’attaquer plus souvent les zones dangereuses en possession du disque pour qu’il puisse connaître du succès dans la LNH.

  • 32. Sam Rinzel

Rinzel est un défenseur droitier de 6’4 qui a capté mon attention lors du tournoi Hlinka au mois d’août dernier. Rares sont les défenseurs de son gabarit qui patine comme il le fait et qui sont accompagnés d’un bon lancer et d’une propension pour le jeu rude. Même si j’ai plusieurs réserves envers lui et que je trouve que lorsqu’on gratte un peu plus en profondeur, d’importantes limites refont surface, le défenseur américain a tout de même démontré une progression impressionnante cette année. Ayant passé la majeure partie de la première moitié de saison en Prep-School, je ne l’ai pas observé dans ce calibre. Au mois de janvier, il a été rappelé pour jouer 2 ou 3 matchs en USHL où il ne m’avait pas impressionné, mais ce fut au mois de mars où j’ai pu voir un joueur transformé. Tout particulièrement lors de ses premières rencontres.

Le meilleur argument de vente entourant le porte-couleurs des Black Hawks de Waterloo est : les outils à sa disposition. Le hic est qu’à l’intérieur de chacune des qualités qu’il démontre, je dénote une limitation substantielle au niveau de ce qui est le plus important chez un joueur de hockey et qui est : l’intelligence sur glace.

Ce qui crève les yeux lorsqu’on le regarde est la facilité avec laquelle il se déplace sur la patinoire. Il possède une excellente mobilité à la ligne bleue et il peut facilement tourner sur lui-même pour échapper à la pression d’un attaquant adverse. S’il a suffisamment d’espace devant lui, ce genre de jeu se résulte en un bon lancer prit au filet. Cependant, si le jeu se referme devant lui, il a de la difficulté à rapidement identifier une ligne de passe et il va continuer à chercher à s’acheter du temps et de l’espace en se déplaçant jusqu’à ce qu’éventuellement, il soit dans l’impossibilité de réaliser un jeu. Sa foulée ainsi que sa Vitesse sont réellement impressionnantes et cela lui sert très bien pour s’aventurer en zone offensive et sauter dans le jeu. En possession du disque, il est confiant et se déplace allègrement mais l’une de mes plus grosses interrogations dans son cas est à savoir s’il peut amener la rondelle vers l’intérieur. Chaque fois que je le vois sortir des flashs impressionnant grâce à son patin, tout se passe en périphérie.

Sur une note défensive (toujours concernant son coup de patin), Rinzel ne maintient pas un bon ‘Gap-Control’ avec les attaquants adverses lors des entrées de zone et il se retrouve trop souvent les pieds statiques, s’exposant à se faire contourner facilement.

L’américain possède un excellent tir, particulièrement son tir des poignets. Il parvient à prendre de bons tirs alors qu’il est en mouvement et ses tirs ne nécessitent pas beaucoup d’élan. Avec sa propension à se porter à l’attaque, il est toujours une menace lorsqu’il se joint à la contre-attaque en 2e vague. Son tir est dangereux lorsqu’il a le champ libre devant lui -suite à s’être défait d’un premier couvreur ou après avoir descendu à la hauteur des cercles pour se présenter en option de passe- cela dit, c’est le même constat qui est réalisé qu’avec son coup de patin : il ne sait pas tant comment utiliser adéquatement ses outils. Souvent, ses sélections de tirs sont plutôt douteuses. À plusieurs reprises il a pris des tirs de loin en rentrant dans le territoire adverse qui a facilement été bloqué par les défenseurs adverses. Fut également une séquence où il s’est présenté comme option de passe sur un 3 contre 1 et, étant sur son côté fort, il s’est placé en position de prendre un tir sur réception, mais il a beaucoup trop pivoté les hanches, étant pratiquement dos au gardien adverse et il aura finalement fendu l’air sur son tir.

À l’occasion, il est capable de faire preuve d’une relativement bonne vision de jeu, pouvant trouver un coéquipier à l’embouchure du filet à l’aide d’une passe transversale. Mais ma question dans son cas est : peut-il réaliser ce genre de jeu lorsqu’il y a plusieurs couches de défense devant lui ? Ce genre de passe est survenu lorsqu’il y avait énormément d’espace devant lui et que l’option était évidente. Du moment que des joueurs ou des bâtons obstruent le chemin, il ne semble pas en mesure de repérer ses joueurs d’avants. Il va plutôt opter pour le genre de jeu mentionné plus haut : il va chercher à éliminer une couche de défense en patinant de long en large de la zone offensive jusqu’à ce qu’éventuellement, quelque chose s’ouvre devant lui, ou qu’il perde la rondelle.

À plusieurs reprises, j’ai soupçonné qu’il ne voyait pas si bien ce qu’il avait devant lui en raison de ses sélections de jeux (passes ou transport de rondelle) et ce, dans les trois zones. Aussi, ses sorties de zones ont souvent été douteuses lorsqu’on lui mettait de la pression.

L’une de ces raisons est, je crois, que c’est parce qu’il joue souvent la tête basse. Ça expliquerait pourquoi il est constamment entrain d’improviser dans la zone offensive et qu’il ne peut manœuvrer avec plusieurs variables devant lui. Pour un joueur de son gabarit, je l’ai vu quelques fois se faire projeter sur la patinoire, car il avait la tête basse en possession de la rondelle. À quelques reprises, ça lui est arrivé de fendre l’air lorsqu’il jouait la tête haute.

Défensivement, l’Américain a beaucoup à travailler sur son jeu. Il faut tout de même commencer par lui attribuer quelques louanges. Rinzel est un joueur qui possède un bon gabarit et qui commence à s’apercevoir de l’avantage que cela lui confère. Il a encore lieu à beaucoup de progrès de ce côté, mais la fondation est présente et après une dizaine de matchs en USHL, il a commencé à imposer de plus en plus sa présence dans son territoire. Pour ce qui est des aspects moins reluisants, il y a trois choses qui sont survenues assez fréquemment ; un mauvais alignement corporel lors de ses approches vers les attaquants adverses, une obnubilation envers la rondelle et une mauvaise gestion de risque avec cette dernière dans sa zone.

Lorsqu’il s’avance vers les attaquants adverses, plus spécifiquement le long des bandes, Rinzel angle mal la position de son corps et il se compromet trop d’un côté, approchant l’adversaire avec ses patins devant plutôt que de garder une large base de sustentation et de demeurer les épaules alignées face au tronc de son adversaire. Ce défaut englobe aussi le prochain point à mentionner qui est le fait que Rinzel est porté à garder ses yeux fixés sur la rondelle, l’empêchant de prendre l’information nécessaire sur la direction que prendra l’attaquant grâce à la position de différents segments corporels. Finalement, Rinzel tend à prendre certains risques mal calculés dans sa propre zone, alors qu’il va passer devant son gardien et tenter de déjouer un joueur au passage.

En toute honnêteté, lors de mes derniers visionnements de Rinzel, j’avais statué qu’il n’allait pas figurer à l’intérieur de mon top 32. Cela dit, je n’arrivais pas à trouver 32 joueurs qui présentaient un meilleur potentiel.  Sa position dans mon classement pourrait surprendre plus d’un, suite aux nombreuses inquiétudes que j’ai partagées sur lui, cependant, je crois que cela illustre bien un point que j’essaie de véhiculer depuis quelques années déjà : cela est beaucoup trop optimiste (et je serais tenté à dire ‘naïf’ si ce n’était pas de la crainte que mes propos soient perçus avec condescendance) de croire qu’il y a une trentaine de joueurs dans un repêchage qui possède un potentiel certain d’atteindre la LNH. Rendu dans ces eaux, j’ai de la difficulté à voir comment on peut être emballé à un haut point sur un joueur. À un certain moment, je voulais placer un joueur qui sort vraiment du champ gauche comme j’aime le faire à chaque saison avec mon tout dernier choix, cependant, je ne voyais aucun joueur en qui j’aurais aimé faire un ‘Statement’. Il y a quand même certains arguments de vente intéressants avec Rinzel ; il est l’un des jeunes joueurs de ce repêchage, il a encore beaucoup de maturité physique à gagner et un joueur de son talent préconisant un style audacieux pourrait simplement avoir besoin de plus de temps pour mettre tous ses outils en place.

Les oubliés

Voici la catégorie ‘des oubliés’ de ma première ronde.  Ce sont des joueurs qui ont ; jamais été dans les considérations en ce qui me concerne pour intégrer mon top 32, y ont figurés à un certain point dans l’année, ou simplement, ce sont des joueurs sur qui ont m’a posé des questions pendant la saison.  Je vais les présenter en ordre alphabétique.

Nathan Gaucher

Nathan Gaucher est un joueur de centre droitier de 6’3 qui a entreprit la saison comme un espoir pressenti à sortir dans la première ronde du repêchage 2022 de la LNH. Pour ma part, ce statut a été mis assez rapidement aux oubliettes. Cela dit, les équipes opèrent avec différentes philosophies et différentes réalités alors une sélection au premier tour n’est pas à écarter dans son cas.

L’endroit où Gaucher parvient à se faire un fort plaidoyer est au niveau du style de jeu qu’il préconise. Il a toujours été un joueur très responsable sur la patinoire et prenant fierté dans son jeu défensif et dans les petits détails. Abordant une éthique de travail irréprochable, il se veut très efficace pour remporter ses batailles à un contre un, que ce soit pour protéger la rondelle ou pour s’emparer de celle-ci au détriment de ses adversaires. Son jeu avec son bâton est également très efficace alors qu’il montre une propension à soutirer le disque aux joueurs adverses. Malgré des qualités recherchées dans le style d’un joueur ‘Pro’, le manque d’habiletés offensives naturelles chez Gaucher avait prévalence sur les petites choses qu’il réalisait bien sur la patinoire. Étant déjà limité à une projection assez basse dans l’alignement d’un club de la LNH, Gaucher se devait d’ajouter des flèches supplémentaires à son arc puisque la compétition est féroce pour se tailler un poste dans le ‘Bottom-6’ d’une équipe et que rendu là, les entraîneurs n’en ont rien à cirer du rang de sélection du joueur. C’est vers la mi-décembre que le joueur de centre en a pris conscience et il a ajouté ce qui est pour moi son meilleur atout et cela est son jeu physique. Déjà doté d’un gabarit imposant et d’une bonne force physique, Gaucher joue désormais un style de jeu beaucoup plus agressif alors qu’il cherche à punir ses adversaires sur une base régulière. Il distribue de très bonnes mises en échec et il est facile de remarquer que les défenseurs adverses le savent lorsqu’il est sur la patinoire alors qu’ils cherchent à se protéger lorsqu’il est celui des Remparts qui effectue de l’échec avant. Cela leur joue dans la tête et ils sont plus sujets à commettre des erreurs.

Si Gaucher veut espérer devenir un joueur de la LNH, il se doit d’exceller au niveau défensif. Cela n’a pas toujours été le cas en ce qui me concerne cette année. Surtout en première moitié de saison où ses lectures défensives n’étaient pas toujours à point. Cependant, on peut parler globalement d’un jeu assez solide sans la rondelle. Ce n’est pas grâce à un intellect supérieur et un fort sens de l’anticipation que Gaucher y trouve du succès, mais surtout grâce à son style de jeu abrasif et son intensité qu’il peut occuper un tel rôle. Il excelle également au cercle des mises en jeu, pouvant hériter de lourdes responsabilités en fin de match.

À l’autre bout de la patinoire, vous aurez deviné que je suis moins fervent de ce que l’attaquant a à offrir. Gaucher n’est pas un joueur très créatif offensivement et il montre plusieurs limites à cet escient. Il ne démontre pas un très grand ‘Poise’ en possession de la rondelle. Il ne va pas rebrousser sur son chemin et patienter le temps que de nouvelles options s’offrent à lui, forçant plutôt des jeux au filet qui ne se matérialiseront pas. Ce n’est pas un joueur qui peut jouer à différentes vitesses et qui peut jouer un style Est-Ouest. Malgré quelques feintes réalisées ici et là, ce n’est pas un joueur qui peut battre des joueurs en situation d’un contre un sur une base régulière.

Ceci étant dit, il fait tout de même un bon boulot à jouer à l’intérieur de ses limites et on ne parle pas d’un joueur qui se voit autrement que la réalité l’est. Il garde son jeu simple et il y trouve même une certaine efficacité dans son rôle. Il est généralement employé devant le filet ou dans le ‘Bumper’ lors des avantages numériques et il fait un bon travail alors qu’il est très difficile à déloger dû à son gabarit et sa force physique. Il a également une mentalité ‘affamé’ sautant toujours sur les rondelles libres avant les défenseurs adverses. Il est à son meilleur lorsqu’il joue simplement à l’intérieur de certains corridors ; en poursuivant ses actions au filet sans la rondelle et en longeant le long des bandes en contrôle de celle-ci.

Au niveau des habiletés naturelles, Gaucher est un assez bon patineur et il a gagné en puissance lors de la saison. Il possède une bonne vitesse en ligne droite et il peut battre des défenseurs en passant par l’extérieur lors des entrées de zone. C’est ce genre de jeu qu’il doit prioriser, car il n’a pas la créativité ni le raffinement nécessaire dans ses talents de passeurs pour créer des jeux pour ses coéquipiers en rentrant dans la zone. Il est quand même une bonne option pour transporte la rondelle, car en plus d’être rapide et imposant physiquement, il joue avec un bâton relativement court et il garde la rondelle près de lui, étant difficile pour les joueurs adverses de la lui soutirer. En plus, il excelle pour transférer son poids sur son bâton venant agrémenter cette qualité. Il ne le fait pas souvent, mais il peut battre son couvreur s’il change son angle d’attaque brusquement.

Plus tangiblement, Gaucher n’est pas un joueur que je peux envisager devenir une menace avec son lancer. Il est assez direct et prévisible dans ses élans. Il n’y a pas beaucoup d’éléments ‘Deceptive’ dans son tir ; il ne change pas ses angles de tirs à la dernière seconde, ne va pas s’ouvrir une ligne de tir en maniant la rondelle et en manipulant la position du défenseur devant lui avant de s’élancer, il ne va pas tromper défenseurs et gardien en regardant ailleurs avec sa tête pour cacher ses intentions, etc. La puissance et la précision de son tir des poignets ne démontrent rien de supérieur à ses pairs également. Le meilleur jeu qu’il réalise pour utiliser son lancer est lorsqu’il descend venant de l’aile gauche et qu’il penche l’épaule tout en plaçant la rondelle à l’intérieur de la portée du bâton du défenseur adverse et qu’il va ensuite décocher rapidement. Il effectue aussi un très bon travail pour se démarquer dans le haut de l’enclave à forces égales et c’est quelque chose qu’il parvient à réaliser plusieurs fois à l’intérieur d’un match.

Comme passeur, ce sont les mêmes constats que j’observe qu’avec son tir. Il ne présente pas (ou très peu) d’éléments de tromperie dans ses approches. Cela est facile pour les défenseurs de prédire les sélections de passes qu’il va opter et très souvent, Gaucher a sélectionné les mauvaises lignes de passes dans mes visionnements. Même en situation de surnombres, je l’ai vu effectué de mauvaises passes, entre autres, dû à un manque de précision. Souvent ses passes surélevées sont beaucoup trop vives, étant impossibles pour ses coéquipiers à capter. Même en situation de 5 contre 3, je l’ai vu précipiter des lignes de passes inexistantes.

Pour moi, Nathan Gaucher est un joueur qui a relativement de bonnes chances d’atteindre la LNH mais cela sera dans un rôle de 4e trio, en ce qui me concerne. Une formation qui a peu de relève et qui a une situation avec la masse salariale qui s’annonce périlleuse d’ici quelques saisons pourrait opter pour un choix plus ‘safe’ comme lui.

David Goyette

David Goyette est un joueur de centre, très talentueux, qui évolue pour les Wolves de Sudbury dans la OHL. Ce qu’il a réussi à accomplir cette saison est impressionnant. Évoluant pour un des clubs les plus faibles de la ligue, Goyette, à sa saison recrue, a terminé au 1er rang des compteurs de son équipe, fort d’une récolte de 73 pts en 66 parties. Ce qui est 23 pts de plus que le joueur qui vient au 2e rang des pointeurs de son équipe.

La meilleure qualité du jeu de Goyette est son coup de patin et lorsque l’on décortique celle-ci, on s’aperçoit que c’est surtout son agilité qui détonne. Il excelle pour battre les joueurs adverses dans les espaces restreints en déplaçant tout son poids et son corps complètement de l’autre côté, agilement. Je ne considère pas sa vitesse comme étant supérieure à la moyenne. Il n’a pas la capacité de battre les défenseurs par l’extérieur, mais il demeure tout de même efficace en transport de rondelle puisque son patin lui offre la possibilité d’induire ses adversaires en erreur en changeant constamment ses angles d’attaque. Il peut amener ses adversaires volontairement dans une direction avant de passer à un coéquipier découvert sur le flanc opposé.

Goyette est un joueur que je n’avais pas beaucoup observé pendant l’année, regroupant la majorité de mes visionnements lors de la 2e moitié de saison. Ses mains et ses talents de marqueur avaient été vantés à répétition, mais ce sont étrangement ses talents de passeurs qui m’ont le plus impressionné lorsque je l’ai regardé. Je l’ai vu rejoindre des coéquipiers précisément dans l’enclave alors qu’il était collé le long de la bande. C’est d’ailleurs ce qui m’a le plus frappé : sa capacité à rejoindre ses ailiers dans l’enclave. Je ne suis pas nécessairement quelqu’un de fervent envers les statistiques avancées, mais son taux de réussite pour ce genre de passe dans mes visionnements devait être très élevé.

Goyette possède un bon niveau d’habiletés individuelles. Il a d’excellentes mains qu’il utilise parfaitement bien en synchronisme avec son coup de patin pour déjouer des joueurs. Il aime beaucoup attaquer le ‘Tripod’ des joueurs adverses, qui sont l’aire délimitée par la base de support des patins et de son bâton sur la patinoire. Il a un bon instinct de marqueur alors qu’il démontre le savoir-faire en situation de un contre un face aux gardiens. Son tir des poignets, bien que décoché rapidement ne se mérite pas autant d’éloges venant de ma part que ce qui est avancé par d’autres observateurs.

Contrairement à d’autres joueurs qui préconisent le même style de jeu, Goyette ne se tient pas en périphérie ; il poursuit ses actions au filet lors des contre-attaques et lorsque le jeu est installé en zone offensive, il aime marauder près de l’embouchure du filet.

Une autre chose qui m’a agréablement surpris dans le cas de Goyette est son jeu en défensive. Il reconnaît très bien les moments où un surnombre adverse se dessine et il va couvrir à merveille son défenseur. Il effectue de très bons replis défensifs, mais lorsque le jeu est déjà installé dans sa propre zone, ce n’est pas un joueur de centre qui va venir appuyer profondément ses défenseurs. Ça lui arrive à l’occasion de venir terminer ses mises en échec même s’il a encore un retard sur le plan de la force physique.

En vertu de ma liste, Goyette n’est pas un joueur sur qui je jetterais mon dévolu, mais une sélection parmi les 50 premiers est réaliste. Je le vois d’ailleurs en tant qu’ailier chez les pros.

Mats Lindgren

Mats Lindgren est un joueur Canado-Suédois offrant un profil tout de même intéressant. Défenseur gaucher de 5’11, il est l’un des plus jeunes de ce repêchage et possède quelques qualités qui séduiront une formation de la LNH.

Il est difficile de cerner ce qu’il fait de mieux sur la patinoire, car sa meilleure qualité n’est pas maximisée dans son utilisation. Lindgren est l’un des meilleurs patineurs de sa cuvée. Il possède une excellente vitesse et c’est en grande partie grâce à une cadence de patin très élevé qu’il parvient à s’élever au-dessus de ses pairs. C’est un peu dommage, car c’est surtout sans la rondelle que cette qualité ressort. Un atout de la sorte devrait faire de lui un joueur qui orchestre des jeux pour son équipe, mais ce n’est pas très souvent le cas. Son patin lui permet de refermer les écarts rapidement dans la zone défensive et de faire des interventions opportunistes avec son bâton pour priver l’équipe adverse d’une chance de marquer. Toujours sans la rondelle, on le voit sauter dans les contre-attaques ainsi que dans la zone offensive pour se rendre disponible en option de passe et pour semer un peu de chaos dans la couverture adverse. Lorsqu’il est en possession du disque, il démontre une certaine efficacité en transport de rondelle grâce à son coup de patin, mais, sans que ce soit une lacune dans son jeu, son analyse de la situation devant lui et ses instincts offensifs ne sont pas au même niveau pour lui permettre d’amener la rondelle d’un bout à l’autre et d’éliminer plusieurs joueurs adverses au passage. C’est ironiquement dans les situations à 5 contres 5 que le transport de rondelle de Lindgren est le plus mis en évidence (un constat qui reviendra plus tard également), lors des avantages numériques il va plus avoir tendance à mettre fin à son excursion dans la zone neutre alors qu’il va se contenter de remettre derrière lui à l’option en ‘Slingshot’. C’est en zone adverse qu’on s’aperçoit que Lindgren ne fait pas preuve de beaucoup de ressources pour un aussi bon patineur. Étonnement, il n’a pas l’agilité nécessaire pour complètement tourner sur lui-même et battre son couvreur. Ce n’est pas un joueur qui va chercher à battre des joueurs à un contre un et il ne montre pas beaucoup d’aspects ‘Deceptive’ ou de tromperie dans son jeu ; il ne va pas faire ouvrir des lignes de passes, ne va pas esquiver des joueurs, revenir sur ses pas, etc.

Pour ce qui est du reste de son jeu offensif, le tir de Lindgren ne représente pas une menace mais il s’en sert tout de même bien, priorisant des tirs qui vont occasionner des retours. Sachant qu’il ne peut pas les battre de façon nette, il va plutôt descendre le long de la bande gauche et effectuer des tirs bas, visant la jambière du côté opposé pour viser des retours dans l’enclave.

Au niveau de la distribution de rondelle, Lindgren offre un jeu plutôt limité. Il serait beaucoup plus efficace s’il parvenait à faire bouger la couverture défensive avec son patin et si son tir pouvait être perçu comme une arme par l’équipe adverse. Ses prouesses sur l’avantage numérique sont décentes sans plus. Le jeu qu’il va préconiser le plus va être de prendre la rondelle à la ligne bleue, du côté gauche, et de patiner du reculon vers le centre de la zone offensive et ensuite passer à Luke Toporowski à gauche qui va pouvoir descendre au cercle pour décocher un lancer. C’est rare qu’on va le voir effectuer de superbes passes en provenance de la ligne bleue. Étrangement, comme avec son jeu en transport de rondelle, c’est à forces égales qu’on voit Lindgren effectuer ses meilleurs jeux alors qu’il va s’aventurer plus profondément avec la rondelle avant d’effectuer une passe.

Défensivement, L’arrière de Kamloops offre du jeu assez solide.  Les bases de son coup de patin lui permettent de très bien défendre les entrées de territoire. Ses pieds sont toujours en mouvement et il ne mord pas aux changements de directions et de vitesses de ses adversaires. Pour un défenseur qui joue avec un bâton relativement court et qui n’a pas une très grande portée, il parvient à garder un très bon ‘Gap-Control’ avec les attaquants adverses. Dans sa zone, il est constamment en mouvement et il suit son joueur partout, il est également très alerte sur les permutations. Il démontre aussi une très bonne combativité dans sa zone alors qu’il ne prend aucune présence à la légère et qu’i fait toujours preuve d’implication.

Malgré certains arguments de vente intéressants, Lindgren est un joueur qui tombe un peu entre deux chaises en ce qui me concerne. Je ne vois pas beaucoup de potentiel offensif en lui et il n’a pas les caractéristiques typiques d’un défenseur à caractère défensif.

Tristan Luneau

Tristan Luneau est un joueur sur qui j’avais beaucoup d’attentes au moment d’entamer la saison. Ayant regardé les Olympiques de Gatineau à maintes reprises l’an dernier pour épier son coéquipier Zach Dean, Luneau est un joueur qui m’avait épaté la saison dernière. Je le qualifiais de véritable général sur la glace et j’entrevoyais le placer très haut dans mon classement. Son début de saison fut retardé quelques semaines en raison d’une blessure. Je lui ai accordé le bénéfice du doute pendant un bout, mais passé un certain point, Luneau ne se retrouvait plus à l’intérieur de ma liste.

Au final, deux défauts seront revenus continuellement dans mes visionnements qui l’auront grandement pénalisé.

Le premier de ces défauts est les interrogations que comporte son coup de patin. N’ayant pas souvenir que cela représentait un déficit majeur dans son jeu la saison dernière, cela a changé drastiquement la perception que je fais du joueur. Posséder une limitation est une chose, mais dans le cas de Luneau, les répercussions que cela engendre sur son efficacité globale en tant que défenseur est simplement trop importante pour être compensé. Ce qui est curieux dans son cas est qu’il semble un bien meilleur patineur lorsqu’il est en possession de la rondelle que lorsqu’il ne l’a pas. Cela s’explique principalement par sa posture. Sans la rondelle, son tronc se retrouve beaucoup trop à la verticale, ce qui se veut le vecteur des autres failles mécaniques observées. Cela occasionne un manque d’extension complète à la hanche et un manque de flexion au niveau des genoux, se résultant en une foulée de patin courte et qui ne génère pas beaucoup de puissance. C’est vraiment lors des replis défensifs que c’est le plus incommodant pour Luneau. Il se retrouve exposé dans de telles situations et il ne possède pas suffisamment un bon bâton pour pouvoir pallier à ce problème dans son jeu, semblant accorder toute son attention à son coup de patin. En raison de cela, Luneau montre une lacune majeure au niveau de la récupération de rondelle, ce qui est une qualité fondamentale pour tout défenseur. Pourtant, lorsqu’il a le disque en sa possession, son patin semble beaucoup mieux alors qu’il est plus incliné vers l’avant lors de son maniement de rondelle, cela pourrait laisser entrevoir une nette amélioration possible à cet escient. Un autre aspect de son coup de patin qui fait défaut est son agilité. Luneau se déplace plutôt bien en zone offensive, mais dans son propre territoire, une incapacité à changer brusquement de direction et/ou à devoir tourner sur lui-même se veut l’auteur du deuxième aspect le plus encombrant dans le jeu de Luneau et qui est : Son jeu sous pression.

Ce manque d’agilité lui ferme beaucoup d’avenues à prendre lorsque placé dans des situations plus coriaces, mais cela n’est pas la seule et unique raison. Son maniement de rondelle démontre lui aussi quelques limitations, l’empêchant d’œuvrer adéquatement lorsque mis sous pression et son seuil de panique semble plutôt bas, précipitant ses jeux et se montrant coupable de revirements dans de tels scénarios. C’est aussi dans ces situations que l’on observe que Luneau ne compose pas super bien avec le jeu physique alors que je l’ai vu jouer beaucoup trop souvent du bout du bâton lorsqu’il était menacé de se faire frapper.

Ces deux aspects sont trop problématiques à mes yeux et le reste des qualités qu’il a à offrir n’ont pas prévalence sur ceux-ci. Je ne vois pas des atouts suffisamment alléchants pour me permettre de jeter mon dévolu sur le joueur. Ceci étant dit, il y a des choses qu’il fait très bien sur la patinoire et il faut les aborder.

À priori, Luneau est avant tout un joueur très intelligent sur la patinoire. Il lit très bien le jeu et il pense à un haut niveau. C’est surtout dans sa façon d’utiliser ses coéquipiers sur des jeux de type ‘Give-N-Go’ que l’intellect supérieur du défenseur ressort. Il voit les espaces qui pourraient être exploités sur la patinoire en faisant déplacer un joueur adverse avec une passe avant de sauter dans l’emplacement libre fraîchement ouvert. Même lors de ses relances dans sa propre zone ou en zone neutre, il démontre des lectures de jeu avancées alors que sa décision est déjà prise avant même que la rondelle n’apparaisse sur son bâton. Un aspect supplémentaire que j’apprécie de la rapide distribution de rondelle du défenseur est qu’il poursuit ses actions et qu’il saute dans le jeu immédiatement après.

Sans être un défenseur dynamique offensivement, il offre un jeu assez solide lors des avantages numériques. Il distribue efficacement la rondelle et même si j’ai plusieurs inquiétudes avec son coup de patin pour certains aspects, il se montre quand même efficace pour se déplacer à la ligne bleue et faire bouger la boîte défensive de l’équipe adverse. Aussi, il reste en mouvement et il recherche activement des ouvertures pour aller prendre de meilleurs tirs que s’il avait demeuré à la ligne bleue. Son tir est l’un de ses bons atouts offensifs, surtout son lancer frappé et son tir sur réception qu’il décoche de la ligne bleue. Il a également un tir des poignets décent qu’il aime bien prendre alors qu’il descend plus bas dans la zone offensive (cherchant majoritairement à battre les gardiens dans le haut du filet).

Somme toute, je n’ai pas vu le même aplomb sur la glace que l’an dernier et l’apparition de quelques lacunes majeures me font adopter une position plus prudente sur son cas. Plus concrètement, il risque d’être déjà parti au moment où je serais prêt à le sélectionner. Ceci étant dit, je n’écarte pas la possibilité qu’il rebondisse dès l’an prochain. Les défauts que je lui reproche peuvent se corriger assez aisément et il possède d’autres qualités qui pourraient séduire une équipe de la LNH.

Denton Mateychuk

Mateychuk est un défenseur gaucher évoluant pour les Warriors de Moose Jaw dans la WHL. Bien qu’évoluant à des positions différentes, j’ai rapidement aperçu des parallèles entre lui et l’espoir du repêchage de 2021 Logan Stankoven  dans le sens où, après mes premiers visionnements du joueur, la majeure partie de mes notes étaient positive, mais je me montrais peu optimiste quant à la projection du joueur au niveau de la LNH. En fait, le parallèle se prolonge même à la principale faiblesse des joueurs qui est, la combinaison Gabarit-Patin.

Son coup de patin est (principalement) ce qui va dicter sa réussite ou non au prochain niveau alors on va commencer par aborder cette facette de son jeu car il y a beaucoup à couvrir.

On dit souvent que le recrutement est quelque chose de fondamentalement subjectif, ce qui est difficile à contredire. Après tout, si vous aimez ou non un joueur demeure une matière de goût, surtout qu’on sait d’entrée de jeu que les erreurs ne nous seront pas inconnues. Cependant, lorsque vient le temps de faire l’analyse des forces et faiblesses des joueurs, le concept de subjectivité commence à démontrer certaines limites.

Le patin de Mateychuk est l’un de ces rares cas où l’attribut du joueur représente à la fois une force ainsi qu’une faiblesse. Lorsque je prends en considération chaque aspect de son patin, je suis de ceux qui le qualifierais de ‘Moyen’, mais quelqu’un pourrait facilement me dire qu’il le considère ‘Très Bon’ et je comprendrais tout à fait son point de vue et je ne trouverais pas cela si farfelu.

On ne manque pas d’occasions de l’évaluer car Mateychuk est constamment en train de patiner avec la rondelle. Il est particulièrement efficace dans cette facette majoritairement grâce à son sang-froid et son intelligence, mais il n’arriverait pas à réaliser les jeux qu’il a en tête si ce n’était pas de son excellente agilité sur la glace. C’est l’un des meilleurs joueurs de ce repêchage pour ce qui est d’être ‘Deceptive’ (trompeur) avec son coup de patin. Il est constamment entrain de réajuster des lignes de passes sur la glace en faisant bouger à sa guise ses adversaires en se déplaçant d’une direction à une autre. Il est également excellent pour changer sa route en cours d’exécution lorsque la situation devant lui se referme, tournant sur lui-même habilement et revenant sur ses pas. C’est quelque chose qu’on peut observer dans son jeu, peu importe la zone, lorsqu’un attaquant adverse lui met de la pression.  Il est vraiment doté d’un très bon équilibre sur ses patins.

Il démontre aussi une efficacité en transport de rondelle, encore une fois, grandement aidé par son intelligence et son sang-froid. Jouant toujours avec la tête haute, il identifie sans erreur les bons couloirs à adopter et il trompe les adversaires sans grandes difficultés. Il lui arrive parfois de prendre plus confiance en sa vitesse qu’il ne le devrait, tentant de déborder des défenseurs vers l’extérieur mais rarement ça lui cause problème car il pivote sur lui-même et regagne le haut de la zone offensive en conservant la rondelle s’il s’aperçoit qu’il n’y parviendra pas. Il se déplace beaucoup en zone offensive en possession du disque, ce qui est impressionnant à voir.

Cependant, c’est lorsque l’on creuse un peu plus que les limitations du patin de Mateychuk commencent à faire surface. Il y a certaines faiblesses apparentes qui seront abordées, mais avant, il faut venir nuancer son efficacité dans certaines choses positives qui ont été mentionnées.

Premièrement, bien qu’au niveau junior il est à l’aise à transporter la rondelle, sa vitesse est loin d’être optimale pour un défenseur de son gabarit. Évoluant à la position de défenseur, ses montées s’effectuent généralement alors que ses adversaires sont campés, statiques, en zone neutre, pendant que lui bénéficie de tout le temps et l’espace nécessaires pour atteindre sa vitesse de pointe, donnant l’impression qu’il bat ses adversaires de vitesse. Aussi, il bat ses adversaires en les contournant par les côtés plutôt que de passer à travers eux, mais avec son manque d’explosion et sa courte portée, il se montre à risque de commettre des revirements s’il n’a pas suffisamment d’espace devant lui.

Deuxièmement, oui son agilité est impressionnante et sa façon de patrouiller la ligne bleue offensive d’est en ouest et de tromper les adversaires à beaucoup à plaire mais cela n’est pas autant attribué à son patin que l’on pourrait le croire. Un peu comme David Jiricek va faire immobiliser les attaquants en zone offensive car ils doivent redouter la menace qu’est son tir, c’est un peu ce qui se produit avec Mateychuk et son intelligence que son opposition se doive de respecter.

Et beaucoup plus en superficie, il y a les limitations qui sont plus préoccupantes. Comme dit précédemment, sa vitesse maximale est loin d’être optimale pour un défenseur de sa taille. Les meilleures opportunités pour l’évaluer adéquatement est lors de repli défensif à la suite de revirement et il est observable que sa force d’accélération est n’est pas suffisante. Son manque d’explosion lui empêche aussi d’exceller en récupération de rondelle, ce qui est fondamental dans le jeu de tout défenseur.

Advenant le scénario où il récupère une rondelle dans le fond de son territoire et que la pression adverse est déjà installée, il ne bénéficie plus du même espace pour se sortir du pétrin avec son patin et avec sa stature de plus petite taille, les attaquants adverses n’ont pas trop de difficultés à le supplanter physiquement, le rendant beaucoup moins efficace en sortie de territoire.

C’est assez fréquent également de le voir défendre les contre-attaques en patinant du même sens que les attaquants adverses, refusant de défendre en patinant de reculons, car il sait que cela représente une faiblesse dans son jeu. Ironiquement, ses pivots de reculons se veulent plutôt lents, lui qui excelle à tourner sur lui-même lors de situations offensives.

Pour clore cet aspect de son jeu, je rajouterais que la projection quant à une possible amélioration de son patin est un peu plus difficile car le joueur semble déjà assez près de la maturité physique.

Un aspect de son jeu qui ne laisse aucune interprétation au débat est sa vision ainsi que ses talents de fabricants de jeu. Son IQ offensif figure très très haut parmi sa cohorte et c’est en tant que passeur qu’il est à son meilleur. Les piliers de cette facette ont été mentionnés plus tôt ; son intelligence, sa patience en possession du disque ainsi que sa forte propension à tromper/manipuler ses adversaires à l’aide de son patin. C’est fascinant le voir appâter tout le monde, y compris le gardien, dans une direction pour, finalement, à la dernière seconde, pivoter ses hanches et repérer un coéquipier à l’embouchure du filet. Il ne fait jamais de contact visuel avec le joueur à qui il va passer la rondelle, le rendant extrêmement imprévisible pour ses adversaires. À mes yeux, il est l’un des meilleurs fabricants de jeu de tout le repêchage et par moment, je serais même prêt à argumenter fortement qui en est même le meilleur. Ce qui est complètement surréel quand on prend en considération la position à laquelle il évolue.

Je me réserve toutefois un petit bémol puisqu’il parvient à créer d’aussi bonnes ouvertures pour ses coéquipiers à la suite de longues possessions de rondelle et rien ne garantit qu’il sera en mesure de reproduire cela dans un calibre supérieur.

Même sans la possession du disque, il trouve le moyen de s’impliquer, descendant profondément en zone offensive pour appuyer ses attaquants. On peut aussi observer la même chose lors des contre-attaques où il saute dans l’action afin de créer un surnombre.

Son jeu en relance est tout de même efficace si on lui donne le temps et l’espace nécessaires, pouvant y aller de bonnes passes sur de longues distances.

Pendant la saison, on a pu l’observer à la position du ‘Bumper’ (à l’intérieur de la boîte défensive, dans l’enclave) en avantage numérique. Loin de moi l’intention de vouloir remettre en question le travail des entraîneurs, car ils ne sont pas en postes pour rien, mais c’est une décision qui m’a fortement déplut. Tout d’abord, ça neutralisait complètement son meilleur atout dans son arsenal qui est sa distribution de rondelle et aussi, car il ne démontre pas les qualités que l’on recherche pour un joueur évoluant à cette position. Ça peut sembler très inusité comme stratégie, mais c’en est une qui devient de plus en plus commune. L’an dernier j’ai pu observer une vague de défenseurs évoluant à des positions inorthodoxes lors des avantages numériques. Oscar Plandowski à Charlottetown ainsi que Vinny Ioro à Brandon qui évoluaient pratiquement comme ailier à l’intérieur du cercle de mise au jeu, sans compter Shai Buium à Sioux City qui évoluait parfois à la ligne des buts comme distributeurs de rondelles, même Pavel Mintyukov à jouer dans le bumper en début de saison à Saginaw.

Maintenant, qu’en est-il de son jeu défensif ? Je ne le considérerais pas comme une nuisance, mais le négatif semble supplanter le positif dans cette catégorie. Premièrement, on a vu qu’il éprouve de la difficulté à défendre les situations de contre-attaque dû aux limitations de son coup de patin, particulièrement de reculons.  Ses restrictions physiques lui empêchent de défendre avec efficacité le devant de son filet ainsi que le long des bandes. Cela dit, lorsque le jeu est installé dans sa propre zone, il fait preuve d’un excellent bâton actif pour couper les lignes de passes.

J’ai l’impression qu’à long terme il n’y a pas place à beaucoup de progrès dans son cas, mais il y a toujours des surprises et son niveau de talent est trop difficile à ignorer, alors c’est un pari que je peux respecter même si je n’étais pas prêt à prendre. Je crois que ses chances de s’établir dans la LNH sont plutôt faibles. Si je dresse un parallèle avec un défenseur au gabarit en deçà de la barre des 6’0 de l’an dernier et qu’on me donne le choix entre les deux, je prends Jack Peart (19e sur ma liste l’an dernier) devant, sans hésitation.

Ivan Miroschichenko

** À noter que je ne classerai pas Miro en vertu de la maladie qui l’affecte. Il a passé la majeure partie de la saison entre le 20e et 25e rang pour moi. Je ne trouvais pas ça honnête de le classer puisqu’il a dû s’absenter au moment où son jeu semblait prendre son envol. **

Ivan Miroschichenko est un ailier russe qui a suscité de nombreux débats enflammés cette saison. Étant perçu comme le plus proche poursuivant de Shane Wright aux yeux de certaines personnes, il peinait à rentrer dans le top 20 de d’autres observateurs. Évoluant dans la VHL en Russie, qui est une ligue d’hommes (l’équivalent de la AHL pour la KHL) plusieurs attendaient la vitrine d’opportunité qu’allait être pour lui le championnat mondial des moins de 20 ans en décembre pour l’évaluer adéquatement. Au grand désarroi de plusieurs, Miroschichenko n’a pas été retenu par la formation russe. Cela semblait constituer une surprise d’envergure pour plusieurs, mais en ce qui me concerne, la seule surprise fut qu’il ait été considéré pour un poste jusqu’à la toute fin. Vous aurez deviné, je me range dans le camp des détracteurs pour ce qui est de cet espoir. L’explication fournie par Sergei Zubov, entraîneur de la Russie, était qu’il n’était pas suffisamment en forme. Les plus optimistes dans son cas se sont dit que si cet aspect pouvait être corrigé, Miroschichenko redeviendrait rapidement un espoir de premier plan. Mes observations sur le joueur me laissent croire que même si tel était le cas, il y a trop d’éléments dans son jeu qui font défaut pour que je voie en lui un joueur offensif d’impact au prochain niveau.

L’une des principales problématiques dans le jeu de Miroschichenko est son niveau d’inconstance. Bien qu’à un si bas âge, c’est monnaie courante pour les joueurs de faire part d’inconstance, c’était la première fois que j’en voyais une démonstration si prononcée de présence en présence à l’intérieur d’un match. Généralement, lorsqu’un joueur est inconstant, c’est quelque chose qui s’observe à différents points dans la saison. Les joueurs sont toujours en apprentissage à cet âge et pour ceux de plus grand talent, ils sont également en période d’expérimentation et apprennent ce qui fonctionne et ce qui ne fonctionne pas à un niveau plus élevé. Parfois, les changements à effectuer dans leur jeu peuvent prendre jusqu’à quelques semaines, c’est pourquoi nous nous devons d’être rigoureux dans nos visionnements et regarder les joueurs à différents points dans la saison. Le cas de Miroschichenko est différent, offrant plutôt des performances taciturnes parsemées de quelques flashs très intrigants. Le problème est que ses flashs se veulent beaucoup trop rarissime pour raviver un quelconque enthousiasme en moi.

Son éthique de travail est également quelque chose qui laisse à désirer. On voit à l’occasion des brimes d’un désir pour l’engagement mais beaucoup trop souvent il se retrouve les deux pieds dans le béton. C’est un joueur qui est plus réactif que proactif sur la glace. En fait, à bien y réfléchir, je dirais que ce qu’on observe n’est pas nécessairement dû à un manque de vouloir du joueur mais plutôt dû à des limitations quant à sa compréhension du jeu en général.

Ce n’est pas un joueur que je qualifierais d’intelligent sur la patinoire. Pour juger du IQ d’un joueur offensif, je vais souvent m’attarder à sa vision de jeu, sa créativité et ses talents de fabricants de jeux. Miroschichenko ne répond pas à aucun de ces critères, du moins que très peu. Les seules occasions où est-ce que je l’ai vu mettre la table habilement pour des coéquipiers furent lors d’avantages numériques alors qu’il était déjà bien campé au cercle gauche. S’il est en pleine vitesse ou en mouvement, il n’est pas en mesure de créer des jeux pour ses coéquipiers et sa vision semble rétrécir de beaucoup. Ce n’est bien sûr par les uniques critères qui déterminent de l’intelligence d’un joueur mais cela représente beaucoup pour moi. Ça ne détermine pas non plus si oui ou non un joueur peut se montrer efficace, mais lorsqu’on prend en considération l’implication insatisfaisante du joueur, ça l’empêche d’être celui qui va aller récupérer les rondelles derrière le filet ou dans les coins avant de remettre à un coéquipier.

Un autre aspect où je remets en doute son IQ est dans sa propre zone. Il ne démontre aucune résistance à s’impliquer défensivement, mais le jeu semble aller trop vite pour lui et on le retrouve souvent un peu perdu sur la patinoire. C’est encore plus flagrant lorsque l’autre équipe installe des ‘cycling’ dans la zone offensive et lorsqu’il y a des permutations de positions entre un attaquant et un défenseur. On l’emploie même régulièrement en désavantage numérique où son travail est honnête sans plus, il va s’avancer suffisamment pour fermer certaines lignes de tir, mais ça revient à ce que je disais plus tôt : c’est un joueur réactif plutôt que proactif. Il ne va pas forcer les joueurs adverses à prendre une décision rapidement et à les faire faire un revirement ou cafouiller avec la rondelle.

Les limites de son intelligence s’observent également lorsqu’il transporte la rondelle. Je parlais de flashs plutôt et c’est en partie ce à quoi je faisais référence ; on observe souvent des matchs de Mirocshicenhko où il est invisible pour la majeure partie de la rencontre et hors de nulle part, on le voit faire une poussée avec la rondelle et on se pose la question ‘Pourquoi il ne le fait pas plus souvent ?’, après tout, c’est un puissant patineur doté de bonnes mains, non ? En fait, c’est probablement préférable que Miro ne soit pas celui qui transporte la rondelle. La raison est qu’il a de la difficulté à bien lire la situation devant lui et qu’il n’arrive pas à trouver la bonne solution pour composer face au mur défensif. Il arrive régulièrement aussi qu’il ne choisisse pas les bons corridors à adopter et qu’il aille aller se placer lui-même en situation désavantageuse. Il serait efficace s’il se servait de sa vitesse et de sa force physique pour déborder les défenseurs le long de la bande pour ensuite attaquer le filet. Le problème est qu’il ne le fait pas et qu’il va plutôt tenter un tir de loin.

C’est souvent le cas avec d’aussi dangereux tireurs, leur sélection de tir laisse à désirer puisqu’ils ont pu se reposer sur cette force pendant trop longtemps lors de leur développement au hockey mineur. D’un côté, on ne peut pas lui en vouloir, car il possède un tir dévastateur. La chose qu’il fait de mieux avec son lancer est lorsqu’il s’amène sur le flanc gauche, il coupe vers le centre et utilise le défenseur comme écran. Déjà que c’est difficile à lire pour le gardien, Miroschichenko décoche ce genre de lancer alors que ses épaules et ses hanches ne font même pas face au filet adverse, prenant les gardiens par surprise.

Ce sont les avantages numériques qui sont la situation la plus favorable à Miroschichenko d’utiliser son lancer. Son tir sur réception est très puissant et représente l’une de ses meilleures qualités. Ce qui me dérange est que lors de ses situations, il demeure beaucoup trop statique sur la patinoire.

Miroschichenko est un puissant patineur. Il est souvent arrêté sur la glace et ses pieds semblent lourds, ce qui est préoccupant. Mais lorsqu’il sort des blocs, sa force d’accélération est impressionnante, générant beaucoup de puissance à chaque enjambée. Ce phénomène a été observé lors du tournoi Hlinka où il a soutiré la rondelle à Simon Nemec à la ligne bleue et dont il a obtenu un échappé à partir de la zone neutre. Créant de la séparation à chaque coup de patin, Nemec qui est un bon patineur et il n’a jamais été en mesure de le rattraper. Autre le fait qu’il ne bouge pas assez ses pieds sur la glace, d’autres aspects de son patin me chicotent légèrement. L’un de ceux-ci est que je soupçonne le joueur de manquer de mobilité aux hanches. Lorsqu’il doit changer sa route en transport de rondelle, il n’arrive pas à pivoter ses hanches et à conserve sa vitesse. Ça s’observe également lorsqu’il reçoit des passes qui ne sont pas parfaites et que la rondelle se retrouve dans un endroit moins qu’optimal, il ne peut pas réajuster sa position rapidement en mouvement, il doit pratiquement s’immobiliser.

Au moins, il a une solide base avec laquelle travailler en ce qui concerne son patin, car il est puissant. Ces caractéristiques de force physique s’observent également au haut du corps. Miro est ‘coffré’ comme on le dit dans le jargon familier. Bien que les fois où il est allé appliquer une bonne mise en échec est un peu insuffisante à mes yeux, c’est arrivé à plusieurs reprises où un joueur vienne pour le frapper et qu’il se retrouve étendu sur la glace sans savoir ce qui s’était produit. Miroschichenko est également très bon en protection de rondelle, faisant penser à un chien sur un os qui n’abdiquera pas, coûte que coûte.

En plus d’être aidé par sa grande force physique, il possède de très bonnes mains aux alentours du filet. Globalement, ce n’est pas un joueur très créatif mais ses mains demeurent quand même assez impressionnantes, je l’ai vu à quelques reprises attaquer le ‘tripod’ (triangle délimité entre la base des patins et du bâton sur la glace du défenseur) des défenseurs à pleine vitesse. Peu de joueurs peuvent se vanter de pouvoir réaliser ce genre de jeu.

Finalement, prenant en compte toutes ces informations, qu’en est-il de la projection du joueur ?

À mes yeux, pendant trop longtemps l’intelligence des francs-tireurs a été banalisée, sous-estimant au passage ce type de joueur. Étant perçu comme tireur, Miroschichenko démontre trop de limitations à cet escient pour que je le porterai dans un tel rôle (n’attaque pas assez les endroits libres, n’utilise pas ses coéquipiers de façon optimale, sa sélection de tir fait défaut, etc). Même à son meilleur, je ne peux pas le voir comme attaquant top-6. Cela dit, tout n’est pas perdu dans son cas, s’il accepte de se vouer à un nouveau rôle, Miroschichenko pourrait devenir un joueur relativement efficace. Il pourrait devenir une sorte d’attaquant de puissance qui est efficace à l’intérieur des corridors le long des rampes. C’est d’ailleurs un changement qu’on a vu s’opérer vers la fin du mois de décembre où il a commencé à jouer plus en puissance et à faire de sa protection de rondelle son principal atout.

Matthew Seminoff : 

Matthew Seminoff est un ailier droitier de 5’11. Évoluant avec les Blazers de Kamloops, il a fait une très forte première impression lors de mes premiers visionnements. Tellement que j’avais pris une position initiale beaucoup trop optimiste. Malgré que mon enthousiasme sur lui n’est plus la même, il demeure un joueur que j’apprécie.

Les raisons qui m’amènent à apprécier Seminoff sont qu’il a une identité bien distincte en tant que joueur et qu’il parvient à exceller dans les facettes qui lui permettent d’être efficace malgré le fait qu’il ne soit pas un espoir de premier plan.

En effet, Seminoff offre l’une des meilleures éthiques de travail de tout le repêchage. Il a un ‘moteur’ qui ne cesse jamais et est toujours en mouvement sur la glace. Peu importe l’issu du match, il donne son 110% à chacun de ses présences. Sans la rondelle, on peut l’observer effectuer d’excellents replis défensifs, mais c’est en échec avant qu’on le voie être à son meilleur. Son travail acharné et sa propension à joueur beaucoup plus gros que son gabarit se résulte en un nombre de revirements impressionnant. Il joue avec beaucoup de chien et ne rate pas une occasion de terminer ses mises en échec. Son intensité et son habileté à perturber les défenseurs adverses en échec avant malgré un gabarit plus petit m’avaient rapidement séduite et c’est ce dont je faisais référence plus tôt lorsque je mentionnais avoir été trop emballé au départ. Son intensité permet de prolonger son efficacité bien au-delà de seulement son jeu en échec avant. Effectivement, lors des avantages numériques il est employé devant ou à l’embouchure du filet et advenant le cas où un tir se fait bloquer ou est dévié, il est toujours le premier pour aller récupérer les rondelles libres.

L’autre aspect que j’apprécie beaucoup de ce joueur est qu’il fait tout ce dont on souhaite voir d’un plus petit joueur ; Il n’a pas peur d’initier des confrontations avec des joueurs plus gros que lui, il est constamment en train d’attaquer le filet adverse et il excelle dans les espaces restreints. C’est sur ce dernier point que Seminoff se distingue de bien d’autres joueurs de sa stature. C’est souvent derrière la ligne des buts adverses qu’on va le voir réaliser ses meilleurs jeux à l’intérieur d’un match. Il est très bon en protection de rondelle, ce qui est encore plus impressionnant lorsque l’on prend son gabarit en considération. Il est très évasif et ses pivots sur lui-même ainsi que ses successions de vifs changements de direction empêchent les défenseurs adverses de le clouer contre la bande. Il comprend bien aussi comment utiliser les leviers corporels à son avantage.

Ce n’est pas un joueur qui joue avec beaucoup de créativité offensive, mais tout ce qu’il fait, il le fait avec intention, qui est généralement de foncer au filet.

Offensivement, ce n’est pas un joueur qui a une qualité prédominante dans son jeu et c’est ce manque de qualité offensive haut de gamme qui m’empêche de le mettre plus haut.

Son apport offensif provient majoritairement de son flair vers le filet, grâce à un bon sens du jeu, et de son apport dans les petits espaces.

Son coup de patin nécessite un peu de travail. Il pourrait ajouter une vitesse supplémentaire à son arsenal et gagnerait à aller chercher plus d’extension à la hanche lors de ses poussées. Ce que Seminoff fait bien par contre est de demeurer évasif avec des changements de direction.

Plus concrètement, il ne créera pas des chances de marquer (que ce soit avec son tir ou ses talents de fabricants de jeux) de distance moyenne ou éloignée. Son tir n’est pas une grande menace et son jeu en distribution de rondelle est à son meilleur aux alentours du filet. Ce n’est pas ce qui semble le plus impressionnant à priori mais il demeure intelligent dans ses choix de passes et mine de rien, je l’ai vu réaliser des jeux somme toute assez difficiles. Une grande partie de son jeu en ‘playmaking’ est d’envoyer des rondelles basses au filet, visant les jambières du gardien pour viser des retours pour ses coéquipiers.

Cette saison, il a été employé régulièrement sur les unités spéciales. Son dévouement envers l’équipe, son intensité et ses lectures de jeux lui auront permis de rendre de valeureux services à son entraîneur lors des désavantages numériques. Sur l’attaque à 5, il était employé à l’embouchure du filet/devant le filet. Une position qui lui convenait bien grâce à sa grande vigilance sur la glace. Comme mentionné plus tôt, il était en mesure de récupérer les rondelles libres aux alentours ou derrière le filet, mais également en étant en mesure de distribuer la rondelle rapidement à ses coéquipiers.

Seminoff a connu ses meilleurs matchs (du moins, de ceux que j’ai visionnés) en début de saison. Je me suis questionné à savoir, comment se fait-il ? J’ai quelques hypothèses pour expliquer ce phénomène ;

  • Après un excellent début de saison, Seminoff a été promu au premier trio de son équipe en compagnie de Logan Stankoven et Josh Pillar. 2 joueurs qui offrent les mêmes qualités que Seminoff apporte en plus de lui être plus talentueux. Ce qui amenuisait son efficacité et on le voyait principalement se remettre à eux sur la patinoire pour réaliser des jeux. Plus tard dans la saison on les a séparés de nouveau et Seminoff a commencé à contrôler davantage la rondelle, mais je crois qu’il ne bénéficiait pas de la même confiance qu’il avait en début de saison.
  • Pour une bonne partie de la saison, il était employé aux alentours de 28 minutes par matchs. Lorsque ses minutes ont été coupées dans les environs de 20 minutes par match, la qualité de son jeu a commencé à regagner des plumes.

Un aspect qui est non-négligeable concernant Seminoff est l’auto-évaluation qu’il fait de lui-même. Il est conscient du style de jeu qu’il doit adopter en mesure d’être efficace et il emploie les bons comparables afin de modeler son jeu (Brendan Gallagher). Trop souvent, on voit des espoirs se comparer à des joueurs beaucoup trop talentueux, ou pire encore, qui sont complètement différents d’eux. La marche est très haute lorsqu’on passe à un niveau supérieur, et lorsque notre perception de nous-mêmes est trop avantageuse et qu’il y existe un important faussé entre ce que nous valons réellement et ce que nous PENSONS valoir, cela peut être très challengeant et ce n’est pas tous les joueurs, aussi talentueux puissent-ils êtres, qui auront la capacité de s’adapter à un rôle différent.

Seminoff est le genre de joueur contre qui il ne faut pas parier. Il sera intéressant de voir où il sortira au repêchage.

Alexander Suzdalev

Suzdalev est un ailier de 6’2 provenant de Suède possédant énormément de talent. Il a définitivement des habiletés particulières, son problème aura été qu’il n’aura été en mesure que les démontrer dans un calibre inférieur.

L’aspect le plus apparent dans son répertoire est la qualité de son maniement de rondelle. Non seulement il possède parmi l’une des meilleures paires de mains de tout le repêchage, il est aussi l’un des joueurs qui joue avec le plus d’audace et de créativité. Je l’ai vu tenter le jeu ‘Zegras-Milano’ bien avant que ceux-ci ne réalisent l’exploit. Il adore avoir la rondelle au bout de son bâton et innover sur la glace. Préconisant un style de jeu où l’attention sera inévitablement dirigée vers lui, la dextérité de ses mains lui permet de se sortir de situation difficile en improvisant et en déjouant un joueur au passage. Il joue avec beaucoup de confiance et va constamment chercher à défier les défenseurs en situation d’un contre un en s’avançant vers eux et en les regardant droit dans les yeux alors qu’il change son angle d’approche en permanence pour conserver un haut niveau d’imprévisibilité. Cette caractéristique s’observe aussi lorsqu’il a un poursuivant sur le dos alors qu’il va serpenter dans différentes directions pour demeurer imprédictible. Son efficacité avec la rondelle s’explique par le fait qu’il ne se sert pas seulement de ses mains, mais aussi de ses épaules et de son jeu de pied pour se défaire de joueurs, tout son corps bouge en harmonie. Il est excellent pour transporte la rondelle en zone neutre et dans les entrées de zone grâce à son maniement de rondelle mentionné plus tôt, mais également par la qualité de son patin et aussi, car il joue toujours la tête haute et il peut se défaire des joueurs lui mettant de la pression d’une facilité déconcertante. Il se sert souvent de sa longue portée pour battre les défenseurs vers l’extérieur tout en étant en mesure de maintenir sa vitesse. L’un des problèmes est que souvent une brèche s’offre à lui afin d’attaquer le filet et il va plutôt préférer se diriger vers le coin de la patinoire pour ensuite revenir vers le haut de la zone offensive. C’est surtout lors des entrées de zone où il a montré la meilleure capacité à lire le jeu devant lui et à ensuite adopter la meilleure décision. Cela pouvait se concrétiser sous différentes formes ;

  • Que ce soit en débordant des défenseurs de vitesse.
  • Que ce soit en repérant un trou dans la couverture défensive du côté opposé.
  • Que ce soit en ralentissant son rythme ou en revenant sur ses propres pas pour attirer des joueurs vers lui et donner le temps à ses coéquipiers de se démarquer.
  • Que ce soit en passant d’un côté de la patinoire à un autre.

Il aime beaucoup s’emparer de la rondelle, peu importe son emplacement sur la patinoire. Sa gestion de risque avec celle-ci dans sa propre zone démontrait une plus grande maturité en début de saison alors qu’il allait remettre à la meilleure option de passe dans la majorité des cas. Il s’est par la suite montré coupable du même défaut qui habite un bon nombre de jeunes d’un tel talent ; il s’est mis à essayer de tout faire seul sur la glace en prenant des risques non calculés.

S’il y a un aspect auquel Suzdalev parvient à matérialiser en quelque chose de concret toutes les fanfares qui viennent avec son maniement de rondelle, cela serait définitivement ses talents de fabricants de jeux. Il combine la qualité de ses mains avec une excellente vision ainsi qu’en faisant preuve de patience avec la rondelle en appâtant des joueurs vers lui avant de s’en défaire, créant des situations où ses coéquipiers bénéficieront de plus d’espace et de temps pour prendre leur tir. Cette combinaison de qualité se transpose également lors de surnombre où il va ralentir et attendre une option qui se présentera en 2e vague. Il est aussi très habile pour effectuer des passes soulevées. L’une des limitations envisageables avec ses talents de fabricant de jeux est- qu’il cherche à en faire trop et qu’il est difficile de le voir reproduire ces mêmes jeux dans un calibre supérieur (et préconisant un style de jeu différent). Il y a des joueurs qui vont toujours rechercher le tir parfait, Suzdalev va rechercher la passe parfaite. Il va chercher à tout faire pour ses coéquipiers avant de leur remettre la rondelle pour une chance de marquer, au lieu de les utiliser pour construire une chance avec un jeu collectif. Égoïsme ou lacune au niveau de l’intelligence ?

Bien qu’il soit définitivement un joueur qui va privilégier le ‘playmaking’, son tir est loin d’être piqué des vers. Il possède une bonne dégaine et il est très bon pour changer son angle de tir où il va ramener la rondelle tout près de son pied d’appui. Il peut prendre de bons tirs du haut des cercles ou lors des descentes en contre-attaque. Il aime aussi prendre des tirs d’angle difficile ce qui poursuit dans la lignée de jeux audacieux qu’il aime bien adopter. Sa sélection de tir à forces égales laisse à désirer puisqu’étant donné qu’il priorise toujours la passe, il va souvent effectuer des tirs en cas de dernier recours. Pourtant, lors des avantages numériques, il se montre plus assertif du cercle gauche alors que si un couvreur anticipe une passe à son coéquipier à la ligne des buts et qu’il descend un peu plus bas, Suzdalev va prendre l’espace qu’on lui donne pour s’avancer et décocher un tir du haut des cercles.

Le plus gros problème dans l’évaluation de Suzdalev est qu’il joue un style de jeu qui est difficilement transférable à un calibre supérieur et qu’il a seulement été en mesure d’étaler son talent dans le circuit junior en Suède qui est selon moi bien inférieur à la MHL en Russie. J’y trouve le talent encore plus dilué et le jeu manque encore plus de structure. Lorsqu’il a été appelé à jouer dans des tournois internationaux avec la Suède, il n’est aucunement ressorti. En début de saison je voyais définitivement un talent digne d’une sélection, mais les contextes pour l’évaluer adéquatement ont été rarissimes et peu élogieux pour lui. Je n’ai été en mesure que ne regarder qu’un seul des 5 matchs qu’il a disputé en Allsvenskan, contre les hommes, et bien qu’on était en mesure d’observer qu’il pouvait suivre le calibre au niveau du patin, il n’a pas pu bénéficier des opportunités de démontrer son savoir-faire. Je vais être curieux de suivre son développement dans les années à venir, mais il n’est plus un joueur que je chercherais à sélectionner au repêchage. Du moins, pas dans la première moitié de celui-ci.

Cartes cachées

Voici maintenant quelques cartes-cachées que j’aime bien pour les rondes plus tardives

Hunter Haight

Hunter Haight est un cas très curieux à analyser. Ses statistiques cette saison sont très modestes (41 pts dont 22 buts en 63 matchs) et ce malgré du temps de jeu de qualité, et même avec la présence de Tyson Foerster sur son aile en fin de saison. Pourtant, à chaque fois que je regardais des joueurs de la OHL affronter les Colts de Barrie, Haight ressortait de la meilleure des façons. Je suis donc allé visionner certains de ses matchs et cela a bel et bien confirmé ce que je voyais en lui : un très bon joueur de hockey.

Haight est un joueur de centre droitier listé à 5’10 mais en le regardant je me demande si les mensurations sont exactes, car il m’est toujours apparu plus grand que cela.

Sa plus grande qualité est de loin son intelligence sur la patinoire.

En possession du disque, il choisit toujours les bonnes options de jeu et ne forcera jamais des lignes de passes inexistantes ou opter pour un jeu individuel. C’est surtout lors des entrées de zones qu’on peut témoigner de ces éléments alors qu’il tend, majoritairement, à ralentir le jeu. C’est également un joueur qui prend toujours soin de regarder toutes ses options alors que, peu importe le flanc sur lequel il s’amène, il va pivoter ses hanches pour regarder s’il n’y a pas un de ses défenseurs qui viendrait appuyer l’attaque en 2e vague. À la suite d’une remise de rondelle, il va toujours finir ses actions au bon endroit, que ce soit à l’embouchure du filet ou dans un espace libre comme option de passe. Son taux de succès dans les entrées de zones semble très haut.

C’est le même constat que l’on réalise dans la zone neutre alors qu’il utilise très bien ses coéquipiers, ou même la bande s’il n’y a pas d’ouverture dans le jeu. Ça lui arrive aussi de conserver possession du disque et de revenir sur ses pas dans la zone neutre ou même aussi profondément que dans sa propre zone s’il n’aime pas le jeu devant lui pour ainsi mieux relancer l’attaque.

Sans la rondelle, il démontre aussi une intelligence de très haut niveau. Du côté offensif de la chose, il lit à merveille les intentions de ses coéquipiers avec la rondelle lors des jeux en croisées, ou simplement, par son positionnement. À chaque fois que l’un de ses coéquipiers semble dans une position précaire, Haight est au bon endroit pour l’appuyer, que ce soit pour une option de passe ou en tant que support le long de la bande.

D’un point de vue défensif, Haight démontre l’un des meilleurs sens du jeu et l’une des meilleures anticipations de tout le repêchage. À chacune de ses séquences, on peut pauser le jeu en se demandant ; quel serait le meilleur endroit où il pourrait être positionné et il y est. Il démontre aussi un enclin à jouer défensivement, en se repliant toujours et en suivant son joueur de très près.

Au niveau des habiletés individuelles, Haight ne fait rien avec beaucoup d’artifices mais il fait de tout à un niveau relativement impressionnant. Il est un très bon patineur, atteignant une bonne Vitesse de pointe et possédant un très bon jeu de pied. Il a la capacité de gagner de la Vitesse à l’intérieur de ses croisées et c’est l’une des raisons qui fait de lui un bon joueur en transport de rondelle. De plus, il est constamment en mouvement sur la patinoire.

Il a de bonnes mains, très souples, étant capables de déculotter des adversaires à l’occasion. Furent quelques séquences où il a sorti de très belles feintes en situation d’un contre un cette saison. Son tir des poignets est également un aspect qu’on le voit exécuter et qu’on se demande comment cela se fait que sa production offensive ne soit pas plus élevée. Sa dégaine est très fluide. Ses lancers sont décochés sans qu’il n’ait à ramener la rondelle vers l’arrière pour prendre son élan. Cela lui permet de prendre de bons tirs alors que la rondelle est à l’intérieur de sa base de patin. Pour compenser le manque de force qui pourrait être occasionné par un élan minime, Haight dégage la main qui est au-dessus de son bâton vers l’avant pour pouvoir ajouter du levier avec celle-ci .

C’est surtout à l’intérieur du cercle gauche lors des avantages numériques qu’on le voit tirer profit de son très bon tir des poignets.

D’ailleurs, c’est à ce même endroit (intérieur du cercle gauche lors des avantages numériques) que l’on observe certains des meilleurs flashs de fabricant de jeu du joueur de centre des Colts de Barrie, alors qu’il remet dangereusement à l’embouchure du filet. À forces égales, c’est surtout par sa propension à choisir les passes à haut taux de succès qu’il se définit comme un bon passeur.

Haight est un joueur que je ciblerais dans la 3e ronde au repêchage. Je crois qu’il pourrait connaître une grande éclosion au niveau junior et que l’équipe qui le sélectionnera aura l’air très intelligente l’an prochain. Même si je ne le vois pas comme un potentiel coup de circuit, je crois qu’il a l’intelligence nécessaire pour devenir un bon joueur de centre sur un Bottom-6.

Maveric Lamoureux

Évoluant pour les Voltigeurs de Drummondville, Lamoureux est un défenseur droitier format géant de 6’7. Malgré une production offensive modeste et un tournant vers une ligue nationale qui laisse place aux défenseurs à plus petit gabarit, Lamoureux a beaucoup à plaire et il offre une identité unique ainsi des qualités qui ne sont pas dépassées pour l’ère moderne.

Ce ne sera pas une énorme surprise de vous apprendre que la caractéristique prédominante de Lamoureux est son jeu physique. Cela semble une évidence avec un tel gabarit, mais les plus récents exemples de joueurs d’une telle taille n’affichaient pas la même ‘méchanceté’ et le même enclins au jeu robuste. Il est l’un des joueurs les plus dominants que j’ai vus évoluant dans un circuit junior au fil des dernières années. Ça ne révèle pas de l’exploit comme son homologue Lian Bischel qui peut se vanter d’afficher une telle autorité sur la glace face aux adultes, mais il faut garder en considération que Lamoureux est relativement jeune pour son circuit et qu’il doit affronter des adversaires plus vieux, tout en étant encore bien loin de son plein développement physique. Ses mises en échec sont percutantes et il n’hésite pas à s’avancer dans la zone neutre ou même dans la zone offensive alors qu’un avant attend la rondelle pour la faire dévier hors de sa zone pour aller frapper. Il peut également donner de très grosse mise en échec alors qu’il défend une entrée de territoire. Tout cela nécessite un excellent timing, et un bon sens de l’agènesnticipation, ce qu’il démontre également lorsque ses adversaires cherchent à leur tour à le mettre en échec, alors qu’il laisse volontairement l’impression qu’il est vulnérable pour ensuite les renverser alors qu’ils s’en attendent le moins. C’est aussi dans ses gênes de donner la vie misérable aux attaquants adverses qui osent s’aventurer top près de son gardien. Il est déjà une menace à 17 ans, bien hâte de le voir jouer à 19 ans dans la LHJMQ….

Son jeu défensif a offert quelques inconstances au cours de la saison, mais globalement, les aspects désirables l’emportent et je ne suis pas trop inquiet que ce qui laisse un peu plus à désirer puisse se corriger. L’aspect défensif où est-ce que Lamoureux a été le plus efficace tout au long de la saison fut devant son filet. Lorsque le jeu est dans sa propre zone, il ne cherche pas à quitter sa position pour mettre de la pression sur le porteur du disque, il va rester dans une surface bien délimitée auprès de son gardien et bonne chance pour essayer d’y pénétrer ! Lors de la première moitié de saison, Lamoureux a démontré du bon et du moins bon lors des entrées de zone de l’équipe adverse. Premièrement, il est important de noter que malgré sa très grande taille, Lamoureux évolue avec un bâton relativement court, ce qui fait en sorte que son ‘Gap-Control’ (distance qu’il garde avec le porteur de la rondelle) n’est pas optimisé. On l’a donc vu se faire déborder un peu trop souvent à mon goût dans les premiers mois du calendrier. À d’autres reprises, il effectuait un beau boulot pour forcer les attaquants vers l’extérieur pour ensuite les immobiliser le long de la bande. Avec l’accumulation de visionnement que j’ai fais sur le joueur, la conclusion à laquelle je suis parvenue est qu’il doit défendre les contre-attaques avec son bâton sur la patinoire pour conserver une plus grande distance avec l’attaquant. Ses pivots de reculons ne sont pas une source d’inquiétude pour moi, il est normal pour un jeune de 17 ans d’une telle taille de faire preuve d’un léger manque de coordination à l’occasion. Il possède également une fondation de patin plus qu’adéquate avec laquelle travailler. Pour ce qui est de sa façon de gérer la rondelle dans sa propre zone, ce point sera abordé ultérieurement lorsqu’il sera question de la progression qu’il a affichée en revenant d’une blessure à l’épaule.

Pour poursuivre sur ses qualités de patineurs qui étaient mentionnées, Lamoureux n’est pas ce qu’on qualifie d’un joueur ‘Heavy-Footed’, son jeu de pied est adéquat et il ne présente pas de limitation qui pourrait lui nuire dans le futur. Il possède somme toute une bonne vitesse et sa plus grande qualité pourrait très bien s’avérer ses longues foulées, qui lui permettent de réduire sa cadence de patin et de maximiser son économie d’énergie sur la glace. Ce n’est pas un joueur qui va chercher à créer des ouvertures par lui-même avec son patin lorsqu’en possession de rondelle mais il démontre tout de même une certaine capacité à éviter des joueurs en zone neutre en jouant sur toute la largeur de la patinoire. Peu de joueurs parviennent à maintenir un petit écart avec lui lorsqu’il adopte une trajectoire latérale car il parvient à couvrir beaucoup de glace sans avoir à déployer beaucoup d’effort et cela est facile pour lui de distancer les joueurs de la rondelle à l’aide de son corps. Il ne préconisera pas toujours le transport de rondelle mais lorsqu’il le fait, il démontre une certaine confiance et il parvient à changer ses routes en fonction de l’information qu’il y a devant lui.

Dans la zone offensive, il démontre une vision tout de même assez bonne. De la ligne bleue, il reconnaît bien les occasions lorsque ses coéquipiers se dirigent au filet avec le bâton sur la glace, envoyant des rondelles à-ras la glace pour viser une déviation. L’arrière des Voltigeurs est employé sur l’avantage numérique et même s’il est évident qu’il n’occupera pas de telles fonctions dans la LNH, il démontre suffisamment d’efficacité à ce niveau pour me permettre de croire qu’il ne sera pas une nuisance à 5 contre 5 dans la LNH avec de meilleurs joueurs offensifs. Il est tout de même primordial qu’il démontre certains flashs à cet égard.  Un aspect qui s’est amélioré en cours de la saison à ce sujet fut son imprévisibilité pour ses adversaires, mais ce sera abordé un peu plus tard. De temps à autre, Lamoureux peut effectuer des incursions profondes en zone offensive alors qu’il va longer le long de la bande. L’aspect sur lequel j’en ai le plus long à dire sur son jeu offensif est sur son tir. À ce point, vous êtes probablement déjà tanné de m’entendre le mentionner, mais les défenseurs de cette cuvée présentent, pour la grosse majorité, des tirs qui laissent beaucoup à désirer. Lamoureux n’en fait pas exception. Ce qui était son plus gros défaut à mes yeux, du moins en première moitié de saison, est qu’un très faible pourcentage de ses tirs décochés atteignaient le filet. Peu de joueurs rataient la cible avec une telle régularité. L’autre aspect de ses tirs qui nécessiteraient beaucoup de raffinement est son tir sur réception. Il manque énormément de puissance et son synchronisme fait défaut. Cela pourrait s’expliquer par son choix de bâton plus court, mais surtout, car sa mécanique de lancer s’effectue avec très peu, voire aucune, rotation au niveau des hanches. Tout se passe au niveau thoracique avec lui, limitant de beaucoup le transfert d’énergie qu’il peut effectuer. Quelques-uns des meilleurs tirs que je l’ai vu prendre pendant la saison sont survenus du long de la bande alors que le gardien avait la vue voilée. Il tirait avantage du trafic devant le filet, mais puisque c’est un tir qui ne provient pas d’un endroit menaçant et que cela impliquait qu’il s’avance dans la zone offensive, il est arrivé à l’occasion qu’il ne reconnaisse pas que des attaquants adverses étaient derrière lui. La circulation lourde faisait en sorte que cela représentait également un risque de revirement et de surnombre en contre-attaque pour l’équipe adverse. Son tir des poignets n’est quant à lui pas si mal. Pendant la saison il a commencé à reconnaître qu’il représente son meilleur outil dans son arsenal de tir et il a commencé l’utiliser plus souvent. Le changement ne s’est pas uniquement opéré par le volume de tir qu’il va prendre, mais principalement par le positionnement qu’il va adopter en zone offensive. Plutôt que d’aller se placer au cercle gauche pour prendre un tir sur réception (qui n’est guère efficace dans son cas) il va demeurer directement au centre le la ligne bleue offensive et va prendre ses tirs de cet endroit.

Un aspect que j’aime bien de Lamoureux est sa façon de reconnaître et d’utiliser les petits espaces avec la rondelle pour se sortir du pétrin et sécuriser la rondelle. Ce que je veux dire, c’est que lorsqu’on lui met de la pression, au lieu de remettre dans un endroit hors de danger loin de lui (qui se résulterait par une reprise du disque par l’adversaire) il va repérer un petit espace restreint à proximité de lui où il va envoyer la rondelle et va ensuite aller la récupérer et ainsi gagner du temps pour avoir une meilleure sélection de jeu à sa disposition.

Le colosse a dû s’absenter pendant plusieurs semaines pendant l’hiver en raison d’une blessure. On dirait que le temps passer à regarder des matchs sur la passerelle (peut-être le fait de faire plus de séances de vidéos avec ses entraîneurs également) lui a fait un grand bien. J’ai noté plusieurs améliorations avec son jeu. Principalement avec sa gestion de la rondelle. Il est beaucoup plus calme avec celle-ci. Dans sa zone, il va la conserver plus longtemps au besoin et va effectuer un pivot sur lui-même avant de réaliser un jeu, ce qu’il ne faisait pas beaucoup au début de la saison. Dans la zone offensive, il se montre moins prévisible pour ses adversaires lorsqu’il fait circuler le disque. Il va dorénavant ouvrir les hanches lorsqu’il se déplace avec la rondelle montrant à son couvreur qu’il a plusieurs options qui s’offrent à lui. La mécanique de son lancer s’est également beaucoup améliorée et il a gagné en confiance avec la rondelle également. Avant, on était souvent sous l’impression qu’il maniait une patate chaude lorsqu’il prenait ses lancers. Maintenant on le voit s’avancer dans un endroit plus dangereux et on le voit dribler la rondelle avant de tirer et même de changer ses angles de tir. Je l’ai même vu feindre un tir des poignets avant de battre son couvreur fluidement pour ensuite se diriger derrière le filet adverse en possession du disque avant de réaliser un jeu.

J’ignore où sera sélectionné Lamoureux, mais pour moi, il représente un meilleur ‘Value-Pick’ et un meilleur projet à développer que ses rivaux de la LHJMQ, Nathan Gaucher et Tristan Luneau (je n’ai pas regardé Noah Warren de suffisamment près pour pouvoir comparer les deux.

James Stefan

Ignoré au repêchage de l’an dernier, James Stefan pourrait représenter une très belle cible en fin de repêchage. Évoluant pour les Winterhawks de Portland dans la WHL, il avait évolué avec les Stars de Lincoln dans la USHL pendant une certaine partie de l’hiver. Ce qui est intéressant est que lorsqu’on regarde sa fiche de l’an dernier, on réalise qu’il a grandi d’un pouce et qu’il a ajouté plus d’une vingtaine de lbs à sa charpente (il fait maintenant 5’11 et 181 lbs). Il aura pris son envol cette saison avec une récolte de 34 buts et 79 pts en 68 matchs.

La première question à laquelle je vais répondre le concernant…  Oui ! Il est bel et bien le fils de l’ancien premier choix au total de la LNH en en 1999 par les Trashers d’Atlanta ; Patrick Stefan !

Stefan est un joueur présentant de belles qualités offensives, sa meilleure étant facilement ses talents de marqueur. La première chose qui fait de lui un aussi bon marqueur est assurément la qualité de son tir des poignets. Son tir est excessivement lourd et la rondelle prend énormément de vélocité. Sa dégaine est rapide et violente. Non seulement son tir est excellent, mais Stefan possède également l’habileté de bien se servir de ses atouts, ayant une facilité à se faire oublier dans le haut de l’enclave. Son tir est tellement bon qu’il peut se permettre de rester plus haut entre les deux cercles, là où les défenseurs ne vont pas aller le marquer. Il démontre une certaine audace avec ses sélections de tirs car il peut se le permettre (des tirs d’angle fermé, des tirs du côté rapproché, des tirs où il cherche à élever la rondelle par-dessus l’épaule du gardien alors qu’il est très près de celui-ci, des dégaines rapides alors qu’il semble regarder ailleurs qu’au filet, etc.). Stefan a aussi la compréhension de jeu et l’intelligence en tant que marqueur d’utiliser ses coéquipiers à bon escient alors qu’il maîtrise à merveille les ‘Give-N-Go’ et qu’il sait comment se défaire de la pression en remettant à un coéquipier sur la glace avant de se rendre disponible de nouveau.

Ses talents de fabricants de jeux sont aussi assez bons. Il est capable de réaliser quelques très belles passes. Il a une certaine confiance avec la rondelle alors il prend soin de prendre son temps et de regarder chacune de ses options. Quelque chose qui accentue de beaucoup son jeu en distribution de rondelle est son sens du jeu et son ‘Awareness’ (qui réfère à la position de ses coéquipiers et de ses adversaires sur la glace) alors qu’on peut le voir effectuer des passes sur réception, sans aucune hésitation pour repérer un coéquipier pour une chance de marquer.

Son contrôle de rondelle est de haut niveau. À quelques reprises, il a sorti des feintes à m’en faire écarquiller les yeux. Surtout alors qu’il s’amenait sur l’aile, ce qui est une très bonne chose puisque dans son cas, ça lui permet de palier à une vitesse de pointe plutôt moyenne. Cela ne fait pas de lui un mauvais patineur pour autant. Il possède effectivement une assez bonne agilité et il aime bien utiliser des ‘Cut-Back’ en zone offensive pour se défaire de son couvreur avant de décocher un lancer.

Lors des entrées de territoire, il est un joueur qui garde les choses relativement simples ; il va ralentir le jeu avant de remettre à un coéquipier, va garder une approche plutôt linéaire ou va simplement rejeter la rondelle profondément en zone adverse. Ça lui arrive aussi de tenter des tirs de loin et même si je ne taris pas d’éloges envers son lancer, il gagnerait à utiliser différentes routes pour faire reculer les défenseurs et à utiliser des feintes de lancer avec les épaules et la tête pour faire mordre les défenseurs.

Sans être le premier joueur en échec-avant et celui qui va récupérer les rondelles rejetées, il est efficace en poursuite de rondelle alors qu’il démontre une bonne éthique de travail et qu’il va harceler le porteur du disque.

Il est difficile de prédire où un joueur de 19 ans, ignoré l’an dernier, va être repêché. Surtout qu’il n’est pas nécessairement le plus rapide sur la patinoire. Mais, Stefan possède un flair offensif certain et sa progression cette saison fut très impressionnante, je m’attends à ce qu’il soit encore disponible en 5e ronde et je commencerais à le sélectionner dans ces eaux-là.

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