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Classement repêchage LNH 2023, par Simon St-L

Voici mon classement personnel en prévision du repêchage 2023 de la LNH. Je suis extrêmement fier de vous présenter cet ouvrage sur lequel j’ai travaillé très fort toute la saison. Au total, ce sont 38 joueurs qui seront analysés en profondeur, offrant des observations uniques sur ces espoirs.

Brève analyse de la cuvée 2023 :

Le repêchage de 2023 est attendu depuis plusieurs années déjà, mené en charge par le joueur générationnel qu’est Connor Bedard, les Adam Fantilli, Matvei Michkov et autres sont aussi sur les radars depuis un bon bail déjà. Analyser un repêchage est toujours un travail un peu hasardeux. Il y a plusieurs facteurs qui entrent en compte. Souvent, les repêchages se voient attribués des étiquettes à tort, en fonction des quelques joueurs qui trônent au sommet. Une poignée de joueurs ne peuvent pas déterminer la qualité d’une cuvée entière.

D’année en année, la qualité des repêchages, dans l’ensemble, semble grossièrement surestimée. Malgré la présence de joueurs exceptionnels, la cuvée de 2023 ne fait pas exception de ce constat. Pendant la saison, j’ai pu lire plusieurs affirmations du genre ;

– «On retrouve trois joueurs générationnels dans le repêchage de 2023».
– «Il y a une dizaine de joueurs de ce repêchage qui auraient pu sortir au premier rang l’an dernier».
– «Je compte une vingtaine de joueurs qui sont digne d’une sélection top 10».

Pour ma part, lors de ma première mise à jour de ma liste à l’automne, il y avait 17 joueurs à qui j’avais attribué la cote d’espoir ‘A’. Ce qui signifie un choix de première ronde, peu importe la qualité/profondeur de sa cuvée. Malgré l’apparition de joueurs inattendus dans mon classement en deuxième moitié de saison, c’est une affirmation que je maintiens. Évidemment, le sommet du repêchage est aussi fort, sinon meilleur, que n’importe quel autre repêchage. Les équipes qui ont terminé au bas fond auront l’assurance de repêcher un très solide joueur qui contribuera pour les années à venir pour leur formation.

– Le top 10 est assez solide et je voue une bonne appréciation à les joueurs qui se retrouvent dans ce contingent. Même si, pour moi, à partir de 4, les joueurs commencent à présenter certains risques.

– Ce qui m’a fait prendre une position plutôt tranchante envers ce repêchage est que, pour moi, après le 13e rang, je ne vois pas vraiment de joueurs ayant un potentiel d’évoluer sur les 2 premiers trios d’une formation. Je vois principalement des joueurs de 3e trio. Ce qui, en soi, est loin d’être mauvais ! Certains joueurs confinés à ce rôle peuvent être des joueurs que j’adore ! Ce qui n’est cependant pas le cas avec les joueurs de 13 à 20 dans ce repêchage. Je serais prêt à argumenter que ce ‘range’ de joueurs est plutôt faible lorsque l’on compare avec ces mêmes rangs des repêchages antérieurs.

– Personnellement, il y a très peu de joueurs que j’aime. Je tiens toutefois à préciser qu’en général, j’aime environ entre 15 et 20 joueurs dans une année de repêchage. Ne pas être en amour n’enlève rien aux joueurs et parfois, ne se reflète pas nécessairement dans mon classement. Par exemple, Alexander Holtz en 2020 était un joueur que je n’aimais pas plus qu’il ne le faut.

– Le problème vient surtout qu’après le top 10 -12, les joueurs que j’aime un peu plus se retrouvent légèrement plus loin et ne viennent pas sans risque. Il y a un bon nombre de joueurs à l’intérieur de mon top 20, que bien sincèrement, je n’aurais pas un grand intérêt à repêcher. Pas après une année entière de travail à mettre déplacer aux quatre coins du globe.

– Ironiquement, malgré une moitié de première ronde décevante, il y a une bonne légion de joueurs qui pourraient facilement s’insérer entre 25 et 40 qui représenterait des paris judicieux.

*** Un dernier petit mot : Je sais que la navigation à l’intérieur de ma liste peut être légèrement ardue puisqu’il s’agit de longue analyse, mais pour le moment, je préfère œuvrer ainsi. C’est un sujet qui me passionne énormément et j’ose espérer que ceux qui me lisent le sont tout autant que moi. Pour moi, c’est comme un cadeau de Noël que je déballe lorsque j’étais jeune. Je veux y aller petit et découvrir chaque petit racoin petit à petit. Il y a toujours la possibilité d’utiliser la fonction ‘CTRL + F’ pour rechercher un joueur si vous voulez trouver un joueur en particulier.   ***

Sans plus tarder, voici les fruits de mon travail.

  1. Connor Bedard

Le jeune prodige natif de Vancouver n’a pas besoin d’aucune introduction. Après avoir réécrit le livre des records partout où il est passé, que ce soit dans la WHL ou avec Team Canada, Bedard est prêt à aller s’établir comme l’une de plus grandes têtes d’affiche que la LNH aura eu ce millénaire. Reconnu pour son tir qui représente sa marque de commerce et son flair pour les moments dramatiques, le joueur des Pats de Regina est tout simplement au-dessus de sa compétition à bien des égards. Il est difficile de faire justice à un tel talent avec des mots, mais voici ma tentative d’essayer de décrire ce qui fait de Bedard un joueur si spécial.

À moins que vous viviez sous une roche, vous savez probablement que le tir de Bedard représente sa meilleure arme. On ne parle pas seulement d’un tir élite, mais plutôt d’un tir révolutionnaire. Du moment qu’il foulera les patins sur une glace de la LNH, seulement une poignée de joueurs pourront espérer rivaliser avec la qualité de son lancer des poignets. Il tire avec acharnement et met tout derrière son lancer, à chaque lancer. Il ne se contente pas de mettre des rondelles au filet, il décoche avec l’intention de marquer à chaque occasion. Il peut littéralement changer l’allure d’un match en un clin d’œil.

Pour expliquer à quel point le tir de Bedard est spécial, il ne peut pas se montrer coupable d’une mauvaise sélection de tir, car TOUS ses tirs sont dangereux et représentent une bonne option. Non seulement la vivacité à laquelle la rondelle quitte son bâton est ahurissante, mais sa précision est tout aussi absurde. Ça lui arrive d’arriver sur le flanc droit et s’il n’est pas capable de battre le défenseur de vitesse, il peut décocher un tir en provenance du coin de la patinoire/ligne des buts. Croyez-le ou non, venant de Bedard, c’est un tir dangereux, il suffit que le gardien ait déposé un genou au sol et il se fera battre dans le haut du filet. Il peut placer la rondelle où il le veut, et ce, peu importe comment son corps est placé.

Une des choses qui rend son tir si élite est la façon dont il arrive à changer ses angles. C’est reconnu que c’est une subtilité maîtrisée par les meilleurs tireurs sur la planète, le premier exemple qui vient en tête est Auston Matthews avec son fameux petit ‘Toe Drag’ avant de lancer. Ce qui est curieux dans le cas de Bedard, c’est qu’il couvre une distance latérale avec la rondelle sur la glace avant de lancer que je n’ai jamais vu auparavant. Et on parle d’un joueur de 5’10. Même s’il utilise un bâton relativement long pour sa taille, il n’a tout de même pas la portée d’un gars de 6’3 comme Matthews. Son maniement de rondelle est aussi élite et cela lui permet de placer la rondelle où il le veut avant de décocher ses tirs. En conjonction avec cette habilité, Bedard a cette capacité phénoménale à utiliser les défenseurs comme écran. Ceux qui me lisent depuis un bout savent que je ne suis pas quelqu’un qui tombe facilement dans l’utilisation d’hyperbole, mais je crois sincèrement qu’il n’y a aucun joueur sur la planète entière actuellement qui est aussi bon que Bedard à lancer sous le bâton des défenseurs qui cherchent à le harponner. Cela doit être une vue terrifiante pour eux, ils savent ce qui s’en vient, mais ils ne peuvent pas l’arrêter.

Quelque chose qui n’est pas souvent mentionné est à quel point le tir du revers de Bedard est d’une part entière tout aussi élite que son lancer des poignets. Celui de Sidney Crosby a plus de vélocité que celui de n’importe qui d’autre, Patrick Kane est un magicien et il peut loger la rondelle par-dessus l’épaule du gardien mieux que quiconque, mais je n’ai pas vu de joueurs pouvoir battre des gardiens en provenance d’une aussi grande distance que Bedard. Son but contre la Russie au moins de 18 ans en finale en 2021 me donne encore des frissons seulement à y penser !

Qu’en est-il des talents de fabricants de jeux de Bedard ? Après tout, on observe fréquemment de jeunes joueurs se reposer constamment sur leur qualité prédominante au niveau inférieur et ne pas élargir leur répertoire offensif. Dans le cas de Bedard, il ne faut pas se méprendre, c’est un excellent fabricant de jeux, et il a développé cette facette de son jeu à un niveau dont je ne le voyais pas atteindre en début de saison.

Puisqu’on a terminé de parler de son tir en mentionnant son revers, c’est simplement approprié que de commencer à parler de ses talents de passeurs en faisant mention de sa propension à mettre la table pour ses coéquipiers en provenance de son revers. Ce qui est discutablement sa plus grande force dans cette facette. Ce sont les mêmes aspects qui font de ses passes du revers une qualité si distincte que pour son tir ; la dextérité de ses mains, mais aussi la distance et la précision avec laquelle il va exécuter de telles passes dans la zone offensive.

Bedard possède un niveau de créativité remarquable et son niveau de talent lui permet de tenter à peu près tout ce dont il veut sur la patinoire, il peut déjouer les joueurs à sa guise avant de passer la rondelle. Le fait qu’il représente toujours une menace pour lancer également lui ouvre beaucoup d’options. Sa reconnaissance des ouvertures pour une passe est tout aussi rapide que son habilité à décocher ses lancers, il n’a besoin que d’une fraction de seconde pour prendre sa décision à savoir s’il lance ou non. Ses talents de fabricants de jeux sont quelque chose qui s’est amélioré cette saison et pour moi, la plus grande différence est dans la façon que Bedard a de jouer Est en Ouest dans la zone offensive, surtout lorsqu’il rentre dans celle-ci. Il jouait un style plus linéaire par le passé et cela ouvrait moins le jeu pour ses coéquipiers.

Un aspect qui est très important à aborder dans le cas de Bedard est son niveau d’engagement et son désir d’être le meilleur et de faire la différence sur la patinoire. C’est un compétiteur né et il bataille chaque soir. Il est probablement le joueur de hockey le plus marqué sur la planète et malgré ça, il gère très bien le sort que son opposition lui réserve soir après soir ; il joue la tête haute pour se protéger, il reste en contrôle de ses émotions, mais surtout, il ne s’en laisse pas imposer, il riposte coup pour coup et peut même terminer sa soirée avec quelques bonnes mises en échec.

Tu ne peux pas contenir son talent, et tu ne peux pas égaler son désir de vaincre. C’est une combinaison létale. J’ai un petit exemple à partager, cela peut paraître banal, et j’aurais très bien pu le mettre lorsque je parlais de son tir, mais pour moi ça encapsule parfaitement ce que je cherche à illustrer lorsque je dis que tu ne peux pas contenir Bedard. On le voit dans une situation de 2 contre 1, il est en excellente position pour prendre un tir sur réception. Le défenseur chargé de le couvrir est légèrement en retard alors puisqu’il ne peut pas jouer le corps de Bedard, il neutralise son bâton avec le sien en le clouant contre la patinoire (à gauche sur l’image).

Bedard n’a eu besoin que d’une fraction de seconde pour contrer la stratégie de son rival. Il a éloigné son bâton du défenseur en le ramenant derrière ce dernier et en le passant complètement par-dessus lui par la suite, en une motion très fluide, il termine avec son bâton sur la patinoire sans avoir à composer avec celui du défenseur dans les jambes. Il a pu décocher un bon tir sans être embêté. C’est subtil comme jeu, mais ça témoigne non seulement de ses habilités de tireur, mais aussi à sa grande adaptabilité de son cerveau et surtout, à son grand désir de faire la différence. Et ça, ça ne s’enseigne pas. Tu viens au monde avec ça et seuls les grands joueurs prédestinés à l’excellence l’ont.

Pour ce qui est du coup de patin, c’est la seule chose qui n’était pas élite dans le coffre à outils de Bedard (autre que son gabarit) avant le début de saison et on peut maintenant dire que tous les doutes sont dissipés. Ce n’est pas un coup de patin élite, mais tout de même bien au-delà de la moyenne. Il a une bonne accélération et une vitesse de séparation. Ça ne lui sert pas seulement en transport de rondelle, mais aussi dans de plus petits espaces, par exemple, dans la zone offensive après avoir déjoué un joueur, il peut exploser en une courte distance pour améliorer l’emplacement duquel il va décocher son lancer.

Le joueur des Pats de Regina est aussi très agile sur la glace. Il a d’excellents changements de direction. Ses pieds demeurent en mouvement et il vend constamment de mauvaises directions à ses adversaires. Ce qui le rend efficace dans les feintes de ce genre est qu’il met beaucoup de poids sur une seule jambe pour vraiment vendre sa direction. En plus de cela, son équilibre sur patin est de premier ordre aussi. Tu ne pourras probablement pas lui enlever la rondelle et si tu cherches à le bousculer, son ballant est si bon qu’il va tout de même réussir à reprendre une position corporelle de sorte à exécuter le jeu qu’il avait en tête. Pour parvenir à de tels résultats sur la glace, Bedard doit être très fort musculairement parlant. Même sur une seule jambe en se faisant pousser, il conserve son équilibre. Son patin est en grande partie responsable de son jeu en protection de rondelle.

Pour ce qui est de son jeu défensif, Bedard n’est pas parfait, mais bien honnêtement, cela ne change rien. Il est adéquat et dans les circonstances, c’est bien suffisant. Il est axé sur l’offensive et on peut voir lorsque l’équipe adverse quitte sa zone, en tant que joueur de centre, il ne va pas être suffisamment bas et il va chercher à intercepter la passe pour reprendre en offensive plutôt que de se replier. Il sera pris à contre-pied à quelques reprises, mais on ne peut reprocher un tel talent offensif et un tel désir de vaincre de jouer de la sorte, surtout dans le junior. Je n’ai aucune inquiétude qu’il va corriger ceci pour la LNH.

D’ailleurs, ce même désir de faire la différence offensivement est aussi sa plus grande qualité défensive. Son positionnement ne sera pas parfait, mais son engagement est de très haut niveau. Il va plonger sur la patinoire avec son bâton étendu pour couper des lignes de passes. Quand est la dernière fois qu’un joueur junior ayant en moyenne plus de 2.5 pts par matchs réalisa ce genre de jeu ? Cela peut mener à l’un de seuls débats qui entourent Bedard : sera-t-il un centre ou un ailier dans la LNH ? Personnellement, je le vois à l’aile et cela n’affecte en rien l’impact que le joueur aura sur la glace. Je lui donnerais toute la latitude possible pour exploiter son talent.

Nombres de matchs regardés : 17

2. Leo Carlsson

Leo Carlsson est mon espoir favori de cette cuvée (je considère injuste de nommer Connor Bedard). Il a passé la saison entière au 2e rang de ma liste, et pour moi, aucun joueur n’a passé proche de le déloger de cette position. Il est aussi seul au 2e rang que Bedard l’est au 1er rang en ce qui me concerne. Ayant évolué en SHL, il a été l’auteur d’une saison historique, figurant parmi les 5 meilleures campagnes de l’histoire de cette ligue pour un joueur qui en est à sa saison de repêchage. Il est un joueur hyper talentueux qui démontre une intelligence avancée. C’est le facteur décisif qui vient trancher entre lui et Adam Fantilli, même si ça ne fut pas un débat pour moi. L’intelligence des deux joueurs ne se compare simplement pas.

Les deux joueurs opèrent généralement de façon très différente sur la patinoire. Si Fantilli est tout en puissance et cherche à se frayer un chemin à travers ses adversaires, Carlsson démontre plus de maturité avec la rondelle en ralentissant pour attendre ses coéquipiers. Il présente toutefois des nuances à ce genre de jeux où ce n’est pas n’importe quel joueur qui parviendrait à gagner aussi efficacement du temps. Le grand Suédois est sensationnel lorsque vient le temps d’influencer le positionnement de ses adversaires grâce à de soudains et successifs changements de direction. C’est quelque chose que l’on peur dénoter lorsqu’il s’empare d’une rondelle libre en zone neutre alors que le jeu semble embouteillé, il parvient toujours à trouver une solution aux situations complexes.  Pour des situations de jeux similaires, nous retrouvons une composante de IQ dans le jeu de Carlsson que l’on ne retrouve pas avec Fantilli. Cela se transpose également dans son positionnement en territoire offensif ainsi que dans chaque prise de décision. Son jeu en support de rondelle pour ses coéquipiers est fantastique, ils ont toujours une option avec lui si jamais ils sont embêtés par des adversaires.

Un autre endroit où le Suédois a un avantage sur son rival Canadien c’est sur sa façon de gagner le centre en zone offensive. Carlsson s’y prend avec plus de discrétion et plus en finesse alors que Fantilli est trop prévisible dans ses approches (à lire dans l’analyse du joueur). Carlsson possède des mains en or qui lui permettent de se défaire facilement d’un adversaire, mais c’est surtout en vendant de mauvaises directions à ses adversaires avec une posture ‘trompeuse’ qu’il les prend à dépourvu (ironique puisqu’il n’a pas les capacités athlétiques du centre de Michigan). Lorsqu’il coupe au centre, il garde toujours son regard dirigé droit devant, ne laissant pas d’indice quant à la direction qu’il va prendre avec son patin, il vend ainsi le mauvais corridor aux défenseurs.

Une autre chose qui démontre une intelligence offensive particulière en lui est sa capacité à lire les alignements corporels de ses adversaires. Il sait reconnaître ceux qui sont dans une positon vulnérable, comment exploiter un joueur qui est en repli et qui patine de l’avant plutôt que de reculons et le faire pivoter à sa guise pour se gagner une meilleure position pour tirer de l’enclave. C’est ce que font les grands joueurs offensifs, ils décèlent les failles dans le jeu de leurs adversaires et les exploitent.

Offensivement, Carlsson est surtout un fabricant de jeux. Ce qui est un peu ironique, car lors de mes 4 premiers visionnements de lui cette saison (matchs internationaux des moins de 20 ans, ou 19) je trouvais qu’il avait plus le profil d’un marqueur et que ses talents de fabricants de jeux allaient déterminer mon opinion de lui, puisqu’il avait une forte propension à passer dans les zones payantes, avec un taux de succès mixte.

Et puis la saison a débuté en SHL et il s’est établi comme un très solide fabricant de jeux, et je dirais même que c’est son trait identitaire en tant que joueur offensif. Sa vision de jeu est d’un niveau très élevé, lui permettant de repérer des lignes de passes qui ne semblent pas exister à première vue. La raison qui lui permet de tirer profit de ses lignes de passes là c’est qu’il passe la rondelle avec une telle finesse qu’il peut profiter de la moindre petite ouverture, comme les bons marqueurs le font avec les gardiens. La souplesse de ses mains lui permet aussi d’effectuer des passes soulevées à travers de multiples bâtons aisément.

Il adore laisser planer le doute dans la tête de ses adversaires alors qu’il laisse souvent transparaître différentes options à sa portée, achetant du temps à lui-même ainsi qu’à ses coéquipiers. C’est de cette façon qu’il parvient à faire figer défenseurs et gardiens alors qu’il est au cercle droit avant de remettre à l’embouchure du filet à un coéquipier. C’est possiblement sa sélection de jeu favorite et il y trouve un bon taux de succès. L’un des aspects les plus forts dans le jeu de Carlsson, et c’est excessivement rare que cette qualité ressorte chez un attaquant, c’est son jeu en récupération de rondelle le long des bandes. C’est généralement quelque chose qui est mentionné chez les défenseurs, mais que je retrouve dans le jeu de Carlsson dans sa façon de vendre une direction avant d’opter pour l’autre. Son jeu de pieds est excellent.

Je fus renversé de voir à différents points dans la saison à quel point son jeu le long des rampes était bon. Cela fait signe de maturité, et prenant en considération qu’il jouait contre des hommes, je ne fais pas seulement allusion à la maturité physique. Pour exceller à ces endroits, il y a des nuances à maîtriser quant au ‘timing’ ainsi qu’au positionnement corporel. C’est une habilité au même titre que toute autre habilité plus primaire. Ce n’est pas pour rien que des joueurs parviennent à se tailler des postes dans la LNH ou à prolonger leur carrière seulement, car ils se distinguent avec cette habilité. Ce n’est pas à portée de main de tous les joueurs. Carlsson y brille autant grâce aux qualités susmentionnées (Timing et compréhension de l’alignement corporel). Lorsqu’il attend une passe de cet endroit (ou de derrière le filet), il va commencer à tourner son corps avant même de réceptionner la rondelle proprement, ce qui fait que le défenseur ne peut pas jouer entièrement le corps de Carlsson pour le clouer le long de la bande et de dernier se met en position d’avoir une porte de sortie.

Son intelligence s’observe aussi en situations défensives. Ce n’est peut-être pas quelque chose de si bien connu chez les gens, mais à mes yeux, il est le meilleur attaquant défensif du repêchage. Même en étant employé à l’aile gauche en SHL, sa façon de travailler défensivement criait que c’est un joueur de centre au prochain niveau. Son positionnement est très bon et ses couvertures défensives lors de repli sont très impressionnantes. Il travaille très bien avec son corps et son bâton pour soutirer le disque à son adversaire sans ne jamais compromettre le centre de la glace.

Ses lectures de jeux sans la rondelle sont excellentes. Même dans la zone offensive, alors que l’autre équipe est en possession de rondelle. Je ne parle pas nécessairement de faire de l’échec-avant incessant pour forcer son opposition à commettre des revirements, mais plutôt, encore une fois, par des jeux subtils. Que ce soit en allant fermer un espace le long de la bande, là où un défenseur prévoyait dégager, en allant couvrir un attaquant venu en support à son défenseur pour retirer une option de secours, pour couper des lignes de passes, etc. Si jusqu’ici le dessin de ce grand joueur Suédois a surtout été dressé en fonction de son intelligence et des nuances au jeu qu’il saisit, ne vous méprenez pas ! Son jeu n’est pas dénudé d’artifices !

Il possède des mains sensationnelles. Possiblement les mains les plus souples de tout le repêchage. Sa créativité est hallucinante et il a réalisé plusieurs des jeux qui m’ont le plus excité cette saison. Il a la souplesse nécessaire pour attaquer les défenseurs en situation d’un contre un et se moquer d’eux. Il a aussi la vivacité pour éviter un harponnage alors qu’il rentre à pleine vitesse dans la zone où qu’il reçoit une passe dans une zone dangereuse. Il adore se servir de son maniement de rondelle pour gagner le centre de l’enclave.

Un autre aspect que j’aime aussi avec ses mains c’est qu’il ne semble jamais démontrer aucune panique. Il a le poise que les grands joueurs ont : s’empare d’une rondelle libre dans l’enclave et la pression vient sur lui, aucun tir précipité, il amène la rondelle du revers et Merci Bonsoir, c’est derrière le filet. Même en ayant son corps coincé entre la bande et un adversaire, je l’ai vu conserver le contrôle de la rondelle et réaliser des jeux et déjouer un joueur.

Son coup de patin est une facette intéressante de son jeu à analyser. Je considère sa vitesse de pointe comme étant supérieur à la moyenne même s’il n’est pas nécessairement le joueur le plus athlétique. Il est intéressant de noter que Carlsson a grandi de 6 pouces en un seul été il n’y a pas si longtemps. Étant sous la barre des 200 lbs sur un gabarit de 6’03, il y a encore beaucoup de place à développement au niveau physique. Je crois qu’il pourrait atteindre un niveau ou deux de plus dans son accélération. Ce qui est intéressant avec lui c’est qu’il est étonnamment agile et évasif, il peut enchaîner une succession de pivot sur lui-même pour se défaire d’un joueur le long des bandes ou dans les coins (comme mentionné plus tôt). Je crois qu’à son apogée, il pourrait dominer dans ces facettes comme le fait Leon Draisaitl (Carlsson a de meilleurs pieds au même âge et n’est pas autant avancé dans son développement physique que Draisaitl au même stade). Un autre joueur qui donne énormément de fil à retordre aux défenseurs avec ses changements de direction malgré qu’il ne soit pas le meilleur athlète.

Son jeu de pied est très avancé, il peut utiliser des pivots brusques sur lui-même et il parvient à battre de nombreux joueurs en transition alors qu’il fonce sur eux avant d’effectuer un subtil changement d’angle d’attaque. J’en avais parlé plus tôt, mais Carlsson est un expert dans l’art de lire ses adversaires et personnellement, je ne crois pas avoir vu un espoir depuis que je fais des listes être en mesure d’aussi bien influencer les pivots des défenseurs adverses et leurs positions de patin. Il démontre aussi une très belle coordination avec ses pieds et ses mains en combinaison. Exemple, il s’amène en situation de 2 contre 1 sur son côté fort et il vend le tir, pas seulement avec ses mains, mais aussi avec ses patins en laissant traîner son pied à l’arrière comme s’il chargeait son poids sur sa jambe avant pour décocher son tir. À la seconde où le défenseur se compromet pour bloquer le tir imminent, Carlsson change sa direction en une fraction de seconde et coupe plutôt dans le centre. Il influence si bien ses adversaires.

Il ne sera jamais un ‘Volume Shooter’, préférant remettre la rondelle à ses coéquipiers, mais c’est une arme offensive qu’il gagnerait à utiliser plus souvent. Il a un bon tir, et par-dessus tout, cela le rendrait plus diversifié et dangereux. Il possède une touche de marqueur évidente, il peut élever la rondelle par-dessus l’épaule du gardien alors qu’il est en pleine accélération et qu’il n’a pas beaucoup d’espace pour effectuer sa dégaine.

Personnellement, je vois qu’il se projette parfaitement comme joueur de centre dans la LNH. Il représenterait un choix facile pour moi si j’étais les Ducks d’Anaheim. Je le choisirais au 2e rang. Tu te retrouves avec un ‘1-2 Punch’ avec Mason MacTavish de centre qui excelle sur les deux sens de la patinoire (MacTavish apporte aussi ce côté robuste et difficile à affronter) et tu peux placer Trevor Zegras à l’aile et lui donner toute la latitude souhaitée offensivement.

Nombre de matchs regardés : 18

3. Adam Fantilli

Adam Fantilli est un imposant joueur de centre canadien avec un ADN conçu pour être le joueur convoité par toutes les formations de la LNH en prévision des séries éliminatoires. Gros, rapide, rugueux et talentueux, il possède un coffre à outils en faire saliver plusieurs. En tête de liste de ses attributs viennent probablement ses qualités physiques. À 6’2, 187 lbs, il est l’un des patineurs les plus puissants qui m’ait été donné d’observer. Sa vitesse de pointe ainsi que son accélération sont excellentes, ce qui capte le plus mon attention est à quel point Fantilli possède de puissants muscles fléchisseurs des hanches dans sa façon de ramener ses cuisses vers l’avant après chaque poussée. Il y a les patineurs rapides qui semblent glisser sur la glace à une vitesse plus élevée que les autres, et il y a les joueurs puissants qui semblent ‘briser’ la glace lors de chaque foulée, Fantilli est de cette lignée, tout comme les Ilya Kovalchuk et Nathan MacKinnon de ce monde.

Le porte-couleur des Wolverines de l’université du Michigan n’est pas seulement un fort patineur en direction linéaire, il déploie également énormément de puissance dans ses déplacements latéraux, pour être franc, j’ai rarement vu un joueur générer autant de puissance dans ses poussées de côtés. Avec une telle vitesse, il est dangereux pour les défenseurs autant lorsqu’il a la rondelle que lorsqu’il ne l’a pas, lors de l’échec avant. Surtout mise à cela son gabarit et sa propension pour le jeu rude, il est une réelle menace pour quiconque s’aventure récupérer une rondelle libre. C’est d’ailleurs l’un des traits les plus identitaires à Fantilli : son intensité et son jeu physique. C’est quelque chose que la plupart des gens auront observé lors du WJC alors qu’il était employé plus comme joueur d’énergie, mais il ne faut pas penser que le rôle qu’on lui a donné est un diminutif, car c’est bel et bien comme ça qu’il joue chaque match. Il termine la grande majorité de ses mises en échec et en plus de cela, il frappe fort !

Cependant, il n’y a pas qu’en poursuite de rondelle que Fantilli se sert de son physique. Même si cela est digne d’éloges, n’importe quelle poule pas de tête peut effectuer cela. Fantilli fait usage de son physique dans des jeux concrets par exemple, en s’imposant agressivement pour s’assurer de gagner sa position vis-à-vis son adversaire pour récupérer une rondelle libre. Son désir de compétitionner est aussi pleinement étalé à l’intérieur de cette facette. Lors d’une séquence, Fantilli était à bout de souffle, en fin de présence, alors qu’il obtient une échappée partielle à partir de la ligne bleue. Il se fait rattraper rapidement par les défenseurs (qui venaient de sauter sur la patinoire), pas question de tirer de loin pour Fantilli ! Il va trouver un moyen de repousser les défenseurs et d’attaquer le gardien pour lui rendre la vie le plus difficile.

Le tir de Fantilli est également une de ses qualités qui figurent très haut parmi ses rivaux et qui font de lui un espoir de très haut niveau. L’éventail des qualités à son tir est assez large, ce qui est en soi, un très bon exploit. Pour commencer, son tir alors qu’il patine à pleine vitesse est très dangereux. Je n’ai pas vu beaucoup de joueurs capables d’avoir une telle élévation sur leur tir alors qu’ils sont en mouvement de la sorte. Ce sont des rondelles très difficiles à contrôler pour les gardiens. Si l’arrêt initial a été fait. Ses tirs sont très puissants, même dans de positions inorthodoxes, la vélocité de ses tirs ne s’en voit pas amoindrie. Son tir sur réception est également d’une violence.

D’un point de vue plus technique, Fantilli possède un bon ‘Catch and Release’ . Ceci se produit lorsqu’un joueur reçoit une rondelle du même côté que sa latéralité. Exemple, Fantilli est un gaucher, alors lorsqu’il se situe à gauche, il s’empare de la rondelle, va la réceptionner sur son côté fort et va parvenir à décocher en une seule motion, lui permettant de ne perdre aucun temps, mais en améliorant la précision versus s’il avait essayé de tirer sur réception de son mauvais côté. Si on le compare à Bedard (et je comprends que c’est injuste de comparer le tir de quiconque à Bedard, mais il est le Gold-Standard dans cette facette), Fantilli n’a pas la même capacité à éviter les bâtons des défenseurs avec son ‘Drag and Release’ ni pour parvenir à utiliser les défenseurs comme écran. Cependant, je crois que Fantilli a le dessus dans sa façon de se déplacer latéralement avec une puissante poussée pour faire bouger le défenseur avant de tirer, alors que Bedard va préférer composer avec un défenseur statique avant de décocher. Ils sont différents à cet escient.

En dépit de ce qui a été présenté, les attributs physiques de Fantilli, et ce qui en découle (patin, tir, intensité, etc.), n’est pas ce qui m’a le plus marqué dans mes visionnements. En effet, ce qui a été le centre de mon attention sur son jeu fut l’analyse de son QI. Et pour moi, ceci constitue une lacune importante à son jeu. J’ai décidé d’en parler un peu plus tard dans mon portrait afin de pouvoir commencer avec des choses plus positives.

C’est une facette qui peut être difficile à évaluer, surtout chez les joueurs dotés d’un tel talent, car on se pose la question : prennent-ils des risques avec la rondelle, car ils peuvent se le permettre ? Ou est-ce simplement, car ils ne repèrent pas les bonnes options de jeux ? Dans le cas de Fantilli, je penche vers la 2e option. Je dirais même que de tous les joueurs au sommet des derniers repêchages, c’est assez évident pour moi que son QI est moins haut que les autres tops prospects. Pour vous donner une indication, lors de mes 3 premiers matchs visionnés de Fantilli j’ai pris 800 mots de notes et 500 de ceux-ci furent à propos d’interrogations que j’avais soulevées quant à son intelligence ; beaucoup de drôles de sélections de passes, de mauvaises routes choisies alors qu’il transportait la rondelle, etc.

Un joueur qui essaie d’en faire trop pour moi est Logan Cooley. Ce n’était pas rare de le voir contourner deux fois la zone offensive l’an dernier avant qu’il effectue une passe, et ce n’était pas, car il ne voyait pas ses options, c’était, car il croyait que c’était le meilleur jeu à faire et qu’il pouvait le faire. Malgré mes reproches, je n’ai jamais critiqué son intelligence, car il m’avait démontré être capable de joueur, un jeu plus simple, axé sur une exécution rapide de passes, etc. Fantilli, quant à lui, n’est pas un joueur qui conserve la rondelle longtemps sur son bâton, il prend simplement de mauvaises décisions. Cette lacune semble s’expliquer (du moins, de par mes observations) par 3 constantes ;

De un, les sélections de passes de Fantilli laissent beaucoup à désirer. On pourra en couvrir un peu plus large lorsqu’il sera question de ses talents de fabricants de jeux, mais pour énumérer quelques exemples, j’ai vu Fantilli en transport de rondelle arriver à la ligne bleue adverse et effectuer une passe soulevée du revers latéral beaucoup trop vive pour un coéquipier.

On a un exemple ici de mauvaise sélection de passes de Fantilli, il gagne la zone avec vitesse et freine brusquement en rentrant, ce n’est pas quelque chose qu’il fait si souvent, mais c’est un jeu que j’aime bien, il attaque son opposition avec vitesse pour les faire reculer et freine pour se donner de l’espace ainsi qu’à ses coéquipiers.

On peut voir Fantilli en bleu le long de la bande regarder en direction de ses défenseurs qui arrivent pour l’appuyer, le problème est qu’on voit très bien que les 3 attaquants adverses sont orientés vers ceux-ci.

Il décide quand même de tenter une passe, qui se fait intercepter facilement.

De deux, sa reconnaissance de ses coéquipiers sur la patinoire ainsi que de la situation à l’intérieur du match fait défaut. Plusieurs séquences ont fait foi de ce point, par exemple, tenter de feinter un défenseur à sa propre ligne bleue en désavantage numérique, alors que son équipe protège une mince avance en fin de match. Mais dans un exemple plus nuancé, Fantilli a la rondelle en avantage numérique, le long de la bande. Tous les joueurs de sa formation sont du côté droit de la patinoire ; lui à la bande, un joueur à la ligne des buts, un dans l’enclave, un défenseur en haut de lui le long de la bande et un autre joueur ayant chuté. Fantilli force une passe très vive à l’embouchure du gardien, personne ne trouve preneur, elle s’arrête donc à la gauche de la zone offensive, où aucun joueur de Michigan ne se trouve, un adversaire s’en empare et lancer un de ses coéquipiers en échappée en désavantage numérique.

 Et finalement, si ce n’est pas avec ses outils (patin, physique, etc), il a de la difficulté à battre ses adversaires. Cela s’observe majoritairement lorsqu’il transporte la rondelle en zone neutre. S’il n’est pas à pleine vitesse et que la défensive adverse est bien installée dans la zone neutre, on peut voir les limites de son QI par les trajectoires qu’il va choisir ou par les passes qu’il va faire à ses coéquipiers. C’est d’ailleurs une des grosses différences entre lui et Leo Carlsson, Carlsson joue du hockey beaucoup plus structuré et collectif.

Si on s’attarde à ses talents de fabricants de jeux, je ne crois pas que Fantilli soit un naturel dans cette facette. Bien entendu, on parle d’un espoir de très haut calibre, alors ne vous surprenez pas si vous le voyez effectuer de belles passes transversales lors des avantages numériques. Il n’est pas dépourvu complètement d’habilités dans cette facette, loin de là. Mais je ne crois pas que c’est un point très fort chez lui. Il y a évidemment les passes forcées dont j’ai mentionné plus tôt qui ont résulté en revirement, mais au-delà de ça, il y a d’autres limites.

Fantilli a de la difficulté à alimenter ses coéquipiers sur son revers. À chaque fois qu’il va rentrer dans la zone par la droite avec vitesse, il va devoir tourner ses hanches pratiquement dos au filet adverse et passer de son coup droit à un joueur dans le haut de l’enclave ou à un défenseur à ligne bleue plutôt que d’alimenter sur son revers. Aussi, pour le moment, il n’y a pas beaucoup d’éléments de ‘tromperie’ à ses talents de passeurs ; vendre le tir et opter pour une passe à la place, regarder une option de passe, mais passer à un autre (Off Looks), etc.

Pour ce qui est de son maniement de rondelle, c’est beaucoup plus reluisant même si on y retrouve également des limitations. Du côté positif, ses mains sont très bonnes. L’exemple le plus fréquent où il en fait la démonstration est lors qu’il s’amène du côté droit (il est gaucher) et qu’il feint de prendre l’intérieur pour ensuite revenir vers l’extérieur, en passant la rondelle sous le bâton de son adversaire et en l’amenant sur son revers, il penche ensuite l’épaule pour attaquer le filet. C’est un jeu qui fonctionne très bien pour lui, car il a la puissance nécessaire avec son coup de patin pour se créer de la séparation avec le défenseur lorsque celui-ci effectue son pivot, et il a également la force physique pour protéger la rondelle. C’est cependant un mouvement préplanifié par Fantilli, et les défenseurs de la NCAA ont fini par s’adapter.

La dextérité de ses mains est très impressionnante, fut une séquence où on lui passa la rondelle en zone neutre alors qu’il était en pleine accélération, un défenseur semblait en parfaite position pour harponner la rondelle avant que Fantilli en prenne le plein contrôle. Il a habilement ‘chippé’ la rondelle par-dessus le bâton du défenseur et en a repris possession en une seule motion et a pu obtenir un très bon tir au but suite à ce jeu.

La combinaison des mains et du patin de Fantilli en est réellement une combinaison exceptionnelle. Je crois cependant que cela a pu représenter une sorte de ‘cadeau empoisonné’ dans son cas puisque ça l’a empêché de développer certaines nuances à sa façon d’utiliser ses deux outils conjointement. Étant toujours un bon niveau supérieur à son opposition, il a pu s’en tirer à bon compte en utilisant ces mouvements, car ils devaient fonctionner dans la très grande majorité du temps, ce qui ne demeure plus le cas à un niveau supérieur. Pendant ce temps, Fantilli n’a pas ressenti le besoin de développer des subtilités à son maniement de rondelle.

Il attaque les défenseurs avec une telle vitesse et il couvre tellement large d’espace latéral lorsqu’il change de direction que c’est probable qu’il batte le défenseur avec sa première (et unique) feinte. Cependant, ça arrive souvent que cela ne fonctionne pas, car Fantilli ne vend pas de mauvaises routes à priori. Exemple, s’il rentre par la gauche et veut gagner le centre, il va simplement attaquer le centre. Plutôt que de légèrement approcher le centre, revenir vers la gauche pour attirer le défenseur et ensuite effectuer sa feinte pour gagner l’intérieur. Il manque de ‘tromperie’ et est trop prévisible dans son approche.

Je terminerai cet aspect en disant que son répertoire de feintes est un peu limité et sa façon de se servir de ses mains est principalement pour lui permettre d’attaquer le filet. Il y aura une période d’adaptation pour lui à faire dans la LNH, car les défenseurs seront plus gros et plus forts, et ils vont jouer le corps plutôt que de jouer la rondelle. S’il ne peut pas gagner ses batailles contre eux, son maniement de rondelle va perdre sa principale justification.

Quant à sa projection, une partie de moi croit que Fantilli pourrait devenir un ailier dans la LNH. Ce n’est pas une opinion qui semble très partagée, mais lorsque je regarde son identité en tant que joueur d’hockey, je vois un attaquant de puissance très rapide, qui aime frapper et est définitivement plus un tireur qu’un fabricant de jeux. Il a d’ailleurs partagé plusieurs matchs à Michigan entre le centre et l’aile. Là où ce n’est pas si facile à déterminer, c’est que s’il ne joue pas au centre, il perd l’une de ses principales forces qui est son jeu en transition. Fantilli est une arme redoutable en transport de rondelle, et on a vu que son jeu en zone neutre est relativement faible s’il n’est pas à pleine vitesse.

Il y a donc des pour et des contres à chaque positon. Cela dit, si je repêche Fantilli, je fais tout en mon pouvoir pour en faire un joueur de centre, car la réalité est, il n’y a pas de joueur comme lui qui évolue à cette position dans la LNH ! Le meilleur comparable actuel serait peut-être Pierre-Luc Dubois. Le talent de Fantilli dépasse de beaucoup celui du porte-couleur des Jets au même âge. Ce n’est peut-être pas le comparable le plus excitant pour certains, mais j’ai encore en tête les séries de Dubois dans la bulle en 2020 et il avait été un véritable cheval !  Toutes les formations rêvent d’un tel joueur, et avec raison. Je crois aussi qu’avec le bon personnel de développement, Fantilli peut améliorer certaines facettes dont j’ai fait allusion lors de mon analyse.

Et advenant le scénario où Fantilli ne s’établit pas au centre de sa formation LNH ? On parle d’un attaquant de puissance qui pourra porter pleinement son attention sur marquer des buts, se rendre au filet et terminer ses mises en échec, un peu dans le moule de Rick Nash. Comme quoi ce serait très loin d’être un drame si jamais il est pour devenir un ailier.

Nombres de matchs regardés : 20

4. Zach Benson

Petit ailier dynamique et fougueux de 5’10, Benson a terminé sa saison avec 98 pts en 60 parties. Il termina au premier rang des pointeurs de son club, le Winnipeg ICE, devançant même Matthew Savoie et Conor Geekie qui furent deux hautes sélections u repêchage de 2022. Winnipeg fut l’une des meilleures formations de la WHL et cela fut en grande partie grâce à Benson.

Il a cette capacité à rendre tout le monde autour de lui meilleur et cela s’exprime principalement à travers de ses talents de fabricants de jeux. Son éventail de façon par lesquelles il brille en tant que passeur est très large. Ce qui m’impressionne le plus c’est à quel point son cerveau va vite et à quel point il parvient constamment à identifier la meilleure option de passe même lorsque lourdement surveillé et à quel point son exécution ne fait jamais défaut lors de telles circonstances. Même en arrivant à pleine vitesse et en devant composer avec une rondelle bondissante, il a la dextérité des mains pour gérer le disque sans avoir a baisser la vue et il peut repérer la meilleure option en une fraction de seconde.  Il parvient à effectuer des passes très difficiles comme si c’était des jeux de routine pour lui.

Il n’a pas peur d’attirer la pression sur lui et c’est ce qui explique pourquoi il est un aussi bon passeur d’en provenance de derrière le filet. Il a le calme en lui, le dynamisme et la capacité d’évasion pour lui permettre de gagner du temps pour ses coéquipiers, tout en gérant la pression adverse. Sa capacité à prendre des décisions rapidement est accompagnée d’une exécution qui est tout aussi vive. Lors des avantages numériques, il a une grande facilité à passer la rondelle à travers la boîte défensive et il le fait souvent avec des passes sur réception, créant beaucoup de confusion pour l’équipe adverse.

En plus d’exécuter des jeux rapidement, Benson démontre un grand raffinement dans sa vision de jeu et il parvient à bien repérer les zones libres où un coéquipier pourra sauter dans le jeu pour s’emparer de la rondelle (ce qu’on appelle en anglais des Area-Passes). Il n’y a pas que des ‘flash’ avec ses passes, mais aussi beaucoup de substance alors qu’il va souvent effectuer de bonnes passes courtes sous la couverture de bâton adverse qui démontre une bonne intelligence et aussi un fort niveau de talent.

Pour compléter, ses mains lui permettent d’être très à l’aise pour passer la rondelle sur son revers, et il est possiblement le meilleur joueur du repêchage pour effectuer des passes soulevées, lui permettant de rejoindre des coéquipiers qui ne seraient pas accessibles autrement. En 2e position des choses que j’aime le plus chez lui, on retrouve, simplement, la façon dont il approche chaque présence sur la glace. Benson ne laisse absolument rien dans son réservoir, à chaque fois qu’il saute sur la patinoire. Il compétitionne extrêmement fort, ayant assurément l’une des meilleures éthiques de travail de tout le repêchage. Autrement dit, c’est un ‘Gamer’ !

Il y existe certaines nuances entre ‘travailler fort’ et ‘compétitionner’. Ce ne sont pas tous les joueurs qui travaillent fort qui compétitionnent. Dans le cas de Benson, il ne laisse aucun doute. Il ne rebroussera jamais chemin devant des contacts physiques, même qu’il semble les apprécier, il n’hésitera jamais à répliquer lors des escarmouches. Son dévouement pour son équipe est immense, il n’a pas peur de se sacrifier et il va même donner des efforts supplémentaires dont on ne voit tout simplement pas les autres joueurs faire, exemple, en plongeant et en étirant son bâton de tout son long dans la zone offensive pour empêcher un joueur adverse de dégager la rondelle. Son amour pour la game transpire dans ce genre de jeu. Il est prêt à donner le petit 10% d’extra que les autres ne font pas.

Sa ténacité en échec avant (ou simplement en poursuite de rondelle) est remarquable ! Il veut la rondelle plus que quiconque sur la patinoire et il travaille très bien avec son bâton pour la subtiliser à ses adversaires. Avec ou sans la rondelle, Benson n’a pas peur d’attaquer le filet, et ce, même à pleine vitesse. Et ce que j’aime le plus dans son approche pour le jeu, c’est sa façon de réfléchir de proactivement sur la patinoire. Benson est toujours un coup en avance sur ses adversaires et ça s’explique du fait qu’on peut observer son cerveau fonctionner à pleins cylindres sur la patinoire. Il est toujours en train de réajuster sa position sur la patinoire en fonction des mouvements autour de lui. À la moindre petite bévue de l’adversaire, il va être au meilleur endroit possible pour les faire payer. Son positionnement offensif est simplement l’un des plus élevés que j’ai eu la chance d’observer chez un espoir.

Personnellement, si j’ai des réserves à avoir sur un petit joueur, je vais en avoir sur Matvei Michkov bien avant Benson. Lorsqu’un joueur combine une intelligence supérieure avec une intensité semblable à celle de Benson, cela mène généralement à un jeu défensif accompli. Il est très peu fréquent de voir un jeune de 17 ans démontrer une telle maturité sans la rondelle, encore plus lorsqu’on parle d’un joueur qui a cumulé les statistiques que Benson a cumulé avec le ICE de Winnipeg. Son ardeur au travail en poursuite de rondelle ou sur le porteur du disque est évidemment l’une des raisons qui propulsent son jeu défensif à un haut niveau.

Mais ce qui est possiblement la raison pour laquelle je taris autant d’éloges à son égard, c’est son niveau de vigilance sur la patinoire. Un peu dans la même ligne de pensée que sa façon de se démarquer offensivement, Benson est très soucieux de chaque petite variable qui est influencée sur la patinoire et il réagit en conséquence. C’est l’une des raisons pour lesquelles je suis capable de le voir un joueur en désavantage numérique dans la LNH. Son dévouement fait en sorte qu’il met beaucoup de pression sur le porteur de la rondelle, mais la qualité de ses lectures de jeu et son moteur font en sorte qu’il reprend immédiatement une position adéquate sur la patinoire suite à ce que son adversaire ait fait circuler la rondelle. Avec ces qualités, aucun joueur ne reste à découvert trop longtemps.

Il excelle autant, car il comprend de très fines subtilités qui ne sont maîtrisées que par de très grand IQ défensif. Par exemple, dans la zone neutre, lorsque l’autre équipe contre-attaque, il sait comment influencer le porteur de la rondelle vers la bande, mais sans compromettre le centre de la patinoire. Il ferme excessivement bien le jeu.

Parlant de jeu le long des bandes, Benson se tire très bien d’affaire malgré son diminutif gabarit. Il fait preuve d’ingéniosité grâce à la qualité de ses mains et de son agilité sur patin. Il sait aussi quand remettre la rondelle au moment opportun à un coéquipier, ne la conservant jamais trop longtemps. Son gabarit sera toujours une limitation pour lui, mais il démontre énormément de combativité. Il place son corps en position favorable en abaissant son centre de gravité et en cherchant proactivement à repousser son adversaire. En plus, il garde ses pieds en mouvement pour créer de la distance avec son couvreur et il parvient à attaquer au filet ainsi. Même en récupération de rondelle, pas le plus gros ni le plus rapide, mais il va s’arranger pour placer son corps devant l’autre joueur pour s’assurer d’arriver premier à la rondelle.

Autre que son gabarit, s’il y a eu un endroit où des gens ont semblé montrer des réserves concernant Benson c’est à propos de son coup de patin. Et en ce qui me concerne, je n’ai pas vraiment d’inquiétudes. D’emblée, je ne considère pas sa vitesse comme étant sous la moyenne. Et si des gens jugent qu’elle n’est pas suffisante pour un joueur de sa taille, je crois qu’il y palie plus qu’assez par son niveau de vigilance sur la patinoire et son moteur. Ses pieds sont également toujours en mouvement alors ça vient mitiger certains risques qui pourraient s’y rattacher.

Il joue à un rythme (pace) qui n’est égalé que par une poignée de joueurs dans ce repêchage. Grâce à son intensité et ses lectures de jeu, il est très souvent premier sur les rondelles libres. Ces situations sont souvent des courses pour la rondelle, ce qui veut dire que la pression est imminente. Heureusement pour lui, Benson est un joueur qui fait circuler la rondelle rapidement, alors il ne se fait pas neutraliser le long de la bande.

Comme je disais, de mon côté, Benson est somme toute un assez bon patineur, et cela s’observe à l’intérieur de son jeu en transition. Il peut arriver à toute vitesse avec la rondelle, la remettre à un coéquipier et poursuivre sa course en accélération pour se faire refiler le disque tout en ayant éliminé un ou deux joueurs adverses du même coup. Ce sont des jeux qui nécessitent un haut niveau d’exécution et ce sont des jeux qui, pour moi, se caractérisent de ‘rapide’ même si certains peuvent argumenter sur son patin. Un joueur plus rapide qui n’a pas la même vitesse de traitement d’information et la même dextérité des mains ne sera pas en mesure de ‘jouer’ à cette vitesse.

On observe aussi dans son jeu en transition sa grande intelligence et sa façon d’employer ses coéquipiers à ses jeux. Il est très bon pour influencer la position de ses adversaires et il peut se servir de cette qualité en ralentissant et en déviant sa trajectoire d’un côté pour ouvrir le jeu, et ensuite rejoindre un coéquipier avec une magnifique passe soulevée dans un espace libre.

Même s’il a définitivement plus une mentalité de passeur, Benson démontre certains instincts de marqueur également. Il comprend extrêmement bien les espaces libres sur la patinoire et il a marqué un assez bon nombre de ses buts près du filet. Il sait où aller pour marquer. Il sait aussi comment exploiter les déplacements des gardiens de but à son avantage, attendant une petite fraction de seconde de plus qu’ils se déplacent pour tirer à contresens. C’est une facette assez sous-estimée de son jeu. Il possède un bon tir, et surtout, un bon éventail de tir. Son tir sur réception est surprenant et il est en mesure de décocher des tirs rapidement alors qu’il patine à pleine vitesse.

De mon côté, je n’ai pas d’inquiétudes envers Benson, et je suis quelqu’un qui ne se cachera jamais pour admettre que j’ai un certain biais défavorable envers les petits joueurs. Il fait beaucoup de choses très bien sur la patinoire, et sa façon de les faire ne me laisse aucun doute à savoir si cela va se transposer ou non. Il est probablement le petit joueur talentueux des dernières années qui se projette le mieux à la LNH.

C’est un joueur qui rend tout le monde autour de lui meilleur, et pas seulement par son niveau de talent, mais aussi par son éthique de travail. C’est le genre de joueur qui fait en sorte que le tempo des pratiques est plus rapide et que tous les autres joueurs autour de lui ressentent le besoin d’en faire plus. Son impact transcende ce qu’il fait sur la glace. Plusieurs personnes s’amusent à tourner en dérision les commentaires du DG de leur club qui parle de l’importance de bâtir une bonne ‘culture’, et bien pour moi, Benson est un joueur de ‘culture’.

Nombres de matchs regardés : 22

5. Will Smith

Joueur de centre américain, Will Smith a connu une campagne aussi spectaculaire sur la glace que sur la feuille de pointage. Il est l’un des joueurs les plus électrisants de ce repêchage, et même, des dernières saisons.

Il se présente d’abord et avant tout comme un fabricant de jeux. Cette qualité s’affiche si haute dans son jeu qu’il ne serait pas farfelu d’émettre l’opinion qu’il est le meilleur de ce repêchage, y compris devant Connor Bedard. Ce qui est impressionnant dans son cas aussi, c’est que même si c’était son trait identitaire fort en début de saison, la qualité et la diversité qu’il présentait à cet égard n’ont rien de comparable avec ce qu’il offre actuellement. Les deux mots qui représentaient le mieux ses talents de fabricants de jeux en début de saison étaient ‘Inconstant’ et ‘En développement’. Son exécution ne fonctionnait pas toujours et il se montrait assez unidimensionnel dans sa façon de créer, soit, en gagnant le centre de l’enclave en sortant du ‘Cycling’ avec une feinte et en remettant ensuite à un coéquipier.

C’était souvent aussi avec des jeux très impressionnants, qui le placent un peu à risque de commettre un revirement ou qui auront un taux de succès moins élevés dans la LNH. Exemple, en déjouant des joueurs habilement et en s’avançant du revers devant le gardien avant de passer à l’un de ses ailiers. Par-dessus cela, il lui arrivait de manquer des passes de routines, malgré tous les flashs qu’il pouvait apporter. Et puis, de fil en aiguille, son exécution s’est retrouvée sans bavures et il s’est mis à compléter des passes phénoménales, exemple, de la pointe droite, en diagonale, jusqu’à l’embouchure du filet à gauche.

Son répertoire de playmaking s’est vu ajouter des nuances tout au long de la saison. Si au début de l’année il œuvrait principalement grâce à ses excellentes mains et sa créativité hors pair, il a commencé à utiliser adéquatement les passes courtes à des joueurs stationnés dans le ‘Bumper’ ainsi que des passes sur réception, démontrant la même efficacité qu’avant, sans avoir à conserver la rondelle longtemps.

Smith est l’un des passeurs les plus trompeurs qui y ait dans ce repêchage.  Son opposition ne peut jamais deviner quelles sont ses intentions. Il a une très forte propension à utiliser des ‘Off-Looks’ regardant dans une direction autre que celle où il va passer la rondelle. Il est aussi exceptionnellement trompeur avec sa posture alors qu’il laisse croire qu’il va décocher un tir ou chercher à contourner un défenseur avant de prendre la défensive adverse à dépourvu avec une passe. Une chose intéressante avec lui en tant que passeur, c’est qu’il ne tombe pas dans le piège d’être prévisible et de toujours chercher la passe, il n’hésite pas à décocher des tirs, même dans des situations de surnombre.

Le deuxième aspect prédominant dans son jeu, et qui va en conjonction avec ses talents de passeurs, c’est son maniement de rondelle. Il est doté d’une créativité sans précédent dans ce repêchage et ses mains lui permettent d’exécuter toutes les fantaisies qu’il a en tête. Smith n’est pas un patineur extrêmement dynamique qui va faire reculer les défenseurs avant de les attaquer avec ses mains, mais il demeure tellement imprévisible avec sa posture qu’il peut laisser transparaître de fausses intentions à l’intérieur d’un changement de direction et ramener la rondelle habilement de l’autre côté.

Il y a bien sûr des éléments dans cette facette de son jeu qui montrait une certaine immaturité en début de saison. Un joueur de sa trempe a la latitude d’expérimenter sur la glace, surtout au niveau de la USHL. Ces joueurs peuvent parfois se montrer coupables d’apporter des flashs de talent qui sont dénudés de substances. Ce fut le cas pour Smith en début de calendrier, mais cela s’excuse avec les ajouts qu’il a faits dans la campagne à utiliser des passes suite à de courtes possessions de rondelle.

Aussi, Smith se sert de ses mains dans les zones payantes, ce qui ne fait pas de lui un joueur ‘superficiel’. Il est possiblement le meilleur manieur de rondelle pour ce qui est de gagner l’enclave avec Matvei Michkov. Il fait aussi preuve d’un bon seuil à la panique et une certaine bravoure en pouvant démontrer de bonnes mains en récupérant des rondelles près du filet ou dans l’enclave. Il n’a pas peur de se faire frapper dans de telles situations.

Il en a été mention un peu dans la description de ses talents de passeur, Smith n’est pas un joueur qui hésite à prendre des tirs au but. Il joue généralement à la pointe droite lors des avantages numériques et il prend beaucoup de lancers des poignets de cette position. Il affectionne particulièrement les tirs bas du côté de la mitaine. Smith est un tireur unique alors qu’il a la capacité à décocher des tirs très vifs alors que la rondelle se situe devant lui. Les gardiens sont souvent sans réponse face à ces tirs puisqu’ils n’ont aucune information à savoir si Smith va lancer ou non.

Finalement, la qualité de son maniement de rondelle fait de lui un tireur extrêmement dangereux des endroits payants, car il n’a aucune difficulté à se défaire d’une couverture défensive étanche.

La chose qui laisse le plus à désirer dans son cas, c’est son jeu défensif. Il est assez erratique en ce qui me concerne dans sa zone. Son désir de compétitionner et d’engagement fait défaut. Sur son trio, ça l’a été Ryan Leonard qui a assumé toutes les grosses responsabilités défensives, que ce soit les replis en urgence, le jeu dans les coins, batailler derrière le filet, etc. C’est possiblement la principale raison pour quoi je projette Smith comme ailier, et non comme centre dans la LNH.

En plus d’un manque d’engagement, il a tendance à quitter sa zone rapidement lors des relances et de tricher offensivement. Aussi, même son jeu offensif semble mieux servi à l’aile qu’au centre. J’ai parlé à quelques reprises de sa propension à gagner l’enclave. Même s’il termine ces jeux au centre de la zone offensive, il les entreprend à partir de la bande, ce qu’il pourrait maximiser en jouant à l’aile.

Il devrait jouer à la position de centre sur l’un des deux premiers trios à Boston College dans la NCAA l’an prochain, alors il sera intéressant de voir s’il fait des progrès à ce niveau. À chaque année, c’est pas mal les mêmes mauvaises habitudes qui ressortent chez les joueurs du NTDP. C’est que cette équipe est un peu une formation toute étoile. Ils sont tellement au-dessus de leur compétition en USHL que les joueurs parviennent toujours à s’en tirer avec tout leur trichage. Ce n’est toutefois pas impossible qu’il puisse changer complètement à ce niveau. Pour exemple, l’un de mes espoirs favoris à l’époque, Nick Schmaltz, avait un style de jeu similaire et délaissait presque entièrement son jeu défensif. Et puis, il est allé à l’université du North Dakota et il a développé un superbe jeu sur les 200 pieds de la patinoire. Il est même actuellement l’un des meilleurs dans la LNH pour soutirer la rondelle à ses adversaires. Smith aura également l’occasion de conserver les deux mêmes partenaires de trio, alors que Ryan Leonard et Gabe Perreault le suivront à Boston College.

Nombres de matchs visionnés : 22

6. Matvei Michkov

Ayant été en mesure de rivaliser avec Connor Bedard sur la scène internationale au cours des dernières saisons, Matvei Michkov a entrepris la saison comme étant le plus proche poursuivant du jeune prodige de Vancouver. Ne parvenant pas à se tailler un poste régulier avec la formation du SKA de St-Petersburg, il partagea sa saison entre le circuit VHL (l’équivalent de la AHL en Russie) ainsi qu’avec Sochi, le pire club de la KHL. Cette sensation russe est un talent inné dont on n’a pas la chance de voir souvent. On le voit tout de suite lorsqu’il a la rondelle sur son bâton. Il dégage cette aura que seuls les joueurs de classe mondiale projettent.

Ce qui le rend si exceptionnel dans ce département, c’est qu’il parvient à amener un lot abondant de substance à une facette qui est trop souvent réservé à des joueurs qui font dans le superficiel. Si plusieurs jeunes joueurs talentueux vont effectuer des jeux spectaculaires, mais inefficaces, Michkov parvient à manœuvrer dans la circulation lourde et se sert de ses mains pour gagner le centre comme très peu de joueurs que j’ai vu auparavant. Peu importe combien de couches de défense il aura à traverser, il est en mesure d’attaquer le centre de la zone offensive. Il peut créer des chances de marquer à partir de rien. C’est ce qui se produit lorsque tu combines habiletés et détermination.

Même en entrée de territoire, c’est remarquable le voir composer devant un mur de 4 adversaires statiques à la ligne bleue qui l’attendent de pied ferme. L’une des raisons pourquoi il excelle autant en maniement de rondelle en circulation lourde est qu’il sait où placer la rondelle pour la garder hors d’atteinte des bâtons des défenseurs adverses. Michkov possède une large base de patin et il aime la garder près de celle-ci, lui permettant de repousser le bâton des défenseurs avec sa jambe éloigné s’il le faut.

La liste des jeunes espoirs que j’ai vue mettre en évidence leurs mains sans savoir quel jeu concret allait découler de leur exhibition est plutôt exhaustive. Avec Michkov, je ne retrouve pas ce genre d’immaturité dans son jeu. Chaque fois qu’il réalise un jeu de la sorte, il y a un objectif plus gros en arrière que ce soit simplement de gagner du temps en évitant des harponnages en entrée de territoire ou le long des bandes, ou pour se défaire d’un joueur pour ouvrir une ligne de passe à un coéquipier, il a toujours un ou deux jeux d’avance dans sa tête.

Tout comme son rival Canadien, Michkov est un tireur de très haut niveau. Cependant, il opère différemment. Bedard peut battre des gardiens de loin avec de violents tirs des poignets, Michkov va plus se reposer sur des jeux techniques pour tromper ses adversaires et profiter sournoisement de la moindre petite ouverture. Il peut quand même battre les gardiens de distances moyennes grâce à une précision chirurgicale, mais s’il prend des tirs de cette distance, il va être à son plus menaçant quand le jeu est déjà installé dans la zone offensive, exemple, dans un cercle lors d’un avantage numérique. Car contrairement à Bedard, il ne possède pas la vitesse nécessaire pour faire reculer les défenseurs et pouvoir maximiser ses lancers de cette distance lors des contre-attaques.

Il est particulièrement doué pour prendre des tirs sournois ainsi que dans des positions inorthodoxes. Il a la dextérité des mains et l’équilibre sur patin pour retarder son tir d’une seconde, distancer la rondelle du bâton de son adversaire et parvenir à prendre un tir dangereux malgré qu’il ne semble pas en position avantageuse.

Il a le don de déceler la moindre petite ouverture dans la technique d’un gardien. Pour compléter tout ça, il a non seulement le tir pour marquer beaucoup de buts, mais aussi l’instinct et la détermination de tout bon marqueur alors qu’il suit sa rondelle au filet après avoir décoché pour s’emparer d’un retour. En tant que passeur, on retrouve certaines similitudes avec ses capacités de tireur, c’est-à-dire, la capacité d’exécuter des jeux, même lorsque couverts. Il repère aussi bien les trous dans la couverture défensive que dans la position des gardiens et peut passer habilement la rondelle lors des ‘cycling’ offensifs.

Ce qui le rend unique à mes yeux comme passeur, c’est sa capacité à voir des chances de marquer qui n’apparaissent pas comme nettes sur le champ. C’est un peu difficile à expliquer, mais étant lui-même un expert pour se défaire d’une couverture dans les zones dangereuses, Michkov sait reconnaître quand un coéquipier a le minimum d’espace et de temps pour manœuvrer dans ces moments et il leur remet la rondelle. Ce n’est pas quelque chose qui fonctionnerait avec des joueurs de calibre inférieur, mais on est en droit de s’attendre à ce que Michkov évolue avec la crème de la crème rendue dans la LNH. C’est comme s’il savait ce qu’il ferait dans la position de son coéquipier, et quand il joue avec un joueur d’un talent de très haut niveau, cela mène à des chances de marquer. Exemple, lorsqu’il a évolué avec Dimitri Buchelnikov lors de matchs internationaux.

Je ne décèle pas de limites quelconques dans sa capacité à fabriquer des jeux, mais je ne crois pas que cette habilité figure si haut parmi ses pairs. C’est un aspect de son jeu où je suis un peu en désaccord lorsque je la vois élever à de très haut niveau dans l’évaluation d’autres intervenants. D’autres aspects de son jeu laissent cependant place à un brin de scepticisme. Son coup de patin n’est pas optimal pour un joueur de son gabarit. Plus précisément, c’est sa vitesse de pointe qui ne l’est pas.

En ce qui concerne son agilité ainsi que son équilibre sur la patinoire, c’est de très haut niveau.  Il est même unique à certains égards, exemple, il va utiliser une technique 10-2 (talon à talon), mais plutôt de le faire face au jeu, il va le faire en tournant dos à son couvreur et va utiliser une large base de patin pour distancer son adversaire de la rondelle. Il va regarder par-dessus son épaule et tout de même réaliser des jeux sur son revers. Viktor Neuchev, un autre espoir Russe, faisait la même chose l’an dernier.

À son gabarit, des doutes vont toujours persister quant au jeu physique. Cependant, il cherche à pallier cette lacune en allant lui-même initier des contacts. Même lorsqu’il a la rondelle, il va proactivement engager le corps avec un adversaire qui vient pour le coller le long de la bande, de sorte à le repousser et se faire de l’espace pour manœuvrer. Il devra continuer de gagner en force physique car c’est un aspect qui m’a laissé un goût un peu amer dans la bouche à différents points dans la saison.

Il n’a rien d’un joueur de périphérie. Son jeu est beaucoup axé vers le centre de la zone offensive, tant avec que sans la rondelle. Il est orienté vers les zones payantes. L’endroit le plus propice à lui adresser des reproches, c’est dans la zone défensive. On peut voir certaines bribes de qualité, car il est lui-même un cerveau offensif élite, alors il comprend mieux que quiconque les intentions de ses adversaires avec la rondelle. Cependant, son engagement dans sa zone fait grandement défaut. J’irais même jusqu’à dire que son implication défensive dans le circuit VHL était pratiquement inexistante.

Un autre petit reproche que je lui ferais est qu’il y a une différence notable entre son apport offensif à 5 contre 5 et en avantage numérique (je ne parle pas ici de production, mais plutôt du nombre de chances générées). On pourrait passer ces reproches sur le dos de la maturité, car ce n’est clairement pas un manque de vouloir du joueur. Michkov possède un désir de faire une différence dans la zone offensive comme peu d’autres joueurs possèdent. Il est affamé. Et je ne crois pas non plus que ce soit par ‘je m’en foutisme’, car je l’ai vu sauter dans la mêlée après qu’un de ses coéquipiers fut plaqué durement.

J’ai aussi certaines craintes concernant Michkov du fait que, à certains égards, j’ai l’impression de voir le même joueur que je voyais il y a 3 ans. Je me demande encore combien de développement il y a en lui. Il demeure un talent électrisant, mais pour moi, son nom n’a plus sa place au côté de celui de Bedard. L’idée de le voir descendre au repêchage a semblé créer une sorte d’engouement auprès des partisans de différentes formations. Le principal argument avancé est que lors du tournoi U-18 au Texas en 2021, il avait rivalisé avec Bedard tout au long du tournoi et avait même affiché une meilleure production statistique. C’est bien beau tout ça, mais le problème est que ce tournoi date d’il y a deux ans. Les choses ont progressé depuis. Lorsque je regarde Bedard, je vois un joueur qui a amélioré sa vitesse, qui est devenue plus forte physiquement, je vois un joueur qui a fait des améliorations fulgurantes sur ses talents de fabricant de jeux, je vois un joueur qui a varié ses approches offensives, et j’en passe. Dans le cas de Michkov, je ne vois pas la variété au niveau des talents de passeur, je ne vois pas de changement au niveau physique, ni au niveau de la vitesse, je vois aussi un joueur qui n’a pas un si gros impact à forces égales et qui a besoin d’un joueur de centre qui effectue une bonne partie du travail pour lui. En Russie, sur les grosses surfaces, les systèmes défensifs sont généralement structurés de sorte à ‘s’écraser’ dans l’enclave, regroupant les joueurs pour protéger les zones dangereuses, ce qui laisse plus de temps et d’espace aux joueurs adverses de manœuvrer de la bande vers le centre de la patinoire. Sur une surface régulière comme en Amérique du Nord, les systèmes défensifs sont plus portés à appliquer de la pression et à repousser les joueurs adverses le long de la bande. Avec son manque de force actuelle, je crois que les défenseurs de la LNH vont s’adapter à lui et sauront le museler efficacement. Comme je dis, il demeure un espoir très talentueux, mais c’est faux de croire que seul son passeport le fait reculer dans les listes.

Cependant, j’ai eu la chance de l’observer de près depuis 3 ans déjà. J’ai vu ses premiers pas en MHL, en VHL, en KHL ainsi que sur la scène internationale à différent niveau, et l’une de ses plus grandes qualités (et ça ne se mesure pas sur la glace), c’est sa capacité d’adaptation. C’est un joueur qui réfléchit et analyse le jeu à un niveau élite. Je me rappelle l’avoir vu débuté en MHL à 15 ans et avoir regardé ses 2 premiers matchs et m’être dit que c’était tout un talent, mais que ça paraissait qu’il avait 15 ans dans ses sélections de jeux, et bien le match d’après il ne répétait plus ses erreurs et dominait complètement sur la patinoire.

Pour ce qui est de son futur, j’ignore si c’est une opinion controversée, mais je crois que le fait d’être signé en Russie pour les 3 prochaines saisons est en fait une bénédiction déguisée. De nos jours, certains espoirs élites prennent un an, sinon deux, à se parfaire à différent niveau avant de faire le saut dans la LNH. Michkov qui a encore de la maturité à acquérir sur le plan physique ainsi que sur les deux sens de la patinoire pourra se développer à son rythme. Je suis également d’avis qu’un joueur se doit de dominer à un niveau inférieur avant de faire le saut. Pour le moment, Michkov n’a pas réussi à se tailler un poste permanent avec une forte équipe de la KHL (il a été prêté à l’un des pires clubs). Il pourra s’établir avec le SKA l’an prochain, et au fil des années, monter dans la hiérarchie du club et viser à dominer la colonne des marqueurs à sa dernière année de contrat.

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7. Dmitri Simashev

Défenseur (gaucher) russe de 6’4, Simashev figurait au 5e rang de ma liste dès le mois d’octobre. Il est selon moi le meilleur défenseur du repêchage et il n’y eurent pas de débat pour moi durant la saison. Excellant défensivement, il ne faut pas prendre à la légère ses talents offensifs en se fiant à ses statistiques.

La première chose qui saute aux yeux lorsqu’on le regarde c’est l’aisance avec laquelle il se déplace sur la patinoire. Il possède une très bonne vitesse de pointe et peut facilement déborder les défenseurs adverses lorsqu’il transporte la rondelle. Il couvre beaucoup d’espace en peu d’enjambée, cela lui facilite beaucoup la tâche en défensive pour venir fermer la distance sur un adversaire en peu de temps. Sa mobilité dans les 4 directions est excellente. Il possède une superbe agilité pour un joueur de sa taille, à la ligne bleue offensive, il peut facilement se défaire d’un attaquant fonçant sur lui en patinant de reculons ou latéralement.

Ce qui le rend si exceptionnel, ce n’est pas la glace qu’il couvre et sa fluidité lorsqu’il se déplace, c’est plutôt la façon avec laquelle il induit ses couvreurs en erreur. Par les pouvoirs qui me sont conférés (!), je lui accorde le titre du Roi des transferts de poids. Un joueur de son gabarit n’est pas censé pouvoir transférer tout son poids d’une direction à un autre en succession avec une telle facilité. Cela lui nécessite un très bon gainage/équilibre et aussi démontrer avoir le profil physiologique nécessaire que tout bon athlète possède, et cela est d’avoir un ratio avantageux de fibres rapides pour être explosif dès ses premières enjambées (également avec des foulées courtes pour ne pas laisser transparaître à son adversaire quelle sera sa direction finale). Le nombre de joueurs qu’il a embarrassé au cours de la saison avec des changements de direction et des transferts de poids est simplement ahurissant. Il combine cela à merveille avec de fausses informations transmises avec ses yeux en regardant dans la direction contraire de celle qu’il adopte avec son corps.

Un autre endroit où Simashev est remarquable à manipuler ses adversaires à sa guise c’est lors de ses récupérations de rondelle le long des bandes ou dans les coins de patinoire. Une multitude de facteurs explique sa dominance dans de telles situations.

La première serait simplement la présence d’esprit qu’il a de regarder des deux côtés pour une meilleure prise d’information.

La deuxième serait la posture qu’il adopte afin de tromper ses adversaires. Il va vraiment pencher d’un côté en inclinant son épaule et en s’appuyant sur sa jambe arrière, il va même abaisser son centre de gravité et garder un bon degré de flexion dans ses genoux pour vendre qu’il s’apprête à pousser dans cette direction et à la dernière seconde il va changer de direction.
Le troisième et dernier point qui illustre cet aspect unique à son jeu ; le jeu de ses pieds.  Il démontre à quel point il est un athlète remarquable. Des joueurs de son gabarit ne sont pas censés être aussi rapides dans leur jeu de pied dans des situations de la sorte. Tout de suite après s’être défait de son couvreur, Simashev revient à une posture dynamique en plaçant son corps devant son adversaire, et en s’appuyant également contre lui pour le repousser et il parvient à maintenir sa cadence de patin pour s’en distancer.

L’autre aspect prépondérant dans le jeu de Simashev est son excellence dans la zone défensive. C’est un aspect où il transpire la confiance et où il n’hésite pas à s’imposer, dirigeant ses attaquants en KHL où se positionner sur la glace, tout ça, âgé de 17 ans seulement ! Les défenseurs de gros format auront toujours une prévalence sur les défenseurs aux gabarits plus diminutifs. Quitte à ce que cette affirmation choque certaines personnes, c’en est simplement une réalité. L’une des nécessités pour un défenseur est d’être en mesure de bien protéger le devant de son filet et c’est un aspect très bien maîtrisé par le porte-couleur de Loko. Il utilise un très bon positionnement ainsi que son corps et son bâton pour s’afficher comme une grande sécurité pour son gardien de but. Il n’hésite pas à jouer du bâton devant son filet et mener la vie dure à ses adversaires.

Lors des contre-attaques, il défend les entrées de zone à merveille. Aidé par sa grande mobilité et aussi par un bâton actif. Dans sa zone, il se démarque en démontrant une grande efficience pour venir neutraliser les tirs d’un adversaire qui bénéficie de beaucoup de temps et d’espace pour décocher, ainsi que de multiples options de passes à sa disposition. Beaucoup de défenseurs vont tomber entre l’arbre et l’écorce et figer. Simashev n’a pas cette hésitation, il va assumer sa décision et refermer l’espace de manière très incisive.

Tout comme avec sa récupération de rondelle dans la zone offensive, la posture dynamique adoptée par Simashev va lui rendre de très fier service lorsqu’il défend. Il va toujours positionner son corps de sorte à ne pas se compromettre. Si l’attaquant décide de ne pas prendre de tir et de plutôt envoyer la rondelle à un coéquipier, il va tout de suite être placé en position pour générer une poussée dans la bonne direction.

En plus, il démontre une ingéniosité unique dans sa façon de défendre. Exemple, en défendant le devant de son filet (en vue d’une passe près de la peinture réservée au gardien de but), il va déposer un genou sur la glace pour bloquer une ligne de passe, mais il va quand même trouver le moyen de pousser sur cette jambe pour suivre le porteur du disque dans son déplacement et empêcher que ce dernier s’ouvre lui-même une ligne de passe.

Dans sa fondation en défense, il maîtrise des subtilités que nous ne devrions pas voir chez des défenseurs de 17 ans.

On a un exemple ici : le joueur pense avoir la possibilité d’effectuer une passe entre les patins de Simashev (en rouge) pour rejoindre son coéquipier dans l’enclave pour une excellente chance de marquer.

Mais regarder comment Simashev parvient à fermer cet espace dans les instants qui suivent. Petit rappel qu’il fait 6’4.

J’ai vu des joueurs essayer de le battre de toutes les façons cette saison, que ce soit avec d’habiles pivots et changements de direction, de vitesse, ou des joueurs plus imposants que lui qui ont tentés de le battre avec leur gabarit et leur longue portée. Dans tous les cas, ça ne fonctionnait pas. Il a cet instinct inné où il sait simplement comment s’adapter à chaque situation et défendre adéquatement en fonction de celle-ci.

De plus, dans sa propre zone, lorsqu’il a la rondelle, il gère très bien la pression. Il a le calme ainsi que les habilités pour se défaire de ses couvreurs sans difficulté. Offensivement, le grand Russe a également beaucoup à offrir. Ce n’est pas une affirmation que semble valider sa fiche statistique, mais pour moi, cela n’est qu’une aberration statistique. Les outils ainsi que les instincts nous laissent anticiper une éclosion à venir.

Il y a, d’entrée de jeu, tout ce qui a été mentionné à l’intérieur de l’analyse de son patin. Il est maître dans l’art de se défaire de ses couvreurs avec ses changements de direction et avec les intentions qu’il vend à ses adversaires avec sa posture. Du haut de ses 6’4, on le voit patrouiller calmement la zone offensive avec la tête haute pour prendre toute l’information disponible. Ce qui fait en sorte qu’il ne précipitera jamais un jeu.

Tout comme en défensive, il est très incisif dans ses décisions. Ici, ce sera lors de ses ‘Pinchs’.  Il va être agressif et son timing sera toujours excellent. Il démontre de ce fait même une vivacité d’esprit. On retrouve cette même acuité mentale dans de subtils ‘Give and Go’ avec des coéquipiers pour éliminer un adversaire et du même coup, recevant une passe dans un endroit plus dangereux.

Sa distribution de rondelle est très bonne. Non seulement peut-il ouvrir des lignes de passes grâce à ses habilités de patin, mais il est aussi très ‘Deceptive’ (trompeur) pour ses adversaires, car il n’établit jamais un contact visuel avec sa cible de passe. Il parvient à créer des chances de marquer par lui-même pour ses coéquipiers. Il n’est pas qu’un joueur faisant acte de présence et connectant des jeux simples, il peut s’avérer un effectif offensif pour son équipe.

À plusieurs reprises pendant la saison, des similitudes évidentes me sont apparues entre lui et Owen Pickering (12e sur ma liste l’an dernier) ; le gabarit, la fluidité dans leur déplacement, leur façon de descendre bas du côté gauche dans la zone offensive avant d’envoyer la rondelle devant le filet, etc.

La différence (et c’est quelque chose qui a quand même pesé beaucoup dans mon évaluation de Pickering à la fin de la saison) est que lorsque Simashev transporte la rondelle, il va poursuivre ses actions et il va attaquer les défenseurs avec mains, contrairement à Pickering qui préférait rejeter la rondelle dans le coin et ensuite aller la récupérer.

Tout comme le défenseur des Broncos de Swift Current, le tir du Russe est quelque chose qu’il devra améliorer substantiellement, car pour le moment, ce n’est pas une menace. Le maniement de rondelle est l’une des nombreuses qualités qui s’ajoutent au curriculum vitae du Russe. Il possède de très bonnes mains qui lui permettent d’aisément déjouer des joueurs en situation d’un contre un, ou encore, en gagnant la zone offensive alors qu’il se trouve en avant de lui, une marre d’adversaire. Ce qui rend son maniement de rondelle aussi bon, c’est qu’il peut intégrer d’autres qualités ainsi que des éléments de tromperies à l’intérieur de celui-ci ; mouvements de patin, transfert de poids, vend ses intentions avec des ‘Off-Looks’ en regardant ailleurs, etc.

Il parvient aussi à intégrer son corps et sa protection de rondelle à tout ça si jamais la pression se referme sur lui. Il est, à mes yeux, le seul défenseur de ce repêchage qui a une chance d’évoluer un jour sur une première paire dans la LNH, c’est ce qui lui vaut une position si haute dans mon classement. En plus, il offre le luxe de pouvoir jouer à droite même s’il est gaucher.

Certains argumenteront que sa modeste production offensive devrait lui coûter quelques rangs. Cependant, en vertu de tout ce que j’ai expliqué dans son profil, je crois qu’il y a un potentiel offensif latent chez lui. Et aussi, je crois fortement que l’aspect offensif des espoirs évoluant à la défense occupe une trop grande place dans l’évaluation des gens. J’avais fait l’exercice en début de saison de regarder les deux vagues d’avantages numériques de toutes les formations de la LNH, et, bien souvent, un attaquant se situe à la pointe pour les DEUX vagues. Le nombre de défenseurs dirigeant une unité d’attaque à 5 est plutôt mince, encore plus lorsqu’il y est question de la principale unité. Pour rajouter à cela, il y arrive souvent aussi que les défenseurs qui occupent de telles fonctions dans la LNH ne soient pas ceux qui se voient conférer les grosses responsabilités défensives. Pour moi, j’accorde plus d’importance à un joueur comme Simashev et c’est pourquoi je l’avais 5e dès le début de la saison.

Nombres de matchs regardés : 15

8. David Reinbacher

Défenseur Autrichien qui a évolué face à des adultes en ligue Suisse cette saison, Reinbacher est un espoir qui a affiché une progression forte et constante tout au long de la saison. Affichant une très bonne maturité défensive ainsi que des qualités physiques déjà à point, il est l’un des joueurs de cette cuvée qui est le plus près de faire le saut dans la LNH.

Il se démarque par sa grande efficacité dans son territoire. Dès le jour 1, c’était ce sur quoi se reposait son identité. Là où il excelle le plus défensivement, c’est dans les batailles à un contre un ainsi que le long des rampes. Il démontre énormément de volonté et de détermination dans ces situations. La défaite n’est pas envisageable, il va s’arranger coûte que coûte pour ressortir victorieux de chaque confrontation auquel il est impliqué. En plus de travailler avec acharnement, il travaille de façon intelligente quant au positionnement de son corps dans de tels scénarios, s’assurant de gagner en levier sur ses adversaires. Les gens pourraient être tentés de diminuer cet apport si cela figure aussi haut parmi la liste de qualité qu’il amène sur la table, cependant, des défenseurs qui préconisent un tel style de jeu commencent à se faire très rares. Dans les 4 derniers repêchages, je compte seulement 5 défenseurs appelés au premier tour qui jouaient de façon similaire dans les situations à un contre un, soit ; Moritz Seider, Kaiden Guhle, Braden Schneider, David Jiricek et Lian Bichsel. Les équipes LNH sont prêtes à payer un gros prix pour acquérir de tels joueurs. Ça peut sembler rétrograde pour certains puisque le hockey devient de plus en plus spectaculaire et rapide, mais les ‘Hard Skills’ (gagner des batailles le long des bandes, bloquer des lancers, contenir le devant du filet, frapper, etc) sont tout aussi importantes que les ‘Soft Skills’ (pivoter en espaces restreints, manœuvrer la rondelle habilement, etc). L’argument comme quoi le talent individuel ne s’apprend pas se respecte et a beaucoup de sens, par contre, je regarde de près environ 80-90 espoirs par saison depuis déjà quelques années et je peux affirmer que les espoirs qui jouent ‘dure’ se font très rares et ça ne s’apprend pas aussi. Pour revenir à Reinbacher, son désir de compétitionner est extrêmement élevé et le nombre de batailles à un contre un qu’il a gagné dans la saison, contre des hommes, est ahurissant. Lors des séries éliminatoires de la LNH, j’avais entendu Dallas Eakins,  entraîneur des Ducks d’Anaheim la saison dernière, mentionnée que son coaching staff avait fait affaire avec une firme de statistiques avancées et que l’une des choses qui étaient ressorties est que dans un match, la rondelle se retrouve à 3 pieds ou moins d’une des bandes pour 80% du temps. C’est énorme ! Et c’est justement là où Reinbacher se montre le plus utile. Ce sont dans ces aspects-là que tu vas aller chercher des victoires, ce qui est encore plus vrai pour des séries 4 de 7.

Le défenseur Autrichien m’a démontré un Gamer lorsque je l’ai vu accepter de payer le prix pour le bien de son équipe. Cette séquence le démontre très bien.

Il récupère une rondelle derrière son filet et deux attaquants adverses foncent sur lui à toute vitesse. Il pourrait facilement remettre à son partenaire en défense, or, ce dernier à échapper son bâton.

Au lieu d’envoyer la rondelle le long de la bande et possiblement mettre un de ses coéquipiers dans une situation périlleuse, Reinbacher se positionne de sorte à absorber le choc de la mise en échec imminente de son adversaire, et à la toute dernière seconde, se débarrasse de lui avec un pivot (encaissant quand même une bonne partie de la collision) et protège ensuite la rondelle face à l’autre attaquant.

Pour le reste de son jeu défensif, il a affiché de très bons progrès. En début de saison il brillait lorsque venait le temps de défendre et qu’il était à proximité du porteur du disque, pouvant engager le corps, mais lorsqu’il devait faire des couvertures de zone et surveiller des lignes de passes, les choses se corsaient un peu. Il pouvait se montrer coupable de trop suivre la rondelle des yeux et oublier ses couvertures. Les choses se sont améliorées, il fait désormais preuve d’une meilleure conscience environnementale et il nullifie des lignes de passes à l’aide d’un bâton actif.

Aussi, ses reconnaissances de situations ainsi que de son emplacement sur la patinoire sont très bonnes. Dans mes visionnements, il a réalisé un nombre très impressionnant d’interventions opportunistes pour venir ‘Pincher’ ou pour venir en support à un coéquipier.

Reinbacher est aidé par un bon coup de patin qui l’empêche de se faire battre de vitesse par les attaquants adverses. Il est un excellent patineur en ligne droite. Sa vitesse de pointe est très bonne et plus important encore, sa force d’accélération l’est tout autant. Cela lui permet de venir fermer des espaces très rapidement face à des adversaires qui croyaient pouvoir bénéficier de plus de temps pour réaliser un jeu. Cela lui permet aussi de patiner la rondelle lui-même hors de danger plutôt que de la dégager aveuglément et de risquer de commettre un revirement. Je l’ai vu lors de certaines séquences partir d’une position statique suite à s’être emparé d’une rondelle dans une bataille pour celle-ci et, en quelques enjambées, se défaire de son couvreur.

Offensivement, le défenseur Autrichien a affiché des progrès durant l’année. Principalement au niveau de son maniement de rondelle, qui pouvait être considéré comme une certaine lacune chez lui. Il est dorénavant en mesure de réagir aux harponnages de ses adversaires avec une bonne dextérité au niveau de ses mains.

Son jeu en distribution de rondelle est assez solide dans l’ensemble. Sans sortir de gros flashs, il est capable d’exécuter des passes d’une délicatesse surprenantes en passant la rondelle sous le bâton de ses adversaires pour rejoindre un coéquipier. Lors des avantages numériques, il peut aussi remettre au joueur à l’intérieur du ‘Bumper’ en provenance de la ligne bleue, plutôt que de simplement déléguer au joueur le long de la bande ou à son partenaire à la défense. Une certaine audace a commencé à se pointer le bout du nez vers la fin de la saison alors que je l’ai vu faire des passes transversales suite à avoir feint un lancer frappé.

Son tir frappé est assez lourd, mais la plus grande valeur entourant son tir c’est qu’il parvient à atteindre le filet la grande majorité du temps.

Finalement, tout comme son jeu sans la rondelle, on observe chez Reinbacher de bonnes reconnaissances de situation et d’espace libre alors qu’il choisit les bons moments pour s’avancer profondément dans la zone offensive.

Il se projette comme un joueur qui peut manger de grosses minutes et qui pourra être confronté aux meilleurs éléments de l’équipe adverse. C’est surtout dans les séries éliminatoires que son importance se fera ressentir et que son entraîneur pourra se reposer sur lui. Son jeu offensif a possiblement un niveau de plus à atteindre alors qu’on l’a vu commencer à jouer avec plus d’audace vers la fin de la saison. Il pourrait occuper les fonctions d’une deuxième vague en avantage numérique.

Nombres de matchs regardés : 16

9. Ryan Leonard :

Ryan Leonard est le prototype attaquant de puissance moderne recherché par les formations de la LNH. Suite à Adam Fantilli, il est le joueur qui présente le meilleur équilibre entre des habilités individuelles de haut niveau et un aspect physique qui nous téléporte dans le hockey du bon vieux temps. À 5’11, il n’est pas un géant, mais il ne faut pas le prendre à la légère, il est bâti comme un tank.

Les espoirs modernes qui présentent un penchant vers le hockey robuste tout en contribuant offensivement sont devenus d’une rareté telle que seul leurs profils font d’eux des joueurs hautement en demande. C’est ce sur quoi est basée l’identité de Ryan Leonard.

Il préconise le jeu physique et adore compléter ses mises en échec. Même dans les matchs face aux formations de la NCAA (contre des joueurs bien plus âgés que lui) il avait simplement l’air d’un bulldozer, passant à travers ses adversaires. Son opposition à intérêt à chercher à l’éviter lorsqu’il arrive, car il ne reculera devant rien. Il aime aussi jouer avec un certain ‘Edge’ et déranger après les sifflets.

Quelque chose que j’aime de lui, c’est que ses adversaires doivent s’en méfier en tout temps lorsqu’il est sur la patinoire. D’entrée de jeu, prôner ce style a ses répercussions sur le corps et c’est difficile d’amener cet aspect physique là tout au long du calendrier. Plusieurs joueurs de la sorte ne seront pas en mesure d’être aussi abrasifs et rugueux à tout moment dans l’année. Leonard, oui ! De plus, les attaquants auront tendance à surtout compléter leurs mises en échec sur l’échec-avant mais ne seront pas aussi craints dans les deux autres zones. C’est quelque chose que Leonard fait remarquablement bien. Avec une bonne conscience défensive et un dévouement envers son équipe sans précédent, Leonard est toujours le premier à se replier fort défensivement. C’est lors de ces occasions qu’il en profite pour s’en prendre à des adversaires vulnérables qui ne l’attendait pas pour leur délivrer de solide coup d’épaule.

C’est d’ailleurs un aspect de son jeu qui passe un peu sous le silence, mais son jeu défensif est très avancé. Cela provient majoritairement du fait que son désir de compétitionner est remarquablement élevé et qu’il fait tout en son possible pour aider sa formation à gagner des matchs, ce qui inclut se jeter devant des lancers, sacrifier de l’offensive et s’impliquer dans les batailles pour les rondelles libres dans sa zone.

Sur son trio qu’il formait avec Will Smith et Gabe Perreault, Leonard est celui qui effectuait le ‘Heavy-Lifting’ comme on dit en anglais. Toute la sale besogne, les responsabilités défensives, gagner les batailles pour les rondelles, aller devant le filet, dans les coins de patinoire, etc.

J’ai d’ailleurs regardé des matchs de ses deux acolytes dans la saison où ils étaient dépourvus de Leonard sur leur trio et leur efficacité en a prit pour son rhume ! Il est vraiment ce qu’on appelle le ‘Glue-Guy’ sur ce trio, le joueur qui fait en sorte que tout se tient ensemble et fonctionne.

Son jeu offensif est très solide dans l’ensemble également. L’ailier de puissance présente un coffre à outils assez varié. Son tir des poignets est très lourd et représente possiblement sa meilleure arme. Les gardiens semblent toujours avoir beaucoup de difficulté à contrôler leur retour lorsque la rondelle provient du bâton de Leonard.

Il est un marqueur dangereux puisqu’il démontre une bonne intelligence sur la patinoire et il sait tirer avantage des espaces libres sur la patinoire.

Quelque chose qui fait de lui un bon marqueur c’est qu’il possède des mains vives et il est en mesure, en un seul drible de rondelle, de réceptionner une passe et de se positionner pour décocher la rondelle rapidement. C’est pour cette raison qu’il a été employé dans le ‘Bumper’ lors des avantages numériques cette saison.

La seule petite réserve que j’ai c’est que lors de certains matchs, ça lui a pris beaucoup de chances de marquer avant d’être capable de mettre la rondelle dans le fond du filet.

À l’intérieur de son maniement de rondelle, Leonard démontre des qualités très attrayantes. En tête de liste, je dirais que ce qu’il fait de mieux, et c’est une énorme plus-value pour ses coéquipiers, c’est qu’on ne peut simplement pas lui faire une mauvaise passe. Il trouve toujours un moyen de rentabiliser chaque rondelle qu’on lui remet, même si la passe fait défaut. Par exemple, dans la position de ‘Bumper’ que je mentionnais lors des avantages numériques, je l’ai vu réceptionner des passes derrière lui habilement en passant la rondelle entre ses patins et directement décocher un tir après, dans la même motion fluide. Je l’ai aussi vu réceptionner une passe dans ses patins et directement placer la rondelle en position de tirer.

Il semble être à son meilleur lorsqu’il est en circulation lourde ou près du filet. Arrivent des occasions où tu le crois menotter par le manque d’espace et il parvient à réaliser un jeu devant le gardien, que ce soit en amenant la rondelle sur son revers ou en ramenant la rondelle près de lui pour éviter qu’elle entre en collision avec les amarres du but. Il possède un bon éventail de feintes devant le gardien.

Ironiquement, ses mains présentent quelques limites lorsqu’il est en espace plus ouvert, ce n’est pas nécessairement le joueur qui va battre les défenseurs en situation d’un contre un.

Au niveau de ses talents de passeur, Leonard démontre plus d’intelligence qu’on ne lui en rend crédit. Avec le style de jeu qu’il préconise, il n’a pas besoin d’être un joueur hyper créatif sur la patinoire, mais je trouve qu’il a démontré (surtout en début de saison) avoir une vision légèrement supérieure à la moyenne.

Il a réalisé quelques jeux dans la saison qui ont fait preuve d’un bon flair offensif. Exemple en gagnant le centre et en immobilisant la défensive adverse de la menace d’un lancer avant de remettre à un coéquipier à l’embouchure du filet pour un but facile.

Il a aussi réalisé à quelques reprises des passes derrière son dos afin de contrer le schème défensif de ses adversaires, alors qu’aucune option ne semblait s’ouvrir à lui. Ce que j’ai aime de ses sélections de jeux c’est qu’il y avait un réel but à ces jeux et en plus, Leonard ne commettait pas l’erreur que font régulièrement les jeunes joueurs qui est de suivre sa passe du regard et de s’exposer à se faire geler. Il conservait plutôt son regard vers l’avant.

Au niveau de son coup de patin, l’Américain présente une mécanique de mouvement assez solide, mais gagnerait à travailler sur son explosion encore.

C’est surtout en transition que cela s’observe. Puisqu’il n’est pas le patineur le plus explosif, il garde la rondelle en avant de lui d’une seule main, ce qui fait en sorte qu’il ne peut pas tromper ses adversaires avec des changements de direction ou une feinte. Ça le contraint à utiliser une approche plus linéaire qui ne fonctionne pas toujours. À sa défense, ses sélections de passe en zone neutre sont excellentes et son exécution est sans bavure. Mais s’il peut gagner en accélération, il deviendrait beaucoup plus menaçant offensivement.

Leonard est un joueur dont chaque formation qui aspire à un championnat se doit d’avoir. Il a l’une des meilleures éthiques de travail de tout le repêchage, il amène un aspect de robustesse très rare et s’assure de remporter chaque confrontation sur la patinoire, que ce soit une course pour une rondelle libre, assurer un repli défensif d’un des membres de son trio pour neutraliser un surnombre de l’adversaire, pour intimider ses adversaires après les sifflets, etc. Il est un joueur dont tu as besoin pour gagner des parties d’hockey. Pour moi, il peut devenir un marqueur de 30 buts et 60 pts.

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10. Daniil But

Daniil But est un attaquant Russe de format géant, listé à 6’05 et 203 lbs. Il est l’une des cartes cachées pour la première ronde du repêchage de 2023. Son profil ainsi que les qualités qu’il offre sont uniques et devraient faire de lui un joueur pour qui les équipes font la file pour acquérir ses services. Or, il y a la situation géopolitique de la Russie qui rend difficile de projeter à quel rang il va sortir au repêchage et il y a aussi le fait qu’il a démontré des inconstances à l’intérieur de ses habilités tout au long de la saison.

Parmi les choses qui font de lui un joueur si attrayant, on ne peut simplement pas ignorer les avantages que lui confère son gabarit. Les joueurs de ce format qui possède de bonnes aptitudes individuelles représentent de véritables licornes pour les formations de la LNH. La clé dans cette affirmation est ‘aptitudes individuelles’. Bien que j’aie tendance à diminuer un peu (jeu de mots non volontaire) la projection des joueurs plus petits, je ne classerais pas des joueurs mieux nantis physiquement dans le simple but de repêcher du ‘size’. Savoir se servir de ces attributs efficacement révélés de talent.

Dans le cas de But, il se sert très bien de son gabarit dans les batailles pour la rondelle dans les coins de patinoire. Il adopte souvent des postures plus dynamiques qu’on voit des joueurs plus petits adopter en abaissant leur centre de gravité en fléchissant les genoux et en penchant l’épaule. À plusieurs reprises dans la saison, je l’ai vu gagner des batailles et sortir du coin avec la rondelle avec une telle facilité que je ne pouvais faire autrement que d’en rire. Il est impossible à contenir lorsqu’il se libère de la couverture défensive. Ce qui l’aide également, est que de tous les joueurs de ce repêchage qui possèdent une longue portée (Nate Danielson, Calum Ritchie, Matthew Wood, David Edstrom, etc), But est celui qui possède la meilleure dextérité au niveau du maniement de rondelle et qui fait le meilleur usage de cette dite portée.

Il mélange très efficacement ses mains à son gabarit et sa portée. Il excelle à garder la rondelle hors de portée de ses adversaires. À lui seul, il parvient à prolonger de beaucoup des séquences de son équipe dans la zone offensive, même lorsque mis sous pression. Il démontre aussi un arsenal impressionnant de feintes en situation de 1 contre 1, quelque chose que nous ne sommes généralement pas en droit de nous attendre dans le cas d’un joueur de 6’05.

Sans la rondelle, l’attaquant Russe démontre une fois de plus être une tâche d’envergure pour ses adversaires à contenir lorsqu’il se dirige vers le filet adverse. Il parvient à créer beaucoup d’espace pour ses coéquipiers.

C’est par cette même menace physique que But apporte un capital très intéressant sur le plan défensif. Lorsque le jeu est installé dans sa zone, certaines lectures de jeu peuvent être un petit peu plus difficiles, mais lorsqu’il effectue des replis ou qu’il a comme mandat de harceler le porteur du disque, il devient fantastique. Un joueur de son gabarit qui patine très bien et qui monte l’intensité d’un cran et qui fait tout en son pouvoir pour s’emparer de la rondelle, c’est impressionnant. C’est comme une force de la nature, tu ne peux pas vraiment la contenir, seulement être spectateur des ravages qu’elle peut causer.

Cette mentalité de s’emparer du contrôle du match s’est accrue tout au long de la saison et a été à son plus notable lors des séries éliminatoires. Fut également un match en saison contre Krasnaya Armiya Moskva qui m’a marqué.  Cette formation est l’une des meilleurs du circuit (équipe championne de l’an dernier), mais surtout, c’est l’une des plus grosses ! But a décidé de jouer du hockey très physique contre eux, mais ce que j’ai le plus aimé, c’est qu’il semblait systématiquement ciblé les plus gros joueurs de l’autre équipe, notamment Kirill Dolzhenkov, attaquant de 6’6 ayant été repêché par Columbus en 4e ronde l’an dernier. Tout au long du match, c’était But qui initiait les contacts et qui faisait monter l’intensité. Il ne se comportait pas d’une telle façon en réponse à des coups qui lui auraient été assenés à priori. C’est comme s’il s’était donné le défi, le mandat de s’imposer sur la patinoire et de faire régner l’ordre. C’est avec des joueurs qui abordent une telle approche pour les grosses confrontations avec qui tu veux aller à la guerre. Ça me rappelle Lian Bichsel l’an dernier lors des affrontements contre Frolunda où il cherchait constamment à montrer à Elmer Soderblom (6’6, a également joué avec Detroit cette saison) qui était le shérif en ville !

Toujours dans la lignée des capacités athlétiques, But est un bon patineur. Il patine le tronc incliné pour tirer profit de la force gravitationnelle dans son accélération et ses enjambées sont très longues, maximisant ses poussées au maximum. Il possède aussi une très bonne fluidité et peut démontrer d’impressionnants jeux techniques en ouvrant les hanches et en patinant talon à talon en zone offensive.

Pour l’avoir vu à différents points dans la saison l’an dernier, je suis en mesure d’affirmer qu’il y a eu des progrès significatifs au niveau de son coup de patin. Et lorsque je regarde toute la marge de manœuvre qu’il a encore sur le plan du développement physique, je crois qu’il peut aller chercher un niveau ou deux supplémentaires au niveau de son patin.

Il y a quelques petits points à corriger aussi, mais rien de majeur. Ses pivots et son agilité peuvent le menotter à l’occasion dans les coins de patinoire et le long des bandes. Son gabarit et ses mains lui permettent de se sortir d’affaire, mais c’est une facette dont il devra travailler selon moi. Il est aussi parfois trop sur le bout de ses orteils lorsqu’il patine et ça occasionne des pertes d’équilibres.

Et finalement, lorsqu’il patine en se repliant défensivement, il a souvent les deux mains sur son bâton, ce qui l’empêche de pousser avec les bras et qui amène aussi beaucoup de rotation au niveau thoracique.

Ça demeure des reproches plutôt mineurs, qui, pour la plupart, se corrigent facilement.

Sur le plan offensif, But est un joueur qui possède un violent tir des poignets.

Pour le moment, il n’est pas le tireur le plus diversifié. Il est à son meilleur lorsqu’il est en position statique à l’intérieur de l’un des deux cercles, là où il peut décocher des lasers qui battent les gardiens.

Le plus gros problème avec But, c’est qu’il est très prévisible dans ses élans pour tirer lorsqu’il est en contre-attaque, ou simplement en mouvement. Il se menotte un peu lui-même en indiquant à l’avance qu’elle sera sa sélection de jeu par ses alignements corporels. Ses hanches vont être orientées vers la bande en face de lui plutôt que d’être face vers le filet, ce qui rend son élan télégraphié.

Un autre exemple de sa prévisibilité ici ;

C’est un peu ce à quoi je faisais référence lorsque je parlais d’inconstance dans son jeu. Ce n’est pas car il est excellent un soir et ne se présente pas au suivant. C’est plutôt à l’intérieur de ses habilités individuelles qu’on décèle du très bon et du moins bon.

Ses talents de passeurs illustrent parfaitement bien ces inconstances. Il a démontré à différents points dans la saison toutes les façons possibles de mettre la table pour ses coéquipiers, le problème n’est qu’aucune de ses façons ne revenait suffisamment souvent dans son jeu pour dire que c’était ça son identité en tant que passeur.

En début de saison il démontrait de très bons jeux à retardement en possession du disque ainsi qu’une prise de décision rapide et de passe sur réception à l’intérieur d’autres séquences. Or, ce genre de jeux ne revenaient pas nécessairement souvent.

Certaines limites s’observaient également du fait que But ne semblait pas assez instinctif dans sa façon de passer la rondelle. Depuis longtemps on dit que les bons joueurs offensifs ont souvent 2 ou 3 coups d’avance sur leurs adversaires, ce dont je suis entièrement en accord. Par contre, il y a des situations où il est préférable d’improviser. En fait, le terme improvisé est plutôt inadéquat, je parle plutôt de ‘réagir’ à la réponse de l’adversaire.

On a un excellent exemple pour illustrer le tout ici. Lors d’une contre-attaque, But rentre à droite avec la rondelle et freine son élan pour attendre un coéquipier qui arrive en remorque dans l’enclave.

Son intention initiale a fonctionné alors que le défenseur a reculé vers le poteau éloigné pour couvrir l’option à l’aile. Par contre, c’est là que But a fait l’erreur de demeurer trop collé à son idée du départ. Il s’est retrouvé avec l’enclave complètement découvert pour lui seul, mais au lieu d’exploiter ce que la défensive adverse lui a concédé, il a resté fidèle à son idée de remettre au joueur en remorque.

On voit mieux ici toute l’espace qui lui était donné et à quel point il aurait pu couper au filet.

Un aspect qui a fait surface plus tard dans la saison concernant ses talents de passeur, c’est la capacité à tromper la couverture défensive en utilisant des ‘Off-Looks’. C’est-à-dire, en regardant intentionnellement une option de passe qui ne sera pas utilisée pour vendre de fausses informations à l’équipe adverse. Ce qui m’a le plus plu de ces séquences, autres que l’aspect créatif et de tromperie, c’est que But employait ce genre de stratagème ‘Down low’ (des cercles et plus bas). Avec son gabarit et sa portée, c’est réaliste de penser qu’il peut dominer dans ses endroits dans la LNH et qu’il pourra réaliser des jeux de haut niveau de cet emplacement. Ce qui ajoute beaucoup de valeur à sa projection au prochain niveau.

Dans la saison, certaines inquiétudes ont été véhiculées à divers endroits concernant son Intelligence Hockey, et bien que ce ne soit pas le joueur le plus créatif ni le joueur qui va voir des jeux se dessiner à l’avance, il m’a montré certains flashs d’un très bon IQ qui me laisse entrevoir une éclosion offensive encore plus importante que ce qu’on a vu cette saison. Pour moi, les talents de passeur et la vision d’un joueur représentent un bon baromètre pour l’intelligence et j’ai vu des passes de But me témoignant d’une intelligence supérieure. Exemple, en s’emparant de la rondelle le long de la bande, il remonte jusqu’à la ligne bleue offensive vers le centre, son défenseur à la droite le voit s’en venir dans sa direction alors il s’avance vers le cercle droit, But lui remet la rondelle d’une passe soulevée au travers deux bâtons adverses alors qu’il était sous pression d’un autre joueur. À noter aussi que ce jeu s’est déroulé rapidement.

Il utilise aussi assez bien les ‘Give-N-Go’ et il sait bien se positionner après avoir effectué une passe, il suit bien le jeu et son positionnement en territoire offensif est bon, en plus de demeurer en mouvement.

Si son développement se déroule bien, But a le potentiel d’être un joueur d’une très grande rareté dans la ligue. Ce qui est le plus fascinant dans son cas, c’est qu’il a encore beaucoup de maturité physique à gagner. Il est plutôt léger pour sa grandeur et en plus, lorsqu’on le regarde, il a encore le visage d’un gamin ! Le produit fini pourrait être monstrueux. Malgré que sa position finale dans mon classement ne soit pas bien différente de celle d’octobre (12e à ce moment), il y a tout de même une bonne progression qui a été observée lors des séries éliminatoires.

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11. Colby Barlow

Avec une impressionnante récolte de 46 buts en 59 matchs dans la OHL, Colby Barlow est un attaquant de puissance de 6’1, 187 lbs. C’est avec énormément de variation que l’on a vu son nom apparaitre dans les classements publiques cette saison et non sans raison ! Barlow a été un joueur plutôt inconstant dans mes visionnements cette saison et il y existe un bon fossé entre ses meilleures performances et ses performances plus silencieuses.

Sa qualité est première est sans l’ombre d’un doute, non seulement son tir, mais sa capacité à marquer des buts.

Dans son répertoire, c’est son tir sur réception qui est le plus dangereux. Ce qui en rend un tir si élite n’est pas uniquement la vélocité à laquelle la rondelle quitte son bâton, mais, pour moi, ce qui est le plus impressionnant, est à quel point Barlow parvient à maximiser chacun de ses tirs même si la passe n’est pas parfaitement positionnée dans son ‘wheelhouse’. Que la rondelle soit légèrement trop à l’avant ou vers l’arrière, cela n’importe peu, ça n’affectera en rien la qualité du tir que Barlow va être en mesure de décocher. Il n’a pas besoin de beaucoup de chance pour marquer.

Suite à mes premiers visionnements, j’étais plutôt sceptique à savoir s’il allait être en mesure d’utiliser son meilleur atout puisqu’il n’est pas un joueur qui va se créer des opportunités de marquer par lui-même (on en parlera un peu plus tard), mais j’ai fais un 180 degrés à ce sujet puisque le jeune Ontarien excelle à se libérer pour que ses coéquipiers le repèrent. Ceux qui me lisent depuis ces dernières années savent très bien que je ne suis pas du genre à utiliser des hyperboles ou des déclarations chocs, mais je crois fermement que Colby Barlow est le meilleur joueur que j’ai vu pour ce qui est de se démarquer activement dans le haut de l’enclave.

Il y a deux façons dont les marqueurs parviennent à se démarquer ; il y a ceux qui demeurent discrets sur la patinoire et qui vont silencieusement se faire oublier près du filet, un des très bons exemples de cela serait Arthur Kaliyev.  Et de l’autre côté du spectre, il y a les joueurs qui luttent de manière acharnée pour chaque pouce sur la patinoire et qui vont toujours demeurer en mouvement dans le haut de l’enclave et qui ne laisseront pas leur adversaire les couvrir. Barlow est de ce tissu. Il va toujours dans les endroits payants et nul ne sait se démarquer comme lui et avec ce qui a été dit sur son tir plutôt, nous avons une recette gagnante pour un joueur qui pourra amener avec lui sa capacité à marquer des buts dans la LNH.

À chaque fois que j’avais des doutes sur la transposition de ses habilités dans la LNH, il me surprenait en trouvant constamment des façons de marquer près du filet. Il n’est pas qu’un ‘One-Trick Pony’.  Même lorsque bien couvert dans le haut de l’enclave, il se montre très habile pour faire dévier des rondelles des tirs qui proviennent de la ligne bleue.

Les critiques que j’ai concernant ses talents de marqueur sont qu’il n’est pas un joueur très créatif et qu’il n’a pas beaucoup d’éléments de tromperie dans son tir. Ça lui arrive aussi d’avoir quelques difficultés à trouver une ligne de tir lorsqu’il est en contre-attaque.

Et comme c’est souvent le cas chez les jeunes joueurs qui possèdent un trait aussi dominant, ils ont souvent pu s’en tirer plus jeune avec une utilisation douteuse de cette qualité, car ça fonctionnait presque à tout coup. Pour certains joueurs très rapides, cela s’exprimera par une difficulté à jouer à différents tempos et à ralentir le jeu à leur avantage. Dans le cas de Barlow et de son tir, cela s’exprime par une mauvaise sélection de tirs à certains moments. Nous en avons deux exemples ici.

L’autre qualité la plus prévalente dans le jeu de Barlow au cours de la saison fut, pour moi, son jeu sans la rondelle. Je ne parle pas ici de positionnement défensif, mais plus de jeu en échec avant ainsi que pour harceler ses adversaires et leur subtiliser le disque. Ce fut malheureusement un aspect dans lequel il fut un peu inconstant, mais à son meilleur dans cette facette, il a simplement l’air d’un homme en mission, effectuant à lui seul le travail d’une unité complète. Je l’ai vu à plusieurs reprises seul en échec avant soutirer le disque à un adversaire et dominer une possession de rondelle pour une durée prolongée face à 3 ou 4 adversaires à la fois.

Dans certains matchs il fut simplement exceptionnel sans la rondelle, son intensité était A+, il faisait de nombreuses interventions opportunistes pour venir mener la vie difficile à un adversaire, que ce soit pour le frapper, venir lui soutirer la rondelle, venir nuire à sa réception de passe ou lui effectuer de la pression pour qu’il précipite son jeu. Même certaines lectures de jeu en défensive lors de surnombre furent assez avancées.

Son coup de patin est également quelque chose qui se situe au-delà de la moyenne, mais qui fut inconstant au cours de la saison. À sa défense, il faut dire que les saisons de hockey sont très longues et que la fatigue peut s’accumuler à certains moments et on perd en explosivité. Mais en ayant un portrait global de sa saison, je peux qualifier son coup de patin comme étant bon. C’est surtout lorsqu’il garde un bon moteur et qu’il joue avec intensité qu’il parvient à en soutirer le maximum.

Dans les aspects moins reluisants, les talents de passeur de Barlow sont plutôt faibles. C’est un aspect qui a vu des améliorations cette saison au niveau des sélections ainsi que de la précision de ses passes, mais certaines petites crampes au cerveau reviennent de temps en temps.

Son problème est plus lié à un manque de créativité qu’à un manque d’exécution. Il se tire bien d’affaire pour faire progresser le jeu dans les situations simples, mais fut des occasions où un joueur pressenti à sortir aussi tôt au repêchage aurait dû trouver un moyen de rejoindre son coéquipier.

J’ai noté plusieurs de ces exemples lors de situation à 2 contre 1, où Barlow n’est pas parvenu à créer une ligne de passe. Lors de l’une de celles-ci, Barlow était de son côté fort pour prendre un tir, cependant un adversaire le rattrapait rapidement et il a été contraint à précipiter un tir de loin. Cependant, un bon manieur de disque et un bon fabricant de jeu aurait amené la rondelle sur son revers pour la placer hors d’atteinte du joueur en repli et aurait pu rejoindre son coéquipier de l’autre côté par la suite.

C’est un outil qui lui manque à son coffre pour le moment, mais je me méfie d’être trop critique, car je l’ai vu effectué de délicates passes sous le bâton de ses adversaires par moment dans des endroits restreints qui m’ont fait preuve d’un certain niveau d’intelligence et de finesse. Je ne ferme pas la porte à ce qu’il prenne de bons pas dans cette direction dans les années à venir.

Un autre reproche qui peut lui être fait est quant à son maniement de rondelle. Ses mains en soi ne sont pas mauvaises, il peut faire quelques montées en zone neutre à l’occasion et se défaire d’adversaires, mais souvent il donne l’impression de ne pas vouloir la conserver trop longtemps sur son bâton.

On a un bon exemple ici : il reçoit la rondelle dans le coin de la patinoire, il n’a aucune pression sur lui, mais il n’a pas pris soin de lever la tête et prendre l’information à proximité de lui.

Il s’est finalement retourné et a fait parcourir la rondelle le long de la bande, jusqu’à son défenseur à la ligne bleue du côté opposé. Il avait pleinement le temps et l’espace pour réaliser un jeu.

La variation de son rang dans les diverses listes n’est pas si incompréhensible, à son meilleur il est plus que justifiable de le classer dans son top 10, mais lors de ses moins bonnes performances, on se demande ce qu’il fait dans un top 20.

En ce qui me concerne, voici comment j’explique sa position dans ma liste.

Je vais admettre que je vais être le premier à aimer et à prioriser les joueurs que l’on dit ‘Well-Rounded’, c’est-à-dire, des joueurs qui peuvent vous battre de plusieurs façons et qui n’ont pas mal toutes les outils à leur disposition, quitte à ce qu’aucun d’eux ne soit élite. Des joueurs qui peuvent marquer près du filet comme de distance moyenne, qui peuvent mettre la table pour leur coéquipier en ralentissant le jeu tout comme en exécutant des passes rapides sur réception, qui peuvent aussi bien battre un joueur de vitesse que protéger leur rondelle, etc. Dans le cas du capitaine d’Owen Sound, je ne crois pas que le fait qu’il lui manque des outils va le limiter dans la LNH, car il n’a pas besoin de tous ces outils-là pour jouer sa game et être efficace. Ce qu’il fait bien, il le fait très bien et je crois que ça va se transposer dans la LNH.

J’ai pu lire certaines critiques envers le joueur que j’ai moi-même trouvé un peu sévère (surprenant !) et voir, un peu malhonnête.

L’une d’entres elles étaient que Barlow ne domine seulement, car il est plus développé physiquement que ses pairs, cependant, il fait 6’1 et 187 lbs, on ne parle pas ici d’un géant ni d’un joueur qui parvient uniquement à dominer grâce à son gabarit avantageux, comme c’était le cas avec Julien Gauthier. Et sa production s’explique plus par un travail proactif à se démarquer plutôt qu’à tirer avantage de joueurs moins costauds que lui.

Certaines personnes lui ont reproché de ne pas être celui qui ‘Drive’ le jeu sur son trio.  C’est sûr que c’est ce que l’on recherche d’une haute sélection au repêchage, cependant, Barlow joue déjà comme un complément et cela sera sa chaise dans la LNH alors ça facilite sa projection, et pour être honnête, combien de joueurs parviennent à ‘Driver’ un trio offensif dans la LNH ? Peu. Et ceux qui le font ont généralement de prolifiques et longues carrières, ce qui fait en sorte que le nombre de chaises est très mince.

J’ai aussi vu des gens lui reprocher d’être un joueur Nord-Sud… À ce point j’ai décroché, il est vrai que les joueurs pouvant jouer d’Est en Ouest en entrée de territoire peuvent créer de la confusion chez les défenseurs et créer du temps et de l’espace pour leurs coéquipiers, mais aux dernières nouvelles, c’est le style de jeu (Nord-Sud) qui est préconisé lors des séries éliminatoires.

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12. Quentin Musty

De tous les espoirs de la cuvée 2023, aucun n’incarne aussi bien l’expression ‘être capable du meilleur comme du pire’ que Quentin Musty. Il est le joueur qui fut le plus gros bond sur ma liste cette saison. Costaud ailier gauche américain, il fut le premier choix au total de l’encan de repêchage OHL en 2021.

Son talent pur est indéniable, mais le plus gros défi avec lui est d’évaluer adéquatement son intelligence sur la patinoire. Je le répète souvent, mais tracer la ligne entre un joueur offensif qui expérimente sur la patinoire et un joueur qui commet des erreurs dues à une mauvaise évaluation de sa situation peut être un exercice plutôt nébuleux.

Dans le cas de Musty, j’ai retrouvé trop de jeux faisant partie de la 2e catégorie en première moitié de saison. Lorsque je voyais son nom bien implanté dans un top 32, je me disais que j’avais à faire à un observateur qui ne parvient pas à bien juger le sens du hockey des joueurs.

Voici en revue le genre de reproches que je lui faisais ;

En avant-plan, il y a ses prises de décisions avec la rondelle. À plusieurs occasions, un jeu simple, mais avec une garantie de réussite s’offrait à lui et il préférait tenter le jeu spectaculaire à faible coefficient de réussite.

On a un exemple ici, David Goyette se présente sur le flanc gauche et il bénéficie de beaucoup d’espace. Musty est déjà en train de faire reculer les défenseurs, il aurait pu lui remettre le disque, poursuivre sa course au filet pour amener les défenseurs avec lui et laisser Goyette manœuvrer pour prendre un tir.

À la place, il y va d’une passe derrière son dos à un coéquipier qui était déjà couvert et qui, de toute façon, aurait eu moins d’espace pour manœuvrer que Goyette.

C’est ce genre d’exemple qui permet de faire la distinction entre ‘gestion de risque’ et ‘jeux stupides’. C’était ça le plus gros problème de Musty en début de saison, on retrouvait beaucoup trop de jeu de la sorte.

Un peu dans la même lignée, Musty passa à côté de plusieurs chances A+ de marquer pour remettre à un coéquipier (parfois derrière lui). Le pire c’est que cela a mené à plusieurs buts dans la saison et c’est très spectaculaire à voir, mais s’il fait ce genre de jeux dans la LNH et que sa passe se fait couper alors qu’il était seul face au gardien, son entraîneur risque de lui faire sauter quelques présences.

En voici un exemple, Musty s’est défait de deux adversaires dans l’enclave d’une magnifique feinte, il se retrouve seul devant le gardien, amène la rondelle sur son revers, mais effectue une passe derrière lui en diagonale à un coéquipier.

Le jeu s’est résulté en un revirement, alors qu’il aurait très bien pu loger la rondelle dans la partie supérieure.

Un autre aspect qui me faisait douter de son IQ fut sa conscience environnementale. Cela englobe reconnaître sa position sur la glace, ainsi que celle de ses coéquipiers et de ses adversaires. Dans le cas de Musty, le plus inquiétant dans cette facette, c’est qu’il ouvrait la porte à se faire frapper très, très durement. Il fut chanceux à plusieurs reprises d’évoluer dans un circuit junior, car il se serait fait sonner les cloches s’il avait été dans la LNH. Même que ce qui devait arriver arriva et il encaissa certaines percutantes mises en échec.

Voici un exemple qui résume bien le tout. Encore une fois, il a un jeu très simple à sa portée. Il pourrait simplement remettre la rondelle du revers à l’un de ses défenseurs pour qu’eux puissent assurer la relance. À la place, il va chercher à vendre cette option à son couvreur, pour ensuite effectuer un soudain changement de direction et de vitesse pour s’en défaire.

Dans la même séquence, il fut deux erreurs. La première fut d’échouer à établir suffisamment de séparation avec son couvreur. La deuxième, et la plus importante, il ne réalisa pas que Windsor avait un défenseur qui l’attendait de pied ferme dans le haut de la zone neutre.

J’ai laissé tomber l’image qui montrait la suite de la séquence (trop flou), mais on voyait que le premier joueur ne mordit pas du tout à la feinte de Musty et qu’il fut en mesure de revenir épaule à épaule avec ce dernier, et le défenseur vint lui aussi fermer le jeu, jouant la rondelle. Mais, il aurait très bien pu lui assener une lourde mise en échec et lui fermer les lumières.

Pour continuer dans le manque de reconnaissance contextuel de Musty, ses jeux ne semblaient pas planifiés en première moitié de saison. Il battait un joueur d’une feinte, mais ne réalisait pas qu’un autre adversaire était en position de le couvrir et il se retrouvait dans l’entonnoir. Le tout, car il évaluait mal la position des joueurs adverses sur la glace.

Ça revient un peu au fait qu’il privilégiait constamment les jeux spectaculaires au détriment de ceux efficaces.

À mes yeux, le maniement de rondelle des joueurs est très souvent mal évalué par les gens. L’emphase est mise sur les jeux ‘attrape l’œil’ alors qu’un bon maniement de rondelle devrait être collatéral à un bon hockey IQ. Exemple, pour manipuler un adversaire, pour se créer de l’espace, pour retarder son jeu, etc. Cela provient du fait que le joueur a aperçu une ouverture possible qui ne sera uniquement accessible qu’en éliminant une variable sur la glace grâce à ses mains. Pour ce faire, il faut savoir lire les défenseurs, leurs alignements corporels, leurs mouvements, leurs yeux, etc. C’est quelque chose qu’il ne faisait pas, ou du moins, qu’il faisait mal en première moitié de saison. Il tentait des feintes dans le seul but de tenter des feintes, sans arrière-pensée à savoir ce que ce jeu allait lui apporter.

Un autre reproche que je lui adressais était concernant son engagement sur la patinoire. Son jeu défensif en souffrait, encore plus lorsque l’on combine cela aux problématiques liées à sa conscience de l’espace sur la patinoire. On pouvait également voir une certaine lacune avec son désir de compétitionner avec la rondelle dans la zone offensive. Alors qu’il aurait pu batailler en situation d’un contre un et protéger sa rondelle, il déléguait à ses défenseurs, les mettant souvent dans des situations précaires à la ligne bleue offensive. Il leur déléguait des responsabilités qu’il ne pouvait pas assumer.

Cela fait beaucoup de points négatifs émis sur le joueur (après tout, on ne parle pas d’un joueur polarisant pour rien), mais si il est aussi haut dans ma liste, c’est qu’il a démontré à certains points dans la saison, une croissance dont je n’avais jamais été témoin auparavant en ce qui concerne l’intelligence d’un joueur, et dans une certaine mesure, l’engagement aussi. Son talent pur atteint aussi des niveaux absurdes.

Les habiletés de fabricants de jeux d’un joueur ont toujours représenté pour moi un bon baromètre de son intelligence. C’est possiblement la meilleure qualité de Musty. À son meilleur, il figure facilement parmi l’élite de cette cuvée dans ce département.

Il y a différentes façons d’être un bon fabricant de jeux ; ça peut être en ralentissant le jeu, en démontrant une bonne vision pour repérer des joueurs oubliés, ça peut être en attirant l’attention sur soi, ça peut être en étant en mesure de rejoindre des coéquipiers alors qu’il y a beaucoup de bâtons dans la ligne de passe, etc. Dans le cas de l’attaquant des Wolves de Sudbury, c’est en majorité grâce à sa grande créativité offensive. Plusieurs de ses passes surprennent ses adversaires, car ils ne se doutent pas qu’il va opter pour un tel jeu.

Musty adore jouer d’est en ouest lors des entrées de zone. C’est l’une des plus grandes constantes dans son jeu. Il va gagner la zone offensive par la gauche et il va couper littéralement au centre près de la ligne bleue. Je l’ai vu réaliser plusieurs passes de la sorte qui m’ont ébahi. L’une fut effectuée de son revers, entre les deux défenseurs, pour rejoindre un coéquipier qui s’était démarqué derrière eux. C’est l’entrée en croisé de Musty qui a permis à son coéquipier de se faufiler à cet endroit, mais de le rejoindre d’une passe du revers, malgré plusieurs obstacles sur son chemin et le tout, en étant en mouvement, c’est extrêmement impressionnant.

Une autre séquence s’est dessiné originalement de la même façon, mais cette fois, plutôt que de composer sur son revers, Musty a vendu un tir des poignets et alors que les défenseurs se sont immobilisés pour chercher à bloquer le tir, il a exécuté une passe soulevée d’une grande délicatesse par-dessus leurs bâtons/jambes pour rejoindre un coéquipier qui s’était blotti derrière eux.

Son fantastique maniement de rondelle couplé à une vision de jeu supérieur mène à certaines des plus belles pièces de jeu que j’ai vu de la saison.

Le plus impressionnant fut de constater à quel point sa prise de décision gagna en maturité.

En plus de cela, il a rajouté de la diversité à sa façon de rejoindre ses coéquipiers. Avant c’était principalement grâce à sa créativité, mais désormais, il peut aussi retarder des jeux en se servant de son gabarit, il peut aussi remettre la rondelle près de la peinture réservée au gardien de but après avoir réalisé une percée au filet, etc. Non seulement il s’est diversifié, mais il a également amené beaucoup de substance à son arsenal.

Ses mains ont été mentionnées à quelques reprises déjà et cela fait assurément partie de ses plus grands atouts.

Sa dextérité est tout à fait exceptionnelle. La constance qui revient le plus avec son maniement de rondelle c’est à quel point il excelle à feindre des lancers pour tromper les défenseurs à sa guise. C’est surprenant de voir un joueur en mesure d’aussi bien vendre son intention de décocher un tir alors qu’il est en mouvement et qu’il a déjà mis tout son poids sur son bâton se raviser à la dernière seconde et sortir une feinte à la place.

Fut une séquence où il reçut une passe dans l’enclave et qu’il s’apprêtait à tirer sur réception, le défenseur en avant de lui s’agenouilla pour bloquer le lancer. Musty fit juste une petite réception de rondelle (en suivant son élan de tir frappé) pour la déplacer de 2-3 pieds vers sa gauche pour se placer en position de tirer sans faire bloquer son tir et il marqua habilement par-dessus l’épaule du gardien.

C’est aussi un endroit où on fut en mesure de constater une amélioration quant à sa prise de décision, et aussi quant aux lectures de jeux qui précédaient ses actions.

L’une des raisons pour laquelle il parvient si bien à vendre son tir, c’est qu’il en possède un très bon.

Son tir du poignet est particulièrement lourd. Il peut battre des gardiens de loin et même s’ils n’ont pas la vue voilée.

Comme tous les autres aspects de son jeu, on peut témoigner d’un gain en maturité alors qu’il passe moins souvent à côté de chance de tirer pour passer (ça lui arriver encore de temps à autre cependant).

On remarqua également une amélioration de son IQ dans sa façon d’utiliser son tir en ce qui trait de sa façon de lire ses coéquipiers ; lors de jeux en croisées, en allant se positionner derrière un coéquipier qui transporte la rondelle pour être une option en remorque, etc.

Autre que ses prises de décisions parfois très douteuses, le coup de patin de Musty était également un élément qui aurait pu l’empêcher de s’insérer plus haut dans les différentes listes.

Sa vitesse a pris une coche considérable, et même son agilité sur patin aussi. On le voit désormais en protection de rondelle bouger les pieds, ouvrir les hanches et tourner le dos à son adversaire, ce qu’il n’aurait pas été en mesure de faire.

Je me demande si certaines constantes dans son jeu n’ont pas été influencées par cette limitation antérieure, exemple, la plupart de ses entrées de zone par la gauche se déroulent avec lui qui coupe vers le centre. Il a été expliqué en quoi il utilise bien ce jeu, mais s’il peut désormais utiliser sa vitesse renouvelée pour attaquer les défenseurs en cherchant à les battre de vitesse le long de la bande, ça le rendrait encore plus dangereux, et surtout, plus imprévisible.

Par moment dans la saison, Musty a démontré être un vrai ‘Pain in the Ass’ à affronter, comme dirait les Anglais. Il frappait souvent, et frappait fort. Parfois même à la limite de la légalité. C’est également un joueur qui aime déranger sur la patinoire, que ce soit après les sifflets, ou simplement en trash-talkant. C’est quelque chose qu’on a pu observer dès le tournoi Hlinka en début de saison.

Fut un point dans la saison où je croyais que tous les inconvénients dans son jeu s’étaient résorbés et j’avais fait un 180 degrés complètement concernant mon évaluation sur lui. Lorsqu’il est à son meilleur, il a définitivement l’air de l’un des meilleurs joueurs de ce repêchage. Par contre, certaines vieilles habitudes ont refait surface lors de la 2e moitié de saison, le fameux ‘stuff de junior’.  Par contre, dans un repêchage où je n’aime pas la profondeur, son talent demeure très alléchant, et le fait qu’il m’est démontré, par moment, être en mesure d’atténuer ces fâcheuses manies, me suffisent pour le classer à cet endroit sur ma liste. C’est un joueur sur qui tu tentes le coup de circuit, et il a montré suffisamment de hargne et de robustesse pour élargir l’éventail de sa projection, advenant le cas où il ne se développe pas tel qu’espéré.

Nombres de matchs regardés : 25

13. Dalibor Dvorsky

Dalibor Dvorsky est un attaquant slovaque de 6’1 201 lbs évoluant dans le système Suédois depuis ses 14 ans. Cette année, il a partagé son temps entre la ligue des moins de 20 ans et celle de la 2e division professionnelle (la Allsvenskan). C’est d’ailleurs dans cette ligue d’homme qu’il a passé la majeure partie de la saison, amassant 14 pts en 45 parties (si on inclut les éliminatoires).

Sa qualité première est son jeu défensif. Il est possible de présenter des arguments pour parler de lui comme étant le meilleur attaquant défensif de tout le repêchage.

Il a la maturité nécessaire pour reconnaître l’importance de se responsabiliser défensivement. Il se soucie des petits détails, se replis fort en tout temps et il joue bas pour appuyer ses défenseurs. L’une des choses qui le distingue des autres joueurs de son âge dans cette facette est que Dvorsky ne se gêne pas pour engager le contact physique face à ses adversaires.

Son sens de l’anticipation est très fort et, accompagner à ses lectures de jeu, il est en mesure de déterminer quelle sera l’option de passe choisie par son adversaire lors de situation plus complexes.

On a un petit exemple ici de son intelligence défensive. Un 3 contre 1 se dessine pour l’équipe adverse. Dvorsky se repli en donnant tout ce qu’il a dans le réservoir (numéro 15 en blanc au haut de l’écran).

Il reconnaît que son gardien peut gérer la menace du tir et que son défenseur peut couper la passe du joueur dans le centre.

Il va donc ‘sauter’ par-dessus le joueur au centre et il va aller rendre inaccessible l’option du joueur éloigné. 

C’était difficile de prendre une meilleure capture d’écran que celle-ci pour illustrer la suite de la séquence, mais le porteur du disque a tenté une passe au joueur éloigné et Dvorsky a étiré le bâton et a fait dévier la rondelle hors de portée.

Partout sur la patinoire, c’est dans de petits détails de la sorte qu’on observe l’intelligence supérieure du Slovaque.

Exemple, lors d’une situation offensive de surnombre, Dvorsky a le centre de la patinoire, mais sans la rondelle, c’est son ailier le long de la bande qui en est en possession.  Le défenseur adverse se situe entre les deux et se dirige vers le porteur du disque. Sans cause d’interférence, Dvorsky neutralise le bâton du défenseur avec le sien pour donner une plus grande marge de manœuvre à son coéquipier.

On a un jeu similaire ici. Il y a une rondelle libre dans le coin de la patinoire. Un des ailiers à Dvorsky va pour la récupérer, mais un défenseur adverse va arriver en même temps que lui (Dvorsky est le numéro 15 en noir).

 De derrière, Dvorsky va lever le bâton du défenseur pour que son ailier puisse s’emparer de la rondelle sans se faire harponner.

Offensivement, son jeu est plutôt beige. Cela ne l’empêche pas cependant d’amener certains éléments à un haut niveau. C’est son tir qui s’attire les éloges des observateurs.

Il possède un très bon lancer des poignets qui représente une menace pour les gardiens de but. En conjonction avec un très bon tir, il faut de bons instincts de marqueur et de bonnes reconnaissances spatiales ainsi que de situations pour maximiser cet atout. Dvorsky n’est pas toujours le plus assertif avec la rondelle dans la zone offensive, mais il reconnaît rapidement lorsqu’il y a un effondrement de la couverture défensive adverse et il va prendre l’espace qui s’offre devant lui pour s’avancer avant de décocher son tir.

Un peu dans le même ordre d’idée, il reconnaît aussi les failles dans la technique des gardiens et va défier ceux qui trichent en déposant un genou au sol, en visant la partie supérieure, même d’angles plus restreints. Il a le talent pour élever la rondelle même de près.

Son tir sur réception est également supérieur à la moyenne et il fait très bonne figure pour ce qui est de trouver les endroits libres sur la patinoire pour se démarquer.

Sinon, il va jouer un style de jeu qui lui nécessite quand même une bonne force physique. Il aime travailler avec la rondelle le long des bandes, il aime avoir un adversaire sur le dos lorsqu’il se rend au filet ou qu’il remonte le long de sa propre ligne bleue dans la zone offensive. Il démontre une bonne confiance en ses habilités à protéger le disque.

Il aime aussi aller se placer devant le gardien de but, même à 5 contre 5.

C’est à se demander s’il n’a pas un autre niveau qu’il peut atteindre offensivement, car il est un très bon manieur de rondelle.

C’est surtout dans la zone neutre qu’il démontre ses meilleurs flashs de maniement de rondelle. Le problème est que son coup de patin n’est pas très rapide et qu’il se fait rattraper suite à s’être défait d’un premier joueur.

Dans la zone offensive, il y a un manque de créativité. Pour moi, cela découle du manque de vitesse mentionné. Il ne peut pas utiliser de changements de vitesse ou de changements de direction, ce qui enlève un élément d’imprévisibilité à son répertoire.

Cependant, il compense d’une certaine façon le manque de distance qu’il crée de ses adversaires par une très bonne technique de maniement de rondelle où il parvient à mettre beaucoup de poids sur son bâton, venant prévenir des occasions où il aurait pu se faire subtiliser la rondelle.

C’est d’ailleurs le gros point d’interrogation avec Dvorsky, ou du moins le facteur qui pourrait venir limiter son plafond offensif : son coup de patin.

Comme dit précédemment, il se fait rattraper lorsqu’il transporte la rondelle en zone neutre, et s’il n’a pas de pression venant derrière lui, il n’a tout de même pas la vitesse pour défier les défenseurs en situation de 1 contre 1. Au moins il a l’intelligence de ralentir le jeu à son avantage pour attendre le renfort de coéquipier.

Ce qui n’aide pas pour en faire une projection plus optimiste, c’est que Dvorsky semble déjà être à maturité physique, affichant 201 lbs sur une une charpente de 6’1. Pourra-t-il ajouter une vitesse de plus avec de l’entraînement en gymnase ? Ça demeure un coup de dé.

À plus long terme, ses chances d’atteindre la LNH sont plus que certaines, mais les questions entourant son potentiel offensif persistent.

Il y eut un tournoi U-20 cet automne où est-ce que la Slovaquie affrontait des formations telles que la Suisse et le Danemark. J’ai écouté des matchs en séquences isolés de son compatriote Alex Ciernik. Lors de mes visionnements, je remarquais l’un de ses coéquipiers qui offrait de bons flashs. Je croyais avoir trouvé, potentiellement, une carte cachée pour le repêchage. Je suis allé voir la feuille de match pour m’apercevoir que c’était Dvorsky. En regardant ces matchs sans savoir quels étaient les joueurs impliqués, je n’aurais pas été en mesure de dire qu’un de ceux-ci méritait une sélection dans le top 10 de la séance de repêchage 2023 (endroit où était placé pas mal universellement Dvorsky).

Il démontre des qualités d’un joueur qui peut avoir un impact notable défensivement, et dans une certaine mesure dans la zone neutre également. Mais offensivement, il est un peu trop vanille à mon goût.

Ceci étant dit, pour plusieurs espoirs, nous n’en sommes qu’à un ou deux détails près d’être dans l’erreur concernant notre évaluation. Dans le cas de Dvorsky, il sera question de savoir s’il peut améliorer son patin et jouer avec plus d’audace offensivement.

**Ajout de fin de saison : Il a été effectivement été bon au tournoi U-18 mais j’ai vu sensiblement le même Dvorsky que pendant la saison. Il n’a pas été dynamique nécessairement avec la rondelle en territoire offensif. La production a semblé un peu gonflé lorsque l’on compare avec le jeu sur la patinoire.

Nombres de matchs visionnés : 18

14. Nate Danielson :

Capitaine des Wheat Kings de Brandon, Danielson est un joueur de centre droitier de 6’1. Il offre une projection relativement certaine pour la LNH, sans nécessairement en offrir beaucoup à se mettre sous la dent.

Danielson a comme identité d’être un joueur vaillant et responsable. Il démontre une bonne maturité sur la glace et ne sacrifie jamais son jeu défensif au détriment de l’offensive. Il parvient à avoir un impact positif dans sa zone par l’espace qu’il couvre avec son patin ainsi que sa portée. En désavantage numérique, il ferme les lignes de passe rapidement et force l’équipe adverse à commettre des erreurs avec une pression incessante.

Il figure parmi les meilleurs patineurs de ce repêchage. Il possède une très belle mécanique de patin et possède une foulée très élégante, surtout pour un joueur de son gabarit. Sa force d’accélération est bonne.

Contrairement à certains joueurs rapides qui ne parviennent pas à exécuter de jeux lorsqu’ils sont à pleine vitesse, c’est le contraire qu’on observe avec Danielson. La majorité de ses meilleurs jeux offensifs surviennent ‘Off the Rush’ (en contre-attaque) alors qu’il gagne la zone le long de la bande droite, à pleine vitesse. Il peut déborder les défenseurs de vitesse et il a également la portée pour garder la rondelle hors d’atteinte.

Malgré son efficacité pour ce genre de jeux, on peut en contrepartie observer certaines limites dans son jeu en transition. Il demeure une option intéressante quand même, seulement, il a plus de difficulté à opérer dans le centre de la patinoire ainsi qu’en circulation lourde.

L’une des raisons est que Danielson n’est pas un joueur très créatif. C’est le même constat que l’on fait dans la zone offensive. Il y a certaines séquences où il remonte le long de la ligne bleue offensive en ayant un joueur sur le dos et ça semble impressionnant à priori grâce à son patin et sa portée, mais souvent, ça se termine par un tir inoffensif de loin.

Nous pourrions coupler à ça, un maniement de rondelle qui est décent sans plus. Il n’a pas nécessairement de mauvaises mains, il peut se défaire d’un joueur à l’occasion (parfois même à l’aide d’une belle feinte), mais le manque de créativité ne lui permet pas de créer une chance de marquer à partir de rien. Ça explique en partie pourquoi il garde son jeu en transition très simple et passe par le côté droit plutôt que de composer avec plusieurs variables devant lui dans le centre de la patinoire.

Danielson ne semble pas très à l’aise de manier la rondelle sur son revers, c’est pourquoi il priorise toujours le côté droit lors de ses entrées de zone. Aussi, lorsqu’il est de ce côté, il ne va pratiquement jamais chercher à gagner le centre ce qui l’amènerait à composer sur son revers.

Je crois qu’avec quelques simples corrections, Danielson pourrait ajouter des jeux dans son répertoire en entrée de zone qui le rendrait beaucoup plus efficace. Il ne lui suffirait que de rentrer par le centre de la patinoire, remettre à un coéquipier à l’aile et se diriger à pleine vitesse vers le gardien. C’est un jeu simple qui, en plus, tirerait profit de ses qualités (patin, gabarit, ne pas faire dans la complexité, etc). Il l’a d’ailleurs exécuté à quelques reprises au cours que la saison progressât et ça lui permettait de faire reculer les défenseurs et de donner de l’espace à ses coéquipiers.

Au niveau de son tir, Danielson n’est pas particulièrement un joueur ‘naturel’ dans ce département. Cela ne veut pas dire qu’il ne possède pas un bon lancer, mais seulement que ce n’est pas un joueur qui peut maximiser l’efficacité de son tir dans des situations diverses, et aussi dans des situations plus difficiles. Exemple, ce n’est pas un joueur qui peut prendre des tirs à pleine vitesse sans être prévisible pour les gardiens et les défenseurs et ce n’est pas un gars qui a la dextérité des mains nécessaire pour ajuster son angle de tir pour éviter les bâtons adverses, etc.

Pour ce qui est de ses talents de fabricants de jeux, je dirais que le mot qui me vient en tête, à l’instar de son jeu en général, est ‘maturité’. On a un parfait exemple ici : il reçoit une rondelle à la ligne bleue adverse, l’un de ses coéquipiers a le centre de la patinoire au complet et semble en position d’obtenir un échappé, seule face au gardien.

Une très grande majorité d’espoirs auraient forcé cette passe, qui s’est rapidement refermée.

À la place, Danielson a attendu une fraction de seconde de plus que le joueur éloigné se démarque et a opté pour une passe à la fois plus difficile, mais aussi plus efficace, qui a mené à une très bonne chance de marquer.

Le joueur de centre est également en mesure de faire un excellent usage de longe portée en retardant ses jeux, non seulement pour donner une seconde supplémentaire pour qu’un coéquipier se rendre au filet, mais également pour éviter le harpon du défenseur. Il parvient à réaliser ce genre de jeu à pleine vitesse.

Quelque chose qui est bon est qu’il joue toujours la tête haute, alors il sait tirer profit des défenseurs qui se font hypnotisés par la rondelle et qui perdent leur couverture.

Ce qui est ironique, car c’est également une faute dont Danielson se montre coupable dans sa propre zone. Dans l’introduction nous avons parlé des caractéristiques propres à son jeu qui font de lui un joueur responsable, mais il n’est pas sans faille défensivement. Il s’implique dans sa zone, mais il va manquer des couvertures où un défenseur adverse quitte sa position.

Furent également des séquences où il ne semblait pas allumer du tout et ne réagissait pas en fonction de la situation. Il y a un exemple ici, le jeu se dessine comme étant un banal 2 contre 2 sauf que l’un des défenseurs de Brandon perd pied et tombe. On voit Danielson au bas de l’écran en noir qui est à proximité du 2e attaquant et qui aurait facilement pu être en mesure de le couvrir, mais il n’était pas concentré sur le jeu. Le joueur a accéléré et a obtenu un échappé face au gardien.

Un meilleur exemple ici, un joueur se dirige seul vers le filet, au lieu de se replier à 110% sur lui, il regarde derrière pour voir si un défenseur adverse ne vient pas appuyer l’attaque.

Voici comment le jeu s’est terminé

Je crois quand même que les erreurs qu’il fait défensivement se corrigent, cependant, pour un joueur que je trouve assez beige offensivement, j’aimerais qu’il soit impeccable dans cette facette pour se rendre indispensable à sa formation.

Personnellement, je projette Danielson comme joueur de 3e trio. Dans le contexte où ce n’est pas un joueur que je vois dans un rôle offensif dans la LNH, je ne ressens pas le besoin d’émettre des critiques trop sévères envers lui, c’est un joueur honnête. Il ne m’a jamais ‘saisi’ lors de mes visionnements, mais en même temps, il ne m’a jamais déçu non plus, c’est un joueur dont je sais à quoi je suis en droit de m’attendre à chaque match que je regarde.

Idéalement, j’aurais aimé le classer plus bas, mais dans ce repêchage-ci, je ne voyais pas vraiment qui mettre devant lui.

Nombres de matchs regardés : 16

15. Brayden Yager

Ayant connu une saison de près de 35 buts dans la WHL à l’âge de 16 ans et en ayant pivoté le premier trio de l’équipe Canadienne lors du tournoi Hlinka, les attentes placées sur le joueur des Warriors de Moose Jaw étaient hautes.

Peut-être même trop hautes. Sa première moitié de saison ne se déroula pas comme prévu. Son impact sur la feuille de pointage ne fut pas affecté pour autant, mais le jeu qu’il offrait n’avait rien de convaincant. Lorsque nous regardons un espoir de haut niveau sous-performé de la sorte, plusieurs hypothèses peuvent se former ; est-ce que tout son cœur est dédié à sa profession ? Est-ce que c’est un joueur qui se contente d’être un passager au sein de son équipe ? Est-ce que c’est simplement un joueur inconstant ? etc.

Dans le cas de Yager, pour avoir vu le contraste avec sa 2e moitié de saison, je crois simplement que c’est un joueur qui a vu le poids de sa saison de repêchage lui peser beaucoup sur les épaules. Ce n’est qu’une supposition de ma part, mais je crois qu’en vertu de ce que j’ai observé, je peux être confiant dans cette affirmation.

La raison est qu’une nervosité chez le joueur était perceptible à l’œil nu chaque fois qu’il s’emparait d’une rondelle. Ce qui n’était pas le cas lors de la saison précédente ni lors du Hlinka.

Dû à cela, il fut coupable de nombreuses erreurs et revirements sur la patinoire. À chaque fois que je voyais ce genre de jeu se produire, je me disais que c’était des jeux stupides qui témoignaient d’une lacune importante au niveau de l’intelligence, mais connaissant le joueur, je savais qu’il y avait quelque chose d’autre à l’arrière de tout ça.

L’endroit où cela s’observait le plus était en zone neutre ainsi que dans les entrées de territoire. Le nombre de mauvais jeux que je l’ai vu effectuer dans de telles circonstances fut déconcertant. Tout faisait défaut, autant les prises de décisions que l’exécution, mais ce qui revenait le plus, c’était surtout qu’il ne semblait pas avoir un très haut seuil de panique. Ses jeux étaient forcés et il ne démontrait pas la patience et l’assurance nécessaire pour attirer un ou des joueurs vers lui avant de remettre à un coéquipier.

En tant que joueur de centre, il n’aura pas le choix d’être plus à l’aise à dicter le jeu avec la rondelle s’il veut connaître du succès dans la LNH, ce qu’il ne démontrait pas.

Un autre aspect de son jeu qui s’est vu affecté par cette pression fut son habilité à fabriquer des jeux. La raison pour laquelle je me permets d’affirmer ceci est que ce sont les mêmes constantes qui sont ressorties : il ne semblait pas confortable avec la rondelle sur son bâton et précipitait ses jeux.

Il y a une nuance entre forcer des lignes de passes qui n’existent pas où tenter de remettre à un coéquipier qui est couvert et les jeux précipités de Yager. Dans son cas, c’est que les erreurs commises se produisaient aussitôt que la pression venait sur lui. Alors que dans bien des scénarios, il aurait été en mesure de conserver la rondelle, se retourner sur lui-même, patiner dans une autre direction pour fuir la pression et effectuer une passe simple pour que son équipe garde possession de la rondelle. C’est ce que je trouvais inquiétant dans son cas, normalement tu veux voir tes meilleurs joueurs commander la rondelle et vouloir dicter le jeu, ce qui était loin d’être le cas avec lui.

Il avait pourtant les outils nécessaires dans son coffre pour offrir des flashs de fabricant de jeux lors des avantages numériques. Évoluant souvent au haut des cercles droits (étant droitier également), Yager avait la possibilité de vendre la menace de son tir des poignets en plaçant tout son poids sur sa jambe intérieure avant d’exécuter une passe transversale. Shane Wright excellait à ce jeu l’an dernier. 

De mes 12 premiers visionnements sur le joueur, il fut simplement mauvais dans la vaste majorité de ceux-ci. Puis, en 2e moitié de saison, un déclic sembla se faire.

Il sembla désormais beaucoup plus confiant avec la rondelle. Non seulement les aspects les plus à risque de son jeu furent corrigés, il trouva également un moyen de tirer un meilleur profit de ses forces.

C’est surtout en transport de rondelle dans la zone neutre qu’on observe la plus grosse différence. Il utilise sa vitesse pour faire reculer les défenseurs et ne se montre plus coupable de mauvaises passes. Il peut désormais attaquer le centre comme qu’il peut tenter de déborder les défenseurs.

Ses talents de passeurs prirent également une bonne coche. On le voit désormais effectuer de bonnes passes transversales lors des avantages numériques et même à 5 contre 5, ce jeu revient souvent où il va patiner le long de la bande gauche à pleine vitesse, attirer un défenseur sur lui et va ensuite remettre du revers à un coéquipier dans le haut de l’enclave. C’est un jeu impressionnant qui nécessite une très bonne dextérité de mains pour faire une passe de la sorte à pleine vitesse.

Il y a trois aspects du jeu de Yager dont je n’ai pas encore parlé. La raison est que ceux-ci demeuraient des forces dans son arsenal, même dans ces moments plus difficiles.

En tête de liste, il y a son tir. La qualité de celui-ci en termes de vélocité et de précision lui voue une place parmi les meilleurs tireurs de ce repêchage. La force derrière ce dernier lui permet de surprendre les gardiens de but et il est en mesure de placer les rondelles dans le coin supérieur du filet aussi bien que quiconque.

Ce qui rend son tir unique c’est sa façon de décocher. Il a cette façon propre à lui d’employer son tir du flanc droit (tirant de la droite) où il lève sa jambe arrière très haut dans les airs et au moment de tirer, il ‘kick’ sa jambe vers en bas pour ajouter de la force gravitationnelle à son tir. Pour une raison quelconque, c’est particulièrement plaisant à voir.

Ceci étant dit, j’aimerais voir un plus grand arsenal de tir dans son cas. Ce tir qui est spécifique à lui survient surtout lors des avantages numériques et à l’occasion lors de certaines descentes sur le flanc droit lorsque le champ est libre. J’aimerais pouvoir voir un aussi bon tir du flanc gauche et surtout, j’aimerais le voir se créer des opportunités de tir par lui-même. Pour le moment il dépend un peu de ses coéquipiers ou de certaines circonstances pour tirer profit de son meilleur atout.

Yager possède aussi un coup de patin que je qualifierais de supérieur à la moyenne. Ce n’est pas nécessairement un joueur hyper agile qui va battre des adversaires avec des pivots ou des changements de direction, mais sa force d’accélération est très bonne et lui permet de créer de la distance avec ses rivaux.

Défensivement, il offre une certaine sécurité à son entraîneur lorsqu’il saute sur la patinoire. Étrangement, il me fait un peu penser à Brad Lambert défensivement l’an dernier. Il est bon sans offrir de qualité dominante. Il a un bon positionnement, un bon bâton actif pour couvrir des lignes de passes, il a le coup de patin pour récupérer des rondelles, couvrir ses défenseurs ou pour reprendre position, mais en même temps, il n’est pas particulièrement difficile à affronter et ne démontre pas un sens de l’anticipation supérieur.

Sa projection dans la LNH fut difficile à établir, surtout en première moitié de saison, pour les raisons expliquées plus tôt. Offensivement, il n’est pas un gars qui a l’étoffe psychologique pour être celui qui prend les choses en main. Fut également une séquence où il ne totalisait que 2 buts à ses 16 derniers matchs. Et ce n’est pas un joueur qui apporte beaucoup d’intangibles avec lui.

Avec le regain qu’il a eu en 2e moitié de saison et en séries éliminatoires, je crois qu’on peut parler d’un bon joueur de 3e trio qui peut évoluer sur une 2e vague d’avantage numérique et qui peut jouer sur le désavantage numérique. Ce qui est bon dans mon évaluation !

Nombres de matchs visionnés : 22

16. Samuel Honzek

Attaquant Slovaque de 6’4, Honzek a passé la dernière saison en sol canadien, évoluant avec les Giants de Vancouver dans la WHL.

C’est difficile de pointer avec conviction ce qui est son principal fait d’armes. Il ne possède pas de qualité qui s’élève clairement au-dessus des autres, et il n’a pas démontré la constance attendue dans ce qui pourrait être ses traits identitaires. Mais tout de même, sa protection de rondelle est ce sur quoi repose sa fondation dans son jeu.

Il possède de bonnes mains et il utilise bien sa longue portée ainsi que sa large base de patin pour garder la rondelle hors d’atteinte de ses adversaires. Il est très à l’aise (et probablement à son meilleur) lorsqu’il fait une feinte et ramène la rondelle sur son revers. Sa posture est optimale, penchant l’épaule et gardant un bon degré de flexion au niveau des genoux pour pouvoir maximiser ses poussées et continuer de créer de la séparation avec son adversaire. Il peut également se servir de son bras libre pour repousser son adversaire.

Sa protection de rondelle s’est vue bonifiée en cours de saison due à une amélioration notable au niveau de son coup de patin (sujet qui sera abordé plus tard), mais même lorsque sa vitesse était plus problématique et qu’Honzek n’avait pas la force d’accélération pour se distancer de son adversaire après avoir réalisé une feinte, il pouvait quand même protéger efficacement la rondelle avec son corps et s’acheter du temps pour évaluer ses options.

Maintenant qu’il a une vitesse qui peut venir complémenter son jeu en possession du disque, il a réalisé plusieurs des percées au filet des plus impressionnantes que j’ai vu cette saison.

Le problème est que ceci ne s’est pas avéré une constante dans son jeu. En fait, je le trouve assez passif dans la zone offensive. Ce n’est pas le joueur qui chercher nécessairement le plus à créer. C’est dommage, car s’il se servait pleinement de ses atouts, il pourrait être un monstre en possession de rondelle.

C’est le même constat que l’on retrouve dans son jeu sans la rondelle : il démontre des flashs de dominance, mais ceux-ci ne sont pas suffisamment constants à mon goût.

Lors de certaines séquences, suite à une perte du disque, Honzek est passé en 2e vitesse et il s’est imposé devant un adversaire pour récupérer la rondelle. Avec son gabarit et les qualités sous-mentionnés, il devient un atout formidable pour une formation lorsqu’il joue de la sorte.

On retrouve aussi cette capacité à récupérer des rondelles de la sorte défensivement. Il est très bon pour enlever le disque à ses adversaires. Cela s’est vu grandement amélioré dans la saison par les progrès qu’il a faits concernant son coup de patin. C’est surtout grâce à son gabarit qu’il peut enlever le disque à ses adversaires. Il les repousse d’une épaule et se sert de sa main libre pour jouer la rondelle avec son bâton.

Sans la rondelle, dans la zone offensive, il est très bon pour offrir du support à ses coéquipiers. Pas nécessairement pour aller se placer comme option dans les endroits dangereux, mais plus dans les endroits subtils, exemple le long de la bande (en zone neutre également).

Défensivement, il est parfois un petit peu trop hésitant à mon goût. J’aimerais le voir plus intense sur le porteur de la rondelle pour provoquer des revirements, un peu comme Nate Danielson le fait.

S’il avait démontré plus de constance et plus d’acharnement dans ces facettes, il aurait pu monter de quelques rangs sur ma liste. Ce sont des qualités qui pourraient faire de lui un excellent joueur de 3e trio qui peut prolonger de longues séquences dans la zone offensive et fatiguer les défenseurs adverses. Des joueurs comme ça, ça vaut leur lot d’or rendu en séries éliminatoires lorsque tu joues un 4 de 7.

Je dis ça, car, plus concrètement, son répertoire offensif est plutôt limité.

Il ne démontre pas de qualité distincte en tant que fabricant de jeux. En fait, cet aspect serait maximisé s’il profitait plus souvent de sa brillance en protection de rondelle pour étendre ses possessions et laisser le mouvement de ses coéquipiers créer de la confusion dans la couverture défensive adverse.

Autre que ça, il démontre une bonne efficacité pour repérer des coéquipiers à l’embouchure du filet. Mais on ne retrouve pas d’éléments de tromperie ni un penchant pour les zones dangereuses dans ses tendances de passeur.

Ce ne serait pas si grave s’il s’avérait être un bon finisher. Le problème est que son tir est probablement son tendon d’Achille dans son arsenal offensif.

Son tir des poignets est très faible et sa coordination sur ses tirs sur réception fait défaut. Son degré d’exécution s’en montre donc affecté. Il va fendre l’air ou frapper la rondelle partiellement si la passe n’est pas parfaite, ce qui n’est pas un problème pour Colby Barlow.

Cela est en partie expliqué parla longueur du bâton qu’il utilise. On voit aussi qu’Honzek n’est pas un tireur né, il n’a pas l’instinct de marqueur et le 6e sens de comment se placer lui-même en situation avantageuse en utilisant son maniement de rondelle à cet escient.

Son patin représentait également un obstacle de taille pour lui permettre d’atteindre un autre niveau, mais c’est quelque chose qui s’est amélioré dans la saison, au point où je ne considère plus que c’est une limitation pour lui. Pas pour la chaise que je lui vois destiné dans la LNH.

En début de saison, il manquait de vitesse et lors de situation de surnombres offensifs, cela le forçait à décocher des tirs de loin, prématurément. En lumière de ce qui vient de se dire concernant son lancer, ce ne sera pas un choc de vous annoncer que cela faisait avorter ce qui aurait pu être une chance de qualité.

Son jeu en récupération de rondelle le long des bandes en souffrait aussi énormément. Même s’il avait la bonne idée en tête de chercher à vendre une direction à son couvreur avant de changer de côté brusquement, il ne générait pas assez de puissance et sa coordination n’était pas à point. Ses pieds n’étaient pas assez rapides et c’est surtout qu’il n’adoptait pas la bonne posture sur patin, demeurant trop droit. Pour effectuer ce genre de jeu efficacement, il faut être bas avec son centre de gravité et garder une certaine flexion de genou, c’est une technicalité que Dmitri Simashev se montre phénoménal. Honzek a cependant démontré les ajustements nécessaires dans ce genre de scénario et il adopte désormais une posture suffisamment dynamique pour mener à bien son intention.

Sa vitesse de pointe a vu d’importants progrès être réalisés. Cela lui permet d’accentuer ses forces comme sa protection de rondelle alors qu’il a maintenant la vitesse pour déborder certains défenseurs et se rendre au filet. La vitesse à laquelle ses pieds bougent s’est également améliorée, ce qui l’aide davantage.

Honzek démontre une bonne intelligence dans sa façon de maximiser l’utilisation de sa vitesse. Il va se libérer de la pression en remettant à un coéquipier, gagner en vitesse alors qu’il n’est pas à risque de perdre la rondelle et ensuite s’offrir comme option de passe pour rentrer la rondelle en territoire offensif, avec son gabarit, s’il a son erre d’aller et qu’il a le chemin libre devant lui, il sera extrêmement difficile à contenir.

Sa 2e moitié de saison m’a quelque peu déplu. Suite à une forte progression avant de se blesser au WJC, Honzek semblait en voie de s’établir assez haut sur ma liste, mais un manque de constance et de combativité à l’intérieur de ses plus grands atouts m’a fait déchanter un peu. Je crois tout de même qu’il pourrait devenir un joueur de 3e trio. S’il commence à jouer avec plus de hargne et cherche à maximiser ses forces, il pourrait être un atout de taille pour les séries éliminatoires.

Nombres de matchs regardés : 21

17. Gabe Perreault

Fils de l’ancien du Canadiens de Montréal, Yanic, et frère de l’espoir des Ducks d’Anaheim, Jacob. Gabe a évolué avec le programme de développement des États-Unis (le NTDP) cette année aux côtés de Will Smith et Ryan Leonard. Il a fracassé le record de tous les temps pour le nombre de pts en une seule saison détenu par nul autre que Auston Matthews. Je n’ai pas été un grand fan de lui cette saison, mais force est d’admettre que ses accomplissements parlent d’eux-mêmes.

Malgré que ses deux partenaires de trio, Will Smith et Ryan Leonard, lui soient bien supérieurs, ils ont, selon moi, eux aussi bénéficier de la présence de Perreault sur leur ligne. Sa plus grande qualité pour moi est son intelligence sur la patinoire, qui s’exprime par ses talents de passeurs ainsi qu’à sa créativité sur la patinoire. Pour moi, il a été un ‘Connecteur’ de jeu tout au long de l’année. Leonard faisait la sale besogne, Smith contrôlait le jeu, mais Leonard les aidait grandement par des prises de décisions très rapide et une exécution semblable. Lorsque l’un de ses partenaires de trio en possession de rondelle avait besoin de répit, il n’avait besoin que de la remettre à Perreault, se libérer de la pression et du moment qu’il était libre, Perreault lui remettait le disque de nouveau. À ce niveau, il a grandement aidé ses partenaires. Perreault symbolise à merveille l’expression ‘être un coup d’avance sur ses adversaires’. Il est probablement l’un des joueurs qui réalise des jeux en conservant le moins longtemps la rondelle sur son bâton. Avant même de la recevoir, il a déjà identifié la meilleure option de passe à qui remettre.

La précision de ses passes est aussi d’un très haut niveau, ce qui lui permet d’exécuter des jeux de grandes difficultés plutôt aisément. Il parvient à rejoindre des coéquipiers même s’il a à passer au travers plusieurs joueurs sans problèmes.

La compréhension des espaces libres sur la patinoire est quelque chose que j’aime regarder pour évaluer l’intelligence d’un joueur et Perreault brille à ce niveau. Fut plusieurs séquences où on pouvait l’apercevoir n’avoir besoin que d’un seul coup d’œil pour parfaitement saisir où se dirige un coéquipier et il remettait le disque dans un espace libre et son coéquipier arrivait pile poil au bon moment pour saisir la rondelle. Il est l’un des joueurs du repêchage qui a effectué les plus belles ‘Area Passes’ cette saison.

Un autre aspect primordial pour juger l’intelligence d’un joueur c’est de regarder à quelle vitesse il parvient à s’adapter à des variables inattendues sur la patinoire. Ceci représente possiblement la plus grande force de Perreault. Il s’ajuste excessivement rapidement à des situations où il doit changer le jeu qu’il avait planifié.

On a un exemple ici, la meilleure option qu’il a c’est de passer à son joueur de centre pour que ce dernier bénéficie d’un échappée face au gardien. Mais le défenseur Suédois vient refermer l’espace sur Perreault avec un angle de défense parfaite et la situation fait en sorte que Perreault ne peut pas acheter du temps pour son coéquipier car plusieurs joueurs de la formation suédoise sont en replis.

Il va donc effectuer une passe du revers derrière son dos pour éliminer la menace qu’est le bâton de son adversaire.

Le niveau d’exécution est hallucinant. C’est le genre de jeu qui me laisse mitigé à l’occasion. Mais dans ce cas-ci, il n’a pas joué de dentelle dans le seul but d’épater la galerie. C’était la seule façon qu’il avait de rejoindre son coéquipier et cela a mené à une échappée.

Perreault est un joueur qui possède de très bonnes mains. Il peut se défaire d’un joueur avant de réaliser un jeu s’il juge que c’est la meilleure option qu’il a à sa disposition. Il peut démontrer une grande créativité à l’arrière du filet.

Par contre, ça lui arrive régulièrement de tenter des jeux trop ‘cute’ pour rien.

Il ne sera jamais reconnu comme un marqueur né mais son tir n’est pas mauvais. Il est très précis et il n’a aucune difficulté à battre des gardiens de l’enclave.

Mais c’est surtout par son grand instinct offensif qu’il va marquer ses buts, en maraudant près du filet, en utilisant ses mains dans les petits espaces, ainsi qu’en utilisant ses coéquipiers pour relâcher la pression de sur lui.

Il y a cependant deux aspects de son jeu qui lui font défaveurs. La première, et celle qui a probablement le plus été discuté, est son coup de patin. Perreault est un patineur moyen selon moi. Étrangement, cela ne me dérange pas autant que certains, il ne sera certainement pas le premier joueur appelé au premier tour à ne pas être un patineur exceptionnel et il n’est certainement pas le seul dans cette cuvée de repêchage. À mes yeux, il se rend là où il a besoin d’être, au bon moment. Grâce à son intelligence sur la patinoire, je crois qu’il sera en mesure de passer par-dessus cet obstacle.

Ce qui me dérange le plus dans son cas, c’est comment il réagit au jeu physique. C’est la raison pour laquelle j’avais jugé ce joueur de manière catégorique en première moitié de saison et que je ne voulais pas l’insérer dans mon top 32. Ce n’est pas un joueur qui va manger les bandes.

C’est arrivé à plusieurs reprises qu’il arrive premier sur une rondelle rejetée dans le territoire offensif, dans un coin, et qu’il ait décidé de s’en écarter pour ne pas être frappé. Ce qui a enlevé une possession offensive à son trio. Même lorsqu’il arrivait en 2e, sur le défenseur, aucun échec-avant ne s’en résultait. Il joue du bout du bâton.

Derrière le filet également, j’avais noté de sa créativité offensive dans ces scénarios, mais c’est majoritairement lorsque le jeu est déjà installé dans la zone, faisant en sorte que ses adversaires l’approchent sans grande vitesse et sans intentions de jouer le corps. Si un joueur se dirige sur lui plus rapidement et qu’il a l’intention de le frapper, Perreault ne cherchera pas à retarder son jeu pour permettre à un coéquipier de se libérer, il va plutôt forcer une passe dans l’enclave.

C’est un peu le même constat avec son inclinaison à attaquer le filet. Il peut le faire si le jeu défensif de l’équipe adverse est arrêté mais ce n’est pas quelque chose qu’il va faire à pleine vitesse, par crainte de se faire frapper.

Le ‘Compete-Level’ me dérange beaucoup à cet égard et je trouve aussi qu’il y a un manque d’urgence dans son jeu qui peut être très frustrant. Ça lui arrive souvent en sortie ou en entrée de zone de freiner, et d’essayer des feintes au lieu de rejeter la rondelle ou d’effectuer une passe. Il commet des revirements inutiles ainsi et encore une fois, il refuse de payer le prix pour sa formation.

Son intelligence et ses talents de passeurs font de lui un joueur qui pourrait très bien complimenter des joueurs de talents et plus robustes sur un top 6, mais sa réticence devant le jeu physique vient ajouter un bémol important sur sa projection. Il est un joueur dont son entraîneur pourrait faire preuve de moins de clémence.

Nombres de maths regardés : 20

18. Oliver Moore

Oliver Moore est un dynamique attaquant américain évoluant pour le NTDP, jouant les seconds violons derrière le trio de Will Smith, Ryan Leonard et Gabe Perreault. Il a été pour moi l’un des espoirs les plus surévalués de ce repêchage avec Andrew Cristall et Axel Sandin-Pelikka. Jusqu’à la deuxième moitié de la saison, je ne voulais rien savoir d’intégrer ce joueur à l’intérieur de mon top 32. Par contre, puisque je n’aime pratiquement aucun joueur entre 11 et 20, cela m’a permis de voir les choses de manières plus rationnelles. Je trouve les joueurs excessivement ‘beige’ dans ce contingent et Moore, malgré la multitude de reproches que je lui fais, trouve le moyen de se rentre utile pour une formation avec une éthique de travail exceptionnel. Si j’anticipe le joueur dans un tout autre rôle que ce que les autres intervenants semblent projeter avec lui, le joueur parvient à me plaire à certains égards.

D’entrée de jeu, Moore est le meilleur patineur de ce repêchage, et ce, sans équivoque. Je dirais même qu’il est facilement l’un des meilleurs patineurs qui m’aient été donnés de voir chez les espoirs. On parle d’un coup de patin élite parmi l’élite.

Sa vitesse de pointe est simplement absurde. Il va gagner des courses pour une rondelle libre alors qu’il a 2, voire, 3 fois plus de patinoires à couvrir que son adversaire. Il aime également avoir la rondelle sur son bâton, ce qui fait de lui un joueur qui peut exploiter les espaces libres qui s’offrent à lui.

L’endroit où il se sert le plus de son patin à bon escient, c’est dans ses replis défensifs. C’est assez spectaculaire les résultats que tu peux obtenir lorsque tu combines un coup de patin élite avec une éthique de travail qui lui est égal. Le nombre de revirements qu’il a provoqués en situation de repli est phénoménal. Un joueur adverse ne peut pas prendre trop son temps en transition sinon Moore viendra lui subtiliser la rondelle. Il est pour moi le joueur du repêchage qui a causé le plus de revirements et qui a été l’auteur des plus beaux replis défensifs que j’ai vu.

Le problème, c’est que Moore ne sait pas comment utiliser son patin lorsqu’en possession de rondelle. Pour moi, cela est lié à un grand manque d’intelligence sur la glace. S’il a réalisé un nombre très impressionnant de replis défensifs, je peux compter le même nombre de reprises où, offensivement, il avait la rondelle et a patiné lui-même dans une zone morte. J’aime dire à la blague qu’à la force de foncer tête baissée dans l’entonnoir, il me rappelle moi-même à ma première année à l’université. Il ne sait pas non plus comment utiliser les changements de vitesse à son avantage. Sa force d’accélération lui permet de créer une grande séparation avec son couvreur, mais il ne fait pas ralentir les défenseurs avant de les attaquer avec vitesse. Il ne fait que patiner à fond de train en tout temps. Il ne sait pas non plus comment influencer la réaction des défenseurs adverses en exagérant sa posture dans des changements de direction ou de vitesse. Est-ce que c’est quelque chose qui s’apprend et qui se corrige ? Peut-être, mais en vertu de ce que j’ai vu de lui, je suis très sceptique, car il semble simplement ne pas bien lire le jeu en avant de lui. Le problème va bien au-delà de simples changements de vitesse.

Le plus gros problème concernant Oliver Moore, c’est son IQ offensif. Je ne suis pas en mesure de voir un potentiel offensif élevé pour cette simple raison. Ses prises de décisions avec la rondelle sont souvent très douteuses. À plusieurs occasions, ça revient avec ce qui a été mentionné chez son coup de patin ; il arrive à pleine vitesse avec une vision tunnel et il ne sait pas analyser le jeu en avant de lui. Il va chercher à revenir sur ses pas, tourner sur lui-même ou freiner si le jeu se referme devant lui, mais ensuite il ne sait pas quoi faire, donc il envoie des rondelles un peu partout, là où aucun de ses coéquipiers ne se situe.

Pour moi, Moore est un joueur qui la forte majorité du temps qu’il démontre l’étendu de son talent, c’est lors de situations sans conséquences, par exemple, dans de petits espaces, sans que ça amène quoique ce soit de concret.

C’est un joueur qui ne cherche pas assez souvent à gagner le centre de la zone offensive et en plus de cela, il est relativement facile à neutraliser physiquement. Les défenseurs peuvent le repousser le long de la bande sans trop grande difficulté et il tend à être inefficace de cet endroit.

Je lui concède qu’il peut être difficile à affronter pour ses adversaires, non pas car il frappe, mais plutôt parce que son coup de patin et son éthique de travail font en sorte qu’il ne laisse aucun répit à ses adversaires et qu’ils doivent constamment précipiter leur jeu et qu’ils ont moins d’espace de manœuvre, car il est toujours sur eux. C’est un aspect sous-estimé lorsqu’on parle de joueur difficile à affronter. On a souvent tendance à seulement penser aux joueurs qui terminent leurs mises en échec et qui dérange après les sifflets, mais personnellement, j’ai toujours trouvé les joueurs comme Moore excessivement agaçant et fâchant à jouer contre. C’est quelque chose que j’avais également mentionné l’an dernier en parlant de Noah Ostlund. Le problème (!) c’est que si Moore est difficile à jouer contre dans une certaine mesure, il est tout aussi, sinon plus, difficile de jouer AVEC. On cherche à l’excuser puisqu’il a eu plusieurs partenaires de trios dans l’année et cela pourrait expliquer pourquoi il n’a pas été en mesure de développer une chimie avec quiconque. Cependant, se peut-il que ce soit Moore le dénominateur commun dans tout ça ? Il n’a pas développé de chimie avec ses compagnons de trios simplement, car ils ne peuvent pas lire ou anticiper les jeux que Moore va faire, car il ne le sait pas lui-même, dû aux limitations de son IQ. En deuxième moitié de saison, on l’a même fait jouer avec les super espoirs Cole Eiserman (2024) et James Hagen (2025) et ils avaient l’air bien moins bons qu’à l’habitude. Ce serait un peu sévère de dire que Moore leur nuisait, mais chose certaine, il y existe une raison pourquoi ils avaient l’air beaucoup mieux sans lui. Ce n’est définitivement pas le genre de joueurs qui rend ses coéquipiers meilleurs.

Il y a tout de même certaines choses positives à noter dans son jeu offensif par contre. Son playmaking est quelque chose sur quoi j’avais été très sévère en première moitié de saison, mais il a su ajouter des couches à cet aspect au fil de la saison.

Pour commencer, il y a définitivement un aspect de créativité avec lui. Même si dans plusieurs scénarios ça manque de substance, j’ai tout de même vu des jeux très impressionnants. Par exemple, sur ce jeu en entrée de zone où il reçoit une passe qui est derrière lui, sans même hésiter, il frappe la rondelle du revers derrière son dos pour la diriger à son coéquipier de l’autre côté pour une chance de marquer. (Moore porte le numéro 11 en blanc)

Ce jeu m’avait tout de même renversé, compte tenu que les prises d’informations et les exécutions de Moore ne sont jamais à la même vitesse qu’à laquelle il patine, mais sur cette séquence, il a fait preuve d’une capacité à régler une situation complexe de brillante façon.

C’est lors du plus récent tournoi U-18 que Moore a connu ses meilleurs matchs, et pour moi, il n’y a eu aucun autre moment dans la saison où c’en était proche. Il a fait plusieurs mises en table pour des coéquipiers que j’ai trouvé impressionnantes. Cela dit, il faut faire attention puisque le tournoi avait lieu sur une glace de surface Européenne. La glace étant plus large, Moore avait plus d’espace le long des bandes, là où il se situe souvent. Aussi, les systèmes défensifs sur de telles surfaces sont généralement axés sur un ‘effondrement’ dans l’enclave où les joueurs en défensive se regroupent pour fermer l’enclave. Ce qui laisse beaucoup plus d’espace pour les joueurs en offensive de manœuvrer de la bande vers le centre. Moore qui a tendance à foncer dans les zones mortes et les entonnoirs n’avait pas ce problème sur cette surface.

Maintenant, qu’en est-il à sa capacité à terminer les jeux ? Pour son gabarit, Moore possède un tir des poignets extrêmement pesant. Il peut être très dangereux lorsqu’on lui donne de l’espace au haut des cercles lors d’un avantage numérique. Il est en mesure de faire bouger les défenseurs avant de décocher, ce qui accentue ses qualités en tant que tireur.

Mais pour moi, là où il est le plus impressionnant, c’est lorsqu’il combine sa grande ténacité avec ses capacités athlétiques. J’ai vu deux séquences mettant en lumière ces atouts et j’étais fortement impressionné ;

– À pleine vitesse il réussit à déborder un défenseur et il penche l’épaule pour couper au centre, mais le défenseur parvient à effectuer un bon pivot et place son bâton pour ennuyer Moore. Hé bien il réajuste sa position avec la rondelle, tout en étant en pleine accélération et en ayant l’épaule basse, et parvient à décocher un tir des majeures dans la partie supérieure.

– Cette fois il déborde un défenseur, mais se dernier chercher à le pousser hors d’équilibre, Moore bataille pour gagner sa position et parvient à prendre un excellent tir même en chutant.

Par contre, ses sélections de jeux le rattrapent, même lorsqu’il est question de prendre des tirs. On a un exemple ici.

Moore prend beaucoup de tir de périphérie de la sorte.

Défensivement, je trouve qu’il a été très surestimé aussi. Laissez tomber les comparaisons avec Dylan Larkin….

Je considère personnellement Moore comme un joueur qui va nullifier la transition de l’autre équipe, alors oui, il apporte une valeur dans ce département. Mais son jeu en tant que tel dans son propre territoire, laisse un peu à désirer. Je trouve qu’il a souvent l’air un peu perdu dans sa zone et si les joueurs de l’équipe adverse réalisent une permutation de position, il semble dans un état de confusion et il ne sait plus quel joueur il devrait couvrir.

Et pour un aussi exceptionnel patineur, je trouve qu’il est plutôt facile à se défaire de lui pour les bons patineurs à la ligne bleue. Ici il est chargé de couvrir le défenseur à la pointe, le défenseur bouge latéralement vers le centre, Moore le suit, mais ses patins ainsi que son bâton sont dans un angle beaucoup trop compromis.

Le défenseur effectue ensuite un changement de direction et Moore se retrouve dans la poussière.

Cela peut sembler plutôt assez assassin comme portrait du joueur et pourrait laisser plusieurs lecteurs dans l’incompréhension à savoir pourquoi se situe-t-il tout de même ‘haut’ dans ma liste. Et bien, c’est que pour moi, la grosse majorité des joueurs entre 11 et 20 cette année me laissent très tiède et je n’ai pas de gros intérêts pour ces joueurs. Ils sont plutôt fades et pour moi, Moore est un joueur qui, avec son coup de patin élite et son éthique de travail élite, pourra se montrer indispensable pour sa formation dans un rôle secondaire. Et je n’ai pas la même certitude avec les autres joueurs. En fait, si on parle de Oliver Moore comme d’un ailier de 3e trio, qui n’a pas à gérer la rondelle dans les situations offensives et qui est là pour amener de l’énergie, je n’ai pas trop de problèmes avec le joueur. Et aussi, on est contraint à classer 32 joueurs dans notre ‘première ronde’, cela ne veut pas dire pour autant que je serais emballée de le choisir au premier tour. Je préfère le mettre à un endroit sur ma liste où je sais que je n’aurais pas à le prendre (aussi en vertu des joueurs qui risque d’être encore disponible que j’ai classé en avant de lui).

Nombres de matchs regardés : 19

19. Tanner Molendyk :

Tanner Molendyk est un défenseur gaucher de 5’11 évoluant pour les Blades de Saskatoon dans la WHL. Il est probablement l’un des joueurs qui a fait la plus forte première impression chez moi cette saison. Bien qu’il n’a pas été aussi bon tout au long de la saison qu’il le fut lors de ces premiers matchs, il possède toutes les qualités en lui pour parvenir à se tailler une place dans la LNH malgré un plus petit gabarit.

La première chose qui vient en tête de liste pour permettre aux défenseurs de sa taille de survivre dans la LNH est un excellent coup de patin, et Molendyk en possède un simplement fantastique.

Dans son cas, c’est vraiment lors des situations défensives ainsi qu’en récupération de rondelle qu’il en fait la meilleure utilité. Avec lui, il n’y a pas de danger qu’une rondelle rejetée dans son territoire tombe en possession des mains adverses. Non seulement possède-t-il une excellente vitesse, mais il est ‘Fearless’ comme on dit en anglais. Il ne va pas ralentir en allant récupérer la rondelle dans le coin pour que l’attaquant adverse vienne le coller contre la bande et attendre que du renfort arrive, Molendyk va aller récupérer le disque à fond de train, ce qui implique aussi que l’attaquant adverse va être à pleine vitesse et pourra le frapper durement, cependant, le défenseur de Saskatoon a le patin pour échapper à quiconque et surtout, il a la confiance pour le faire.

Sa vitesse lui permet de rattraper des joueurs lors de ses replis défensifs. Il parvient à couvrir beaucoup d’espace en peu de temps et fut des séquences où il était simplement partout sur la patinoire.

Il est également un excellent patineur de reculons et n’a aucune difficulté à défendre face aux plus rapides patineurs de la WHL.

Sur le plan offensif, son patin lui rend également de fiers services. Il parvient à empêcher des sorties de zone non seulement parce qu’il est explosif, mais aussi, car il est très alerte.

Sa mobilité multidirectionnelle est fabuleuse. À son meilleur, Molendyk semble avoir une confiance offensive remarquable : il patrouille la ligne bleue, s’avance, fait agenouiller des adversaires, revient sur ses pas, bouge latéralement, etc. Je l’ai vu effectuer un pivot sur lui-même pour se défaire d’un adversaire, un autre attaquant est arrivé sur lui pour fermer la direction dans laquelle Molendyk allait finir, il a tout de suite explosé dans l’autre direction et a battu 2 adversaires à la ligne bleue avec une facilité déconcertante. C’est dommage, car il n’utilise pas assez cette habilité à son avantage.

Le deuxième aspect que tout défenseur de son gabarit se doivent de posséder est un solide jeu défensif et en ce qui me concerne, c’est une case que le natif Kamloops coche facilement. Juste avec son patin, on a couvert plusieurs façons où il parvient à neutraliser ses adversaires, mais la force de son jeu défensif s’exprime aussi par deux autres variables.

La première serait l’efficacité avec laquelle il défend les entrées de territoire. Molendyk est très difficile à battre lors des contre-attaques et cela s’explique dû au fait qu’il joue étonnamment avec une longue portée. Ça lui confère un meilleur ‘Gap-Control’ (distance qu’il tient vis-à-vis le porteur de la rondelle) et pour ajouter à cela, il a un excellent sens du timing pour harponner ses adversaires. J’ai l’impression qu’il surprend ses adversaires, un petit défenseur avec une si longue portée qui est aussi un patineur très explosif, il parvient à fermer la distance très rapidement. Il est vraiment solide pour défendre les entrées de territoire de son côté.

L’autre variable qui fait de lui un fiable défenseur est également l’une des choses auxquelles je faisais référence en introduction (ce dont les petits défenseurs ont besoin pour jouer dans la LNH) et c’est son engagement physique et son désir de compétitionner. Molendyk est HYPER compétitif. Cela fait partie intégrante de son identité.

Il engage le corps à chaque opportunité qu’il a. Il ne faut pas s’attendre à de percutantes mises en échec au plein centre de la patinoire, mais il va constamment vous le faire savoir lorsqu’il va embarquer sur la patinoire. Il va constamment repousser ses adversaires, il va s’imposer physiquement à sa propre ligne bleue, va nettoyer le devant de son filet en jouant dure et en plus, il se sert très bien de ses 5’11 pour neutraliser ses adversaires. Il n’hésitera pas aussi à jeter son corps pour bloquer des lancers.

Des trois défenseurs de ce gabarit (lui, Sandin-Pelikka ainsi que Gulyalyev) il est celui qui défend le mieux pour moi, et par une bonne marge.

Son jeu en transition est également solide. Ses passes sont précises et remplies de conviction. Il démontre une compréhension avancée des situations complexes alors qu’il peut très bien utiliser la bande pour rejoindre un coéquipier. On observe aussi cette lucidité d’esprit lorsqu’il transporte la rondelle alors qu’il traite l’information à haute vitesse et qu’il peut rapidement changer de direction tout en gardant toutes ses options ouvertes.

Si la qualité du jeu défensif de Molendyk ne me laisse pas en doute à savoir s’il pourra ou non évoluer au sein du circuit Bettman un jour, c’est son jeu offensif qui dictera où il s’insèrera dans une formation. C’est en fonction de cet aspect que j’ai statué ma position finale sur le défenseur des Blades.

Lors de mes premiers visionnements, il fut tout simplement phénoménal ! J’avais même pris une position très audacieuse par rapport à lui ainsi qu’à son classement. Ayant à suivre aux alentours de 60 joueurs à ce stade-là de la saison, s’écoulèrent un certain temps entre mes premiers visionnements et les suivants concernant Molendyk. Lorsque je jetais un œil à sa fiche statistique, sa faible production m’apparaissait plus comme une anomalie qu’autre chose.

J’ai été déçu de constater que les qualités qu’il m’avait démontrées en abondance lors de ses premiers matchs ne sont en fait qu’une parcelle de son jeu et qu’ils ne reviennent pas si fréquemment. C’est ce qui explique sa fiche offensive, ce n’est pas qu’il n’a pas le talent pour produire des chances de marquer, c’est qu’il ne génère pas assez de volume de cesdites chances pour que ça ce reflète plus concrètement sur sa fiche personnelle.

Son coup de patin lui permet de réaliser de très beaux jeux à la ligne bleue avec la mobilité qu’on lui connaît. Ça lui est arrivé à l’occasion de démontrer une confiance impressionnante en attaquant deux adversaires à la fois et en patinant droit entre les deux. Il peut quitter sa position comme bon lui semble, car il sait qu’il peut facilement revenir à l’arrière si la rondelle change de côté. À la majorité des occasions, lorsque son coup de patin était mis en évidence dans la zone offensive, son intelligence l’était tout autant. Il pouvait s’avancer avec la rondelle, remettre à un coéquipier à la ligne des buts et tout de suite exploser vers l’enclave pour un ‘Give-N-Go, il était toujours en mouvement et montrait réfléchir vite.

Sa distribution de rondelle est assez bonne, ayant réalisé des passes d’un niveau impressionnant que pas tous les espoirs arrivent à réaliser (des passes soulevées par-dessus des bâtons pour trouver un coéquipier dans l’enclave). Il est allumé sur la patinoire, dictant à ses coéquipiers où envoyer le disque.

Son tir balayé n’est pas mauvais même si l’on ne parle pas d’une arme potentielle à employer sur un avantage numérique.

Lors de ses montées, il tentait souvent des tirs voilés d’assez longue distance. Il a définitivement le patin pour poursuivre ses montées offensives plus profondément dans la zone, mais la longue portée avec laquelle il joue va un peu menotter son maniement de rondelle et cela va l’empêcher de pouvoir battre des joueurs en situation de un contre un.

De plus en plus, son portrait se dessine comme un défenseur moderne qui évolue dans les deux sens de la patinoire sans apporter trop d’offensive. J’aime encore le joueur, et même si je suis prêt à argumenter qu’un apport offensif substantiel n’est pas toujours nécessaire chez les défenseurs, l’histoire est un peu différente chez ceux qui font 5’11.

Nombres de matchs regardés : 18

20. Koehn Zimmer

Ailier tirant de la droite, Ziemmer est un joueur de 6’00 et près de 200 lbs qui a terminé dans le top 10 des meilleurs pointeurs de la WHL. Pour l’avoir vu évolué la saison dernière, je peux attester d’une bonne progression et d’un élargissement de son coffre à outils, le problème est que les mêmes interrogations persistent.

Totalisant 70 buts à ses deux dernières campagnes, les talents de marqueur de Ziemmer figurent au sommet de ses traits identitaires. Son tir des poignets est très bon, la rondelle semble pesante et il peut loger celle-ci où il le désire.

Une de ses habilités qui en font un tireur au-delà de la moyenne est sa capacité à atteindre le filet. Ses tirs ne se font presque jamais bloqués, que ce soit ‘Off the Rush’ en contre-attaque avec un défenseur en avant de lui, ou dans la zone offensive avec un défenseur agenouillé ou avec un bâton devant lui qui cherche à le harponner, Ziemmer a cette capacité de parvenir à faire passer la rondelle au travers leur corps ou sous leur bâton.

Pour faciliter ce genre de jeu, Ziemmer a besoin d’une bonne paire de mains et on peut fréquemment l’observer manier la rondelle à sa guise pour réajuster sa position de tir ou pour éviter un bâton adverse avant de décocher.

Pour rajouter à cela, Ziemmer n’est pas seulement qu’un joueur qui peut marquer de distance moyenne et longue grâce à son tir, il a également le style de jeu et la propension à aller se placer devant le gardien et à se tenir à l’embouchure du filet. Il est fort sur ses patins, et même s’il n’est pas le plus agile, il a un bon équilibre grâce à sa force physique et il parvient à garder le contrôle du disque près du filet, même lorsqu’on le bouscule. Je l’ai aussi vu contourner le filet pour surprendre le gardien à quelques reprises cette saison et j’ai été surpris à quel point il pouvait exécuter ce jeu à un haut niveau, restant très près du filet.

Pour ces raisons, il est souvent référence de Ziemmer en tant que marqueur, mais pour moi, cela est une injustice aux talents de fabricant de jeux qu’il a su développer cette saison. C’est peut-être la chose qui m’a le plus impressionné chez lui cette saison et même si son tir demeure son meilleur atout, je serais prêt à argumenter que ses talents de passeurs sont encore plus diversifiés. Ce n’était pas quelque chose dont nous étions en droit de nous attendre venant de sa part cette saison, le meilleur mot pour qualifier ses talents de passeur serait ‘Sournois’.

Comme tout bon marqueur, Ziemmer a la possibilité de vendre une option de tir afin d’immobiliser la défensive adverse avant de remettre à un coéquipier. Ce qui est impressionnant dans son cas, c’est qu’il parvient à combiner plusieurs qualités pour réaliser un seul jeu. Non seulement va-t-il vendre le tir, il va incorporer son maniement de rondelle au jeu en la ramenant à l’intérieur de sa base de patin comme s’il effectuait un ‘Curl and Drag’ avant de tirer, mais il va ensuite amener la rondelle sur son revers et passer à un coéquipier qui s’est glissé derrière les défenseurs.

Dans le même aspect, Ziemmer va aussi démontrer une excellente vision du jeu et il va voir où ses coéquipiers devraient être placés pour une chance de marquer. Il va attirer les défenseurs en retardant son jeu un peu et en vendant le tir, lorsqu’un coéquipier sera arrivé là où il le souhaitait, Ziemmer va parvenir à faire glisser délicatement une rondelle sous le bâton des défenseurs pour rejoindre son coéquipier pour une chance de marquer.

Si Ziemmer parvient à faire geler les défenseurs avec la menace que représente son tir, il ne peut en faire de même avec sa vitesse (plus à ce sujet plus tard). Ce que j’aime, cependant, c’est qu’il démontre la reconnaissance des limites de son coup de patin. Il ne va pas essayer de battre les défenseurs de vitesse s’il est celui de son équipe qui rentre dans la zone offensive avec la rondelle. Il va garder la tête haute, ralentir et gagner le plus de temps possible pour qu’un coéquipier se démarque et fonce au filet, qu’il va ensuite rejoindre d’une habile passe soulevée.

Toujours en conjonction avec son patin, il a été mention un peu plus tôt que Ziemmer est très difficile à déloger de la rondelle et c’est en se servant de cette qualité qu’il peut alimenter ses coéquipiers à partir de derrière le filet.

Le dernier aspect que je toucherais dans cette facette est la capacité de l’ailier droit de retarder ses jeux et d’attendre ses coéquipiers lors de situations de surnombres. Nous pourrions être tentés de croire qu’un marqueur de la sorte serait séduit par tout l’espace et le temps à sa disposition pour prendre un tir, mais l’aile des Cougars de Prince George aime faire preuve de générosité dans de telles situations et la patience dont il fait preuve, ainsi que de l’intelligence pour induire le défenseur en erreur est très impressionnante.

À l’intérieur de l’analyse de ses talents de marqueur et de passeur, on s’aperçoit rapidement que Ziemmer possède de bonnes mains. Elles sont très vives, mais ce qui m’impressionne le plus dans la qualité de ses mains est son placement de rondelle. N’étant pas le meilleur patineur, il parvient à placer la rondelle à des endroits hors d’atteindre des défenseurs lorsqu’il patine, lui permettant de se concentrer sur ses pieds plutôt que sur ses mains.

Pour agrémenter le tout, Ziemmer est un joueur physique. Il termine beaucoup de ses mises en échec, et il frappe fort, l’ayant vu délivrer quelques-unes des plus grosses mises en échec que j’ai vu chez un joueur d’avant cette saison.

Lors de ses meilleures parties, Ziemmer m’a fortement impressionné par la polyvalence des fonctions qu’il peut occuper dans la zone offensive. Il faisait toujours ce que son trio avait besoin qu’il fasse ; il allait faire de l’échec avant, terminer ses mises en échec, aller voiler la vue du gardien, etc. Il a même pris des mises aux jeux à la droite.

Il y a cependant une limitation considérable dans le jeu de Ziemmer et c’est son patin.

Techniquement, il n’est vraiment pas un bon patineur. Il y a plusieurs faiblesses au niveau mécanique ; ses poussées ne se terminent pas par une extension complète au niveau de la hanche (minimisant l’apport du complexe fessier) et ses genoux semblent toujours demeurer avec une flexion, limitant l’apport des quadriceps. En plus, son dos est anormalement rond lorsqu’il patine.

D’un point de vue athlétique, Ziemmer ne semble tout simplement pas un naturel. Cela s’est observé souvent lorsqu’il fut appelé à pivoter sur la glace. Pour récupérer une rondelle derrière lui qui pourrait se faire avec un pivot brusque, Ziemmer a pratiquement besoin de s’immobiliser complètement et d’accélérer ensuite sur une fenêtre de 2-3 mètres.

Même en patinant de reculons dans la zone neutre, si la rondelle (ou le porteur) passe d’un côté à un autre, Ziemmer doit s’arrêter avant de repartir dans l’autre direction, plutôt que d’effectuer le tout de manière fluide sans perdre de momentum. Déjà que sa vitesse et son accélération laissent à désirer, il ne peut pas se permettre ces temps morts avec ses pieds s’il espère un jour survivre dans la LNH.

Puisqu’il n’a pas la vitesse nécessaire pour patiner de haut en bas de la patinoire, Ziemmer était souvent absent de la zone défensive, tentant plutôt d’anticiper quand son équipe allait reprendre le contrôle du disque.

C’est dommage, car c’est un joueur que j’aime, mais je crois que la faiblesse est simplement trop grande. À sa défense, il a fait des progrès pendant la saison à ce sujet.

Mais surtout, il a su développer des façons de travailler autour de ses limites, démontrant une grande intelligence.

Offensivement, il sait comment attaquer un défenseur à un contre un même s’il n’a pas une vitesse optimale. Son maniement de rondelle lui permet d’attaquer la base de patin du défenseur et de la garder sur ses talons, de plus, il sait comment intégrer des changements de vitesse et comment changer ses angles pour se servir du pivot du défenseur à son avantage.

Pour toutes ces raisons, mon classement de Ziemmer fut conflictuel tout au long de la saison, passant d’écarté de ma première ronde complètement, au top 15 à la fin de ma première ronde.

Il aura su se développer un style de jeu cérébral puisque son patin ne lui permet pas de couvrir beaucoup de glace. Le problème est que s’il ne frappe pas lorsqu’il n’a pas la rondelle, son apport dans la zone neutre et la zone défensive est pratiquement inexistant. Son implication en souffre beaucoup. Le risque de ‘Bust’ est assez important pour moi et cela m’empêche de le classer trop haut.

Il me rappelle un peu Valentin Zykov.

Je crois qu’une formation qui aime beaucoup Ryan Leonard, mais qui ne repêchera pas suffisamment haut pour le sélectionner pourrait se rabattre sur Ziemmer à la fin du premier tour ou en 2e ronde, il y a quand même plusieurs similitudes entre les deux joueurs.

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21. Eduard Sale

Dire que cet attaquant Tchèque a représenté l’une de mes plus grosses déceptions cette saison serait un euphémisme. Figurant à l’intérieur de mon top 5 en octobre, il a eu droit au bénéfice du doute pendant un certain moment, mais à partir du mois de février, ma patience s’était effritée.

Dans son cas, le niveau de talent est très élevé, après tout, il y a bien une raison pour quoi il était classé si haut à différents endroits en première moitié de saison. Sa vision de jeu est définitivement supérieure à la moyenne de ses rivaux.

Cette vision du jeu fait de lui un très bon fabricant de jeux. C’est surtout par cette qualité qu’est caractérisé son jeu offensif. Il a la capacité de rejoindre des coéquipiers avec des passes transversales à travers la boîte défensive avec une aisance remarquable. Cela fait de lui un joueur qui peut très bien être le porte-étendard d’un avantage numérique. Il a cette aura pour contrôler le jeu et être le principal distributeur d’une attaque à 5. Certaines de ses passes font preuve d’une ingéniosité offensive alors qu’il parvient à tromper tout le monde sur la patinoire. Exemple, positionné au cercle droit, il s’élance pour décocher un puissant tir frappé sur réception, mais opte finalement pour une délicate passe à un joueur qui s’était libéré à l’embouchure du filet. Il parvient à faire mordre défenseurs et gardien de but, ne laissant qu’une cage béante pour son coéquipier.

Pour agrémenter à sa vision, la dextérité de ses mains est également à un niveau supérieur, ce qui lui permet de réaliser des passes difficiles que peu de joueurs peuvent réaliser, même s’ils ont identifié la meilleure option sur la glace. Sale est l’un des bons joueurs pour effectuer des passes soulevées dans ce repêchage.

Une des choses qui fait de lui un bon passeur c’est qu’il sait en tout temps où se situent ses coéquipiers sur la patinoire. Cela fait en sorte qu’il a un étonnant taux de succès avec des jeux qui seraient qualifiés de ‘désespérés’ ou de dernier recours dans le cas d’autres joueurs. Le meilleur exemple pour expliquer cela serait les passes qu’il effectue en Spinorama, mais où est-ce qu’il termine sur son coup droit plutôt que sur son revers. Il est très efficace avec ce genre de passe qu’il réalise souvent le long des bandes. Il parvient à très bien rouler la mise en échec de son couvreur, limitant de beaucoup l’impact qu’il prend et étant sur son coup droit plutôt que sur son revers, sa tête fait face au jeu et il peut repérer la meilleure option possible. Le dernier espoir que j’ai vu avoir recours couramment à ce genre de jeu était Jacob Perreault avec la Sting de Sarnia en 2020.

Une dernière chose que j’aimais beaucoup avec le jeu de passe de Sale, c’est qu’il se montrait être un excellent passeur dans les trois zones, et ainsi être une influence positive pour son équipe en sortie de zone ainsi qu’en transition. Souvent, avec les espoirs évoluant à l’attaque, on tend à regarder la qualité de leurs passes dans la zone offensive, mais pour être un joueur efficace dans la LNH, il faut démontrer être un passeur apte accompagné d’une bonne prise de décision dans les deux autres zones également. En début de saison, j’avais vu Sale effectuer des passes de toute la largeur de la patinoire, à travers de multiples obstacles, pour rejoindre un coéquipier de l’autre côté en pleine accélération. J’étais très impressionné.

Un autre endroit où il semblait avoir du terrain face à ses comparses de ce repêchage, c’était au niveau de son maniement de rondelle. En début de saison, il jouait avec beaucoup plus de confiance, et avec moins d’inquiétudes. Il défiait les défenseurs et il en a embarrassé un bon nombre à l’aide de magnifiques feintes. Il utilisait de très belles feintes en sortant d’un ‘Cycling’ offensif pour ensuite gagner le centre et s’aventurer en zone dangereuse.

Une chose que j’aimais particulièrement était qu’il pouvait intégrer d’autres qualités comme ses habilités de patineur ainsi que sa force en protection de rondelle à l’intérieur de ses feintes. Exemple, il attaque le triangle d’un défenseur et cherche à le contourne sur le côté. Cependant, le défenseur s’est bien déplacé latéralement et il a engagé le corps et à tenter de pousser Sale en déséquilibre, heureusement, il est un excellent patineur et peut couvrir beaucoup de glace en une seule poussée et il est aussi très fort sur ses patins, parvenant à demeure en équilibre.

Ce qui m’amène à l’un des aspects de son jeu qui m’a le plus plu en début de saison : son jeu en situation de bataille pour la rondelle.

Subtilement, je le trouvais très fort dans cette facette. La raison principale est qu’il est très fort sur ses patins. Particulièrement, sur l’intérieur de ses lames, ce qui fait en sorte qu’il tourne très bien sur lui-même et il brille lorsque vient le temps de rouler ses mises en échec. Il joue avec une large base de patin, et même évoluant contre des hommes, il est difficile à pousser en déséquilibre. J’ai été très surpris de voir à quel point il gagnait un fort nombre de ses batailles le long des rampes dans ce calibre.

Une autre raison qui explique pourquoi j’aimais tant cette facette chez lui, c’est qu’il est aussi particulièrement fort sur son bâton. Il met beaucoup de poids sur celui-ci et il est très difficile de lever son bâton pour lui enlever la rondelle. Aussi, il l’utilise de brillante façon en repoussant le bâton d’un adversaire avec le sien, alors qu’il a la rondelle, pour se créer de l’espace et ensuite partir dans la direction qui offre le plus d’espace.

Étant principalement identifié comme un fabricant de jeux, Sale possède tout de même un bon tir. Son lancer des poignets est assez lourd et il aime lancer haut, avec une rondelle qui a beaucoup de vélocité et qui gagne en élévation rapidement, cela donne beaucoup de difficulté aux gardiens à contrôler leurs rebonds. Son tir du revers est également une arme intéressante, de plus qu’il a le maniement de rondelle pour faire mordre les gardiens à une feinte juste avant.

Quant à la qualité de son coup de patin, qui a été mentionné à quelques reprises déjà, j’admets que c’est une qualité que chez lui que j’ai surévaluée en première moitié de saison. Sa vitesse demeure bonne et il peut représenter une menace pour les défenseurs lorsqu’il n’a pas la rondelle alors qu’il aime bien aller se blottir derrière eux. Il obtient des chances en surnombre de la sorte, mais même s’il ne reçoit pas la rondelle, il force les défenseurs à reculer et cela ouvre de l’espace pour ses coéquipiers. En première moitié de saison, je trouvais que c’était réellement un patineur ‘naturel’ où cette habilité semble simplement innée en lui et tout semble facile. C’était peut-être un peu généreux. Il n’a rien à envier à la moyenne des espoirs, mais il ne s’élève pas si haut au-dessus de la mêlée.

Ce qui m’avait le plus séduit dans son habilité de patin (j’inclurais aussi les aspects qui ont été mentionnés dans son jeu en protection de rondelle plus tôt) c’est qu’il semblait toujours démontré des notions d’intelligence supérieure à l’intérieur de son patin. On a un exemple ici, il a une certaine longueur d’avance sur le défenseur, mais pas assez pour se frayer un chemin jusqu’au filet, il va alors repousser le bâton du défenseur avec sa jambe, tout en continuant à pousser avec sa jambe extérieure pour conserver une vitesse optimale et va ensuite habilement contourner le filet et remettre devant pour une chance de marquer.

Par contre, comme je mentionnais, sa vitesse n’est pas aussi grande que je l’aurais cru à première vue. Toutefois, ce qui me dérange le plus, c’est que l’attaquant Tchèque joue toujours à la même vitesse. Il n’utilise pas de subite accélération et des arrêts brusques pour créer de la séparation. J’ai horreur (!) des joueurs ultra rapides qui ne savent jouer qu’à une seule vitesse (Oliver Moore, Isaac Howard) alors cela pose encore plus problème lorsque ledit joueur en question ne possède pas une vitesse élite.

Lors de la saison, j’ai fait preuve de clémence envers lui compte tenu qu’il évoluait dans un circuit professionnel à 17 ans seulement. Or, les matchs où son implication faisait défaut ont commencé à s’agrandir et tout d’un coup, l’échantillon était suffisant pour que les doutes soient bien fondés. J’attendais avec impatience le tournoi des 5-Nations en février alors que j’allais pouvoir l’évaluer contre des jeunes de son groupe d’âge. Son implication fut très sporadique, pour ne pas dire dérisoire. Un bon moyen d’évaluer le caractère d’un joueur, c’est de porter une attention particulière à la façon dont il va répondre suite à une mauvaise présence. Lors d’un match contre la Suède, Sale évoluait à la pointe et il n’a pas été en mesure de bien saisir une rondelle bondissante et elle quitta le territoire offensif. Un attaquant adverse s’amenait à toute vitesse en zone neutre pour s’en emparer, Sale, qui avait déjà une bonne longueur d’avance, s’est replié de façon très molasse, lorsqu’il réalisa qu’un adversaire venait pour lui mettre pression, il a cherché à protéger la rondelle sans trop d’ardeur et il en perdit possession. Il est rentré au banc, furieux, en on a pu le voir crier un mot qui commence par la lettre ‘F’ et qui rime avec ‘Loufoque’.  C’était l’opportunité idéale de voir de quel bois il se chauffe et avec quelle hargne il allait embarquer sur la patinoire à sa présence suivante. Or, rien n’a semblé changer. Il a même raté quelques couvertures défensives dans les minutes suivantes, et il ne semblait rentrer dans les coins avec plus de colère et de hargne. C’est à ce moment que j’ai lancé la serviette. Ça peut sembler dramatique et sévère un peu, mais la composition mentale d’un joueur révèle autant de la génétique que son gabarit ou sa force physique. Et ça, c’est un fait ! On ne s’aventurera pas trop profondément dans les neurosciences, mais c’est prouvé que la configuration du cerveau des gens impacte fortement leur comportement et leur résistance au stress et au défi. Il y a une raison pourquoi des personnes semblent être des junkies d’adrénaline, d’autres qui savent prendre de gros risque en position de pouvoir et qu’à l’autre spectre, il y a des gens plus passifs et très organisés. De nos jours, les joueurs ont accès à des psychologues sportifs et des préparateurs mentaux qui les aident à franchir leurs obstacles mentaux, mais même si je respecte énormément cette profession, cela à tout de même une limite. Tout comme, au même titre, l’entraînement physique ne pourra pas faire d’un mauvais patineur le prochain Pavel Bure. Le désir d’être le meilleur, c’est quelque chose d’inné. Tu l’as ou tu ne l’as pas. Je suis préparateur physique et avec l’expérience, je suis en mesure de dire en un seul coup d’œil qui sont les personnes qui vont tricher leur entraînement et ceux qui vont suivre à la lettre ce qui leur est prescrit.

Ces inquiétudes ont semblé me valider au Championnat du monde U-18 où Sale n’a pas été un joueur d’impact. Je trouve encore que c’est un beau talent et j’aimerais, sincèrement, qu’il puisse rebondir et devenir un attaquant top 6. Par contre, son cas me rappelle drôlement celui de Oskar Olausson en 2021 ; un attaquant européen qui performe bien contre des adultes en début de saison, mais pour qui le manque d’implication et d’hargne au travail semble retenir d’atteindre son plein potentiel. J’ai joué de prudence dans le cas de Olausson en le classant tout de même au 18e rang de ma liste en 2021, et depuis ce temps, j’attends toujours le jour où il va faire preuve de désir de compétitionner sur la glace et jouer à la hauteur de son talent. Son passage en OHL a été très décevant et il ne produit pas en AHL.

Nombres de matchs regardés : 21

22. Oscar Fisker-Molgaard

Oscar Fisker-Molgaard est un joueur Danois qui évolue dans le système de hockey Suédois depuis les deux dernières saisons. Il a passé la majeure partie du calendrier 2022-2023 en SHL avec le HV71. Les joueurs de 17-18 ans qui se méritent un rappel en SHL ou toute autre ligue professionnelle en Europe ne sont pas si rares que cela et il faut savoir prendre cette information avec un grain de sel. Par contre, les joueurs qui y passent la majeure partie de la saison et qui contribuent au succès de l’équipe, c’est plus inhabituel.

La raison pour laquelle Fisker-Molgaard a passé la majorité de la saison avec le grand club, c’est qu’il est très mature sur la patinoire et qu’il possède un excellent IQ défensif. Il est, pour moi, l’un des 5 meilleurs attaquants défensifs de ce repêchage.

Ce n’est pas pour rien qu’on lui a confié un poste de centre en permanence dans la SHL à 17 ans. Le support qu’il offre à ses défenseurs est excellent. Il reconnaît parfaitement les situations où il doit se replier prématurément, et il va toujours le faire sans broncher, démontrant un bon niveau de maturité. Le long des bandes aussi, il est toujours bien positionné pour appuyer ses défenseurs.

On a un exemple ici du genre de lecture de jeu qu’il fait défensivement. L’équipe adverse est en ‘Cycling’ offensif et la rondelle revient à la pointe, l’un des défenseurs du HV71 a remonté assez haut dans la zone, car il poursuivait le porteur du disque. Fisker-Molgaard le couvre alors en restant près de son gardien pour surveiller un joueur dans l’enclave. Le défenseur à la pointe droite décide d’envoyer la rondelle le long de la rampe jusque derrière le filet (du côté où se trouve Fisker-Molgaard). C’est à ce moment qu’on observe le jeune Danois lire le jeu et prendre subséquemment une sage décision en une fraction de seconde. Il partait pour se diriger derrière son filet pour s’emparer de la rondelle, mais il a évalué qu’elle avait suffisamment de force pour se rendre jusque de l’autre côté et qu’il n’était pas certain de l’intercepter à temps. Il s’est donc rétracté de son élan et est demeuré devant le filet. 

(Fisker-Molgaard est en bleu à la droite)

Il a laissé son défenseur aller batailler en situation d’un contre un pour la rondelle avec un adversaire de l’autre côté et il est resté avec son propre joueur dans l’enclave pour le couvrir. Cela s’est avéré une sage décision, car son défenseur a perdu sa bataille face à son adversaire et il y aurait eu un joueur adverse complètement seul dans l’enclave. Cela nécessite de très bons instincts défensifs pour avoir de judicieuses réactions de la sorte, alors qu’on ne parle que de mince fraction de seconde pour lire la situation et réagir en conséquence.

Avec la rondelle dans sa zone, il démontre un très bon sang-froid alors qu’il ne cède jamais à la pression et qu’il utilise ses bonnes habiletés de patin pour se défaire d’un joueur avec un pivot avant d’effectuer une relance ou de remettre à son défenseur.

Une autre raison qui fait qu’il excelle dans les deux sens de la patinoire c’est son éthique de travail. Il a la mentalité sur la patinoire de ne jamais perdre une bataille pour la rondelle et c’est quelque chose que l’on observe défensivement lorsqu’il est en poursuite du disque et qu’il vient appliquer de la pression sur un adversaire.

C’est avec cette même attitude qu’il joue dans la zone offensive. Il lutte très fort pour gagner sa position dans le centre de la zone offensive ainsi que dans l’enclave. Autant sans qu’avec la rondelle. Fut des séquences où c’était son ailier qui entrait dans la zone offensive avec la rondelle et on voyait Fisker-Molgaard chercher à se rendre au filet, mais les défenseurs lui bloquaient le chemin avec une obstruction légale, il travaillait de manière acharnée pour tout de même se rendre au filet, ou du moins, pour garder son bâton sur la patinoire pour une possible déviation. C’est une constante dans son jeu de toujours poursuivre ses actions au filet.

Dans son bagage d’habilité individuelle, son coup de patin est sa plus grande force. Sa vitesse ainsi que son agilité sont très bonnes. Ce qui mène à de bonnes choses, lorsque couplées à son intensité ainsi qu’à sa compréhension du jeu.

Ses pieds sont très rapides, ce qui le rend excellent pour changer ses angles d’attaques et ses directions lorsqu’il transporte la rondelle.

Il possède aussi un très haut niveau de coordination avec l’ensemble de son corps. En pleine vitesse en zone neutre, il reçoit une passe, mais celle-ci est derrière lui, il se retourner de reculons en conservant sa vitesse, réceptionne habilement la rondelle et complète son spinorama dans la même et unique motion sans perdre de vitesse. Le plus impressionnant c’est qu’il a réalisé ce jeu alors qu’un adversaire venait refermer l’écart sur lui. Il a réalisé un jeu d’une grande fluidité tout en ayant une menace imminente. Il n’a vraiment pas froid aux yeux.

Le jeune Danois présente de bonnes mains qu’il se sert surtout pour éviter la pression adverse.

Son meilleur atout offensivement est cependant ses talents de passeurs. C’est surtout par ça que se caractérise son jeu offensif. C’est plutôt difficile de voir les tendances offensives des joueurs de 17-18 ans en SHL, à moins d’être un exceptionnel comme Leo Carlsson.

Ce qui fait de lui un bon fabricant de jeux c’est qu’il tire avantage des déplacements des gardiens de but pour créer des chances de marquer. Souvent ce sont les marqueurs de buts qui sont bons pour lire les gardiens ; leur posture, leurs mouvements, les ouvertures, les tendances dans leur jeu, etc. Mais Fisker-Molgaard le fait en tant que passeur. Exemple, en recevant une passe transversale, il va lire le déplacement latéral du gardien dans son filet et il va attendre que sa glissade soit complétée pour renvoyer la rondelle de l’autre côté avec une passe transversale. Faisant ainsi, il vient d’augmenter la distance et le temps que ça prendra au gardien pour retourner de l’autre côté et il donne une meilleure chance de marquer à son coéquipier.

Il fait preuve de la même compréhension de la position des défenseurs en attendant que leurs patins et leur bâton soient tournés vers lui avant de passer à un coéquipier pour diminuer le risque qu’ils puissent faire dévier sa passe hors de danger.

Il trouve aussi le moyen de créer de l’espace pour ses coéquipiers même s’il n’est pas le plus gros alors qu’il rentre au centre de la zone offensive avec beaucoup de vitesse, fait reculer les défenseurs et laisse à la remorque sur une aile à un coéquipier qui a le luxe d’attaquer le centre (ou non) avec beaucoup d’espace pour prendre un lancer. Fisker-Molgaard poursuit sa route au filet et amène les défenseurs avec lui. Il est quand même assez rare de voir un joueur de centre, frêle physiquement, créer de l’espace pour ses coéquipiers. Noah Ostlund le faisait également l’an dernier.

Pour le moment, c’est principalement par cette voie que le Danois peut procurer de l’offensive pour son club, car son tir est une lacune dans son arsenal offensif.

J’apprécie tout de même beaucoup ce joueur, mais le plus gros point d’interrogation concernant son futur repose sur son développement physique.

Il manque cruellement de force physique et ça nuit beaucoup à son jeu le long des bandes, aussi déterminées, puisse-t-il être dans ces situations.  Et pour le moment, il joue tout de même un style de jeu où il doit se servir de son corps ; passer par la bande à pleine vitesse, attaquer le filet, etc. Chose certaine, il aura besoin de quelques saisons pour gagner en maturité musculaire.

Présentement, ses mensurations sont listées à 6’0 et 163 lbs, cela laisse entrevoir place à beaucoup de progrès à ce chapitre. Ceci étant dit, ce n’est pas quelque chose qui est garanti. Ce n’est pas tous les joueurs qui ont dans leur bagage génétique la capacité de prendre de la masse musculaire facilement. Beaucoup de joueurs par le passé sur qui j’ai pris des positions audacieuses présentaient ce genre de profil là ; autant de talent que leurs paires, sinon plus ! mais leur manquait la masse et la force musculaire, je me disais qu’avec les années, cette faiblesse allait disparaître et que ces joueurs allaient pouvoir rattraper leurs rivaux. Cependant, ça ne s’est pas produit… (Vladislav Kolyachonok et Brayden Tracey en 2019, Mavrik Bourque et Lukas Reichel en 2020 (qui ont eu de très bonnes saisons d’ailleurs, seulement la force n’est toujours pas au rendez-vous), Julian Lutz et Alexander Perevalov l’an dernier (quoique c’est encore très tôt dans leur cas) , bref)

Ceci étant dit, je crois tout de même que Fisker-Molgaard peut se projeter comme 3e centre dans la LNH. Sa progression depuis l’an dernier est fulgurante ! Alors qu’il n’avait récolté que 8 pts en 25 matchs dans la ligue des moins de 20 en Suède…. Cette année on parle de 23 pts en 21 matchs dans cette ligue, et 7 pts en 41 matchs en SHL. Ce ne sont pas des chiffres exceptionnels, mais ils se comparent avantageusement à ceux de Marco Kasper l’an dernier ! Il n’a pas autant de talent ni de fougue, mais c’est tout de même digne de mention.

Ma comparaison pour lui dans l’année était un genre de Marcus Johansson, mais il ne m’a pas démontré suffisamment d’offensive à mon goût dans mes derniers visionnements. Je reste tout de même optimiste et je vais suivre son développement avec intérêt.

Nombres de matchs regardés : 17

23. David Edstrom

Grand gaillard suédois évoluant à la position de centre, j’avais regardé quelques matchs au début de l’hiver et malgré que j’aie éprouvé une certaine appréciation pour le joueur, j’avais cru bon ne pas poursuivre mes visionnements sur lui, car je n’anticipais pas lui trouver une place dans mon top 32. En faisant mes devoirs sur Otto Stenberg (compatriote Suédois et également coéquipier à Frolunda) qui est difficile à évaluer, car semble toujours sortir du très bon hockey en compétition internationale, mais n’arrive à rien de bon en J20 en Suède, je suis allé regarder des matchs en SHL pour voir de quoi il a l’air contre des hommes dans un calibre plus relevé. Surprise, dans ces matchs que j’ai visionnés, Edstrom se trouvait à être son joueur de centre et j’ai été renversé par son jeu. Non seulement il a été meilleur que Stenberg, il a été très bon contre le calibre de la SHL. Il était clair que je devais agrandir mon échantillon de visionnements sur ce joueur, j’ai donc regardé les 11 matchs qu’il a disputés en SHL (certains dans lesquels son temps de jeu était assez limité). C’était un très bon contexte pour l’évaluer. Ce n’est pas le genre de joueur qui va rayonner dans une ligue comme la J20, et si vous me lisez depuis quelques années, vous devez connaître mon dédain pour cette ligue.

À 6’3 et 187 lbs, il est pour moi, possiblement, le meilleur attaquant défensif du repêchage. Il joue toujours du bon côté de la rondelle. Ses lectures défensives sont extrêmement avancées. Cela nécessite non seulement une maturité qui n’est pas si commune chez les joueurs de son âge, d’être prêt à sacrifier de l’offensive pour le bien de son équipe, mais cela nécessite une très bonne vision globale du jeu pour apercevoir quels sont ses coéquipiers sur la glace qui sont pris hors de position ou qui pourrait commettre un revirement.

Il n’hésite pas à jouer profondément dans sa zone et il peut aussi venir nettoyer le devant de son propre filet, étant aidé par son fort gabarit.

Toujours sans la rondelle, Edstrom est une menace sur l’échec avant ainsi qu’en poursuite de rondelle. Il possède un excellent moteur et est constamment en train d’appliquer de la pression sur le porteur du disque. Il ne se contente pas d’être un simple passager, s’il va appliquer de la pression sur un défenseur et que ce dernier réalise une passe avant que Edstrom ne lui enlève la rondelle, il ne va pas se replier tranquillement puisqu’il était le premier joueur sur l’échec avant, il va tout de suite se diriger vers le récipiendaire de la passe pour l’embêter. Il influence le jeu défensivement.

Sur le plan offensif, Edstrom se sert de son fort jeu en récupération de rondelle le long des rampes pour gagner des batailles et en mettant ensuite la table pour un coéquipier dans l’enclave.

Son jeu dans ces emplacements sur la patinoire est très fort, car c’est un joueur qui joue la tête haute et qui reconnaît la pression qui arrive sur lui.  Pour agrémenter cela, il a aussi un bon niveau de talent qui lui permet d’éviter de se faire clouer contre la bande, quitte à ce qu’il doive se passer la rondelle à lui-même par la bande. C’est un joueur qui démontre de bonnes ressources dans des situations étouffantes.

Son gabarit va toujours lui conférer un avantage dans certaines situations, mais ce qu’Edstrom fait bien, c’est d’incorporer cette facette à l’intérieur de ses habilités individuelles. Par exemple, en étant très fort sur son bâton lors de son maniement de rondelle pour éviter que ses adversaires puissent lever son bâton et lui voler le disque. Il possède en plus de cela de bonnes mains, ce qui en fait une combinaison intéressante. Je l’ai vu réaliser une feinte à l’intérieur du triangle d’un défenseur (surface délimitée entre la base de ses patins ainsi que de sa lame de bâton) et ensuite aller habilement passer son bâton sous celui de son adversaire pour éviter que ce dernier puisse chercher à lever son bâton. Cela nécessite un très haut niveau d’exécution et également une compréhension de fines subtilités qu’on ne voit que très rarement chez des joueurs de cet âge.

Il représentera toujours une tâche ardue pour les défenseurs à maîtriser devant le filet, là où il a marqué plusieurs de ses buts.

Il a aussi une certaine conscience offensive intéressante alors que je l’ai vu récupérer une rondelle très près du filet, du revers, dans une position plutôt inconfortable. Plutôt que de tenter de pousser la rondelle désespérément du revers derrière le gardien, il s’est habilement retourné suite à avoir pris possession du disque et a remit de l’autre côté à un coéquipier qui avait le filet ouvert, mais qui a raté la cible.

C’est un joueur que je vois avoir encore du potentiel à exploiter, tant physiquement qu’au niveau des habilités. Il ne deviendra peut-être pas un joueur de Top-6, mais pour moi, il a le potentiel d’être une pièce très importante dans un rôle secondaire chez une équipe championne. Je ne serais pas surpris si au bout du compte, il n’aura pas eu un meilleur impact que plusieurs gars classés devant lui, même si ce n’est pas un joueur qui captera l’attention des gens.

Nombres de matchs regardés : 13

24. Ethan Gauthier

Évoluant pour le Phoenix de Sherbrooke, Ethan Gauthier est la figure de proue chez les espoirs de la LHJMQ en prévision du repêchage de la LNH 2023.

Ce que j’aime le plus chez l’espoir québécois est l’identité qu’il possède. Cela peut souvent être vu de façon dérisoire lorsqu’on appelle un jeune joueur un ‘complément’, mais il en est tout autre dans l’évaluation que j’en fais. Les qualités auxquelles je fais référence chez une bonne pièce complémentaire, sont des qualités qui sont presque en voie de disparition dans le hockey de nos jours où une emphase (parfois exagéré) est mise sur les habilités pures, et pas assez sur la compréhension du jeu.

L’une des choses que j’aime chez ce genre de joueur, c’est également la maturité, l’intelligence et le sens critique que démontre le joueur dans son auto-évaluation. Autant il est souhaitable de voir les jeunes talents expérimenter sur la glace (quitte à faire des erreurs occasionnelles), autant qu’il est appréciable lorsque des joueurs savent comment jouer à l’intérieur de leurs limites.

Je fais également référence à l’aspect physique, qui est une qualité qui se perd de plus en plus chez les jeunes espoirs. À plusieurs reprises cette saison, j’ai vu Gauthier asséner de spectaculaires mises en échec à un adversaire qui avait la tête basse en possession de rondelle.

Gauthier est, autrement dit, un joueur qui excelle dans les petits détails. L’endroit où il démontre un savoir-faire bien au-delà de la moyenne est, pour moi, au niveau de son jeu en protection de rondelle. Ce sont plusieurs fines subtilités qui viennent élever cet aspect de son jeu à un niveau supérieur.

En tête de liste, il y aurait la façon proactive de Gauthier d’identifier et reconnaître les menaces pour lui sur la patinoire, et d’ensuite adopter une position corporelle avantageuse.

On le voit dans l’exemple ici regarder par-dessus son épaule pour apercevoir un joueur qui arrive de derrière et le repousser avec son bras libre.

D’un point de vue plus technique, Gauthier, qui présente un gabarit de 5’11, 176 lbs, a une parfaite compréhension de comment utiliser les leviers à son avantage.

Nous avons un exemple ici où on le voit lui-même initier le contact en abaissant son centre de gravité, il repousse le joueur avec son bras libre tout en distançant la rondelle hors d’atteinte en étendant sa portée.

Un aspect qui n’est pas assez souvent mentionné dans la protection de rondelle est le placement de rondelle. Ce n’est pas qu’une simple question de repousser physiquement ses adversaires, il faut également placer la rondelle dans un endroit qui ne leur est pas accessible avec leur bâton. Il est possible de prévaloir dans cette facette en dépit d’un gabarit imposant. Pour ce faire, le joueur doit garder la rondelle très près de sa base de patin. Brad Marchand, Pavel Datsyuk et Mason MacTavish , pour nommer un espoir récent, sont tous des joueurs qui se sont distingués par cette technicalité.

On a un exemple ici.

Il y a un très beau pivot entre deux joueurs, mais ce qu’il faut porter attention est à quel point il garde la rondelle près de ses patins.

Un autre aspect plus avancé dans la protection de rondelle de Gauthier est qu’il va conserver sa cadence de patin avec sa jambe éloigné pour conserver sa vitesse et se distancer de son couvreur. Peu de joueurs pensent à le faire. Il est en mesure de non seulement gagner du temps pour ses coéquipiers, mais il est en mesure de créer de l’offensive par lui-même avec cette habilité, car il demeure en mouvement.

C’est vraiment dans les endroits ouverts qu’il excelle. Le long des bandes, il se sert moins de son corps et cherche plutôt à battre ses couvreurs avec des changements de direction et il n’a pas ‘l’évasion’ des petits joueurs agiles.

Avec la rondelle, le porte-couleur du Phoenix de Sherbrooke a ce que j’appelle des mains ‘réactives’. Ce n’est pas nécessairement un joueur doté d’une grande créativité offensive qui va volontairement manipuler ses adversaires, mais il a la vivacité au niveau de ses mains pour éviter un harponnage à la toute dernière seconde.

C’est un peu ce que je mentionnais en guise d’introduction par ses compétences qui complémentent bien des coéquipiers plus talentueux : il ne sera pas le joueur qui va contrôler le jeu, mais, positionné dans le ‘Bumper’, ses mains sont suffisamment rapides pour capter la rondelle et la placer pour préparer son tir en une seule motion.

Il a démontré certains flashs de créativité et d’audace lors de certaines séquences où en rentrant dans le territoire ennemi, un adversaire venait rapidement refermer le jeu sur lui, n’ayant pas la force d’accélération ou la vitesse nécessaire pour le battre, Gauthier freinait, et dans une position statique appâtait son adversaire qui fonçait sur lui à pleine vitesse, à la dernière seconde il lui passait la rondelle entre les patins et l’esquivait, repartant dans l’autre direction.

En tant que passeur, il y existe des parallèles à faire avec son maniement de rondelle ; sans être hyper créatif, sa prise de décision et son exécution sont rapides, on peut même le voir dans le ‘Bumper’ (tient, tient) prendre les bonnes options rapidement alors qu’il est sous pression.

Il est souvent à son meilleur dans les séquences où il est appelé à faire des jeux rapides. Il est très à l’aise de derrière le filet ainsi que de la ligne des buts pour remettre à ses coéquipiers, il n’a pas de problèmes aussi à passer sur son revers.

Une fois de plus, c’est dans les nuances et les subtilités qu’il va démontrer son savoir-faire. Dans la zone neutre, il a la rondelle et un 2 contre 2 se dessine, mais il n’a pas la vitesse pour rentrer à l’aile et tenter un jeu, il va alors dériver vers la bande en ralentissant subtilement pour attirer un défenseur sur lui, il va laisser son coéquipier gagner en vitesse et il va envoyer la rondelle du revers d’une passe soulevé dans un endroit libre pour que ça devienne une course pour une rondelle libre vers le haut de l’enclave (son coéquipier a presque eu un tête-à-tête avec le gardien adverse). Cela démontre aussi une compréhension des limitations de son jeu, ce que je mentionnais plus tôt.

D’une note moins positive, je n’aime pas vraiment son playmaking en provenant du long des bandes. Il a souvent tendance à faire des passes en se retournant sur lui-même, que ce soit en contre-attaque ou un coup installé dans la zone offensive. Ayant une bonne idée du portrait du joueur, je ne crois pas qu’il tente ces jeux par fantaisie. Souvent, c’est que c’est son dernier recours. Or, le taux de succès fut vraiment faible, et surtout, il a d’autres qualités sur lesquelles il peut se reposer pour acheter du temps, exemple, sa protection de rondelle.

Pour ce qui est de son patin, sa vitesse est plutôt moyenne. Il se tire tout de même d’affaire, mais il lui manque une petite coche d’accélération, ce qui peut expliquer lesdites passes en se retournant sur lui-même lorsqu’il rentre dans la zone offensive le long de la bande.

Pour ce qui est de la projection de Gauthier, ce qui est intéressant est que pour la plupart des espoirs, la question est de savoir s’ils parviendront à améliorer leurs faiblesses pour atteindre la LNH ou pour y connaître du succès, dans son cas à lui, la question est plutôt de savoir s’il peut atteindre un niveau encore supérieur dans les choses qu’il fait déjà bien pour s’établir comme un bon complément dans une formation.

C’est un genre de joueur que j’aime bien, le prototype idéal étant un Zach Hyman (faisons abstraction de sa production cette saison). C’est d’ailleurs pourquoi j’avais Josh Doan dans mon top 32 en 2021.

Il n’a malheureusement pas le gabarit ainsi que la vitesse idéale pour exceller dans ce genre de rôle, ce qui fait en sorte que je vois moins de flexibilité dans sa projection et que je le vois plus comme joueur de Bottom-6.

Il ne faut cependant pas minimiser l’apport de ce genre de joueurs en séries éliminatoires ! Avec sa façon de jouer, un entraîneur se fera plaisir de l’insérer dans sa formation.

Nombres de matchs regardés : 20

25. Gracyn Sawchyn

Gracyn Sawchyn est un attaquant américain de 5’11 et 165 lbs qui évolue pour la puissance que sont les Thunderbirds de Seattle dans la WHL. J’éprouve un certain degré de satisfaction de l’avoir classé dans mon top 32 au mois d’octobre, mais je dois admettre que je ne m’attendais pas à une si bonne progression de sa part.

Petit joueur alliant à la fois un côté peste et de bonnes habilités individuelles, ce sont surtout ses talents de passeur qui m’épatent le plus. Son playmaking se caractérise majoritairement par sa capacité d’analyse extrêmement rapide ainsi qu’à sa capacité à effectuer de jeux en une fraction de seconde. Sans exagération, il est fort probablement le joueur qui m’a le plus impressionné avec des ‘One-Touch passes’. Je n’avais jamais vu un joueur opter pour ce type de passe pour rejoindre une cible aussi loin. Je l’ai vu réaliser une passe de la sorte à la ligne bleue offensive à la droite pour rejoindre un coéquipier à l’embouchure du filet à gauche.

On a quelques exemples ici de sa très rapide prise d’information. Il s’empare d’une rondelle en zone neutre et une situation de 2 contre 1 se dessine. Cependant, la rondelle fait un bon hasardeux avant qu’il en ait le plein contrôle et elle se retrouve derrière lui alors qu’il était en pleine accélération. Il demeure en mouvement et effectue une passe derrière son dos, du revers, sans perdre qu’une seule fraction de seconde. (Sawchyn est au bas de l’écran en bleu)

Il atteint son coéquipier qui s’amène seul sur le flanc droit qui a marqué dans la partie supérieure.

On a un autre exemple ici, il fonce sur une rondelle libre en zone neutre et l’envoi du revers, entre ses jambes, à un coéquipier pour faciliter une entrée de zone.  

C’est avec ce genre de jeu ingénieux qu’il parvient à prendre l’autre équipe à dépourvue et qu’il pousse le tempo de son équipe lorsqu’il embarque sur la glace.

Au-delà de sa vivacité d’esprit, on retrouve une très bonne qualité au niveau de ses passes quant à la précision de celles-ci, même au travers de multiples couches de défense. Cela requiert un bon niveau de talent. Je l’ai vu réaliser une passe du revers soulevé en diagonale dans la zone neutre totalement absurde (très haute) alors que le jeu était congestionné de son côté et la rondelle est tombée directement à plat sur le bâton de son coéquipier.

Ses talents de passeur gagnent en substance dû au fait qu’il est un joueur qui ne craint pas les contacts physiques. Il peut retarder ses jeux le long de la bande en attirant la pression vers lui et ensuite remettre à son coéquipier. Avec la précision de ses passes, il parvient à atteindre sa cible même s’il est surveillé de très près.

Son jeu de passe s’est élevé à un autre niveau avec l’amélioration de son maniement de rondelle lors de la saison, il peut désormais éliminer des couches de défense par lui-même pour ouvrir le jeu pour ses coéquipiers.

C’est d’ailleurs le deuxième point qui prévaut le plus dans son jeu : Sawchyn est un excellent manieur de rondelle. En début de saison, je ne trouvais pas ses mains si souples que ça, et surtout, je trouvais qu’il manœuvrait la rondelle avec la tête basse lorsqu’il tentait de tricoter. À peine un ou deux mois plus tard, c’était le jour et la nuit. Il a parmi les bonnes mains dans ce repêchage. Il possède un bon niveau de créativité en situation d’un contre un dans les espaces restreints, mais ce qui le rend aussi exceptionnel, c’est qu’il a la qualité des mains pour attaquer le triangle des défenseurs (espace délimité entre la base des patins et de la lame du bâton) et s’ils cherchent à jouer la rondelle, ils risquent de se faire déjouer. Mais s’ils tentent de jouer le corps (ce qui est la chose à faire) Sawchyn est TELLEMENT évasif, agile et combatif qu’il trouve le moyen de bouger son corps, tourner sur lui-même ou autres pour éviter de se faire prendre. Il a la capacité de sortir un lapin de son chapeau et de faire bondir les partisans de leur siège.

Un autre aspect identitaire du joueur des Thunderbirds est qu’il est extrêmement compétitif. Il travaille très fort sur la glace, va constamment effectuer ses replis défensifs, demeure toujours en mouvement dans la zone offensive, poursuit ses actions au filet, arrive premier sur les rondelles libres, etc. Mais ce qui m’amène à parler de son désir de compétitionner, c’est que Sawchyn joue avec beaucoup de chien. Malgré un gabarit moins qu’optimal, il aime jouer physique, et souvent même, assez limite. Il a aussi ce petit côté agitateur ou il dérange ses adversaires après les coups de sifflet.

Cependant, tout n’est pas rose avec Sawchyn. Il possède tout de même un bon lancer des poignets et il a certains traits de marqueur en lui alors qu’il tire avantage des déplacements des gardiens pour tirer à contresens. Cependant, ce n’est pas un gars qui prend beaucoup de tir, et dans un fort nombre de mes derniers visionnements sur le joueur, je ne l’ai pas vu amener beaucoup de rondelles au filet ainsi que de prendre des tirs des zones dangereuses.

Son coup de patin me laisse aussi pantois. Sa vitesse, et surtout son agilité, on prit bien du gallon cette saison. Mais je continue de percevoir son coup de patin comme étant un aspect qui le retient légèrement d’atteindre un autre niveau. Il n’est pas lent en soi, mais sa vitesse de pointe n’est pas optimale pour un joueur de son gabarit. Listé à 165 lbs à 5’11, il a de la place à beaucoup de marge de manœuvre pour ajouter de la masse musculaire ainsi que de la puissance dans ses foulées, mais au stade où les joueurs sont rendus, il est difficile d’entrevoir qui n’est pas le plus explosif gagné beaucoup en accélération.

En effleurant le sujet, c’est aussi quelque chose que je souhaitais mentionner, mais Sawchyn a l’air considérablement plus petit que les 5’11 auquel il est actuellement listé.

En guise de conclusion, c’est un joueur pour qui je suis prêt à consacrer du temps et que j’aime assez bien dans l’ensemble. Cela a été un peu difficile de l’évaluer dans la saison, car il n’avait pas toujours les meilleures minutes au sein de sa formation, mais en contrepartie, il jouait souvent contre les éléments plus faibles des équipes adverses. Il fallait aussi faire attention de ne pas tomber dans le piège d’arrêter son opinion suite à des matchs contre des formations faibles comme les Royals de Victoria contre qui il a connu des matchs sensationnels. Sawchyn m’a rappelé un peu Nick Merkley à certains points lors de la saison. Un petit joueur qui manque un peu de vitesse, qui joue beaucoup plus gros que son gabarit et qui se définit offensivement surtout par sa qualité de fabricant de jeux. J’ai vu beaucoup de ce joueur en 2015 puisque mes 2 espoirs préférés (Josh Morrissey et Leon Draisaitl) évoluaient avec le Rockets du Kelowna. J’avais regardé Tous les matchs qu’ils avaient disputés en séries éliminatoires dans la WHL.

Ce qui me fait le plus peur avec Sawchyn, c’est que ses plus grands flashs sont tous reliés à des ‘Small Areas Skills’. Chaque fois qu’il sort des belles feintes ou qu’il réussit à s’évader de la pression adverse, c’est bien beau, mais souvent, ça n’amène rien de concret. Pour toutes les fanfares qui peuvent venir avec son jeu, je ne le trouve pas responsable de beaucoup de chances de marquer, et lui-même n’obtient pas tant de lancers de l’enclave et des zones payantes. Par contre, il faut lui donner, il amène beaucoup de substance avec son ardeur au travail et son côté agitateur.

Nombres de matchs regardés : 21

26. Alexander Rykov

Nom plutôt inconnu, Rykov est un attaquant Russe qui a passé la majeure partie de la saison en VHL (l’équivalent de la Ligue Américaine (AHL) en Russie), ce qui n’est pas tant usuel pour un jeune joueur de 17 ans (son anniversaire étant le 14 juillet, il est l’un des jeunes joueurs au repêchage). En plus de cela, il s’est mérité 6 matchs en KHL. Sa production de 11 pts en 20 matchs en VHL représente une meilleure récolte que celles de Fyodor Svechkov et Nikita Chibrikov, choix de première et deuxième ronde, respectivement, en 2021.

Rykov est un excellent patineur, il démontre à la fois une très bonne vitesse de pointe ainsi qu’une agilité supérieure. Il est l’un de ces joueurs qui semble tout simplement ‘léger’ sur ses patins et qui semble survoler la patinoire, même au niveau professionnel.

L’une des choses qui met en lumière sa vitesse, c’est à quel point il est intrépide lors de ses percées au filet. À 5’11 170 lbs, on ne parle pas d’un joueur au gabarit imposant, mais il a tout de même réalisé plusieurs des percées au filet des plus impressionnantes que j’ai vu cette saison. Il n’a vraiment pas froid aux yeux.

Il est aussi aidé par le fait qu’il est assez fort sur sa base de patin. Si jamais il ne rentre pas avec suffisamment de vitesse pour déborder le défenseur, il va abaisser son centre de gravité et rentrer sous le défenseur pour trouver un moyen de se rendre au filet. Il démontre beaucoup de combativité sur ce genre de séquence.

Son agilité sur patin est aussi très impressionnante. Il peut battre des joueurs par des successions de pivot et de changement de direction. Il a aussi un très haut niveau de coordination. Un peu comme je l’avais noté dans une séquence impliquant Oskar Fisker-Molgaard, Rykov peut réceptionner des passes derrière lui en transition en tournant dos au jeu et en complétant un spinorama sur lui-même sans perdre de vitesse et en sécurisant la possession du disque, ce qui est très saisissant.

Son maniement de rondelle est aussi un aspect de son jeu qui s’élève très haut parmi ses pairs. Il possède l’une des bonnes paires de mains du repêchage. Il peut effectuer des feintes alors qu’il est à toute vitesse, ce qui est une qualité plutôt rarissime et qui n’est certainement pas partagé par tous les espoirs. Il peut aussi sortir un lapin de son chapeau dans les espaces restreints, ce qui ajoute à sa valeur derrière le filet ainsi que le long des bandes.

Ce qui est d’ailleurs, l’une de ses plus grandes qualités : Son jeu le long des bandes. Ça peut sembler surprenant compte tenu son gabarit, mais il ne faut pas méprendre, Rykov EXCELLE dans cette facette.

À mes yeux, cette facette est une habilité individuelle au même titre que le patin, le lancer ou autres. Cela ne repose pas uniquement sur le gabarit des joueurs. Il y a plusieurs subtilités qui font qu’un joueur parvient à apporter une plus-value à son jeu dans cet aspect. Dans le cas de Rykov, nous en retrouvons plusieurs.

Pour débuter, son niveau de coordination est simplement à un niveau supérieur. Il parvient à gérer des rondelles qui sont très difficile à maîtriser en espace restreint en les ramenant de ses patins à son bâton, ou vice-versa, tout en demeurant en mouvement. Il peut enchaîner les pivots comme dit plus tôt et il est étonnamment fort sur ses patins. Pour poursuivre dans les surprises, il est aussi très fort sur son bâton, tant pour protéger la rondelle que pour lever le bâton à ses adversaires et leur subtiliser le disque.

Mais ce que j’aime le plus de Rykov dans cette facette, c’est la mentalité avec laquelle il joue. Il est comme un chien sur un os, il n’abdiquera jamais. Même lorsqu’il est cloué contre la bande, il trouver le moyen de se libérer un bras et va aller chercher la rondelle élancer de tout son long pour la ramener vers lui.

Cette mentalité là suit Rykov partout sur la patinoire alors que son éthique de travail est sans reproche. Il bondit sur chaque rondelle libre comme un prédateur qui n’attend que ça. Il n’est jamais en retard lorsqu’il est temps d’appliquer de la pression sur ses adversaires et cela est aidé par ses lectures de jeu ainsi que son sens de l’anticipation.

J’ai fait mention de son enclin à attaquer le filet à pleine vitesse et cela est pour moi un bon indicateur du désir d’un joueur de compétitionner.

En plus, j’ai aussi vu plusieurs séquences qui m’ont démontrées qu’il joue avec beaucoup de mordant dans son jeu. Lors d’un match, il fut victime d’un contact genou à genou. Il se releva péniblement suite à ce contact et semblait clairement en mauvais point. La rondelle est revenue près de lui et le joueur qui lui a assené le coup était le joueur de l’équipe adverse qui se dirigeait vers cette rondelle libre. Rykov l’a attendu de pied ferme, n’a jamais joué la rondelle et à chercher à faire payer le prix à son adversaire. C’est quelque chose que tu recherche chez un espoir. Répliquer coup pour coup et ne pas se laisser imposer. Je l’ai également vu donné une solide mise en échec avec la hanche à un défenseur qui avait quitté sa position.

Pour revenir sur le plan offensif, son tir présente certains éléments de haut niveau. Sa dégaine est très vive et sec. Dans sa façon de mettre la table pour ses lancer, il n’a pas besoin de traîner la rondelle loin derrière lui, il décoche ses tirs alors que la rondelle ne quitte jamais sa base de patin. Même lorsqu’il est en mouvement, il ne laisse aucuns indices aux gardiens de quand il va lancer.

Pour accompagner son tir, Rykov est aidé d’une bonne compréhension globale du jeu et des positionnements à adopter en zone offensive. Il parvient à trouver les endroits discrets sur la patinoire pour s’offrir en option de passe. Il demeure en mouvement et ce n’est pas un joueur attaché au jeu en périphérie.

Ses talents de passeur m’ont pour ma part, plus impressionné que son habilité à finir des jeux, là où il peut démontrer certaines inconstances dans la qualité de son tir.

Il possède un bon niveau de créativité près du filet, et avec sa prévalence à bien jouer dans les petits espaces, il peut tirer pleins profits de ses prouesses offensives même lorsque marqué de près par son opposition. La souplesse de ses mains l’aide aussi à mettre la table à ses coéquipiers alors qu’il est l’un des bons joueurs de ce repêchage pour exécuter des passes soulevées.

Et tout comme dans ses talents de tireurs, la reconnaissance de la position des joueurs sur la glace est un élément qui ressort dans les habiletés de passeurs du Russe. Même en zone défensive ou en zone neutre, il repère tout de suite lorsqu’un de ses coéquipiers triche un peu et se blottit derrière la couverture défensive, et le rejoint d’une vive passe sur réception.

C’est dommage car Rykov a été ennuyé par les blessures en 2e moitié de saison et il n’aura presque pas joué suite au mois de janvier. Il a aussi passé la saison dans un calibre relativement élevé là où il est difficile pour les jeunes joueurs d’étaler leur talent offensif. En dépit de cela, Rykov m’en a montré suffisamment pour s’affirmer comme joueur sur lequel je prendrais une chance. Je crois qu’il sera encore bien meilleur dans les années à venir lorsqu’il aura gagné en masse ainsi qu’en force musculaire. Étant un joueur relativement méconnu, il sera intéressant de voir si des équipes vont courir le risque de le laisser descendre jusqu’au début du 3e tour.

Nombres de matchs regardés : 15

27. Calum Ritchie

À chaque saison, il y a un (ou des) joueur(s) sur qui je semble incapable de me faire une tête. Se pointe cette saison : Calum Ritchie. 2e choix au total du repêchage de la OHL en 2020 derrière Quentin Musty, j’avais bien aimé ce que j’avais vu de lui à sa saison de 16 ans en OHL. Sa saison a commencé avec un tournoi Hlinka où il fut plutôt ordinaire. C’est un exemple supplémentaire qui démontre à quel point cela peut être trompeur de se fier aux statistiques pour qualifier les performances des joueurs, car Ritchie termina au premier rang des pointeurs de ce tournoi ! Il termina sa saison en OHL avec une récolte de 59 pts en 59 matchs. Il a été difficile à évaluer pour moi, non pas car il était très inconstant dans ses performances, mais plutôt, car il était assez ‘vanille’. Après une douzaine de visionnements en isolé du joueur, j’avais encore de la misère à déterminer quelles étaient les constances dans son jeu et où est-ce qu’il se démarquait réellement de ses rivaux.

Dans ses qualités premières, son tir des poignets est définitivement du niveau de la LNH. Son tir est très lourd et sa façon de décocher rend la tâche difficile aux gardiens, car il ne laisse transparaitre aucun indice dans son élan. Il ne laisse pas traîner la rondelle derrière lui avant de tirer et aussi, il ne poursuit pas sa motion avec son bâton suite à ce que la rondelle ait quitté sa lame, limitant l’information que le gardien peut prendre. Il est un tireur dangereux qui n’a besoin que d’une fraction de seconde pour décocher et il est en mesure de le faire même en étant couvert.

Son placement de rondelle dans ses tirs est aussi très bon. Il priorise les tirs bas du côté de la mitaine et il aime tirer à contresens des déplacements des gardiens.

Ritchie est à son meilleur selon moi lorsque ses possessions de rondelles sont courtes. Ce n’est pas un joueur avec une grande créativité offensive, mais il peut sortir un lapin de son chapeau à quelques occasions si on lui remet la rondelle dans un endroit dangereux et qu’une couverture imminente arrive sur lui, réalisant de belles feintes.

Ceci n’est toutefois pas une constance dans son jeu, ayant, pour ma part, un maniement de rondelle qui est dans la moyenne.

Sa capacité à préparer des jeux pour ses coéquipiers fut difficile à évaluer. De un, il évoluait à la position de ‘Bumper’ lors des avantages numériques, alors on le voyait moins en situation de contrôler les jeux et de créer de l’offensive. Pour l’avoir vu l’an dernier, il évoluait régulièrement à l’un des cercles et réalisait souvent de belles passes transversales à son coéquipier Ty Tullio.

Je n’ai pas vu beaucoup de créativité de sa part cette saison et j’ai trouvé sa vision assez limitée dans l’ensemble.

Furent quelques séquences qui sont venues remettre en question ces affirmations alors qu’il a habilement gagné le centre de l’enclave avant de remettre à un coéquipier à l’embouchure du filet.

Au niveau de son coup de patin, sa vitesse est plutôt décente et il n’aura pas de difficulté à suivre le rythme de la LNH. Par contre, il n’a pas une très bonne agilité lorsqu’il se retrouve dans les coins ou le long des bandes. Il ne pourra pas se départir d’adversaires par lui-même dans des situations où l’espace est plutôt refermé. C’est une raison qui s’ajoute au fait que j’ai de la difficulté à lui envisager une chaise dans un rôle important dans la LNH.

Il est difficile de voir ce qu’il pourra apporter à une équipe pour se rendre indispensable. Dans le junior, fut des matchs où je l’ai vu remporter un bon nombre de batailles pour la rondelle le long des bandes. Cependant, il le réalisait sans démontrer une très grande combativité. Il semblait aidé par son gabarit avantageux, sans nécessairement sans servir de manière efficiente. C’est une de ses qualités dont j’ai de la difficulté à projeter avec le même taux d’efficacité dans la LNH.

J’éprouve encore de la difficulté à savoir comment il se développera. D’un côté, il vient avec un bon pedigree en tant qu’espoir, un bon gabarit et certaines habitudes (son positionnement et son jeu en zone neutre, son support de rondelle) qui font de lui un joueur qui pourrait facilement être projeté dans un rôle de Bottom-6. Mais de l’autre côté, je le trouve simplement trop fade, et avoir à militer en faveur de lui à mon Directeur-Général, je n’aurais pas de nombreux arguments et je préfèrerais simplement prendre un autre joueur.

Nombres de matchs regardés : 25

28. Axel Sandin-Pelikka

Ce défenseur de petit format aura été un sujet d’attention pour une bonne partie de l’année, suite à avoir été mis à l’avant-plan de la formation Suédoise lors du WJC, ainsi qu’après avoir été nommé sur l’équipe d’étoiles du tournoi U-18. Il est indiscutablement un bon défenseur au niveau junior, mais j’ai plusieurs réserves quant à son impact dans la LNH, ce qui explique ma position plus basse sur lui à l’intérieur de mon classement.

Il est d’abord et avant tout un bon patineur. C’est à l’intérieur de son coup de patin qu’on le voit démontrer le plus de confiance, autant avec la rondelle que sans.

Dans une optique offensive, Sandin-Pelikka patrouille bien la ligne bleue et n’hésite pas à se servir d’habile pivot si la pression est forte sur lui. Sa mobilité est très bonne et il ajoute à cela des feintes d’épaules et de tête pour battre ses adversaires à la ligne bleue qui s’avance sur lui.

Son coup de patin lui fait gagner une certaine valeur en transition, mais j’ai trouvé pendant la saison qu’il tirait beaucoup avantage des patinoires olympiques, préférant rester vers l’extérieur et se tenant loin de la pression.

Pour défendre, son coup de patin lui rend de grands services dans son jeu en récupération de rondelle, où il peut se servir de son agilité pour enchainer quelques feintes de direction avec ses chevilles pour se défaire d’un attaquant en échec avant. Il peut aussi venir fermer des ‘gaps’ rapidement.

Il patine très bien de reculons, par contre, ça lui arrive régulièrement de se faire battre par l’extérieur. Ses pivots en soi ne sont pas lents, mais la prise de décision qui les précède, oui. C’est comme s’il ne reconnaissait pas la vitesse avec laquelle ses adversaires s’amènent et il s’en aperçoit une seconde trop tard.

Il a principalement été vu comme un défenseur offensif cette saison, et c’est un aspect de son jeu que je trouve à l’occasion grossièrement exagéré.

Bien sûr, il est confiant offensivement, mais pour moi, la majorité de sa valeur en zone offensive provient de son ‘activation’ qui est sa propension à quitter sa position de défenseur pour venir appuyer l’attaque. Cela apporte un élément d’imprévisibilité pour les défensives adverses et ça donne une option supplémentaire à ses coéquipiers. Par contre, cela lui arrive régulièrement de descendre beaucoup trop profondément dans la zone offensive. Même en SHL, on le voyait souvent dans l’enclave ou devant le filet, sans qu’il soit nécessairement suffisamment libéré pour une passe. Si la rondelle tombe en possession des mains adverses, tu te retrouves avec un attaquant à la position de défenseur, ce qui n’est pas souhaité. Il avait aussi tendance à quitter sa position trop rapidement lors des sorties de zone.

Ses ‘pinchs’ ont aussi été trop agressifs à mon goût à plusieurs reprises pendant la saison.

En jugeant des habilités plus tangibles, j’arrive tout de même à la conclusion qu’il a été élevé à un statut dont il n’aurait jamais dû bénéficier. C’est surtout son tir que j’ai en tête lorsque j’avance une telle affirmation. Il aura marqué quelques buts en J20 avec un tir sur réception ou un tir du haut des cercles, et les gens lui auront prêté, à tort, un excellent tir parmi son arsenal offensif. Ce qui n’est pas vraiment le cas. Son tir n’est pas si puissant que cela, mais surtout, son exécution est très inconstante ; il va rater des tirs sur réception en fendant l’air, il va décocher des tirs faibles de l’enclave, etc.

Côté distribution de rondelle, je ne vois rien de bien reluisant. Il démontre beaucoup de limites en tant que distributeur de rondelle. Lors des avantages numériques, il a été employé le long du ‘Half-Wall’, tant dans la J20 en Suède, qu’avec l’équipe nationale et aucun flash digne de ce nom a été observé. Il passe la rondelle au joueur à la ligne des buts ou au défenseur qui s’occupe de patrouiller la ligne bleue. Je ne l’ai pas vu utiliser habilement le joueur dans l’enclave ni passer à travers la boîte défensive.

Je dois admettre que je n’ai pas aimé la décision de le placer à cet endroit sur les avantages numériques et qu’il aurait été mieux servi de jouer à la pointe, là où il peut au moins maximiser ses habiletés de patin.

Il y a aussi le fait que plusieurs jeux qu’il réalise offensivement me frappent comme étant des jeux qui ne se transposeront pas si aisément dans la LNH. Par exemple, son club en J20 a mis un jeu en place dans leur système où Sandin-Pelikka passe la rondelle à son partenaire en défense dans leur propre zone, ce dernier prend tout son temps en demeurant statique et en attendant la pression, pendant ce temps, Sandin-Pelikka patine à fond de train par la bande et rendu à la ligne bleue de l’autre équipe, coupe vers le centre, son défenseur lui lance une bombe et il en profite pour s’échapper seul face au gardien. C’est un jeu préétabli par sa formation J20 (il l’a également fait à une ou deux reprises lors du plus récent U-18), mais ça demeure du stuff de junior tout de même….

Son apport offensif n’est pas suffisamment élevé pour pallier à ses limitations dans sa propre zone.

Son jeu sous pression a fait défaut pour une bonne partie de l’année. Non pas, car il est trop nerveux dans ces situations et qu’il craint de se faire frapper, mais plutôt, car il semble manquer d’urgence dans son jeu. Il semble parfois même trop confiant dans son habileté à se défaire d’un couvreur. Ce manque d’urgence revient dans d’autres aspects défensifs également. Exemple, il va perdre une bataille dans le coin et le joueur dont il est responsable de couvrir va se diriger vers le devant du filet, il semble abandonner sur la séquence, ne se repli pas sur son joueur et il marque un but suite à une passe qui venait de derrière le filet.

Son jeu le long des bandes a également été une facette que j’ai trouvé problématique lors de la saison. Ce n’est pas un joueur frileux pour autant, mais il a de la difficulté à défendre adéquatement à ces endroits. La raison est qu’il approche ces scénarios avec une mauvaise technique, en allant vers l’attaquant avec son bâton étendu à bout de bras plutôt que de garder sa posture alignée avec le thorax de son adversaire. Il n’établit pas de contact physique pour clouer son adversaire le long de la bande et en plus, il arrive avec un mauvais alignement avec ses patins, se compromettant trop vers une direction donnée et il peut se faire laisser derrière avec un simple pivot. Cela semblait beaucoup mieux lors du U-18, mais ça m’a grandement dérangé lors du tournoi 5-Nations ainsi que dans la J20. Ça demeure toutefois quelque chose qui peut aisément se travailler avec le bon personnel d’entraîneur.

Lorsqu’on fait affaire avec des défenseurs de plus petit gabarit, il y aura toujours des concessions à faire sur le plan défensif. L’une de ses choses est qu’ils ont généralement une portée beaucoup plus courte (à l’exception de Tanner Molendyk) et cela les place plus à risque de se faire battre par l’extérieur lors de situation à 1 contre 1.  Même dans ses sorties de zone, ASP commet des erreurs dû à cette dite plus courte portée. C’est un défenseur qui est bon pour se défaire de la pression dans des espaces restreints, mais ironiquement, c’est quand il a plus d’espace que les choses se gâtent. Il va chercher à déjouer un joueur, mais même si c’est un bon patineur, ce n’est pas un puissant patineur, donc il ne sera pas en mesure de couvrir beaucoup de glace latéralement, et avec sa courte portée, il est à risque de se faire harponner la rondelle.

À noter aussi que son positionnement en zone neutre lors de rencontre en SHL m’a déplu également, demeurant avec un penchant trop fort pour l’offensive, il demeure trop haut, et aussi trop large, et il était souvent prit à courir après la rondelle si elle changeait de possession.

En vertu de son jeu offensif qui ne palie pas à ses carences défensives observées dans la saison à différents points, j’ai de la difficulté à voir comment il pourrait être indispensable pour une formation et à le voir parmi les 3-4 premiers défenseurs de celle-ci. Il a été bon lors du WJC et faut le lui concéder, par contre, la masse s’est trop excitée à son sujet lors de la saison, en partie car il a joué en SHL. Il faut faire attention avec ce dernier point, ce n’est pas, car un joueur de 17 ans se mérite des matchs dans les ligues professionnelles en Europe qu’ils sont nécessairement plus matures ou plus développés que les espoirs en Amérique du Nord. En fait, je serais prêt à parier qu’un très bon nombre d’espoirs évoluant en LCH auraient eux aussi joué quelques matchs dans ces circuits s’ils avaient été de ces nationalités. On peut regarder des défenseurs des (pas SI) récents repêchages qui ont joué dans ce circuit leur année de repêchage comme Nils Lundkvist, Victor Sodestrom, Filip Johansson et on pourrait également nommer Ville Heinola qui évoluait en Liiga en Finlande. Nous en sommes à 4-5 ans après leur sélection au repêchage et ils ne sont toujours pas établis dans la LNH.

ASP n’est pas mauvais, mais l’une de mes inquiétudes avec lui est qu’il démontre surtout des flashs qui sont des ‘Small Area Skills’ pour moi, c’est-à-dire, des jeux qui démontrent de bonnes habiletés, mais seulement dans de petits espaces et des facettes mineures au jeu et qui n’ont pas un réel impact dans une partie.

Nombres de matchs regardés : 28

29. Theo Lindstein :

Theo Lindstein est un défenseur qui a eu une drôle de saison. Il a entamé la campagne comme étant un espoir de premier plan pour le repêchage, mais suite à une prestation plutôt ordinaire au tournoi Hlinka, il fut mis de côté pour les discussions entourant la première ronde. Personnellement, je n’avais pas de temps à lui consacré après avoir vu qu’il n’arrivait même pas à produire dans le circuit J20 à l’automne. Mais lorsque j’ai visionné les matchs du tournoi des 5-Nations en février, à ma grande surprise, il a été très bon. Il avait d’ailleurs connu un bien meilleur tournoi que Sandin-Pelikka, avec qui il était jumelé sur le même duo de défenseur. Son cas m’a un peu fait penser à celui de son compatriote Otto Stenberg où, il était perçu comme un espoir de haut niveau qui pouvait amener de l’offensive, et à la suite d’un début de saison décevant, il s’est réinventé en joueur différent qui parvient à se faire une identité chez les professionnels. J’ai regardé beaucoup de ses matchs en SHL et j’ai été fortement impressionné, particulièrement ceux du mois de février. Ma projection du joueur était la même que je fais actuellement, mais j’avais quelque peu surestimé certaines de ses qualités et il commençait à marauder autour du 20e rang sur ma liste. Des visionnements supplémentaires en SHL ainsi que le tournoi U-18 m’aura permis de rectifier le tir.

Son jeu se repose surtout sur son coup de patin qui est la fondation de son efficacité sur la patinoire. Il possède une très bonne vitesse de pointe ainsi qu’une bonne mobilité multidirectionnelle et une bonne fluidité générale pour suivre les attaquants adverses, peu importe le schème d’attaque. Il parvient à suivre de bons patineurs de la SHL en situation de replis défensifs sans problème. Son coup de patin du reculon est aussi très bon et il ne sera pas contourné.

En possession de rondelle, il parvient à se défaire de couvreur aisément et est capable d’effectuer d’occasionnelle percée avec la rondelle où il se permet d’attaquer ses adversaires avec vitesse et confiance.

Un aspect que j’aime bien de son coup de patin c’est qu’on n’observe aucune différence au niveau de l’explosion et de sa vitesse de pointe au début d’une présence ou à la toute fin de celle-ci. Il démontre un bon niveau de conditionnement.

Il se distingue plus par la qualité de son jeu défensif que pour son offensive. Son coup de patin lui permet de couvrir beaucoup d’espace rapidement et il peut venir refermer des espaces qui se seraient ouvert suite à une confusion avec des partenaires dans sa zone, ou simplement pour venir sauver un coéquipier qui s’est fait prendre.

Ce qui m’a impressionné dans son efficacité défensive, c’est de voir comment il œuvrait dans les situations de batailles à un contre un. Il travaille particulièrement bien dans les coins de patinoire, il s’assure d’avoir un contact physique avec son adversaire en gardant un bras sous lui, et en travaillant avec son bras libre avec son bâton pour jouer la rondelle, tout en restant collé sur le joueur. Il conserve aussi une large base de patin de sorte à ce que son adversaire ne puisse pas se retourner d’un côté ou de l’autre et le contourner. Il gagne un bon pourcentage de ses batailles le long des bandes, contre des hommes, ce qui est très impressionnant. Il défend très bien la zone neutre également avec son bâton actif et à l’aide d’un bon positionnement.

Il protège bien son devant du filet également malgré un gabarit correct sans plus (6’0 et 181 lbs). Il va placer son corps de façon proactive devant celui de l’attaquant pour l’empêcher d’aller voiler la vue de son gardien.

Il défend intelligemment en s’assurant d’un positionnement adéquat alors qu’il est constamment en train de regarder par-dessus son épaule pour connaître la location en tout temps du joueur qu’il est censé couvrir.

Lindstein est un défenseur qui facilite la transition de son équipe. Il démontre un tel calme et une confiance saisissante alors qu’on le voit communiquer à ses attaquants (certains qui ont près du double de son âge) où se positionner et où se diriger. Il se déplace bien et peut influencer le positionnement de ses adversaires de sorte à ouvrir certains endroits pour simplifier la tâche à ses partenaires. Il choisit généralement les jeux à haut taux de réussite.

Une chose qui accentue grandement son efficacité dans cet aspect, c’est qu’il possède l’habilité de pouvoir distribuer la rondelle habilement de son revers lors des sorties de zone. Cela peut sembler banal, mais c’est tout un atout à posséder chez un défenseur et ce n’est pas si fréquent que cela. Lorsqu’on parle d’avoir de bonnes mains chez un attaquant, c’est surtout dans l’optique de créer des jeux et d’offrir une créativité offensive supplémentaire, ce qui est une qualité, certes, mais c’est surtout complémentaire. Pour un défenseur, je serais prêt à argumenter que de posséder une certaine aisance à manier la rondelle, c’est nécessaire ! Pas nécessairement pour effectuer des montées à l’emporte-pièce, mais plutôt pour savoir se défaire de la pression dans sa zone et éviter d’être emprisonné et de passer de longues secondes embouteillées. Avoir une paire de mains décentes et avoir l’habilité de passer du revers chez un défenseur pourrait s’avérer la différence entre une sortie de zone compéter ou un revirement coûteux.

Le défenseur Suédois ne fera pas parmi l’assise de l’offensive de sa formation, mais il démontre tout de même certaines qualités. Il fait somme toute assez bien circuler la rondelle et il reste alerte aux situations où il pourrait s’avancer plus profondément pour saute sur un retour de lancer dans le haut de l’enclave. C’est un joueur qui suit bien les actions et qui a un bon positionnement, tout comme en défensive. Et parlant de lancer, Lindstein est un joueur qui aime garder ses tirs bas pour occasionner des retours.

Il sera intéressant de suivre avec quelle formation il s’alignera la saison prochaine. À mes yeux il s’est très bien tiré d’affaire en SHL, mais son club s’est vu relégué en 2e division (en Allsvenskan) suite à leur élimination face à Malmo. Il pourrait être prêté à un club SHL, comme ce fut le cas pour Adam Engstrom cette saison.

Comme je disais lors de l’introduction, ma projection du défenseur était la même alors qu’il figurait plus haut sur ma liste. Je vois un 5e défenseur dans la LNH, au meilleur des scénarios, un 4e. J’admettrais toutefois que j’avais une vision un peu trop enthousiaste quant à son coup de patin et son maniement de rondelle.

C’est un joueur qui n’a pas de ‘It factor’. C’est un joueur plutôt vanille.

Nombres de matchs regardés : 24

30. Aydar Suniev

Aydar Suniev est un attaquant Russe de 6’2, évoluant dans la BCHL, circuit Junior A de la Colombie-Britannique. Il évolue d’ailleurs en Amérique du Nord depuis déjà 4 ans. Il fut l’auteur d’une saison de 45 buts et 90 pts en 50 parties. Il présente un profil unique dans ce repêchage, mais ses forces ne viennent pas sans contreparties.

 Ce que j’aime le plus chez lui c’est l’identité avec laquelle il joue. Il a un style d’attaquant de puissance et il joue avec une éthique de travail sans relâche sur l’échec avant.

Il est fort probablement le joueur que j’ai vu cette saison qui provoque le plus de revirements en échec avant et qui récupère le plus de rondelles libres dans la zone offensive. Du moment qu’un défenseur adverse pense s’être défait de la pression, Suniev surgit de nulle part pour lui soutirer le disque. Il démontre une très solide compréhension du jeu dans ses poursuites de rondelles, un bon timing et il est aussi très fort sur son bâton, autant pour soulever celui de ses adversaires qui ont la rondelle, autant que pour la protéger.

Son travail acharné s’observe aussi dans la zone neutre. Il harcèle littéralement le porteur de la rondelle jusqu’à ce qu’il lui enlève. Il peut à lui seul supprimer des jeux et se montrer une présence imposante pour son équipe.

Il amène son intensité à un cran supérieur aussi en étant en mesure de délivrer de très bonnes mises en échec. Que ce soit en échec avant ou lors de replis.

Le problème, c’est que sa plus grande qualité risque d’être complètement nullifiée par sa plus grande faiblesse, qui est : son coup de patin.

Il y a certains joueurs qui sont difficiles à évaluer, car, malgré que leur mécanique soit défaillante, ils parviennent à se rendre aux bons endroits aux bons moments.

C’est un peu la situation de Suniev, mais ce qui complique la tâche, c’est qu’il évoluait dans un calibre plus faible alors c’est plus difficile à juger.

L’un de ses plus gros problèmes est lors de sa phase de récupération (lorsqu’il ramène ses patins à la position initiale avant d’entreprendre une autre poussée), il ramène ses pieds trop larges, ce qui vient limiter à quel point il peut pousser sur les côtés pour bénéficier d’une pleine amplitude de mouvement. Sa posture se veut trop inclinée vers l’avant et on observe aussi beaucoup de rotation au niveau du haut du corps lorsqu’il n’a pas la rondelle. Cela pourrait très bien être la cause d’un manque de gainage au niveau de la chaine des abdominaux, ce qui expliquerait du fait même ses occasionnelles pertes d’équilibre sur la patinoire.

Malgré tout ça, il fait tout de même preuve d’une belle agilité, pouvant démontrer une bonne mobilité aux hanches pour adopter le style ’10-2’ dans la zone offensive (lorsqu’un joueur patine talon à talon).

Ce qui est embêtant dans son cas, c’est que même s’il est possible que sa foulée puisse être raffinée, sa vitesse en tant que telle ne laisse pas présager autant de progrès, puisqu’il est déjà près de sa pleine maturité physique alors qu’il fait osciller la balance à 205 lbs, sur un gabarit de 6’02.

Pour revenir dans les aspects positifs, s’il y a une autre qualité qui était démontrée à chaque match, et ce, à un très haut niveau, c’est sa capacité à passer la rondelle à travers les boîtes défensives. Il figure facilement parmi les meilleurs joueurs de ce repêchage pour ces passes spécifiques, possiblement avec Riley Heidt. Il réalise ces jeux avec une très grande vivacité. Plusieurs de ces passes sont réalisées alors qu’il feint un puissant tir sur réception, fait mordre son opposition et en profite pour remettre de l’autre côté, où son coéquipier Bradly Nadeau peut prendre un tir.

Un autre aspect de ses talents de passeur qui ressort c’est sa capacité à prolonger brièvement et subtilement ses actions pour permettre à un coéquipier de se libérer. C’est surtout le long des bandes qu’on observe ce fait. Il démontre un bon seuil à la panique alors qu’il ne semble aucunement incommodé par la pression imminente qui arrive sur lui.

Pour agrémenter, Suniev possède une excellente vision de jeu et il peut rejoindre ses coéquipiers malgré de multiples couches de défense devant lui. Il peut également rejoindre ses coéquipiers dans de petits espaces avec des passes délicates.

La qualité de son tir est tout aussi bonne et son éventail est tout aussi large que ses talents de passeur.

Il possède un violent tir sur réception qu’il se sert pour terroriser les gardiens (ce qui lui permet de faire geler la couverture défensive lorsqu’il décide d’opter pour une passe). Son tir des poignets est tout aussi puissant, alors que je l’ai vu battre des gardiens de façon nette, de distance et sans écran. Il faut prendre le calibre des gardiens auxquels il fait face, mais son tir demeure tout de même très dangereux.

Suniev est aussi l’un des rares joueurs à maîtriser les tirs sur réception de son mauvais côté. Même au plus haut niveau, peu de joueurs exécutent ce tir. Lors de situation à 2 contre 1, ça le rend létal, car, advenant qu’il soit le récipiendaire d’une passe alors qu’il est sur la gauche, le gardien va s’attendre à une réception de passe avant de décocher. Cela diminue son temps d’exécution et lui permet de battre les gardiens avant que ceux-ci aient effectué leur déplacement.

Son maniement de rondelle est également une force chez lui. Il intègre très bien son maniement de rondelle dans son jeu en protection ; il la ramène près de ses patins, tourne sur lui-même, vend de fausses routes à ses adversaires, etc.

L’une des raisons qui font de lui un bon manieur de rondelle c’est qu’il observe très bien les ouvertures à exploiter chez ses adversaires. Il remarque les mauvais pivots des défenseurs, attaque leur base de support, peut leur passer la rondelle sous leur bâton.

Malgré que j’adore le profil de Suniev, j’éprouve tout de même certaines inquiétudes par rapport à son inconstance d’un match à l’autre et aussi par rapport à son patin. Puisque c’est un ‘late’, il n’aurait pas pu prendre part au tournoi U-18 si la Russie y avait été. Par contre, nous aurions pu le voir au tournoi WJAC en décembre, ce qui aurait permis de l’évaluer dans un meilleur contexte. Je vais suivre son développement dans les prochaines années avec intérêt alors qu’il va rejoindre la formation de UMass dans la NCAA.

*** Lors du Combine, il a été listé à 192 lbs plutôt que 205, ce qui me donne une vision plus optimiste quant à savoir s’il pourra gagner en masse musculaire ainsi qu’en puissance pour améliorer son coup de patin.

Nombres de matchs regardés : 15

31. Felix Unger-Sorum

Felix Unger-Sorum est un cas très intéressant. C’est un attaquant Suédois qui a affiché de bonnes statistiques dans le circuit des moins de 20 ans en Suède (46 pts en 42 matchs en saison et 9 pts en 7 matchs en séries éliminatoires). Sa progression est l’une des plus fortes observés chez un espoir cette saison. Je l’ai découvert en regardant des matchs de séries de Oscar Fisker-Molgaard en J20, où il évoluait contre Leksand, le club de Unger-Sorum. Il avait grandement attiré mon attention. Et puis, au tournoi U-18, il figurait sur le premier trio de la Suède et il a été sensationnel.

Il est l’un des joueurs les plus intelligents du repêchage et cela s’exprime principalement par un très large éventail de façon par laquelle il peut mettre la table pour ses coéquipiers. Unger-Sorum est l’un des fabricants de jeux les plus diversifiés du repêchage.

Il est possiblement le fabricant de jeux le plus ‘trompeur’ de toute la cuvée 2023. Il influence son opposition à ne pas couvrir le bon joueur en vendant une fausse intention avec ses alignements corporels. Sur une séquence, il rentre du côté droit et a son joueur de centre qui fonce au filet. Unger-Sorum commence à se diriger vers l’embouchure du filet et laisse entrevoir par l’entremise de sa tête, ses épaules, ses hanches ainsi que ses poignets qu’il va passer à son joueur de centre qui fonçait au filet. Les défenseurs adverses ont joué la séquence en conséquence de ce que Unger-Sorum avait laissé transparaître en neutralisant le corps et le bâton de son coéquipier, toutefois, à la dernière seconde, Unger-Sorum a changé son angle de passe pour remettre à un coéquipier qui s’emmenait en 2e vague dans le haut de l’enclave.

Il est aussi maître dans l’art d’utiliser des ‘Off-Looks’ avec sa tête regardant une option de passe qui ne sera pas utilisé pour libérer de l’espace à un autre coéquipier. Ironiquement, sur une autre séquence, c’est complètement l’inverse qui s’est déroulé de celle expliquée plus tôt. Lors de celle-ci, toujours en rentrant à droite, il a tourné le dos à la bande en freinant et en regardait une option dans le haut de la zone offensive, pendant ce temps, son joueur de centre a pu bénéficier d’une couverture défensive plus haute pour se glisser derrière les défenseurs. Unger-Sorum l’a rejoint d’une brillante passe sans même le regarder.

Il peut aussi prendre les défensives adverses hors garde en effectuant des passes sur réception, diminuant de beaucoup le temps qu’on ses adversaires pour réajuster leur attention ainsi que leur position.

Unger-Sorum est un joueur très réfléchi et calculé qui ne forcera jamais des passes dans les zones dangereuses s’il n’y a pas de lignes disponibles à lui. Il va plutôt freiner, revenir sur ses pas, chercher à faire bouger la défensive adverse avant de réaliser un jeu pour éviter de perdre une possession de rondelle.

C’est d’ailleurs quelque chose d’assez constant dans son jeu : il tend à ralentir et attendre une option de passe. C’est quelque chose que j’apprécie chez un passeur de la sorte, Mavrik Bourque opérait d’une façon similaire en 2020. Par contre, j’aimerais le voir attaquer les défenseurs avec audace plus souvent, surtout en situation d’un contre un.

Il démontre aussi des signes d’intelligence très avancés dans son utilisation de passes dans les endroits libres. Sa compréhension de l’espace ainsi que du timing de ses coéquipiers est remarquable.

Il a aussi une grande dextérité de mains qui lui permet d’être un habile distributeur de rondelle même sur son revers.

C’est d’ailleurs sa deuxième plus grande qualité, suivant ses talents de passeur : son maniement de rondelle.

Il a de très bonnes mains, mais ce qui le rend particulièrement habile, c’est qu’il incorpore tout son corps à l’intérieur de son jeu avec la rondelle. Ses pieds bougent indépendamment de ses mains et il intègre aussi beaucoup de feintes d’épaules pour vendre de mauvaises directions à ses adversaires. Il parvient aussi à élargir sa base de patin pour repousser le bâton de ses adversaires, tout en demeurant en mouvement, démontrant une très bonne coordination.

Le résultat est assez impressionnant. Il peut manœuvrer à travers la circulation lourde et dans le haut de l’enclave comme si c’était routinier pour lui.

Unger-Sorum n’est pas le meilleur des patineurs, mais il utilise bien les changements de vitesse à son avantage en situation d’un contre un.

Son calme en possession du disque est remarquable, c’est d’ailleurs ce qui lui permet d’exceller autant dans les séquences où il retarde ses jeux et attire la pression sur lui avant de remettre à un coéquipier. Pour ce faire, il a besoin d’un excellent maniement de rondelle qui lui permet de dribler celle-ci hors d’atteinte de son poursuivant, et ce, sans qu’il n’ait à baisser la tête, pouvant être en mesure de repérer la meilleure option possible.

Même dans sa propre zone, il ne semble jamais embêter par la pression adverse.

Ses mains font de lui un tirer très habile aussi, alors qu’il a l’habilité de changer ses angles de tir devant les défenseurs. Composer avec une couverture défensive étanche en avant de lui et parvenir à trouver une ligne de tir semble inné chez lui. Il est un naturel dans ce département.

Aidé par sa grande vision de jeu et son intelligence en tant que passeur, il sait également comment influencer la position de ses adversaires sur la glace et comment utiliser ses coéquipiers pour recevoir la rondelle dans les zones dangereuses.

Le Suédois a toutefois un certain travail à faire sur son coup de patin. Il est assez agile sur patin et peut très bien se tirer d’affaire dans les coins de patinoire avec d’habile pivot, mais sa vitesse en tant que telle est plutôt moyenne. Il gagnerait à faire de cela une priorité.

C’est un peu le même constat au niveau de son éthique de travail. Il n’est pas paresseux sur la patinoire, il se présente dans les coins ainsi que devant le filet, mais il le fait sans intention réelle de compétitionner et de batailler ardemment. J’aimerais le voir jouer avec plus de hargne.

Ce qui est très intéressant dans le cas de Unger-Sorum et qui me permet de l’insérer à une telle position, c’est qu’en conjonction avec sa très forte progression en deuxième moitié de saison, il est le joueur le plus jeune de ce repêchage ! En fait, il n’était qu’à une seule journée d’être du repêchage de 2024 ! J’ai l’impression qu’il pourrait avoir énormément de progression en lui encore. Basé sur ses points forts, j’aurais pu le placer encore plus haut de plusieurs rangs, par contre, mon échantillonnage sur lui est tout de même assez limité comparer aux autres joueurs, et surtout, il a été condensé en une courte période de temps, ce qui nous influence parfois à prendre de mauvaises décisions, car nous n’avons pas un portrait global de la saison du joueur.

Nombres de matchs regardés : 11

32. Jayden Perron

Jayden Perron est un diminutif attaquant canadien de 5’09 évoluant dans la USHL avec le Steel de Chicago.

Possédant, à mes yeux, l’un des IQ offensif des mieux nantis de tout le repêchage, c’est à travers ses talents de fabricants de jeux que l’on peut le plus facilement en faire la constatation.

C’est une combinaison de qualités qui fait en sorte que Perron excelle dans cette facette, au sommet, la reconnaissance spatiale de ses coéquipiers sur la glace ainsi que sa vivacité d’esprit.

Il arrive à trouver ses coéquipiers près du filet avec constance, et ce, peu importe où il se situe sur la patinoire. Une séquence a parfaitement illustré la vitesse à laquelle Perron prend de l’information et exécute ses jeux : il récupère un retour de lancer sur son revers et il est légèrement de dos au gardien adverse, d’une seule motion, il effectue un spinorama pour terminer sur son coup droit et passe à un coéquipier de l’autre côté pour un but facile.

Ce qui est curieux, c’est que lorsque l’on fait l’éloge des marqueurs de buts, certaines des qualités mentionnées peuvent également s’appliquer aux fabricants de jeux, et vice-versa. Dans ce cas-ci, c’est de voir à quel point il n’a pas besoin d’un gros espace et de beaucoup de temps pour concrétiser ce qu’il veut faire. Exemple, certains tireurs vont attendre trop longtemps avant de décocher leur tir et l’espace va se refermer devant eux. Lorsque Perron va ouvrir une ligne de passe en attirant un joueur sur lui, il n’a pas besoin d’attendre que le défenseur soit trop compromit sur lui avant de passer la rondelle, dès le moment que son coéquipier est libre, la rondelle est sur son bâton. Les bons marqueurs n’ont besoin que d’une fraction de seconde, et on peut en dire autant des bons passeurs. De nos jours, les systèmes défensifs sont tellement étroits que tu ne peux pas attendre trop longtemps dans une telle situation (attirer un défenseur sur toi pour libérer un coéquipier), car un autre joueur va immédiatement venir couvrir son coéquipier et venir refermer l’espace sur l’option de passe.

Une technicalité qui démontre de l’intelligence d’un bon fabricant de jeux est ce qu’on appelle des ‘Off-Look’, c’est-à-dire regarder une option de passe dans une direction pour finalement passer à un joueur se retrouvant hors de son champ de vue. C’est un aspect que non seulement on retrouve dans le jeu de l’attaquant du Steel de Chicago, mais il en fait la démonstration à un niveau très avancé et de manière très créative. Une séquence en particulier m’a beaucoup impressionné, Perron s’est habilement défait d’un joueur derrière le filet avec un pivot, en remontant le long de la bande, il n’avait que deux options de passes ; les deux défenseurs à la pointe. Il a regardé celui en haut de lui, mais y est allé d’une passe en diagonale à l’autre défenseur qui s’est avancé dans le centre de la zone offensive et qui a pu bénéficier d’un bon tir du haut de l’enclave.

Perron est également un excellent fabricant de jeux ‘Off the Rush’ (lors des contre-attaques).  Il va subtilement influencer la position du défenseur avec la route qu’il va choisir et ainsi donner plus d’espace à son coéquipier. On aura la chance d’en reparler un peu plus tard.

Dans la zone offensive, l’intelligence du natif de Winnipeg est pleinement étalée. Je serais prêt à débattre que sa compréhension des espaces libres est sans égal dans le repêchage, aidé par son agilité, la qualité de ses mains, la rapidité de son cerveau et de sa vision de passeur, il peut très bien exploiter lui-même ces espaces comme il peut passer la rondelle dans ces endroits.

Il est aussi très patient avec la rondelle, ne précipitant jamais ses jeux. On voit dans ces circonstances à quel point il s’adapte rapidement, il a un jeu en tête, mais un défenseur vient couper la ligne de passe, il ne cède pas à la pression, demeure en mouvement en driblant la rondelle et continue d’évaluer ses options.

Sans la rondelle, on observe également une compréhension avancée du jeu, il est toujours au bon endroit au bon moment, offrant un excellent support à ses coéquipiers comme bouée de secours et est constamment en mouvement pour s’offrir comme option de tireur.

Perron est un manieur de rondelle de très haut niveau, il peut naviguer dans la circulation lourde aisément. Il est très agile avec son corps, pouvant utiliser des spinorama entre deux joueurs qui viennent fermer l’espace sur lui.

Pour un petit joueur, Perron n’a pas la vitesse élite qui est optimale pour des joueurs de ce gabarit, ceci étant dit, il démontre plusieurs qualités à l’intérieur de son patin.

Quelque chose de particulier avec lui c’est qu’il parvient à gagner en vitesse alors qu’il passe de croisée vers l’intérieur à des croisées vers l’extérieur. Ça le rend dangereux, car le défenseur qui patine de reculons doit composer avec un changement de direction ET une soudaine accélération. En plus, en effectuant ce changement de vitesse vers l’extérieur, Perron demeure sur son coup droit et n’a pas à composer avec la rondelle sur son revers alors qu’il est à pleine vitesse, il peut donc avoir la rondelle en avant de lui pour réaliser des jeux sur son coup droit et c’est aussi plus facile de se créer de la distance pour éviter de se faire harponner par le défenseur.

Il excelle d’ailleurs à ce jeu spécifique pour vendre sa direction aux défenseurs en exagérant sa posture vers l’intérieur avant d’exploser vers l’extérieur. Il garde vraiment les défenseurs sur leurs talons et ce jeu permet d’ouvrir des lignes de passes pour ses coéquipiers qui foncent au centre.

C’est avec ce genre de jeu qu’il compense son manque de vitesse élite, en changeant constamment ses trajectoires ainsi que ses vitesses. On peut pleinement apprécier son intelligence lorsqu’il exécute ces jeux et qu’on peut le voir faire bouger à sa guise son opposition, observer et repérer ses coéquipiers lorsqu’une ouverture se crée.

Cela fait de lui une bonne option en transition, mais son impact dans cette facette ne se limite pas uniquement à cela. Il a aussi le maniement de rondelle et la confiance pour se frayer un chemin à travers deux joueurs. La qualité de ses passes en transition représente également un facilitateur pour son équipe étant capable d’atteindre des coéquipiers même avec des passes du revers en diagonale alors qu’il est en mouvement. Il est très impressionnant à voir.

Jusqu’ici, tout semble graviter autour des talents de fabricants de jeux Perron, mais il est aussi un adepte tireur. Son lancer des poignets est très dangereux, il a cette capacité où tu peux anticiper son tir, te placer dans la ligne et t’agenouiller pour le bloquer, mais il va habilement retarder son lancer et changer son angle de tir pour parvenir à atteindre le filet. À plusieurs reprises il a fait la démonstration de cette habileté pendant la saison et pour ajouter à cela, la dégaine sur son lancer est vive.

Sur le plan de vue défensif, Perron se démarque bien également. Il fait de très bonnes lectures de jeux et démontre un solide sens de l’anticipation. Son jeu sans la rondelle était déjà excellent offensivement (support à ses coéquipiers), mais il démontre les mêmes qualités dans les deux autres zones. Il sait quelle est la meilleure option pour ses adversaires et il parvient à les ‘tromper’ en se compromettant juste suffisamment pour leur laisser croire une opportunité et à la dernière seconde, il leur coupe l’option de passe.

Son implication aussi est bonne, il va se replier fort et terminer ses mises en échec le long des bandes régulièrement. Il n’a pas peur d’accepter une mise en échec dans sa zone lorsqu’il s’empare d’une rondelle.

En guise de conclusion, je crois fortement que Jayden Perron est un talent top 20 dans ce repêchage, ceci étant dit, son gabarit le prévient de sortir aussi tôt que cela. Sa production cette année fut un petit peu inquiétante, même si lors des matchs il jouait très bien, un joueur de ce calibre et de ce physique se doit de mettre beaucoup de points au tableau pour s’assurer d’une sélection en première ronde.

Nombres de matchs regardés : 20

Voici, en ordre alphabétique (nom de famille), quelques joueurs hors de mon top 32. Certains de ces joueurs représentent des paris que j’aime bien, d’autres sont des joueurs que l’on retrouve à l’intérieur d’autres top 32 et pour qui je ne prêtre pas d’appréciation particulière.

Gavin Brindley

Gavin Brindley est un américain de petit gabarit qui a passé la plus récente saison avec les puissants Wolverines de l’université du Michigan. Il a aussi porté les couleurs de son pays au Championnat du Monde Junior où il aura gagné beaucoup de traction dans les classements grâce à son dévouement pour l’équipe.

C’est ce qui fait de lui un espoir convoité et fortement apprécié par certains. Son style de jeu taillé pour les professionnels et son éthique de travail. C’est un joueur qui exécute bien les petits détails et qui ne déloge pas du système implanté par son entraîneur, lui méritant de grosses responsabilités défensives, que ce soit en désavantage numérique ou lors des fins de matchs pour protéger une avance.

Il joue avec énormément d’intensité et n’abdiquera jamais. Vous ne pouvez pas prendre 2 secondes de répit si vous croyez l’avoir battu, il va rapidement revenir sur vous pour chercher de vous subtiliser la rondelle.

Il est très bon sur les désavantages numériques. Il est très alerte, demeure en mouvement et réagit à chaque mouvement de rondelle.

Son implication défensive est aussi amplifiée par la qualité de son coup de patin. Il possède une très bonne vitesse, couplé à un moteur qui ne cesse jamais. Cela en fait une recette gagnante pour avoir un joueur qui est toujours au bon endroit au bon moment.

En conjonction avec son patin, ses lectures de jeu sont très bonnes, ce qui fait en sorte qu’il repère les bons moments pour sauter sur une rondelle libre ou pour couvrir un défenseur.

Sur le plan offensif, il se sert de sa vitesse et de son style de jeu explosif et téméraire pour amener des rondelles au filet.

Il se caractérise d’abord et avant tout comme un joueur d’énergie, mais il y existe quand même une certaine substance en lui offensivement.

Il possède un bon tir des poignets et il est très bon pour se démarquer dans le haut de l’enclave.

Sans être nécessairement créatif, il possède un certain flair et peut faire preuve de patience pour alimenter ses coéquipiers.

On a un exemple ici, Brindley a la rondelle à la ligne des buts et deux de ses coéquipiers sont à l’embouchure du filet ou dans l’enclave. Beaucoup d’espoirs auraient forcé une passe à l’un d’eux.

À la place, Brindley a conservé la rondelle, s’est déplacé en remontant le long du cercle, a donné du temps à un coéquipier de se libérer de l’autre côté et l’a rejoint d’une belle passe transversale qui a mené à un but.

Son style de jeu se prête très bien à la ligue nationale et très peu de risques se rattachent à sa projection. Le problème c’est qu’on parle d’un joueur d’énergie de 5’9. Même s’il joue plus gros que son gabarit l’indique et qu’il n’a pas froid aux yeux, ça arrive régulièrement que des adversaires plus costauds peuvent le repousser facilement.

Il n’a jamais été un grand producteur de points aussi. Il a terminé la saison avec 38 pts en 41 parties, ce qui est excellent pour un joueur de première année en NCAA ! Il faut toutefois contextualiser qu’il jouait pour une puissance offensive. La saison précédente c’était 51 pts en 66 matchs en USHL.

Nombres de matchs visionnés : 8

Andrew Cristall

Cristall est fort probablement l’une des plus grandes énigmes de toute la cuvée 2023. Figurant à l’intérieur de plusieurs top 5 tout au cours de la saison, il fut aussi classé vers la fin de la première ronde par un nombre équivalent d’intervenants. Si son talent ne laisse personne perplexe, son efficacité sur la patinoire, elle, en laisse plutôt plusieurs incertains.

Cristall est d’ailleurs et avant tout un joueur offensif qui préconise un style de jeu spectaculaire et ‘Fancy’. Son maniement de rondelle est excellent et rivalise aisément avec les meilleurs de ce repêchage. Cela dit, il est trop souvent tombé pour moi dans la catégorie des joueurs qui amènent des flashs, mais qui manquent de substance. Je lui décèle un certain manque de maturité à cet escient alors qu’il sert à faire l’étalage de toutes ses habilités, sans nécessairement choisir les moments opportuns.

Ça arrive régulièrement de voir Cristall appâter le premier joueur vers lui et réussi à le battre d’une feinte, le problème est qu’il va directement patiner dans le 2e joueur et perdre la rondelle. Malgré que son maniement de rondelle soit excellent, souvent ses jeux ne se concrétisent en rien.

Souvent à l’intérieur d’une qualité, on peut observer d’autres attributs du joueur qui viennent travailler en conjonction avec l’atout primaire. Dans le cas de Cristall, je n’ai pas vu souvent à l’intérieur de son maniement de rondelle une capacité d’adaptation à la pression qui est surgie sur lui. La grande majorité du temps, il va tirer avantage des défenseurs juniors qui vont jouer la rondelle plutôt que le corps. Pour moi, il n’a pas l’explosion dans son coup de patin latéral pour éviter les gros défenseurs dans la LNH qui vont jouer le corps et chercher à lui causer de l’obstruction légale.

Lorsque je parle d’inefficacité et de revirements à profusion, en voici un exemple : En prolongation, Kelowna bénéficie d’un avantage numérique (4 contre 3), Cristall est au haut des cercles gauches avec la rondelle.

Il va chercher à feindre un lancer, changer son angle vers l’extérieur et marauder avec la rondelle, tout ça pour terminer cloué dans le coin de la bande par le défenseur.

Tout ça, alors qu’il avait tout l’espace et le temps au monde.

Les talents de fabricants de jeux de Cristall sont souvent vendus comme étant l’attrait principal de son jeu offensif, ce n’est pourtant pas ce que j’ai observé au fil de la saison.

Il démontre bien entendu une bonne vision de jeu et est capable d’orchestrer certaines belles séquences offensives, mais pour moi, la fréquence de ces jeux ne parvient pas à pallier le nombre de revirements qu’il commet.

Il se montre dangereux lors des avantages numériques lorsqu’il se déplace en possession de la rondelle puisqu’il peut tirer de n’importe où, il attire la couverture défensive sur lui.

Similaire à ce qui ressortait avec son maniement de rondelle, Cristall a parfois de la difficulté à bien évaluer quand la pression se referme sur ses options de passes, c’est arrivé à maintes reprises de le voir passer à un coéquipier qu’il croyait être seul pour finalement voir que ce n’était pas le cas.

Je le trouve personnellement plus dangereux en tant que tireur. Son tir des poignets est assez impressionnant. La rondelle atteint la cible avec beaucoup de vélocité.

La qualité de ses mains ressort beaucoup dans sa façon d’utiliser son tir, il est capable d’élever la rondelle du revers, même étant très près du gardien. Ça demeure cependant lorsqu’il gagne le centre de la patinoire qu’il est à son plus dangereux. C’est principalement lors des avantages numériques qu’il va pouvoir tirer profit d’une défensive adverse statique, on le voit transpirer la confiance et défier ses adversaires. Il a le maniement de rondelle ainsi que les options de passes à sa disposition pour vendre ses intentions à ses adversaires et c’est pourquoi il est aussi dangereux.

Malheureusement, Cristall évoluait à gauche sur l’avantage numérique, étant lui-même un gaucher, il n’avait pas le luxe de pouvoir gagner le centre de la zone offensive sur son coup droit. Il a toutefois développé une sorte de tir qui lui est propre, alors qu’il va vendre le tir des poignets du côté gauche, pour ensuite changer l’angle vers l’extérieur, effectuer un pas de côté et décocher un tir en s’étant dégagé du défenseur. Ce qui est impressionnant est à quel point le tir est de qualité malgré le fait qu’il est loin d’être dans une position corporelle idéale pour effectuer un tel lancer. L’équilibre sur patin de Cristall est tout de même impressionnant.

Il utilise assez régulièrement ce genre de tir, le problème est que même si c’est impressionnant, il change son angle pour aller vers l’extérieur plutôt que pour attaquer l’intérieur et aussi, dans la même veine de penser qu’avec ses mains, lorsque cela fonctionne, c’est qu’il tire avantage d’un gardien de but junior qui trichait. Je doute fortement que cela fonctionne en LNH.

Les prises de décisions de Cristall semblent être une constante qui ressort à l’intérieur de chacune de ses habilités individuelles. Ça m’est arrivé à plusieurs reprises de me gratter la tête en voyant certains de ses jeux, sans compter les petites erreurs d’exécution ici et là sur certains jeux banals.

Il est le cas typique d’un joueur qui essaie d’en faire trop et qui gère mal ses risques, par exemple, passer devant son filet avec la rondelle alors qu’il a déjà un joueur à sa poursuite. Il joue de façon assez individuelle.

Une chose qui refait constamment surface aussi avec Cristall est qu’il a constamment besoin de ralentir le jeu lorsqu’il gagne la zone offensive. Cela occasionne certaines inquiétudes à savoir s’il peut être aussi bon offensivement lorsque le jeu s’effectue à un rythme élevé. De plus, il n’a pas la force physique pour protéger la rondelle et il n’a pas la force d’accélération pour attirer un joueur dans une direction et exploser dans une autre.

Non seulement Cristall doit ralentir le jeu, il a aussi la fâcheuse manie de constamment tourner dos au jeu alors qu’il a la rondelle. Il fait ce genre de jeu pour évaluer s’il n’a pas des options qui se présentent en 2e vague, mais le nombre de fois par lequel cela c’est traduit en revirement……

On a un exemple ici

(Cristall est en blanc au haut de l’écran, en possession de la rondelle) Le pire, c’est que tout juste avant, il avait le champ libre pour envoyer son coéquipier en échapper !

C’est un jeu qu’il effectue plusieurs fois par match !

Même dans la zone neutre lorsqu’il a la rondelle, l’autre équipe se replit défensivement et il doit ralentir le jeu, naviguer, dribler la rondelle, pour finalement faire une passe hors de portée à un coéquipier ou envoyer la rondelle dans un endroit libre alors que ses coéquipiers ont dû freiner leur course pour éviter le hors-jeu. Le pire, c’est que c’est arrivé à plusieurs reprises de voir Cristall faire ce genre de jeu et arrêter de patiner par la suite.

C’est d’ailleurs un aspect de son jeu dans lequel il a été très inconstant et qui soulève aussi des inquiétudes, son implication et son éthique de travail.

À son meilleur, il joue avec du chien, semble affamé, se replie et termine ses mises en échec. Mais d’autres soirs, son niveau d’effort est simplement épouvantable. Il est nulle part à trouver dans la zone défensive, triche offensivement et si on lui fait une passe qui est un petit peu hors de sa portée, il ne patine même pas pour partir en poursuite de la rondelle. Son jeu défensif est souvent inexistant.

Il n’a pas que défensivement que l’implication de Cristall laissa à désirer durant la saison, son désir d’engager le corps en fut également un.

Il y a un exemple ici : l’équipe adverse perd le contrôle du disque en zone neutre et un de ses coéquipiers va récupérer la rondelle. Cristall a le centre de la glace et il a une position avantageuse sur le défenseur. L’intérieur lui est concédé et il pourrait obtenir une très bonne chance de marquer.

À la place, il regarde tout de suite pour aller se placer de l’autre côté derrière le défenseur.

Il aurait pu compétitionner physiquement pour une chance, mais il ne l’a pas fait. Bien sûr, aller se blottir derrière le défenseur pour un 2 contre 1 n’était pas une mauvaise idée, cela fait même foi de la conscience du joueur par rapport à ses propres faiblesses (accélération et force physique), ce que moi-même je considère comme étant une qualité. Mais dans ce cas-ci, le jeu s’est refermé et il n’a jamais été une option de passe viable, et ce n’est qu’un exemple parmi tant d’autres de jeux similaires.

C’est très fréquent que lorsqu’il arrive dans le coin avec la rondelle, il se contente d’envoyer le disque vers le filet, faisant simplement perdre la possession pour son équipe.

Pour ce qui est de son coup de patin, Cristall se déplace bien dans l’ensemble, mais pour un joueur de son gabarit, il lui manque une vitesse de séparation.

Je n’aime pas vraiment le voir comme option en transition puisqu’il n’a pas cette vitesse nécessaire et aussi, car il ralentit trop souvent le jeu et joue de façon individualiste.

Cristall démontre une bonne agilité sur la glace, on le voit souvent employé la technique ’10-2’ où il patine talon-à-talon pour se faire de l’espace et pour masque ses intentions. Le problème est que dans le junior on lui concède plus d’espace qu’il en bénéficiera en LNH et il n’a pas la force physique pour protéger la rondelle avec son corps.

L’analyse pourra sembler assez cinglante pour certains, mais c’est à noter que je n’ai pas d’agenda personnel, je ne fais que partager ce que j’observe dans mes visionnements. J’en conviens que Cristall possède tout un talent et qu’il a définitivement la capacité de faire mal paraître ceux qui le classeront trop bas. Cela dit, en vertu de toutes les interrogations que j’ai sur son jeu, je me vois très mal recommander sa sélection à mon directeur général. Les défauts d’un joueur sont à prendre en considération, et dans le cas de Cristall, nous ne sommes pas à un seul critère à corriger pour faire foi de son éventuel succès dans la LNH ou non, il y a simplement trop de variable dans l’équation pour que je me permettre de le casser trop haut.

Nombres de matchs regardés : 28

Noah Dower-Nilsson

Noah Dower-Nilsson est un cas relativement complexe à évaluer. Il a dominé son circuit junior en Suède (moins de 20 ans) et a affiché des statistiques qui se comparent avantageusement avec d’autres récents choix de première ronde ayant évolué dans ce circuit lors de leur saison de repêchage. Il était l’un de mes favoris dans ce repêchage et je l’avais aussi haut qu’au 12e rang lors de la première moitié de saison ! Il est demeuré très bon dans ce circuit toute la saison, par contre, lorsque vint le temps de jouer face à une meilleure compétition (c’est-à-dire les tournois internationaux contre les meilleurs de son âge), on n’observait que quelques bribes de tout son talent et son implication se mit à faire défaut. Depuis quelques saisons, je suis en vendetta contre le circuit J20 en Suède, qui est, pour moi, bien inférieur à la MHL en Russie. Ça fait quelques saisons que je me fais prendre à vraiment aimer un joueur dans ce circuit pour ensuite l’observer échouer à reproduire ses prouesses dans un calibre supérieur. Le meilleur exemple est Oskar Olausson. Je l’avais dans mon top 5 dans la première moitié de saison en 2021, et c’est d’ailleurs quelque chose qui était partagé par de multiples recruteurs LNH ! Faut dire que dans son cas, il avait aussi démontré de superbes choses en SHL, donc ce n’était pas un produit uniquement de la J20, mais tout de même. Dans une certaine mesure, Alexander Suzdalev l’an dernier avait présenté le même narratif que Dower-Nilsson, il avait l’air d’un talent sensationnel en J20, mais ne parvenait qu’à démontrer quelques minces flashs en tournoi international que contre des équipes faibles comme la Suisse.

Ce qui m’a le plus plu dans le cas de Dower-Nilsson, c’est qu’il présente un ‘package’ d’habiletés offensives complet, et l’on repère une tonne de nuances à l’intérieur de chacune de ses habiletés. Le meilleur exemple de cela, c’est au niveau de ses talents de fabricants de jeux. Il possède tous les éléments que l’on retrouve chez les excellents playmaker.

En tête de liste, le jeune Suédois est excellent pour passer la rondelle à travers la boite défensive adverse. C’est une habileté que l’on doit retrouver chez tout bon fabricant de jeux. Pour mener à des chances de marquer, tu dois forcer le gardien à se déplacer. Dower-Nilsson y excelle, car il trompe ses adversaires avec sa posture qui demeure alignée avec le filet adverse, comme si son intention était de tirer. Il ne laisse pas entrevoir la possibilité d’effectuer une passe. Le nombre de passes de la sorte qu’il a pu compléter cette saison est vraiment impressionnant. Il a aussi présenté un bon taux de succès pour rejoindre des coéquipiers dans l’enclave, et même dans des positions moins qu’évidentes, exemple, du long de la bande.

Ensuite, sa prise d’information se fait excessivement rapidement. Dès lors d’une récupération de rondelle, il peut rejoindre un coéquipier dans un endroit dangereux, ou encore pour envoyer l’un de ses coéquipiers en échappé si cela ce fait en zone défensive ou neutre. Même si la passe n’est pas sa première option, il a la vivacité d’esprit pour adapter sa sélection de jeu à la dernière seconde. Exemple, il descend au cercle gauche pour décocher un lancer des poignets, la rondelle bondit et il fend l’air, sans aucune panique, il récupère la rondelle, lève la tête et repère un coéquipier à l’embouchure du filet.

On a aussi un excellent exemple ici. Il reçoit une rondelle au cercle gauche et a déjà repéré un coéquipier qui se dirige dans l’enclave. Sa décision est prise AVANT qu’il touche au disque. (Dower-Nilsson est en blanc à la gauche tout à fait)

Déjà que le traitement d’information est très impressionnant, l’exécution sur cette passe est spectaculaire. Il y va d’une passe sur réception alors qu’il n’est pas sur côté fort, et pour rajouter, il le fait alors qu’il patine de reculons, à contresens.

Dans sa capacité à prendre des décisions rapidement, on observe aussi plusieurs passes courtes de qualité qui démontrent une bonne intelligence offensive, minimisant le risque de revirements tout en faisant progresser le jeu.

Étant un joueur très habile offensivement, il parvient à rejoindre des coéquipiers de plusieurs façons impressionnantes. Même en contre-attaque, il peut lancer des passes de la largeur de la patinoire au complet alors qu’il est à pleine vitesse. Il peut aussi profiter de son talent pour exploiter sa créativité, je l’ai vu lors de certaines séquences attirer deux joueurs sur lui derrière le filet et permettre à un coéquipier de se libérer dans l’enclave avant de lui remettre le disque.

Son maniement de rondelle est excellent. Il possède une très bonne paire de mains qui lui ont permis de sortir plusieurs des plus belles feintes que j’ai vues cette saison. Il joue avec beaucoup d’audace et aime confronter les défenseurs. Généralement, lorsqu’il réalise une feinte, une intention concrète se cache derrière. Il ne tombe pas dans le piège de réaliser des jeux spectaculaires, mais qui ne mènent à rien, il cherche à attaquer le centre de la patinoire. Il démontre aussi des signes d’intelligence avec son placement de rondelle à l’intérieur de ses feintes, s’assurant qu’elle demeure près de sa base de patin pour qu’elle soit difficile d’atteinte pour les défenseurs. Il intègre bien son maniement de rondelle à l’intérieur de sa protection de rondelle.

C’est un aspect sous-estimé de son jeu, en partie aussi, car il ne se repose pas assez dessus, mais Dower-Nilsson possède un bon lancer. Son tir des poignets est lourd et gagne rapidement en élévation, devenant difficile pour les gardiens à maîtriser. Il n’a pas décoché beaucoup de tirs sur réception, mais lorsqu’il le fit, je suis resté étonné.

Là où les interrogations surgissent avec le joueur de Frolunda, c’est, pour débuter, avec son patin.

Il n’est pas le patineur le plus rapide. Sa force d’accélération, et à l’occasion, son équilibre sur glace font défaut. Pour le moment, il est listé à 6’0 et 183 lbs, ce qui laisse entrevoir, si on est optimiste, une amélioration sur sa vitesse en ajoutant de la masse musculaire ainsi que de la force.

Il démontre tout de même une conscience de ses limites. Il ne va pas tenter de déborder les défenseurs par l’extérieur. Et il sait exploiter ce qu’on lui concède sur la glace.

Il est assez habile sur patin et navigue très bien au travers de la circulation lourde. Ses changements de direction devant les défenseurs sont très bons alors qu’il intègre à merveille son maniement de rondelle et bouge les épaules simultanément.

Ma plus grosse inquiétude est par rapport au ‘pace’ auquel il joue. Lors des tournois internationaux, il n’a pas été en mesure d’exploiter ses qualités à pleine capacité et l’une des raisons est qu’il ne bénéficiait pas de la même latitude d’exécution qu’en J20 en Suède.

Son patin a semblé plus lent à certains moments et ce fut en grande partie, car il semblait ne jouer avec aucun sentiment d’urgence quelconque.

Son intensité est quelque chose qui a été difficile à évaluer cette saison. Je l’ai vu démontrer d’excellentes habiletés à subtiliser le disque à ses adversaires lors de repli, même appliquer quelques bonnes mises en échec.

Mais à d’autres moments, il n’y avait aucun désir de compétition en lui. C’est d’ailleurs assez rare de le voir impliquer lors de batailles pour la rondelle le long de la rampe.

Il est le joueur qui a le plus descendu sur ma liste cette saison, mais malgré cela, une partie de moi n’a pas encore totalement lancé la serviette. Simplement que je ne le repêcherais pas aussi haut que je l’aurais fait en première moitié de saison. Il a démontré des flashs intéressants au U-18 et ça me donne espoir qu’il saura, avec le temps, étaler l’étendu de son talent contre une meilleure opposition. Personnellement, je chercherais à le faire venir en sol Canadien dès l’an prochain. Il a dominé le circuit des moins de 20 ans, et je ne le crois pas prêt à affronter la rigueur de la SHL, majoritairement à cause du manque de ‘pace’ dans son jeu. S’il joint les rangs de la LCH, il aurait l’occasion de travailler sur ses plus grandes faiblesses qui sont ce dernier aspect, ainsi que son implication le long des rampes. La transition a bien servi à son compatriote Alexander Suzdalev cette saison. Je crois que Dower-Nilsson pourrait n’avoir besoin que de plus de temps pour se développer, demeurant tout de même un beau projet à mettre la main dessus.

Nombres de matchs regardés : 30

Mikhail Gulyayev



Gulyayev est un défenseur russe gaucher de 5’10 et 170 lbs. Il a affiché de très belles statistiques en MHL, terminant la campagne avec plus d’un pts par match ! (25 pts en 22 matchs. 2 buts et 23 mentions d’aide). Il a aussi disputé un total de 25 matchs dans les rangs professionnels (12 en VHL ainsi que 13 en KHL).

C’est d’abord et avant tout un défenseur qui a de bons attributs offensifs. C’est surtout son intelligence offensive qui lui permet de se distinguer dans la zone adverse. C’est un joueur qui analyse le jeu d’une manière proactive et qui reconnait les bonnes opportunités de sauter dans la mêlée. Il est très opportuniste dans sa sélection de moments pour quitter sa position, grâce à une bonne reconnaissance de son environnement. Il est très sournois dans sa façon de descendre plus bas que le cercle des mises aux jeux en zone offensive pour s’offrir comme cible de passe pour un tir sur réception.

C’est un défenseur qui fait très bien circuler la rondelle. En fait, il est assurément l’un des meilleurs défenseurs dans cette catégorie pour le repêchage de 2023. Je crois même assez fermement qu’il est meilleur dans cette facette qu’Axel Sandin-Pelikka. Il est plus rapide dans sa prise de décision ainsi que dans son exécution et il est également meilleur pour masquer ses intentions. C’est un passeur intelligent, vous ne le verrez pas commettre de revirements, et ce, dans les trois zones.

Ce n’est pas un défenseur avec un gros tir, par contre, il décoche un bon volume de tir ce qui rend son jeu offensif plus diversifié. Il a une certaine valeur dans ce département puisque la très forte majorité de ses lancers atteignent la cible. Il est très bon pour ouvrir des lignes de tir. Il est aussi très habile à envoyer des tirs à ras la glace afin que ses coéquipiers puissent dévier la rondelle.

Son coup de patin a été un aspect que j’ai eu certaines difficultés à évaluer adéquatement pendant la saison. Sa vitesse a semblé progresser à plusieurs reprises dans la saison, ce qui m’a fait changer le grade que je lui accorde à plus d’une reprise. Je dirais en date d’aujourd’hui qu’il est probablement un tantinet supérieur à la moyenne. Évidemment, pour un défenseur de ce gabarit j’aimerais le voir plus rapide, mais globalement, il se sert bien de ses habilités des patins dans plusieurs sphères. C’est un défenseur qui est très à l’aise à se défaire de la pression dans sa propre zone.

Son accélération est très acceptable quant à elle. C’est surtout dans les courses de plus courtes distances qu’on peut observer l’utilité de son patin. Il est généralement très bon pour sauter sur les rondelles libres, ce qui est essentiel à tout défenseur. Il le fait également en zone offensive alors qu’il se montre très assertif dans ses ‘Pinchs’.

Étonnamment, pour un petit défenseur mobile, ce n’est pas nécessairement le genre de joueur qui va patrouiller la ligne bleue de long en large et qui va se déplacer beaucoup en territoire offensif avec la rondelle.

Sa vitesse renouvelée en deuxième moitié de saison a grandement accentué son jeu en transition alors qu’il peut désormais se montrer dangereux en transport de rondelle. Il démontre aussi de la confiance en lui ainsi qu’une certaine audace dans ces situations. Il ne se contente pas de ne passer que par l’extérieur, il utilise le centre de la patinoire et ne craint pas de défier ses adversaires.

Son jeu en relance se montrait déjà assez solide dans l’ensemble. Il choisit majoritairement les bonnes options de passes et il parvient à effectuer certaines relances d’un bon coefficient de difficulté. Mais en général, il priorise surtout les passes courtes.

Défensivement, il apporte une certaine valeur assez surprenante. Il a un bon bâton ainsi qu’un bon sens de l’anticipation (surtout en zone neutre). Mais c’est surtout par un jeu agressif qu’il représente un facteur positif pour son club. Il ne craint pas d’aller défendre le devant de son filet. Évidemment, il ne pourra pas supplanter ses adversaires de force compte tenu des limites de son gabarit, mais il connaît les limites de son corps et va plutôt se concentrer à neutraliser le bâton de ses adversaires. Il a aussi le dévouement pour son club où il va jouer de façon sans peur pour aller récupérer des rondelles dans le coin, même si un joueur plus gros arrive pour le frapper, il ne ralentira pas. Il ferme aussi ses gaps agressivement et c’est le même constat qu’on va réaliser lorsqu’il aura à couper des lignes de passes, là où il n’hésitera pas à s’étendre de tout son long pour bloquer la passe, jeu où il trouve du succès plus souvent qu’autrement.

Il démontre aussi certaines qualités athlétiques et une vivacité d’esprit lors de situation à un contre un en défense où un joueur tente de le déjouer en lui passant la rondelle entre les patins. Plutôt que de laisser la rondelle entre ses pieds et ensuite se retourner pour rattraper le joueur, il va simplement venir fermer l’ouverture en ramenant l’un de ses patins vers le centre pour bloquer la rondelle. Il démontre une certaine sournoiserie défensive.

Il est assertif sur la glace et joue sans aucune hésitation. Il joue avec intention. Il a aussi commencé à démontrer au fil de la saison un certain caractère où il n’hésitait pas à répliquer à ses adversaires et à chercher le trouble un peu après les sifflets.

Avec son expérience dans le calibre professionnel en Russie, je me demande quel genre de performance il aurait offert avec la Russie au WJC…  (je crois qu’il se serait taillé une place dans la formation). Il n’est pas fou de croire qu’il aurait pu livrer des performances similaires à celles de Sandin-Pelikka. Sa popularité sur les réseaux sociaux aurait probablement explosé à la suite de ce tournoi.

Il est un peu difficile à projeter puisque quand je le regarde, il est majoritairement un facteur positif sur la glace pour son équipe et qu’il prend un nombre impressionnant de bonnes décisions sur la glace. Pour moi son apport sur la patinoire est supérieur à la somme de ses attributs.

Par contre, ça demeure un défenseur de petit format qui n’a pas de qualité élite dans son jeu et c’est difficile de projeter ce genre de joueur assez haut dans un alignement.

Nombres de matchs regardés : 15

Kasper Halttunen :

Halttunen est un ailier Finlandais imposant de 6’03. Suite à de très bonnes prestations sur la scène internationale l’an dernier, il a entrepris la saison comme étant un fort prétendant au top 15, voire top 10 de ce repêchage. Sa saison ne se déroula pas comme prévu et cela a eu pour résultat de le voir sortir de la majeure partie des top 32. Halttunen demeure tout de même un projet intéressant et pourrait se réinventer pour parvenir à aider une formation dans un rôle différent qu’on l’anticipait en début de saison.

Sans dire que c’est son pain et son beurre, la qualité du tir du gros Finlandais est remarquable et est aisément son principal atout. Son tir des poignets est excessivement lourd et il possède également une bonne précision, il peut battre les gardiens du côté éloigné avec une facilité déconcertante. Son tir sur réception est également d’une violence inouïe.

Plusieurs choses font de lui un bon tireur, l’une de celles-ci est sa capacité à prendre des tirs en position difficile. Une séquence m’a fortement impressionné à ce sujet. Halttunen, un droitier rentre du côté droit, sans la rondelle. Il est en pleine accélération pour rattraper son joueur de centre qui pénétrait dans le territoire offensif. Ce dernier lui remet le disque, mais la rondelle est un peu derrière Halttunen plutôt que d’être directement sur sa palette ou légèrement à l’avant. Il était un peu en position précaire et a dû ajuster la position de son bâton.

En une seule motion, il a été en mesure de réceptionner la rondelle et de décoche un tir vif des poignets sans dribles de la rondelle supplémentaire, et ce, à l’intérieur de sa cadence de patin.

Il possède un très haut niveau d’exécution sur ses lancers.

Une autre raison qui élève ses talents de tireurs c’est l’impressionnante diversité qu’il a dans son répertoire. Ses tirs du revers sont aussi très bons. À l’image de l’exemple qui a été démontré antérieurement, Halttunen est capable de prendre de très bons tirs du revers alors qu’il est en mouvement. Il le fait alors qu’il s’amène du côté gauche en penchant son épaule pour protéger la rondelle, tout en continuant à bouger ses pieds. Ce ne sera pas nécessairement des tirs qui vont battre les gardiens de façon nette en fonction de son emplacement sur la glace et de son angle d’attaque, mais un lancer du revers, c’est toujours imprévisible et difficile à lire pour les gardiens. Halttunen parvient à avoir une très bonne vélocité ainsi qu’une bonne élévation sur ces lancers. Ce sont des tirs sournois que les gardiens ont beaucoup de difficulté à maîtriser et cela peut mener à des retours de lancer dans des zones dangereuses.

À l’intérieur de ce genre de jeu, on observe chez le Finlandais un très bon jeu en protection de rondelle.

Il a aussi développé une technique propre à lui où lorsqu’il rentre du côté droit, il va engager l’épaule pour repousser son adversaire et pendant ce temps, il va ramener sa main droite (cette basse sur son bâton) vers sa main supérieure pour pouvoir prolonger sa portée et distancer la rondelle du défenseur.

Il est aussi très, très fort sur son bâton, il y met tout son poids, et même en Liiga, on observe des adversaires beaucoup plus âgés et matures physiquement que lui être incapables de le déloger du disque.

Il a aussi une bonne ténacité sur la rondelle, même après avoir chuté sur la glace le long de la rampe, il chercher par tous les moyens à protéger la rondelle ou à s’en emparer.

Son maniement de rondelle représente également un outil plus qu’intéressant chez Halttunen. Il peut sortir des feintes très impressionnantes, et un grand nombre de celles que j’ai vues ont été réalisées en espaces restreints.

Quelque chose qui rend son maniement de rondelle attrayant c’est qu’il a la possibilité de se servir de son gabarit par la suite pour palier à son manque d’accélération pour créer subséquemment de la distance avec son adversaire. Il peut appâter un joueur alors qu’il est en position statique, le déculotter dans cette même position et ensuite se reposer sur sa protection de rondelle pour éviter de perdre le disque.

Il est aussi très bon pour effectuer des feintes après avoir vendu la menace d’un tir des poignets. Du moment que le défenseur étire son bâton pour faire dévier le tir ou qu’il se met à genoux pour le bloquer, Halttunen sort une magnifique feinte. Du coup qu’il t’a battu, tu ne peux pas regagner ta bataille contre lui, il est simplement trop gros et trop fort physiquement.

J’aime aussi chez lui son désir de compétitionner. Il complète un très grand nombre de ses mises en échec et joue avec un côté perturbateur sur la patinoire.

Il y a quelques endroits où les choses se corsent pour lui cependant.

En premier lieu, son coup de patin a fait défaut pour la majeure partie de la saison.

Sa vitesse de pointe est moyenne, au mieux. Heureusement pour lui, il a tout de même une agilité décente et peut effectuer des pivots efficaces dans les coins de patinoire ou derrière le filet. Mais la grosse question est : parviendra-t-il à survivre à un rythme plus élevé ? Car dans ses matchs en Liiga, il avait l’air d’un joueur en mode survie, et c’est loin d’être la ligue la plus rapide….

J’ai toutefois noté une amélioration d’envergure assez grande à ce sujet en fin de saison par contre.

Son intelligence offensive n’est pas des plus élevés aussi. Ses talents de fabricants de jeux sont presque inexistants, n’ayant pas un élément dans son jeu qui ressort dans cette facette.

Mon plus gros problème avec Halttunen cette saison, fut qu’il a préconisé un style de jeu qui reposait presque entièrement sur ses habilités de tireur. Il jouait comme un ‘Pure Sniper’ qui attendait patiemment au haut des cercles de recevoir une passe pour prendre un lancer. Il en possède un très bon, certes, mais son jeu serait plus contribuable à son équipe s’il se développait comme un joueur qui excelle aux environs de la ligne des buts ; il a les mains pour tricoter, ses pivots sont assez bons et il a le gabarit pour protéger la rondelle. De ce que j’ai observé cette saison, Halttunen a besoin de toucher à la rondelle souvent pour gagner en confiance à l’intérieur d’un match. C’est en jouant dans ces emplacements qu’il pourrait avoir plus de temps de possession de rondelle, plutôt que d’attendre pour une opportunité de tir.

Ses droits au Hockey Junior Canadien appartiennent aux Knights de London et des rumeurs émanaient comme quoi il contemplait l’idée de venir jouer au Canada après les fêtes s’il n’était pas satisfait de son temps de glace en Liiga. C’était une transition que j’envisageais fortement. Après tout, j’avais regardé plusieurs matchs en Liiga où il ne semblait tout simplement pas de calibre. Il a décidé de demeurer dans sa Finlande natale, et j’étais prêt à lancer la serviette, mais j’ai pu observer une lueur d’espoir.

Parfois, le coffre à outils des jeunes joueurs n’est pas aussi bon qu’ils ne le croient. Après avoir frappé un mur, ils doivent se réinventer, et pour ce faire, rien de mieux que d’aller évoluer dans un niveau supérieur. C’est ce que j’ai vu avec Halttunen, au lieu d’attendre pour recevoir ses passes, on le voyait désormais batailler pour chaque possession de rondelle. Il était aussi employé dans le ‘Bumper’ plutôt que haut à la hauteur des cercles, ce qui faisait en sorte qu’il devait être beaucoup plus actif pour se découvrir.

Je crois toujours qu’il aurait été préférable qu’il évolue en OHL, mais je crois qu’il est tout de même ressorti avec un apprentissage en Liiga qui va l’aider dans son développement, mais surtout dans sa quête à se forger une identité. Je doute qu’il puisse devenir un redoutable marqueur comme on l’espérait en début de saison, mais je ne serais pas surpris qu’il puisse se tailler un poste comme attaquant de puissance sur un 3e trio qui complète ses mises en échec.

Nombres de matchs regardés : 21

Riley Heidt

Riley Heidt est un joueur de centre hyper talentueux qui évolue pour les Cougars de Prince George. Il aura fait la pluie et le beau temps avec Koehn Ziemmer tout au long de la saison.

Son jeu offensif est principalement caractérisé par ses talents de fabricants de jeux.

Il est créatif, intelligent et il incarne à merveille l’expression de penser un coup à l’avance que ses adversaires. Une séquence a parfaitement illustré cette qualité alors que Heidt s’est emparé d’une rondelle dans le haut de l’enclave. Le gardien est sorti loin pour le défier, à la droite du gardien se trouve absolument personne, Heidt envoie quand même une passe dans cet espace libre, car l’un de ses coéquipiers était derrière le filet et  se dirigeait à cet endroit, il finit par rattraper la rondelle et obtenu une excellente chance de marquer à l’embouchure du filet.

L’autre aspect qui ressort le plus dans ses talents de passeur est sa capacité à compléter des passes à travers la boîte défensive adverse, lors des avantages numériques. Il est facilement l’un des meilleurs de tout ce repêchage pour réaliser ce genre de jeu. Pour parvenir à marquer des buts dans la LNH tu n’as pas le choix de faire déplacer le gardien de but, et avec ce genre de passe, Heidt excelle à créer des choses offensivement.

Il démontre aussi de bons éléments de tromperie avec ses passes, regardant une option dans le haut de l’enclave avant de remettre à un coéquipier au travers la peinture bleue réservée au gardien.

Heidt possède de très bonnes mains et il aime avoir la rondelle sur son bâton et dicter le jeu. Il navigue vraiment bien sur la patinoire et c’est fascinant de voir la facilité avec laquelle il parvient à passer au travers de deux joueurs en transition, ainsi qu’en entrée de territoire.

Il possède une très bonne vitesse ainsi qu’une excellente fluidité sur la patinoire lui permettant d’agrémenter son maniement de rondelle.

Ce fut intéressant cette saison de voir le duo Heidt et Ziemmer. La raison est qu’ils ont chacun leurs attributs qui leur sont propres (dans le cas de Ziemmer, marquer des buts, et Heidt, fabriquer des jeux), mais qu’ils démontrent tous deux des qualités surprenantes dans le département de l’autre. Ce qui m’amène à vous parler des talents de marqueur de Heidt.

Le meilleur mot pour en faire la description serait ‘sournois’. Sa dégaine sur réception est très, très vive. Les gardiens de la WHL connaissent très bien ses tendances à conserver la rondelle sur son bâton avant de faire un jeu, mais s’ils ont le malheur de tricher leur déplacement en anticipant une passe subséquente, la rondelle va rapidement atterrir dans le fond de leur filet.

Un aspect plus technique qui ajoute à sa capacité à surprendre les gardiens c’est sa grande mobilité thoracique. Il parvient à prendre des tirs frappés en se retournant alors qu’il est dans des positions inorthodoxes.

Pour revenir aux parallèles entre lui et Ziemmer, pour rajouter à l’ironie, les forces de l’un sont les faiblesses de l’autre. Dans ce cas-ci, c’est à propos du jeu physique. Si Ziemmer possède un gabarit assez massif et précautionne les mises en échec, Heidt est un peu plus frêle et n’a pas le même penchant pour ce genre de jeu.

En fait, pendant la saison Heidt à démonter un plus grand enclin à terminer ses mises en échec, le problème est surtout le fait qu’il évite à en recevoir. Pour un gars aussi à l’aise avec la rondelle sur son bâton dans la zone neutre et dans la zone offensive, il précipite ses jeux dans sa zone, car il craint de se faire frapper. Ça m’évoque un drapeau rouge quant à son désir de compétitionner.

Ce point connecte directement avec le jeu défensif du joueur de centre, qui, pour moi, est plutôt faible. Principalement dû à ce manque d’engagement physique, d’implication général et aussi dû au fait que ça lui arrive fréquemment d’être obnubilé par la rondelle dans de telles situations.

Lorsque l’on arrive à la projection du joueur, je me range du camp des pessimistes. Malgré qu’au niveau du talent pur, il se classe possiblement parmi les 15 premier de sa cuvée, je le trouve trop ‘Boom or Bust’ à mes yeux. Son faible jeu défensif et son refus d’accepter les mises en échec me font croire qu’il aura beaucoup de difficulté à s’établir comme joueur de centre dans la LNH, et j’ai beaucoup de difficulté à le voir comme ailier sur l’échec avant. De plus, c’est un joueur qui se tient beaucoup en périphérie dans la zone offensive.

Nombres de matchs regardés : 28

Mot de la fin : J’aimerais vous remercier d’avoir pris le temps de me lire. Même si je n’ai jamais la prétention de m’introduire comme un recruteur, c’est quelque chose qui me passionne profondément et sur quoi j’investis beaucoup (trop) de mon temps libre. C’est un domaine où les choses changent constamment au gré de la tendance du jour dans la LNH. Il est inévitable que nous allions faire notre lot d’erreurs, mais cela ne représente qu’une opportunité d’apprendre de celles-ci.

Vous pouvez me rejoindre à @19Simon19 sur Twitter, j’ai bien hâte de lire vos commentaires.

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