Classement repêchage LNH 2024, par Simon St-L.
C’est avec un immense soulagement que je peux enfin vous dévoiler le fruit d’un travail intensif et soutenu qui s’est étalé sur une période de 9 mois et demi. 32 joueurs seront présentés à l’intérieur d’un classement unique qui respecte ma vision des choses. Je retire énormément de fierté liée au travail que j’accomplis année après année et même si le temps que j’y consacre peut sembler inconcevable pour certains, c’est pour moi la seule façon envisageable de procéder. Lorsque quelque chose me passionne, il n’y a pas d’autres alternatives possibles pour moi que de faire les choses avec mon entière dévotion.
Pour tout le contenu du TSLH Espoirs (profil, listes de nos observateurs et rapports d’observation):
Section TSLH Espoirs
Cette saison, j’aurai même repoussé mes limites en m’imposant un nouveau défi qui aura été de monter des analyses vidéo sur les joueurs. C’était la suite logique pour vous permettre de voir les joueurs à partir de mes yeux. Au total, c’est 23 joueurs sur qui je me serai prêté à l’exercice d’analyser de cette nouvelle façon. Vous pouvez visionner par vous-même ces vidéos sur ma chaîne YouTube ici ;
https://www.youtube.com/@SimonSt-L-Scouting
Analyse de la cuvée 2024
Le repêchage de 2024 s’annonce des plus excitants pour l’unique raison que dès le 2e rang, il ne semble y avoir aucun consensus. Ce sont généralement les mêmes noms que l’on retrouve parmi les 11 à 14 premiers joueurs, mais l’ordre fluctue grandement.
- Pour ma part, je voue une affection certaine aux sept premiers joueurs sur ma liste. Je considère que les équipes ayant terminé aux bas-fonds de la ligue seront récompensées en mettant la main sur l’un de ses joueurs.
- De huit à onze, je considère ces espoirs comme étant de bons joueurs, par contre, ce sont des joueurs qui me laissent plutôt indifférent. Le joueur situé au dixième rang représente celui sur qui j’ai le plus peur de m’être trompé.
- Ensuite, je dirais que même si je ne considère pas cette cuvée si profonde, étrangement, je compte des joueurs que j’apprécie que l’on risque de retrouver à peu près à tous les points au cours des deux premières rondes.
- Il y a une chute substantielle par rapport à la qualité suite au 24e joueur.
Ce qui est difficile d’établir une liste, c’est de trouver le juste équilibre entre le rationnel et l’authenticité. Dans la vie, je suis quelqu’un d’idéaliste, et le repêchage, c’est ce qui me passionne. Donc, lorsque je me mets dans la peau d’un recruteur, je vois le repêchage comme l’opportunité rêvée de bâtir un club à mon image. On le voit présentement avec les séries éliminatoires, de grandes vedettes en saison régulière deviennent de non-facteur en séries et à l’opposé, des joueurs moins éclatants en saison valent soudainement leur pesant d’or en séries. Cela explique certains de mes rangs où, même si je concède que certains joueurs pourraient bien s’avérer productifs dans la LNH, je ne suis pas prêt pour autant à les vouloir dans mon alignement pour les séries. J’ai donc des joueurs classés favorablement qui vont peut-être, ultimement, s’arrêter à un 3e trio ou à un rôle de 4e défenseur, mais qui je sens qu’ils peuvent apporter une contribution unique.
Ces dernières années on m’a posé la question à savoir si j’avais des ‘Tiers’ d’établis à l’intérieur de ma liste. La réponse est : pas vraiment. Pourquoi ? Et bien, à un certain moment donné, tu dois pouvoir trancher. J’ai un peu de difficulté lorsque je vois des listes qui regroupent des strates d’une dizaine de joueurs pour un certain rang. Je n’aime pas vraiment le message que cela envoie. Si ton Directeur du Recrutement ou ton Directeur-Général te demande ton avis, tu ne peux pas simplement lui lancer une liste de dix noms et lui dire que ça revient du pareil au même. Et je reviens à ce que je disais plus tôt, je suis quelqu’un d’idéaliste dans la vie, alors j’aime ou je n’aime pas. Conséquemment, il y aura donc des joueurs pour qui je militerais fort, et d’autres pour qui ce serait l’inverse.
Pour être transparent, il y a quelques endroits sur ma liste où, effectivement, mes collègues recruteurs pourraient aisément me persuader de mettre un joueur plus haut ou plus bas sur ma liste. Les ‘Tiers’ pour moi, c’est plus un outil à utiliser au cours de la saison pour m’aider à départager entre certains joueurs. Il faut cependant faire attention à ne pas se confiner soi-même et à ce que ces délimitations deviennent trop rigide sur ta liste. Les joueurs peuvent facilement passer d’un Tier à l’autre lorsque l’on se questionne suffisamment.
Lorsque j’ai des Tier, cela dépasse rarement trois ou quatre joueurs. Plutôt que d’utiliser des Tier, je préfère voir les choses de manière plus fluide où il est plutôt question de Spectrum pour chaque joueur. Exemple, l’éventail de possibilité d’un joueur sur ma liste peut être de 14 à 16, mais je peux voir un joueur avec un potentiel similaire dans un spectre de 12 à 20 si pour sa part, les risques qui s’y rattachent sont plus grands. Cela peut vous semblez compliqué, ce à quoi je vous réponds : Bienvenue dans ma tête !
PS : J’ai ajouté le nombre de matchs visionnés sur chaque joueur, mais les matchs en compétition internationale où il y avait plusieurs joueurs à surveiller ne sont pas compilé parmi ces visionnements.
*** Un dernier petit mot : Je sais que la navigation à l’intérieur de ma liste peut être légèrement ardue puisqu’il s’agit de longue analyse, mais pour le moment, je préfère œuvrer ainsi. C’est un sujet qui me passionne énormément et j’ose espérer que ceux qui me lisent le sont tout autant que moi. Pour moi, c’est comme un cadeau de Noël que je déballe lorsque j’étais jeune. Je veux y aller petit racoin par petit racoin. Il y a toujours la possibilité d’utiliser la fonction ‘CTRL + F’ pour rechercher un joueur si vous voulez trouver un joueur en particulier. ***
- Macklin Celebrini
Macklin Celebrini est le plus récent prodige en provenance de North Vancouver. Il est devenu seulement le 4e joueur à remporter le prestigieux trophée Hobey-Baker en tant que Freshman, et du lot, il est le plus jeune à avoir réalisé l’exploit. J’ai eu le privilège d’observer Celebrini de près ces deux dernières saisons à différents calibres ; USHL, U-18, NCAA, WJC. Et il y avait trois certitudes à chaque fois qu’il chaussait la patinoire : Il allait être le joueur le plus talentueux, le plus intelligent et celui qui travaille le plus fort.
C’est un peu difficile de bien expliquer le jeu de Celebrini en décortiquant ses qualités une par une, car cela ne rend pas justice à l’ensemble de son jeu et ne donne pas un indicatif juste de ce à quoi ressemble une présence typique de ce phénomène. Mais, vous pouvez vous attendre, à ce qu’une présence régulière de lui ressemble à ; provoquer un revirement grâce à sa rapidité et son éthique de travail, ensuite aller couvrir la position d’un de ses coéquipiers, recevoir le disque, exécuter un jeu de très haut niveau pour préparer une chance de marquer et ensuite être le premier à se replier défensivement.
Son intelligence s’observe par la vitesse à laquelle il peut planifier une riposte suite à avoir intercepté une rondelle. Sa remise qui s’en suit est toujours bien calculée et du moment que la rondelle a quitté la lame de son bâton, ses pieds se mettent en mouvement et il se positionne dans un endroit propice à donner une porte de sortie à son coéquipier.
C’est d’ailleurs un autre point fort en ce qui trait de son intelligence : sa reconnaissance spatiale. Le support qu’il offre à ses coéquipiers est saisissant. Il représente toujours une bonne option de passe, et arrive souvent au moment opportun pour leur offrir une échappatoire.
Le porte-couleur des Terriers se caractérise d’abord et avant tout comme un joueur qui s’épanouit de par son dynamisme sur la glace. Il est le joueur qui joue au ‘Pace’ le plus élevé de tout le repêchage. En fait, probablement même des dernières années. Celebrini festoie lors des contre-attaques. Même si l’équipe adverse dresse un mur de 4 joueurs à la ligne bleue, il utilise sa vitesse pour passer à l’extérieur. Il n’a besoin que d’un coéquipier qui fonce au filet avec son bâton sur la patinoire et une chance de marquer vient de se matérialiser. Bien qu’il ne soit pas du genre à ralentir le jeu, cela ne fait pas de lui un joueur peu méthodique. C’est seulement qu’il aime découper les défensives adverses et les forcer à s’adapter à lui. Plutôt que d’étudier quelles ouvertures il y a sur la patinoire, il les crée grâce à son dynamisme.
Il est un puissant patineur qui atteint des vitesses de pointe impressionnantes, mais ce que j’aime le plus dans cet aspect est à quel point il est fort sur ses patins. Il est très difficile à pousser hors d’équilibre. Il démontre une grande force musculaire aussi alors qu’il parvient à rester debout même lorsqu’un adversaire l’accroche et le tire vers le bas avec tout le poids de son corps. Cette séquence m’avait particulièrement impressionné.
Celebrini utilise régulièrement de puissants transferts de poids pour se départir d’un couvreur. Il parvient à exploser d’une seule poussée en utilisant l’intérieur de ses lames.
Il est aussi capable de superbes pivots sur lui-même Ayant roulé à un rythme de près d’un but par match en USHL à 16 ans ainsi qu’en NCAA à 17 ans, Celebrini se veut un excellent marqueur de buts. Il possède un excellent lancer. Son tir est lourd et a beaucoup de vélocité. Peu importe son emplacement, il est une menace pour les gardiens de but. L’un des endroits où les gardiens doivent se méfier de lui est tout près du filet, alors qu’il a une habilité particulière à loger la rondelle dans le haut du filet.
Ce que je trouve particulièrement intéressant est que Celebrini a ajouté une corde supplémentaire à son arc cette saison. L’an dernier, il ne possédait pas un aussi bon tir sur réception et il en faisait un usage beaucoup moins régulier. Cela s’explique principalement dû au fait que l’attaque de BU est bien mince après Celebrini et il n’y a pas vraiment de joueurs qui auraient pu assumer ce rôle de ‘Trigger-Man’ sur l’avantage numérique. Mais tout de même, je ne peux que louanger un joueur de son talent qui décide de redoubler d’efforts pour élargir son éventail d’armes offensives. On voit souvent de jeunes joueurs avec des traits élites s’assoir sur ces mêmes qualités jusqu’à ce qu’ils frappent un mur et s’aperçoivent que leur coffre à outils n’est pas assez bien nanti. Je crois que cela est la parfaite représentation de la passion que Celebrini porte pour le hockey.
Malgré des statistiques frôlant l’absurde en NCAA, cela va vous sembler imprudent comme commentaire, mais je m’attends à ce que Celebrini soit meilleur dans la LNH que dans les rangs universitaires. Je ne fais aucune allusion à la production offensive par contre. Ce que j’entends par là, c’est que le casting de soutien qu’il avait à Boston University était très mince et que certains de ses attributs ne pouvaient pas ressortir autant que ce que l’on a pu voir dans la USHL, aux moins de 18 ans ainsi qu’aux moins de 20 ans. En jouant avec de meilleurs coéquipiers et n’étant pas astreint à être celui qui met la touche finale aux jeux, nous pourrons voir des forces en Celebrini qui ont brillé de façon moins vive à BU.
Un exemple de cela est de par comment Celebrini aime utiliser des tactiques de va-et-vient courts avec un coéquipier. Son explosion sur patin et ses rapides lectures de jeu s’harmonisent pour qu’il élimine des adversaires de cette façon. Déjà, on a pu voir ces séquences se produire à une plus haute fréquence en quelques matchs au WJC, que dans la saison entière à Boston University.
Celebrini est un joueur qui rend les autres autour de lui meilleurs et qui peut afficher une impressionnante production offensive, peu importe avec qui il est pairé. Mais je crois que pour soutirer le maximum de son potentiel, il serait préférable de placer des joueurs qui analysent rapidement le jeu et qui exécutent rapidement.
Je ne crois pas que ses talents de fabricants de jeux ont été pleinement étalés cette saison dans la NCAA. Pour avoir visionné plus de 20 matchs du Steel de Chicago en USHL la saison dernière, je crois fermement qu’on verra plus à ce sujet dans la LNH. On en voit la démonstration de ses remises en contre-attaque alors qu’il est à pleine vitesse.
Celebrini favorise souvent les passes à l’embouchure du filet alors que l’attention se tourne vers le danger qu’il représente avec son tir, il profite du fait qu’un coéquipier se libère pour faire dévier l’une de ses passes. Ce que je trouve particulièrement intéressant est que Celebrini a une certaine propension à réaliser des passes sur son revers. Au-delà du nouveau d’habiletés requises pour effectuer ces jeux, ce qui pique mon attention et que cela rajoute à la comparaison avec Sidney Crosby.
C’est toujours un exercice périlleux de comparer un espoir avec un joueur d’une si haute renommée. Surtout que les parallèles entre les deux ne sont pas si frappants (le jeu de Celebrini repose plus sur le dynamisme que celui de Crosby). Mais pour moi, les joueurs se comparent de par leur amour pour la Game. C’est un peu ardu à expliquer, mais lorsque je mentionnais en ouverture que Celebrini est à la fois le joueur le plus talentueux ainsi que le plus travaillant sur la patinoire, c’est quelque chose que nous avons toujours aperçu chez le capitaine des Penguins. Les deux semblent retirer le même niveau de satisfaction à bloquer un lancer ou à faire de l’échec-avant que de marquer un but. Malgré qu’ils soient les joueurs les plus talentueux de leur formation, ils ne jouent pas de façon bien différente que le 12e attaquant de leur alignement. La force sur patin est quelque chose qui peut aussi attirer certaines comparaisons avec Crosby.
Lorsque je mentionne que les deux joueurs ne prennent pas de raccourci sur la glace, je fais également allusion au jeu défensif de Celebrini. Son éthique de travail fait de lui un joueur qui peut embêter ses adversaires lors de repli, mais ce qui caractérise le plus son jeu défensif, c’est le support qu’il offre à ses défenseurs. On le voit très régulièrement aussi bas que derrière sa propre ligne des buts.
Quelque chose de particulier avec Celebrini cette saison, est que personne n’a mentionné le fait qu’il a subi une intervention chirurgicale à une épaule l’été dernier. À l’époque, le pronostic était que Celebrini risquait de rater les premiers matchs du calendrier de cette saison. Même si, finalement, cela ne s’est pas avéré être le cas, cela signifie tout de même que le jeune prodige de North Vancouver n’a pas pu bénéficier d’un été d’entraînement complet. C’est ce qui est effrayant quant au potentiel de Celebrini, dans de telles circonstances, il aurait été tout à fait normal d’observer une certaine période d’adaptation. Mais il a dominé dès le départ. De plus, comme je le mentionnais plus tôt, il a même ajouté des éléments à son jeu ! Cela me montre que c’est un jeune entièrement dévoué à être la meilleure version de lui-même. C’est l’attitude que tu recherches chez le joueur qui sera le (ou l’un des) visage(s) de ta franchise pour les années à venir. La formation qui mettra la main sur lui aura, non seulement un excellent joueur, mais aussi un Leader hors pair et un excellent modèle et un exemple à suivre pour la ville qu’il représentera.
Nombre de matchs visionnés : 22
2. Cayden Lindstrom
Cayden Lindstrom possède l’un des profils des plus nantis que l’on a pu voir chez un espoir lors des dernières années. Colosse de 6’4 et évoluant à la névralgique position de joueur de centre, le seul moyen de mettre la main sur un prototype de la sorte, est de le repêcher. Peu de joueurs peuvent allier finesse et talent avec les caractéristiques typiques d’un joueur à fort gabarit.
La plus grande valeur de Lindstrom sur la patinoire, et ce qui le distingue le plus des autres espoirs, est à quel point il peut dominer le jeu ‘Down Low’ (tout ce qui se situe en dessous des cercles des mises aux jeux, sous la ligne des buts, ainsi que les coins de patinoire). La diversité des outils dans son arsenal s’offrant à lui pour se défaire de ses adversaires est des plus vastes ; il possède la qualité du maniement de rondelle, la longueur de sa portée, sa capacité d’évasion grâce à sa surprenante agilité, et sans oublier sa force physique conféré grâce à son imposante charpente. Il peut, non seulement, à lui seul, prolonger les séquences offensives de son trio de plusieurs secondes, mais il possède l’intelligence offensive pour créer des chances de marquer de ces endroits. Alors que ce sont souvent les habiletés individuelles dans les espaces ouverts qui captent l’attention des partisans de hockey, ce sont les habiletés dans ces zones ‘Down Low’ et dans ces espaces restreints qui font remporter des matchs de hockey. Cela est encore plus véridique lorsqu’il s’agit d’une série 4 de 7. Ces longues confrontations face à un joueur comme Lindstrom sont très éreintantes pour les défenseurs et c’est à ce moment qu’une équipe peut en tirer avantage. Lindstrom lui-même se sert de son gabarit pour attaquer la ligne des buts et effectuer une dangereuse poussée vers le gardien pour le battre du côté rapproché.
C’est aussi à partir de ces zones profondes que la distribution de rondelle de Lindstrom est la plus apparente. Et ceci est quelque chose à laquelle je porte une attention très particulière chez les espoirs : Est-ce qu’il y a une suite logique, un emboitement, entre les différences forces d’un joueur ? Est-ce qu’une qualité peut élever une autre qualité dans son jeu ? Si tel n’est pas le cas, on peut se retrouver avec des compétences ‘aberrantes’ qui ne seront pas en mesure d’être exploitées au prochain niveau puisqu’il n’y a pas de complémentarité avec les autres attributs du joueur. Dans le cas de Lindstrom, il présente possiblement le profil le plus ‘cohérent’ que j’ai eu la chance de voir chez un espoir. Toutes ses habiletés s’entremêlent en harmonie. Il se sert des qualités susmentionnées pour se libérer d’un couvreur et acheter du temps pour repérer un ailier et on le voit également effectuer des passes sur réception pour repérer un coéquipier dans l’enclave, sans laisser le temps à la couverture défensive de réagir.
Mis à part cela, Lindstrom n’est peut-être pas le fabricant de jeux le plus varié, mais il commence à gagner en confiance et on se met à apercevoir une créativité fleurissante dans son jeu. On en voit un exemple ici alors que bien positionné dans le haut de l’enclave, Lindstrom exécute une passe soulevée par-dessus le bâton des deux défenseurs pour rejoindre un coéquipier qui s’était blotti derrière ses adversaires pour se retrouver seul face au gardien. Une très grande souplesse des mains est nécessaire pour exécuter une telle remise.
C’est le genre de remise qu’il aime effectuer alors qu’il attire l’attention de tout le monde sur la glace en attaquant les défenseurs avec vitesse avant de couper dans le centre.
Un autre aspect identitaire chez Lindstrom est sa capacité à sortir des ‘Cyclings’ offensifs avec la rondelle. Il peut faire d’une possession inoffensive une menace de marquer en gagnant l’enclave grâce à son gabarit et sa longue portée, mais ce qui est fascinant avec Lindstrom dans ces situations, c’est à la vitesse à laquelle ses pieds bougent pour se déplacer et créer de la séparation. Si je disais que la superposition des qualités de Lindstrom était cohérente et faisait beaucoup de sens, il arrive régulièrement de le regarder exécuter quelque chose et de se dire que c’est insensé. Un joueur de ce gabarit ne devrait pas, en temps normal, posséder des pieds aussi vites.
Lindstrom possède une légèreté sur patin surprenante lui permettant d’effectuer de brusques pivots sur lui-même en espace restreint pour se défaire d’un couvreur. Malgré cela, ses foulées sont extrêmement puissantes et font de lui un joueur pouvant faire reculer les défenseurs adverses dès qu’il se met en marche, créant beaucoup d’espace et de marge de manœuvre pour ses coéquipiers. Et encore une fois, je tiens à pointer la cadence de ses enjambées qui est hors de l’ordinaire pour un joueur doté d’u tel gabarit.
C’est d’ailleurs en se servant de se grande vitesse que Lindstrom incorpore le plus ses tirs au but. Beaucoup de ses lancers proviennent des ailes alors qu’une ligne de tir s’ouvre après que le défenseur n’eut été en mesure d’égaler sa vitesse. On ne produit pas à un rythme de près de 60 buts par saison dans la WHL à 17 ans par hasard et Lindstrom nous le fait savoir. Il se montre tellement dangereux alors qu’il peut marquer de plusieurs endroits ; son lancer des poignets est très puissant et il parvient à battre des gardiens dans la lucarne même en provenance de zones plus éloignées, c’est dans le haut de l’enclave que Lindstrom utilise son tir sur réception plutôt qu’aux emplacements des cercles de mises aux jeux, et finalement, le centre des Tigers de Medicine Hat a marqué un grand nombre de buts à l’embouchure du filet, endroit où il est particulièrement difficile à déloger et où il peut tirer bon escient de ses mains vives.
Parlant de son maniement de rondelle, le natif de Colombie-Britannique s’attire une fois de plus des éloges. Ce qui attire l’attention lorsqu’il drible la rondelle, c’est à quel point ses mouvements semblent vifs et décisifs. Aussi, malgré une très longue portée, c’est surtout lorsqu’il semble coincé que Lindstrom déploie le plus de finesse, faisant de lui un joueur qui semble à l’occasion simplement impossible à contenir. On l’a aussi vu gagner en confiance avec ses mains au fur et à mesure que la saison progressait, commençant à expérimenter avec des retardements sur ses lancers pour changer ses angles.
Comme si ses habilités individuelles n’étaient pas suffisantes pour vous séduire, Lindstrom préconise un style de jeu robuste qui est rendu beaucoup trop rarissime chez les jeunes espoirs. C’est un style qui peut être difficile à préconiser avec constance durant une saison pour toutes les répercussions que cela peut engendrer sur le corps. C’est encore plus vrai lorsqu’il s’agit d’un joueur offensif d’impact qui doit éviter de se sortir du jeu ou d’être pénalisé. Lindstrom, lui, affectionne le jeu physique à un point où aucune mise en échec ne peut être ignorée. Ce que j’aime de lui c’est qu’il ne se gênera pas pour faire un petit détour de sa route pour aller frapper un joueur. Ce que fait de lui une menace en tout temps et qu’aucun de ses adversaires n’a le luxe de se sentir en sécurité lorsque le gros numéro 28 foule la patinoire.
Le dernier aspect à aborder dans le jeu de Lindstrom est son jeu défensif. C’est peut-être la seule tache à son dossier. C’est dans sa zone qu’il a effectué la majorité de ses revirements, ne prenant pas les bonnes décisions lorsqu’on lui applique de la pression le long des bandes. Furent également quelques séquences où il fut un peu lent à réagir en couverture défensive.
Pour cette raison, je ne suis pas entièrement convaincu que Lindstrom est un joueur de centre au prochain niveau. Ça et aussi le fait qu’il puise le maximum de son potentiel dans des situations où il retrouverait le plus souvent à l’aile ; le jeu profond dans le territoire ennemi ainsi que ses descentes à pleine vitesse le long des bandes. Ce qui est légèrement dommage, car Lindstrom a un fort taux de réussite aux cercles de mises aux jeux.
Par contre, cela n’influence en rien ma perception ni ma projection du joueur. Les espoirs présentant un tel niveau de talent dans un corps de la sorte, et arborant fièrement une identité physique presque désuète dans le hockey moderne sont simplement trop rares. Le seul moyen de se procurer un tel prototype est de repêcher très haut, et encore là, ce n’est pas chaque année qu’un joueur de la sorte se retrouve dans le sommet du repêchage.
Nombre de matchs visionnés : 18
3. Ivan Demidov
Ivan Demidov est l’un des talents bruts des plus exaltants qui nous aura été donné de voir lors des dernières saisons. Ayant supplanté Matvei Michkov pour un poste au sein du SKA de St-Petersburg en début de saison et ayant produit à un rythme historique dans la MHL, Demidov peut cumuler les faits saillants comme aucun autre joueur dans cette cuvée ne peut le faire.
Ce qui attire les regards sur lui, d’entrée de jeu, est son maniement de rondelle fantastique. Demidov possède l’une des meilleures paires de mains que nous avons vues ces dernières années chez un espoir. Son contrôle de rondelle lorsque les défenseurs cherchent à la lui soutirer est très impressionnant. Il parvient à conserver une dextérité et un fin contrôle même lorsqu’il doit déplacer la rondelle dans des endroits un peu plus précaires. Il parvient à s’adapter rapidement si un accès lui est fermé, car son aisance avec la rondelle sur son bâton est simplement inégalée. De ce fait, il parvient à créer des occasions de marquer à partir de rien.
Il parvient à en faire bénéficier ses coéquipiers puisqu’il incorpore très bien sa créativité offensive à ses talents de fabricants de jeux. Il possède une très belle vision et voit des lignes de passes qui ne semblent pas ouvertes à priori. Il excelle pour ce qui est des passes transversales à travers la boîte défensive. Il peut également garder ses adversaires sur leurs talons alors que l’aspect d’imprévisibilité dû à son maniement de rondelle est toujours présent. Pour ajouter à cela, Demidov a commencé à intégrer de plus en plus des menaces de tirs pour attirer l’attention sur lui, avant de remettre à un coéquipier, dès lors qu’une ligne de passe s’ouvre.
Par contre, l’aspect le plus prévalent dans la fabrication de jeu de Demidov est qu’il utilise beaucoup des passes à contre-courant. Alors qu’il coupe dans le centre sur son coup droit, il va effectuer des passes en direction de l’endroit d’où il arrive. Encore une fois, la dextérité de ses mains est au rendez-vous alors qu’il parvient à atteindre sa cible alors qu’il passe tout en ramenant ses bras vers l’intérieur de son corps, plutôt que de passer en éloignant ses mains du corps.
Pour ce qui est de finir les jeux, Demidov n’est pas le marqueur le plus émérite. On aura l’occasion d’en reparler plus tard, mais pour ce qui est des qualités qu’il apporte à cette facette du jeu, son placement de rondelle sur ses lancers est judicieux. Il cherche à faire travailler les gardiens alors qu’il va prioriser les tirs tout juste entre la mitaine et la jambière.
J’aime aussi le fait qu’il parvient à décocher de bons tirs sur réception même si la passe semble trop en avant de lui. C’est surtout lorsqu’il va avoir suffisamment d’espace seul à seul face au gardien de but adverse qu’il va être en mesure de loger la rondelle au fond du filet. Je ne m’éterniserai pas sur les feintes qu’il peut sortir, car il a déjà été mention de ses mains, en revanche, il préconise un jeu assez unique devant les gardiens où, en attaquant le filet du côté gauche, il parvient à élargir considérablement sa base de patin à la toute dernière seconde et amène la rondelle sur son revers. Sa portée avec la rondelle s’accroît drastiquement en un clignement de yeux et les gardiens se retrouvent pris à dépourvu.
Regarder simplement jusqu’à quel point il ouvre les pieds.
Cette démonstration plutôt unique m’amène à vous parler de son patin. Sur le plan technique, il est, comme à l’instar du reste de son jeu, très spectaculaire. Demidov aborde le fameux ’10-2’ avec abondance. Il l’utilise à une fréquence que je n’avais jamais vue chez d’autres joueurs. Bien qu’élégant, cette technique est rarement utilisée à bon escient. J’ai vu à maintes et maintes reprises des espoirs patiner de la sorte sans que ça leur serve à quoique ce soit.
C’est ici que Demidov se démarque du lot. Il apporte un lot considérable de substance à cette technique alors que, plutôt que de s’en servir dos à la bande comme nous le voyons souvent, Demidov se sert de ce style pour gagner le centre de la zone offensive. De plus, cela lui sert à garder la rondelle plus loin de la portée de ses adversaires et il parvient également à repousser leur bâton grâce à sa jambe avant.
Il se sert aussi de cette technique à des endroits inusuels alors qu’il effectue des entrées de territoire en plein centre de la patinoire en se servant du ’10-2’ pour gagner un aspect d’imprévisibilité. Demidov démontre aussi une agilité remarquable. Il peut effectuer des pivots sur lui-même en espace restreint à un niveau très élevé. Ce qui est le plus fascinant dans son cas, c’est qu’il exécute de tels pivots tout aussi habilement avec l’intérieur de ses lames de patin qu’avec l’extérieur. De tels pivots avec l’intérieur des lames (donnant également l’opportunité de travailler du coup droit plutôt que d’être contraint à aller sur son revers) sont très rarissimes.
Puisque nous parlons de ce qui est substantiel, le jeu le long des rampes de Demidov présente quelques qualités intéressantes. Son contrôle de rondelle couplé à ses brusques pivots en espaces restreints font de lui un joueur difficile à contenir pour ses adversaires.
Par contre, ce que j’ai le plus apprécié de lui dans cette facette est son engagement et sa dévotion à arriver le premier sur le disque. Bien que cela peut sembler banal, Demidov effectue régulièrement ce jeu où, près de la bande, un adversaire vient pour le frapper, et plutôt que de rejeter la rondelle en fond de territoire, il se baisse vivement et passe entre son adversaire (sous lui) et la bande. Lorsque j’étais jeune, Evgeni Malkin était possiblement mon joueur favori et c’est un jeu qu’il réalisait régulièrement. J’aime particulièrement la détermination qui ressort de ce type de séquence où le désir de faire la différence offensivement évince la crainte de se faire frapper.
Quelque chose que j’ai aimé avec le jeu de Demidov cette saison est que, suite à sa rétrogradation dans un circuit inférieur, son niveau d’implication sur la patinoire est demeuré le même. Il a fait preuve d’une bonne attitude. Bien que pas les plus percutantes, Demidov termine un bon nombre de ses mises en échec. Sans la rondelle, il n’y a aucune réticence chez Demdiov de se replier défensivement. Il travaille même ardemment pour soutirer le disque à ses adversaires, ce qu’il parvient à faire avec un certain taux de succès en utilisant des ‘Stick-Lifts’.
Maintenant, pour ce qui est des faiblesses dans le jeu de Demidov, il y a, en tête de liste, un surplus de fantaisie dans son jeu avec la rondelle. Il cherche souvent à tenter les jeux qui vont faire partie des faits saillants de la semaine, quitte à se faire enlever la rondelle. Dans ces situations, il faut toujours savoir peser correctement le taux de pertes de rondelle avec le taux de jeux réussis. Dans le cas de Demidov, même s’il y a bon nombre d’échecs à ses fanfares, je crois que les chances de marquer fabriquées à partir de rien compensent suffisamment. En fait, j’irais jusqu’à dire que c’est même quelque chose de ‘normal’. Lorsqu’un joueur possède ce niveau d’habileté individuelle, il peut se permettre des risques que d’autres ne peuvent puisqu’il y a toujours des chances que cela aboutisse à quelque chose. Il ne suffit que de jeter un coup d’œil aux 7 joueurs ayant commis le plus de revirements l’an dernier ; David Patrnak, Evgeni Malkin, Leon Draisaitl, Artemi Panarin, Erik Karlsson, Nikita Kucherov, Mitch Marner. Cela va être ainsi chaque saison.
C’est quelque chose que, par le passé, je jugeais plus sévèrement. Peut-être trop sévèrement même. J’ai en tête ici Logan Cooley. Ce qui fait en sorte que je ne m’en soucie moins avec le jeune Russe est que lors de son passage (bien que l’échantillon soit plutôt mince) en KHL, il parvenait à tempérer son excentricité avec la rondelle et arborait un style de jeu beaucoup plus mature.
Ce qui m’inquiète le plus avec lui, c’est que pour le moment, il manque notablement de force physique. Cela se répercute sur trois aspects différents à l’intérieur de son jeu ; De un, cela le pénalise sur les confrontations physiques, ayant de la difficulté à avoir le dessus sur son adversaire le long des bandes ou dans les coins.
De deux, ce manque de force s’observe également sur son lancer. J’avais effleuré brièvement le tout au passage tout à l’heure, mais le tir de Demidov n’est pas suffisant fort en ce moment pour menacer les gardiens de but. Cela pourrait limiter considérablement son ‘Ceilling’ en termes de production de points au prochain niveau.
Et finalement, ce qui est le plus important pour moi, Demidov manque ce qu’on appelle une vitesse de séparation. Ce n’est pas un joueur qui dégage beaucoup de puissance à chaque enjambée et cela fait en sorte qu’il présente quelques difficultés à se détacher d’un couvreur. Il est contraint à être un joueur d’une seule vitesse. (Sa mécanique de patin nécessite un peu de travail également puisqu’il patine un peu trop penché sur lui-même).
Au final, Demidov a le talent pour électriser la foule de la formation qui le repêchera soir après soir. Même si certaines inquiétudes persistent quant à sa force physique, il a démontré un niveau étonnant de vouloir et de désir même en étant rétrogradé dans un calibre inférieur. Son engagement n’aura jamais à être remis en question.
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4. Anton Silayev
Anton Silayev est un espoir qui aura été très polarisant cette saison. Cela n’est pourtant pas en raison de son jeu qui peut offrir des inconstances accrues, mais plutôt en raison de divergence philosophique quant aux profils de joueurs recherchés. On entend souvent parler justement de ‘profils’ en demande auprès des têtes dirigeantes de la LNH et comme quoi Silayev adhère à cet archétype. Honnêtement, je trouve cela réducteur pour les exécutifs de la ligue, mais encore plus pour le joueur, qui a beaucoup à offrir. Défenseur gaucher de 6’7, Silayev a tout pour s’imposer en tant que suppresseur de talent élite par contre, beaucoup lui reproche son manque d’attributs offensifs. Malgré ses 17 ans, il aura passé l’entièreté de la saison en KHL, bénéficiant même de bonnes minutes dans le top 4 de Torpedo.
Pour caractériser son jeu sur la patinoire, j’emploierais le mot ‘Agressif’. Cela s’apparente par 3 constantes bien distinctes. Cela vient avec de bons côtés et un peu de moins bons.
En premier lieu, Silayev ne manque aucune opportunité de joindre l’attaque et de sauter dans le jeu. On le voit régulièrement s’avancer aussi profondément qu’entre les deux cercles de mises aux jeux, et de parfois même finir ses actions au filet. Lorsqu’un tel spécimen physique se dirige droit vers le gardien, cela va conséquemment faire reculer les défenseurs adverses, créant tout l’espace nécessaire pour permettre à son coéquipier d’œuvrer comme bon lui semble avec la rondelle. Ce que j’apprécie, c’est que l’on peut apercevoir, tangiblement, un jeune de 17 ans cherchant par tous les moyens, à chaque présence, d’avoir un impact sur la patinoire. Il ne se contente pas d’être un spectateur.
Deuxièmement, le côté agressif de Silayev lui fait occasionner son lot d’erreur sur la patinoire. Le grand défenseur Russe fut souvent coupable (surtout en début de saison) d’erreurs que j’appelle du ‘Overcommitment’. C’est-à-dire qu’il se compromet sur la glace en quittant sa position attribuée pour aller nullifier un jeu dans une zone qui ne devrait pas être sous sa surveillance. Ces erreurs se sont manifestées sous trois catégories ;
La première serait sur le plan technique. Les approches de Silayev sur le porteur du disque sont trop agressives et cela s’apparente par un mauvais angle avec ses patins. On a un exemple ici, l’attaquant ouvre légèrement les hanches, signifiant (vraisemblablement), que sa prochaine direction sera de prendre le centre, pourtant, Silayev fonce sur lui avec ses patins, ses hanches et ses épaules orientées vers la bande.
Un autre exemple ici. En tant que défenseur, tu veux toujours avoir un contact visuel avec la poitrine/les épaules de ton adversaire. C’est ainsi que tu seras mieux outillé pour défendre les imprévisibilités dans ses changements de direction. Sur cette séquence, le corps de Silayev est orienté vers le coin de la patinoire. L’attaquant aura été en mesure d’effectuer un ‘Cut-Back’ et de se rapprocher de l’enclave pour prendre son tir.
Au fil des dernières années, Lian Bichsel est fort probablement le défenseur maîtrisant le mieux ses angles d’approches envers le porteur de la rondelle dans des situations similaires.
Toujours dans le ‘Overcommitment’, plusieurs erreurs découlaient d’une mauvaise prise de décision. On voit ici une contre-attaque des plus banales, Silayev est à droite au bas de l’écran.
Pour aucune raison, il va quitte sa position pour harponner la rondelle, délaissant entièrement le joueur dont il était chargé de couvrir.
Pour finir avec cet aspect chaotique du jeu de Silayev, certaines de ses erreurs ne sont pas simplement décisionnelles par rapport à sa position, mais aussi par rapport au contexte du match. Ici, il y a une bataille 2-contre-2, rien de menaçant derrière le filet. Silayev protège le devant du filet.
Il décide de quitter sa position pour venir prêter main-forte à ses coéquipiers, mais la rondelle se retrouve devant son gardien et il n’est plus là pour le protéger.
Le plus problématique avec cette séquence est que la marque était de 4-2 en faveur de son club, et il ne restait que quatre minutes à faire à la rencontre. Il aurait été préférable qu’il garde une approche conservatrice dans une telle situation et qu’il demeure auprès de son gardien.
Par contre, je vais excuser en partie le grand défenseur Russe. Lorsque l’on parle de joueurs offensifs, il peut être difficile de faire la différence entre un joueur qui a confiance en ses moyens et qui tente de faire la différence d’un joueur habile, mais avec une intelligence limitée et qui conserve la rondelle trop longtemps simplement, car il n’est pas en mesure d’apercevoir les options plus viables. Je crois que c’est la même chose dans le cas de Silayev, mais dans un contexte défensif. Il est conscient des attributs élites qu’il a (la patinoire qu’il peut couvrir, sa longue portée) alors il en fait parfois trop, et cela se retourne contre lui.
De plus, ces erreurs ont disparu de son lexique pendant la saison, ce qui m’a rassuré que ce n’était pas son intelligence hockey et ses lectures de jeu qui faisaient défaut, mais plutôt un certain manque de maturité et son approche agressive envers le porteur du disque qui se devait d’être apprivoisé.
Finalement, pour revenir sur son identité agressive, Silayev offre un jeu physique phénoménal. L’impact retentissant des mises en échec qu’il a distribué cette saison va vous faire réfléchir à deux reprises si cela est une bonne idée de s’aventurer de son côté. Ce que j’aime le plus des coups d’épaules qu’il donne, c’est qu’il cible des joueurs qui s’amènent à pleine vitesse, et il égalise cette vitesse de la direction opposée. Il ne cherche pas seulement à freiner la course d’un adversaire, il cherche à l’anéantir complètement. Le plus épeurant est que Silayev a encore beaucoup de croûtes à manger pour espérer ‘remplir’ son gabarit. Pour le moment, il ne va pas supplanter ses adversaires de force dans des confrontations devant le filet ou à autres endroits, ce dont nous sommes en droit de nous attendre considérant qu’il n’a que 17 ans et évoluait dans l’une des trois meilleures ligues au monde (il ne fait que 207 lbs à 6’7). Mais après quelques étés d’entraînement, il sera encore plus une présence dominante dans son territoire, il sera encore plus difficile de remporter une bataille pour une rondelle libre face à lui.
Comme je mentionnais, les erreurs commises par le numéro 21 de Torpedo quant à ses lectures de jeu ne me dérangeaient pas autant que d’autres observateurs pour les raisons que j’ai fournies plus tôt. Ce qui m’inquiétait le plus était le taux de succès mixtes de Silayev dans ses relances. Ses premières passes étaient souvent imprécises ; dans les patins de ses coéquipiers, hors de portée de ceux-ci, etc. C’est donc avec une attention particulière que je scrutais cet aspect de son jeu dans mes visionnements ultérieurs dans la saison et mes doutes se sont dissipés.
Défensivement, il se projette comme un défenseur défensif ÉLITE. L’une des plus grandes forces que peut posséder un défenseur dans son arsenal est la quantité de territoire qu’il peut couvrir. Et lorsque vous combinez un aussi bon coup de patin que celui de Silayev à une portée ridiculement longue, vous vous retrouvez avec un défenseur ayant un impact incommensurable dans sa zone. Il peut facilement repousser un attaquant qui semble en position dangereuse vers les confins du territoire offensif avant même qu’il s’en aperçoive. Il fait un excellent usage de sa portée et prévient une multitude d’attaques ennemies grâce à cela. Il ne se fait pas contourner grâce à la qualité de son coup de patin de reculons et de ses pivots (plus à ce sujet dans quelques instants), mais jamais il advient qu’il se fasse battre, l’attaquant adverse aura besoin de se créer de la séparation rapidement, car Silayev évolue littéralement avec une perche comme bâton et il sera en mesure de harponner le disque à son adversaire, même s’il semblait battu à priori. Il défend très bien les entrées de territoire, mais j’aime également comment qu’il joue de façon proactive et qu’il fonce en zone offensive alors que sa portée lui alloue la chance d’éviter une sortie de territoire sans qu’il n’ait trop à se compromettre.
Silayev fait aussi part d’un grand dévouement pour sa formation alors qu’il n’hésite pas à bloquer de puissants lancers. Si bien des gens aiment diminuer ses attributs, ils n’auront pas le choix de se rendre à l’évidence et d’admettre qu’il est un formidable patineur. Souvent, nous entendons qu’un joueur est un bon patineur relatif à sa grande taille. Dans le cas de Silayev, il est tout simplement excellent, nonobstant du gabarit. Il est fluide sur patin, démontrant une très bonne mécanique alors qu’il vient maximiser l’extension de chacune de ses articulations. Il peut même jouer de fantaisies et s’offrir des ouvertures avec les hanches alors qu’il est en possession de la rondelle.
Même s’il est encore loin de sa pleine maturité physique, ses poussées sont puissantes. Je l’ai vu rattraper régulièrement des attaquants expérimentés de la KHL en quelques enjambées seulement. Le plus impressionnant dans son cas est la qualité de ses pivots lorsqu’il transitionne de patin de reculons à du patin vers l’avant. Le tout s’enchaine sans même qu’il perdre ne serait-ce qu’un minimum de vitesse. C’est l’une des raisons qui fait que, pour moi, Silayev est l’un des meilleurs patineurs de ce repêchage.
D’ailleurs, son coup de patin de reculons est l’un des meilleurs qui m’ait été donné de voir. La fluidité, la cadence des pieds, comment qu’il parvient à égaler le patin d’avant des attaquants. Franchement remarquable.
Sur le plan offensif, bien que le porte-couleur du Torpedo de Nizhny Novgorod ne présente pas une grande production offensive, je considère tout de même qu’il y a matière à appréciation. Son tir n’est pas très violent, par contre, il dirige beaucoup de rondelles au filet. À un certain point dans la saison, il figurait même au sommet parmi les tirs chez les défenseurs.
Quelque chose digne de mention est la vitesse à laquelle Silayev a démontré du progrès pour ce qui est de trouver les lignes de tir. Lors de ses tout premiers matchs, ses élans étaient prévisibles et plusieurs de ses rondelles dirigées au filet se faisaient bloquer avant d’atteindre leur cible. En l’espace de quelques matchs, des améliorations incontestables se sont manifestées pour ce qui est de sa capacité à faire bouger la défensive avant de prendre ses tirs.
Ce que j’aime aussi est son honnêteté face au manque de force derrière son tir. Il sait qu’il ne battra pas les gardiens de façon franche alors il préfère garder ses tirs à ras la glace, question d’occasionner des retours pour ses coéquipiers.
Et en toute franchise, j’observe une certaine hypocrisie envers les critiques qui lui sont adressées concernant son lancer. Dans les précédents repêchages, lorsqu’il était question de petits défenseurs avec un tir pas très menaçant (Denton Mateychuk, Lane Hutson, Mikhail Gulyalyev, etc) on les excusait rapidement. Bon, pour être juste, on ne parle pas du même niveau de prouesses offensives que Silayev, mais je crois quand même que cela expose un certain biais défavorable sur la toile publique envers les joueurs plus à caractère défensif.
Pour ce qui est de son jeu en distribution de rondelle dans la zone offensive, je trouve que plus de louanges devraient lui être attribuées. Ses prises de décisions sont effectuées rapidement, sachant déjà où il va envoyer le disque avant même d’en recevoir la possession. Il démontre aussi une bonne vision, repérant des passes à haut coefficient de difficulté.
Là où je trouve que les gens font erreur, c’est lorsque des défenseurs dans ce genre se voient perdre de nombreux rangs sur les listes en raison du manque de potentiel offensif. Pour moi, les défenseurs ayant le potentiel de jouer sur une première vague d’avantage numérique dans la LNH sont EXTRÊMEMENT rares. J’en compte rarement plus que 3 dans un repêchage.
Pour ajouter à cela, de moins en moins de places sont réservées aux défenseurs dans ces situations. À chaque saison je me voue à l’exercice de regarder les 32 alignements des équipes, y compris les unités spéciales. Pratiquement toutes les équipes emploient un attaquant à la pointe, parfois même sur les deux vagues ! De plus, il est faux de croire que les deux unités se répartissent le temps d’avantage numérique de façon équivalente. Généralement, la première unité va passer près de 1min30, ne laissant que des bagatelles à la seconde vague. Ce qui veut donc dire qu’à moins d’être tout simplement formidable offensivement et de se projeter comme éventuel quart-arrière, je n’attribue pas autant d’importance à l’offensive des défenseurs que les autres observateurs publics. Pour moi, Silayev peut évoluer sur une deuxième unité d’attaque à cinq autant que d’autres défenseurs plus enclins à l’offensive (mais qui ne sont pas élite) alors dans ces scénarios, c’est le jeu défensif qui vient trancher pour moi. Et dans ce département, Silayev se projette comme étant unique.
Je le vois comme défenseur ‘Shutdown’ de première paire qui pourra prendre énormément de minutes en séries éliminatoires.
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5. Beckett Sennecke
Beckett Sennecke est un joueur extrêmement intrigant pour le repêchage 2024. Il sera finalement le joueur que je voyais en lui en début de saison, mais la route n’aura pas été sans embûches. L’une des choses qui le rend aussi intriguant est qu’il aura passé de 5’10 à 6’2 au cours de l’été. Pour bien des athlètes, un tel changement anthropométrique offre des répercussions négatives sur l’ensemble de la chaîne cinétique. Nous aurions été en droit de nous attendre, suite à une telle métamorphose, d’observer un joueur non coordonné, maladroit. C’est pourtant tout l’inverse que l’on constate. Non seulement Sennecke est ce que j’appelle ‘Slippery’ (évasif, difficile à attraper), mais lorsque je m’attarde aux joueurs à qui je peux attribuer un tel qualitatif, Sennecke parvient à les rivaliser et à se hisser au sommet de ce repêchage pour cette catégorie. Konsta Helenius est selon moi le Gold-Standard à ce niveau cette année.
Le plus impressionnant est comment il parvient à récupérer son équilibre alors qu’on le compte tenu pour battu. C’est particulièrement remarquable de le voir récupérer d’une position qui ne pouvait qu’indiquer une chute imminente. Si jamais son futur avec le hockey n’aboutit pas, il pourra toujours passer un appel au Cirque du Soleil.
Le porte-couleur des Generals d’Oshawa est un excellent manieur de rondelle. Et tout comme avec la maîtrise de son corps malgré une importante poussée de croissance, les manœuvres qu’il peut réaliser m’impressionnent tout autant car, l’an dernier j’ai vu Sennecke bon nombre de fois alors qu’il jouait régulièrement avec Calum Ritchie, et pour être bien franc, à ce moment il était un joueur assez ‘Vanille’. Tout comme avec son côté ‘Slippery’, non seulement c’est quelque chose de relativement nouveau pour lui, mais dès le moment qu’il se met à étaler cette qualité, elle est d’emblée parmi l’élite de sa cohorte de repêchage. Lorsque j’ai vu ça en début de saison, je me suis dit que nous avions affaire avec un joueur qui commence à peine à effleurer toute l’étendue de son talent.
Ce qui le rend unique est le niveau d’audace et de créativité qui l’habite dans ses sélections de jeux. Il est aussi très doué dans les situations à un contre un. Sennecke possède l’un des meilleurs lancers des poignets de tout le repêchage. Chaque tir est décoché avec une intention de marquer, il ne se contente pas de placer la rondelle au filet, il cherche à battre les gardiens. Il parvient à aussi à effectuer une impressionnante mise en charge derrière ses lancers même lorsqu’il se retrouve dans de drôles positions corporelles. L’un des tirs les plus impressionnants que j’ai vus cette saison fut l’œuvre de Sennecke : se dirigeant vers le haut de l’enclave, en provenance de la droite, il a réceptionné la rondelle en se tournant et alors que la rondelle se situait en avant de lui, il est parvenu à mettre une quantité remarquable de poids derrière son tir et, en une fraction de seconde, la rondelle quitta son bâton à une vitesse ahurissante.
Ce qui le rend aussi dangereux en tant que tireur est qu’il est un expert dans l’art de réajuster sa position avant de décocher ses lancers. Son contrôle de rondelle lui permet d’optimiser ses touches alors qu’il est placé favorablement, mais en grande partie, ce n’est pas l’aspect technique qui retient le plus mon attention, mais surtout son ‘Poise’ inné d’attendre une petite fraction de seconde de plus.
Un aspect plutôt méconnu du joueur est qu’il est un bien meilleur fabricant de jeux que ce qu’on lui rend crédit. Ses habilités ainsi que sa créativité avec la rondelle lui rendent accessibles bien des jeux réservés à l’élite, mais ce sont trois variables uniques qui le caractérisent dans cet aspect.
En premier lieu, Sennecke opte fréquemment pour des passes de très longues distances. Des joueurs ne semblant pas dans le portrait deviennent soudainement des joueurs à surveiller. Cela lui permet aussi de trouver une solution alors que les options privilégiées se retrouvent couvèrent. La capacité à repérer ces options et la confiance d’exécuter de telles remises est digne de mention.
Deuxièmement, le numéro 45 est l’un des joueurs les plus ‘Trompeur’ dans ses approches que cette cuvée a à offrir. Il atteint ces résultats majoritairement en vendant l’intention de tirer alors qu’il fixe le filet et qu’il apparait entreprendre une mise en charge sur son bâton, pour bien vendre le tir. Là où Sennecke parvient à se distinguer d’autres joueurs effectuant ce genre de jeu est qu’il met vraiment l’emphase sur l’exagération de sa posture.
Et finalement, il complète un grand nombre de passes en provenance de l’arrière du filet adverse. Cela est quand même intrigant, car à l’intérieur d’un match, ce n’est pas nécessairement un endroit où il est porté à se diriger, mais lorsqu’il y est, il sait comment capitaliser sur ses touches de cet emplacement. Le plus captivant dans cela est que l’on voit Sennecke combiner plusieurs de ses qualités à l’intérieur d’un unique jeu. Beaucoup de ces passes sont des passes de longue distance comme dit précédemment. Mais le plus important, c’est que si l’on revient à ce qui était mentionné à propos de sa capacité d’évasion, c’est une qualité qui lui permet d’accentuer une autre facette de son jeu. Sennecke est très doué pour échapper à la couverture d’un adversaire alors qu’il est près des bandes. Une autre chose à prendre en considération est qu’il débute à peine à prendre conscience des avantages que peuvent lui conférer son gabarit et il commence à gagner en force physique alors toutes les raisons sont fournisses pour croire que son aisance derrière le filet ne fera que s’agrandir.
C’est d’ailleurs le prochain point que je voulais aborder. Plus la saison progressait, plus Sennecke semblait avoir un intérêt nouveau pour le jeu robuste. Il réalise qu’il peut frapper des adversaires à pleine vitesse et ne pas en ressentir l’impact, comme cela aurait été le cas il y a un an. Je ne suis pas prêt à dire qu’il est le joueur qui amène ses coéquipiers dans ‘le combat’, mais une chose est sûre, lorsque les hostilités sont lancées, il trouve complaisance dans le jeu physique et l’effet d’entraînement que cela apporte à ses coéquipiers au banc et sur la patinoire.
Son ascension dans les classements en fin de saison ne semble pas convaincre tout le monde. Il y existe certains arguments pour justifier cette prise de position. Par contre, il est possible de démanteler ces mêmes arguments.
Comme il en a été mention dans l’introduction, la courbe de progression de Sennecke n’a pas été démunie de période plus creuse. Au début de la deuxième moitié de saison, il a été rétrogradé de trio et son temps de jeu a diminué. Par moment, on lui a même retiré son temps en avantage numérique (du moins, une bonne partie). Par contre, lorsque tu repêches un joueur, ce n’est pas en fonction de ce à quoi il avait l’air au mois de février. Tu le repêches pour les promesses qu’il a démontrées en fin de saison et en fonction du futur.
Il est également vrai que Sennecke n’ait pas eu une saison très productive sur le plan offensif. Cela m’a moi-même inquiété au cours de l’année. Surtout que je considère que la OHL, dans l’ensemble, est possiblement plus faible que ce qu’on a été habitué auparavant. Des joueurs corrects, sans plus, ont cumulé des statistiques très gonflées par moment, et de l’autre côté, je regardais Sennecke qui est bien plus talentueux, peinait à s’élever au-dessus du point par match. Le gros déclic s’est produit lorsqu’on l’a jumelé à Calum Ritchie. Je comprends les gens de se faire du souci basé sur ce fait, par contre, lorsque l’on regarde les habilités individuelles de Sennecke, nous sommes en droit de s’attendre à ce qu’on le place avec les meilleurs éléments offensifs de sa formation, alors, au final, est-ce vraiment grave si sa production offensive n’était pas si étincelante pendant la saison régulière ?
En termes de stylistique, Sennecke me fait beaucoup penser à Martin Necas. Son audace et sa créativité avec la rondelle, comment il décoche certains lancers, mais surtout, sa façon de patiner en encerclant la zone offensive en possession du disque me rappelle drôlement l’attaquant Tchèque des Hurricanes de la Caroline.
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6. Carter Yakemchuk
Carter Yakemchuk est un défenseur droitier de 6’3 évoluant pour les Hitmen de Calgary dans la WHL. Il est ce qu’on appelle dans le jargon un ‘Throwback’ rappelant les typiques bœufs de l’Ouest d’une époque ancienne. En toute transparence, il est le joueur qui a connu la plus grande ascension sur ma liste au cours de l’année (si j’exclus les joueurs qui ont fait une apparition plus tardive). Quelques améliorations ont été observées, mais majoritairement, c’est parce que j’ai accordé trop de poids à certaines erreurs, qui au final, ne se seront pas répétés à une fréquence justifiant une position plus sévère à son endroit.
Yakemchuk a établi un record de la franchise des Hitmen en inscrivant 30 buts cette saison. Pour atteindre une telle marque, cela ne sera pas une surprise d’apprendre que le défenseur Canadien a un boulet de canon qui lui sert de lancer. Son tir frappé est très puissant et les schémas offensifs de son club sont définitivement orientés pour l’alimenter. C’est lui le ‘Trigger-Man’ de l’attaque à 5. Son tir des poignets a aussi beaucoup de vélocité. Ses tirs sont menaçants même en provenance de la ligne bleue.
D’un point de vue technique, il est très intéressant de constater que Yakemchuk est très habile pour changer ses angles de tir, en utilisant une bonne souplesse des poignets. Il profite du fait que ses adversaires redoutent son tir pour savamment le retarder juste assez pour qu’une ouverture s’offre à lui. Cela est loin d’être une pratique commune chez les défenseurs de parvenir à changer les angles de tir de la sorte.
Cela démontre une intelligence et des instincts offensifs sur une base individuelle, mais Yakemchuk a une compréhension accrue des systèmes défensifs adverses et il arrive à tourner cela à son avantage. Ses instincts offensifs sont très bons alors qu’on le voit régulièrement exploiter les trous dans la couverture adverse en s’avançant dans l’enclave ou bas dans la zone offensive. Personnellement, ce que j’aime le plus est que tangiblement, on peut observer Yakemchuk vouloir être celui qui va mettre la rondelle dans le filet. Il veut être celui qui va faire la différence.
Comme dit plus tôt, bien que les stratégies offensives des Hitmen soient dessinées en fonction d’alimenter Yakemchuk, ce dernier se montre un bon distributeur de rondelle. Une fois de plus, je vais me référer à ses instincts offensifs alors qu’il démontre la vision nécessaire pour repérer des lignes de passes qui ne sont accessibles que s’il élimine une variable au préalable. Ces lignes de passes mènent à d’excellentes chances de marquer lorsqu’elles se voient ouvertes suite à une habile manœuvre de Yakemchuk. Lorsque l’on compare Yakemchuk aux autres défenseurs de ce repêchage décrit comme étant ‘Two-Way’, je n’ai pas vu en eux la capacité de repérer ces jeux qui apparaissent cachés à première vue. Je doute aussi que ces défenseurs puissent exécuter ces jeux.
Le natif d’Alberta démontre aussi une aisance à alimenter ses coéquipiers qui est égale des deux côtés, ne tombant pas dans le piège de démontrer une trop forte tendance dans son jeu qui peut s’avérer prévisible. Ses remises peuvent être très rapides, autant d’un côté comme de l’autre.
Listé à 6’3 et 194 lbs, Carter Yakemchuk est l’un des joueurs les plus matures physiquement de tout le repêchage (il est aussi l’un des plus vieux étant nés le 29 septembre). Cela s’observe dans les matchs puisqu’il est l’un des joueurs les plus robustes que cette cohorte a à offrir.
Il distribue de très solides mises en échec, tout particulièrement le long des rampes. Il serait aussi important d’aviser ses adversaires de ne pas trop le défier lors des escarmouches puisqu’il a la mèche assez courte ! Plusieurs joueurs cette saison ont dû reconsidérer leurs actions par la suite, car la réplique ne s’est pas effectuée avec le dos de la main morte, comme dirait Jean Perron !
Yakemchuk a d’ailleurs été impliqué dans plusieurs combats au cours du calendrier. C’est très rare de voir un joueur projeté aussi haut pour le repêchage laisser tomber les gants. Dans l’aspect physique, la seule chose qu’on peut lui reprocher, c’est de parfois laisser ses émotions prendre le dessus sur lui, quittant sa position pour aller frapper un joueur.
En début de saison, je me suis montré plus sévère à son sujet pour quelques bévues, qui, au final, ne se seront avérées qu’occasionnelles ; des imprécisions lors de ses relances, laisser trop d’espace par l’extérieur à un adversaire ou bien se coucher prématurément sur la glace pour couper une passe. Ce qui m’inquiétait le plus était la vitesse des pieds de Yakemchuk. Certains déplacements en espaces plus restreints semblaient ardus. Il avait aussi tendance à cesser de bouger ses pieds lorsqu’en possession du disque, l’empêchant de se créer la séparation nécessaire.
Par contre, lorsqu’il prend son erre d’aller, Yakemchuk déploie assez de puissance dans ses enjambées. C’est souvent plus difficile d’apprécier la rapidité de gros joueurs puisque leur cadence de patin est moins élevée, mais Yakemchuk se déplace bien sur la patinoire et il n’y a pas d’inquiétudes à avoir.
Le seul reproche adressé à Yakemchuk qui a persisté toute la saison est qu’il est responsable de beaucoup de pertes de rondelle en tentant des jeux. Étrangement, ce n’est pas que Yakemchuk n’a pas de bonnes mains. Cela a d’ailleurs été mentionné précédemment lorsqu’il était mention de sa capacité à changer ses angles de tir et à préparer des jeux pour ses coéquipiers. Le problème est qu’il évalue ses mains comme étant bien meilleures qu’elles ne le sont en réalité. Bien que cela me dérange un peu, je peux comprendre les jeux qu’il tente et ils servent à quelque chose. Un manque d’intelligence n’est pas impliqué dans ces tentatives.
Mais au final, la principale tâche d’un défenseur est de défendre et Yakemchuk a en son jeu des qualités qui font de lui un joueur pouvant se mériter la confiance de son entraîneur. J’aime notamment comment il ferme le corridor donnant accès à son gardien de but lors des contre-attaques de l’équipe adverse. Il empêche ses adversaires de se présenter dans les zones dangereuses pour s’emparer d’un retour, ou même, de déranger le gardien de but. Cela donne un peu de répit à son cerbère.
Sans la rondelle, sa plus grande qualité demeure cependant le nombre de jeux qu’il parvient à briser. Grâce à une bonne vision du jeu et à une bonne anticipation, Yakemchuk interrompt plusieurs attaques de ses adversaires en coupant des lignes de passes in extremis. Son positionnement sur la patinoire n’est jamais un enjeu, ce qui l’aide dans cette facette. Il possède aussi un bon bâton défensivement.
Ce qui est intéressant est qu’il brise des jeux dans les trois zones. Dans la zone neutre aussi, mais surtout en zone offensive où son audace lui permet d’empêcher des dégagements et ainsi prolonger la séquence offensive de son club. Ces raisons sont suffisantes pour faire de Yakemchuk un défenseur hautement convoité par les équipes de la LNH, mais pour agrémenter le tout, il effectue aussi de très bonnes relances en sortie de zone.
Personnellement, je vois Yakemchuk comme étant le défenseur le mieux ‘balancé’ dans ce repêchage. Celui où ses qualités offensives ainsi que défensives sont de hauts niveaux. Les Parekh et Buium ont des déficiences dans leur jeu défensif (certaines d’envergure) et les Silayev, Dickinson et Levshunov n’ont pas les qualités offensives de Yakemchuk.
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7. Tij Iginla
Tij Iginla n’a pas besoin d’introduction, fort d’une impressionnante récolte offensive et fils de l’iconique légende des Flames de Calgary, le porte-couleur des Rockets de Kelowna mérite amplement l’enthousiasme qui lui est porté en tant que potentiel choix top 10 de l’encan 2024. Malgré que l’on pourrait être porté à croire que la qualité de son lancer et sa capacité à marquer des buts est ce qui le distingue le plus en tant qu’espoir, je trouve qu’il y a des nuances dans son jeu qui prévalent plus à faire de lui un joueur unique.
Cela peut sembler niché un peu, mais ce que je trouve le plus identitaire chez Iginla est à quel point il est fort sur la rondelle. Malgré un gabarit dans la moyenne (6’0, 185lbs) il est très difficile à déloger de la rondelle. Il applique beaucoup de force vers le bas sur son bâton et, de la sorte, ne s’expose jamais à ce qu’un adversaire lui soutire la rondelle en levant son bâton. Pour l’avoir vu conserver le disque face à plusieurs opposants simultanément, je soupçonne qu’il possède une très bonne force de préhension et je suis bien curieux de savoir comment il fera à ce test au Combine.
Sa ténacité dans de tels scénarios est impressionnante, mais pour moi cette facette n’est pas uniquement question de ‘vouloir’, mais aussi d’habileté. On observe souvent chez des joueurs d’un gabarit similaire à Iginla se démarquant par cette habileté, une intelligence quant à l’endroit qu’il place la rondelle avant une confrontation face à un ou des adversaires, gardant la rondelle plus près de ses patins pour éviter de faciliter l’accès à ses rivaux. On observe d’ailleurs un athlétisme impressionnant chez Tij alors qu’il est très habile pour récupérer des rondelles avec ses patins avant de les rediriger vers sa lame de bâton. Dès lors qu’il semble hors d’une confrontation, il trouve un moyen de ressortir victorieux, avec la rondelle.
Une autre façon plutôt novatrice où la force de Iginla sur la rondelle ressort, c’est lors de mises aux jeux en territoire offensif. Le fils de Jarome a évolué au centre à différents moments dans la saison et il préconisait ce jeu où plutôt que de chercher à remporter la mise au jeu sur son revers pour l’envoyer à un défenseur, il poussait la rondelle vers l’avant, tassant son adversaire et effectuait une passe dans l’enclave.
Pour agrémenter cette facette, Iginla possède de très fortes hanches. Lors de bataille à un contre un, il va régulièrement rentrer sous son adversaire et s’appuyer fortement sur ses hanches pour gagner sa position. Cette particularité physique lui permet d’effectuer de brusques et puissants pivots lui permettant de se créer de la séparation pour se défaire d’un couvreur.
C’est en utilisant ces pivots qu’Iginla va en profiter pour exploiter l’une des constantes dans son jeu, qui est d’attaquer le centre de la zone offensive. C’est un joueur qui ne trouve pas de complaisance à demeurer en périphérie, il va chercher par tous les moyens d’amener la rondelle dans les zones dangereuses.
Ce désir d’amener la rondelle vers le centre de la zone offensive est ce qui distingue le plus ses capacités en tant que fabricant de jeux. Il n’a rien d’un passeur spectaculaire, mais beaucoup de ses remises témoignent d’une forte compréhension du jeu et de maturité. Il complète beaucoup de passes ‘difficiles’ où il va faire glisser la rondelle sous des bâtons adverses. Une passe qui m’a marqué cette saison fut réalisée de son revers, en diagonale lors d’une transition alors qu’il s’y trouvait plusieurs obstacles entre lui et sa cible. Il ne fera pas toujours la passe qui va faire écarquiller les yeux et qui va concrétiser directement à une chance de marquer, mais il réalise beaucoup de passes que je considère d’un jeu ‘Pro’ alors qu’elles permettent à son équipe de conserver la possession du disque, ainsi que de faire progresser le jeu.
Ce n’est pas pour dire que le jeu de passe de Iginla est dénudé de créativité, loin de là. Il peut repérer des coéquipiers à l’aide de passes transversales et possède une aisance particulière à rejoindre des coéquipiers à l’embouchure du filet. Une sélection de jeux qui fait de lui un passeur ingénieux est comment il attire les adversaires dans une direction donnée avec son patin avant de remettre à contresens à un coéquipier qui s’était libéré.
Iginla est probablement reconnu principalement pour ses qualités en tant que marqueur. Je ne peux qu’être en accord avec cette affirmation, par contre, il y a une raison pour laquelle je n’ai pas débuté mon analyse avec ce trait. Malgré toute l’appréciation que je porte envers son tir, je crois que certaines personnes se sont un peu trop excitées par rapport à ce dernier. Ce qui n’est pas chose rare lorsqu’il y est question d’espoirs. On est souvent porté à croire qu’un très bon marqueur junior sera en mesure de battre les gardiens de la LNH d’une longue distance, sans même qu’il y ait d’écran devant eux.
Mais bon, il y existe tout de même une raison pour laquelle je vois Iginla accumuler des saisons de 30 buts dans la LNH. Son tir des poignets est son arme favorite. Ce qui le rend dangereux, c’est qu’il n’a pas besoin d’élan pour décocher son lancer, et la vélocité de ce dernier ne s’en voit pas affectée. Sa dégaine est très vive et il est tout aussi doué pour décocher alors qu’il est en mouvement. Dans mes visionnements, trois choses uniques sont ressorties, caractérisant ce qui distingue Iginla en tant que tireur.
En premier lieu, l’attaquant des Rockets de Kelowna fait preuve de patience lorsqu’il est dans l’enclave. Plusieurs joueurs seraient portés à précipiter leur tir, étant positionnés dans un endroit dangereux. Iginla va plutôt prospérer devant un défenseur qui s’agenouille pour améliorer son positionnement davantage.
Deuxièmement, il est notamment sournois pour tromper les gardiens qui trichent sur leur côté rapproché, anticipant la passe. Même les gardiens qui ralentissent leur déplacement sachant qu’Iginla n’est pas de son côté pour tirer sur réception se font battre par une dégaine très vive.
Et finalement, le fils de Jarome tire quelques traits du paternel alors qu’il fait preuve d’une intelligence prononcée pour se créer des chances de marquer. Il y existe une différence notoire entre un joueur qui possède un bon tir et un bon marqueur. Rien ne peut remplacer un instinct inné pour se démarquer, trouver les zones libres, avoir le bon ‘timing’, lire l’intention de ses coéquipiers et j’en passe. Iginla fait part de jeux très intéressants alors qu’il pointe à ses coéquipiers avec son bâton, l’endroit auquel il se dirige afin de se faire alimenter.
Iginla possède aussi une très bonne paire de mains. Il n’a pas nécessairement la mentalité de se diriger sur un adversaire avec l’intention de le déjouer, mais c’est très surprenant de voir à quel point il peut sortir un lapin de son chapeau alors que la pression se referme sur lui. Il est particulièrement fan du Toe-Drag du revers, ce qui n’est jamais déplaisant à regarder.
Il amène aussi beaucoup de substance à son jeu sans la rondelle alors que sa pression sur les défenseurs adverses est incessante. Cela offre une plus-value tout spécialement lors des désavantages numériques lorsque les défenseurs qui récupèrent la rondelle sont contraints à bouger rapidement et ne peuvent attendre que leurs coéquipiers soient bien positionnés pour relancer le jeu de nouveau. Cela permet d’écouler de précieuses secondes aux unités spéciales adverses.
Personnellement, Iginla me fait beaucoup penser à Brandon Hagel du Lightning de Tampa Bay. Ce n’est peut-être pas le comparable le plus entichant pour un choix top 10, mais je tiens à rappeler que Hagel compte plusieurs saisons de 25 à 30 buts et de 65 + pts et qu’il se montre souvent l’un des bons producteurs de la ligue à 5 vs 5. Et après tout, les comparaisons sont surtout utilisées à des fins de stylistiques, on est souvent bombardé de comparaisons établies entre des espoirs et des joueurs prédestinés à atterrir au Temple de la Renommée. Ça ne sera qu’un plus si Iginla atteint des sommets encore plus hauts qu’Hagel. Mais pour moi, la force qu’il fait preuve sur la rondelle en dépit d’un gabarit moyen, le jeu qui est constamment orienté vers l’intérieur des zones payantes, le travaille ininterrompu sans la rondelle ainsi que la distribution de rondelle sans artifices, mais demeurant d’une haute qualité, pouvant compléter des passes difficiles me font sans cesse penser aux porte-couleurs du Lightning.
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8. Sam Dickinson
Issu du puissant programme des Knights de London, Sam Dickinson est un défenseur gaucher de 6’3. Ayant récolté plus d’un pts par match en saison régulière, il est vu par plusieurs comme étant le meilleur défenseur du repêchage. Ce n’est pas une opinion que je partage, mais il ne fait aucun doute qu’il est l’un des meilleurs patineurs de cette cuvée.
Son patin l’assure qu’il ne se fera pas battre de vitesse par des attaquants qui chercheraient à passer par l’extérieur. Cela lui confère également le luxe de s’avancer en territoire offensif, car il peut rattraper pratiquement n’importe qui dans la OHL si jamais la rondelle tombe dans les mains ennemies.
Dans sa zone, il est une présence sécurisante puisqu’il peut lui-même patiner avec la rondelle et la sortir des zones de danger lorsque la pression se fait chaude. En fait, dans ces circonstances, c’est l’option qu’il va privilégier la majorité du temps : patiner avec la rondelle et la sortir lui-même de la zone, plutôt que d’effectuer une remise à un coéquipier. C’est quelque chose que l’on observe aussi quant à son jeu en transition, il préfère monter la rondelle.
Il a d’ailleurs effectué de spectaculaires montées à l’emporte-pièce au cours de la saison. Dickinson est possiblement le défenseur qui possède le plus de ‘Poise’ de tout le repêchage. Son seuil de panique est excellent. C’est comme si de la glace coulait dans ses veines. Mais dans son cas, ce n’est pas seulement l’absence de panique, mais aussi le fait qu’il est très bien outillé pour se sortir de situations ardues : il se sert bien de son coup de patin et de son gabarit pour protéger la rondelle, mais c’est surtout le fait qu’il possède une longue portée et il n’a qu’à simplement déplacer la rondelle d’un côté à l’autre pour qu’elle devienne immédiatement hors de danger.
Il a un très bon bâton défensivement. Cela lui permet de briser des jeux de toutes sortes de façon. En tête de liste, comme je le mentionnais plus tôt, en conjonction avec son coup de patin lorsqu’il se replie défensivement. Par contre, l’aspect technique qui m’a le plus impressionné dans sa façon d’utiliser son bâton défensivement c’est à l’intérieur de ses pivots lorsqu’un attaquant tente de le battre par l’extérieur. Il va effectuer son pivot pour passer de patin de reculons à du patin vers l’avant, mais durant cette transition, il va incliner son corps en direction de l’attaquant et va étendre sa portée pour lui faire perdre la rondelle.
Le numéro 3 des Knights maitrise certains aspects défensifs comme s’il était déjà un vétéran. Comment qu’il s’y prend pour défendre les situations de 2-contre-1 en est un excellent exemple. Les jeunes de son âge ont tendance à se retrouver entre l’arbre et l’écorce ; ils ne veulent pas exercer une pression trop forte sur le porteur de la rondelle pour ne pas laisser l’option de passe à découvert, mais ils ne veulent pas couvrir l’option de passe pour ne pas allouer un grand corridor de lancer au tireur. Au final, ils ne font ni l’un ni l’autre et les deux options demeurent viables pour le porteur de la rondelle. Dickinson joue à l’antipode de cette fâcheuse indécision. Il va se coucher sur la glace de tout son long pour bloquer l’option de passe, mais il va effectuer cette glissade agressivement en direction du joueur qui détient la rondelle. Il prévient l’option de passe et il vient aussi rapidement fermer l’accès à l’enclave et il force le tireur à précipiter son lancer. C’est de toute beauté.
Offensivement, l’on retrouve ce même ‘Poise’ dont il fait preuve défensivement. Il ne va jamais gaspiller une possession de rondelle pour rien. Même lorsqu’on lui met une forte pression alors qu’il est à la ligne bleue, il ne va pas s’en départir. Il va trouver une ligne de passe à son partenaire à la défense ou il va faire geler l’attaquant avec une série d’hésitations.
Il est l’un des défenseurs de cette cohorte qui détient un bon tir. Autant son lancer des poignets que son tir frappé. En début de saison, il était employé comme option principale de tir sur réception sur la première unité d’avantage numérique, allant souvent se placer à l’intérieur du cercle droit. Dickinson n’a pas un sens offensif des plus érudits (plus à ce sujet plus tard) alors il a perdu ce poste, étant plus tard relégué sur la 2e vague d’attaque à cinq. J’aime encore la qualité de son tir, par contre, il a la fâcheuse manie de prendre ses tirs de bien trop loin. Il prend souvent des tirs sur réception alors que ses deux patins sont situés à la ligne bleue, et je ne parle pas ici de simples tirs dirigés vers le filet, mais bien de tirs où il cherche à battre les gardiens.
Son jeu en distribution de rondelle est somme toute assez simple. Il n’a pas démontré de grands flashs dans ce département au cours de la saison. Il n’a pas de qualité première lorsque vient le temps de faire circuler le disque ; il ne fait pas preuve de tromperie, ne va pas repérer de difficiles lignes de passes transversales, il ne va pas longer le long de la ligne bleue en possession de la rondelle, etc.
En fait, c’est lors des contre-attaques qu’il exécute ses meilleurs jeux. Exemple, des séquences de type va-et-vient. Cela l’avantage, car il n’y a pas beaucoup de variables dans l’équation. Ça lui permet de garder les choses simples en remettant à un coéquipier en entrée de territoire et en poursuivant sa route vers le filet grâce à son patin. Il a la présence d’esprit de garder son bâton sur la patinoire en tout temps pour rediriger la rondelle.
Je trouve qu’il est assez limité offensivement, bien que possédant un puissant lancer, il n’est pas un marqueur né, il n’est pas le meilleur distributeur de rondelle qui soit et son jeu en transport de rondelle, bien qu’efficace pour sécuriser sa zone et rentrer dans celle adverse, n’aboutira pas en chance de marquer franche. Il n’a pas le flair de prendre le centre, allant plus souvent qu’autrement dans un corridor le long de la bande.
J’aimerais le voir plus physique et ‘méchant’ dans sa zone également. Malgré ses 6’3 et 203 lbs, il ne donne pas beaucoup de mises en échec et on ne le voit jamais donner des doubles-échecs devant son filet. Il n’a pas la mentalité de punir ses adversaires.
Je ne veux pas sembler trop critique, mais d’une certaine façon, Dickinson n’a pas entièrement répondu aux attentes que j’avais envers lui cette saison. Au cours de l’été dernier, j’avais regardé quelques-uns de ses matchs en séries éliminatoires pour me familiariser avec la cuvée du repêchage de la saison à venir. J’avais été renversé de voir un jeune défenseur de 16 ans (à noter qu’il est jeune pour sa cuvée, étant né au mois de juin) avoir autant de présence sur la glace à ce moment fatidique de l’année. Ce n’est pas qu’il a connu des difficultés cette saison, c’est juste que je détiens un échantillonnage tout de même important de visionnements sur lui, et dans la presque totalité de ces matchs, il a été ‘Bon’ sans être ‘Très bon’. Je ne compte que deux ou trois matchs où il avait l’air d’un véritable général sur la glace. Je vois un bon défenseur de 2e paire en lui. Je dois préciser cependant que de tous les défenseurs à haut-profile dans ce repêchage, il est possiblement celui avec le plus de marge de manœuvre en termes de développement, en vertu de sa date de naissance.
Nombre de matchs visionnés : 19
9. Artyom Levshunov
Artyom Levshunov est un défenseur (droitier) Biélorusse qui joue aux États-Unis depuis les deux dernières saisons. Après avoir passé un an USHL avec les Gamblers de Green Bay, il a fait le saut en NCAA cette saison avec l’université de Michigan State.
Levshunov est l’un des défenseurs que l’on pourrait qualifier de ‘Two-Way’ de ce repêchage. Il est une présence calme dans son territoire et particulièrement lorsqu’il défend les contre-attaques. Il n’est jamais alarmé par un attaquant qui descend à pleine vitesse, peu importe si ce même attaquant l’attaque de front ou si Levshunov lui-même doit le rattraper. Il fait un bon usage de son bâton et on s’aperçoit que son patin lui permet de couvrir plus de territoire que l’on pourrait croire à première vue.
Ayant terminé la saison avec une récolte avoisinant le point par match, Levshunov est un curieux cas à évaluer offensivement. Dans la zone offensive, il n’est pas du genre à se déplacer de long en large en possession du disque et ce n’est pas le joueur le plus à l’aise ou le plus créatif avec la rondelle, mais il est capable de distribuer la rondelle de manière efficiente tout de même. Personnellement, je préfère les défenseurs dégageant une certaine aura avec la rondelle et qui peuvent installer des doutes dans la tête de leurs adversaires ainsi que les défier, mais bien que je ne retrouve pas cela chez Levshunov et que je le trouve un peu simpliste dans ses approches offensives, il a tout de même sorti quelques jeux cette saison qui m’ont fait hésiter de l’étiquette que j’allais lui coller en tant que Puck-Mover.
Tout comme avec sa distribution de rondelle, le mot d’ordre pour décrire son lancer et l’usage qu’il en fait est : Simplicité. Il se signale par sa capacité à placer des rondelles au filet même lorsqu’il est collé le long de la bande. C’est généralement à ces moments où le jeu semble le plus inoffensif que la couverture défensive peut être plus perméable et que des coéquipiers de Levshunov peuvent se rendre au filet pour récupérer les retours. Plusieurs buts de Michigan State ont été marqués de la sorte cette saison.
Sur le plan technique, Levshunov possède un tir très ‘Sec’. Il décoche ses lancers sans ne prendre d’élan au préalable. Il n’a pas à ramener la rondelle vers l’arrière avant de s’élancer. Ce détail fait en sorte que les attaquants chargés de le couvrir n’ont pas d’indices quant à ses intentions de décocher et cela peut faire en sorte qu’ils ne réagiront pas à temps pour se placer en position de bloquer le tir. C’est l’une des raisons qui explique pourquoi Levshunov parvient à diriger autan de rondelle au filet. Aussi, il ne poursuit jamais le mouvement de son bâton vers l’avant après que la rondelle ait quitté sa lame.
Même sur ses lancers frappés, ses élans sont très courts. Pour clore cet aspect de son jeu, les gardiens doivent se méfier de lui puisqu’il effectue un bon boulot pour décocher des lancers alors qu’il est dans une position inorthodoxe.
Par contre, ce n’est pas pour la projection de son offensive que Levshunov est un espoir convoité. Ce qui pourrait très bien être sa caractéristique la plus attrayante est comment il peut faire pencher la patinoire en faveur de son équipe. Son jeu de transition compte plusieurs points forts.
Il offre une première passe de qualité, mais ce qui retient le plus mon attention, c’est que je retrouve des nuances qui font de lui un joueur unique dans ce département. On retrouve un élément de ‘Tromperie’ alors que ça lui arrive de regarder un joueur autre que sa cible intentionnée. C’est quelque chose que l’on retrouve souvent en territoire offensif chez les joueurs de talents, mais ce n’est pas quelque chose d’usuel en relance.
Mais surtout, Levshunov est excellent pour effectuer des remises transversales, de la largeur complète de la patinoire, à un coéquipier. On n’observe pas des changements d’ailes de la sorte fréquemment au hockey. Mais cela permet de prendre à dépourvu une formation qui apporte un changement et d’exploiter le côté libre de la patinoire. Certaines stratégies d’entraîneur sont aussi d’appliquer une pression accentuée avec plus d’un joueur d’un côté de la patinoire, Levshunov est le parfait antidote à cela.
Pour moi, sa plus grande qualité est la rapidité à laquelle il peut faire passer le jeu d’une situation défensive à son équipe à une situation offensive. Il n’y a rien de très tape l’œil lorsque l’on regarde de près comment il parvient à ces fins, mais je vais faire mention une fois de plus de son efficience. Ses qualités défensives lui permettent de s’emparer de la rondelle, que ce soit en gagnant une confrontation physique ou en faisant usage de son bâton. Ensuite, la bonne option de passe est rapidement identifiée et il ne perd pas de temps dans son exécution. J’aime aussi qu’il poursuive ses actions et saute dans la mêlée suite à sa remise.
Cet aspect était également l’une des plus grandes forces chez un espoir l’an dernier. Un autre défenseur droitier de plus de 6’2 : David Reinbacher. En tant que Canadien-Francophone, je vois constamment des comparaisons être établies avec des joueurs, ou des espoirs, des Canadiens de Montréal, et bien franchement, je trouve ces comparaisons très paresseuses. Elles sont souvent boiteuses et je ne vois pas vraiment où les gens s’en vont avec. Ce n’est pas comme s’il n’y avait pas d’autres joueurs avec qui établir des parallèles.
En début de saison, les similarités entre les deux m’ont frappé dû à cette habileté susmentionnée à passer d’un scénario appelé à défendre à une relance offensive en le temps de le dire. C’était une prise de position audacieuse en début de saison, mais je maintenir mon point : Je trouve Reinbacher supérieur à Levshunov !
(Reinbacher était généralement classé autour du 20e rang dans les listes publiques l’an dernier).
Là où un fossé s’observe entre les deux est au niveau du Compete-Level. C’est la principale raison qui fait que je préfère Reinbacher. Cela s’observe dans divers scénarios. De un, il arrive à Levshunov d’aller appuyer l’attaque, et lorsque la rondelle tombe dans les mains ennemies et que ceux-ci amorcent une contre-attaque, il ne semble pas très pressé de se replier. Lors d’une séquence, un 4 contre 2 se dessinait pour l’équipe adverse et c’est un attaquant qui a assumé le repli défensif. Levshunov est arrivé quelques secondes plus tard en se laissant glisser.
La différence la plus notable entre les deux est cependant comment qu’ils vont accepter les contacts afin de protéger la rondelle. Cela était l’une des choses que j’aimais le plus à propos de Reinbacher l’an dernier. Dans le cas de Levshunov, je l’ai vu se débarrasser de la rondelle mollement, car il ne voulait pas se faire frapper. Cela fait partie intégrante du Compete-Level d’un joueur pour moi.
Je me suis remis en question continuellement avec Levshunov cette saison. Par moment, j’étais prêt à lui pardonner tout ce que j’avais pu lui reprocher tôt dans l’année, mais maintenant que j’ai un portrait de l’ensemble de sa saison, je me dois de constater que c’est un joueur qui est assez inconstant dans son désir de compétitionner. C’est dommage, car lorsqu’il joue avec ardeur, il a la force physique pour rudoyer ses adversaires et peut être simplement dominant physiquement le long des bandes.
Malgré les reproches que je peux avoir à son propos, c’est difficile de lui coller l’étiquette de ‘désintéressé’ sur la patinoire, car dans l’ensemble, c’est un joueur très éveillé. Lorsqu’on le regarde attentivement, c’est fascinant de voir comment qu’il communique activement avec son non-verbal. Il est constamment en train de pointer avec sa main ou son bâton à ses coéquipiers où se diriger sur la patinoire, qui couvrir en situation de surnombre, où envoyer la rondelle, etc. Parfois c’est littéralement comme avoir un entraîneur sur la patinoire.
C’est particulièrement impressionnant de le voir diriger ses coéquipiers sur la glace alors qu’il est le plus jeune joueur de sa formation. Encore plus lorsqu’on prend en considération qu’il y a peut-être une barrière de la langue présente dans son cas.
Mais par-dessus tout, cela démontre une compréhension accrue du jeu en général. Lors du Combine, des dirigeants de la LNH aiment bien questionner les espoirs en leur montrant une séquence de jeu d’un match LNH, et en appuyant sur pause, ils leur demandent quels joueurs seraient chargés de couvrir quels joueurs, d’aller où, etc. J’ai l’impression que Levshunov fera bien à cet escient, si questionné.
Pour revenir à sa production offensive, celle-ci m’est difficile à justifier. Comme dit précédemment, Levshunov est efficace dans les jeux simples, mais il n’a pas la dextérité des mains ni le niveau de créativité nécessaire pour faire des jeux dignes de le projeter sur une première unité d’attaque à 5. Il se retrouve rapidement dépassé s’il tente des jeux un peu plus imaginatifs. Je crois que plusieurs personnes se laissent berner par les chiffres qu’il a cette année en NCAA.
En fait, cela se transporte également dans les deux autres zones. Du moment où il cherche à conserver le disque et à effectuer une manœuvre plus audacieuse, il se met dans l’embarras.
Défensivement, l’une des choses que je lui reproche est de concéder trop d’espace aux tireurs. Ici, il prend une mauvaise décision et au lieu de suivre son joueur derrière le filet, il freine et va protéger l’autre côté.
Levshunov n’aura pas été l’un de mes favoris cette saison, mais lorsque je regarde la projection de son coffre à outils, j’accorde plus d’importance à l’impact qu’il aura défensivement qu’à ce que peuvent réaliser avec la rondelle d’autres joueurs. Il en était à ses premiers pas dans la NCAA et il demeure possible qu’il s’améliore dans les prochaines années.
Nombre de matchs visionnés : 18
10. Zeev Buium
Zeev Buium est un défenseur gaucher qui aura su conquérir le cœur des observateurs hockey au cours de la saison. Évoluant pour l’Université de Denver, on l’aura notamment vu se tailler un rôle important au sein des États-Unis lors du Championnat Mondial de Hockey Junior.
Lorsqu’on le regarde jouer, ce n’est pas très surprenant qu’il soit classé si haut dans les listes publiques. Zeev Buium est le patineur le plus évasif de tout le repêchage. Il possède une excellente agilité sur patin qui lui permet de rebrousser chemin à tout moment. C’est assez impressionnant de le regarder effectuer des pivots sur lui-même pour se défaire d’un adversaire. Il peut enchaîner les changements de direction l’un après l’autre jusqu’à ce que son couvreur lui concède une ouverture. Cela lui permet également de gagner une quantité considérable de temps pour qu’une option se libère ou pour qu’un coéquipier lui vienne en support.
Sa confiance en ses moyens lui permet de tirer profit de son agilité alors qu’il excelle à appâter des joueurs sur lui à la ligne bleue pour ensuite effectuer une succession de mouvement d’épaule pour les laisser dans la poussière. Il y a définitivement un ‘Pattern’ dans ses sélections de jeux, qui est de prendre la fuite vers la droite, amenant la rondelle de son côté du revers. Bien qu’il soit vrai que de constamment opter pour les mêmes sélections de jeux puisse être considéré comme une béquille, je crois que c’est la meilleure solution que possède Buium puisque son explosion sur patin n’est pas si bonne que cela (aller sur son revers lui permet d’étendre sa portée avec la rondelle), mais plus important encore, il fait un excellent usage de son bras libre pour repousser son adversaire !
Ayant un gabarit plutôt moyen, Buium trouve une façon d’élever sa protection de rondelle avec cet usage judicieux de son bras libre. Le joueur originaire de l’État de la Californie est une option priorisée dans les schémas de sa formation pour transporter la rondelle. Il trouve succès dans cette facette en repérant très rapidement les routes qui se ferment devant lui et quelles autres avenues il peut prendre. Son efficacité est aussi augmentée par les feintes qu’il réalise devant des adversaires avec sa tête et ses épaules. Il se permet de leur vendre de fausses routes et c’est de cette façon qu’il parvient à déjouer des joueurs sur la patinoire.
Buium est un joueur qui a tout de même assez de ‘chien’ sur la patinoire. Sans nécessairement donner de mise en échec, il bataille fermement le long des bandes et s’il peut donner la vie dure à un adversaire, il va le faire. C’est à partir d’ici que je dois commencer à parler des aspects moins reluisants dans son jeu. Bien que j’apprécie son désir de compétitionner, Buium possède un physique assez moyen pour un défenseur (6’0, 183 lbs) et il y a un notable manque de force physique lorsqu’il tente de pousser ses adversaires. Ceux-ci essuient ses poussées facilement et peuvent compléter leur jeu sans grandes embuches.
Cela limite considérablement son efficacité défensive et même en possession de la rondelle, Buium a tendance à la conserver trop longtemps et il se retrouve souvent en situation où il doit la protéger avec son physique, et ce que la nature lui a fourni n’est pas suffisant. Ce qui m’inquiète un peu est que sa confiance en ses moyens dans ces situations est plus grande qu’elle ne le devrait.
Pour revenir sur son patin, je crois qu’il faut demeurer prudent lorsqu’on l’analyse patiner. Oui, son agilité sur pied est remarquable et de très bonnes choses en découlent, mais cela n’est pas un bon baromètre pour juger adéquatement sa vitesse en tant que telle. Évaluer un joueur en mouvement face à des joueurs statiques est plutôt trompeur. Lorsque je regarde Buium patiner en ligne droite, je ne trouve pas que sa vitesse soit supérieure à la moyenne.
Et lorsqu’il est appelé à défendre les contre-attaques, c’est tout de même assez commun de le voir se faire battre par l’extérieur. Son bâton n’est pas le meilleur dans ses situations, déjà qu’il n’est pas aidé de la plus longue des portées.
Pour revenir sur ses jeux en possession de rondelle en zone offensive, je trouve que le côté ‘Flashy’ et excitant que ceux-ci offrent à induit beaucoup de gens en erreur quant à sa réelle efficacité offensive et à ce que son potentiel est. Dans un grand nombre de ces séquences, Buium ne semble avoir aucune idée préétablie en tête. Il se retrouve en constante improvisation jusqu’à ce qu’il n’ait plus d’espace : il va soit perdre une bataille le long des rampes ou il va devoir prendre un tir non menaçant, de loin, en se retournant. Ces jeux ne sont pas effectués dans l’intention d’ouvrir une ligne de passe, mais plus pour gagner du temps. Ce qui m’amène à croire que son potentiel offensif est plus limité que l’on peut croire à priori.
Ce genre de jeux se produisaient plus fréquemment au fil que la saison progressait, ce qui est curieux, car cela coïncide également avec son ascension dans les classements. Je crois que la multiplication de ces erreurs est due à un trop plein de confiance en ses propres moyens. Sur certaines séquences, on était en droit de se demande s’il ne souffrait pas d’un manque de vision de jeu. Ce qui n’est pas le cas. Il doit seulement apprendre à jouer avec plus de simplicité.
Son jeu en distribution de rondelle est bien, sans plus. J’accorde plus de valeur à des possessions brèves de rondelle lorsque vient le temps de faire circuler le disque, que de voir un joueur tourner infiniment en rond dans la zone offensive. Souvent, lorsque l’on porte attention à la structure défensive adverse, il est beaucoup plus probable qu’une ouverture se crée avec un jeu de passe collectif qu’avec une possession de rondelle prolongée d’un seul joueur.
En première moitié de saison, j’avais un gros problème avec le faible volume de jeux générés par une efficace circulation de rondelle de Buium. Cela est désormais mieux. De plus, sur le plan technique, il est doué pour tromper les attaquants adverses alors qu’il garde son regard rivé sur le gardien avant d’y aller d’une remise transversale. La projection de ces jeux se transpose bien, par contre, j’aimerais voir plus de variété dans ses sélections de jeux alors qu’il opte toujours pour la même cible (joueur à sa droite).
En tant que tireur, Buium ne se montre pas une très grande menace. Son lancer est plutôt moyen, par contre il effectue un bon boulot pour s’avancer assez près (avec ou sans la rondelle) avant de décocher. La plus grosse limitation émane une fois de plus d’un volume simplement trop bas. Buium n’envoie pas assez de rondelles au filet. Des défenseurs parviennent à amasser beaucoup de pts en amenant des rondelles au filet, et Buium ne prend pas assez de tirs, et je rajouterais qu’il n’est pas le meilleur pour trouver des lignes de tir en provenance de la ligne bleue.
Historiquement, Buium n’a jamais été un grand producteur de pts et cette saison, l’offensive de l’Université de Denver fonctionnait à plein régime. Cela me porte à me méfier un peu de sa production qui pourrait bien être gonflée. Par contre, pour être juste, je me dois de préciser que Buium a terminé au 3e rang des pts par match de son équipe (49 pts en 40 parties) et cela demeure impressionnant.
S’il y a un thème récurrent dans mon évaluation, des défenseurs au fil des dernières saisons est que ceux-ci n’ont pas besoin d’être de de grands producteurs de pts pour obtenir une place de prédilection dans mes classements. Cela pourrait excuser Buium de bien des torts, par contre, je trouve son jeu défensif assez moyen. En grande partie à cause de son manque de force physique et due au fait qu’il se fait souvent contourner par l’extérieur, comme dit plus tôt. Mais aussi, car son jeu en situation d’un contre un n’est pas suffisamment bon pour moi. Certaines de ses lectures sont déficientes, on a un exemple ici.
Un attaquant Tchèque envoie la rondelle derrière le filet pour se défaire de con couvreur. Ce dernier part à la course du joueur dont il est responsable. Buium est chargé de couvrir le joueur qui se dirige vers le devant du filet.
Voyant que son partenaire à la défense n’arrivera pas premier sur la rondelle, Buium décide d’aller derrière le filet pour harponner le joueur Tchèque, libérant un autre adversaire complètement seul dans l’enclave. Cela s’est résulté en but.
Je dois dire que des crampes au cerveau de ce genre ne sont pas nécessairement chose fréquente pour Buium, mais les limitations dans son jeu défensif sont bien réelles. De ce que j’ai vu de Buium, ma projection s’arrête plus à un défenseur de 2e paire. Je crois que son jeu dans sa zone est moyen et que l’offensive est peut-être surestimée un peu. Par contre, s’il y a un joueur sur qui j’ai peur de me tromper, c’est sur lui. C’est tout de même très impressionnant ce qu’il a réalisé en NCAA, et n’étant pas un très grand fan de Sam Dickinson et Artyom Levshunov, je pourrais me faire convaincre sans grande résistance de le classer devant ces deux défenseurs. Ce qui me fait redouter de le mettre à ce rang, c’est qu’il joue avec un très grand niveau de confiance sur la patinoire, et s’il y a une chose qui peut permettre à un joueur d’atteindre un niveau supérieur, c’est la confiance.
Nombre de matchs visionnés : 22
11. Berkly Catton
Berkly Catton est un dynamique attaquant offensif ayant tout juste conclu l’une des saisons les plus prolifiques en WHL pour un joueur admissible au repêchage avec ses 116 pts en 68 parties. Il est presque également un aussi bon marqueur qu’un aussi bon fabricant de jeux et cela se reflète dans son profil statistique alors qu’il a amassé 54 buts et 62 mentions d’aide.
Doté d’une grande créativité offensive, Catton s’illustre lorsque vient le temps de mettre la table pour ses coéquipiers. Ses talents de passeurs peuvent se décortiquer de plusieurs façons, mais en tête de liste, sa capacité à rejoindre ses coéquipiers avec des passes transversales est ce qui lui permet de se distinguer de ses pairs. Il a été le joueur qui a complété le plus de passes de la sorte cette saison. Cela fait de lui un formidable metteur en scène lors des avantages numériques alors qu’il peut alimenter ses coéquipiers pour des tirs sur réception aussi bien que quiconque dans ce repêchage peut le faire. Certaines de ces passes sont très impressionnantes alors qu’on est sous l’impression qu’il enfile une aiguille, passant la rondelle au travers de multiples bâtons adverses.
Il est également possible d’observe le niveau de talent naturel de Catton sur ses passes soulevées. C’est un autre aspect à l’avant-garde de sa fabrication de jeu. C’est un atout que peu de joueurs peuvent se vanter d’avoir dans leur manche. Des lignes de passes semblant inaccessibles deviennent soudainement réalisables grâce à une excellente dextérité de mains lui donnant l’occasion de réaliser ces passes.
Le dernier aspect qui distingue Catton en tant que fabricant de jeux est son aptitude à repérer ses coéquipiers qui s’amènent en 2e vague. Cela démontre jusqu’où s’élargit sa vision de jeu ainsi qu’un sang-froid, le prévenant de forcer des lignes de passes au filet qui n’existent pas.
La particularité de Catton, lorsqu’on le compare avec des joueurs de stature et de style similaires, c’est que sa capacité à placer la rondelle dans le filet est à un niveau bien supérieur à ce à quoi on serait en droit de s’attendre. Ses 54 buts cette saison en témoignent.
Son tir des poignets peut s’avérer un véritable laser et quitte son bâton à une vitesse ahurissante. Mais au-delà de ça, Catton parvient à marquer autant de buts grâce à une compréhension du jeu supérieur. Sa reconnaissance spatiale en est la parfaite démonstration. Il repère aussi bien que quiconque les trous dans la couverture défensive et sa confiance en possession de la rondelle lui permet d’attaquer ces zones avec toute l’assurance nécessaire. Malgré un gabarit moins qu’optimal, Catton est l’un des bons joueurs de ce repêchage pour gagner le centre de l’enclave.
Sa façon de traiter son environnement s’illustre également dans sa manière d’utiliser les ‘Give N Go’ avec un coéquipier afin d’éliminer un défenseur adverse entravant son chemin, et ainsi gagner une zone avantageuse pour prendre son lancer.
Une façon très intéressante que Catton a d’employer son tir, est d’effectuer un ‘Cut Back’ à la dernière seconde pour éviter la pression imminente d’un adversaire. Il se place, du coup même, dans une position plus favorable pour prendre son tir. Mais au-delà des habiletés requises pour réaliser une telle manœuvre je vais une fois de plus me référer à son intelligence de, non seulement identifier une menace possible pouvant l’empêcher de prendre son tir, mais aussi à l’intelligence de reconnaître son propre registre d’habileté. Catton n’a pas la vitesse ni le physique pour déborder des joueurs vers l’extérieur ou pour les repousser, alors il trouve un autre moyen de se départir d’eux.
Il a aussi une tendance tout de même assez forte à prendre des tirs d’angles restreints. C’est correct pour un joueur de son talent de jouer d’audace et de chercher à prendre les gardiens en défaut si ceux-ci trichent. En début de saison, son utilisation de telles tentatives était peut-être trop élevée à mon goût. Je trouvais qu’il avait le doigt sur la gâchette un peu trop facilement, mais son usage est désormais plus tempéré. Le maniement de rondelle du centre des Chiefs de Spokane est un élément clé de son arsenal offensif, lui conférant la confiance nécessaire pour créer des chances de marquer à partir de pratiquement rien.
Ses mains font de lui l’un des meilleurs joueurs dans ce repêchage pour dépecer les défensives adverses lorsqu’il transporte la rondelle en zone neutre. Il peut très bien se faufiler au travers d’une couverture hermétique et cela fait de lui une option à privilégier pour amener la rondelle en territoire adverse lors de situations importantes comme lors des avantages numériques ou en fin de match lorsque son club tente de créer l’égalité.
Par contre, je dois admettre que ces séquences furent quelque peu trompeuses et ont fait en sorte que j’ai mal évalué le patin de Catton en première moitié de saison. Généralement, j’estime faire un bon boulot pour repérer les défenseurs qui n’ont pas une vitesse aussi appréciable qu’elle ne le semble puisque ceux-ci transportent la rondelle face à des corps défensifs immobiles, ne permettant pas d’évaluer adéquatement leur rapidité.
En portant une attention plus particulière, je me suis aperçu que le patin de Catton est en quelque sorte un point faible chez lui. Sans dire qu’il est lent, sa vitesse de pointe n’est largement pas suffisante pour un joueur de son gabarit.
Mon évaluation était plus optimiste en début de saison, car je trouvais qu’il faisait preuve d’un bon équilibre sur patin lorsqu’on cherchait à le bousculer alors qu’il est à pleine vitesse. Des séquences où Catton parvenait à trouver des lignes de passes pour ses coéquipiers même lorsque cloué à la bande laissaient présager qu’il pouvait trouver des moyens de contrer ses limitations physiques.
Mais comme avec son coup de patin, en agrandissant mon échantillon de match, je me suis rendu compte que les craintes associées à son gabarit ont bel et bien raison d’être. Ce n’est pas tant la taille en soi de Catton qui est problématique, mais plutôt son poids. Et après avoir regardé le joueur en entrevue, sans son équipement, il est d’une constitution plutôt frêle. J’ai de la difficulté à anticiper qu’il va parvenir à ajouter beaucoup de poids sur sa charpente.
Sans la rondelle, Catton déploie un niveau d’effort somme toute appréciable, mais même si je m’y efforce, il m’est difficile de trouver des points forts dans son jeu défensif qui me permettrait de l’entrevoir à la névralgique position de joueur de centre dans la LNH. Et si on y ajoute son manque de force physique, j’ai de la difficulté à l’imaginer prêter main-forte à ses défenseurs aux alentours du filet. C’est pourquoi je n’ai d’autres choix que de le voir évoluer à l’aile.
Malgré que j’aime beaucoup sa créativité offensive et que je ne peux qu’être en admiration devant comment il s’est élevé, tout au long de l’année, tant avec le Canada au Hlinka, qu’avec son équipe en WHL, comme porte-étendard de sa formation, je me dois de rester objectif devant son profil. Des ailiers frêles physiquement et qui ne sont pas très rapide, ce n’est pas ce qui est le plus en demande parmi les dirigeants de la LNH. Réalistement, tu ne peux avoir qu’un seul poste comblé par un avant de la sorte, il est donc plus compréhensible lorsque des formations passent par-dessus ce type de joueur.
Nombre de matchs visionnés : 20
12. Stian Solberg
Issu d’un marché d’hockey non traditionnel, Stian Solberg représente le plus bel espoir provenant de la Norvège depuis belle lurette. Ayant préféré de rester dans sa patrie natale plutôt que de s’exiler ailleurs en Europe, Solberg aura tout de même passé la saison dans une ligue professionnelle, ce qui n’aura pas été une saison perdue pour son développement. Pour être franc, je ne connaissais rien de cette ligue et le calibre de jeu m’a surpris. La vitesse d’exécution et le jeu physique de cette ligue n’a rien à enlever à bien d’autres circuits plus connus sur le continent Européen.
Repérer Solberg sur la patinoire n’est pas difficile, il nous frappe l’œil aussi fort qu’il frappe ses adversaires. Son identité et son apport au sein de sa formation reposent grandement sur la qualité de son jeu physique. Il y a deux ans, j’avais déclaré Lian Bichsel (classé 13e sur ma liste) comme étant l’espoir le plus physique qui m’avait été donné de voir. En vertu de son jeu cette saison, Solberg a fait un solide pitch de vente pour revendiquer ce titre ! Le regarder réduire à néant des adultes en Norvège frôlait à l’occasion l’absurde. Je ne pouvais que m’esclaffer de rire lorsque je constatais la violence de certaines de ses mises en échec. Il est extrêmement solide sur ses patins.
Ce que j’aime de Solberg est qu’il aborde chaque match avec la même approche. Ce n’est pas ce qui a de plus facile mentalement d’assumer un tel rôle sur la patinoire et de se faire la cible numéro un de l’équipe adverse, pourtant, il ne recule devant aucun défi. Aussi, je crois que cela nous démontre à quel point il est un spécimen physiquement parlant. Jouer d’une telle façon impliquera inconséquemment des enjeux musculosquelettiques pour celui qui distribue autant de mises en échec. C’est d’ailleurs pour cette raison que l’aspect de constance dans cette facette du jeu n’est que rarement coché pour les joueurs ayant une identité similaire. C’est très dur sur le corps. Néanmoins, Solberg s’avère être l’un de ses joueurs avec une capacité de régénération digne du Wolverine. Il ne prend aucune soirée de congé.
Au-delà de l’impact retentissant, Solberg livre un volume de mises en échec simplement absurde. Il ne rate aucune opportunité de faire payer le prix à ses adversaires. Je vais conclure cet aspect en disant que Don Cherry n’aurait besoin que de visionner un match de Solberg pour faire une compilation Rock’Em Sock’Em.
J’effleurais le sujet, mais l’une des clés pour les joueurs de ce type est quelque chose dont on ne parle pas assez souvent et c’est la longévité. Au-delà des impacts des mises en échec, il y a un aspect préventif sur la glace dont le joueur se doit d’être conscient. Ces joueurs s’exposent à voir leur tête mise à prix dans le vestiaire ennemi et ils doivent redoubler de prudence lorsqu’ils sautent sur la patinoire. Solberg est souvent visé par ses adversaires, mais il n’est jamais pris à dépourvu. Il attend de pied ferme l’arrivée de ses ennemis et leur assène un ‘Reverse Hit’. Les dirigeants du hockey tentent désormais d’abolir ces coups, car ils sont dangereux, mais en tant que partisan de Solberg, je ne peux contenir mon excitation lorsque je le vois ‘revirer’ un adversaire de la sorte.
Ce qui est le plus épeurant dans le cas de Solberg est que je crois qu’il a encore beaucoup de force musculaire à gagner. Lorsqu’il est appelé à des confrontations physiques en position plus stationnaire, il ne va pas dominer ses adversaires outrageusement comme le laissent entrevoir les mises en échecs qu’il donne. Je crois que gagner de la force au niveau du haut de son corps l’aidera à devenir davantage efficace devant son filet et dans les coins.
Ce qui est intéressant avec le Norvégien est que sa robustesse ne sert pas qu’à punir ses adversaires, c’est aussi de cela que son jeu défensif tire son efficacité. Il se sert de son corps pour commettre de l’obstruction légale et ainsi bloquer le chemin aux attaquants. J’aime aussi la persévérance et la ténacité dont il fait preuve suite à une mise en échec le long des rampes qui ne parvient pas à éliminer complètement son adversaire, il va par la suite redoubler d’ardeur pour emprisonner son attaquant contre la bande, l’empêchant d’aller mettre de la pression sur le partenaire à la défense de Solberg.
Ce que je trouve unique, par contre, c’est comment il se sert de son bâton pour pousser ses adversaires au niveau des hanches pour leur occasionner une perte d’équilibre.
Cependant, tout n’est pas parfait. Le numéro 72 a quelques petites lacunes à corriger défensivement. Il a de la difficulté à bloquer les lancers adverses. Cela s’explique de par deux choses. La première est qu’il va parfois mordre à une feinte de tir d’un adversaire et il va se compromettre, permettant à ce dernier de se donner un meilleur emplacement de tir.
La deuxième (et cela est quelque chose qui a perduré tout au long de la saison) est que Solberg ne se fait pas assez ‘gros’ lorsqu’il tente de bloquer les lancers. Plutôt que de chercher à couvrir le plus d’espace possible, il semble se faire timide. La chose qui m’a le plus inquiété dans son jeu fut durant une série de matchs lors de mes visionnements où il dégageait constamment la rondelle par la baie vitrée. Cela était très ‘uncharacteristic’ de sa part ; comme on l’a vu précédemment, c’est un joueur qui n’a aucune difficulté à prendre la pression sur lui-même et, en temps normal, il est doté d’un très bon sang-froid. Ces jeux hâtés se résultaient à remettre la rondelle dans les mains de l’ennemi (ou en dégagement refusé). En dépit de bien des qualités, cela peut être ce genre d’erreurs qui se répètent qui peut finir par tenir un joueur à l’écart de l’alignement.
C’était à ma grande stupeur d’observer ce qui se dessinait comme une très mauvaise tangente dans son jeu, car son ‘Poise’ était quelque chose que j’appréciais beaucoup de son jeu. Ce n’était clairement pas parce qu’il avait peur de se faire frapper qu’il précipitât ses actions. Généralement, quand un joueur se débarrasse du disque de la sorte, c’est soit parce qu’il a peur de se faire frapper ou parce que son cerveau ne traite pas l’information suffisamment rapidement, et que dans un élan de panique, il se débarrasse du disque. La première hypothèse n’adhère pas à Solberg alors qu’en est-il de la deuxième ?
Et bien, il a démontré à plusieurs reprises un raffinement quant à sa façon d’opérer en situation de pression. On le voit ici devoir rebrousser chemin, car un adversaire le harcèle. L’option d’envoyer la rondelle derrière le filet n’est pas viable, car un joueur vient faire pression sur son partenaire à la défense de l’autre côté.
Il va donc amener les deux attaquants avec lui dans le coin de la patinoire en s’assurant de ne pas se faire clouer contre la bande avec une habile feinte de direction à priori.
Par la suite, il va attendre que le 2e attaquant vienne fermer le jeu sur lui pour astucieusement glisser la rondelle entre ces 2 attaquants adverses à son coéquipier en support dans le centre, plutôt que de pousser la rondelle sur la bande. Une passe plus tard et un coéquipier de Solberg partait en échappé et marquait un but.
Son ‘Poise’ est accentué dû au fait qu’il a foi en ses habilités athlétiques. Dans son cas, cela se projette par son aptitude à utiliser de très beaux pivots brusques sur ses patins pour se défaire de son poursuivant.
Mais aussi par sa confiance à protéger la rondelle avec son corps. Ce que j’aime est qu’à l’intérieur de certaines séquences, l’attaquant à sa poursuite joue à merveille avec son bâton et on serait en mesure de croire que Solberg va perdre la rondelle, mais son désir de triompher est si grand que cela ne passe jamais proche d’être une possibilité.
Pour boucler la boucle sur cet aspect, le défenseur Norvégien possède une très forte dose de ‘Tromperie’ dans son jeu. Il excelle à appâter un adversaire dans une direction pour finalement partir dans celle opposée. Il est, à mes yeux, très bon pour récupérer les rondelles et échapper à la pression grâce à cette qualité.
Cet aspect de ‘Tromperie’ m’amène à parler de son jeu offensif. C’est un aspect que je trouve très sous-estimé de son apport. Il n’y a pas eu de discussions entourant sa contribution dans la zone offensive et je crois que les gens passent à côté de quelque chose, il y a de la substance dans cet aspect de son jeu.
Sa distribution de rondelle est vraiment meilleure que ce que le manque de conversation sur la toile publique ne le laisse croire. Il possède une très bonne vision du jeu et a effectué une multitude de magnifiques passes transversales tout au long de la saison. Et sa capacité à induire la couverture défensive en erreur alors qu’il n’établit jamais de contact visuel avec sa cible mérite beaucoup plus de louanges. Il y a définitivement de la matière à développer offensivement avec lui.
Au niveau de son tir, l’on retrouve encore un certain élément de tromperie, mais sa valeur ne s’arrête pas là. De un, il parvient à ce que ses tirs se rendent au filet, ce qui est une qualité en soi. Il trouve les lignes de tir même lorsqu’il se retrouve collé à la bande.
Mais ce qui m’emballe le plus est sa capacité à s’ouvrir des lignes de tir d’une manière qui lui est propre. Il parvient à accélérer dans une direction donnée, sans même effectuer de poussée, après s’être immobilisé et avoir leurrer un attaquant à se compromettre sur lui. Il capitalise ensuite sur chaque pouce de glace qui lui est disponible pour s’avancer dans l’espace libre avant de tirer.
Ce n’est pas les mentions qui manquent sur le profil athlétique de Solberg, mais je me dois d’évoquer au passage que c’est un puissant patineur. Il est très fort sur ses jambes et il parvient à générer beaucoup de puissance derrière chacune de ses enjambées. Il conserve également un excellent équilibre sur patin, même lorsque bousculé par ses adversaires alors qu’il est à pleine vitesse.
Quelque chose de plaisant avec lui c’est que tu le regardes jouer et tu n’es jamais en mesure de deviner quel est le pointage, il joue avec la même ardeur, peu importe le résultat. La Norvège ne représentait pas une puissance au Championnat Mondial de Hockey Junior, ayant essuyé plusieurs revers assez inégaux, pourtant, Solberg continuait à jouer avec la même intensité. Et cela ne s’arrêtait pas uniquement au jeu physique, lors de séquences où il était appelé à récupérer la rondelle, il faisait preuve de la même vigilance et du même aplomb, ne démontrant aucun signe de découragement et poursuivant à offrir le meilleur de lui-même. Pour moi, c’est une solide démonstration de leadership de sa part.
Toujours au niveau du leadership démontré par Solberg, lors du match de relégation contre l’Allemagne au WJC, il a commis une coûteuse erreur qui s’est terminé dans le fond de son filet pendant le match. Dès la présence suivante, on a vu un Solberg affamé d’aller faire la différence à l’autre bout. Comment un joueur rebondi après une présence difficile ou une erreur de la sorte en dit beaucoup sur le caractère qui l’habite.
Pour terminer, je suis très excité de ce que l’avenir réserve pour Stian Solberg. Il a effectué tout son hockey en Norvège et jusqu’à l’an dernier, son pays ne s’était jamais frotté aux puissances que l’on connaît sur la scène Internationale. Ce qui veut dire que jusqu’à ses 17 ans, il n’avait jamais vraiment fait face à un calibre de compétition élevé. Et même s’il jouait contre des hommes cette année en Norvège, de le voir jouer à un si bon niveau contre des joueurs de la LNH au Championnat du Monde représenta une déclaration frappante du jeune joueur pour clore sa saison de repêchage.
L’an prochain, il portera les couleurs de Farjestad en SHL et je trouve que c’est une excellente décision de sa part de passer à un calibre plus élevé, tout en prenant son temps et en ne sautant pas d’étapes.
Ma projection s’arrête sur un défenseur de 2e paire, mais qui apporte une dimension unique ainsi que beaucoup de leadership. Un joueur dont tu as besoin pour traverser les séries éliminatoires. Je mise aussi sur le fait qu’il y a possiblement encore bien du potentiel à aller chercher avec lui.
Nombre de matchs visionnés : 23
13. Zayne Parekh
Défenseur droitier de 6’0, Zayne Parekh est un espoir qui semble diviser les recruteurs. Présentant des qualités exceptionnelles à l’attaque, son jeu défensif présente des carences tout aussi évidentes. Après avoir inscrit 21 filets en 50 parties à l’âge de 16 ans, Parekh a conclu la saison avec une récolte de 33 buts, représentant le plus haut sommet chez un défenseur éligible au repêchage évoluant dans la LCH depuis très longtemps
Pour être parvenu à de tels résultats, Parekh peut s’appuyer sur la qualité de son tir, mais on ne parle pas ici de lancer frapper dévastateur. Parekh n’utilise cette arme que très rarement, se reposant plutôt sur son tir des poignets. Parekh a une façon de décocher unique à lui où il a l’air très nonchalant au moment de s’élancer, mais il ne faut pas s’y méprendre, car la qualité du tir est supérieure à ce à quoi on serait en droit de s’attendre.
Il est aussi difficile à prédire quand il prend ses élans, car il décoche beaucoup de tirs alors qu’il s’appuie sur sa jambe arrière, plutôt que celle avant, ce qui est assez inorthodoxe. Malgré son air un peu désinvolte, le défenseur de Saginaw est très alerte aux ouvertures qui s’ouvrent en avant de lui dans la zone offensive. Il peut exploser dans l’un de ces espaces libres à tout moment faisant de lui un joueur extrêmement dangereux dès qu’il touche à la rondelle.
Pour ajouter à la méfiance que doivent lui porter ses adversaires, Parekh est possiblement le meilleur défenseur que j’ai vu chez les espoirs ces dernières années pour placer des tirs avec l’intention que l’un de ses coéquipiers fasse dévier la rondelle.
Le défenseur de Saginaw compte aussi sur une solide distribution de rondelle et peut pivoter un avantage numérique avec brio. Il est bon pour faire bouger la couverture défensive avant de remettre à un coéquipier, mais il va pousser le jeu à un niveau de plus alors qu’il va patiner de long en large de la ligne bleue, attirant un joueur sur lui. Il fait preuve de beaucoup d’audace, mais comme il a été mentionné plus tôt, Parekh a cette capacité à se déplacer explosivement dans la zone offensive et il possède aussi un très bon maniement de rondelle, alors on ne le sent jamais inquiété lorsqu’il tente sa chance avec ce genre de jeu. Ce que j’aime le plus, malgré le risque, c’est qu’il n’y a pas de mouvements inutiles et que tout est calculé. Il y a une intention et un but réel derrière chaque mouvement et il ne tombe pas dans l’incessante improvisation comme le fait Zeev Buium.
Aussi, la qualité de ses passes est sans bavure : précises et vives. C’est un constat que l’on observe également lorsqu’il y est question de sa relance (première passe). Si jusqu’ici le portrait de Parekh semble élogieux, les choses se corsent de beaucoup lorsqu’il est question de son jeu en défensive.
Son jeu manque tout simplement d’engagement. Lorsque je mentionnais que sa distribution de rondelle cache toujours un but bien précis derrière chaque mouvement, et bien c’est le contraire que l’on observe de Parekh sans la rondelle. À bien des occasions, il se dirige vers un joueur en possession du disque, mais sans intentions. Le joueur a le luxe de réaliser le jeu qui lui chante puisqu’aucune pression réelle n’est exercée sur lui. Parekh ne force pas ses adversaires à précipiter leur décision, se contentant plutôt de faire acte de présence.
Je n’aime franchement pas sa façon de défendre alors qu’il n’engage jamais le corps préférant étendre sa portée à une main. Le niveau d’implication est loin d’être suffisant. Procédant ainsi, cela a tendance à également laisser beaucoup d’espace pour les attaquants adverses, leur donnant un accès pour se rendre au filet ou la possibilité d’échapper à Parekh après avoir enchainé un ou deux pivots.
C’est un défenseur contre qui il n’est pas difficile d’affronter. Non seulement il ne vous fera pas payer le prix, mais je l’ai également vu à maintes reprises commettre des revirements, car il n’acceptait pas de payer le prix en protégeant la rondelle dans les coins, préférant s’en débarrasser mollement. Fut également des séquences où tout semblait de bon augure à ce qu’il remporte une course pour une rondelle de libre, mais craignant de se faire frapper, il laissait le corridor à son adversaire derrière son filet.
Son positionnement est aussi très erratique, à l’intérieur d’une même présence en défensive, il peut se retrouver haut à la droite, pour être bas à la gauche quelques instants suivants. Cela sème de la confusion chez ses coéquipiers alors que les joueurs ignorent qui doit couvrir qui sur la patinoire.
Une lacune supplémentaire qui ressort dans le jeu défensif de Parekh est qu’il ne semble pas conscient de ce qui se passe derrière lui. Ça s’observe principalement lors des désavantages numériques alors qu’il laisse constamment un ou des joueurs sans surveillance dans l’enclave ou à l’embouchure du filet.
Il a aussi cette fâcheuse tendance à penser à créer de l’offensive alors qu’il est employé avec un homme en moins. On a un exemple ici d’une mauvaise lecture de jeu de la part de Parekh. Un revirement a été commis en zone offensive et l’équipe adverse lance une contre-attaque. Jusqu’ici, rien de menaçant alors que la situation se dessine comme étant un 3 contre 3, ou peut-être même un 2 contre 3. Parekh est au bas de l’écran (en blanc) et est chargé de couvrir le joueur qui descend en option du côté éloigné.
À la place, il va se diriger vers le porteur de la rondelle, laissant complètement à découvert le joueur à gauche.
La séquence s’est résulté en un but contre le Spirit de Saginaw. Parekh a aussi tendance à défendre de façon qui ne semble pas très sérieuse ni professionnelle alors qu’il se couche souvent de tout son long sur la patinoire pour bloquer des lignes de passes, mais ses moments ne sont pas toujours bien choisis.
Le dernier aspect qui m’inquiète dans le jeu sans la rondelle de Parekh est qu’il a un certain manque de force physique et il a beaucoup de difficulté à défendre le corps, même au niveau de la OHL. Il a aussi été victime de plusieurs bonnes mises en échec dans mes visionnements et ce qui m’a inquiété, c’est que Parekh est tellement habitué de ne pas engager le corps, qu’il n’anticipe pas que ses adversaires, eux, vont le faire. Il voit pourtant très clairement un joueur se diriger vers lui, mais il ne ressent pas le besoin de se protéger, car il ne croit pas que le joueur va terminer sa mise en échec.
J’ai cependant vu quelques améliorations au fil de la saison dans son jeu sans la rondelle. Principalement dans la zone neutre où j’ai apprécié plusieurs de ses interventions pour nullifier prématurément une contre-attaque adverse.
Pour tout ce qui englobe le jeu sans la rondelle de Parekh, j’aurais de la difficulté à pousser pour sa candidature hâtivement au repêchage. Si elles ne sont pas corrigées, ses faiblesses ne se verront qu’exacerber au niveau de la LNH. Encore plus lorsque viendra le temps des séries éliminatoires !
Ceci étant dit, je répète constamment que lorsque tu évalues des espoirs de cette trempe, tu ne dois pas seulement te questionner à savoir ce que le joueur peut apporter à ton organisation, mais tu dois aussi te questionner à savoir ce que ton organisation peut apporter au joueur pour qu’il puisse atteindre un niveau supérieur dans son développement.
Pour certains, ce sera de travailler avec un consultant en préparation mentale pour passer par-dessus des barrières psychologiques ou des effondrements de performance en moments clés, pour d’autres ce sera de compter sur un entraînement rigoureux pendant les saisons estivales, pour d’autres joueurs, il sera question d’avoir les bons compléments pour eux dans l’alignement de leur formation respective. J’en faisais mention l’an dernier avec un joueur comme Gabe Perreault qui, hyper-talentueux, redoutait un peu le jeu dans les coins de patinoire (lors de sa saison de repêchage, c’est désormais beaucoup mieux), un ‘fit’ pour lui aurait été d’avoir un joueur de centre comme Roope Hintz qui va avoir tendance à jouer comme le F1 et être le premier joueur en échec avant sur son trio. C’est un peu la même histoire avec Parekh, une formation qui compte sur de gros défenseurs étant capable d’étouffer l’offensive adverse pourrait se laisser séduire par lui.
Je le vois être en mesure de piloter une première unité d’attaque à 5, alors ça pourrait être périlleux de le classer trop bas, même si je me range du côté des sceptiques à son égard.
Nombre de matchs visionnés : 15
14. Jett Luchanko
Jett Luchanko est un centre droitier de 5’11 et 187 lbs. Son identité fut facile à cerner, mais en évoluant avec une formation moribonde comme le Storm de Guelph, c’est son plafond qui aura représenté un défi à adéquatement jauger. Il aura fini au premier rang des pointeurs de son équipe avec 74 pts en 68 matchs.
Dès le départ, c’est son intelligence sans la rondelle qui m’a sauté aux yeux. Une partie de moi est tentée d’affirmer qu’il est le joueur le plus intelligent de tout le repêchage sans la rondelle. Ses lectures de jeu sont d’un grand niveau, il repère toujours, dans des situations complexes, quel joueur couvrir, lequel de ses défenseurs a besoin d’un appui, les moments de couvrir un coéquipier qui a dû quitter sa position, les zones libres susceptibles d’être utilisées, etc. Son travail sans la rondelle en zone neutre est aussi remarquable de par la façon qu’il fait du centre de la patinoire une option non-viable pour le porteur de la rondelle. C’est légèrement compliqué à expliquer, mais il nullifie les options dans le centre, tout n appliquant suffisamment de pression sur le porteur de disque pour le confiner à passer par l’extérieur.
À tout endroit et tout moment sur la patinoire, il incommode ses adversaires. Ils n’ont jamais le temps de pouvoir ralentir le jeu, observer la situation et prendre une décision en conséquence de leur traite d’information. La pression de Luchanko est toujours imminente et très forte. Il les force à précipiter leurs jeux et à se débarrasser de la rondelle.
Plus important encore, ce n’est pas le simple positionnement ou le sens de la responsabilité que j’aime chez Luchanko, mais son état d’esprit du moment qu’il saute sur la patinoire. Lors de ses replis défensifs, il ne met pas de la pression sur le porteur de la rondelle dans le simple but de voir ce dernier précipiter son jeu, il a la claire intention de lui voler par tous les moyens nécessaires. Comme s’il allait récupérer un bien qui lui appartient. Il a une mentalité de requin sur la patinoire.
Dès lors de mes premiers visionnements, même si son potentiel offensif ne s’était pas encore révélé à moi, je n’ai eu d’autres choix que de l’insérer à une position favorable sur ma liste. Il n’y a pas meilleur moyen pour prédire le futur que de regarder le passé. On s’aperçoit rapidement en consultant les anciens repêchages que les joueurs ayant des profils similaires à Luchanko (extrêmement intelligent, responsable et travaillant) ont souvent plus de chances de s’établir dans la LNH et d’y produire (suite au gain de la confiance des entraîneurs) que bien d’autres joueurs qu’on avait estimés avec plus de potentiel et d’Upside. Les espoirs sont trop souvent jugés en raison des aptitudes individuelles et non en raison de leur compréhension du jeu. Suffit de penser à un joueur comme Luke Evangelista dans le repêchage de 2020. Il est déjà mieux implanté au sein de sa formation que bien des espoirs sélectionnés dans le top 20, voire même top 10, qui au final, risque de devenir des pièces complémentaires, même s’ils avaient des qualités spécifiques qui détonnaient de la masse à l’époque.
Et puis, en continuant de le regarder, je me suis rapidement aperçu que Luchanko est un formidable fabricant de jeu. Principalement lors des avantages numériques où il est utilisé à la pointe, il a été l’auteur de plusieurs des plus belles mises en scène que j’ai vu. Il peut effectuer le travail d’un quart-arrière sur le jeu de puissance aussi bien que bien des défenseurs. Si je faisais l’éloge de son intelligence sans la rondelle, je me dois d’en faire autant lorsqu’il en est en possession. Le voir diriger l’attaque à cinq donne l’impression de voir œuvrer un joueur d’échecs, déplaçant chaque pion à sa guise.
Sa capacité à réaliser des passes transversales est assurément parmi l’élite de ce repêchage. Le plus fascinant est l’exécution derrière ces passes. Les passes sont très vives et précises, mais je porte une attention particulière à comment la motion de son bâton est brève. On parle ici de passes de près de 55 pieds de distance et il n’a besoin que d’une touche vive pour rejoindre un coéquipier. La traite d’information qui précède ces passes est tout aussi spectaculaire. Il n’a besoin que d’une fraction de seconde pour repérer les ouvertures.
Lorsque j’ai réalisé l’offensive qu’il pouvait apporter, j’ai commencé à voir certains parallèles avec Vincent Trocheck. La comparaison n’est pas fidèle à 100%, car Luchanko est bien plus rapide, mais j’avais surtout en tête la création de jeux, la responsabilité dans les deux sens, le leadership sur la glace et surtout, le type de carrière où il s’établit discrètement sur un 2e trio et accumule les saisons de 60 pts sans que personne n’en parle vraiment.
Par contre, pour parvenir à ce type de production, Luchanko devra améliorer sa capacité de marquer des buts. Dans son cas, ce n’est pas que ses talents de marqueurs sont insuffisants, c’est plutôt une question de volume. Le numéro 7 du Storm de Guelph prend trop peu de tirs au filet. Pour ce que ça vaut, son tir est assez moyen, mais il a tout de même la possibilité sa part de but dans la LNH.
Il y a certaines choses dont il fait bien en tant que tireur. J’aime beaucoup comment il utilise des ‘Pump Fakes’ lorsqu’utilisé à la pointe en avantage numérique. Il va s’avancer en mettant du poids sur son bâton donnant l’impression qu’il charge un lancer, du moment que le défenseur s’agenouille en position de bloquer le lancer, Luchanko retire sa mise en charge, gagne du terrain et répète le processus jusqu’à ce qu’il soit satisfait de son emplacement pour tirer.
De plus, il démontre de bons instincts de marqueur lorsqu’il se retrouve seul devant le gardien. Ces situations surviennent lorsque Luchanko est à pleine vitesse, venant de réaliser une impressionnante percée au filet. Il joue un jeu de patience avec le gardien et laisse ce dernier poser le premier geste (en s’agenouillant ou en tentant le harpon) et Luchanko effectue un petit lob par-dessus son épaule.
D’ailleurs ces dites percées au filet sont sensationnels et font partie intégrante de ses sélections de jeu. Luchanko n’est habituellement pas un joueur qui drible beaucoup avec la rondelle, mais lorsque vient le temps de se frayer un chemin au gardien, il peut sortir de superbes feintes. Le joueur de centre démontre aussi une grande intelligence dans sa façon de décortiquer les leviers dans les contacts physiques avec les défenseurs, abaissant son centre de gravité pour rentrer sous son adversaire.
C’est lors de ses montées au filet que je me suis aperçu à quel point Luchanko est rapide. Chose que je n’avais pas réalisé immédiatement. Étant à la base un joueur cérébral, son positionnement est toujours à point donc on ne le voit pas dépenser de l’énergie inutilement, mais lorsque vient le temps d’exploser, il a assurément l’une des meilleures vitesses en ligne droite de tout le repêchage.
Le natif de London joue également avec un ‘Edge’ physique. Il est très compétitif et aime frapper ses adversaires. C’est souvent en arrivant à fond de train qu’il va asséner ses mises en échec. Il est le joueur qui aura gagné le plus de points au U-18. Ce n’était pas la chose la plus facile qui soit de l’évaluer à Guelph. Il n’avait pas vraiment de support offensif, l’équipe était dysfonctionnelle, d’ailleurs, l’entraîneur-chef a été congédié après que leur saison fut terminée. C’était surtout que j’avais des incertitudes quant à son plafond. Je crois maintenant que la porte est ouverte pour qu’il devienne un centre de 2e trio aussi capable de contrer les meilleurs éléments adverses.
Nombre de matchs visionnés : 22
15. Marek Vanacker
Attaquant gaucher de 6’1 évoluant pour les Bulldogs de Brantford, Marek Vanacker représente probablement mon joueur favori de tout le repêchage depuis le mois de janvier. Sa saison ne s’est pas terminée sur la meilleure des notes alors qu’il s’est retrouvé le 13e attaquant de la formation Canadienne au U-18. Par contre, il semblerait qu’il était blessé à ce tournoi. Ce faible échantillon n’est pas représentatif des 82 pts qu’il a accumulés en 68 matchs dans la OHL.
L’attrait de repêcher un gars comme Vanacker est qu’il peut jouer sur toutes les lignes, tout en remplissant à merveille un rôle différent sur chacune de celle-ci. Il joue de façon très dure, et même advenant le scénario où il n’atteint pas un niveau plus haut que le 3e trio au sein de l’organigramme de la formation qui le repêche, cela ne me dérange pas. Je lui réserve une place instantanément pour combler un rôle quelconque au sein de mon équipe.
Ce qu’il fait de bien sur la patinoire, il le fait très bien, et dans plusieurs cas, ce sont des choses dont tes joueurs de talent ont de besoin sur leur trio. Quelqu’un qui effectue la sale besogne à leur place. Pour mieux comprendre les attributs du joueur et pour quoi je lui voue une si grande affection, lançons-nous dans le vif du sujet.
Lorsque je disais que Vanacker excelle dans des aspects un peu nichés du jeu, le premier serait pour ce qui est de subtiliser la rondelle à ses adversaires. Il n’y a pas meilleur que lui dans ce repêchage dans cette facette. Dans son cas, ça va au-delà qu’une simple question de travail acharné et de ‘Timing’, c’est un véritable art ! Du moment qu’il foule la patinoire, les chances que son équipe prenne possession de la rondelle grimpent en flèche. Si vous voulez permettre à vos meilleurs éléments offensifs de bénéficier de la rondelle lors de leur présence sur la patinoire, jumelez-les à Vanacker. À lui seul, il nullifie beaucoup de contre-attaque adverse avant même qu’elles aient le temps de se dessiner alors qu’il vient enlever le disque au porteur en levant son bâton en zone neutre lors d’un magnifique repli.
Vanacker excelle également pour perturber/gêner/interrompre le porteur de la rondelle. Les joueurs adverses ne peuvent jamais être trop à l’aise en possession du disque. Ils ne peuvent pas tempérer le jeu à leur façon face à l’incessante pression de l’attaquant des Bulldogs. En repli, mais aussi en échec-avant, là où il se distingue.
L’une des raisons qui expliquent pourquoi Vanacker a autant de succès à embêter ses adversaires et leur faire perdre la rondelle est que malgré un gabarit ‘correct’ (6’0 – 6’1), il joue avec un bâton relativement très long pour sa grandeur. Bien que les deux joueurs évoluent à des positions différentes, cela me rappelle drôlement Tanner Molendyk l’an dernier (défenseur de 5’11 qui figurait au 19e rang sur ma liste). Sa portée était beaucoup plus grande que ce à quoi ses adversaires s’attendaient, et avant même qu’ils ne s’en rendre compte, la rondelle leur avait échappée et ils ne savaient pas pourquoi. Il défendait aussi bien les jeux ‘Off the Rush’ que quiconque. C’est la même histoire avec Vanacker, ses adversaires semblent toujours surpris lorsqu’ils perdent le disque face à lui, car ils ne s’attendent pas à ce que sa portée soit aussi longue.
Le numéro 78 joue avec un très haut niveau d’intensité en tout temps. Il saute sur les rondelles libres même s’il sait qu’il devra parfois en payer le prix. Ce que j’aime des moments où il termine ses mises en échec est qu’il est sournois (tout en demeurant dans les limites de la légalité, bien entendu). Tout comme avec ses ‘Stick-Lifts’, ses adversaires ne s’en attendent pas, et ça fait mal. J’adore aussi son intrépidité alors que sur certaines mises en échec, il se propulse littéralement sur son adversaire alors qu’il patine à vive allure.
Je ne veux pas tomber dans le facilité des jeux de mots en disant qu’il du ‘chien’ en lui (il évolue pour les Bulldogs), mais j’ai vu des séquences où je me disais ‘Sapristi que d’avoir un gars comme lui aide à souder une équipe dans le vestiaire et sur la glace’. Il va être le premier à sauter dans les mêlées générales. Une en particulier où après avoir marqué un but lui-même, une escarmouche avec un coéquipier a débuté et sans même prendre le temps de célébrer son but, il s’est rué sur un adversaire comme un véritable maniaque. Je croyais qu’il allait lui arracher le cou. Je prends ce joueur dans mon équipe tous les jours de la semaine et deux fois le dimanche !
Une chose additionnelle à aimer de son jeu est que lorsqu’on le regarde sur la patinoire, il nous serait impossible de deviner quel est le pointage et combien de temps il reste à la partie. Une séquence en particulier m’a marquée. Alors que son équipe avait les devants 7 à 1 et qu’il ne restait qu’un peu plus qu’une minute au match, Vanacker se défonçait sur la patinoire, cherchant à créer des revirements sur le désavantage numérique.
Le natif de Delhi, Ontario est l’un des meilleurs athlètes du repêchage. Son coup de patin ne semble pas faire l’unanimité au sein des divers observateurs, mais je le considère très bon. Même s’il semble dépenser beaucoup d’énergie lorsqu’il patine, il est très explosif et il atteint des vitesses de pointe impressionnantes.
Le patin peut être une catégorie périlleuse à analyser. De par mon expérience, s’il y a un aspect chez les espoirs parmi lequel on peut observer des inconstances, c’est dans celui-là. Par le passé j’ai vu des joueurs qui volaient sur la patinoire lors de certains matchs et qui ensuite peinaient à se créer de la séparation lors de d’autres matchs. Il y a tellement de facteurs qui rentrent en jeu ; les calendriers sont longs et éreintants et la fatigue peut se faire ressentir, un joueur peut être ennuyé par une blessure mineure sans qu’on le sache et cela impacte sa foulée, etc.
Il y a aussi le fait qu’un joueur peut être un marchand de vitesse, sans que cela l’avantage sur la patinoire. Si le joueur n’est pas muni d’une grande éthique de travail, cela ne le rendra pas efficace sans la rondelle, et si le joueur n’est pas doté d’une grande intelligence hockey et que son cerveau n’identifie pas les bons corridors à adopter, sa vitesse ne lui servira à rien en possession de rondelle.
Dans le cas de Vanacker, j’adore comment qu’il se sert de son explosion sur de courtes distances pour se rendre disponible dans l’enclave en échappant à la couverture de son couvreur. Non seulement ses qualités athlétiques brillent, mais je dénote aussi une forme d’intelligence alors qu’une seule fraction de seconde après avoir remis à un coéquipier, il repère une brèche dans la couverture défensive et il s’y dirige immédiatement. De plus, j’aime aussi comment son bâton demeure sur la glace en tout temps lorsqu’il accède à ces endroits.
De plus, Vanacker est EXTRÊMEMENT dangereux à partir de la ligne des buts. Il attaque le gardien en longeant cette ligne aussi bien que quiconque dans ce repêchage. Pour se faire, c’est encore une fois ses qualités athlétiques et comment qu’il peut se détacher de son couvreur avec un brusque pivot sur lui-même avant d’exploser en direction du gardien. Je crois qu’on ne rend pas suffisamment de crédit à ses habilités offensives et sa façon de créer une chance de marquer de qualité à partir d’une inoffensive bataille dans le coin de la patinoire en témoigne fortement.
Lorsque je disais en introduction que Vanacker effectue généralement ce dont des partenaires de trio plus talentueux ont de besoin, j’avais aussi en tête son jeu en tant que joueur posté devant le gardien lors des avantages numériques. Son apport n’est pas aussi remarquable que celle de Julius Miettinen, mais tout de même. Là où Vanacker apporte une contribution unique est qu’il est excessivement vif pour sauter sur les retours de lancer. Son acharnement fait en sorte aussi qu’il ne craint pas de payer le prix. De plus, il n’est pas qu’un simple corps que l’on place devant le gardien, il effectue plus que le boulot d’un simple écran, il redirige des tirs/passes et il quitte sa position pour aller récupérer des rondelles derrière le filet grâce à son explosivité.
Un aspect qui va sembler étrangement spécifique de son jeu qui se mérite aussi des louanges est la qualité de ses passes en transition. Il rejoint des coéquipiers au travers de plusieurs obstacles et la vivacité et la précision de ses passes sur de grandes distances est très impressionnantes.
Si on s’attarde de manière plus approfondie à ses habilités individuelles, Vanacker est un joueur qui possède relativement de bonnes mains. Il est capable de temps à autre de sortir une feinte et de battre un défenseur à un-contre-un.
Généralement, les joueurs évoluant avec une portée plus longue vont devoir composer avec quelques limitations au niveau de leur maniement de rondelle. Plus spécifiquement, c’est le long des bandes que l’on pourra voir ces joueurs sembler menottés. Étonnamment, c’est un emplacement où Vanacker démontre une grande ingéniosité. Il s’envoie la rondelle de son revers sur la bande, de l’autre côté d’où il se trouve, et en tournant sur lui-même se défait de la couverture de son adversaire.
J’ajouterais que cette portée bénéficie trop à Vanacker sur la patinoire et cela fait trop partie intégrante de son identité alors je préfère le voir conserver un aussi long bâton.
Pour ce qui est de ses talents de marqueur, ce n’est pas un aspect de son jeu où Vanacker démontre un talent inné. La qualité de son lancer est décente même si je ne suis pas d’avis que c’est un joueur avec beaucoup de finition, mais il va tout de même marquer son lot de but dans la LNH. Comme on l’a vu, il est très dangereux sur la ligne des buts, il est très bon pour se rendre dans les zones dangereuses, et ce, en conservant son bâton sur la patinoire en tout temps.
Là où Vanacker démontre un certain ‘Upside’ en tant que tireur, c’est qu’il attaque toujours les gardiens avec beaucoup de vitesse. Cela a pour conséquence de les faire reculer, ouvrant le haut du filet. S’il y a un aspect de son jeu qui, je crois, est vraiment sous-estimé, c’est au niveau de ses talents de passeurs. Vanacker est capable de connecter des jeux avec ses coéquipiers dans les zones dangereuses et, ayant évolué la majorité du temps avec des éléments offensifs sur son trio, ces derniers pouvaient lui remettre la rondelle en ayant confiance qu’elle allait leur revenir et que le jeu n’allait pas mourir à cause de lui.
Parmi ce qu’il fait de bien, et bien, on pourrait être porté à croire que pour un joueur qui joue avec vitesse et ardeur, il se précipite sur la rondelle sans réfléchir et la fait circuler rapidement. Pourtant, on peut observer Vanacker lever la tête et procéder à une bonne collecte d’information avant de s’emparer du disque, question de repérer quelle est la meilleure option dont il dispose. Mais ce qui m’impressionne le plus est comment il est capable d’enfiler l’aiguille sur des passes difficiles. Je parle de passes de longues distances, sous une couverture ou au travers de multiples obstacles.
Vanacker aura représenté un gros coup de cœur pour moi dès mes premiers visionnements du joueur au début du mois de janvier. Comme je le mentionnais en introduction, il est possible qu’il n’atteigne pas plus que le 3e trio au sein de la hiérarchie de son club, mais même si tel est le cas, je le veux sur mon 3e trio. Il pousse le Tempo de sa ligne lorsqu’il est sur la glace et la panoplie de détails qu’il apporte est d’une grande aide à ses coéquipiers et leur permet d’élever leur niveau. En séries, l’entraîneur de Brantford a remodelé ses trios quelque peu et cela a semblé briser des chimies préexistantes au sein du Top-6. Du moment que Vanacker a réinséré sa ligne usuelle, l’efficacité de ses coéquipiers s’est vu augmenter. J’étais un grand fan de JJ Peterka à son année de repêchage (classé 16e sur ma liste) et je vois quelques similitudes entre les deux joueurs, même si la comparaison n’est pas si frappante que cela. J’aimerais rappeler que le joueur Allemand ne laissait pas entrevoir une si bonne production dans la LNH, alors il ne faut pas fermer la porte à Vanacker et mettre un plafond sur son potentiel.
J’aimerais terminer en ouvrant une petite parenthèse sur son coéquipier Jake O’Brien. Je crois que c’est un joueur fantastique et il représente déjà mon coup de cœur pour la cuvée de l’an prochain. Voir un joueur de 16 ans dicter le jeu comme il l’a fait à son année recrue est fascinant. Le mot d’ordre avec lui est efficience. Tout ce qu’il fait est tellement bien calculé, toutes ses passes atteignent leur cible (formidable fabricant de jeux) et son intelligence offensive ainsi que sans la rondelle est extrêmement élevé. Il n’y a, bien sûr, pas beaucoup de discussion l’entourant en prévision du repêchage de l’an prochain, mais de ce que je vois sur la place publique, il est classé relativement bas. Je l’ai vu aux alentours de 10 pour la Ligue d’Ontario seulement. Je vais vous lancez ce qu’on appelle un Hot-Take, mais il est présentement classé devant Michael Misa sur ma liste (bénéficiaire de statut de joueur exceptionnel dans la OHL en 2022). Je ne serais pas surpris qu’il s’approche dangereusement des 100 pts l’an prochain à sa saison de repêchage et je crois qu’à partir de la 2e moitié de la saison, son nom sera bien implanté pour les discussions entourant les sélections 6 à 10 pour le repêchage. Il est présentement 5e pour moi.
Nombre de matchs visionnés : 18
16. Liam Greentree
Liam Greentree est un attaquant Ontarien évoluant pour les Spitfires de Windsor dans la OHL. Ses 90 pts cette saison le classe au 12e rang des marqueurs du circuit, ce qui est fort impressionnant pour un joueur éligible au repêchage, encore plus dû au fait que le support offensif dont il avait était quasi-inexistant.
Des changements significatifs se sont produits dans son jeu au cours de la saison, mais cela n’a pas changé le fait que son jeu est centré autour de son contrôle de la rondelle. Je crois en toute franchise que ses mains se situent parmi les 5 meilleurs de ce repêchage.
Mesurant 6’2, Greentree manœuvre avec une longue portée. Généralement, cela représente un facteur limitant dans les espaces restreints, là où ça devient plus difficile d’œuvrer. Pourtant, en aucun cas Greentree ne semble s’en retrouver affecté. C’est d’ailleurs l’un des atouts que lui octroie son maniement de rondelle : sa capacité à manier le disque dans de petits espaces.
Greentree n’a jamais été un grand patineur alors il a développé des façons propres à lui de mettre à profit son maniement de rondelle. Il préférait s’immobiliser et appâter un adversaire sur lui et tourner la situation à son avantage, profitant de sa dextérité et sa portée pour éliminer ses rivaux.
Et puis, au tournant du mois de décembre, son patin s’est retrouvé vastement amélioré (cela n’est toujours pas parfait à ce jour, mais dans l’ensemble, c’est moins inquiétant). Cela a ouvert la porte à de nouvelles possibilités à Greentree pour se départir d’adversaires. Sans aller jusqu’à dire qu’il fait reculer les défenseurs, il a maintenant le patin nécessaire pour oser défier les défenseurs en fonçant directement sur eux, plutôt que de chercher à les attirer dans un racoin avant de les feinter.
Nous avons effleuré le sujet, mais effectivement, durant la première moitié de saison, des progrès notoires ont été observés quant à son coup de patin. Il est désormais capable d’exercer un certain niveau de puissance derrière ses premières enjambées et il est en mesure d’accélérer pour se créer de la distance face à un rival, ce qu’il n’était pas en mesure de faire plus tôt dans la saison. Au niveau de la OHL, il a maintenant la vitesse pour défier les défenseurs, mais il a encore beaucoup de progrès à faire pour qu’il puisse reproduire cela dans la LNH. Il ne sera jamais une fusée à ce niveau, mais sa longue portée ainsi que la dextérité de ses mains l’aideront à camoufler cette lacune.
Nous avons discuté des ramifications qu’implique l’amélioration de son patin sur sa façon d’opérer à l’intérieur de son maniement de rondelle, par contre, cela n’est pas le seul aspect de son jeu qui s’en est vu transformé. Le plus gros changement est qu’il a réalisé qu’il peut couvrir beaucoup plus de glace désormais. Il n’est pas confiné à demeurer au même endroit durant l’entièreté de sa présence. La métamorphose est frappante. N’ayant désormais pu craintes d’être prit hors position, Greentree a vu son jeu défensif prendre une coche supérieure puisqu’il peut désormais, non seulement suivre son adversaire sur une base de vitesse, mais un coup qu’il lui a enlevé la rondelle, il peut sauter dans le jeu et être une menace offensivement. En début de saison, son patin ne lui aurait pas permis. Le plus gros changement est définitivement quant à son approche mentale face au jeu, il veut désormais prendre les choses en main et faire la différence par lui-même.
Je demeure plutôt sceptique à savoir si Greentree sera en mesure de dicter le jeu en LNH comme il le fait dans la OHL, par contre, même s’il n’y parvient pas, il va demeurer un joueur dangereux en zone offensive due à la qualité de son tir. Principalement son lancer des poignets. Il devient particulièrement dangereux lorsqu’il garde la rondelle sur son bâton et qu’il retarde son tir. Il a aussi la capacité de prendre de bons tirs précis même lorsqu’il tir sur réception en provenance de son ‘Off-Side’.
En tant que fabricant de jeu, Greentree offre des flashs intéressants, mais il n’est pas le plus complet passeur qui soit. L’une des choses que j’aime est qu’il a l’instinct de sauter de nouveau directement dans le jeu suite à avoir effectué une passe, il ne va pas demeurer stationnaire et se contenter d’observer la suite des événements.
La majorité des belles passes qu’il accomplit surviennent en avantage numérique. Cela est cohérent avec le fait que, en grandissant, Greentree n’a jamais été le plus rapide des patineurs alors qu’il s’est développé en tant que joueur qui devait ralentir le jeu. C’est pourquoi on le retrouve plus à son aise dans des situations où le jeu est installé.
Par contre, maintenant que Greentree a développé un niveau de vitesse suffisant pour défier des défenseurs dans la OHL, dès qu’il en a l’occasion, il va chercher la confrontation à un contre un. Considérant ces deux derniers points, je crois que cela cache une certaine déficience quant au ‘Processeur’ de l’attaquant des Spitfires de Windsor. On ne le voit pas effectuer de jeux à haute vitesse et cela pourrait être une embûche de taille pour réaliser son plein potentiel dans la LNH.
Autre que son coup de patin, son sens du jeu plutôt ordinaire représente le plus gros drapeau rouge quant à sa projection. Je crois que compte tenu de la situation à Windsor (club très faible dans la OHL) cela a pu cacher bien des défauts touchant l’intelligence hockey de Greentree. C’est bien de vouloir prendre les choses en main quand ton club est dénué de talents offensifs autres que toi, mais à plusieurs reprises il a levé le nez sur des options de passes évidentes et a d’autres occasions il a pris des tirs douteux.
Un autre aspect qui me dérange est que malgré son gabarit avantageux, je dois compter les doigts d’une seule main le nombre de mises en échec que je l’ai vu distribué.
Au final, Greentree est un joueur qui a un potentiel ultime très élevé, mais de tous les joueurs avec un haut plafond de ce repêchage, il est possiblement celui avec le plus d’incertitudes d’un jour, concrétiser cedi potentiel. Mon excitation face à lui fut beaucoup plus élevée à un autre point durant la saison. En dépit d’une progression fort intéressante au cours de la première moitié de saison, je termine la saison beaucoup moins rassurée que je l’étais il y a quelques mois. Cela me rappelle un peu la saison de repêchage de Conor Geekie.
Nombre de matchs visionnés : 24
17. Adam Jiricek
Cadet du défenseur des Blue Jackets de Columbus, Adam Jiricek est un joueur en qui je fondais énormément d’espoir en prévision du repêchage 2024. L’ayant vu jouer dans divers tournois internationaux à 16 ans (dans le groupe des moins de 18 ans), je croyais fermement qu’une sélection parmi les cinq premiers élus de cet encan était envisageable. Il ne va sans dire que sa saison ne se déroula pas comme qu’anticipé. Il fut contraint à rater l’intégralité de la 2e moitié de saison suite à une vilaine blessure subie au WJC. Et soyons francs, l’échantillonnage de match qu’il nous aura fourni avant cette blessure n’aura pas été des plus convaincant.
En différents points, il ressemble à son frère David sur la glace. Il a une posture qui est très similaire et opte pour une sélection de jeux offensifs qui s’y apparente. C’est principalement dans sa distribution de rondelle que s’établissent les comparaisons les plus évidentes entre les deux. Adam fait preuve de beaucoup d’audace offensivement et il réalise nombre de ses jeux les plus captivants du côté droit alors qu’il aime se détacher de son couvreur avec un mouvement d’épaules et ensuite descendre bas, le long de la rampe. L’an dernier il parvenait à réaliser des passes transversales à l’intérieur de ces séquences, ce qui était sensiblement une copie carbone de son frère, mais cette saison son taux de succès pour ces jeux n’était pas aussi élevé alors qu’il conservait souvent la rondelle jusque derrière le filet du gardien. En réalisant ces incursions profondes dans le territoire ennemi, la défensive adverse ‘s’effondre’ alors que les joueurs descendent pour protéger l’enclave, cela ouvre considérablement d’espace pour les coéquipiers de Jiricek qui sont stationnés à la ligne bleue (son partenaire à la défense ainsi qu’un attaquant couvrant son départ). Même si ces jeux n’ont pas offert grand résultats concrets cette saison, je crois qu’utiliser adéquatement, son audace en ces situations pourrait rapporter des dividendes dans l’avenir.
Outre que cela, Jiricek démontre aussi des flashs très intéressants alors qu’il a un penchant dans son jeu à effectuer des passes transversales à un joueur se situant à l’embouchure du filet. Pour un défenseur, ce sont des passes difficiles à réaliser, mais si elles connectent, elles deviennent très dangereuses. Ce que Jiricek fait de bien, c’est qu’il n’établit jamais de contact visuel avec la cible visée, ce qui amène un gros aspect de tromperie et d’imprévisibilité à sa distribution de rondelle.
Son arsenal offensif se voit toutefois amenuiser dû à la faiblesse de son lancer. C’est dommage, car j’aime le positionnement qui précède ses tirs lors des avantages numériques. Jiricek sait comment se placer dans des positions avantageuses, comme à l’intérieur du cercle gauche pour utiliser son tir sur réception. Le problème est qu’il n’a pas la puissance pour battre les gardiens. Ses tirs des poignets en provenance de la ligne bleue se voient rarement menaçants eux aussi.
Ce qui me dérange le plus avec son tir est la façon dont il les ‘setup’. J’avais fait mention d’une certaine imprévisibilité avec sa distribution de rondelle, et bien c’est tout le contraire lorsqu’il est question de son tir.
On en voit un bon exemple ici
Jiricek a tout le centre de la zone offensive à sa disposition, ainsi qu’une option sur le flanc gauche.
Il privilégiera le tir sur cette séquence, mais pour être confortable, il doit pivoter les hanches vers la bande, laissant le temps à la couverture défensive de s’ajuster. Il devient aussi prévisible pour le gardien et il vient lui-même d’éliminer l’option de passe à sa gauche.
De plus en plus, j’observe chez les espoirs certaines particularités où, ils vont maitriser une sous-catégorie d’une habilité à un haut niveau, mais vont présenter des lacunes vitales pour cette même habilité. Cela se présente souvent chez le patin des joueurs. Jiricek n’échappe pas à cette anomalie.
En ce qui me concerne, le défenseur droitier possède de très bons ‘Edge Work’. Il parvient à utiliser l’intérieur ou l’extérieur de ses lames de patins avec précision pour se détacher de la pression d’un adversaire. J’ai également apprécié quelques séquences où, tentant de barrer la route à un adversaire qui cherchait à le contourner, Jiricek poursuivait de pousser avec son patin arrière pour maintenir un bon ‘Gap-Control’ avec son rival.
Par contre, bien que tape l’œil, on ne doit pas laisser cela nous distraire des aspects plus importants dans le patin chez un défenseur, qui ne sont malheureusement pas atteints dans le cas de Jiricek. C’est particulièrement lorsqu’il est appelé à pivoter à ligne bleue offensive qu’on observe des lacunes inquiétantes chez Jiricek. Non seulement ses pivots sont plutôt lents, mais les enjambées qui s’en suivent manquent beaucoup de puissance, ce qui fait en sorte qu’un attaquant adverse peut rapidement se créer une séparation avec lui. Ses foulées sont beaucoup trop courtes, alors que l’on observe aucune extension à la hanche dans ses poussées, n’impliquant pas les muscles du complexe fessier.
J’ai tout de même certains espoirs qu’il parviendra à corriger ce dernier point dans une certaine mesure, car, pour le moment, Jiricek est très vert physiquement. Du haut de ses 6’2, il ne fait présentement que 168 lbs.
L’une des raisons qui me retient de trop descendre Jiricek est que j’aime beaucoup l’intensité avec laquelle il joue. Une connaissance personnelle à moi a évolué en Tchéquie lors de la saison 2021-2022 et je me souviens d’une discussion que j’avais eue avec lui à l’été à propos de David Jiricek. Il m’avait mentionné qu’à chaque fois qu’il l’affrontait, David, à peine âgé de 18 ans, lui courrait après sur la patinoire pour, je le cite ‘’lui arracher la tête’’. Il était fortement impressionné du niveau de compétition du jeune défenseur, et pour votre information, ladite personne n’est pas un petit client non plus ! On parle d’un joueur dans les 6’2 et qui se tire très bien d’affaire lorsqu’il jette les gants.
Ça prend un ADN bien particulier pour aborder chaque match comme si c’était une véritable guerre de tranchées et jouer avec une telle agression pour intimider et faire payer le prix à ses adversaires. Adam est taillé du même tissu que son frère, il aime frapper et jouer physique.
Il présente une hargne bien particulière et aborde chaque confrontation physique comme si la défaite n’était simplement pas envisageable. Lorsqu’il évolue avec son groupe d’âge, on l’a vu distribué de très percutantes mises en échec au centre de la patinoire.
Même s’il n’est pour ne pas atteindre le potentiel que je voyais en lui l’an dernier, je regarde les nécessités chez un défenseur et je crois que Jiricek offre quand même beaucoup de substance en remportant ses batailles pour la rondelle et en nettoyant le devant de son filet lorsqu’un adversaire s’y aventure.
Par contre, j’aurais de la difficulté à le sélectionner haut au repêchage si je ne possédais pas un autre choix, plus haut. C’est ce qui rend son classement si difficile. En début de saison, j’avais écrit un article sur des classements de joueurs des deux derniers repêchages que je regrette et lorsque je regarde les thématiques qui en émergent, elles cadrent toutes à Jiricek…
- Un joueur en qui je voue un certain biais favorable d’ancrage dû à son jeu la saison dernière.
- Un joueur chez qui la production offensive ne semble pas représentative des flashs que l’on observe à priori.
- Et le plus important, un joueur dont la projection physique demeure très incertaine.
Par le passé, je classais les joueurs présentant ce type de profil (faible Indice de Masse Corporelle et date de naissance vers la fin de l’été, indiquant que le joueur est l’un des jeunes de sa cuvée) de manière très agressive, croyant que lorsqu’ils auront rattrapé leurs paires sur le plan du développement physique, ils allaient atteindre un niveau encore supérieur.
Cela dit, lorsque je regarde mes erreurs du passé, beaucoup de celles-ci concernent des joueurs qui, au final, n’auront jamais été en mesure de progresser physiquement et que leurs faiblesses dans leur jeu ne virent aucune amélioration. Pour travailler dans le domaine de la Kinésiologie, je suis bien positionné pour constater qu’il est naïf de croire que de faire des progrès notables dans le département physique est à la portée de mains de tous et chacun.
Nombre de matchs visionnés : 16
18. Konsta Helenius
Konsta Helenius est un centre droitier de 5’11 et 181 lbs. Au moment de se faire repêcher, il aura déjà cumulé 90 matchs Professionnels en Liiga au cours des deux dernières saisons. Il aura été difficile d’évaluer cette saison, car il aura passé l’année au complet en Liiga, où il a récolté 36 pts en 51 matchs. Pour ce qui est des tournois internationaux, il se sera aligné avec la formation des moins de 20 ans plutôt qu’avec son propre groupe d’âge. Il fut possible de le voir aux U-18, par contre, il ne connut pas un grand tournoi. Certains avancent que c’est parce qu’il avait la tête avec la formation Nationale adulte, argument que j’ai de la difficulté à avaler puisque les moins de 18 ans avaient lieu dans sa Finlande natale.
J’en avais glissé un mot dans mon analyse de Beckett Sennecke, mais le Gold-Standard du repêchage en matière de capacité d’évasion, c’est Helenius. Personne ne parvient à glisser entre les doigts de ses adversaires comme il le fait. Il est très agile avec son corps et excelle à pivoter sur lui-même dans les espaces restreints. Il accentue l’efficacité de ses pivots en abaissant son centre de gravité pour se faire bas, et difficile pour ses adversaires de mettre la main dessus. Il est intéressant de le voir composer avec la rondelle puisqu’il fait preuve d’une bonne patience, ne précipitant jamais ses jeux. Il va se promener dans la zone offensive et vaillamment analyser chacune de ses options. L’une des choses qu’il l’aide est qu’il parvient à gagner de la vitesse à la sortie de ses pivots alors, quand il remonte vers sa ligne bleue et décide de retourner sur ses propres pas, il réussit à se créer de la séparation avec son couvreur et se donner de l’aisance avant de réaliser un jeu. Son jeu de pieds est aussi très bon et lui permet de se faufiler à travers plusieurs adversaires à la fois. J’ignore à quel animal il s’est comparé lors des entrevues du Combine, mais une couleuvre aurait été une réponse logique.
Le deuxième aspect qui caractérise le plus le centre Finlandais est sa combativité. Ce n’est pas un hasard s’il est parvenu à se tailler un poste en Liiga l’an dernier alors qu’il n’était âgé que de 16 ans ! Il se bat pour chaque pouce disponible sur la patinoire et il est toujours le premier à aller initier les contacts pour se faire de l’espace et s’emparer de la rondelle. Ce n’est pas ce qui est mis de l’avant dans les discussions l’entourant, mais les gens seraient très surpris de voir à quel point il termine ses mises en échec. Certaines de celles-ci sont même assez percutantes ! C’est un fier compétiteur. Il a un côté ‘peste’ très sous-estimé. Ce n’est pas seulement qu’il fait preuve d’engagement physique, il cherche réellement à faire mal à ses adversaires et à leur faire perdre les pédales. Je l’ai déjà vu aller se mettre pratiquement nez-à-nez avec un adversaire qu’il venait de faire renverser au sol pour le narguer davantage.
C’est cette même combativité qui élève le jeu défensif d’Helenius. Le refus d’abdiquer et de concéder la victoire à ses rivaux lors des confrontations le long des bandes. Il descend bas pour prêter support à ses défenseurs et fait tout en son pouvoir pour que ses adversaires ne trouvent jamais confort à contrôler le disque lorsque dans son territoire.
Sur le plan offensif, Helenius est capable de connecter de belles passes. Il est armé d’une certaine patience comme je le mentionnais plus tôt alors il est confortable à attendre une fraction de seconde de plus en possession du disque avant qu’un coéquipier se libère. Ses pieds et ses capacités d’évasions lui permettent aussi de gagner l’accès à des zones privilégiées avant d’effectuer ses passes.
Par contre, en ce qui me concerne, c’est lorsqu’il joue à ‘Keep Away’ avec ses adversaires qu’il est à son meilleur pour réaliser des jeux à la faveur de ses coéquipiers. Il aime se stationner et attendre qu’un adversaire vienne à lui pour ensuite reculer, virailler à quelques reprises (toujours avec son adversaire à sa poursuite) avant de remettre le disque. C’est de cette façon que sa création de jeu est maximisée.
Son lancer des poignets est d’assez bonne qualité. Sa préférence est de tirer du côté du bouclier des gardiens. J’aimerais le voir utiliser sa capacité à pénétrer des couvertures défensives étanches grâce à son agilité pour prendre ses lancers. Chose qu’il est capable de faire, mais malheureusement, je trouve qu’il demeure un peu trop confortable lorsque vient le temps de prendre ses lancers, demeurant plus à l’écart des zones dangereuses.
Bien que j’aime quelques aspects de son jeu, Helenius manque de créativité offensive à mes yeux. Les flashs que l’on voit de sa créativité prennent naissance de son penchant à échapper à ses adversaires grâce à son agilité. Plus souvent qu’autrement, cela survient près des délimitations de la zone offensive et n’occasionne pas concrètement de chance de marquer.
Ce manque de créativité offensive s’observe plus concrètement lors des avantages numériques. Helenius était employé au haut du cercle droit avec Jukurit et rapidement, son éventail de jeux à sa disposition s’est dévoilé comme n’étant pas des plus nantis. Soit il prenait un tir des poignets des cercles, soit il tentait une passe latérale à son coéquipier situé à l’intérieur de l’autre cercle. Ses adversaires ont rapidement compris ses schémas offensifs lors de ces situations et bon nombre de ces passes furent coupées.
Je vois Helenius comme un joueur de milieu d’alignement et même si j’aime son intensité, je ne vois pas en lui des choses uniques qui me font l’aimer davantage. Mon classement du joueur pourra sembler sévère, mais la réalité est que je préfère les joueurs devant lui et cela est très important pour moi que mon classement reflète mes appréciations personnelles. S’il ne devient qu’un joueur de 3e trio, comme quelques joueurs que j’ai devant lui, je vais quand même trouver que les joueurs qui le supplantent sur ma liste apportent un petit quelque chose de plus. Le fait qu’il joue dans une ligue professionnelle depuis déjà deux ans, qui, de plus, n’est pas la ligue qui est le plus orientée vers l’offensive, pourrait m’avoir fait diminuer son réel potentiel offensif et je n’écarte pas la possibilité de me tromper. Son pedigree en tant que D-1 (joueur évoluant un an avant son repêchage) mériterait une sélection plus hâtive, mais j’ai eu l’étrange impression à quelques reprises qu’il a approché de son développement maximal plus rapidement que bien d’autres joueurs.
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19. Julius Miettinen
Julius Miettinen est un centre Finlandais de 6’3 et 207 lbs ayant évolué dans la WHL cette saison avec les Silvertips d’Everett. Avec une récolte légèrement supérieure à un point par match, c’est surtout son identité et son profil qui est séducteur pour les recruteurs de la LNH.
Son intelligence hockey est très développée et pour moi, il n’y a pas meilleure démonstration dans son cas qu’avec son sens de l’anticipation. Je serais prêt à argumenter qu’il a la meilleure anticipation de tout le repêchage. Il semble toujours savoir où la rondelle va aboutir et il fait preuve d’un timing infaillible. Pour un aussi gros bonhomme, il génère un très bon niveau de puissance dans ses premières enjambées et c’est ce qui lui permet de gagner ses courses pour la rondelle sur de courtes distances. Je me dois de donner une mention honorable à propos de son moteur et de son engagement sur la patinoire, il ne laisse aucune rondelle sortir du territoire adverse.
C’est vraiment unique de le voir opérer sur la patinoire à l’occasion, il patine parfois dans la direction opposée de vers où semble se diriger le jeu et tu te demandes ce qu’il fait, mais il avait parfaitement calculé que son coéquipier allait remporter sa course pour la rondelle et ensuite lui envoyé. Ce sens de l’anticipation contribue grandement à élever le jeu défensif de Miettinen parmi l’un des meilleurs de sa cohorte. Il prévoit avec exactitude où la rondelle aboutira et s’assure d’être premier sur celle-ci. C’est particulièrement derrière son propre filet qu’on l’observe être opportuniste sur les rondelles libres.
L’aspect le plus reluisant de son jeu défensif est sa prise d’information et sa reconnaissance spatiale. C’est quelque chose qui peut s’observer relativement facilement dans un contexte offensif, comment un joueur peut changer de plan d’attaque devant une ouverture qui se referme ou bien simplement avec la rapidité d’exécution. Mais croyez-moi, c’est de toute beauté de voir Miettinen changer sa route après avoir adéquatement jugé de la situation et des éléments sur la glace. J’ai beaucoup aimé une séquence alors qu’il restait moins d’une minute à la 3e période et que la marque était égale. L’un des défenseurs de Miettinen était dans une bataille dans le coin du territoire défensif et pour une raison quelconque, l’ailier chargé de lui venir en support semblait être figé sur la patinoire. En une seule fraction de seconde, Miettinen s’est aperçu du manque de support de son défenseur et s’est empressé de venir l’appuyer pour éviter que l’autre équipe sorte du coin avec la rondelle.
Lorsque l’on voit Miettinen sur la patinoire, il détone des autres joueurs, son gabarit est réellement imposant, et ce pas seulement une question d’allure, ça s’observe tangiblement lorsqu’on le regarde travailler avec son bâton. Il est très fort pour lever les bâtons de ses adversaires même si ceux-ci semblent placer beaucoup de poids sur leur bâton.
Pour conclure cet aspect, l’éthique de travail du gros Finlandais en situation de repli défensif est formidable. Il patine avec acharnement. Quelque chose de réellement unique avec Miettinen est que beaucoup de son offensive trouve son origine du jeu défensif. On mentionne souvent que l’offensive part de l’offensive, mais lorsqu’une telle déclaration est offerte, c’est généralement pour mettre en lumière l’importance d’une bonne relance provenant des défenseurs. Cela ne fait pas référence à des joueurs d’avants qui ont un impact aux deux extrémités de la patinoire en l’espace de quelques secondes à peine. Je ne m’éterniserai pas sur comment Miettinen parvient à s’emparer de la rondelle dans la zone défensive, mais ce qui s’en suit est fascinant. Il va lancer une bombe en relance à l’un de ses coéquipiers qui est stationné deux lignes plus loin et ensuite, qui va venir en support pour récupérer une rondelle libre dans le coin ? Vous aurez deviné, Julius Miettinen lui-même. Encore une fois, je vais faire allusion à son moteur, car ce n’est clairement pas quelque chose d’usuel de voir un gabarit aussi imposant ne jamais cesser de bouger ses pieds sur la patinoire. Il est régulièrement le premier joueur de son trio sur l’échec-avant pour par ensuite être le premier joueur de son trio en repli défensif.
Le trait identitaire le plus fort du numéro 17 est probablement les bénéfices qu’apporte à sa formation sa présence imposante devant le gardien au filet. Il est extrêmement difficile à déloger de cet emplacement et du moment que la rondelle tombe dans le demi-cercle du gardien et que le défenseur cherche la rondelle, croyant avoir contenu Miettinen, ce dernier saute dessus, comme un prédateur sur une proie, pour marquer. Il s’impose dans cet espacement névralgique et n’en démord pas, peu importe à quel point ses adversaires tentent de le rudoyer. Il n’a définitivement pas peur de payer le prix. Il est très bon pour suivre les déplacements du gardien et toujours demeure en avant de lui pour lui obstruer la vue. Ce que j’aime est qu’il a également l’instinct offensif pour suivre la circulation de la rondelle, et du moment que le défenseur chargé de le couvrir le lâche ne serait-ce que l’instant d’un moment, Miettinen se détache de sa couverture et s’offre en option de passe à l’embouchure du filet. Il est très dangereux.
Miettinen fait vraiment de cet endroit ‘son bureau’. C’est en étant très près du filet que l’on note un grand nombre de ses flashs, tant en distribution de rondelle qu’en tentant de marquer. Alors qu’il est posté à l’embouchure du filet, il peut exécuter des passes sur réception dans l’enclave ainsi que des passes de l’autre côté, sur son revers en se retournant pour une chance de marquer de luxe. Il peut aussi repousser le défenseur avec on gabarit et prendre un tir, ingénieusement, avec le bâton entre ses jambes.
L’une des choses qui me fait tomber en amour avec le natif d’Helsinki est à quel point ses adversaires le détestent. La principale raison est, je crois, due au fait que personne ne parvient à le tasser du devant du filet, peu importe le nombre de doubles-échecs qu’il reçoit, et peu importe la malice derrière ces coups de bâtons. On jurerait qu’il pourrait manger ces doubles-échecs au petit déjeuner. Le manque de réaction de sa part semble faire perdre la tête à ses rivaux.
En même temps, ce n’est pas la chose la plus surprenante, car Miettinen semble avoir un côté baveux en lui. On le voit souvent rire dans le visage des adversaires qui tentent de le rudoyer, narguer des rivaux après avoir marqué et même repousser avec son patin le bâton échu sur la patinoire d’un joueur adverse qui tente de le récupérer.
Le grand Finlandais semble aimer cela lorsque l’intensité dans les rencontres atteint un niveau supplémentaire, lui qui peut distribuer de bons coups d’épaules. Chaque saison, la fascination publique envers les petits joueurs semble briller de plus belle au point où il semble y avoir une forme de déni envers l’apport unique des plus gros joueurs. Déjà bien des arguments ont été avancés concernant Miettinen, mais quelque chose d’important lorsque l’on regarde les espoirs est de porter une attention particulière à leur opposition pour savoir s’ils changent leurs approches en fonction de ces joueurs. Dans le cas de Miettinen cela s’observe tangiblement lorsque les défenseurs adverses doivent aller récupérer une rondelle libre dans le coin et que Miettinen est à leur poursuite. Ayant crainte de se faire écraser contre la bande, ils ralentissent et cherchent à initier un contact avec Miettinen prématurément pour éviter de se faire frapper, cela joue à l’avantage du gros Finlandais alors qu’il n’a qu’à éviter son adversaire qui semble ignorer la rondelle pour s’en emparer.
En tant que patineur, je crois qu’il y a encore place à amélioration et je suis optimiste que progrès, il y aura. C’est dans les accélérations sur courtes distances qu’il est à son meilleur. Je crois qu’il y a un bon niveau de puissance dans ses enjambées, mais que sa vitesse de pointe pourrait atteindre un niveau supérieur. Son haut du corps bouge beaucoup lorsqu’il patine sans la rondelle et je crois qu’avec du renforcement dans le gymnase il parviendra à corriger les petites choses qui retiennent son patin.
Quant à son tir, ce n’est pas les occasions qui pleuvent de l’observer, car il n’a pas une mentalité de tireur, se contentant plutôt de remettre à un coéquipier et de se diriger droit au filet, mais en tout temps il est à surveiller, car il excelle pour se créer de l’espace dans l’enclave ou près du filet. Sa dégaine est vive et il ne perd pas de temps à décocher. Une chose subtile que j’apprécie dans les rares fois qu’on le voit prendre de tirs d’une certaine distance, c’est qu’il parvient à ce que ses tirs se rendent au filet. Mine de rien, ceci est une qualité.
De nombreux éloges ont été lancés envers son intelligence sans la rondelle, entre autres à la vitesse de son traitement d’informations. En tant que distributeur de rondelle, c’est le même constat qui s’observe. La rondelle n’est jamais sur son bâton plus qu’une fraction de seconde, ayant déjà repéré sa cible au préalable. Comme la plupart de ses habilités individuelles, je crois qu’il y a encore du potentiel à exploiter en lui, car il démontre une bonne vision du jeu.
Les brèves possessions de rondelles de Miettinen m’amènent à parler de ses mains. Les rares fois qu’il en fait l’étalage, nous pouvons observer un bon niveau de contrôle. Il est capable de feinter des défenseurs à un conter un. Il n’a pas encore l’identité du joueur qui mène la charge en possession du disque, mais s’il peut gagner légèrement en confiance et commencer à amalgamer toutes ses qualités ensemble, nous pourrions avoir affaire à tout un joueur de hockey.
En guise de conclusion, Miettinen est un joueur pour qui je voue une forte appréciation. Si je l’avais vu effectuer plus de jeux avec la rondelle, il est possible que je l’aie classé quelques rangs plus hauts. Il se projette plus comme étant un joueur de 3e trio par contre, aussi drôle que cela puisse sembler, je crois qu’il pourrait devenir une sorte de spécialiste des unités spéciales. C’est un concept désuet auquel je n’ai jamais vraiment cru, car pour moi, tu ne peux pas confier des tâches névralgiques à un joueur qui ne voit pas beaucoup de glace à forces égales. Mais compte tenu du fait que Miettinen excelle aux cercles de mises aux jeux et que les équipes adverses sont sans réponses face à sa présence devant le filet, je crois fermement qu’il pourrait être une arme de renom en avantage numérique dans ce rôle. Personnellement, j’espère qu’il terminera son stage junior en sol Canadien et qu’il restera encore deux ans avec les Silvertips. Son style de jeu robuste et à haut tempo est conçu pour le hockey Nord-Américain. Aussi, il aura plus d’opportunités de développer ses habiletés individuelles en jouant de grosses minutes dans le junior, plutôt que de se retrouver dans un milieu d’alignement chez les professionnels en Europe.
Nombre de matchs visionnés : 13
20. Cole Eiserman
Prolifique marqueur Américain qui aura réécrit le riche livre des records au sein du Programme de Développement des États-Unis, Eiserman aura été sujet à de nombreux débats au fil de la saison. Vous vous douterez qu’avec la position à laquelle il figure dans mon classement que je ne suis pas un grand admirateur du joueur, donc je ne m’éterniserai pas à faire l’étalage de ses qualités. Mais rendons à César ce qui lui appartient, pour récolter une si grande récolte de but, un joueur se doit de posséder un trait élite, et chez Eiserman, son tir se mérite largement ce qualitatif.
Son lancer est d’une pesanteur désarmante pour les gardiens de but. Il n’a pas besoin de beaucoup d’espace et de temps pour prendre un excellent tir. Même en étant contraint de décocher avec un élan plutôt court, la rondelle part avec une vélocité fascinante. On parle ici de l’un des meilleurs lancers qu’on aura vus parmi les espoirs des dernières années.
Son lancer sur réception est tout aussi redoutable, sinon plus. Ce que je trouve le plus impressionnant, c’est la rapidité à laquelle s’effectue sa rotation thoracique. Même en prenant un élan complet, la vitesse à laquelle son bâton descend pour frapper la patinoire est incroyable.
Pour clore cet aspect, Eiserman est aussi très dangereux pour prendre un lancer à la suite d’une mise en jeu remporté par son joueur de centre. Cela démontre à quel point en un claquement de doigts, il a l’habileté de mettre la rondelle dans le fond du filet.
Pour poursuivre dans les points positifs, l’implication générale de Eiserman a été remise en question à plusieurs reprises cette saison et cela semblait même être l’un des facteurs prédominants pour justifier sa chute. Critique que j’ai trouvé pour le moins curieuse puisque de mon côté, Eiserman s’est toujours présenté lors de mes visionnements et sur cet aspect, il est difficile de lui adresser des reproches. C’est un joueur qui exhibe une propension pour le jeu physique. Il adore frapper ses adversaires, et il frappe pour faire mal ! Il se donne même des élans pour terminer ses mises en échec.
L’autre argument qui aura été utilisé pour justifier la débâcle du marqueur Américain aura été son jeu défensif défaillant. Ce n’est effectivement pas son fort. Pour moi, c’est surtout certaines décisions qui expliquent cette faiblesse, plutôt qu’une simple question d’engagement ou de positionnement. En premier lieu, Eiserman prend des risques simplement inutiles dans sa zone alors qu’il effectue des passes du revers entre ses jambes pour éviter de se faire coincer le long des rampes. Il a commis plus d’un revirement de la sorte, et rien ne peut justifier une telle prise de risque. On a un exemple ici où la rondelle est atterri directement sur le bâton d’un adversaire dans l’enclave.
Il a forcé plusieurs dégagements dans sa zone dès lors que la pression venait à lui, c’est à se demander s’il ne redoute pas d’être la victime de mise en échec. Même lors d’une séquence en avantage numérique, il s’est empressé de rejeter la rondelle le long de la bande, pourtant, l’autre équipe n’avait attaqué qu’à 2 joueurs, et 4 joueurs du NTDP étaient dans sa zone. Au final, l’équipe adverse en aura profité pour reprendre possession du disque et écouler plusieurs secondes à l’avantage numérique.
Plusieurs choses chez Eiserman font défaut dans l’aspect défensif et une autre de ses choses est son timing. On a un exemple ici alors qu’il s’agenouille devant un défenseur pour bloquer un lancer beaucoup trop rapidement.
Le défenseur parvint par la suite à facilement accéder au cercle des mises aux jeux pour prendre un lancer.
Un autre aspect défensif que Eiserman ne maîtrise pas est qu’il ne sait pas comment contrer les défenseurs qui exécutent un mouvement de pied en avant de lui pour s’en détacher. Il tente de jouer le corps, ce qui pourrait être une bonne idée, par contre, il gère mal sa distance et son timing, et ses pieds semblent coulés dans le béton lorsqu’il cherche à engager le corps. Cela se résulte en séquence où il se fait contourner facilement.
Je vais être franc, cette année j’ai cherché le plus possible à m’éloigner de tout ce qui se dit sur les espoirs sur la place publique. Malgré ça, j’ai tout de même été témoin de bien des tendances populaires qui n’auront été que passagères. Les incessants débats entourant Cole Eiserman ne m’auront pas échappé. C’est là que je considère que les gens étaient complètement à côté de la ‘track’. Voyez-vous, il est vrai que son jeu défensif est loin d’être à point, mais le fait que c’est le principal argument qui a été mis de l’avant et qu’aucune inquiétude n’a été soulevée sur des aspects plus prépondérants dans son jeu me sidère. C’est comme si les gens ne voulaient pas rater la parade et pour justifier leur position sur le joueur, ils se sont reposés sur le premier argument qui a été mentionné, qui devait être son jeu défensif.
Pour moi, l’aspect le plus alarmant dans le cas de Eiserman est que je ne considère pas son intelligence sur la glace à un niveau très élevé. Je ne vois pas un joueur en mesure de créer de l’offensive par lui-même ni pour ses coéquipiers. Parlons de sa fabrication de jeu. Le franc-tireur américain demeure tout de même un jeune joueur possédant beaucoup de talent, alors bien sûr que dans un certain échantillon de matchs, on pourra retrouver quelques belles passes. Par contre, la plus grande constante dans cette facette est, pour moi, qu’il tente beaucoup de ‘Hope Plays’. Des jeux risqués où il ne fait qu’envoyer la rondelle dans une zone dangereuse et espère le mieux. Dans son cas, ça s’apparente en beaucoup de passe derrière son dos.
Il commet aussi beaucoup d’erreurs en effectuant des passes à la remorque (Drop Pass). Cela s’explique par trois choses ; son incapacité à lire correctement la trajectoire de ses coéquipiers ainsi que la position de ses adversaires, une faute de Timing ainsi qu’un problème au niveau de l’exécution.
Des limites dans le département de la création de jeu d’un marqueur peuvent s’excuser si, en revanche, le joueur peut se créer des opportunités en or pour lui-même. Hélas, ce n’est pas le cas pour Eiserman. Je me gardais ces arguments en réserves lorsque je parlais de la qualité de son tir. Mais pour ma part, je n’ai pas vu Eiserman gagner les zones dangereuses par lui-même en possession de rondelle. La majorité des tirs qui suivent une possession de rondelle de sa part correspondent à des tirs en provenance de très loin par l’extérieur. Peu importe à quel point son tir est bon, il ne parviendra pas à battre les gardiens de la LNH en provenance de ces endroits.
De plus, Eiserman tenter de forcer beaucoup de rondelles au travers d’un mur défensif, alors qu’il n’y a simplement pas d’ouverture. Pour moi, il est un marqueur de but qui est dépendant de ses coéquipiers et qui doit se faire alimenter par ces derniers. D’un côté, il est normal que le joueur joue à l’intérieur de ses forces et qu’il se contente de se stationner en position avantageuse pour tirer profit de sa plus grande qualité, surtout lors des avantages numériques. Par contre, je vais pousser la critique un peu plus loin en disant qu’en situation de forces égales, Eiserman ne se présente pas suffisamment dans les emplacements dangereux, demeurant plutôt à l’intérieur d’un des cercles de mises en jeu. Je me questionne à savoir ce qu’il fera lorsque le jeu se resserrera lors des séries éliminatoires. Il est capable de sauter sur des rondelles libres, il ne le fait seulement pas régulièrement.
Il fut l’un des joueurs avec le plus haut taux de revirements lors de mes visionnements cette saison. Cela peut s’expliquer en partie par son inhabilité à bien lire le jeu en avant de lui comme il a été discuté précédemment.
Cependant, le plus grand problème réside dans un manque d’intelligence à l’intérieur de la finesse d’Eiserman. Cela peut sonner contre-intuitif, mais pour moi, une adéquate démonstration de maniement de rondelle témoigne d’une lecture de jeu intelligente : le joueur élimine une variable afin d’ouvrir une ligne de passe ou de tir, le joueur gagne du temps pour attendre le renfort de coéquipier, etc. Plus important encore, le joueur qui veut faire l’étalage de son talent doit être en mesure de lire ses adversaires ; leurs alignements corporels, leur angle d’approche, leurs yeux, etc. Dans le cas de Eiserman, à chaque occasion qu’il tente un jeu de finesse, ses yeux sont rivés droit sur la rondelle, ne prenant aucune information chez son adversaire au passage. Il n’y a aucune raison d’être à ses jeux et aucune intention derrière ceux-ci. Comme avec ses tirs et ses passes, le joueur Américain ne semble pas en mesure de bien déceler les ouvertures (ou le manque de celles-ci). C’est un peu la même chose lorsqu’il tente une percée au filet, alors qu’on l’observe pencher son épaule prématurément. Aussi, chez les joueurs juniors, j’aime toujours regarder lors d’une feinte le jeu des défenseurs. Parfois un jeu spectaculaire n’est que le résultat d’un défenseur qui n’est pas de calibre et la traduisibilité de ces jeux n’est simplement pas envisageable pour la LNH. Dans le cas de Eiserman, à chaque fois qu’il tente une feinte et que celle-ci ne fonctionne pas, je regarde le jeu des défenseurs et c’est consternant de voir à quel point cela à l’air facile pour eux. Il n’y a aucune manipulation à priori alors ils n’ont qu’à étendre leur bâton pour lui harponner le disque.
Un aspect que je trouve qui a été surestimé chez Eiserman, surtout en début de saison puisque le bal des critiques à son endroit n’avait pas encore débuté, est son jeu en récupération de rondelles et le long des rampes. Le joueur nous était présenté comme un marqueur pouvant lui-même aller s’approprier le disque et pouvant presque arborer une certaine identité d’attaquant de puissance. Pour ma part, j’ai de la difficulté à entrevoir un tel dénouement dans son cas puisque je ne vois pas un joueur qui remporte la majorité de ses batailles à un contre un dans la USHL. Cela m’est donc très difficile d’extrapoler une réussite fréquente dans la LNH. Aussi, bien que Eiserman soit un joueur relativement ‘jeune’ pour sa cuvée, n’étant qu’à deux semaines d’être du repêchage 2025, il est déjà listé à 196 lbs à 6’0. Il ne pourra pas vraiment ajouter davantage de poids à sa charpente.
Son patin est pour moi dans la moyenne. Ce n’est pas un joueur qui a la vitesse nécessaire pour battre des défenseurs ni pour créer des ouvertures. Une chose qu’il aurait avantage à travailler est son coup de patin sans la rondelle, où on observe beaucoup trop de mouvement au niveau du tronc. Il perd de l’énergie inutilement.
Pour ce qui est de son classement, je lui ai accordé de la clémence en début de saison, me disant qu’au final, j’ai seulement besoin de classer un ou deux joueurs devant lui, dont je me doute qui seront repêchés plus tard. Cela évite d’avoir à descendre un joueur trop bas, et si jamais il se met à connaître du succès, tu peux te dire que tu ne l’avais pas trop bas. Par contre, plus la saison avançait et plus sa chute au repêchage s’annonçait comme inévitable. La possibilité de le garder à un rang ‘fair’ et qu’il soit le joueur le plus haut sur ma liste pour une sélection donnée devenait de plus en plus probable, et c’est quelque chose que je cherchais à éviter. Je vais aussi revenir sur l’importance de l’authenticité accordée à ma liste. La réalité est que je ne suis pas un admirateur de Eiserman. Il est possible qu’il devienne un bon marqueur, mais il peut les marquer ailleurs ses buts. Je suis une personne idéaliste et le repêchage est l’occasion rêvée pour un recruteur de bâtir une équipe à son image et Eiserman ne cadre pas avec ce que je recherche chez un joueur. Il faut aussi prendre en considération que la majorité des équipes ont déjà deux, trois, peut-être quatre pièces dans leur organigramme à l’attaque qui risquent de faire partie du futur de la franchise. Il ne reste donc que très peu de chaises disponibles pour le Top-6, et je préfèrerais les offrir à un joueur qui possède plus d’outils. Donc oui, aussi surprenant que cela puisse sembler, je préfère des joueurs qui risquent de ne pas dépasser le 3e trio, mais que j’adore d’autres aspects de leur jeu que de repêcher un joueur Top-6 qui risque de frustrer ses entraîneurs ainsi que sa base de partisans après que la Lune de Miel soit finie.
Nombre de matchs visionnés : 21
21. Alfons Freij
Alfons Freij est un défenseur gaucher, issu de la Suède, de 6’1 et 196 lbs (à l’œil, je dirais que ces mensurations sont quelque peu généreuses). Il aura connu du succès partout où il aura passé cette saison ; il m’aura épaté pour des prouesses offensives en J20, mais c’est vraiment en s’illustrant sur la scène internationale que j’ai pu cimenter mon appréciation envers lui. Par le passé, je me suis fait jouer des tours avec des Suédois évoluant dans le circuit junior en Suède ; Oskar Olausson (pour être juste, il avait été très impressionnant en SHL), Alexander Suzdalev et Noah Dower-Nilsson. Ce qui se produisait avec ces joueurs (principalement Suzdalev et Dower-Nilsson) est qu’ils avaient l’air une grosse coche au-dessus de la compétition, mais lorsqu’ils arrivaient dans un niveau plus relevé (j’entends ici les compétitions internationales avec leur groupe d’âge) ils n’étaient pas en mesure de reproduire les mêmes jeux, à l’exception de quelques-unes contre les équipes faibles, telles que la Suisse. J’avais peur de m’emballer et puis inévitablement vivre une déception avec Freij, mais c’est là qu’il a réussi à se démarquer des exemples mentionnés plus haut : il a été excellent en tournoi international. Il était le défenseur numéro un de son pays et a récolté 31 pts en 28 matchs si l’on regroupe l’ensemble des tournois auxquels il a participé.
Freij est à prime abord un défenseur doté d’un bon coup de patin. Il possède une bonne vitesse même s’il pousse trop sur les côtés lors de ses foulées. Sa mobilité multidirectionnelle est de toute beauté, ses croisées alors qu’il est de reculons est quelque chose à voir. J’aime d’ailleurs comment il utilise ses pivots de manière proactive lorsqu’il défend les contre-attaques. Plutôt que d’attendre que l’attaquant se crée un chemin le long de la bande, et risquer de se faire déborder, Freij amorce ses pivots relativement tôt pour empêcher que cela se produise. J’aimerais aussi pointer au passage que Freij est excellent pour gérer la distance optimale avec le porteur du disque. De plus, son travail avec son bâton est incessant et embête beaucoup son adversaire de réaliser le jeu désiré.
La J20 n’est pas le meilleur contexte pour évaluer le jeu défensif des espoirs, mais au U-18, j’ai pu voir Freij défendre des descentes adverses à pleine vitesse et c’était à couper le souffle à quel point il semblait en contrôle de la situation et que sa défense était sans faille.
Offensivement, sa mobilité s’observe à la ligne bleue alors qu’on a souvent l’impression qu’il danse tout en manipulant la rondelle. Sa mobilité et son jeu de pieds sont à un niveau supérieur, mais ce qui lui accorde autant d’efficacité c’est comment il fait mordre ses adversaires avec ses feintes posturales. Freij est l’un des meilleurs exemples pour faire la démonstration de comment manipuler ses adversaires avec des feintes de tête et d’épaules. Ce que j’aime avec lui, c’est à quel point il exagère le mouvement et qu’il se commet à 100% dans son leurre.
En récupération de rondelle dans les coins aussi, il excelle à tromper ses adversaires avec des feintes posturales. Le défenseur de Vaxjo démontre un très bon sang-froid alors qu’il a une aise particulière à évader la pression. Mais sa plus grande qualité demeure à quel point il peut attirer cette pression sur lui pour libérer de l’espace à son partenaire à la défense avant de lui permettre d’effectuer une relance tout en n’ayant pas à composer avec un adversaire à sa poursuite. Freij est ce que j’appelle un ‘Facilitateur’ en défense. L’absence de panique face à la menace d’une mise en échec m’impressionne. C’est un ‘Gamer’.
Défensivement, je suis un grand fan de son approche lors des confrontations. D’entrée de jeu, il ne concède aucun espace au porteur de la rondelle, il engage le corps dès que cela lui est possible. Par la suite, il travaille sans relâche avec son bâton à une seule main pour balayer la rondelle, et avec son bras libre, il repousse avec intention son adversaire. Cela me rappelle énormément Theo Lindstein l’an dernier. Il a une certaine agressivité dans son jeu.
Malgré que cette comparaison se voulait un compliment envers Freij, je n’ai pas pu la maintenir puisque ce dernier démontre beaucoup plus de promesses offensivement. Le cœur de son offensive est définitivement son jeu en circulation de rondelle. Il est l’un des meilleurs distributeurs de rondelle de ce repêchage à la ligne bleue. Ce qui est épatant avec Freij, c’est que l’on ne parle pas seulement de mouvement de rondelle efficace pour faire bouger la boite défensive, mais bien de passes lumineuses qui mènent directement à une chance de marquer.
Quelque chose d’un peu inusité dans le cas de Freij est qu’il utilise quand même régulièrement des passes soulevées, ce que l’on ne voit pas très souvent chez les défenseurs. Son exécution est sans bavure alors que la rondelle tombe toujours bien à plat sur la lame de bâton de son intention de passe.
Cette passe en particulier m’avait beaucoup impressionné alors que mis sous pression par deux adversaires à la ligne bleue, Freij a rapidement aperçu un coéquipier dans le haut de l’enclave. Non seulement de repérer le joueur, mais de réussir un jeu hautement technique sous pression, cela mérite des louanges. Je trouve d’ailleurs que le haut de l’enclave n’est pas suffisamment utilisé comme cible de passe chez les jeunes défenseurs, lorsque je vois un espoir être capable de faire parvenir la rondelle à cet emplacement, il gagne des points dans mon évaluation.
Cette séquence a aidé à démontrer la vitesse à laquelle l’intellect offensif de Freij opère, et cela s’observe aussi dans le dynamisme qu’il dégage offensivement alors qu’il regarde constamment pour exploiter les séquences de ‘Give N Go’.
La plus grosse limitation dans l’arsenal de Freij est son tir. Son lancer est relativement très faible et ce qui me dérange le plus est qu’il emploie souvent des tirs hauts où il cherche à battre les gardiens de manière franche. J’aimerais le voir plus à l’affut de cette faiblesse et employer son tir, non pas avec l’intention de marquer, mais plutôt pour occasionner des retours pour ses coéquipiers. J’ajouterais aussi que malgré que son jeu de pied lui permette d’ouvrir le jeu, il n’est pas le meilleur pour trouver les lignes de tir.
En guise de conclusion, je me considère comme un fan de Freij. Son avenir n’est pas celui le plus certain, mais j’entrevois un scénario où il devient un défenseur top 4. Cela a déjà été annoncé qu’il sera prêté à un club de la Allsvenskan l’an prochain, en 2e division Suédoise. Il sera alors possible de l’évaluer face à des professionnels, chose dont nous n’avons pas été en mesure de faire cette saison. J’aime comment il défend et je trouve qu’il a du chien, chose qui est passée inaperçue cette année. Lorsque je mentionnais que la comparaison (défensivement) avec Theo Lindstein ne pouvait pas tenir, car Freij peut exécuter des choses offensivement que le premier choix des Blues de St-Louis ne peut pas faire, et bien cela à un nom : Gustav Forsling. La mobilité multidirectionnelle, le style de défense ‘In Your Face’ même si on ne parle pas de robustesse, les qualités de faire bouger la rondelle. Forsling est à mon humble avis le joueur le plus sous-estimé de la LNH depuis au moins 2 ans et les gens commencent à s’ouvrir les yeux avec lui. Bien entendu, Freij a beaucoup de chemin à parcourir avant d’atteindre un tel niveau, mais en termes de stylistique, il lui ressemble beaucoup.
Nombre de matchs visionnés : 21
22. Jesse Pulkkinen
À chaque saison, des joueurs méconnus émergent durant l’année et se forgent un résumé suffisamment riche pour se valoir des considérations dans la première ronde du repêchage. Nul n’aurait pu anticiper au début du calendrier qu’un défenseur Finlandais âgé de 19 ans (ignoré au dernier repêchage) aurait pris le monde du hockey par surprise de la sorte. Ayant commencé à observer Pulkkinen en novembre au tournoi des 5-Nations, j’avoue avoir été légèrement irrité de le voir obtenir un rôle prépondérant pour la Finlande au WJC, puisqu’il ne demeurerait plus un secret aux yeux du public.
Ce qui détonne le plus lorsqu’on regarde ce défenseur de 6’6 est son inébranlable confiance avec la rondelle. Ayant effectué mes premiers visionnements de ce joueur dans un calibre U20 (5-Nations), j’ai été ébahi de voir à quel point il décida de conserver exactement le même style de jeu éclatant à ses premiers pas chez les professionnels, en Liiga. Et je dis cela sur une note positive. Souvent, la transition chez les Pros peut se montrer épineuse chez certains jeunes qui doivent tempérer leurs envolées. Dans le cas de Pulkkinen, il a convenu que son savoir-faire avec la rondelle pouvait représenter un atout majeur à sa formation alors il décida d’exploiter au maximum ses capacités, et ce, avec le lot d’erreur qui peut en découler. Ses entraîneurs semblent sur la même longueur d’onde que lui alors qu’il bénéficie de toute la latitude possible pour exprimer son talent.
Son aisance avec la rondelle sur son bâton est remarquable. Il peut manœuvrer habilement et déjouer des joueurs en situation d’un-contre-un. Là où il peut se démarquer de la masse, c’est que les joueurs possédant une portée aussi longue que lui n’ont simplement pas ce genre de grâce avec le disque. Cette combinaison se marie parfaitement bien à son calme. Même lorsque mis sous pression à la ligne bleue offensive, il n’est jamais contraint à se débarrasser de la rondelle, car d’une seule manœuvre, il peut placer celle-ci hors d’atteinte de son adversaire.
Ce sang-froid s’observe aussi dans sa propre zone. Pulkkinen est, avec Sam Dickinson des Knights de London, le(s) défenseur(s) le plus ‘Poised’ du repêchage. Les deux opèrent cependant de façon différente. Dickinson va plutôt faire usage d’une rapide prise d’information suivie d’un pivot en direction opposée d’où provient la pression. Pulkkinen, pour sa part, va capitaliser sur sa dextérité avec sa main, ainsi qu’avec sa longue portée et son gabarit imposant. La plus grande différence entre les deux se situe du fait que Dickinson égalise la vitesse à laquelle la pression arrive avec son contre-mouvement, Pulkkinen, lui, ralentit le jeu pour émousser l’ardeur de l’échec-avant adverse et pour réorganiser la structure de son équipe, donnant le temps à ses propres coéquipiers de venir lui donner du support.
C’est une qualité primordiale à avoir chez un défenseur en ce qui me concerne. Plus que jamais, à l’intérieur d’un match, le Momentum peut changer d’un côté comme de l’autre, et lorsque c’est l’autre équipe qui s’en empare, il peut être difficile de se sortir du gouffre. De pouvoir compter sur un défenseur qui n’abdique jamais à la panique peut s’avérer très profitable.
De cette force chez Pulkkinen naissent cependant quelques questions. La première est à se demander si Pulkkinen n’est pas un joueur ‘Low Pace’. À chaque année, la rapidité d’exécution collective des équipes semble augmenter et c’est un doute légitime à se demander comment sa façon d’opérer va être perçue par son groupe d’entraîneur dans la LNH. Pour évaluer le tout de façon le plus éclairé possible, nous devons également prendre en considération le contexte dans lequel le joueur évolue. La Liiga n’est pas une ligue généralement orientée vers l’offensive. Les schémas des formations ne sont pas axés sur un échec-avant prononcé pour forcer l’adversaire à commettre des erreurs.
Le plus important à regarder lors de ces séquences est le positionnement de ses propres joueurs d’avant, à savoir si une ou des options de passes avaient été possibles pour faire progresser le jeu plutôt que de revenir sur ses pas et de ralentir la cadence de la partie. Bien que je vais toujours ardemment défendre le ‘Scouting’ par biais de vidéo, je dois admettre que ça comporte aussi quelques limites et cela en fait partie : il était souvent difficile de voir la position de tous les autres joueurs sur la patinoire, donc, cela était plus difficile de juger la pertinence des jeux de Pulkkinen.
Je m’efforçais donc à porter une attention particulière à sa première passe pour savoir s’il peut apporter une valeur à son équipe en transition. Forcée d’admettre, dans un très grand nombre de séquences, sa relance suite à un jeu où il ralentit le rythme est sans bavure ! Sa première passe est un aspect reluisant de son jeu. J’ai aussi cherché des séquences où sa prise de décision et son exécution s’effectuent rapidement en situation de pression imminente, à savoir si des faiblesses possibles pourraient surgir lorsqu’il quittera la Liiga. J’ai vu suffisamment d’exemples pour dissiper mes doutes. Je crois que c’est simplement de cette façon qu’il préfère jouer, mais qu’il saura adapter ses habitudes dans un climat différent.
(À noter que ce ‘Poise’ aura également joué à son propre détriment à quelques occasions et qu’il y a tout de même un peu de peaufinage à réaliser).
Un autre aspect identitaire chez Pulkkinen est le jeu physique. Du haut de ses 6’6, il capitalise pleinement sur les avantages que la nature lui a offerts. Je suis prêt à avancer que le défenseur Finlandais figure parmi les 5 joueurs les plus robustes de tout le repêchage. En termes de quantité, il est l’un des joueurs qui a distribué le plus de coups d’épaule à l’intérieur de mes visionnements pendant la saison. Certaines d’entre celles-ci furent très percutantes.
Il joue avec ce que l’on dit en anglais, beaucoup de ‘Piss and Vinegar’ dans son jeu. Il aime jouer dure et rendre la vie pénible à ses adversaires. Cela lui a permis de remporter beaucoup de batailles pour des rondelles libres alors qu’il s’y prend par tous les moyens nécessaire pour s’assurer que son équipe s’empare du disque.
Ce que j’aime chez Pulkkinen c’est qu’il utilise ses mises en échec à bon escient alors qu’il s’en sert régulièrement pour séparer le porteur de la rondelle de cette dernière, ce qui demeure avant tout, le principal but d’une mise en échec.
Une autre nuance que le défenseur Finlandais maîtrise bien est comment il se sert de sa forte charpente de façon proactive pour protéger la rondelle lorsqu’il va récupérer celle-ci en fond de territoire. Tout juste avant de prendre possession du disque, il va freiner et initier un contact avec son dos de sorte à prendre l’attaquant en échec-avant a dépourvu. Il se retrouve alors l’instigateur dans un scénario ou il serait censé être la cible de la mise en échec.
Pour revenir sur l’aspect offensif de son jeu, Pulkkinen n’est pas le plus dangereux des tireurs en provenance de la ligne bleue, mais sa confiance offensive, la qualité de ses mains et sa longue portée lui permettent tout de même de s’offrir des approches intéressantes. Regarder ici comment qu’il élargit sa base de patin pour repousser le bâton d’un adversaire et ainsi se permettre de gagner l’enclave.
Son coup de patin est quelque peu difficile à évaluer. D’un côté, étant donné qu’il joue à un ‘Pace’ plutôt lent, un rapide coup de patin ne lui conférerait pas vraiment d’avantages supplémentaires. Lorsqu’il transporte la rondelle, il semble se déplacer à une vitesse satisfaisante. Lors de certaines séquences, il fait preuve d’une agilité surprenante du haut de ses 6’6. Je dirais que pour un joueur de la sorte, compte tenu de sa position et de sa taille, le plus important est de savoir si les attaquants adverses parviennent à le contourner par l’extérieur et dans son cas, ça ne se produit pas.
Par contre, en fin de présence, il peut arriver que ses premières enjambées ne soient pas à point. Et aussi, il a parfois la fâcheuse manie d’effectuer ses pivots du mauvais côté, heureusement pour lui, il peut se reprendre avec sa longue portée et limiter les dégâts, mais règle générale, c’est habituellement quelque chose qui ne pardonne pas.
Cela peut sembler un exercice périlleux de classer un joueur de 19 ans si avantageusement, par contre, il y a certaines choses à préciser avec le développement et la progression des joueurs : le développement n’est jamais linéaire. C’est vrai avec les espoirs autant que ça peut l’être dans d’autres sphères de la vie. Je pourrais dresser plusieurs parallèles avec la préparation physique, profession que j’exerce. Partant de très loin l’an dernier, Pulkkinen aura connu un développement simplement hors de l’ordinaire et nous devons l’évaluer actuellement. Dans un domaine où personne n’est à l’abri des périodes de stagnation ou même, de régression, il pourrait être sage d’accorder de la valeur au bout de chemin qu’il a fait et aux atouts présents dans son arsenal que ses rivaux ne peuvent se permettre d’offrir ; gabarit, jeu physique, calme avec la rondelle, audace. Pour le bien de l’exercice, on pourrait également évaluer son jeu actuel relativement à celui des joueurs issus du repêchage de 2023 et, pour moi, je le classerais sensiblement au même endroit que je le classe actuellement dans la cuvée 2024.
C’est un joueur pour qui j’ai plus d’arguments pour le monter dans une liste que pour le descendre.
Nombre de matchs visionnés : 25
23. Igor Chernyshov
Igor Chernyshov est un ailier russe de 6’2 et 198 lbs, tirant de la droite. Il est un joueur qui n’aura malheureusement pas répondu à mes attentes cette saison. Il est un joueur que j’avais vu à maintes reprises l’an dernier avec différentes formations Nationales Russes dans des matchs amicaux (contre la Biélorussie ou des formations Russes plus âgées) ainsi qu’en MHL alors que j’épiais son coéquipier Egor Rimashevsky (repêché par les Sharks de San Jose). À ce moment, j’entrevoyais une possible sélection dans le Top 10 pour Chernyshov. Toutefois, cela ne se sera pas concrétisé. Chernyshov a partagé sa saison entre la MHL et la KHL. Il aura connu des hauts et des bas dans chacun des deux circuits et son identité sera demeurée floue pour la majeure partie de la saison.
Tout d’abord, Chernyshov est un joueur qui a une grande attention aux détails. Il s’applique le plus possible à ce que chacune de ses remises pour ses coéquipiers soit des plus soignées. Son jeu défensif démontre beaucoup de maturité, ce qui n’est pas le plus usuel venant des joueurs Russes. Il a déjà l’air d’un professionnel sur la glace, de comment il se comporte. Il excelle sur le désavantage numérique de par son sens ‘alerte’ sur la patinoire. Il est attentif à chaque mouvement de rondelle et ses déplacements suivent ceux de la rondelle, ne donnant pas d’ouverture à ses adversaires, fermant à la fois les lignes de tirs et de passes. C’est rare de voir un joueur de sa nationalité se placer devant les tirs de la sorte. De plus, il n’hésite jamais à être le premier joueur de sa ligne à se replier.
Lorsque je parlais d’attention aux détails, regarder comment Chernyshov s’applique à déposer son bâton au complet sur la patinoire pour agrandir la surface de contact et ainsi augmenter ses chances de couper la passe de son adversaire.
Le problème avec Chernyshov est qu’il n’aura pas été en mesure de produire comme il aurait été espéré de sa part cette saison. Je vais faire abstraction de ses 4 pts en 44 matchs en KHL (en incluant les 10 parties éliminatoires qu’il a disputées), car son temps de jeu était souvent dérisoire. Mais il n’a récolté que 28 pts en 22 matchs dans la ligue junior Russe, la MHL, ce qui est largement insuffisant pour un joueur de sa trempe. Nous devons aussi considérer le fait qu’il est l’un des joueurs les plus âgé de la cuvée, ayant célébré son 18e anniversaire au mois de novembre.
Une partie de cela s’explique par une sorte de crise identitaire. Malgré le talent qui l’habite, Chernyshov n’a jamais été le fer de lance offensif de sa formation et cela semblait le dérouter. Il ne semblait pas à l’aise d’être LE joueur de sa formation qui ‘Drive le bus’.
C’est dommage, car lorsque l’on regarde ses habilités individuelles, c’est un gars qui possède tout. Son maniement de rondelle est très bon et si ce n’était pas de sa mauvaise saison, je crois qu’on en parlerait un peu plus parmi les bons manieurs de disque de ce repêchage. Le truc avec Chernyshov par contre, est que sa confiance affecte énormément l’étendue des jeux qu’il peut, ou ne peut pas, réaliser avec le disque. Lors du début de saison, et pendant une certaine séquence de matchs en KHL, Chernyshov avait l’audace de réaliser des jeux hautement créatifs et spectaculaires. Mais lorsque la confiance était à son plus bas, Chernyshov tentait certains jeux et ne semblait pas porter un haut niveau de foi en les chances de ses jeux d’aboutir.
Pour ce qui est de son tir, le plus attrayant serait sa dégaine. Il décoche ses tirs de manière très vive. Il décoche de bons tirs même si la rondelle se situe en avant de lui, sans perdre de temps à la ramener derrière lui. Sa dégaine est déjà de calibre professionnel. J’aime comment il utilise ses coéquipiers, mais aussi je vais de nouveau faire référence à sa maturité sur la patinoire. Si la pression commence à être suffocante, il ne va pas tenter de battre ses adversaires par une manœuvre individuelle, il va effectuer un jeu simple en direction d’un coéquipier et immédiatement se détacher de son couvreur pour aller s’offrir en option de passe.
En début de saison, il faisait démonstration d’une façon particulièrement dangereuse de comment bien utiliser ses coéquipiers. Évoluant au haut du cercle droit en avantage numérique, il aimait défier la défensive adverse en s’amenant vers eux avec vitesse. Dès le moment où la vigilance de l’équipe adverse s’accentuait sur lui, il remettait à son coéquipier situé à la ligne des buts. Cela causait beaucoup de panique au sein de la couverture défensive alors que tous les joueurs qui avaient monté pour ne pas concéder trop d’espace à Chernsyhov devaient subitement redescendre pour empêcher un joueur d’attaquer le filet. Cela semait beaucoup de panique. Il profitait de cela pour redemander la rondelle, s’étant aventuré dans le haut de l’enclave, et pouvait ensuite décocher un tir, bénéficiant de plus d’espace devant lui.
Une autre chose digne d’appréciation est que son taux de succès en utilisant les défenseurs comme écran est très bon. Ses tirs parviennent à atteindre le gardien et passer au travers des défenseurs. Même en situation d’un-contre-un. Par contre, Chernyshov n’est pas un marqueur émérite. Statistiquement parlant, il n’a jamais été un grand buteur et je n’ai pas vu un joueur doté d’une touche indiscutable pour marquer des buts. Je crois que ça s’explique dû au fait que ses tirs ne sont pas tant précis. Je ne parle pas ici de lancers qui n’atteignent pas la cible, mais plutôt de tirs qui n’ont pas pour effet de faire travailler les gardiens. Ce sont souvent des lancers dans la poitrine des gardiens qui ne semblent pas difficiles à arrêter.
En tant que passeur, Chernyshov ne sera jamais le plus grand des fabricants de jeux, mais comme je le disais en introduction, j’aime beaucoup comment il s’applique sur la qualité de ses passes. Ce sont les petites choses comme de subtiles passes glissées sous la couverture d’un adversaire qui le rendent efficace comme passeur.
Là où il se distingue le plus pour remettre la rondelle à ses coéquipiers, c’est en provenance du long des bandes ainsi que de derrière le filet. Cela m’amène à vous parler de son passage en KHL et les changements que cela aura amenés dans son jeu. En fait, ce n’est pas tant une question de ‘changements’ en tant que telle, mais plus que, à partir de ce moment, son identité a semblé se clarifier. Le grand numéro 25 s’est mis de plus en plus à ressembler à un attaquant de puissance.
Il s’est mis à afficher une grande efficacité pour ce qui est de créer de l’espace à ses coéquipiers. Il assumait aussi les tâches difficiles telles que les récupérations de rondelles dans les coins. Par contre, ce qui le caractérise le plus c’est l’ardeur avec laquelle il attaque le filet. Il aura été l’un des joueurs cette saison qui aura complété le plus d’attaques au filet. Sa vitesse de pointe s’est considérablement améliorée au cours de la saison et couplée à cela, il a le gabarit pour gagner sa position contre le défenseur et le traîner sur son dos. Je l’ai aussi vu manier le disque à l’intérieur du demi-cercle bleu habilement alors que le gardien cherchait à le harponner. Sans la rondelle, sa boussole n’indique qu’un chemin et c’est au filet. Cela aide à faire reculer les défenseurs et créer de l’espace pour ses coéquipiers.
Le patin de Chernyshov est difficile à évaluer adéquatement. Même parmi les recruteurs LNH, certains avancent qu’il est encore lent et que cela le retient alors que d’autres considèrent cet aspect comme une force. Chose certaine, il aura amélioré cette facette au cours de la saison. En début de calendrier, je trouvais que sa puissance n’avait pas suivi le développement de sa charpente et même si on pouvait observer une belle technique, les résultats n’étaient pas au rendez-vous. Il est désormais plus rapide, ayant même bénéficié de quelques échappées dans la KHL, par contre, des inconstances persistent dans cet aspect et il peut être fâchant à évaluer. Il est tout de même assez pesant sur patin, surtout considérant son âge. Il devra faire du travail en gymnase sa priorité et chercher à pallier l’écart entre sa maturité en termes de force musculaire et celle de son pur gabarit. Dans son cas, je crois qu’il est possible qu’il devienne plus rapide au fil des années à venir.
Il peut parfois être un exercice périlleux de descendre trop bas un joueur qui affichait beaucoup de promesses l’année précédente. Après tout, le développement des joueurs n’est pas linéaire et il y a aussi le fait que la saison de repêchage peut représenter une source de stress additionnel pour les espoirs. Si l’on regarde le profil statistique de Chernyshov à son année de repêchage et celle d’avant, cela se compare étrangement à Danila Yurov, qui en ce moment, fait regretter bien des gens de l’avoir descendu trop bas, moi y compris (19e en 2022). Par contre, Yurov avait démontré un meilleur flair offensif et avait un pedigree mieux nanti. Au final, je projette Chernyshov comme une sorte d’ailier de puissance sur un bottom-6.
Nombre de matchs visionnés : 23
24. Michael Brandsegg-Nygard
Michael Brandsegg-Nygard est un ailier Norvégien qui a décidé de poursuivre son développement en Suède ces deux dernières années. Après avoir passé la majeure partie de la saison précédente dans le circuit junior (modeste récolte de 38 pts en 35 matchs) il aura fait le saut à temps plein avec les professionnels dans la Allsvenskan. Sa saison régulière fut plutôt discrète sur le plan offensif avec une collecte de 18 pts en 41 matchs, mais il se sera reprit considérablement avec ses 10 pts en 12 parties éliminatoires.
Brandsegg-Nygard est principalement reconnu pour la violence de son lancer. Son tir des poignets figure parmi les meilleurs que ce repêchage à offrir. La vélocité derrière son tir est dévastatrice, mais en termes d’exécution, le plus impressionnant derrière le lancer du Norvégien est à quel point il est à l’aise de prendre des tirs alors qu’il est à pleine vitesse. Généralement, c’est lorsque les joueurs sont en glisse (ou même stationnaire) qu’ils vont décocher leurs meilleurs lancers. Dans le cas de Brandsegg-Nygard, sa dégaine semble encore meilleure lorsqu’il est à l’intérieur de sa cadence de patin puisqu’il peut tirer alors que la rondelle est en avant de lui. Ces tirs vifs surprennent les gardiens. Pour que la rondelle décolle avec autant de vivacité, il se doit d’appliquer une quantité de poids et de force considérable vers le bas avec son bâton pour parvenir à prendre de tels lancers. Lorsqu’on l’observe sans son équipement de hockey, nous comprenons mieux pourquoi cela lui est possible. C’est un homme déjà.
Le porte-couleur de Mora est ce qu’on fait référence à un ‘Volume Shooter’. Il est derrière Cole Eiserman le joueur sur qui j’ai compilé le plus de lancers à l’intérieur de mes visionnements. Il n’est pas un joueur qui va compliquer les choses inutilement offensivement alors il place un grand nombre de rondelles au filet.
Par contre, je trouve que les gens sont rapides à faire le lien entre la qualité de son lancer et une éventuelle récolte de buts digne de ce nom dans la LNH. L’un n’équivaut pas à l’autre nécessairement. Malgré les qualités que je lui trouve à son lancer, je ne crois pas que Brandsegg-Nygard ait de si bons instincts de marqueur. Certes, sur le plan technique, ses dégaines sont excessivement rapides, mais souvent, il ne maximise pas le temps de ses possessions de rondelle et précipite ses lancers. Un joueur avec un flair inné à marquer ferait preuve de patience et utiliserait l’espace libre pour s’avancer davantage.
Plus d’un indice me permet d’arriver à cette conclusion. Je n’ai pas vu l’attaquant faire preuve d’une grande diversité ni d’une grande ingéniosité dans sa façon de battre les gardiens, ni même des défenseurs. Je ne crois pas qu’il ait le ‘Poise’ que l’on observe chez les grands marqueurs où ils semblent aimer être mis sous les projecteurs et font preuve d’un calme désarmant lorsque la pression est mise sur eux et qu’ils se retrouvent dans une situation de créer de l’attaque. Ce n’est pas quelque chose que je retrouve chez Brandsegg-Nygard alors qu’il m’apparait nerveux lorsqu’il a l’opportunité de partir en excursion et de défier les défenseurs adverses. Cela va se résulter en tir qui provient de loin, qui ne représentera pas une menace pour les gardiens. De plus, je crois que sa vision de jeu est une lacune relativement importante dans son jeu, cela est encore plus apparent lorsqu’il rentre en territoire ennemi en possession du disque. Plusieurs détails dans son jeu réduisent substantiellement son ‘Upside’ offensif.
Le natif d’Oslo semble déjà à pleine maturité physique. Ses mensurations sont de 6’1 et 207 lbs (officielles du Combine). Je ne crois pas qu’il y ait place à bien de l’amélioration à cet endroit. Lorsque je l’ai vu sans son équipement au Combine, je croyais qu’il y avait un imposteur qui s’était invité à cet évènement. On pourrait facilement le confondre, en date d’aujourd’hui, avec un joueur de la LNH.
Il ne sera donc pas surprenant d’apprendre qu’il aura été le joueur qui a asséné les mises en échec les plus percutantes que j’ai vues cette saison. Ma plus grande surprise aura été de voir ses adversaires capables de se relever suite à une telle collision. Cela vaut principalement pour la poignée de matchs qu’il a disputés dans la J20.
Le seul problème que j’ai avec cet aspect de son jeu est que la constance n’est pas toujours au rendez-vous. Ce n’est pas qu’il manque d’engagement dans les matchs où il ne frappe pas, mais pour un joueur qui n’apporte pas énormément de diversité ou d’habiletés de haut niveau, j’aimerais le voir chercher à faire mal à ses adversaires avec une plus grande fréquence.
En revanche, il démontre un bon éveil sur la patinoire alors qu’il se prépare toujours au contact imminent d’un adversaire lorsqu’on vient pour le frapper. Il ne s’expose pas à se faire blesser. Même lorsqu’il a le disque le long des rampes, il distance la rondelle de son corps et incline son corps en direction de l’adversaire qui vient le frapper, de sorte à initier lui-même le contact. Il joue dur et est très compétitif le long des rampes, cherchant à s’emparer de la rondelle à tout prix.
Contrairement à Igor Chernyshov, qui représente lui aussi l’un des meilleurs attaquants de puissance de ce repêchage, Brandsegg-Nygard n’a pas eu de rattrapage à faire quant à sa force/explosion sur patin relatif à son gabarit mature. Dès le début de saison, il était possible d’observer une poussée de patin puissante et fluide. La transition d’une jambe à l’autre lors de ses explosions est vraiment agréable à regarder. Sa phase de récupération (la partie où le patineur ramène sa jambe en extension vers l’avant) est l’une des meilleures que j’ai vu chez un patineur ces dernières années. Il doit posséder de très puissants muscles fléchisseurs des hanches.
Ce qui est encourageant est que même si sur le plan de vue physique, je ne vois pas vraiment comment Brandsegg-Nygard pourrait considérablement améliorer son coup de patin, d’une perspective technique, il pourrait gagner en efficacité puisqu’il a tendance à trop s’assoir sur ses hanches lorsqu’il patine, limitant son extension.
Par contre, du moment que l’on cesse de s’attarder aux qualités physiques de Brandsegg-Nygard, bien maigres sont les arguments pour vendre sa sélection. Je ne suis pas un très grand fan de comment il voit le jeu. La présence de créativité dans son jeu offensif est pratiquement nulle. Les jeux aboutissent rarement à quelque chose lorsqu’il est le joueur qui transporte la rondelle en transition, ou même lorsqu’il est appelé à effectuer l’entrée de territoire. Brandsegg-Nygard semble jouer avec des œillères et il ne repère jamais ses options latérales. De plus, comme je l’expliquais plus tôt, il n’a pas une compréhension avancée de comment lire les ouvertures chez ses adversaires et il n’est pas capable de passer un travers de ses adversaires, que ce soit d’un adversaire à un contre un ou d’un corps défensif. Ses approches sont très linéaires et malgré les qualités qui lui sont reconnues quant à sa vitesse et sa protection de rondelle, je n’ai pas vu chez lui un joueur hautement efficace dans les corridors le long des rampes. Je ne l’anticipe pas ‘Driver’ le jeu et challenger les défenseurs dans les couloirs.
Sa vision de jeu lorsque vient le temps de passer la rondelle à ses coéquipiers fait également défaut. Je l’ai vu effectuer des passes où il m’avait l’air de simplement ne pas savoir quoi faire avec la rondelle. Des passes soulevées, de longue distance, avec beaucoup trop d’obstacles se trouvant entre lui et sa cible. Même pour les plus fins passeurs, cela n’aurait pas été réalisable, mais Brandsegg-Nygard ne possède clairement pas la dextérité nécessaire pour compléter de tels jeux. Ses passes étaient beaucoup trop hautes et trop vives.
De plus, il ne démontre pas beaucoup de ressources pour se défaire de ses rivaux. À chaque fois qu’un défenseur se dresse devant lui, Brandssegg-Nygard tente de se départir de lui en faisant passer la rondelle à la gauche du défenseur et en le contournant pour la droite pour ensuite retourner récupérer la rondelle. Se jeu s’est démontré infructueux la majeure partie du temps. Il demeure tout de même en mesure de connecter certains jeux dans la zone offensive, mais son ratio de fabrication de jeux versus de tirs au filet est très inégale.
Mon classement de Brandsegg-Nygard est certes assez sévère. Seulement grâce à sa maturité physique et à son éthique de travail, il pourrait être quelques rangs plus hauts, si on prend en facteur les risques associés à quelques joueurs devant lui. C’est un joueur qui se débrouille bien le long des rampes. Non seulement il est fort et à une bonne compréhension des points de contacts et roule bien ses mises en échec, il démontre aussi une habileté surprenante à manipuler ses adversaires avec des pivots aux moments opportuns. Juste pour cette facette du jeu, Brandsegg-Nygard risque de jouer dans la LNH.
Par contre, si plusieurs le voient comme joueur de milieu d’alignement, mon jugement s’arrête plus sur un joueur de ‘Bottom-6’. Le manque de créativité et de vision ainsi que l’incapacité à créer par lui-même et de battre ses adversaires en possession du disque me fait douter trop fortement de le voir comme ‘Finnisher’ sur un trio. Comme je disais plus tôt, je ne crois pas que ses instincts de marqueur soient bien élevés.
Bien sûr, physiquement, il pourrait jouer dans la LNH dès demain. Par contre, cela n’élève pas son plafond. Pour un recruteur dont son poste est en jeu, je comprendre l’attrait de le repêcher et d’ensuite dormir paisiblement, sachant que tu as un joueur qui va s’insérer dans une formation LNH. Cependant, on a vu au cours des dernières saisons des espoirs être catégorisés de ‘Près de la LNH’ pour finalement prendre bien des années avant de s’établir. Il n’est pas seulement question de maturité physique. Je pense à des joueurs comme Vasili Podkolzin et Dylan Holloway (je ne compare en rien les joueurs d’un point de vue stylistique). Il leur aura prit du temps pour percer l’alignement de leur formation (diantre, ce n’est même pas encore acquis pour Podkolzin), mais aussi, leur impact est plutôt marginal. Histoire courte, j’attendrais qu’une équipe repêche Brandsegg-Nygard avant moi.
Nombre de matchs visionnés : 25
25. Miguel Marques
Miguel Marques est un ailier Canadien, tirant de la droite, évoluant pour les Hurricanes de Lethbridge dans la WHL. Il représente en soi une petite fierté pour moi puisque j’avais mentionné à quelques personnes à la mi-novembre que Marques allait être un ‘Riser’ en 2e moitié de saison. À ce stade, il ne noircirait pas encore la feuille de pointage avec régularité, mais cela ne prit que deux semaines avant qu’il devienne tout feu tout flamme et que son nom commença à circuler sur la place publique. Il compléta sa saison avec une récolte de 74 pts en 67 parties, ce qui lui conféra le premier rang des pointeurs de sa formation.
Marques risque d’être caractérisé par sa vitesse sur patin. Sa vitesse de pointe est au-dessus de la moyenne de ses rivaux. Je vais admettre qu’il n’est pas aussi rapide que je ne l’aurais cru après m’être emballé avec lui, mais il demeure un bon patineur qui pourrait aisément tenir son bout dans la LNH.
Son accélération est un atout qu’il possède alors qu’il est capable de se créer une séparation d’un couvreur même s’il y a une distance profitable à son adversaire. Étrangement, bien que Marques ne soit pas le joueur défensif le plus émérite, c’est à l’intérieur de replis défensifs que l’on peut pleinement constater et apprécier sa grande force d’accélération.
Ce qui distingue Marques est que ses pieds sont constamment en mouvement. Sa cadence de patin est très élevée et c’est ce qui lui permet de battre de vitesse certains de ses adversaires qui sont plus passifs dans leur prise d’information alors que Marques a toujours la pédale au plancher et saute sur chaque ouverture qu’il y a.
Le numéro 14 joue à l’un des rythmes (Pace) des plus élevés de ce repêchage. Il cherche continuellement à faire reculer les défenseurs avec sa vitesse. On note également que sa vitesse de prise d’information et d’exécution parvient à égaler celle de ses pieds, il est capable d’utiliser ses coéquipiers dans la zone neutre avec des passes sur réception alors qu’il est à pleine vitesse. Impressionnant.
Par contre, j’aurais tendance à dire que ce qui définit Marques le plus, ce sont ses habilités de fabricant de jeux. Ce n’est pas ce qui m’est sauté au visage lors de mes premiers visionnements. Mais lorsque je me suis mis à compiler les extraits vidéos que j’avais pris de ces matchs, j’étais abasourdi de voir le nombre de bonnes passes qu’il parvenait à compléter. Ce ne sont pas nécessairement les passes les plus lumineuses ou celles qui mènent directement à des chances de marquer, mais le volume de jeu qu’il orchestre est extrêmement élevé. En relativisant le nombre de visionnements que j’ai de chaque joueur, Marques figure parmi le sommet des joueurs avec le plus de jeux réalisés !
La raison pour quoi il parvient à rejoindre ses coéquipiers à une si haute fréquence est qu’il possède une très bonne vision de jeu. Il n’y pas un corridor de libre que Marques ne voit pas. Lorsqu’il est en possession du disque, ses défenseurs peuvent se permettre de sauter dans l’attaque, car les chances qu’il les repère sont très bonnes.
Comme il y a été mention plus tôt, Marques a également une prise d’information très rapide qui se résulte en exécution tout aussi soudaine. Cela lui permet de prendre les défensives adverses a dépourvues et offrir des chances de qualité à ses coéquipiers.
Un aspect très important du ‘Playmaking’ de Marques est qu’il complète un très haut volume de passe en provenance de la bande pour rejoindre un coéquipier dans le centre de la zone offensive. Alors que son emplacement sur la patinoire semble très anodin, il atteint sa cible dans une localisation dangereuse. Bien que son taux de réussite soit très haut en WHL, un questionnement persiste à savoir s’il trouvera la même efficacité pour ce type de passe au prochain niveau. C’est ce à quoi je fais souvent référence lorsque je parle de complémentarité dans les attributs d’un joueur. Pour avoir la même efficience dans la LNH, un joueur se doit d’avoir des habiletés physiques particulières, ce qui n’est pas le cas de Marques (5’11, 173 lbs) OU une capacité d’évasion supérieure, et bien qu’il soit doté d’une bonne vitesse, Marques n’est pas le type de patineur avec une agilité phénoménal. Par contre, il démontre de la combativité de ces emplacements et sa rapide exécution pourrait bien lui permettre de demeurer efficace de ces endroits.
Si je dis que Marques est un fabricant de jeux au volume, vous vous seriez douté que c’est l’inverse pour ce qui est de son lancer. En effet, Marques n’est pas celui qui dirige le plus de rondelles au filet. Malgré tout, j’aime bien la qualité de son tir des poignets. Je trouvais au départ que son lancer manquait de précision, mais avant même que je puisse consolider cette observation, il s’est mis à SNIPER des rondelles sous la barre transversale qui arrivait à une vitesse ahurissante.
Marques présente certains défauts sans la rondelle, qui étaient davantage visibles en première moitié de saison. À l’occasion, il semblait trop observateur devant un adversaire en possession du disque, et attendait de voir si ce dernier allait commettre un revirement plutôt que d’aller lui-même provoquer ces revirements en mettant de la pression.
Par contre, son plus gros défaut, et cela a perduré jusqu’à la toute fin de sa saison, est qu’il a tendance à quitter sa zone prématurément. Avant même que ses défenseurs puissent amorcer une sortie de zone, Marques a déjà quitté sa zone. Le hic est que, à bien des occasions, ses défenseurs sont embêtés par l’échec-avant adverse et ils ne sont pas en mesure d’effectuer une relance. Son équipe se retrouve alors embouteillée dans sa propre zone, et Marques n’est nulle part pour venir prêter main forte.
Il a toutefois été en mesure de réinventer, en partie, son jeu défensif. Il combine maintenant son accélération sur patin avec une anticipation lui permettant d’être premier sur des rondelles libres pour empêcher l’adversaire de quitter leur territoire.Marques est aussi très habile et sournois pour soutirer la rondelle à l’adversaire en soulevant leur bâton, au moment opportun.
Un aspect très méconnu de Marques (bien que je n’aie pas entendu beaucoup de discours à son sujet) est qu’il a un véritable côté ‘Chercheur de Troubles’ en lui. Ce n’est pas nécessairement le joueur qui complète le plus de mises en échec et qui est constamment dans le visage de ses adversaires, mais il semble avoir un don particulier pour irriter ses adversaires. Avant les mises en jeu ou après les sifflets, il est toujours en train de déranger les joueurs adverses, de les narguer, de venir les picosser, etc. Il amène une certaine émotion à l’intérieur des matchs, et c’est quelque chose que j’apprécie.
Je vois en lui un potentiel joueur de milieu d’alignement qui peut amener de l’offensive. Evan Rodrigues serait une comparaison qui fait du sens. Il ne jouait pas pour la meilleure des formations en WHL alors je demeure très curieux de voir à quel point l’intelligence derrière ses subtiles mises en scène pourrait bénéficier des joueurs de talent. Il y a beaucoup d’échos concernant son ‘Hors-Glace’, je ne serais pas surpris que cela le fasse chuter considérablement.
Nombre de matchs visionnés : 18
26. Michael Hage
Michael Hage est un joueur de centre droitier hyper talentueux qui a décidé d’amener son talent aux États-Unis, optant pour poursuivre son développement dans la NCAA avec l’excellent programme de Michigan. Il a évolué avec le Steel de Chicago cette saison dans la USHL. Malgré un début de saison un petit peu plus lent, il termina tout de même au 4e rang des pointeurs du circuit.
Le numéro 19 se démarque de ses rivaux sur la glace par son très haut niveau d’habiletés individuelles. Son maniement de rondelle figure haut la main (honte à moi, ce jeu de mots était pleinement intentionnel) parmi l’élite de sa classe de repêchage. Il possède l’un des répertoires de feintes les plus séduisants de sa cohorte. Peu de joueurs excellent autant que lui en situation d’un-contre-un. Il peut déculotter un défenseur à tout moment lorsqu’il est sur la patinoire et c’est ce qui le rend autant entichant à regarder jouer. Ce qui est intéressant est que grand nombre de ses feintes sont réalisées à pleine vitesse et qu’il gagne l’intérieur pour se diriger vers le gardien.
Une chose qui fait de Hage un si bon joueur pour se départir d’un adversaire est qu’il n’utilise pas que ses mains pour parvenir à ses fins. Il incorpore également (à merveille) les mouvements d’épaules. Il peut vivement descendre son épaule pour attaquer son couvreur de front et chercher à passer sous lui et il utilise également de très bons changements de direction pour vendre une fausse route au joueur qui se trouve devant lui. Hage est possiblement le joueur de cette cuvée qui tire le plus avantage des changements d’angle sur ses lancers. Son contrôle de rondelle dans ces situations où il parvient à trouver une ligne de tir devant un adversaire agenouillé est de toute beauté.
Je qualifierais d’ailleurs la qualité de son tir étant supérieur à la moyenne. Il possède une bonne vélocité derrière son lancer des poignets et il décoche souvent des tirs où est-ce que la rondelle gagne rapidement en élévation, sans ne rien perdre de sa vitesse, donnant beaucoup de difficultés aux gardiens à bien gérer leur rebond.
Un autre aspect où Hage démontre des aptitudes bien au-dessus de ses pairs est à l’intérieur de ses réceptions de passes. Il parvient à maîtriser des remises soulevées où est-ce que la rondelle n’est pas tout à fait à plat sur la glace avec une aisance remarquable. L’aspect le plus prévalent dans cette facette est par contre lors des transitions. Dans les niveaux inférieurs, comme la USHL, ce ne sont pas toutes les sorties de zones qui se déroulent sans failles, les imprécisions dans les relances des défenseurs arrivent tout de même assez fréquemment. C’est là où le niveau de talent de Hage entre en jeu. Il est difficile de lui donner une ‘mauvaise’ passe. Il n’a aucun problème à récupérer la rondelle à une seule main derrière son dos, dans ses patins, peu importe.
Cela m’amène d’ailleurs à parler d’un des points forts dans son jeu qui est son taux de succès en transition. Il a une facilité apparente à transporter la rondelle jusqu’en territoire ennemi. C’est avec l’aide des qualités susmentionnées qu’il parvient à atteindre un tel taux de réussite dans ces situations. J’ajouterais à ça que son coup de patin est également une qualité dans son jeu. Sa vitesse se situe au-dessus de la moyenne et il est très à l’aise à passer de croisés intérieurs à des croisés extérieurs si un impondérable surgit devant lui.
Si on s’attarde à ses talents de fabricant de jeux, je les qualifierais dans l’ensemble d’assez moyens. Certaines passes qu’il parvient à faire sont tout de même assez impressionnantes. Le problème réside dans le fait que lorsque l’on regarde des matchs de Hage, rares sont les séquences où ses jeux font bénéficier ses coéquipiers. Même si on en aperçoit des soupçons, très prometteur, à l’occasion, cela n’offre pas une digne représentation de son jeu, qui demeure plus axé sur les habilités individuelles.
C’est en transition que la plus grande partie de ses mises en scène surviennent. Ce qui demeure cohérent avec ce qui est présenté de son identité jusqu’ici. Chose certaine, on ne peut pas lui reproche de ne pas être en mesure d’effectuer de jeux à pleine vitesse. Plusieurs de ses remises sont réalisées dans ces situations et c’est ce qui détermine l’efficacité de ces jeux. Il est difficile pour les défenseurs adverses de couvrir les cibles de passes de Hage alors qu’ils s’amènent à toute vitesse. Surtout s’ils veulent éviter de prendre une pénalité pour obstruction.
Je vais admettre avoir été plus ‘High’ sur Hage pendant les deux premiers tiers de la saison. L’une de ses raisons est que je voyais certains fragments à l’intérieur de sa capacité à réaliser des jeux qui me laissaient entrevoir qu’il avait beaucoup de marge de manœuvre à développer dans cette facette. Encore plus dû au fait qu’il va passer, possiblement, au moins 3 ans avec l’Université du Michigan. Sans utiliser en abondance aucune de ces nuances, Hage faisait tout de même la démonstration que ces aspects sont maîtrisés et que c’est possible qu’il parviennent à les intégrer à une plus haute fréquence ; de subtils délais avant une remise pour laisser le temps à un coéquipier de se libérer, des éléments de ‘Tromperie’ avec sa posture et son regard, ne laissant transparaître aucun indice quant à l’identité de sa cible, et j’aimais aussi particulièrement la façon qu’il avait de prendre l’information en regardant par-dessus son épaule et ensuite prendre une décision plus éclairée.
En date d’aujourd’hui, je suis peut-être moins optimiste qu’il y a quelques mois à savoir si sa fabrication de jeu peut atteindre un niveau supérieur, n’en demeure que même à l’époque, je voyais cela comme un projet sur quelques années, alors seul le temps nous le dira.
Une autre raison pour laquelle je regorgeais d’optimisme envers Hage est que, bien qu’il soit loin de l’archétype de joueur difficile à affronter, il démontrait tout de même quelques ‘Hard Skills’. Plus spécifiquement, une propension à couper au filet avec le disque. Il est l’un des attaquants à haut profil qui a complété le plus de percées au filet dans mes visionnements. Il ne refoule devant aucune occasion de pencher l’épaule et d’attaquer de front le gardien de but. Il n’a définitivement pas froid aux yeux et ce ne sont pas tous les joueurs dotés de son talent qui ont cet enclin à attaquer avec autant de vitesse et d’ardeur cette zone payante. Cela s’est d’ailleurs résulté en plusieurs buts pour son équipe au cours de la saison.
D’ailleurs, Hage a pris beaucoup de lancers cette saison alors qu’il penchait l’épaule pour rentrer sous le défenseur chargé de le couvrir. On observe un niveau d’intelligence très élevé de sa part alors qu’il comprend parfaitement comment exploiter la réplique du défenseur dans ces scénarios. Généralement, leur réflexe sera de chercher à harponner la rondelle en étirant leur portée avec leur bâton. Cela a pour effet d’augmenter la taille de leur triangle (espace délimité entre la base de leur patin et leur bâton). Hage place la rondelle à l’intérieur de cet espace pour décocher ses lancers. Brilliant. À noter que sans la rondelle, Hage poursuit beaucoup d’action au filet.
Un aspect que je trouve extrêmement important lorsque j’évalue des espoirs est de voir comment ils réagissent suite à une erreur, une mauvaise présence ou, lorsque challengé physiquement. Cette saison, il semblait y avoir une certaine rivalité entre Chicago et le Capitols de Madison. Hage a été frappé assez solidement à deux reprises lors de l’un de ces affrontements et ses habitudes sur la glace n’ont pas changées ; il a continué à attaquer le filet, à jouer d’audace avec la rondelle (ce qui peut être provocant aux yeux de ses adversaires). Bref, il ne s’est pas effacé du tout. Cela l’a même motivé à donner quelques coups d’épaules de sa part.
Malgré qu’une augmentation marquée de sa production offensive s’est observée en 2e moitié de saison, le produit que j’anticipais sur la glace ne s’est pas matérialisé. Hage ne ‘Drive’ simplement pas le ‘Bus’ suffisamment pour moi. Les occasions où son talent bénéficie ses coéquipiers sont trop peu nombreuses à mon goût. Il faut dire que le Steel de Chicago n’est pas ce qu’il était dans les dernières années, alors, n’ayant pas beaucoup de support auprès de lui, je me montrais plus clément envers lui, mais petit à petit, cette clémence s’est effritée. Étrangement, ma projection du joueur n’est pas différente que lorsque je le voyais plus dans ma soupe : il n’y a pas réellement d’entre deux dans son cas, il sera un joueur de 2e trio dans la LNH ou il ne s’établira pas dans celle-ci. Par le passé, je me suis déjà fait prendre à juger un joueur en fonction de ses flashs et non pas sur l’ensemble de son jeu, et cela est venu me mordre dans les fesses. C’est pourquoi j’ai dû descendre Hage de quelques rangs suite à mes derniers visionnements.
Nombre de matchs visionnés : 23
27. Andrew Basha
Andrew Basha est un ailier gauche de 5’11 et 187 lbs. Il a joué sur le même trio que Cayden Lindstrom tout le temps que ce dernier était santé. Sa récolte offensive se sera arrêtée à 85 pts en 63 matchs. J’avais fortement apprécié ce que j’avais vu lors du premier mois de la saison, mais je n’ai pas été en mesure de conserver ce niveau d’affection envers lui. Il est possiblement le joueur qui a descendu le plus sur ma liste durant l’année.
Ce sont ses habilités de fabricant de jeux qui m’auront séduite au départ. C’est un très bon passeur doté d’une belle vision du jeu. Dans son cas, le taux de succès qu’il a avec ses passes dans l’enclave est très attrayant. Peu de joueurs peuvent se vanter d’avoir un aussi bon pourcentage de réussite avec de telles tentatives. Je dirais même que le joueur situé dans le haut de l’enclave est sa cible de prédilection. Basha est surtout un joueur de périmètre, ce qui fait généralement perdre des plumes aux joueurs dans mon évaluation, mais si je porte attention aux résultats obtenus, il fait tout de même parvenir la rondelle dans les emplacements dangereux. Il se sert de son dynamisme le long des bandes pour enchaîner des pivots sur lui-même et attirer l’attention défensive sur lui pour allouer le temps nécessaire à un coéquipier d’aller se positionner.
J’aime particulièrement quand un joueur développe des jeux qui lui sont propres. Dans le cas de Basha, il combine sa vitesse avec sa créativité pour alimenter ses partenaires de trio. Les deux plus grosses tendances dans son jeu sont qu’il patine toujours à fond de train, ralentissant rarement le jeu, et qu’il se tient plus aux enceintes de la zone offensive. Il se sert de ces deux faits en entrant dans la zone offensive pour attirer l’attention sur lui, et du moment que le défenseur pivote et cherche à harponner la rondelle avec son bâton, il utilise une habile ‘Hook Pass’ (passe où il fait une motion qui s’apparente à un hameçon avec son bâton) pour passer à la remorque à son joueur de centre dans le haut de l’enclave. On pouvait voir la chimie qui régnait entre lui et ses partenaires de trio alors que c’était l’autre ailier qui était chargé d’amener le 2e défenseur au filet, et Cayden Lindstrom n’avait qu’à attendre le pivot du défenseur près de lui pour bénéficier du haut de l’enclave sans que ce dernier puisse couper la passe avec son bâton.
Par-dessus tout, c’est la subtilité derrière certaines de ses mises en scène qui m’a conquis. Les ‘Hook Pass’, les passes sur réception, mais surtout de délicates passes dans des espaces libres. Voici un des exemples qui m’a plu. Le long de la rampe, Basha reconnaît rapidement que son défenseur s’apprête à activer et sauter dans l’action. Il ne peut pas lui remettre la rondelle immédiatement (et de toute façon il le placerait dans une position précaire) et s’il attend trop, la ligne de passe va se refermer.
Il va donc faire glisser la rondelle doucement entre les deux défenseurs dans un espace libre, donnant le temps nécessaire à son défenseur de s’y rendre. Il y a plusieurs exemples de la sorte. Nous aurons l’occasion dans parler ultérieurement, mais Basha excelle à lire ses coéquipiers sur la patinoire, et comment qu’il prend en compte l’activation de ses défenseurs en est un exemple.
Avant que je puisse trop m’emballer avec lui, il m’aura fait des craintes avec quelques mauvaises utilisations de différentiel de vitesse. Exemple, récupérant une rondelle derrière la ligne de son propre but, Basha ne laissait pas l’adversaire venir suffisamment à lui avant d’accélérer. Ce dernier bénéficiait de plus d’espace (donc, de temps) pour s’ajuster à la vitesse de Basha. Même si l’attaquant des Tigers est plus rapide, ça lui était difficile de se créer une séparation car c’est comme si son adversaire partait avec une longueur d’avance. Cela ne s’est pas reproduit trop fréquemment, je trouvais ¸a très curieux de voir un joueur avec une aussi bonne compréhension des espaces libres échoué à les utiliser à son avantage dans de telles situations. Des jeux de la sorte sont pour moi synonymes d’une carence au niveau de l’intelligence hockey. Certains se souviendront à quel point j’étais sévère avec Oliver Moore l’an dernier pour ces raisons.
Basha est capable de faire une judicieuse utilisation de sa vitesse en échec-avant et pour transporter la rondelle d’un bout à l’autre, rapidement. Il peut aussi faire de bonnes incursions au filet, mais seulement lorsque la route est tracée, il ne va pas rechercher à repousser le défenseur pour se frayer un chemin. De toute façon il n’a pas les aptitudes physiques pour le faire.
Tout ne demeure pas parfait cependant, Basha se montre coupable de quelques petits délits ; il ne joue assez avec des changements de vitesse, il n’utilise pas assez ses coéquipiers en transition, faisant en sorte qu’il va souvent patiner lui-même vers des zones mortes et j’aimerais le voir utiliser le centre plus souvent. Le natif de Calgary a un tir sous-estimé. Il a tout de même enfilé l’aiguille 30 fois cette saison. La meilleure façon d’imager son tir est d’employer l’expression ‘piquer comme un dard d’abeille’. Ce sont plus des semi tirs balayés que des tirs des poignets. J’aime que ses tirs ont toujours des trajectoires ascendantes et que la rondelle se retrouve toujours à plat.
Il en a été mention déjà, mais l’une des meilleures qualités de Basha est comment il lit bien les intentions de ses coéquipiers. Il parvient à deviner où le porteur de la rondelle aimerait qu’il soit. On a un exemple ici. Après avoir effectué une passe à la remorque, Basha reconnait qu’il y a déjà un coéquipier qui fonce au filet et que l’un de ses défenseurs a quitté sa position pour appuyer l’attaque. Les quatre joueurs de l’équipe convergent également vers le filet.
Basha va donc réajuster sa route pour prendre le centre de l’enclave dans un magnifique va-et-vient avec Gavin McKenna.
En sommaire, il y a beaucoup de choses que j’aime chez le numéro 34 des Tigers. Ce ne sont pas des faiblesses incorrigibles dans son jeu qui m’ont fait le descendre sur ma liste, mais plus le fait que pour le grand échantillon de visionnement que j’ai à son égard, il y a simplement eu trop de matchs où il a pratiquement été invisible à mes yeux. On le voyait, mais il déplaçait beaucoup d’air pour rien. Il est aussi l’un des joueurs pour qui l’écart est le plus grand entre ses bonnes performances versus ses autres matchs. C’est aussi un joueur qui a joué la majeure partie de la saison déjà âgé de 18 ans, étant né au mois de novembre. Il y a aussi le fait que les fabricants de jeux en périphérie ne sont pas le profil le plus attrayant en prévision du hockey professionnel.
Par contre, c’est un joueur travaillant. Il parvient même à créer de bonnes opportunités lors des désavantages numériques et est somme toute, assez bon défensivement. Je ne fonde pas trop d’attentes de le voir se forger une place comme contributeur offensif au sein d’un top 6 chez une formation prétendante aux Grands Honneurs, mais je le crois suffisamment intelligent et mature pour se réinventer au sein d’un Bottom 6. J’ai un peu l’image d’un Sam Steel en tête. Ce dernier avait un profil très similaire à Basha lorsqu’il était encore un espoir : gabarit similaire, bonnes mains, principalement un fabricant de jeux (encore plus frappant lorsque l’on prend en considération que Steel portait le numéro 34 à ses débuts avec les Ducks). Après avoir échoué à s’établir sur un Top 6, Steel s’est établi comme joueur d’utilité sur un Bottom-6 qui peut apporter une certaine touche d’offensive. C’est pas mal ce que j’entrevois avec Basha (à noter que ce dernier est aussi plus rapide sur patin que le porte-couleurs des Stars de Dallas).
Nombre de matchs visionnés : 25
28. Sacha Boisvert
Sacha Boisvert est un Québécois, d’origine Trifluvienne, s’étant exilé aux États-Unis dans les dernières années pour y poursuivre son cheminement dans le hockey. Figurant parmi les 10 meilleurs pointeurs de la USHL, il pourra compter sa saison comme étant une réussite. En tête de liste de ses qualités, Boisvert est un excellent tireur. Il figure aisément parmi l’échelon supérieur des tireurs de sa cuvée de repêchage. Il possède un très bon lancer sur réception qu’il peut utiliser à bon escient lors des avantages numériques. Son lancer des poignets donne du fil à retordre pour les gardiens de but. De par cette qualité, Boisvert est un joueur à surveiller lorsqu’il est en zone offensive. La mécanique derrière son lancer des poignets me rappelle énormément celle de Dylan Strome des Capitals de Washington.
À défaut de ne pas être le plus créatif avec la rondelle pour pénétrer les zones dangereuses par lui-même, Boisvert démontre un bon flair pour se rendre disponible dans l’enclave lorsqu’il n’est pas en possession du disque. Il n’est définitivement pas du type de joueur à fuir les zones dangereuses. Pour accéder à ces zones au moment opportun, il démontre une compréhension du jeu suffisante pour suivre ses coéquipiers et fait preuve d’un bon ‘Timing’.
Le style de jeu du porte-couleur des Lumberjacks de Muskegon lui permettra d’accéder aux bonnes grâces de son entraîneur alors qu’il démontre toujours un haut niveau d’intensité lorsqu’il est sur la patinoire. En toute franchise, je serais prêt à avancer que de tous les avants (de haut profil) de ce repêchage, Boisvert est celui qui a terminé ses mises en échec avec le plus de constance pendant la saison. Très peu nombreux sont les matchs que j’ai visionnés où il n’a pas distribué quelques coups d’épaule. J’apprécie tout particulièrement cette constance puisque, déjà que cette inclinaison à frapper est tristement en voie de disparition chez les jeunes espoirs, encore plus rare sont ceux qui arbore ce style soir après soir. Juste si je compare avec Michael Brandsegg-Nygard, Boisvert ne peut se vanter d’avoir absolument annihilé des adversaires comme l’a fait le Norvégien, cela dit, ce dernier fut de nombreuses séquences de matchs durant la saison où on ne le voyait pas du tout frapper. On aura la chance d’en reparler dans cette analyse, mais Boisvert est loin de sa pleine maturité physique pour le moment, alors il faut garder la porte ouverte à ce que cette qualité s’accentue au fil des années.
Toujours dans le sujet de son intensité sur la patinoire, le numéro 9 de Muskegon est l’un des espoirs chez qui j’ai observé le plus de 2e, voir, de 3e effort à l’intérieur de ses présences. Il est allé puiser dans ses derniers retranchements là où bien d’autres joueurs auraient abandonné. Il fait passer l’équipe avant tout.
Sans être un grand érudit du jeu défensif, les séquences notables de sa part à cet effet ont émergées de cette même ardeur au travail. Lorsqu’on évalue le maniement de rondelle de Boisvert au niveau de la USHL, il a le coffre à outil nécessaire pour sortir de belles feintes et pour se départir de ses couvreurs. En le projetant dans la LNH, je crois cependant que cet aspect se situera plus au niveau de la moyenne. Il est toujours important de préciser ici que la moyenne de la LNH se montrera toujours comme un compliment !
À cet âge, et surtout à ce calibre, il est tout à fait normal de voir les joueurs expérimenter sur la patinoire et de chercher à élargir leur éventail de qualité et de façon de battre leur adversaire, je n’ai donc pas vraiment de gros reproches à faire à Boisvert les fois qu’il a perdu la rondelle en tentant des jeux de finesse. Le problème est le nombre de revirements qu’il a fait à l’intérieur de son jeu en transition. Il fut possiblement l’attaquant qui s’est montré le plus souvent coupable de perdre la rondelle dans cet aspect parmi les joueurs que j’ai observé cette saison. Malgré qu’au niveau de sa ligue, il possède de relativement bonnes habilités, la majorité des revirements causés en transition sont sur des séquences où il tente de battre un ou plusieurs adversaires avec une feinte. Dans plusieurs cas, c’est surtout sa lecture de jeu qui précède sa tentative de feinte qui est inadéquate. Je ne crois pas que ce soit un joueur qui voit le jeu à un niveau très élevé. Il tente souvent des percées là où il n’y a pas d’ouvertures. L’implication de ses coéquipiers dans ces circonstances est aussi prise à défaut.
Au début de la saison, mon regard sur Boisvert était teinté de plus d’optimisme et je voyais un joueur de centre, qui se veut surtout un tireur, un peu dans le moule de Dylan Strome mais cette inhabilité à diriger le jeu et à créer de l’offensive m’a fait revoir ma projection du joueur. Il m’est désormais impossible de le voir en tant que joueur de centre au sein d’une formation d’une équipe du Circuit Bettman.
Même dans les occasions où il est parvenu à gagner le territoire adverse, le jeu s’est soldé par un tir décoché de loin, sans ne représenter une grande menace pour le gardien de but adverse. Un manque de créativité est définitivement observé. Ce n’est pas en tant que fabricant de jeux que Boisvert est à son meilleur, ce qui s’explique majoritairement par ce manque de créativité et à une difficulté à utiliser ses coéquipiers à pleine vitesse. Cela dit, il n’est pas dépourvu entièrement de substance dans cette facette. Il est tout de même capable de belles passes à l’occasion. Il opère toutefois mieux dans des situations plus simples où il y a moins de variables avec lesquels composer, par exemple, lorsqu’il est en position plus stationnaire ou pour remettre à l’un de ses coéquipiers qui se dirige au filet.
Son coup de patin aura besoin de raffinement pour ce qui est de la technique, mais en ce qui me concerne, sa vitesse en soi n’est pas un problème. Le fait que Boisvert est présentement listé à 6’2 et 176 lbs devrait être suffisant pour dissiper les doutes que certains pourraient avoir à cet égard. Il a encore beaucoup de marge de manœuvre pour gagner en force physique (ce qui, bien appliqué, se transfère à l’explosion sur patin).
Il est même possible qu’il puisse ajouter de nouvelles tendances à son jeu avec le temps qu’en ce moment, il n’est pas en droit de se permettre. Parmi les revirements observés dans son jeu cette saison, une constante qui a émergé est qu’il n’avait pas la force physique nécessaire pour gagner le centre de la zone offensive lorsqu’un défenseur adverse engageait le corps avec lui. Dans son cas, je crois que suite à quelques étés en gymnase, ce genre de jeux deviendront réalisables. Ça pourrait même faire augmenter notablement son potentiel offensif puisque c’est loin d’être un joueur qui hésite à attaquer les zones dangereuses.
Boisvert portera les couleurs de l’université du North Dakota, dans la NCAA, à compter de l’an prochain. C’est un avenu que j’aime bien pour les espoirs, et dans le cas de Boisvert, je crois que ça lui servira davantage, car il bénéficiera de plus de temps en gymnase. Durant l’année, j’ai pu lire quelques entrevues avec le jeune Trifluvien et j’ai bien apprécié plusieurs de ses réponses. Il semble déjà avoir un plan en place pour son futur d’hockeyeur, et ce, pour plusieurs années à venir, pas seulement dans le court terme. De ce que j’ai observé cette saison, il semble également un jeune qui est à l’écoute de ses entraîneurs. Je suis personnellement très intrigué de voir ce à quoi ressemblera le produit que représente Boisvert suite à 3 ou 4 ans complétés en NCAA. Je n’écarte pas la possibilité que son jeu offensif puisse atteindre un niveau supplémentaire. Je vois en lui, pour le moment, un joueur de 3e trio qui pourra offrir une dimension recherchée pour les séries éliminatoires de la LNH.
Nombre de matchs visionnés : 25
29. Harrison Brunicke
Harrison Brunicke est un défenseur droitier de 6’3 évoluant avec les Blazers de Kamloop dans la WHL. Malgré une production très modeste de 21 pts en 49 matchs, il laisse entrevoir un potentiel intéressant. Son nombre de parties jouées a été limité en raison d’une blessure qui aura mis fin à sa saison en février. Par contre, il fut rétabli pour le U-18, et il y joua possiblement son meilleur hockey de la saison.
À prime abord, Brunicke est un bon patineur. Il possède une bonne vitesse et peut aisément transporter la rondelle en transition. Il est très solide sur le plan technique, démontrant une excellente mécanique de patin à l’intérieur de ses croisées. C’est quelque chose que l’o peut également (croisées) à l’intérieur de son patin de reculons. Par contre, là où il fait écarquiller le plus de yeux est comment il peut manipuler les adversaires avec de superbes changements de direction alors qu’il est statique à la ligne bleue adverse.
Même à l’intérieur de certaines séquences en transport de rondelle, il a réalisé quelques-unes des plus belles feintes que j’ai vues cette saison. Cela lui est possible grâce à une compréhension avancée du jeu de pieds de ses adversaires, et de comment les faire pivoter à son avantage. Il est aussi très mobile avec ses hanches et cela lui permet d’échapper à la pression adverse en situation de récupération de rondelle. Certaines de ses évasions face à l’arrivée immédiate d’un adversaire furent simplement subliminales.
Ce fut à ma grande surprise de constater à quel point il avait été bon défensivement lors du tournoi U-18 (mes visionnements sur lui avant cet évènement étaient très limités). Même s’il n’est pas le joueur qui affectionne le plus le jeu physique, il démontre tout de même une certaine efficacité le long des rampes en s’assurant de placer son corps devant ses adversaires pour s’assurer d’être premier sur la rondelle.
Lorsqu’il représentait le Canada, il a à plusieurs reprises fait preuve d’abnégation en sacrifiant son corps pour le bien de son équipe afin de bloquer des lancers. Il a aussi joué avec l’énergie du désespoir alors qu’on l’a vu effectuer des plongeons à bout de bras pour faire perdre la rondelle à un adversaire qui allait s’en emparer dans une zone dangereuse.
Par contre, son meilleur atout défensivement est l’usage de son bâton. Il est bon pour couper certaines lignes de passes et ainsi que pour harponner le disque en dehors des mains de ses adversaires. Mais l’emploi le plus impressionnant qu’il en fait est lorsqu’il rattrape un joueur en échappée et que ce dernier place la rondelle hors d’atteinte de Brunicke et que ce dernier ‘saute’ pratiquement sur la glace pour atterrir de l’autre côté et être en mesure de lever son bâton.
Offensivement, sa fiche offensive n’est pas représentative des habiletés qu’il possède. Il serait facile de l’écarter en raison de sa maigre récolte, mais il démontre bel et bien des signes encourageants pour l’avenir. Comme il en a été mention plus tôt, Brunicke excelle à manipuler ses adversaires à la ligne bleue. Il les appâte vers l’extérieur pour ensuite habilement glisser la rondelle à l’intérieur de leur corps et les contourner. L’agilité de ses pieds couplée à son audace lui ont fait réaliser de magnifiques pièces de jeux.
En tant que tireur, Brunicke n’offre pas une grosse variété de lancers, mais son tir des poignets est somme toute décent. Il n’a pas peur de sauter dans l’action en quittant sa position à la ligne bleue pour venir appuyer ses attaquants déjà établis dans la zone offensive. Lors de mes visionnements en WHL, je trouvais qu’il échappait la rondelle lorsqu’il tentait de réaliser des jeux trop complexes en transport de rondelle. Je fus ébahi de voir comment il changea ses angles sur des lancers lors du tournoi des moins de 18 ans en avril, en revenant de sa blessure.
Il ne démontre pas de flashs avancés de vision en tant que distributeur de rondelle, étant plus à l’aise dans les confrontations à un-contre-un et lors de ses activations dans le jeu, c’est peut-être cela aussi qui explique sa faible production offensive. Il m’a été difficile de trouver 32 joueurs que je trouvais digne d’insérer dans mon top 32 cette saison. J’ai aimé la fondation à la défense à l’intérieur de son jeu lors du U-18 et c’est un joueur qui, sous toute apparence, est encore très ‘vert’, avec beaucoup de potentiel à développer.
Nombre de matchs visionnés : 13
30. Trevor Connelly
Trevor Connelly aura fait couler beaucoup d’encre cette saison, principalement pour des raisons hors-glace, mais son jeu sur la patinoire est tout autant polarisant. En dehors des controverses, Connelly a produit à chaque niveau de jeu dans lequel il aura évolué cette saison : meilleur compteur du Hlinka à égalité avec Berkly Catton, 2e meilleur du tournoi WJAC, 9 pts en 7 matchs au U-18, mais surtout, meilleure moyenne de pts par match de la USHL.
Connelly est un joueur électrisant, il n’y a pas de meilleurs mots pour le décrire. Très peu de joueurs peuvent transporter la rondelle d’un bout à l’autre de la patinoire comme il le peut. Lorsque l’on combine un contrôle de rondelle élevé et une telle vitesse, il n’est pas étonnant que les défenseurs peinent à le contenir. Malgré tous les torts que je lui adresse, je me dois de lui décerner que des louanges pour sa propension à attaquer le filet alors qu’il est à pleine vitesse. Tu ne prends pas de tels risques sur la patinoire si tu n’as pas un haut niveau de dédication à faire gagner ton équipe.
En plus d’être très rapide, Connelly a la capacité unique de vivement changer de direction alors qu’il est déjà à pleine vitesse. Les défenseurs n’ont pas le jeu de pieds nécessaire pour ajuster leur approche et le contrer. Je voue une affection particulière de comment il se sert de cette technicalité pour se frayer entre deux adversaires, démontrant une fois de plus sa témérité. Une autre chose d’unique à propos de son patin est que non seulement il peut utiliser d’habile pivot en espace restreint, mais il est capable d’accélérer à la sortie de ces pivots et de donner de l’espace.
Le représentant du Storm de Tri-City est l’un des manieurs de rondelle des plus excitants de ce repêchage. Le plus impressionnant est comment qu’il parvient à manœuvrer à l’intérieur du Triangle des défenseurs. Offensivement, la production de Connelly sera toujours intimement liée à ses talents de fabricants de jeux. Je vais avouer ne pas avoir le biais le plus favorable envers Connelly, mais il est capable d’orchestrer des jeux dignes des faits saillants des bulletins sportifs. Il se démarque des autres passeurs de par sa grande générosité lorsqu’il se retrouve près du filet. Ceci constitue un drôle de paradoxe compte tenu de sa prédisposition à conserver la rondelle trop longtemps. Malgré un certain égoïsme, il va se priver d’occasion en or de tirer pour alimenter ses coéquipiers.
Souvent, les joueurs qui étirent leur possession de rondelle jusqu’à ce qu’il la perde sont des joueurs qui ne possèdent pas une très bonne vision du jeu. Cela n’est pas le cas pour Connelly. L’attaquant Américain est aussi l’un des meilleurs de cette classe pour réaliser des passes transversales. Ce qui rend ses talents de distributeur de rondelle si aiguisés est qu’il est un adepte dans l’art de faire déplacer la couverture défensive avant une remise. On pourrait même parler d’un certain élément d’imprévisibilité, car on ne sait jamais quand il va penser à passer la rondelle, lui qui prolonge généralement ses possessions de disque.
En tant que tireur, en dépit de ses 31 buts en USHL cette saison, je ne vois pas une tonne d’Upside comme marqueur pour Connelly. Son lancer n’est pas le plus puissant et c’est surtout que, mis à part ses percées au filet, on ne voit pas beaucoup Connelly s’approprier les zones dangereuses. Beaucoup de ses tirs proviennent de l’extérieur. Et sans la rondelle, il n’est pas celui qui vient leurrer dans la circulation lourde.
Jusqu’ici tout semble indiquer que Connelly est un espoir digne d’une haute sélection au repêchage, alors pourquoi je tiens une position si ferme envers le joueur ? Cela pourra sembler excessivement sévère, mais pour pas mal l’entièreté du calendrier, je décrivais Connelly comme un athlète doté d’un grand talent qui ne sait pas comment jouer au hockey, du moins, pas du hockey collectif et structuré.
D’entrée de jeu, Connelly est possiblement le joueur qui commet le plus de revirements qui m’ait été donné de voir. Je suis prêt à vivre avec un certain nombre puisque, comme je l’expliquais dans mon profil sur Ivan Demidov, il y existe une forte interdépendance entre le niveau d’habileté des joueurs et les revirements commis par ceux-ci. Tu ne veux pas freiner les fers de lance de ton offensive d’exploiter leur talent, mais tout est une question de Ratio. Dans le cas de Connelly, le nombre de revirements est simplement trop difficile pour moi d’ignorer.
La majorité de ses pertes de possessions surviennent suite à des jeux individualistes, mais derrière cela nous observons aussi deux autres détails plutôt alarmants dans son jeu. En premier lieu, son niveau d’effort pour tenter de réparer son erreur est quasi-inexistant. Cela est inexcusable.
Et deuxièmement, on peut observer que Connelly se fait facilement neutraliser lorsque des défenseurs engagent le corps face à lui. Il n’a pas de porte de sortie si sa première feinte ne fonctionne pas, il n’aura jamais le physique ni la force pour remporter une bataille pour la rondelle par la suite. Au-delà des pertes de rondelles suite à des jeux égoïstes, Connelly commet tout autant de revirement par la voie de la passe.
Généralement, lorsqu’un joueur possède un niveau de talent clairement au-dessus de la compétition, il serait censé être, pour ses coéquipiers, facile de jouer avec ce joueur ; il peut créer des ouvertures de passes grâce à une belle feinte, il peut repérer les options de passes difficiles, faire reculer les défenseurs avec sa vitesse, ne pas rater ses chances de placer la rondelle dans le filet, etc. Hélas, il est DIFFICILE pour les coéquipiers de Connelly de jouer avec lui. Ceux-ci sont habitués de le voir conserver la rondelle beaucoup trop longtemps à la majorité du temps qu’il touche à celle-ci. Or, il arrive souvent que quand il leur remet la rondelle, il ne s’y en attende même pas, car cela est trop inhabituel dans ses tendances.
Il traite souvent ses coéquipiers comme une option de dernier recours, une sortie de secours en quelque sorte. Principalement en transition, lorsque le jeu se referme sur lui et qu’il ne voit pas comment qu’il pourrait se sortir de cette situation.
De plus, même si ces passes atteignent sa cible, elles placent toujours le récipiendaire de celle-ci dans une situation précaire. Dans la zone offensive, il est victime de beaucoup de revirements, car il tente des jeux à très faible pourcentage.
Une séquence en particulier m’a rendu tout simplement bouillant. Le jeu se déroule à 3 contre 3 en prolongation. Connelly détient la rondelle et après avoir effectué quelques fantaisies il échappe momentanément le disque qui se dirige le long de la bande.
Au lieu de prendre la pression sur lui, accepter la mise en échec de son rival et remettre au défenseur à sa ligne bleue, Connelly s’est empressé de rejeter la rondelle derrière le filet (surprise, un défenseur de l’équipe adverse s’en est emparé) et par après, retourne mollement au banc de son équipe. Les stratégies des formations en prolongation sont désormais de conserver impérativement le disque, il restait 4 minutes encore à la période d’OT et il sacrifie une possession, car il ne voulait pas prendre la mise en échec. C’est inacceptable selon moi.
Son jeu sans la rondelle se veut très erratique. Il peut se faire prendre les pieds dans le ciment lors des contre-attaques adverses et que le porteur de la rondelle lui fait face. Suite à cela, il ne se retrouve hypnotisé par la rondelle et oublie de couvrir son joueur.
Il peut aussi être déroutant de chercher à comprendre certaine de ses décisions sur la patinoire. À 2 reprises, alors qu’il était le dernier joueur de son équipe sur la patinoire, son bâton s’est brisé. Un adversaire s’emparait du disque et n’avait que Connelly, sans bâton, pouvant l’empêcher de se rendre au filet en échappée. Plutôt que de chercher à bloquer le chemin à son adversaire avec son corps, il retraita pénard à son banc pour récupérer un autre bâton, donnant ainsi une échappée franche à son adversaire.
Lorsqu’employé en désavantage numérique, nous pouvions constater son immaturité alors qu’il ne semblait vouloir que chercher à créer de l’offensive, même dans une situation à court d’un homme.
De plus, son positionnement dans de telles situations est simplement atroce. Il concède énormément trop d’espace aux joueurs à la pointe lorsqu’ils ont la rondelle et c’est l’un de ses coéquipiers qui doit lui dire d’aller mettre de la pression. Comme dit précédemment, il est souvent hypnotisé par la rondelle alors plutôt que de se concentrer sur sa zone attitrée, il se déplace pour couvrir la même ligne de passe que son partenaire à l’avant surveille déjà.
Concernant cela, il y a deux façons de voir les choses. La première serait de dire, de toute façon, Connelly ne jouera pas sur le désavantage numérique dans la LNH, alors pourquoi ce serait grave s’il n’excelle pas dans cette facette dans la USHL ? Ce à quoi je réponds que cela démontre des lacunes importantes quant à ses lectures de jeu défensives et que des scénarios similaires peuvent également se produire à 5 contre 5.
Bref, suite à cette lecture, vous avez désormais tous les arguments qui expliquent pourquoi je place ce joueur aussi bas dans ma liste. Quant aux histoires hors-glace, je ne place pas de poids à cela dans mes évaluations. Je respecte les opinions de tous et chacun sur ce sujet.
Nombre de matchs visionnés : 17
31. Emil Hemming
Emil Hemming est un ailier Finlandais tirant de la droite de 6’2. Après un bon début de saison dans la ligue des moins de 20 ans dans son pays natal, il fut rappelé pour jouer le gros de la campagne parmi les professionnels.
S’étant élevé au-dessus de la compétition dans son groupe d’âge, avec, notamment, une bonne production offensive, nous pourrions être en droit de croire que ce sont ces attributs qui le caractérisent le mieux. Cependant, du moins, en ce qui me concerne, c’est son jeu sans la rondelle qui est sa qualité la plus serviable. Tôt en début de saison, je le voyais effectué de beaux replis défensifs et je n’en faisais pas trop une histoire puisque, pour moi, ces replis se voulaient une nécessité dans les circonstances et le joueur ne faisait qu’effectuer le strict minimum qu’un entraîneur est en droit de s’attendre de l’un de ses joueurs. Dans les dernières années, j’ai vu à plusieurs reprises des gens qualifiés certains espoirs de ‘Bons’ ou ‘Très Bon’ défensivement des joueurs, qui, pour moi, étaient simplement suffisamment ‘Décent’ pour dire qu’ils ne sont pas des nuisances dans leur propre zone et que leurs entraîneurs peuvent leur faire confiance. C’est un peu de cet œil que je voyais Hemming à mes premiers visionnements, mais à ma surprise, je me suis mis à voir un joueur qui faisait plus qu’agir par simple nécessité. Il est un joueur qui contribue grandement défensivement pour sa formation et que cet aspect dans son jeu représente une réelle plus-value. J’expliquerais le tout par trois choses ;
Premièrement, la qualité de son jeu défensif s’exprime par le fait qu’il est constamment le premier joueur sur son trio à se replier. Il n’y a aucune hésitation dans son approche, il se replie en donnant son maximum et se dirige droit sur le porteur du disque pour lui faire échapper le disque.
En deuxième lieu, il effectue de belles lectures de jeu alors qu’il reconnaît bien les situations où l’un de ses défenseurs s’apprête à ‘Pincher’ (peu importe la zone) en allant immédiatement couvrir sa position.
Finalement, il maîtrise bien les subtilités de comment bien créer un ‘embouteillement’ dans la zone neutre pour le porteur de la rondelle en mettant suffisamment de pression sur ce dernier tout en bloquant une possible option de passe.
Les prouesses de l’ailier Finlandais sans la rondelle ne s’arrêtent pas que dans un contexte défensif. Il est aussi très doué pour appliquer de la pression en diverses situations sur le porteur de la rondelle, il offre un bon support à ses coéquipiers lors de batailles dans les coins et il travaille très bien dans ce genre de confrontation. Pour moi, cet aspect n’a jamais été qu’une simple question de gabarit avantageux et de forces physiques, il y a plusieurs nuances et subtilités à cette facette, et pour moi, Hemming les maîtrise. Juste comme exemple, sa façon de neutraliser le bâton de son adversaire avec le sien, avant même que celui-ci ne parvienne à la rondelle en premier, pour l’empêcher de la pousser vers l’avant à un coéquipier, est simplement brillante. Il peut ensuite engager le corps pour tourner la situation à son avantage.
Pour conclure avec le jeu sans la rondelle de Hemming, j’apprécie aussi sa façon d’arriver premier sur les rondelles libres lors des courses pour celles-ci. Son engagement à placer son corps devant celui de son rival quitte à assumer le risque de se faire étamper dans la bande est un fort testament de sa dédication envers son équipe.
Offensivement, c’est surtout pour son tir qu’Hemming est reconnu. C’est plutôt inusuel de qualifier la qualité du tir d’un joueur d’inconstant, mais c’est cependant ce que j’ai observé avec le Finlandais. Par le passé, j’avais un peu le même constat avec Xavier Bourgault, Viktor Neuchev et même Axel Sandin-Pelikka l’an dernier.
J’ai été moi-même surpris de constater en revisionnant tout les clips que j’avais extraits de lui cette saison puisque le nombre de tirs prit à forces égales est largement inférieur à ceux qui prit en supériorité numérique. Le nombre de tirs à 5 contre 5 est insuffisant. Le problème ne s’arrête pas qu’au volume de tirs pris, mais aussi, par leur emplacement. Hemming dirige beaucoup trop de rondelles au filet en provenance de l’extérieur. Il ne cherche pas à gagner les zones dangereuses.
Le plus inquiétant est que, si on retire la capacité à marquer des buts d’Hemming, son jeu offensif n’a pu beaucoup à offrir. Ses capacités de fabricant de jeux sont très minces. On retrouve la même prédisposition à exécuter ses jeux en provenance de l’extérieur. En fait, l’une des façons de créer des opportunités de marquer pour ses coéquipiers les plus utilisées par Hemming est de tirer bas sur la jambière du gardien pour occasionner des retours dans l’enclave.
Pour ce qui est de son coup de patin, des améliorations quant à sa vitesse de pointe et son accélération ont pu être notées au fil de la saison. Je dois admettre n’avoir vu que deux matchs de la Finlande lors du tournoi Hlinka alors il est possible que mon évaluation ne fût pas tout à fait juste à ce moment-là également.
Je considère la qualité de son patin comme étant adéquate, si ce n’était pas le cas, il ne parviendrait pas à être premier sur la rondelle lors d’autant d’occasions. Tout particulièrement au début de saison, j’avais beaucoup de réserves avec le patin d’Hemming dû à un manque d’agilité. À plusieurs reprises, il tentait de se départir de la couverture d’un adversaire avec ce qu’on appelle en anglais des ‘Stutter Steps’. Des mouvements où il enchaine des ‘hésitations’ dans des directions opposées pour semer l’incertitude à son couvreur à savoir quelle direction il prendra. Le problème est que les délais entre lesdites hésitations étaient trop lents, alors le couvreur pouvait facilement se réorienter à temps et aussi, Hemming perdait de la vitesse lorsqu’il passait d’une direction à une autre, alors il n’avait aucune chance de semer son couvreur.
Aussi, je voyais en Hemming une incapacité à effectuer des pivots brusques en utilisant l’extérieur de ses lames (Outside Edges). À plusieurs reprises, le long des rampes, il aurait pu utiliser un pivot sur lui-même pour se détacher de son couvreur et attaquer les régions basses de la zone offensive. À la place, il était contraint à aller que dans une seule direction possible, soit, en remontant vers la ligne bleue offensive, et forcer une passe difficile à l’un de ses défenseurs. Cela s’est par contre amélioré durant l’année.
L’ailier Finlandais possède de bonnes mains et peut exhiber un style de jeu très plaisant à regarder. Contre son groupe d’âge, il a une certaine aura et il peut battre ses adversaires en situation d’un contre un avec de superbe manœuvre.
Par contre, cet aplomb et cette confiance se sont éteints lorsqu’il a fait la transition en Liiga. Cela témoigne d’une certaine maturité de la part du joueur d’éviter les risques inutiles en possession de rondelle et de pratiquer un style de jeu professionnel. Par contre, je me demande s’il maximise son talent et qu’il ne s’offre pas assez en vitrine pendant sa saison de repêchage. Lors de plusieurs matchs, je me suis questionné à savoir s’il était réellement prêt à faire le saut à temps plein chez les professionnels.
Quant à sa projection au prochain niveau, la qualité de son jeu défensif et de son jeu global sans la rondelle lui ouvre beaucoup de portes et lui permet d’élargir l’éventail de possibilité quant à sa chaise prédite dans la LNH. Pour un joueur offensif qui exhibait beaucoup de flashs électrisants avec la rondelle contre son groupe d’âge, la probabilité de le voir combler un rôle moindre sur un 3e trio, advenant que son potentiel offensif ne se concrétise pas est bien présente. Et chapeau à lui. Cela dit, son jeu offensif n’est pas suffisamment élevé pour moi pour anticiper le voir occuper un rôle sur un top-6 LNH ; l’absence de fabrication de jeux, les tirs qui proviennent de l’extérieur, etc. Je vois donc un joueur de 3e ligne. Ce qui serait très bien, mais je me dois de rajouter, que des joueurs de 3e trio, Européens, qui ne préconise pas des styles de jeu robustes…. Ce n’est pas ce qui a de plus en demande au sein des équipes LNH. Lorsqu’on regarde les alignements des formations qui effectuent de bons bouts de chemin en séries éliminatoires, on ne retrouve généralement pas cet archétype de joueur. Même si j’apprécie certains aspects de son jeu, il est pour moi un joueur qui pourrait bien être frustrant pour les partisans de son équipe. Puisqu’il parait bien en possession de rondelle, on pourrait être porté à toujours espérer plus de production de sa part, ce que je crois ne viendra pas.
Nombre de matchs visionnés : 24
32. Yegor Surin
Yegor Surin est un joueur de centre Russe (gaucher) évoluant dans le programme de Loko Yaroslavl. Il a connu une saison relativement productive avec 52 pts en 42 parties, mais c’est particulièrement lors des séries éliminatoires qu’il s’est illustré, menant son équipe avec 23 pts en 19 matchs.
Surin a une identité unique alors qu’il est assurément l’une des plus grandes pestes de ce repêchage. Malgré son gabarit sous la barre des 200 lbs, Surin frappe sans aucun égard à toute forme de vie humaine. Il prend l’expression ‘éliminer un adversaire’ au sens littéraire. Il joue souvent sur la ligne de la légalité et a eu de la difficulté à demeurer discipliné cette saison comme l’indique ses 108 minutes de pénalités, mais j’adore comment il cible ses adversaires et ne déroge pas de la mission qu’il s’est donnée de les anéantir. Un exemple de ces mises en échec parfois limite, lorsqu’un défenseur adverse prend un tir de la ligne bleue, même si la rondelle a déjà quitté sa lame de bâton, Surin va aller le renverser alors que son adversaire termine sa motion de lancer et pourrait être en situation de déséquilibre.
Cette mentalité de s’imposer comme le chef de la meute se transpose dans chacune de ses actions sur la glace. Il ne va pas laisser personne travailler plus fort que lui. Lorsque la pression se referme sur lui et que des joueurs adverses tentent de le neutraliser, quand même bien que ce soit en contrant son bâton, il redouble d’efforts et refuse tout simplement de perdre une possession de rondelle face à quelqu’un.
Là où les discussions sont manquantes entourant le jeu de Surin, c’est concernant ses talents de passeur. Tout de suite après les intangibles qu’il apporte, c’est ce qui caractérise le plus son jeu. Il est l’un des bons joueurs cette année pour compléter des passes transversales. Il est très cérébral en tant que passeur et dissèque la zone offensive avec précision.
Par contre son arsenal offensif se voit limité due à un manque de potentiel en tant que marqueur de but. Son lancer des poignets n’a pas beaucoup de vélocité et je ne vois pas d’autres façons qu’il a de compenser cet aspect pour marquer ses buts différemment.
Son coup de patin est aussi quelque chose qui retient son jeu d’atteindre un niveau supérieur. Sa vitesse est très moyenne et je n’observe pas vraiment de force d’accélération dans ses départs. Sa mécanique de patin n’est pas la plus raffinée qui soit. Ses extensions ne sont pas complètes et cela limite la puissance qui peut s’en dégager. Un aspect qui m’a dérangé dans son cas est que souvent, lorsque je le regardais, son offensive semblait exclusivement (ou presque) être générée avec l’avantage d’un homme. Je ne voyais pas assez de flashs de création de jeu à cinq contre cinq.
Surin aura été une addition de dernière minute dans mon classement. C’est un joueur qui reçoit beaucoup d’affection à certains endroits. Je ne partage pas cet attachement envers lui, mais j’aime beaucoup son approche où il voit les matchs comme de véritables guerres de tranchées. Ayant de la difficulté à clore ma liste, j’ai accordé une deuxième chance à un bon nombre de joueurs et ils avaient tous un petit quelque chose qui m’empêchait de les insérer dans mon top 32. Au final, je crois que les choses sur lesquelles Surin a besoin de travailler (principalement son patin) pour devenir un joueur de la LNH ont plus faciles à corriger que les autres joueurs. De plus, il sera confiné à un rôle de peste sur un Bottom-6, ses limitations seront donc beaucoup moins à risque pour sa formation que disons, un défenseur qui doit améliorer sa prise de décision sous pression.
Nombres de matchs visionnés : 15
Merci à tous ceux qui ont pris le temps de me lire et de m’encourager d’une façon ou d’une autre au fil des dernières saisons. Ceux qui le veulent, vous pouvez me contacter sur Twitter au @19Simon19 là où ma boite de messagerie est toujours accessible.
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