David Reinbacher – Pépite d’or ou pyrite ?
David Reinbacher semble, à l’instar de Matvei Michkov être devenu la saveur du mois par les temps qui courent. Plusieurs tendent à penser que l’Autrichien pourrait devenir la cible du duo Hughes/Gorton avec la 5eme sélection le 28 juin prochain. Je vais donc tenter de vous donner ma perception de qui il est et de ce que je vois en lui.
Reinbacher a passé la dernière saison avec le club du HEC Kloten, dans la ligue professionnelle en Suisse. Plusieurs y voient donc déjà un avantage, car il a prouvé être en mesure de se frotter à des pros beaucoup plus vieux et beaucoup plus expérimentés que lui. Il s’en est très bien sorti la majorité du temps. Mais est-ce que le fait d’évoluer dans une ligue pro à 18 ans est automatiquement un gage de succès pour la LNH? Absolument pas.
Ne vous méprenez pas. En aucun cas, je ne cherche à dire que le défenseur ne fera pas sa niche vers le circuit Bettman, bien au contraire. En fait, je crois qu’il est l’une des plus grandes valeurs sûres parmi les défenseurs de cette cuvée. Les points d’interrogation se pointent plus le bout du nez lorsque vient le temps pour moi d’analyser où se trouve la limite à son potentiel. En fait, je crois que son plancher est haut et que ça fait de lui une sélection évidente, mais aussi que son plafond ne se trouve pas beaucoup plus haut que ce même plancher. En gros, j’ai l’impression que ce qu’on verra au meilleur de Reinbacher sera une version polie et améliorée de celle qu’on voit en ce moment, et non un futur gagnant du trophée Norris.
L’arrière droitier a un rythme de jeu élevé qui m’intéresse beaucoup. J’aime voir un joueur qui ne ménage pas ses efforts et son intensité. Dans son cas, c’est positif autant que ça peut devenir négatif par moments, parce que ce sentiment d’urgence dans son jeu a parfois tendance à l’envoyer dans tous les sens. Il me donne le sentiment de vouloir être un peu partout à la fois plutôt que de cibler son objectif et de se concentrer à effectuer sa tâche sur celui-ci. Ce n’est pas vraiment majeur parce que ce genre de chose s’apprend très bien avec l’expérience et les séances vidéo, mais il demeure important de le noter.
Autrement, Reinbacher se débrouille très bien dans sa zone. Il est capable d’adopter un jeu physique le long et des bandes et de gagner la majorité de ses duels. Sa mobilité l’aide beaucoup à suivre et contrer les attaques et devant son filet, il est difficile à affronter alors qu’il tente de gagner chaque parcelle de position devant son gardien. J’aime beaucoup cette combativité, car c’est quelque chose qui ne s’apprend pas vraiment. C’est instinctif.
En relance, il trouve aisément les lignes de passe et peu aussi transporter la rondelle par lui-même. C’est un habile patineur et il repère bien les lignes de progression. Par conte, il ne faut pas non plus s’attendre à voir un Cale Makar. Le droitier s’en sort surtout bien lorsqu’il traverse des lignes assez directes et que les changements de direction rapides ne sont pas une nécessité. Il va en général préférer trouver un coéquipier avant l’entrée en zone adverse afin de ne pas y accéder en tant que porteur du disque. De cette manière, il se retrouve à offrir un appui intéressant comme 4eme homme afin de se donner en option pour une chance de marquer.
Passé la ligne bleue opposée, il est capable de faire circuler la rondelle, mais il ne sera jamais le chef d’orchestre de l’offensive. En fait, Reinbacher semble avoir les 2 bras dans le plâtre parce que la souplesse de ses poignets semble totalement inexistante. Il va avoir tendance à éloigner ses coudes de son corps lorsqu’il dirige une passe vers un coéquipier, surtout s’il sent le besoin de lever celle-ci. Par contre, bien que ça ne soit d’aucune façon sexy et incroyable, le résultat est positif et c’est le principal.
La puissance de son tir est elle aussi très intéressante. Mais notez bien que j’ai spécifié la puissance et non son tir tout simplement. L’Autrichien a la fâcheuse manie de précipiter son geste et de s’élancer sans prendre le temps d’analyser ses options. On le sent pressé dans ses décisions et il en résulte beaucoup de tirs sans efficacité qui vont finir leur course sur les jambières d’un attaquant adverse ou dans un jeu avorté. Il devra apprendre à modifier son angle et à user de patience si le tir n’est pas l’option la plus souhaitable. Ça l’aidera à beaucoup plus se diversifier et à se rendre moins prévisible. Lorsqu’il parvient à le rendre au filet par contre, son lancer devient une arme redoutable. Vous avez un exemple ci-dessous de ce côté précipité.
En résumé, David Reinbacher est un joueur vraiment complet qui se veut être une valeur sûre pour la LNH. Il a le potentiel d’atteindre le top 4 d’une équipe, mais il ne faut pas non plus s’emballer et croire que Bobby Orr s’est réincarné. Son potentiel offensif demeure à mon avis assez limité, même s’il y a une possibilité qu’il se développe en améliorant les sphères qui entourent son lancer et qu’il puisse produire plusieurs buts grâce à celui-ci. C’est ce côté qui me rend plus optimiste. Bien que je crois qu’une sélection trop hâtive ne soit pas la meilleure option, la possibilité qu’elle se produise est belle et bien réelle au grand détriment de plusieurs fans du CH qui ont espoir de voir un autre nom que celui-ci joindre les rangs de leur équipe. Il n’en demeure pas moins qu’il aidera assurément l’équipe qui en fera sa sélection et probablement pour plusieurs années. Le pari pourrait rapporter et dans le pire des scénarios, l’équipe récupérera sa mise.
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