Denton Mateychuk, plafond ou plancher ? (Seb Gagné)
Si je devais juger Denton Mateychuk uniquement en fonction de son potentiel offensif, il serait probablement classé très haut dans ma liste. Évidemment, le hockey est beaucoup plus qu’une simple question d’offensive et de statistiques. Il y a vraiment beaucoup à aimer dans le jeu du défenseur de Moose jaw, mais aussi à mon avis plusieurs bémols qui rendent sa réussite questionnable au niveau supérieur.
Commençons par faire le tour des qualités du jeune homme. Mateychuk est une machine à récolter des points. Il a terminé la présente campagne au deuxième rang des pointeurs parmi les défenseurs éligibles au prochain repêchage dans la CHL. Malgré tout l’amour que je porte pour Kevin Korchinski, je crois que le numéro 5 des rouges aurait pu terminer devant s’il avait eu un rôle plus convenable avec l’avantage d’un homme.
Ce que je veux dire, c’est qu’il m’est difficile de comprendre l’obstination de son entraîneur à l’utiliser comme « bumper ». Ce n’est pas qu’il n’effectuait pas du bon travail dans ce rôle, mais plutôt qu’il possède selon moi un talent élite pour agir comme quart-arrière et mener le jeu. Nous n’avons malheureusement pas eu beaucoup d’occasions de le voir se prouver dans cette situation.
Le gaucher a une vision du jeu vraiment supérieure à la moyenne et repère ses coéquipiers partout afin de leur servir des passes. Celles-ci sont vives et précises, en plus de souvent être imprévisibles pour l’adversaire. Il est aussi dangereux avec son tir, principalement son lancer des poignets avec lequel il sait faire vibrer les cordages.
À en lire ces lignes, il est évident qu’on ne se pose pas beaucoup de questions sur la capacité de Mateychuk à être un moteur offensif. Une fois traversé la ligne bleue adverse, Denton est l’un des meilleurs arrières de cet encan, selon mes observations. Malheureusement, les choses se compliquent beaucoup lorsque le jeu se transpose 200 pieds plus loin.
Il n’est jamais question de manque d’implication ou de paresse dans son jeu. Il essaie vraiment fort et veut bien faire, mais ses prises de décisions dans sa zone sont régulièrement épouvantables. Lorsqu’il n’y a pas de pression sur lui, il est efficace pour effectuer la première passe. Par contre, lorsque l’opposant le presse, il va avoir tendance à se débarrasser de la rondelle ou à causer un revirement.
Son positionnement n’est pas toujours à point, non plus. Tant au niveau de son placement que de celui de son corps lorsqu’il veut bloquer un tir. Difficile de savoir s’il craint de se faire frapper par le disque et qu’il hésite ou si c’est plutôt une question de synchronisme, mais son efficacité est faible de ce côté. Il va de plus avoir parfois des crampes au cerveau et y aller de jeux extrêmement risqués. Ça se traduit souvent par un but.
Je comprends que les prouesses offensives d’un joueur sont beaucoup plus faciles à remarquer que les défauts. Cet effet « wow » est attirant et on le recherche activement, volontairement ou inconsciemment. Le gaucher possède vraiment des qualités d’un joueur élite et pourrait devenir tout un défenseur si certaines parties de son jeu s’améliorent.
Le problème, c’est que dans la LNH d’aujourd’hui, un joueur ne peut plus seulement avoir un rôle dans certaines situations particulières. Il est impossible de se frayer un chemin dans un alignement sans avoir une chaise régulière parmi les 6 défenseurs ou les 12 attaquants réguliers et c’est ce doute à être capable d’améliorer assez ses faiblesses qui me fait hésiter à son sujet.
Contrairement à d’autres, je ne le vois pas comme un choix logique trop tôt, mais plutôt comme le typique choix à haut risque et haute récompense. Malgré tout, ce qu’il pourrait devenir éventuellement dans un monde parfait est incroyable et vaut la peine de s’y attarder. Une équipe avec un bon bassin d’espoirs pourrait jeter son dévolue sur lui rapidement et tenter de le développer de la bonne façon.
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