Étienne Morin: l’infatigable défenseur | Profil d’espoirs du repêchage 2023
L’équipe du TSLH Espoirs vous offre encore une fois cette saison un contenu exclusif pour la couverture du repêchage 2023. Dans ce texte, je vous présenterai le profil de l’espoir québécois Étienne Morin. Pour consulter nos autres profils et rapports d’observation, consultez notre section TSLH Espoirs.
Crédit photo: Mike Sullivan – LHJMQ
Étienne Morin entrait dans une saison hautement importante pour lui. Son parcours est assez fascinant. Jouant son hockey mineur au Québec, il s’est exilé en Ontario pour ensuite revenir dans la LHJMQ. Exclu des plans d’Hockey Canada pour le Hlinka, il s’est fait inviter pour combler une blessure au récent championnat U18. Dans l’adversité, Morin a grandi. Avant le début de la saison, le défenseur gaucher a aussi dû lutter contre une mononucléose. Comme il l’expliquait à Jean-François Chaumont en entrevue, le défi était de taille, mais il s’est entraîné très fort sans même abandonner. Lorsqu’on se concentre sur son rendement en saison, il n’y a aucune trace de mononucléose. En effet, Morin était ce défenseur infatigable qui joue de grosses minutes pour son club.
Cette saison à Moncton, Morin revendique une fiche de 21 buts et 51 passes pour un total de 72 points en 67 matchs. Il a d’ailleurs ajouté 17 points en 12 matchs de séries. Au sein d’un club qui n’est pas particulièrement une puissance, Morin était le phare de cet alignement. On se fiait énormément à lui et globalement, il a livré la marchandise.
- Étienne Morin (2005-03-09)
- Défenseur (gaucher)
- 6’0, 183 lbs
- Natif de Sallaberry-de-Valleyfield, Qc
- Match observés: 10
Un quart-arrière ?
Étienne Morin était le véritable quart-arrière des Wildcats cette saison. Envoyé dans les situations importantes, il revendiquait beaucoup de temps sur l’avantage numérique. Généralement, l’arrière jouait au-delà de 20 minutes par match, ce qui est normal pour un défenseur. Toutefois, le nombre de matchs avec une utilisation de 25 minutes et plus est monnaie courante. Sa moyenne de temps de jeu en 2022-2023 s’élève à 27:52 si on cumule les matchs internationaux et au sein de la LHJMQ (stats via InStat Hockey). En guise de comparaison, Tristan Luneau affiche une utilisation moyenne de 23:47 avec les Olympiques. Dans le cas de Jordan Tourigny, on parle d’une utilisation de 20:57 chez les Cataractes.
Morin a cette capacité de jouer beaucoup de minutes dans un match. Est-il constant pour autant ? Je trouve que oui. Son efficacité demeure tout au long d’un match même s’il joue 41 minutes comme c’est arrivé cette saison. Vers la fin de la campagne, je trouvais par contre qu’il se faisait prendre occasionnellement en zone neutre. Morin voulait être agressif comme il sait bien le faire, mais le manque de vigueur et le fait d’être «flat foot» faisaient en sorte que l’adversaire prenait avantage en zone neutre.
Est-ce que Morin pourrait devenir un quart-arrière dans la NHL ? Je ne le vois pas comme un futur défenseur #1, mais plutôt un gars de milieu d’alignement en défensive capable d’opérer sur l’avantage numérique.
Son arme: le tir
Étienne Morin possède un solide tir à mon avis. Et le défenseur québécois l’utilise fréquemment. En moyenne cette saison, il affiche un rendement de 8 tirs dirigés au filet par match. Au niveau des tirs cadrés, on parle d’un rendement de 3,3. En plus de sembler lourd et précis, le tir de Morin arrive souvent sans avertissement. En effet, le défenseur cache bien ses intentions à la ligne bleue et profite vraiment bien des lignes de tir qu’il s’est lui-même créées. Cela dit, il ne faut pas s’attendre à ce qu’il danse sur la ligne bleue comme un Axel Sandin-Pellikka. Morin se déplace bien et de façon fluide sur la ligne bleue, mais je collerais plus le mot efficacité à sa technique plutôt que le mot spectaculaire.
Morin a terminé au sommet des buteurs dans la LHJMQ chez les défenseurs et ce n’est pas pour rien. Il est souvent le point final des séquences en avantage numérique. Et ce n’est pas le type de joueur qui niaise avec la rondelle. Dès qu’il a une ouverture vers le filet, il la prend. De plus, la qualité de ses tirs est grandement intéressante. Il n’essaie pas de défoncer le filet ou de tirer dans la lucarne à tout coup. Si le temps presse, il dirige la rondelle et s’il a du temps, il prendra un très bon tir de qualité qui peut aussi donner un rebond.
Bonne relance
Dans mes visionnements de Morin, j’ai rarement vu une première passe ratée. Lorsqu’il rejoint ses ailiers, ses passes ne font pas perdre de vitesse à ses coéquipiers. Il peut aussi les décocher rapidement. En relance, Morin n’est pas le type de joueur qui montera à l’attaque de façon spectaculaire. L’arrière compte sur une bonne explosion dans ses premières enjambées et repose sur une bonne passe pour faire progresser le jeu. Ainsi, ça semble peu forçant et efficace, sortir la rondelle du territoire. Ce n’est pas pour rien qu’il peut jouer de grosse minute. Son style est bien dosé dans l’énergie qu’il dépense.
À l’inverse, ses premières enjambées vers l’arrière pourraient être meilleures. Souvent, il va devoir pivoter en zone neutre pour s’assurer d’avoir l’avantage ou bien pour rattraper la fraction de retard. C’est un défenseur qui récupère bien ses erreurs. Lorsqu’il est coincé par la pression, il va protéger la rondelle avec son corps le long de la rampe ou en tentant de s’évader. Ce n’est pas un défenseur qui joue très physique, mais je pense que s’il peut ajouter ça à son arsenal, ce serait un atout grandement intéressant pour la NHL.
En résumé
Étienne Morin est un défenseur qui peut gruger de très grosses minutes dans une formation. Cette année à Moncton, il a eu des responsabilités énormes dans un club de milieu de classement. Il a répondu aux attentes. C’est un défenseur qui est très menaçant une fois dans la zone offensive. Il possède un excellent tir et ne se gêne pas pour l’utiliser. Sans être le plus mobile à la ligne bleue, je trouve que Morin demeure efficace dans ses déplacements latéraux pour ouvrir les lignes de tir. Et lorsque ces lignes sont ouvertes, il n’hésite pas. C’est ce qui le rend efficace sans être le plus spectaculaire au niveau de son «edgework» sur la ligne bleue. Lorsqu’il transporte la rondelle, il n’est pas rare de le voir se sacrifier pour la réussite du jeu. Ainsi, il va accepter les mises en échec tout en laissant la rondelle au coéquipier le plus proche.
Morin cible très bien aussi les espaces sécuritaires pour ensuite s’y retrouver lorsqu’il est sous pression. Il protège bien la rondelle sans avoir la plus grande explosion vers l’avant. C’est dans ses premières enjambées qu’il a le plus de chances de distancer son couvreur. Parfois, ses décisions sont trop agressives en zone neutre, ce qui crée des surnombres derrière lui. Il a aussi tendance à rester statique en zone neutre, ce qui n’est jamais bon quand tu tombes dans le hockey plus rapide chez les professionnels. Morin possède le potentiel de jouer de grosses minutes dans une brigade sans pour autant être le défenseur de première paire qui contrôle l’avantage numérique. Dans cette facette du jeu, un rôle sur une 2e vague pourrait être accessible. Il possède un outil (son tir) qui lui permet en plus de se démarquer autrement que par sa fiabilité dans un match hyper occupé.
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