Gabe Perreault, un agneau parmi les loups.
Ce n’est pas un secret pour personne, le trio composé de Will Smith, Ryan Leonard et Gabe Perreault a fait la pluie et le beau temps avec le programme américain des moins de 18 ans au cours de la dernière campagne. Ça serait un euphémisme de dire que les 3 ont dominé leurs adversaires, ils étaient tout simplement trop fort pour la ligue. Leur chimie et leur complicité n’a que très rarement été égalées à ce niveau. Mais leur succès et-il dépendant l’un de l’autre? On a semblé sous-estimer Perreault toute la saison et attribuer ses mérites à ses coéquipiers, mais la réalité en est tout autre. Voici donc le portrait que j’en trace.
Prolifique attaquant surdoué offensivement, Perreault n’a pas grand-chose à envier aux meilleurs de cette cuvée au niveau du potentiel offensif. ( excluant bien sûr Connor Bedard ) Si certains drapeaux rouges laissent planer un doute quant à la transposition de son jeu vers les plus hauts niveaux, la qualité de son talent elle n’en laisse aucun.
Le fils de Yanic trouve ses aises rapidement lorsque vient le temps de fabriquer un jeu de toutes pièces. Il peut à partir de rien trouver des manières de créer des brèches et atteindre ses coéquipiers avec une savante passe. Ses qualités de passeurs sont à mes yeux élites. Il peut tant ouvrir les lignes de passe que profiter de celles déjà offertes devant lui. S’il n’a pas la même capacité à attirer une couverture défensive dans son giron qu’un Will Smith, il peut tout autant rejoindre sa cible et offrir des chances en or à profusion. Des questions ont été soulevées quant à la qualité de son patin, mais je n’ai jamais trouvé que c’était un problème de mon côté. Sa très grande intelligence compense aisément le fait qu’il ne soit pas le joueur le plus explosif. Je ne qualifie pas sa vitesse comme une lacune, mais plutôt comme un fait qui laisse place à de l’amélioration.
Il ne dépend des autres d’aucune manière pour s’attirer le succès. Il l’a d’ailleurs démontré lorsque ses 2 comparses ont rejoint le camp d’entraînement de l’équipe des moins de 20 ans en décembre dernier. Perreault a continué à dominer et à produire sur les chapeaux de roues même lorsque jumelé à d’autres coéquipiers. Le fait d’avoir terminé la saison au premier rang des pointeurs de son équipe ne relève pas du hasard du tout. Sa créativité et son intelligence profitent à n’importe qui qui va chausser les patins à ses côtés. J’en veux pour preuves ses 132 points en seulement 63 parties ( une moyenne de 2,10 points par match ). Ses mains sont excellentes, il peut facilement déculotter une défenseur et le faire très mal paraître.
Bien que je le vois davantage comme un fabricant de jeu, Perreault n’a aucun problème à tirer son épingle du jeu pour faire vibrer les cordages. Son tir est excellent et il peut battre les gardiens à distance. Il s’aventure dans les zones payantes et n’a aucun problème avec le fait de foncer au filet afin de récupérer les disques libres. Ça lui a grandement été profitable. Perreault marque de plusieurs manières, de la diversité qui se prête bien au hockey professionnel et à l’intérieur des cercles de mise au jeu. Bien qu’il soit un joueur de finesse, il amène aussi de l’offensive par sa volonté et son acharnement.
Jusqu’ici, je semble décrire un joueur qui devrait faire partie du top5 d’un repêchage, donc où est-ce que ça cloche? L’ailier manque en ce moment cruellement de force physique, un fait qui lui procure des maux de tête lors des batailles pour les rondelles libres ou le long des bandes. Il se fait tasser assez facilement et malgré sa combativité, il devient parfois difficile pour lui d’en sortir gagnant. Ses 5 pieds 11 pouces et 165 lbs ne lui suffisent pas à l’heure actuelle. La fantaisie et la dentelle dans son jeu devront aussi se raffiner et se rapprocher d’un style qui pourrait sied de meilleure façon à la LNH. Mais le talent lui ne s’achète pas, et Perreault en a qui lui sort des oreilles.
Dans sa zone et lors de ses couvertures défensives, l’effort n’est jamais mis de côté. Même si le résultat ne répond pas toujours présent, la volonté elle lève la main à chaque reprise. Ses prochains étés s’annoncent ardents, car il devra travailler fort dans le gymnase. Par contre, je suis certain qu’il en est conscient et son attitude qui me semble exemplaire devrait lui permettre de prendre les bouchées doubles et de travailler de manière à y parvenir.
S’il a laissé certains doutes dans l’esprit de plusieurs, je dois admettre que celui qu’il a laissé dans le mien n’est que minimum et il en résulte son classement élevé dans ma liste finale au 11eme rang. Dans les 36 fois où j’ai pu observer Gabriel Perreault cette saison, je dois admettre que je n’ai que très rarement été déçu par une performance. Il est fiable et constant, et je suis certain qu’il fera son chemin jusqu’en haut, même si on pourrait devoir être un peu plus patient que pour ses 2 acolytes. Le trio restera intact en vue de la prochaine saison dans la NCAA et ils devraient tous les 3 continuer à terroriser les défenses adverses toute la saison. Du bonbon pour les amateurs!
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