Marek Vanacker : Analyse détaillée
Attaquant gaucher de 6’1 évoluant pour les Bulldogs de Brantford, Marek Vanacker représente probablement mon joueur favori de tout le repêchage depuis le mois de janvier. Sa saison ne s’est pas terminée sur la meilleure des notes alors qu’il s’est retrouvé le 13e attaquant de la formation Canadienne au U-18. Par contre, il semblerait qu’il était blessé à ce tournoi. Ce faible échantillon n’est pas représentatif des 82 pts qu’il a accumulés en 68 matchs dans la OHL.
L’attrait de repêcher un gars comme Vanacker est qu’il peut jouer sur toutes les lignes, tout en remplissant à merveille un rôle différent sur chacune de celle-ci.
Il joue de façon très dure, et même advenant le scénario où il n’atteint pas un niveau plus haut que le 3e trio au sein de l’organigramme de la formation qui le repêche, cela ne me dérange pas. Je lui réserve une place instantanément pour combler un rôle quelconque au sein de mon équipe.
Ce qu’il fait de bien sur la patinoire, il le fait très bien, et dans plusieurs cas, ce sont des choses dont tes joueurs de talent ont de besoin sur leur trio. Quelqu’un qui effectue la sale besogne à leur place. Pour mieux comprendre les attributs du joueur et pour quoi je lui voue une si grande affection, lançons-nous dans le vif du sujet.
Lorsque je disais que Vanacker excelle dans des aspects un peu nichés du jeu, le premier serait pour ce qui est de subtiliser la rondelle à ses adversaires. Il n’y a pas meilleur que lui dans ce repêchage dans cette facette. Dans son cas, ça va au-delà qu’une simple question de travail acharné et de ‘Timing’, c’est un véritable art ! Du moment qu’il foule la patinoire, les chances que son équipe prenne possession de la rondelle grimpent en flèche. Si vous voulez permettre à vos meilleurs éléments offensifs de bénéficier de la rondelle lors de leur présence sur la patinoire, jumelez-les à Vanacker. À lui seul, il nullifie beaucoup de contre-attaque adverse avant même qu’elles aient le temps de se dessiner alors qu’il vient enlever le disque au porteur en levant son bâton en zone neutre lors d’un magnifique repli.
Vanacker excelle également pour perturber/gêner/interrompre le porteur de la rondelle. Les joueurs adverses ne peuvent jamais être trop à l’aise en possession du disque. Ils ne peuvent pas tempérer le jeu à leur façon face à l’incessante pression de l’attaquant des Bulldogs. En repli, mais aussi en échec-avant, là où il se distingue.
L’une des raisons qui expliquent pourquoi Vanacker a autant de succès à embêter ses adversaires et leur faire perdre la rondelle est que malgré un gabarit ‘correct’ (6’0 – 6’1), il joue avec un bâton relativement très long pour sa grandeur. Bien que les deux joueurs évoluent à des positions différentes, cela me rappelle drôlement Tanner Molendyk l’an dernier (défenseur de 5’11 qui figurait au 19e rang sur ma liste). Sa portée était beaucoup plus grande que ce à quoi ses adversaires s’attendaient, et avant même qu’ils ne s’en rendre compte, la rondelle leur avait échappée et ils ne savaient pas pourquoi. Il défendait aussi bien les jeux ‘Off the Rush’ que quiconque. C’est la même histoire avec Vanacker, ses adversaires semblent toujours surpris lorsqu’ils perdent le disque face à lui, car ils ne s’attendent pas à ce que sa portée soit aussi longue.
Le numéro 78 joue avec un très haut niveau d’intensité en tout temps. Il saute sur les rondelles libres même s’il sait qu’il devra parfois en payer le prix.
Ce que j’aime des moments où il termine ses mises en échec est qu’il est sournois (tout en demeurant dans les limites de la légalité, bien entendu). Tout comme avec ses ‘Stick-Lifts’, ses adversaires ne s’en attendent pas, et ça fait mal. J’adore aussi son intrépidité alors que sur certaines mises en échec, il se propulse littéralement sur son adversaire alors qu’il patine à vive allure.
Je ne veux pas tomber dans le facilité des jeux de mots en disant qu’il du ‘chien’ en lui (il évolue pour les Bulldogs), mais j’ai vu des séquences où je me disais ‘Sapristi que d’avoir un gars comme lui aide à souder une équipe dans le vestiaire et sur la glace’. Il va être le premier à sauter dans les mêlées générales. Une en particulier où après avoir marqué un but lui-même, une escarmouche avec un coéquipier a débuté et sans même prendre le temps de célébrer son but, il s’est rué sur un adversaire comme un véritable maniaque. Je croyais qu’il allait lui arracher le cou. Je prends ce joueur dans mon équipe tous les jours de la semaine et deux fois le dimanche !
Une chose additionnelle à aimer de son jeu est que lorsqu’on le regarde sur la patinoire, il nous serait impossible de deviner quel est le pointage et combien de temps il reste à la partie. Une séquence en particulier m’a marquée. Alors que son équipe avait les devants 7 à 1 et qu’il ne restait qu’un peu plus qu’une minute au match, Vanacker se défonçait sur la patinoire, cherchant à créer des revirements sur le désavantage numérique.
Le natif de Delhi, Ontario est l’un des meilleurs athlètes du repêchage. Son coup de patin ne semble pas faire l’unanimité au sein des divers observateurs, mais je le considère très bon. Même s’il semble dépenser beaucoup d’énergie lorsqu’il patine, il est très explosif et il atteint des vitesses de pointe impressionnantes.
Le patin peut être une catégorie périlleuse à analyser. De par mon expérience, s’il y a un aspect chez les espoirs parmi lequel on peut observer des inconstances, c’est dans celui-là. Par le passé j’ai vu des joueurs qui volaient sur la patinoire lors de certains matchs et qui ensuite peinaient à se créer de la séparation lors de d’autres matchs. Il y a tellement de facteurs qui rentrent en jeu ; les calendriers sont longs et éreintants et la fatigue peut se faire ressentir, un joueur peut être ennuyé par une blessure mineure sans qu’on le sache et cela impacte sa foulée, etc.
Il y a aussi le fait qu’un joueur peut être un marchand de vitesse, sans que cela l’avantage sur la patinoire. Si le joueur n’est pas muni d’une grande éthique de travail, cela ne le rendra pas efficace sans la rondelle, et si le joueur n’est pas doté d’une grande intelligence hockey et que son cerveau n’identifie pas les bons corridors à adopter, sa vitesse ne lui servira à rien en possession de rondelle.
Dans le cas de Vanacker, j’adore comment qu’il se sert de son explosion sur de courtes distances pour se rendre disponible dans l’enclave en échappant à la couverture de son couvreur. Non seulement ses qualités athlétiques brillent, mais je dénote aussi une forme d’intelligence alors qu’une seule fraction de seconde après avoir remis à un coéquipier, il repère une brèche dans la couverture défensive et il s’y dirige immédiatement. De plus, j’aime aussi comment son bâton demeure sur la glace en tout temps lorsqu’il accède à ces endroits.
De plus, Vanacker est EXTRÊMEMENT dangereux à partir de la ligne des buts. Il attaque le gardien en longeant cette ligne aussi bien que quiconque dans ce repêchage. Pour se faire, c’est encore une fois ses qualités athlétiques et comment qu’il peut se détacher de son couvreur avec un brusque pivot sur lui-même avant d’exploser en direction du gardien. Je crois qu’on ne rend pas suffisamment de crédit à ses habilités offensives et sa façon de créer une chance de marquer de qualité à partir d’une inoffensive bataille dans le coin de la patinoire en témoigne fortement.
Lorsque je disais en introduction que Vanacker effectue généralement ce dont des partenaires de trio plus talentueux ont de besoin, j’avais aussi en tête son jeu en tant que joueur posté devant le gardien lors des avantages numériques. Son apport n’est pas aussi remarquable que celle de Julius Miettinen, mais tout de même. Là où Vanacker apporte une contribution unique est qu’il est excessivement vif pour sauter sur les retours de lancer. Son acharnement fait en sorte aussi qu’il ne craint pas de payer le prix. De plus, il n’est pas qu’un simple corps que l’on place devant le gardien, il effectue plus que le boulot d’un simple écran, il redirige des tirs/passes et il quitte sa position pour aller récupérer des rondelles derrière le filet grâce à son explosivité.
Un aspect qui va sembler étrangement spécifique de son jeu qui se mérite aussi des louanges est la qualité de ses passes en transition. Il rejoint des coéquipiers au travers de plusieurs obstacles et la vivacité et la précision de ses passes sur de grandes distances est très impressionnantes.
Si on s’attarde de manière plus approfondie à ses habilités individuelles, Vanacker est un joueur qui possède relativement de bonnes mains. Il est capable de temps à autre de sortir une feinte et de battre un défenseur à un-contre-un.
Généralement, les joueurs évoluant avec une portée plus longue vont devoir composer avec quelques limitations au niveau de leur maniement de rondelle. Plus spécifiquement, c’est le long des bandes que l’on pourra voir ces joueurs sembler menottés. Étonnamment, c’est un emplacement où Vanacker démontre une grande ingéniosité. Il s’envoie la rondelle de son revers sur la bande, de l’autre côté d’où il se trouve, et en tournant sur lui-même se défait de la couverture de son adversaire.
J’ajouterais que cette portée bénéficie trop à Vanacker sur la patinoire et cela fait trop partie intégrante de son identité alors je préfère le voir conserver un aussi long bâton.
Pour ce qui est de ses talents de marqueur, ce n’est pas un aspect de son jeu où Vanacker démontre un talent inné. La qualité de son lancer est décente même si je ne suis pas d’avis que c’est un joueur avec beaucoup de finition, mais il va tout de même marquer son lot de but dans la LNH. Comme on l’a vu, il est très dangereux sur la ligne des buts, il est très bon pour se rendre dans les zones dangereuses, et ce, en conservant son bâton sur la patinoire en tout temps.
Là où Vanacker démontre un certain ‘Upside’ en tant que tireur, c’est qu’il attaque toujours les gardiens avec beaucoup de vitesse. Cela a pour conséquence de les faire reculer, ouvrant le haut du filet.
S’il y a un aspect de son jeu qui, je crois, est vraiment sous-estimé, c’est au niveau de ses talents de passeurs. Vanacker est capable de connecter des jeux avec ses coéquipiers dans les zones dangereuses et, ayant évolué la majorité du temps avec des éléments offensifs sur son trio, ces derniers pouvaient lui remettre la rondelle en ayant confiance qu’elle allait leur revenir et que le jeu n’allait pas mourir à cause de lui.
Parmi ce qu’il fait de bien, et bien, on pourrait être porté à croire que pour un joueur qui joue avec vitesse et ardeur, il se précipite sur la rondelle sans réfléchir et la fait circuler rapidement. Pourtant, on peut observer Vanacker lever la tête et procéder à une bonne collecte d’information avant de s’emparer du disque, question de repérer quelle est la meilleure option dont il dispose.
Mais ce qui m’impressionne le plus est comment il est capable d’enfiler l’aiguille sur des passes difficiles. Je parle de passes de longues distances, sous une couverture ou au travers de multiples obstacles.
Vanacker aura représenté un gros coup de cœur pour moi dès mes premiers visionnements du joueur au début du mois de janvier. Comme je le mentionnais en introduction, il est possible qu’il n’atteigne pas plus que le 3e trio au sein de la hiérarchie de son club, mais même si tel est le cas, je le veux sur mon 3e trio. Il pousse le Tempo de sa ligne lorsqu’il est sur la glace et la panoplie de détails qu’il apporte est d’une grande aide à ses coéquipiers et leur permet d’élever leur niveau. En séries, l’entraîneur de Brantford a remodelé ses trios quelque peu et cela a semblé briser des chimies préexistantes au sein du Top-6. Du moment que Vanacker a réinséré sa ligne usuelle, l’efficacité de ses coéquipiers s’est vu augmenter. J’étais un grand fan de JJ Peterka à son année de repêchage (classé 16e sur ma liste) et je vois quelques similitudes entre les deux joueurs, même si la comparaison n’est pas si frappante que cela. J’aimerais rappeler que le joueur Allemand ne laissait pas entrevoir une si bonne production dans la LNH, alors il ne faut pas fermer la porte à Vanacker et mettre un plafond sur son potentiel.
J’aimerais terminer en ouvrant une petite parenthèse sur son coéquipier Jake O’Brien. Je crois que c’est un joueur fantastique et il représente déjà mon coup de cœur pour la cuvée de l’an prochain. Voir un joueur de 16 ans dicter le jeu comme il l’a fait à son année recrue est fascinant. Le mot d’ordre avec lui est efficience. Tout ce qu’il fait est tellement bien calculé, toutes ses passes atteignent leur cible (formidable fabricant de jeux) et son intelligence offensive ainsi que sans la rondelle est extrêmement élevé. Il n’y a, bien sûr, pas beaucoup de discussion l’entourant en prévision du repêchage de l’an prochain, mais de ce que je vois sur la place publique, il est classé relativement bas. Je l’ai vu aux alentours de 10 pour la Ligue d’Ontario seulement. Je vais vous lancez ce qu’on appelle un Hot-Take, mais il est présentement classé devant Michael Misa sur ma liste (bénéficiaire de statut de joueur exceptionnel dans la OHL en 2022). Je ne serais pas surpris qu’il s’approche dangereusement des 100 pts l’an prochain à sa saison de repêchage et je crois qu’à partir de la 2e moitié de la saison, son nom sera bien implanté pour les discussions entourant les sélections 6 à 10 pour le repêchage. Il est présentement 5e pour moi.
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