Oliver Moore, de la dynamite sur patins
Le programme américain aura été dominant tout au long de la récente campagne et c’est sans réelle surprise. Le trio composé de Leonard, Perreault et Smith a fait flèche de tout bois, dominant leurs adversaires sur une base régulière. Mais un autre nom revient souvent dans les discussions depuis le début du calendrier et c’est celui d’Oliver Moore. Son classement varie beaucoup dans les différentes listes et je vais tenter de démystifier le pourquoi de la chose.
En premier lieu, très peu de joueurs peuvent se vanter de patiner comme Oliver Moore le fait. En fait, c’est clairement la première chose que notre œil va voir lorsqu’on le visionne. Ça serait un euphémisme de dire qu’il traverse la glace à la vitesse de l’éclair et n’aura de ce côté rien à envier aux Connor Mcdavid et Dylan Larkin de ce monde. Cette qualité élite fait en sorte qu’on a l’impression de toujours l’avoir en plein visage, et lorsqu’on la combine avec une ardeur au travail exemplaire, il en résulte un joueur qui est positivement partout sur la glace.
Moore ne connaît qu’une vitesse et la majorité du temps c’est une bonne chose. Le jeune numéro 11 a toujours le pied au plancher, peu importe l’action qu’il entreprend, mais un bémol vient parfois se pointer le bout du nez et ça peut devenir agaçant. Ce désagrément, c’est qu’à force de vouloir aller trop vite, c’est inévitable de parfois manquer de coordination entre la tête et le corps. C’est un fait d’armes qui se produit souvent alors que Moore va jongler avec la rondelle, mais finir par en perdre le contrôle même sans réelle pression autour de lui.
Si vous vous souvenez bien, pendant notre podcast de mi-saison je décrivais Oliver comme un jeune qui apprend à piloter une voiture de course, mais qui n’a pas encore trouvé le moyen de complètement la maîtriser. Je pense que cette image reflète très bien ma pensée sur le joueur. Cette coordination tête et corps prend du temps à apprivoiser et il devra apprendre à trouver où il doit placer la ligne pour que ça reste une qualité élite, sans toutefois lui créer des crampes au cerveau.
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La même chose se produit également parfois dans ses prises de décision. Encore là, il tend à les précipiter et à manquer d’exécution. Comme je le mentionne, ces choses prennent du temps et ne m’inquiètent pas tellement bien qu’elles soulèvent quand même une interrogation sur son efficacité. Ses qualités surpassent de loin pour moi ces petits désagréments.
En échec avant et en replis défensifs, Moore est une bête tout simplement. J’ai rarement vu un joueur être aussi efficace à son âge de ces aspects du jeu. Il est comme un requin sur sa proie lorsqu’il vise à recouvrer une rondelle qui ne lui appartient pas. Dans son territoire, c’est le même phénomène qui se répète. Il est de tous les combats et ne prend jamais une situation à la légère. C’est l’une des raisons pour laquelle il a prouvé son efficacité toute la saison à court d’un homme, son duo avec Ryan Leonard causant même des maux des têtes aux autres équipes dans ces situations alors qu’ils devenaient très dangereux ensemble lorsqu’ils reprenaient la possession.
Offensivement, il a tout ce que ça prend pour connaître du succès dans sa boîte à outils. Son tir est vif et précis, malgré que j’aimerais beaucoup le voir prendre le centre plus souvent pour le décocher. Ce n’est pas un joueur de périphérie, mais il va souvent prendre ses lancers de l’extérieur des cercles en limitant ainsi son potentiel de toucher la cible. Il est très bon pour masquer ses intentions et trouver un coéquipier dans le sens opposer afin de lui servir une passe. Sa capacité à attirer l’action vers lui grâce à sa vitesse lui permet d’ouvrir le jeu facilement et ainsi de se donner des options. Il doit se trouver des manières de mieux terminer ses actions au filet et de profiter plus de ses chances.
Si Moore a profité un peu d’un capital de sympathie au niveau de sa production pendant la première moitié de l’année, il a quelque peu perdu ce bénéfice du doute dans la deuxième. Bien que sa production offensive a été plus que respectable, il se laisse envier par les exploits accomplis par ses 3 coéquipiers. On l’excusait beaucoup par le carrousel de joueurs qui lui ont été jumelés et par leur talent inférieur à lui. Par contre, il a eu la chance d’évoluer avec de potentiels premiers choix au total en Cole Eiserman et James Hagens dans la 2eme moitié et ça n’a pas été tellement reluisant. Rien d’alarmant, plusieurs joueurs de grands talents vous diront qu’ils n’ont jamais été capables de jouer avec un joueur comme Sydney Crosby malgré le talent qu’on lui connaît. Une chimie n’est pas automatique ni garantie et les 2 autres avaient déjà bien installé celle-ci ensemble avant leur arrivée. Mais une chose est sûre, il a alimenté un doute qui s’expliquait et qui devient maintenant plus difficile à pardonner.
Si je veux le voir d’un autre angle, Moore est un exemple parfait comme quoi les statistiques ne révèlent pas tout d’un joueur. Le nombre de sphères dans lesquelles il a un impact positif dans son équipe est incalculable et surpasse beaucoup pour moi les aspects à corriger. De plus, il est ce genre de joueur qui va régulièrement être à l’origine d’un but, mais qui ne se verra pas récompensé sur la feuille de pointage au final. Un gars qui pourrait avoir des chiffres un peu en deçà des attentes qu’on place en lui, mais grâce à qui ses compagnons de trios eux termineront des saisons avec 15 ou 20 points de plus qu’ils auraient été en mesure d’amasser sans l’avoir à leur côté.
L’espace qu’il peut créer en attirant des couvreurs grâce à son explosion ainsi que le nombre de rondelles qu’il récupère afin de relancer l’action vers l’avant ne se comptabilise pas en buts ou en points dans sa fiche personnelle, mais elle devient une évidence en le regardant et elle doit selon moi faire partie intégrante et importante de son évaluation.
Moore n’est pas parfait, et il ne le sera probablement jamais. Dans mon œil personnel, bien qu’il aura perdu quelques petites plumes dans la dernière ligne droite, son potentiel et surtout son plancher très élevé me portent à croire que le risque au vaut amplement la chandelle avec une sélection élevée au prochain encan. J’ai par contre la forte impression qu’une chute en dehors du top 15, voir même du top 20 est fortement à envisager, sauf s’il aura été en mesure de conquérir le cœur d’une équipe qui repêche à un rang élevé.
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