Repêchage 2022 | Comparatif de deux projets en défense dans la LHJMQ

La cuvée du repêchage 2022 pour la LHJMQ n’est pas phénoménale cette saison. Certains joueurs risquent grandement de sortir dans les deux premières rondes. Cependant, du talent élite, il n’y en a pas vraiment. En défensive, on retrouve deux beaux projets pour des équipes de la NHL en Noah Warren et en Maveric Lamoureux.

J’ai pas mal terminé ma tournée de visionnements des espoirs de la LHJMQ pour mon classement final. Avant de tout canner, je prendrai évidemment compte des séries éliminatoires dans le circuit Courteau.

Récemment, mon collègue Pascal vous présentait des profils distincts de Lamoureux et de Warren. Dans ce présent texte, je vous offre un comparatif de ces deux grands bonhommes qui peuvent d’ores et déjà être étiquetés comme des projets de développement.

Noah Warren, le train de la LHJMQ | Profil d’espoir du repêchage 2022
Maveric Lamoureux, le géant de la LHJMQ | Profil d’espoir du repêchage 2022

Noah Warren (Olympiques de Gatineau)

Au début de la saison, j’ai avancé à plusieurs reprises aimer mieux les performances générales de Noah Warren que de son coéquipier Tristan Luneau. Plus la saison avançait, plus je me disais que le balancier reviendrait en faveur de Luneau.

Ce n’est toujours pas le cas en date de la fin du calendrier régulier.

Noah Warren, à mon avis, présente un prototype fort intéressant pour un club de la NHL. En d’autres mots, je trouve qu’il possède de nombreux atouts pour jouer dans la NHL un jour. En effet, il se démarque notamment pour sa mobilité, son jeu physique, mais aussi pour la fiabilité de ses décisions sur le jeu. Évidemment, comme tout défenseur junior, il est sujet à des crampes au cerveau. Or, bien souvent, ces crampes ne deviennent pas top nuisibles. Et elles sont assez rares.

Warren ne s’égare que très rarement de son positionnement. Lorsqu’il quitte sa position pour donner un coup d’épaule, il revient dans le jeu pour une autre action. Il possède une très bonne connaissance de l’espace sur la patinoire.

En relance, il «scanne» très bien ses options avant de s’exécuter. L’une de ses forces réside dans sa capacité à arriver le premier sur la rondelle pour ainsi battre l’échec avant adverse. Il mesure 6’5 et pèse 214 livres. Malgré tout, il bat très souvent de vitesse les opposants pour récupérer la rondelle en fond de zone. Ses relances sont amorcées rapidement puisqu’il a déjà ciblé où il veut aller, tant par la passe qu’en transport de rondelle.

Le mot que je trouverais pour décrire Warren est le suivant: stabilité. C’est ce qu’il offre en défensive. Ce n’est pas lui qui a le plafond le plus élevé en terme d’offensive. Bien qu’il ne possède pas un mauvais tir, ce n’est pas son rôle primaire considérant la présence régulière d’Isaac Belliveau sur son duo.

Maveric Lamoureux (Voltigeurs Drummondville)

Tournons notre regard maintenant sur Maveric Lamoureux. Au premier regard, le défenseur format géant ne m’impressionnait pas au début de la saison. On a pu voir une belle progression tout au long de l’année. Ses prises de décision me laissent encore croire en un hockey IQ peu élevé, mais il s’est tout de même amélioré dans cet aspect.

Les outils sont bien là tout de même. Il possède une bonne mobilité, un bon tir et il est très difficile à battre en contre-attaque. Lamoureux joue de façon méchante, accumulant les coups d’épaule et de bâton dans un match. Son style (uniquement son style) n’est pas sans rappeler celui de Zdeno Chara. Il repousse les joueurs d’une main ou en donnant des doubles-échecs. Malheureusement, il s’égare parfois après avoir donné son coup d’épaule et c’est long avant de reprendre son positionnement.

Défensivement, il prend de meilleures décisions. Au début de la saison, il avait tendance à foncer trop rapidement vers l’avant et demeurait hypnotisé par la rondelle. C’est beaucoup mieux à ce niveau présentement. Généralement, il coupe très bien le centre et sa portée est très bonne bien que son bâton semble assez petit pour un gaillard de 6’7 (196 livres).

En relance, ses passes sont malheureusement trop télégraphiées pour avoir un haut succès dans les jeux de transition. C’est un aspect qu’il devra améliorer. La rapidité de sa prise de décision en relance doit aussi s’améliorer dans les prochaines années. En zone offensive, c’est un bon distributeur de rondelle pour l’avantage numérique.

Le problème majeur de Lamoureux, c’est lorsqu’on ajoute un degré de difficulté au jeu. Une pression trop forte par des joueurs rapides et les cafouillages ressortent. On a pu le voir au match des meilleurs espoirs de la CHL. Ça allait vite et la rondelle semblait difficile à contrôler pour lui. Dans la LHJMQ, je perçois les mêmes choses contre des équipes rapides et agressives en fond de zone offensive.

Comparatif

Le débat pour l’élaboration de ma liste est bien présent: est-ce que je place Warren avant Lamoureux ?

Allons-y de petits comparatifs pour bien démystifier ces deux projets.

À mes yeux, ce sont deux défenseurs qui peuvent aspirer à une carrière dans la NHL sur la chaise de «shutdown defenceman». Le potentiel offensif seulement de Lamoureux pourrait être plus élevé que celui de Warren, mais rien ne me permet de départager cela cette saison. Avec ce que j’ai observé à ce niveau, ça pourrait aller d’un bord ou de l’autre.

Si on regarde au niveau de la relance, j’aime mieux ce qu’apporte Warren. Il n’a pas peur de conserver la rondelle pour faire progresser le jeu tandis que Lamoureux va parfois passer même si son ailier est couvert par deux joueurs. Dans leur progression respective, Warren est déjà plus haut sur cet aspect. Lamoureux peut toutefois se rendre à ce niveau; il a les outils je le rappelle.

Dressons un petit tableau pour mieux illustrer:

Amenons un autre comparatif: David Jiricek. Le défenseur natif de la Tchéquie est pas mal plus un arrière à caractère offensif. Au niveau des habiletés par contre, je dirais que Lamoureux et Warren possèdent une meilleure mobilité latérale que Jiricek. Lorsqu’on en arrive aux pivots, Warren est pas mal meilleur que Jiricek avec Lamoureux au milieu.

Sur la patinage avant, Jiricek et Warren se ressemblent bien que le défenseur des Olympiques soit plus fluide dans sa technique. Lamoureux tombe 3e à ce niveau, bien que très fluide. Il lui manque encore la petite explosion qui lui permettrait justement de conserver la rondelle lorsque les options se font rares.

Le jour du repêchage

Voilà la grande question. Bien que mon classement ne soit pas final puisque je dois aussi regarder les autres joueurs que ceux de la LHJMQ, une petite tendance s’installe. À ce jour, je vois Warren comme le meilleur défenseur de la cohorte 2022 au sein du circuit Courteau. En effet, je le vois en haut de Lamoureux, un projet similaire, mais qui nécessite un peu plus de polissage que Warren.

Je dis souvent que j’aimerais mieux, comme entraîneur, travailler sur des habiletés techniques que sur l’intelligence sur la patinoire. C’est surtout ce qui fait pencher la balance en faveur de Warren.

Je pense que Warren et Lamoureux ont le potentiel de devenir de très bons «shutdown defenceman» une fois à maturité complète. Des plafonds semblables, mais j’estime un plancher plus bas pour Lamoureux. Ainsi, il y a donc plus d’espace entre le plafond et le plancher dans le cas de Lamoureux. Warren m’apparaît être un «safe bet» avec le potentiel de se développer mieux qu’anticipé.

Le débat avec moi-même que j’ai présentement, c’est où se trouve Luneau dans tout cela ?

Il faudra attendre à la parution de mon top 10 des meilleurs espoirs de la LHJMQ pour le savoir…