Repêchage 2023 : Analyse détaillée de Colby Barlow
Avec une impressionnante récolte de 46 buts en 59 matchs dans la OHL, Colby Barlow est un attaquant de puissance de 6’1, 187 lbs. C’est avec énormément de variation que l’on a vu son nom apparaitre dans les classements publiques cette saison et non sans raison ! Barlow a été un joueur plutôt inconstant dans mes visionnements cette saison et il y existe un bon fossé entre ses meilleures performances et ses performances plus silencieuses.
Sa qualité est première est sans l’ombre d’un doute, non seulement son tir, mais sa capacité à marquer des buts.
Dans son répertoire, c’est son tir sur réception qui est le plus dangereux. Ce qui en rend un tir si élite n’est pas uniquement la vélocité à laquelle la rondelle quitte son bâton, mais, pour moi, ce qui est le plus impressionnant, est à quel point Barlow parvient à maximiser chacun de ses tirs même si la passe n’est pas parfaitement positionnée dans son ‘wheelhouse’. Que la rondelle soit légèrement trop à l’avant ou vers l’arrière, cela n’importe peu, ça n’affectera en rien la qualité du tir que Barlow va être en mesure de décocher. Il n’a pas besoin de beaucoup de chance pour marquer.
Suite à mes premiers visionnements, j’étais plutôt sceptique à savoir s’il allait être en mesure d’utiliser son meilleur atout puisqu’il n’est pas un joueur qui va se créer des opportunités de marquer par lui-même (on en parlera un peu plus tard), mais j’ai fais un 180 degrés à ce sujet puisque le jeune Ontarien excelle à se libérer pour que ses coéquipiers le repèrent. Ceux qui me lisent depuis ces dernières années savent très bien que je ne suis pas du genre à utiliser des hyperboles ou des déclarations chocs, mais je crois fermement que Colby Barlow est le meilleur joueur que j’ai vu pour ce qui est de se démarquer activement dans le haut de l’enclave.
Il y a deux façons dont les marqueurs parviennent à se démarquer ; il y a ceux qui demeurent discrets sur la patinoire et qui vont silencieusement se faire oublier près du filet, un des très bons exemples de cela serait Arthur Kaliyev. Et de l’autre côté du spectre, il y a les joueurs qui luttent de manière acharnée pour chaque pouce sur la patinoire et qui vont toujours demeurer en mouvement dans le haut de l’enclave et qui ne laisseront pas leur adversaire les couvrir. Barlow est de ce tissu. Il va toujours dans les endroits payants et nul ne sait se démarquer comme lui et avec ce qui a été dit sur son tir plutôt, nous avons une recette gagnante pour un joueur qui pourra amener avec lui sa capacité à marquer des buts dans la LNH.
À chaque fois que j’avais des doutes sur la transposition de ses habilités dans la LNH, il me surprenait en trouvant constamment des façons de marquer près du filet. Il n’est pas qu’un ‘One-Trick Pony’. Même lorsque bien couvert dans le haut de l’enclave, il se montre très habile pour faire dévier des rondelles des tirs qui proviennent de la ligne bleue.
Les critiques que j’ai concernant ses talents de marqueur sont qu’il n’est pas un joueur très créatif et qu’il n’a pas beaucoup d’éléments de tromperie dans son tir. Ça lui arrive aussi d’avoir quelques difficultés à trouver une ligne de tir lorsqu’il est en contre-attaque.
Et comme c’est souvent le cas chez les jeunes joueurs qui possèdent un trait aussi dominant, ils ont souvent pu s’en tirer plus jeune avec une utilisation douteuse de cette qualité, car ça fonctionnait presque à tout coup. Pour certains joueurs très rapides, cela s’exprimera par une difficulté à jouer à différents tempos et à ralentir le jeu à leur avantage. Dans le cas de Barlow et de son tir, cela s’exprime par une mauvaise sélection de tirs à certains moments. Nous en avons deux exemples ici.
L’autre qualité la plus prévalente dans le jeu de Barlow au cours de la saison fut, pour moi, son jeu sans la rondelle. Je ne parle pas ici de positionnement défensif, mais plus de jeu en échec avant ainsi que pour harceler ses adversaires et leur subtiliser le disque. Ce fut malheureusement un aspect dans lequel il fut un peu inconstant, mais à son meilleur dans cette facette, il a simplement l’air d’un homme en mission, effectuant à lui seul le travail d’une unité complète. Je l’ai vu à plusieurs reprises seul en échec avant soutirer le disque à un adversaire et dominer une possession de rondelle pour une durée prolongée face à 3 ou 4 adversaires à la fois.
Dans certains matchs il fut simplement exceptionnel sans la rondelle, son intensité était A+, il faisait de nombreuses interventions opportunistes pour venir mener la vie difficile à un adversaire, que ce soit pour le frapper, venir lui soutirer la rondelle, venir nuire à sa réception de passe ou lui effectuer de la pression pour qu’il précipite son jeu. Même certaines lectures de jeu en défensive lors de surnombre furent assez avancées.
Son coup de patin est également quelque chose qui se situe au-delà de la moyenne, mais qui fut inconstant au cours de la saison. À sa défense, il faut dire que les saisons de hockey sont très longues et que la fatigue peut s’accumuler à certains moments et on perd en explosivité. Mais en ayant un portrait global de sa saison, je peux qualifier son coup de patin comme étant bon. C’est surtout lorsqu’il garde un bon moteur et qu’il joue avec intensité qu’il parvient à en soutirer le maximum.
Dans les aspects moins reluisants, les talents de passeur de Barlow sont plutôt faibles. C’est un aspect qui a vu des améliorations cette saison au niveau des sélections ainsi que de la précision de ses passes, mais certaines petites crampes au cerveau reviennent de temps en temps.
Son problème est plus lié à un manque de créativité qu’à un manque d’exécution. Il se tire bien d’affaire pour faire progresser le jeu dans les situations simples, mais fut des occasions où un joueur pressenti à sortir aussi tôt au repêchage aurait dû trouver un moyen de rejoindre son coéquipier.
J’ai noté plusieurs de ces exemples lors de situation à 2 contre 1, où Barlow n’est pas parvenu à créer une ligne de passe. Lors de l’une de celles-ci, Barlow était de son côté fort pour prendre un tir, cependant un adversaire le rattrapait rapidement et il a été contraint à précipiter un tir de loin. Cependant, un bon manieur de disque et un bon fabricant de jeu aurait amené la rondelle sur son revers pour la placer hors d’atteinte du joueur en repli et aurait pu rejoindre son coéquipier de l’autre côté par la suite.
C’est un outil qui lui manque à son coffre pour le moment, mais je me méfie d’être trop critique, car je l’ai vu effectué de délicates passes sous le bâton de ses adversaires par moment dans des endroits restreints qui m’ont fait preuve d’un certain niveau d’intelligence et de finesse. Je ne ferme pas la porte à ce qu’il prenne de bons pas dans cette direction dans les années à venir.
Un autre reproche qui peut lui être fait est quant à son maniement de rondelle. Ses mains en soi ne sont pas mauvaises, il peut faire quelques montées en zone neutre à l’occasion et se défaire d’adversaires, mais souvent il donne l’impression de ne pas vouloir la conserver trop longtemps sur son bâton.
On a un bon exemple ici : il reçoit la rondelle dans le coin de la patinoire, il n’a aucune pression sur lui, mais il n’a pas pris soin de lever la tête et prendre l’information à proximité de lui.
Il s’est finalement retourné et a fait parcourir la rondelle le long de la bande, jusqu’à son défenseur à la ligne bleue du côté opposé. Il avait pleinement le temps et l’espace pour réaliser un jeu.
La variation de son rang dans les diverses listes n’est pas si incompréhensible, à son meilleur il est plus que justifiable de le classer dans son top 10, mais lors de ses moins bonnes performances, on se demande ce qu’il fait dans un top 20.
En ce qui me concerne, voici comment j’explique sa position dans ma liste.
Je vais admettre que je vais être le premier à aimer et à prioriser les joueurs que l’on dit ‘Well-Rounded’, c’est-à-dire, des joueurs qui peuvent vous battre de plusieurs façons et qui n’ont pas mal toutes les outils à leur disposition, quitte à ce qu’aucun d’eux ne soit élite. Des joueurs qui peuvent marquer près du filet comme de distance moyenne, qui peuvent mettre la table pour leur coéquipier en ralentissant le jeu tout comme en exécutant des passes rapides sur réception, qui peuvent aussi bien battre un joueur de vitesse que protéger leur rondelle, etc. Dans le cas du capitaine d’Owen Sound, je ne crois pas que le fait qu’il lui manque des outils va le limiter dans la LNH, car il n’a pas besoin de tous ces outils-là pour jouer sa game et être efficace. Ce qu’il fait bien, il le fait très bien et je crois que ça va se transposer dans la LNH.
J’ai pu lire certaines critiques envers le joueur que j’ai moi-même trouvé un peu sévère (surprenant !) et voir, un peu malhonnête.
L’une d’entres elles étaient que Barlow ne domine seulement, car il est plus développé physiquement que ses pairs, cependant, il fait 6’1 et 187 lbs, on ne parle pas ici d’un géant ni d’un joueur qui parvient uniquement à dominer grâce à son gabarit avantageux, comme c’était le cas avec Julien Gauthier. Et sa production s’explique plus par un travail proactif à se démarquer plutôt qu’à tirer avantage de joueurs moins costauds que lui.
Certaines personnes lui ont reproché de ne pas être celui qui ‘Drive’ le jeu sur son trio. C’est sûr que c’est ce que l’on recherche d’une haute sélection au repêchage, cependant, Barlow joue déjà comme un complément et cela sera sa chaise dans la LNH alors ça facilite sa projection, et pour être honnête, combien de joueurs parviennent à ‘Driver’ un trio offensif dans la LNH ? Peu. Et ceux qui le font ont généralement de prolifiques et longues carrières, ce qui fait en sorte que le nombre de chaises est très mince.
J’ai aussi vu des gens lui reprocher d’être un joueur Nord-Sud… À ce point j’ai décroché, il est vrai que les joueurs pouvant jouer d’Est en Ouest en entrée de territoire peuvent créer de la confusion chez les défenseurs et créer du temps et de l’espace pour leurs coéquipiers, mais aux dernières nouvelles, c’est le style de jeu (Nord-Sud) qui est préconisé lors des séries éliminatoires.
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