Repêchage 2023 : Analyse détaillée de Koehn Ziemmer
Ailier tirant de la droite, Ziemmer est un joueur de 6’00 et près de 200 lbs qui a terminé dans le top 10 des meilleurs pointeurs de la WHL. Pour l’avoir vu évolué la saison dernière, je peux attester d’une bonne progression et d’un élargissement de son coffre à outils, le problème est que les mêmes interrogations persistent.
Totalisant 70 buts à ses deux dernières campagnes, les talents de marqueur de Ziemmer figurent au sommet de ses traits identitaires. Son tir des poignets est très bon, la rondelle semble pesante et il peut loger celle-ci où il le désire.
Une de ses habilités qui en font un tireur au-delà de la moyenne est sa capacité à atteindre le filet. Ses tirs ne se font presque jamais bloqués, que ce soit ‘Off the Rush’ en contre-attaque avec un défenseur en avant de lui, ou dans la zone offensive avec un défenseur agenouillé ou avec un bâton devant lui qui cherche à le harponner, Ziemmer a cette capacité de parvenir à faire passer la rondelle au travers leur corps ou sous leur bâton.
Pour faciliter ce genre de jeu, Ziemmer a besoin d’une bonne paire de mains et on peut fréquemment l’observer manier la rondelle à sa guise pour réajuster sa position de tir ou pour éviter un bâton adverse avant de décocher.
Pour rajouter à cela, Ziemmer n’est pas seulement qu’un joueur qui peut marquer de distance moyenne et longue grâce à son tir, il a également le style de jeu et la propension à aller se placer devant le gardien et à se tenir à l’embouchure du filet. Il est fort sur ses patins, et même s’il n’est pas le plus agile, il a un bon équilibre grâce à sa force physique et il parvient à garder le contrôle du disque près du filet, même lorsqu’on le bouscule. Je l’ai aussi vu contourner le filet pour surprendre le gardien à quelques reprises cette saison et j’ai été surpris à quel point il pouvait exécuter ce jeu à un haut niveau, restant très près du filet.
Pour ces raisons, il est souvent référence de Ziemmer en tant que marqueur, mais pour moi, cela est une injustice aux talents de fabricant de jeux qu’il a su développer cette saison. C’est peut-être la chose qui m’a le plus impressionné chez lui cette saison et même si son tir demeure son meilleur atout, je serais prêt à argumenter que ses talents de passeurs sont encore plus diversifiés. Ce n’était pas quelque chose dont nous étions en droit de nous attendre venant de sa part cette saison, le meilleur mot pour qualifier ses talents de passeur serait ‘Sournois’.
Comme tout bon marqueur, Ziemmer a la possibilité de vendre une option de tir afin d’immobiliser la défensive adverse avant de remettre à un coéquipier. Ce qui est impressionnant dans son cas, c’est qu’il parvient à combiner plusieurs qualités pour réaliser un seul jeu. Non seulement va-t-il vendre le tir, il va incorporer son maniement de rondelle au jeu en la ramenant à l’intérieur de sa base de patin comme s’il effectuait un ‘Curl and Drag’ avant de tirer, mais il va ensuite amener la rondelle sur son revers et passer à un coéquipier qui s’est glissé derrière les défenseurs.
Dans le même aspect, Ziemmer va aussi démontrer une excellente vision du jeu et il va voir où ses coéquipiers devraient être placés pour une chance de marquer. Il va attirer les défenseurs en retardant son jeu un peu et en vendant le tir, lorsqu’un coéquipier sera arrivé là où il le souhaitait, Ziemmer va parvenir à faire glisser délicatement une rondelle sous le bâton des défenseurs pour rejoindre son coéquipier pour une chance de marquer.
Si Ziemmer parvient à faire geler les défenseurs avec la menace que représente son tir, il ne peut en faire de même avec sa vitesse (plus à ce sujet plus tard). Ce que j’aime, cependant, c’est qu’il démontre la reconnaissance des limites de son coup de patin. Il ne va pas essayer de battre les défenseurs de vitesse s’il est celui de son équipe qui rentre dans la zone offensive avec la rondelle. Il va garder la tête haute, ralentir et gagner le plus de temps possible pour qu’un coéquipier se démarque et fonce au filet, qu’il va ensuite rejoindre d’une habile passe soulevée.
Toujours en conjonction avec son patin, il a été mention un peu plus tôt que Ziemmer est très difficile à déloger de la rondelle et c’est en se servant de cette qualité qu’il peut alimenter ses coéquipiers à partir de derrière le filet.
Le dernier aspect que je toucherais dans cette facette est la capacité de l’ailier droit de retarder ses jeux et d’attendre ses coéquipiers lors de situations de surnombres. Nous pourrions être tentés de croire qu’un marqueur de la sorte serait séduit par tout l’espace et le temps à sa disposition pour prendre un tir, mais l’aile des Cougars de Prince George aime faire preuve de générosité dans de telles situations et la patience dont il fait preuve, ainsi que de l’intelligence pour induire le défenseur en erreur est très impressionnante.
À l’intérieur de l’analyse de ses talents de marqueur et de passeur, on s’aperçoit rapidement que Ziemmer possède de bonnes mains. Elles sont très vives, mais ce qui m’impressionne le plus dans la qualité de ses mains est son placement de rondelle. N’étant pas le meilleur patineur, il parvient à placer la rondelle à des endroits hors d’atteindre des défenseurs lorsqu’il patine, lui permettant de se concentrer sur ses pieds plutôt que sur ses mains.
Pour agrémenter le tout, Ziemmer est un joueur physique. Il termine beaucoup de ses mises en échec, et il frappe fort, l’ayant vu délivrer quelques-unes des plus grosses mises en échec que j’ai vu chez un joueur d’avant cette saison.
Lors de ses meilleures parties, Ziemmer m’a fortement impressionné par la polyvalence des fonctions qu’il peut occuper dans la zone offensive. Il faisait toujours ce que son trio avait besoin qu’il fasse ; il allait faire de l’échec avant, terminer ses mises en échec, aller voiler la vue du gardien, etc. Il a même pris des mises aux jeux à la droite.
Il y a cependant une limitation considérable dans le jeu de Ziemmer et c’est son patin.
Techniquement, il n’est vraiment pas un bon patineur. Il y a plusieurs faiblesses au niveau mécanique ; ses poussées ne se terminent pas par une extension complète au niveau de la hanche (minimisant l’apport du complexe fessier) et ses genoux semblent toujours demeurer avec une flexion, limitant l’apport des quadriceps. En plus, son dos est anormalement rond lorsqu’il patine.
D’un point de vue athlétique, Ziemmer ne semble tout simplement pas un naturel. Cela s’est observé souvent lorsqu’il fut appelé à pivoter sur la glace. Pour récupérer une rondelle derrière lui qui pourrait se faire avec un pivot brusque, Ziemmer a pratiquement besoin de s’immobiliser complètement et d’accélérer ensuite sur une fenêtre de 2-3 mètres.
Même en patinant de reculons dans la zone neutre, si la rondelle (ou le porteur) passe d’un côté à un autre, Ziemmer doit s’arrêter avant de repartir dans l’autre direction, plutôt que d’effectuer le tout de manière fluide sans perdre de momentum. Déjà que sa vitesse et son accélération laissent à désirer, il ne peut pas se permettre ces temps morts avec ses pieds s’il espère un jour survivre dans la LNH.
Puisqu’il n’a pas la vitesse nécessaire pour patiner de haut en bas de la patinoire, Ziemmer était souvent absent de la zone défensive, tentant plutôt d’anticiper quand son équipe allait reprendre le contrôle du disque.
C’est dommage, car c’est un joueur que j’aime, mais je crois que la faiblesse est simplement trop grande. À sa défense, il a fait des progrès pendant la saison à ce sujet.
Mais surtout, il a su développer des façons de travailler autour de ses limites, démontrant une grande intelligence.
Offensivement, il sait comment attaquer un défenseur à un contre un même s’il n’a pas une vitesse optimale. Son maniement de rondelle lui permet d’attaquer la base de patin du défenseur et de la garder sur ses talons, de plus, il sait comment intégrer des changements de vitesse et comment changer ses angles pour se servir du pivot du défenseur à son avantage.
Pour toutes ces raisons, mon classement de Ziemmer fut conflictuel tout au long de la saison, passant d’écarté de ma première ronde complètement, au top 15 à la fin de ma première ronde.
Il aura su se développer un style de jeu cérébral puisque son patin ne lui permet pas de couvrir beaucoup de glace. Le problème est que s’il ne frappe pas lorsqu’il n’a pas la rondelle, son apport dans la zone neutre et la zone défensive est pratiquement inexistant. Son implication en souffre beaucoup. Le risque de ‘Bust’ est assez important pour moi et cela m’empêche de le classer trop haut.
Il me rappelle un peu Valentin Zykov.
Je crois qu’une formation qui aime beaucoup Ryan Leonard, mais qui ne repêchera pas suffisamment haut pour le sélectionner pourrait se rabattre sur Ziemmer à la fin du premier tour ou en 2e ronde, il y a quand même plusieurs similitudes entre les deux joueurs.
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