Repêchage 2023 : Analyse détaillée de Tanner Molendyk
Tanner Molendyk est un défenseur gaucher de 5’11 évoluant pour les Blades de Saskatoon dans la WHL. Il est probablement l’un des joueurs qui a fait la plus forte première impression chez moi cette saison. Bien qu’il n’a pas été aussi bon tout au long de la saison qu’il le fut lors de ces premiers matchs, il possède toutes les qualités en lui pour parvenir à se tailler une place dans la LNH malgré un plus petit gabarit.
La première chose qui vient en tête de liste pour permettre aux défenseurs de sa taille de survivre dans la LNH est un excellent coup de patin, et Molendyk en possède un simplement fantastique. Dans son cas, c’est vraiment lors des situations défensives ainsi qu’en récupération de rondelle qu’il en fait la meilleure utilité. Avec lui, il n’y a pas de danger qu’une rondelle rejetée dans son territoire tombe en possession des mains adverses. Non seulement possède-t-il une excellente vitesse, mais il est ‘Fearless’ comme on dit en anglais. Il ne va pas ralentir en allant récupérer la rondelle dans le coin pour que l’attaquant adverse vienne le coller contre la bande et attendre que du renfort arrive, Molendyk va aller récupérer le disque à fond de train, ce qui implique aussi que l’attaquant adverse va être à pleine vitesse et pourra le frapper durement, cependant, le défenseur de Saskatoon a le patin pour échapper à quiconque et surtout, il a la confiance pour le faire.
Sa vitesse lui permet de rattraper des joueurs lors de ses replis défensifs. Il parvient à couvrir beaucoup d’espace en peu de temps et fut des séquences où il était simplement partout sur la patinoire. Il est également un excellent patineur de reculons et n’a aucune difficulté à défendre face aux plus rapides patineurs de la WHL. Sur le plan offensif, son patin lui rend également de fiers services. Il parvient à empêcher des sorties de zone non seulement parce qu’il est explosif, mais aussi, car il est très alerte.
Sa mobilité multidirectionnelle est fabuleuse. À son meilleur, Molendyk semble avoir une confiance offensive remarquable : il patrouille la ligne bleue, s’avance, fait agenouiller des adversaires, revient sur ses pas, bouge latéralement, etc. Je l’ai vu effectuer un pivot sur lui-même pour se défaire d’un adversaire, un autre attaquant est arrivé sur lui pour fermer la direction dans laquelle Molendyk allait finir, il a tout de suite explosé dans l’autre direction et a battu 2 adversaires à la ligne bleue avec une facilité déconcertante. C’est dommage, car il n’utilise pas assez cette habilité à son avantage.
Le deuxième aspect que tout défenseur de son gabarit se doivent de posséder est un solide jeu défensif et en ce qui me concerne, c’est une case que le natif Kamloops coche facilement. Juste avec son patin, on a couvert plusieurs façons où il parvient à neutraliser ses adversaires, mais la force de son jeu défensif s’exprime aussi par deux autres variables.
La première serait l’efficacité avec laquelle il défend les entrées de territoire. Molendyk est très difficile à battre lors des contre-attaques et cela s’explique dû au fait qu’il joue étonnamment avec une longue portée. Ça lui confère un meilleur ‘Gap-Control’ (distance qu’il tient vis-à-vis le porteur de la rondelle) et pour ajouter à cela, il a un excellent sens du timing pour harponner ses adversaires. J’ai l’impression qu’il surprend ses adversaires, un petit défenseur avec une si longue portée qui est aussi un patineur très explosif, il parvient à fermer la distance très rapidement. Il est vraiment solide pour défendre les entrées de territoire de son côté.
L’autre variable qui fait de lui un fiable défenseur est également l’une des choses auxquelles je faisais référence en introduction (ce dont les petits défenseurs ont besoin pour jouer dans la LNH) et c’est son engagement physique et son désir de compétitionner. Molendyk est HYPER compétitif. Cela fait partie intégrante de son identité.
Il engage le corps à chaque opportunité qu’il a. Il ne faut pas s’attendre à de percutantes mises en échec au plein centre de la patinoire, mais il va constamment vous le faire savoir lorsqu’il va embarquer sur la patinoire. Il va constamment repousser ses adversaires, il va s’imposer physiquement à sa propre ligne bleue, va nettoyer le devant de son filet en jouant dure et en plus, il se sert très bien de ses 5’11 pour neutraliser ses adversaires. Il n’hésitera pas aussi à jeter son corps pour bloquer des lancers.
Des trois défenseurs de ce gabarit (lui, Sandin-Pelikka ainsi que Gulyalyev) il est celui qui défend le mieux pour moi, et par une bonne marge.
Son jeu en transition est également solide. Ses passes sont précises et remplies de conviction. Il démontre une compréhension avancée des situations complexes alors qu’il peut très bien utiliser la bande pour rejoindre un coéquipier. On observe aussi cette lucidité d’esprit lorsqu’il transporte la rondelle alors qu’il traite l’information à haute vitesse et qu’il peut rapidement changer de direction tout en gardant toutes ses options ouvertes.
Si la qualité du jeu défensif de Molendyk ne me laisse pas en doute à savoir s’il pourra ou non évoluer au sein du circuit Bettman un jour, c’est son jeu offensif qui dictera où il s’insèrera dans une formation. C’est en fonction de cet aspect que j’ai statué ma position finale sur le défenseur des Blades.
Lors de mes premiers visionnements, il fut tout simplement phénoménal ! J’avais même pris une position très audacieuse par rapport à lui ainsi qu’à son classement. Ayant à suivre aux alentours de 60 joueurs à ce stade-là de la saison, s’écoulèrent un certain temps entre mes premiers visionnements et les suivants concernant Molendyk. Lorsque je jetais un œil à sa fiche statistique, sa faible production m’apparaissait plus comme une anomalie qu’autre chose.
J’ai été déçu de constater que les qualités qu’il m’avait démontrées en abondance lors de ses premiers matchs ne sont en fait qu’une parcelle de son jeu et qu’ils ne reviennent pas si fréquemment. C’est ce qui explique sa fiche offensive, ce n’est pas qu’il n’a pas le talent pour produire des chances de marquer, c’est qu’il ne génère pas assez de volume de cesdites chances pour que ça ce reflète plus concrètement sur sa fiche personnelle.
Son coup de patin lui permet de réaliser de très beaux jeux à la ligne bleue avec la mobilité qu’on lui connaît. Ça lui est arrivé à l’occasion de démontrer une confiance impressionnante en attaquant deux adversaires à la fois et en patinant droit entre les deux. Il peut quitter sa position comme bon lui semble, car il sait qu’il peut facilement revenir à l’arrière si la rondelle change de côté. À la majorité des occasions, lorsque son coup de patin était mis en évidence dans la zone offensive, son intelligence l’était tout autant. Il pouvait s’avancer avec la rondelle, remettre à un coéquipier à la ligne des buts et tout de suite exploser vers l’enclave pour un ‘Give-N-Go, il était toujours en mouvement et montrait réfléchir vite.
Sa distribution de rondelle est assez bonne, ayant réalisé des passes d’un niveau impressionnant que pas tous les espoirs arrivent à réaliser (des passes soulevées par-dessus des bâtons pour trouver un coéquipier dans l’enclave). Il est allumé sur la patinoire, dictant à ses coéquipiers où envoyer le disque.
Son tir balayé n’est pas mauvais même si l’on ne parle pas d’une arme potentielle à employer sur un avantage numérique.
Lors de ses montées, il tentait souvent des tirs voilés d’assez longue distance. Il a définitivement le patin pour poursuivre ses montées offensives plus profondément dans la zone, mais la longue portée avec laquelle il joue va un peu menotter son maniement de rondelle et cela va l’empêcher de pouvoir battre des joueurs en situation de un contre un.
De plus en plus, son portrait se dessine comme un défenseur moderne qui évolue dans les deux sens de la patinoire sans apporter trop d’offensive. J’aime encore le joueur, et même si je suis prêt à argumenter qu’un apport offensif substantiel n’est pas toujours nécessaire chez les défenseurs, l’histoire est un peu différente chez ceux qui font 5’11.
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