Tij Iginla : Analyse détaillée
Tij Iginla n’a pas besoin d’introduction, fort d’une impressionnante récolte offensive et fils de l’iconique légende des Flames de Calgary, le porte-couleur des Rockets de Kelowna mérite amplement l’enthousiasme qui lui est porté en tant que potentiel choix top 10 de l’encan 2024.
Malgré que l’on pourrait être porté à croire que la qualité de son lancer et sa capacité à marquer des buts est ce qui le distingue le plus en tant qu’espoir, je trouve qu’il y a des nuances dans son jeu qui prévalent plus à faire de lui un joueur unique.
Cela peut sembler niché un peu, mais ce que je trouve le plus identitaire chez Iginla est à quel point il est fort sur la rondelle. Malgré un gabarit dans la moyenne (6’0, 185lbs) il est très difficile à déloger de la rondelle. Il applique beaucoup de force vers le bas sur son bâton et, de la sorte, ne s’expose jamais à ce qu’un adversaire lui soutire la rondelle en levant son bâton. Pour l’avoir vu conserver le disque face à plusieurs opposants simultanément, je soupçonne qu’il possède une très bonne force de préhension et je suis bien curieux de savoir comment il fera à ce test au Combine.
Sa ténacité dans de tels scénarios est impressionnante, mais pour moi cette facette n’est pas uniquement question de ‘vouloir’, mais aussi d’habileté. On observe souvent chez des joueurs d’un gabarit similaire à Iginla se démarquant par cette habileté, une intelligence quant à l’endroit qu’il place la rondelle avant une confrontation face à un ou des adversaires, gardant la rondelle plus près de ses patins pour éviter de faciliter l’accès à ses rivaux. On observe d’ailleurs un athlétisme impressionnant chez Tij alors qu’il est très habile pour récupérer des rondelles avec ses patins avant de les rediriger vers sa lame de bâton. Dès lors qu’il semble hors d’une confrontation, il trouve un moyen de ressortir victorieux, avec la rondelle.
Une autre façon plutôt novatrice où la force de Iginla sur la rondelle ressort, c’est lors de mises aux jeux en territoire offensif. Le fils de Jarome a évolué au centre à différents moments dans la saison et il préconisait ce jeu où plutôt que de chercher à remporter la mise au jeu sur son revers pour l’envoyer à un défenseur, il poussait la rondelle vers l’avant, tassant son adversaire et effectuait une passe dans l’enclave.
Pour agrémenter cette facette, Iginla possède de très fortes hanches. Lors de bataille à un contre un, il va régulièrement rentrer sous son adversaire et s’appuyer fortement sur ses hanches pour gagner sa position.
Cette particularité physique lui permet d’effectuer de brusques et puissants pivots lui permettant de se créer de la séparation pour se défaire d’un couvreur.
C’est en utilisant ces pivots qu’Iginla va en profiter pour exploiter l’une des constantes dans son jeu, qui est d’attaquer le centre de la zone offensive. C’est un joueur qui ne trouve pas de complaisance à demeurer en périphérie, il va chercher par tous les moyens d’amener la rondelle dans les zones dangereuses.
Ce désir d’amener la rondelle vers le centre de la zone offensive est ce qui distingue le plus ses capacités en tant que fabricant de jeux. Il n’a rien d’un passeur spectaculaire, mais beaucoup de ses remises témoignent d’une forte compréhension du jeu et de maturité. Il complète beaucoup de passes ‘difficiles’ où il va faire glisser la rondelle sous des bâtons adverses. Une passe qui m’a marqué cette saison fut réalisée de son revers, en diagonale lors d’une transition alors qu’il s’y trouvait plusieurs obstacles entre lui et sa cible. Il ne fera pas toujours la passe qui va faire écarquiller les yeux et qui va concrétiser directement à une chance de marquer, mais il réalise beaucoup de passes que je considère d’un jeu ‘Pro’ alors qu’elles permettent à son équipe de conserver la possession du disque, ainsi que de faire progresser le jeu.
Ce n’est pas pour dire que le jeu de passe de Iginla est dénudé de créativité, loin de là. Il peut repérer des coéquipiers à l’aide de passes transversales et possède une aisance particulière à rejoindre des coéquipiers à l’embouchure du filet. Une sélection de jeux qui fait de lui un passeur ingénieux est comment il attire les adversaires dans une direction donnée avec son patin avant de remettre à contresens à un coéquipier qui s’était libéré.
Iginla est probablement reconnu principalement pour ses qualités en tant que marqueur. Je ne peux qu’être en accord avec cette affirmation, par contre, il y a une raison pour laquelle je n’ai pas débuté mon analyse avec ce trait. Malgré toute l’appréciation que je porte envers son tir, je crois que certaines personnes se sont un peu trop excitées par rapport à ce dernier. Ce qui n’est pas chose rare lorsqu’il y est question d’espoirs. On est souvent porté à croire qu’un très bon marqueur junior sera en mesure de battre les gardiens de la LNH d’une longue distance, sans même qu’il y ait d’écran devant eux.
Mais bon, il y existe tout de même une raison pour laquelle je vois Iginla accumuler des saisons de 30 buts dans la LNH.
Son tir des poignets est son arme favorite. Ce qui le rend dangereux, c’est qu’il n’a pas besoin d’élan pour décocher son lancer, et la vélocité de ce dernier ne s’en voit pas affectée. Sa dégaine est très vive et il est tout aussi doué pour décocher alors qu’il est en mouvement.
Dans mes visionnements, trois choses uniques sont ressorties, caractérisant ce qui distingue Iginla en tant que tireur.
En premier lieu, l’attaquant des Rockets de Kelowna fait preuve de patience lorsqu’il est dans l’enclave. Plusieurs joueurs seraient portés à précipiter leur tir, étant positionnés dans un endroit dangereux. Iginla va plutôt prospérer devant un défenseur qui s’agenouille pour améliorer son positionnement davantage.
Deuxièmement, il est notamment sournois pour tromper les gardiens qui trichent sur leur côté rapproché, anticipant la passe. Même les gardiens qui ralentissent leur déplacement sachant qu’Iginla n’est pas de son côté pour tirer sur réception se font battre par une dégaine très vive.
Et finalement, le fils de Jarome tire quelques traits du paternel alors qu’il fait preuve d’une intelligence prononcée pour se créer des chances de marquer. Il y existe une différence notoire entre un joueur qui possède un bon tir et un bon marqueur. Rien ne peut remplacer un instinct inné pour se démarquer, trouver les zones libres, avoir le bon ‘timing’, lire l’intention de ses coéquipiers et j’en passe. Iginla fait part de jeux très intéressants alors qu’il pointe à ses coéquipiers avec son bâton, l’endroit auquel il se dirige afin de se faire alimenter.
Iginla possède aussi une très bonne paire de mains. Il n’a pas nécessairement la mentalité de se diriger sur un adversaire avec l’intention de le déjouer, mais c’est très surprenant de voir à quel point il peut sortir un lapin de son chapeau alors que la pression se referme sur lui. Il est particulièrement fan du Toe-Drag du revers, ce qui n’est jamais déplaisant à regarder.
Il amène aussi beaucoup de substance à son jeu sans la rondelle alors que sa pression sur les défenseurs adverses est incessante. Cela offre une plus-value tout spécialement lors des désavantages numériques lorsque les défenseurs qui récupèrent la rondelle sont contraints à bouger rapidement et ne peuvent attendre que leurs coéquipiers soient bien positionnés pour relancer le jeu de nouveau. Cela permet d’écouler de précieuses secondes aux unités spéciales adverses.
Personnellement, Iginla me fait beaucoup penser à Brandon Hagel du Lightning de Tampa Bay. Ce n’est peut-être pas le comparable le plus entichant pour un choix top 10, mais je tiens à rappeler que Hagel compte plusieurs saisons de 25 à 30 buts et de 65 + pts et qu’il se montre souvent l’un des bons producteurs de la ligue à 5 vs 5. Et après tout, les comparaisons sont surtout utilisées à des fins de stylistiques, on est souvent bombardé de comparaisons établies entre des espoirs et des joueurs prédestinés à atterrir au Temple de la Renommée. Ça ne sera qu’un plus si Iginla atteint des sommets encore plus hauts qu’Hagel. Mais pour moi, la force qu’il fait preuve sur la rondelle en dépit d’un gabarit moyen, le jeu qui est constamment orienté vers l’intérieur des zones payantes, le travaille ininterrompu sans la rondelle ainsi que la distribution de rondelle sans artifices, mais demeurant d’une haute qualité, pouvant compléter des passes difficiles me font sans cesse penser aux porte-couleurs du Lightning.
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