Top-32 des meilleurs espoirs à la mi-saison (Simon) | Repêchage 2022

L’heure est aux classements de mi-saison dans le monde du «scouting» et ça vient avec des débats intéressants, tant à l’interne qu’à l’externe.

Lorsque j’ai sorti ma liste préliminaire, en novembre, je commençais déjà à avoir une bonne idée du type de joueur qui m’intéressait pour ce repêchage et j’avais hâte de voir la progression.

Trois mois plus tard, je vous présente donc mon top-32 de mi-saison, dans lequel certains joueurs ont fait une belle ascension alors que d’autres ont dégringolé – même hors de mon top-32 par moment.

Le top-10

Un seul joueur a quitté mon top-10 préliminaire, soit l’attaquant du Ice de Winnipeg Conor Geekie.

Dans son cas, je sais que certaines personnes ont questionné son coup de patin, mais je ne m’inquiète pas outre mesure là-dessus. Je pense que pour son imposant gabarit, il patine quand même bien et il possède une bonne vitesse. Du moins, assez bonne pour exécuter des jeux en possession de rondelle.

La chose qui a commencé à m’inquiéter dans mes visionnements de novembre jusqu’à février, c’est sa vision en attaque. Bien que je le trouve intelligent sur la patinoire, j’ai noté quelques prises de décision discutables en zone adverse, quelques analyses de la situation un peu plus déficientes. En avantage numérique, son jeu avec la rondelle m’a laissé tiède par moment et il a un peu mal déguisé ses intentions. J’ai peur de voir une stagnation dans son attaque, mais je ne désespère pas sur son cas. Je l’ai fait glisser en 12e position, mais le top-10 est encore accessible pour lui à mes yeux.

L’attaquant des Frontenacs de Kingston Shane Wright est resté au premier rang de ma liste. Encore une fois, la combinaison de talent, d’intelligence dans les deux sens et dans les trois zones, sa capacité à créer de l’attaque et son excellent lancer font de lui mon premier choix incontesté en vue du repêchage de 2022.

Est-ce que j’aimerais voir un peu plus d’intensité dans son jeu? Absolument. Je crois cependant qu’il est capable de prendre cette deuxième vitesse lorsque l’occasion se présente. Ce n’est pas comme si on ne l’avait jamais vu jouer à un rythme élevé.

J’ai inversé Logan Cooley, du Programme américain, et Matthew Savoie, du Ice, dans mon classement. La raison est simple: je me demande si Savoie peut être aussi efficace au centre dans la LNH qu’à l’aile. Il y a donc un petit astérisque.

En regardant jouer Cooley, il n’y a aucun doute quant à son potentiel au centre et à quel point il peut changer l’allure d’une équipe lorsqu’il sera prêt. Pour Savoie, son jeu à l’aile, alors que Jack Finley est au centre, m’a montré à quel point il a plus d’espace pour travailler et à quel point il est moins «facile» à contenir à forces égales.

Frank Nazar III, du Programme, et Juraj Slafkovsky, de TPS Turku, complètent mon top-5. Leur jeu d’ensemble, leur ténacité, leur talent et leur implication physique – même s’ils sont aux antipodes en fait de gabarit – n’ont fait que confirmer à quel point ces deux joueurs ont déjà de bonnes bases pour les développer et en faire des joueurs d’impact.

Le Russe Ivan Miroshnichenko et le Finlandais Brad Lambert viennent aux sixième et septième échelons. Je pense que certains observateurs ont un peu baissé les bras en ce qui les concerne, mais je garde personnellement confiance en leur jeu.

Miroshnichenko doit corriger son implication défensive et je veux qu’il soit plus près de sa zone en relance, mais ce sont des choses que j’ai un peu plus vues dans ma dernière ronde de visionnements. Sans parler de son tir, son patin, sa capacité à «grinder» le long des bandes et en fond de territoire offensif, qui me plaisent beaucoup.

Dans le cas de Lambert, c’est sa constance qui doit ressortir un peu plus à mes yeux. Je l’ai fait monter d’un rang parce que je trouve qu’il est talentueux, rapide, intelligent et qu’il est capable d’alimenter ses coéquipiers, mais je dois voir ça lors de chaque présence. Je ne sais pas s’il manque de motivation dans la Liiga, mais je pense que son développement stagne un peu là-bas.

L’attaquant suédois Jonathan Lekkerimaki est le seul joueur à avoir intégré mon top-10, passant de la 18e à la huitième place. Sa progression est très visible et après avoir dominé dans la Nationell, on voit à quel point il accomplit de belles choses au niveau professionnel, dans la SHL.

Lekkerimaki possède potentiellement le meilleur lancer du repêchage, mais ça vient avec beaucoup plus. Sa vitesse est impressionnante, il est agile et il a de bonnes mains, ses entrées de zone sont efficaces et il utilise bien ses coéquipiers. Son intelligence sur la glace fait de lui un joueur qui reconnaît les situations défensives, tout en relançant rapidement l’attaque.

Selon moi, tout ce que Joakim Kemell fait de bien, Lekkerimaki le fait mieux – à part probablement le côté plus «grinder».

Rutger McGroarty et Isaac Howard, tous deux du Programme, complètent mon top-10.

McGroarty possède un excellent lancer et il est selon moi un futur attaquant de puissance qui pourra créer de l’espace pour ses coéquipiers, tout en ayant la capacité de se libérer et de se placer dans les endroits dangereux pour marquer des buts. Ses passes ne sont pas vilaines non plus. Howard est à mon avis un des joueurs les plus complets du repêchage. Sa vitesse, ses mains, son QI de hockey et sa vision font de lui un joueur très menaçant sur la glace et son éthique de travail l’aidera à avoir la confiance des entraîneurs qui le dirigeront.

De bons souvenirs de 2019

Ceux qui me connaissent savent à quel point j’affectionne le Programme de développement américain. Le plaisir que j’ai à regarder ce groupe en ce moment me replonge en 2019, quand les Jack Hughes, Trevor Zegras, Cole Caufield, Matthew Boldy, Alex Turcotte, et j’en passe, faisaient la pluie et le beau temps.

Bien que le talent de l’équipe actuelle semble moins explosif quand 2019, c’est le côté papier sablé, rugueux, plus professionnel qui ressort à mes yeux cette saison. Je regarde le Programme depuis longtemps déjà, depuis l’époque de FASTHockey (l’ancêtre de HockeyTV), et je ne me souviens pas d’avoir vu une aussi belle combinaison de talent et d’éthique de travail au sein de celui-ci.

J’ai déjà nommé Cooley, Nazar III, McGroarty et Howard dans mon top-10, mais j’ai également quatre autres joueurs du Programme dans mon top-32, soit Jimmy Snuggerud, Seamus Casey, Cutter Gauthier et Lane Hutson.

En attaque, Snuggerud et Gauthier sont tout simplement deux joueurs qui pourront à mon avis s’insérer dans n’importe quelle équipe et sur n’importe quel trio. Snuggerud a selon moi un meilleur tir que Gauthier, mais ce dernier a un meilleur coup de patin. Sur la glace, les deux ont une attitude professionnelle et ils ont une bonne éthique de travail. Avec leur gros gabarit, ils sont vraiment dérangeants sur le jeu.

Casey est un peu mon défenseur baromètre depuis le début de la saison. Je l’avais 15e en juin 2021 et en novembre 2021. Il retrouve ce rang en raison de sa stabilité en général. Il est bon en attaque, en défensive, en relance et pour faire attention à la rondelle.

Pour Hutson, chaque fois que je le regarde, il m’impressionne, même à cinq pieds huit pouces et 150 livres. Oui, il a ses limitations physiques, mais c’est surprenant de le voir quand même tenir son bout contre des joueurs plus imposants. Je ne parle même pas de ses habiletés offensives, son agilité, son intelligence et son patin fluide. Un petit coup de coeur pour moi et d’autres membres du TSLH Espoirs.

Les petits nouveaux

Cinq nouveaux joueurs ont fait leur entrée dans mon classement, donc quatre défenseurs. Le plus haut d’entre eux, la défenseur du Spirit de Saginaw Pavel Mitnyukov, a abouti au 19e rang.

J’avais regardé quelques matchs de Mintyukov en novembre, mais poursuivant mes visionnements, j’ai pu noter à quel point il avait une belle confiance avec la rondelle et à quel point il était stable en défensive. Son patin est bon et il reconnaît très bien les moments pour se joindre en attaque. Mintyukov est également capable de distribuer quelques mises en échec, ce qui fait de lui l’un des défenseurs les plus complets du repêchage.

Le jeu plus physique de Mintyukov en défensive et son habileté à bien couvrir les joueurs adverses ont fait en sorte que je l’ai placé un peu plus haut que Kevin Korchinski (25e) et Calle Odelius (26e), deux défenseurs qui ont un style similaire, mais qui manquent un peu de polissage dans leur territoire.

Le jeune centre des Steelheads de Mississauga Owen Beck a également été inséré dans mon top-32, au 28e échelon. À sa première saison dans la OHL, Beck a montré des capacités dans les deux sens et sa combinaison gabarit-patin fait de lui un joueur très intéressant à développer. Il a un bon tir et il est capable de déculotter quelques joueurs à un contre un. J’aimerais toutefois le voir foncer un peu plus au filet en baissant l’épaule.

Finalement, le défenseur des Broncos de Swift Current Owen Pickering a trouvé son chemin vers le 31e rang. Ce que j’aime beaucoup de Pickering, c’est son jeu défensif, sa capacité à freiner les attaques adverses, son habileté à contrer les joueurs dans sa zone et sa mobilité pour son gabarit. Le problème que j’ai avec lui, c’est que je trouve qu’il manque d’upside offensif. J’ai de la misère à le voir produire régulièrement dans la LNH, mais je pense qu’il pourrait être efficace comme un genre de Joel Edmundson.

Rangs controversés?

Depuis le mois de novembre, je reçois beaucoup de questions et de commentaires concernant l’attaquant finlandais Joakim Kemell et le défenseur tchèque David Jiricek. Deux joueurs qui sont beaucoup plus bas dans ma liste que ce qu’on peut voir ailleurs.

Encore une fois, ces deux joueurs ont descendu parce que je ne note pas de progression en ce moment et j’ai mes réticences quant à leur potentiel. Je ne vois pas ce que certains voient en eux et c’est bien correct.

Pour moi, Kemell ne semble dans la bonne chaise que lorsqu’il est en mesure d’être alimenté par ses coéquipiers ou lorsqu’il joue sur l’avantage numérique. C’est un joueur qui a un bon coup de patin et qui a de très bonnes mains, mais je note de fameux «red flags» qui m’empêchent de le faire grimper dans les rangs dans mon classement.

Kemell doit absolument apprendre à utiliser ses coéquipiers et à garder la rondelle moins longtemps sur sa palette. J’ai besoin de le voir faire progresser le jeu en zone offensive et non de le faire mourir en décochant un tir anodin dans le plastron du gardien ou en tentant de déculotter deux joueurs. Il est capable de le faire.

Dans le cas de Jiricek, les «red flags» me semblent encore plus flagrants. Sa mobilité de reculons et latéralement est simplement mauvaise à mes yeux. Ses lectures de jeu et son analyse, tant en attaque qu’en défensive, sont régulièrement erronées et il devra avoir beaucoup de polissage dans son jeu. Si certains jugent son potentiel et ce qu’il pourrait devenir pour le mettre très haut, je n’ai aucun problème avec ça, mais de mon côté, je ne peux absolument pas passer par-dessus ce nombre élevé de lacunes.

Jiricek a aussi des atouts. Il possède un excellent lancer, il est capable de s’impliquer physiquement, il peut relancer l’attaque et son éthique de travail est très bonne. Dommage qu’il soit blessé en ce moment parce qu’il avait montré de petits signes de progression.

Dans les mêmes eaux

Je conclus en faisant la mention de certains joueurs que j’aime bien, qui sont sensiblement restés dans les mêmes eaux.

Le défenseur slovaque Simon Nemec, l’attaquant russe Danila Yurov, le défenseur des Warriors de Moose Jaw Denton Mateychuk et l’attaquant des Remparts de Québec Nathan Gaucher font tous partie de mon top-32 depuis juin 2021 et ils n’ont pas bougé énormément depuis un an.

Nemec est passé du 10e au 12e au 11e échelon et c’est un jeune qui continue à aller dans la bonne direction pour moi. Son instinct offensif est très élevé, mais c’est aussi son plus grand ennemi. Je veux le voir être plus prudent et plus dosé dans ses envolées offensives.

Yurov a été classé 11e, 11e et maintenant 13e. J’ai l’impression que dans son cas, s’il était plus utilisé dans la KHL ou s’il était plus constant dans la MHL, il se battrait pour mon top-5. Le talent est là, l’intelligence aussi et il est capable de plus s’impliquer en défensive que d’autres devant lui. Je dois simplement le voir régulièrement.

Mateychuk a progressé du 25e au 19e au 17e rang. S’il était un peu plus efficace en défensive – j’ai vu des matchs très ordinaires dans sa zone – il pourrait s’approcher de Nemec dans mon classement. Le côté offensif est bon, notamment grâce à son excellente vision, et il mange beaucoup de minutes.

Finalement, Gaucher valse de la 23e à la 29e à la 24e place. Je pense que le «package» de Gaucher n’est plus à contredire. C’est un joueur qui sera selon moi efficace en attaque et en défensive tout en ajoutant une dose physique sur la glace. Il fait des choses très utiles sur la patinoire, que ce soit par ses lectures, ses mises en jeu, sa pression en échec-avant. Ma très légère inquiétude est sa projection de points dans la LNH. Mais rendu là, c’est le temps qui nous le dira – comme pour tous les autres.