Trevor Connelly : Analyse détaillée
Trevor Connelly aura fait couler beaucoup d’encre cette saison, principalement pour des raisons hors-glace, mais son jeu sur la patinoire est tout autant polarisant. En dehors des controverses, Connelly a produit à chaque niveau de jeu dans lequel il aura évolué cette saison : meilleur compteur du Hlinka à égalité avec Berkly Catton, 2e meilleur du tournoi WJAC, 9 pts en 7 matchs au U-18, mais surtout, meilleure moyenne de pts par match de la USHL.
Connelly est un joueur électrisant, il n’y a pas de meilleurs mots pour le décrire. Très peu de joueurs peuvent transporter la rondelle d’un bout à l’autre de la patinoire comme il le peut. Lorsque l’on combine un contrôle de rondelle élevé et une telle vitesse, il n’est pas étonnant que les défenseurs peinent à le contenir. Malgré tous les torts que je lui adresse, je me dois de lui décerner que des louanges pour sa propension à attaquer le filet alors qu’il est à pleine vitesse. Tu ne prends pas de tels risques sur la patinoire si tu n’as pas un haut niveau de dédication à faire gagner ton équipe.
En plus d’être très rapide, Connelly a la capacité unique de vivement changer de direction alors qu’il est déjà à pleine vitesse. Les défenseurs n’ont pas le jeu de pieds nécessaire pour ajuster leur approche et le contrer. Je voue une affection particulière de comment il se sert de cette technicalité pour se frayer entre deux adversaires, démontrant une fois de plus sa témérité.
Une autre chose d’unique à propos de son patin est que non seulement il peut utiliser d’habile pivot en espace restreint, mais il est capable d’accélérer à la sortie de ces pivots et de donner de l’espace.
Le représentant du Storm de Tri-City est l’un des manieurs de rondelle des plus excitants de ce repêchage. Le plus impressionnant est comment qu’il parvient à manœuvrer à l’intérieur du Triangle des défenseurs.
Offensivement, la production de Connelly sera toujours intimement liée à ses talents de fabricants de jeux. Je vais avouer ne pas avoir le biais le plus favorable envers Connelly, mais il est capable d’orchestrer des jeux dignes des faits saillants des bulletins sportifs. Il se démarque des autres passeurs de par sa grande générosité lorsqu’il se retrouve près du filet. Ceci constitue un drôle de paradoxe compte tenu de sa prédisposition à conserver la rondelle trop longtemps. Malgré un certain égoïsme, il va se priver d’occasion en or de tirer pour alimenter ses coéquipiers.
Souvent, les joueurs qui étirent leur possession de rondelle jusqu’à ce qu’il la perde sont des joueurs qui ne possèdent pas une très bonne vision du jeu. Cela n’est pas le cas pour Connelly. L’attaquant Américain est aussi l’un des meilleurs de cette classe pour réaliser des passes transversales. Ce qui rend ses talents de distributeur de rondelle si aiguisés est qu’il est un adepte dans l’art de faire déplacer la couverture défensive avant une remise. On pourrait même parler d’un certain élément d’imprévisibilité, car on ne sait jamais quand il va penser à passer la rondelle, lui qui prolonge généralement ses possessions de disque.
En tant que tireur, en dépit de ses 31 buts en USHL cette saison, je ne vois pas une tonne d’Upside comme marqueur pour Connelly. Son lancer n’est pas le plus puissant et c’est surtout que, mis à part ses percées au filet, on ne voit pas beaucoup Connelly s’approprier les zones dangereuses. Beaucoup de ses tirs proviennent de l’extérieur. Et sans la rondelle, il n’est pas celui qui vient leurrer dans la circulation lourde.
Jusqu’ici tout semble indiquer que Connelly est un espoir digne d’une haute sélection au repêchage, alors pourquoi je tiens une position si ferme envers le joueur ? Cela pourra sembler excessivement sévère, mais pour pas mal l’entièreté du calendrier, je décrivais Connelly comme un athlète doté d’un grand talent qui ne sait pas comment jouer au hockey, du moins, pas du hockey collectif et structuré.
D’entrée de jeu, Connelly est possiblement le joueur qui commet le plus de revirements qui m’ait été donné de voir. Je suis prêt à vivre avec un certain nombre puisque, comme je l’expliquais dans mon profil sur Ivan Demidov, il y existe une forte interdépendance entre le niveau d’habileté des joueurs et les revirements commis par ceux-ci. Tu ne veux pas freiner les fers de lance de ton offensive d’exploiter leur talent, mais tout est une question de Ratio. Dans le cas de Connelly, le nombre de revirements est simplement trop difficile pour moi d’ignorer.
La majorité de ses pertes de possessions surviennent suite à des jeux individualistes, mais derrière cela nous observons aussi deux autres détails plutôt alarmants dans son jeu.
En premier lieu, son niveau d’effort pour tenter de réparer son erreur est quasi-inexistant. Cela est inexcusable.
Et deuxièmement, on peut observer que Connelly se fait facilement neutraliser lorsque des défenseurs engagent le corps face à lui. Il n’a pas de porte de sortie si sa première feinte ne fonctionne pas, il n’aura jamais le physique ni la force pour remporter une bataille pour la rondelle par la suite.
Au-delà des pertes de rondelles suite à des jeux égoïstes, Connelly commet tout autant de revirement par la voie de la passe.
Généralement, lorsqu’un joueur possède un niveau de talent clairement au-dessus de la compétition, il serait censé être, pour ses coéquipiers, facile de jouer avec ce joueur ; il peut créer des ouvertures de passes grâce à une belle feinte, il peut repérer les options de passes difficiles, faire reculer les défenseurs avec sa vitesse, ne pas rater ses chances de placer la rondelle dans le filet, etc. Hélas, il est DIFFICILE pour les coéquipiers de Connelly de jouer avec lui. Ceux-ci sont habitués de le voir conserver la rondelle beaucoup trop longtemps à la majorité du temps qu’il touche à celle-ci. Or, il arrive souvent que quand il leur remet la rondelle, il ne s’y en attende même pas, car cela est trop inhabituel dans ses tendances.
Il traite souvent ses coéquipiers comme une option de dernier recours, une sortie de secours en quelque sorte. Principalement en transition, lorsque le jeu se referme sur lui et qu’il ne voit pas comment qu’il pourrait se sortir de cette situation.
De plus, même si ces passes atteignent sa cible, elles placent toujours le récipiendaire de celle-ci dans une situation précaire.
Dans la zone offensive, il est victime de beaucoup de revirements, car il tente des jeux à très faible pourcentage.
Une séquence en particulier m’a rendu tout simplement bouillant. Le jeu se déroule à 3 contre 3 en prolongation. Connelly détient la rondelle et après avoir effectué quelques fantaisies il échappe momentanément le disque qui se dirige le long de la bande.
Au lieu de prendre la pression sur lui, accepter la mise en échec de son rival et remettre au défenseur à sa ligne bleue, Connelly s’est empressé de rejeter la rondelle derrière le filet (surprise, un défenseur de l’équipe adverse s’en est emparé) et par après, retourne mollement au banc de son équipe. Les stratégies des formations en prolongation sont désormais de conserver impérativement le disque, il restait 4 minutes encore à la période d’OT et il sacrifie une possession, car il ne voulait pas prendre la mise en échec. C’est inacceptable selon moi.
Son jeu sans la rondelle se veut très erratique. Il peut se faire prendre les pieds dans le ciment lors des contre-attaques adverses et que le porteur de la rondelle lui fait face. Suite à cela, il ne se retrouve hypnotisé par la rondelle et oublie de couvrir son joueur.
Il peut aussi être déroutant de chercher à comprendre certaine de ses décisions sur la patinoire. À 2 reprises, alors qu’il était le dernier joueur de son équipe sur la patinoire, son bâton s’est brisé. Un adversaire s’emparait du disque et n’avait que Connelly, sans bâton, pouvant l’empêcher de se rendre au filet en échappée. Plutôt que de chercher à bloquer le chemin à son adversaire avec son corps, il retraita pénard à son banc pour récupérer un autre bâton, donnant ainsi une échappée franche à son adversaire.
Lorsqu’employé en désavantage numérique, nous pouvions constater son immaturité alors qu’il ne semblait vouloir que chercher à créer de l’offensive, même dans une situation à court d’un homme.
De plus, son positionnement dans de telles situations est simplement atroce. Il concède énormément trop d’espace aux joueurs à la pointe lorsqu’ils ont la rondelle et c’est l’un de ses coéquipiers qui doit lui dire d’aller mettre de la pression. Comme dit précédemment, il est souvent hypnotisé par la rondelle alors plutôt que de se concentrer sur sa zone attitrée, il se déplace pour couvrir la même ligne de passe que son partenaire à l’avant surveille déjà.
Concernant cela, il y a deux façons de voir les choses. La première serait de dire, de toute façon, Connelly ne jouera pas sur le désavantage numérique dans la LNH, alors pourquoi ce serait grave s’il n’excelle pas dans cette facette dans la USHL ? Ce à quoi je réponds que cela démontre des lacunes importantes quant à ses lectures de jeu défensives et que des scénarios similaires peuvent également se produire à 5 contre 5.
Bref, suite à cette lecture, vous avez désormais tous les arguments qui expliquent pourquoi je place ce joueur aussi bas dans ma liste. Quant aux histoires hors-glace, je ne place pas de poids à cela dans mes évaluations. Je respecte les opinions de tous et chacun sur ce sujet.
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