William Trudeau: «c’est un des joueurs qui s’est le plus amélioré»
Jouer dans la AHL à 20 ans, ce n’est pas toujours facile. Pour William Trudeau, ça ne semble pas poser problème jusqu’ici.
C’était un 6 janvier 2023. Les hauteurs de la Place Bell, habituellement glaciales en terme de température, se sont réchauffées momentanément avec un but à 30 secondes de Rafael Harvey-Pinard pour compléter le «comeback» contre Manitoba. Le match se dirige en prolongation. Certains textes journalistiques sont à refaire. Le Moose marque en prolongation et on connaît l’issu du match maintenant. C’est l’heure de descendre au vestiaire pour parler aux joueurs. À une semaine post-célébration des Fêtes, prendre les marches n’est pas un luxe pour ma forme physique. Disons que je me souhaite rapidement un retour au gym !
Dans le vestiaire, malgré ma demande pour parler à William Trudeau, ce dernier brille par son absence. Aucun problème, il y a d’autres joueurs disponibles. La responsable des communications du Rocket m’avise, une fois les entrevues d’après-match terminées, que William pourra être là dans quelques minutes. J’attends 30 secondes.
Essoufflé et en sueur, William Trudeau se présente avec son amabilité habituelle. Il sortait du gym.
Vous avez bien lu. Après environ 20 minutes de temps de jeu incluant un combat et une course folle pour la rondelle en fin de match (j’y reviendrai), William sortait tout droit du gym.
Ajouter une corde à son arc
Le jeune Trudeau est très dédié à son entraînement et à son identité professionnelle qu’il travaille constamment.
En effet, dans une ligue plus physique et plus talentueuse, Trudeau a dû s’ajuster rapidement. Il me confiait en entrevue au début de l’année avoir grandement travaillé sur sa force physique. Et décidément, son travail porte fruit jusqu’à présent.
«Il faut être capable de jouer robuste parce que c’est du monde plus vieux que toi. Le plan cet été était de gagner de la puissance. C’était dans les critères que je devais améliorer,» m’expliquait-il dans un entretien pour le TSLH Espoirs.
On se retrouve donc avec un William Trudeau qui a amélioré sa prise de décision en relance, son anticipation sur les contre-attaques et on y ajoute à cela une touche physique grandement intéressante.
C’est d’ailleurs ce qui lui permet de «survivre», si vous me permettez l’expression, dans la AHL. Trudeau n’a pas un rôle comme Nicolas Beaudin, soit de diriger un avantage numérique. Par contre, il solidifie très bien la défensive et donne de l’énergie à son club avec de bons coups d’épaule.
Plus de tâches
Récemment, l’entraîneur-chef du Rocket, Jean-François Houle, lui a confié plus de responsabilités. En effet, le jeune Trudeau patrouille la première unité depuis le rappel de Justin Barron. Il a profité de cette promotion pour inscrire son premier but en carrière dans la AHL. À ses quatre derniers matchs, le défenseur cumule 3 points. En effet, il a ajouté deux passes à sa fiche dans les matchs suivant son but.
«C’est vraiment simple. Quand un jeune démontre en vouloir plus, on va y en donner plus. Comme instructeur, il n’y a pas d’ingrédient magique. C’est le joueur qui tient le bâton. Il en veut plus, donc on lui en donne plus et il s’améliore en plus donc tout le monde est gagnant.»
– Jean-François Houle après le match de vendredi
William Trudeau me confiait dans un entretien que son objectif était de demeurer à Laval toute la saison. Clairement, il donne de bons arguments pour sa candidature dans l’alignement avec tout le travail qu’il y met. Présentement, l’absence de nombreux joueurs est une excellente situation pour lui afin de monter son jeu d’un cran.
«Il nous manque beaucoup de joueurs en ce moment. Il y a plusieurs joueurs qui ont de plus gros rôles. Je pense que je prends bien mon rôle. Il faut que je continue de même.»
– William Trudeau après le match de vendredi
Progression fulgurante
Depuis des années, le nom de William Trudeau est collé au mot «progression». À son premier camp dans la LHJMQ, le défenseur du Rocket de Laval avait laissé une impression «correcte» pour reprendre les termes de Jim Hulton, entraîneur des Islanders de Charlottetown. Depuis, la progression du défenseur de 20 ans est observable à plusieurs niveaux.
Je me rappelle lorsque j’ai observé William Trudeau à Charlottetown l’an dernier, certains aspects de son jeu m’avaient refroidi. D’abord, son coup de patin vers l’avant me semblait problématique au niveau junior. De plus, ses passes télégraphiées faisaient en sorte que de nombreux jeux avortaient. On dit parfois que l’échantillon de matchs y est pour quelque chose. Toutefois, ce sont des observations réalisées sur plusieurs matchs.
Maintenant dans la AHL, je craignais que son anticipation parfois moins bonne lui pose problème. Depuis le début de la saison, tous les petits aspects qui me dérangeaient dans son jeu n’ont pas été observés. Sa prise en puissance dans le gym lui a assurément servi au niveau de son explosion sur patin d’ailleurs.
Sa prestance au sein du Rocket demeure fidèle à son parcours, soit une progression et une amélioration constante. Il s’est amélioré dès son entrée dans la LHJMQ et il progresse super bien encore aujourd’hui dans un niveau professionnel. Après le match de vendredi, l’entraîneur du Rocket n’avait que de bons mots pour le défenseur de 20 ans.
«C’est un des joueurs qui s’est le plus amélioré depuis le début de l’année. Il patine, il frappe, il est physique et il joue bien la rondelle. »
– Jean-François Houle après le match de vendredi
Dans son match du 6 janvier, Trudeau a de nouveau imposé sa présence avec de lourdes mises en échec. C’est une chose d’en faire, mais Trudeau les complète également. Il prend soin de se repositionner pour le jeu suivant et c’est une belle maturité acquise dans son jeu.
Il en a même profité pour jeter les gants. Un combat qu’il remporta au grand plaisir de ses coéquipiers. Ce n’était pas son premier dans la AHL d’ailleurs. Pourtant, en LHJMQ l’an dernier, le défenseur n’a jeté les gants qu’une seule fois avec les Islanders.
«Je pense que pour pouvoir performer dans ce niveau-là, il faut que tu sois capable de jouer physique. C’est une chose que j’avais bien faite au camp d’entraînement et que les coachs ici avaient bien aimée, donc je continue à le faire.»
– William Trudeau après le match de vendredi
De plus, Trudeau a montré de beaux moments offensivement. Tant pour appuyer l’attaque qu’en support à la ligne bleue offensive, Trudeau s’est montré solide à ses derniers matchs. Houle n’a pas hésité à l’envoyer dans la mêlée lorsqu’il a retiré son gardien à 6 minutes de la fin du match vendredi. Le défenseur a bien répondu, se faisant complice sur le but d’Alex Belzile. Le défenseur a même gagné sa course contre un adversaire pour le neutraliser avec son bâton, empêchant un but certain au Moose dans un filet désert.
Vraiment, la progression de Trudeau se passe très bien même s’il apprend dans une ligue d’homme comme la AHL. Doit-il être rappelé pour autant ? Je ne crois pas. Toutefois, on sent une belle maturité chez ce jeune puisqu’il est conscient de ce qu’il lui faut faire pour espérer graduer vers la NHL.
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