Analyse de progression chez le CH : 3 exemples probants

Les Canadiens de Montréal sont en plein cœur de leur reconstruction. Comme je le mentionnais plus tôt aujourd’hui, Kent Hughes a encore beaucoup de travail à faire : échange de joueurs autonomes sans compensation, évaluation des jeunes vétérans, développement des recrues, repêchage, addition d’agents libres, notamment. D’ailleurs, je me pose la question : sur quels éléments les joueurs ou l’équipe ont-ils progressé par rapport à la saison dernière? Je vous propose d’aborder 3 exemples de progression.

#1 : Cole Caufield, le joueur complet

Rappelez-vous, décembre 2023, Cole Caufield n’avait marqué que 7 buts dans les 26 premiers matchs de la saison 23-24, générant moultes inquiétudes chez les fans du CH. Son coach, Martin St-Louis, avait alors fait une déclaration controversée. Il affirmait que l’accompagnement de Caufield ne visait pas seulement à ce qu’il marque des buts, mais à ce qu’il grandisse comme joueur, à ce qu’il soit davantage impliqué physiquement et défensivement, à ce qu’il devienne un joueur plus complet. Et les buts viendraient, car un marqueur naturel n’oublie jamais comment faire!

Or, force est de constater cette saison que Cole a bien intégré les enseignements de son entraîneur. À preuve, il cumule 51 points en 58 matchs (27 buts et 24 passes), ce qui en fait le 2^e meilleur marqueur de l’équipe derrière Nick Suzuki. Il n’est d’ailleurs qu’à 1 seul but de son total de la saison passée. Il fait de superbes passes, et pas seulement des passes secondaires. Il est plus responsable en défensive, comme en témoigne son différentiel de moins 3, sa meilleure performance à ce chapitre depuis ses débuts avec les Canadiens. En somme, il s’est vraiment amélioré!

#2 : Emil Heineman, le souci du détail

Un brin d’histoire pour débuter. Qui se souvient comment Emil Heineman a abouti chez les Flames de Calgary? Le 12 avril 2021, dans le cadre d’un échange après la date limite (possible, mais joueur non disponible avant la saison suivante), Calgary faisait l’acquisition de Heineman et d’un choix de 2^e ronde des Panthers de la Floride, en échange de Sam Bennett. Rétrospectivement : WTF?!!! Le 14 février 2022, Emil et des choix de repêchage arrivaient à Montréal, contre Tyler Toffoli.

Après une saison respectable avec le Rocket de Laval, où Heineman a poursuivi son développement, le joueur d’origine suédoise vit une première saison dans la NHL en 2024-2025. Sur le 4^e trio, flanqué de Evans et Armia, il cumule 17 points (10 buts et 7 passes) en 47 matchs. Ce n’est cependant pas sa production offensive qui le démarque, mais plutôt son jeu sur 200 pieds. C’est un joueur responsable et engagé, qui se présente à toutes les parties. Toujours bien positionné, il démontre un souci du détail dont tous les entraîneurs rêvent. D’ailleurs, il a beaucoup manqué au CH durant sa blessure (rappelons qu’il fut frappé par une voiture, alors qu’il était piéton à Salt Lake City, le 14 janvier dernier). Aujourd’hui même, il était encensé par l’ex-coach Bob Hartley sur les ondes de BPM sports, qui clamait haut et fort que c’est avec de tels joueurs qu’on gagne des championnats. Rien de moins!

#3 Les unités spéciales, le jour et la nuit

La saison 2023-2024 a été pénible pour le CH, au niveau du taux de succès des unités spéciales :

• Taux avantage numérique (power play-PP) : 17,5% (27^e rang sur 32 dans la NHL);
• Taux désavantage numérique (penalty killing-PK) : 76,5% (24^e rang sur 32).

Vous connaissez probablement la « règle des 100 » pour les unités spéciales? Si l’addition des taux de PP et de PK donne un total supérieur à 100 %, on dit que l’équipe est efficace dans les situations d’avantage et de désavantage numériques. Qui plus est, en 2021, le blogue Daily Faceoff partageait une analyse tendant à démontrer qu’environ 65 % des équipes au total de plus de 100% participent aux séries éliminatoires!

Or, la saison 2024-2025, bien qu’elle ne soit pas terminée, montre un tout autre visage des unités spéciales chez les Canadiens :

• Taux avantage numérique (PP) : 21,6% (16^e rang sur 32 dans la NHL);
• Taux désavantage numérique (PK) : 81,8% (7^e rang sur 32).

Vous conviendrez avec moi que c’est toute une amélioration, avec un total de 103,4%, près de 10 % de plus que le total de 94 % de l’année dernière! Plusieurs facteurs peuvent expliquer une telle progression, mais nous pouvons avancer, non exhaustivement : les arrivées de Patrick Laine et de Lane Hutson sur l’avantage numérique; l’efficacité du duo Evans et Armia en désavantage numérique; l’engagement défensif de toute l’équipe, qui semble avoir acheté le système de jeu de Martin St-Louis.