« Ma progression a stagné quand j’ai subi ma blessure au genou » 

Ramzi Abid a connu une carrière junior des plus fascinantes. Le Montréalais s’est fait un nom dans la LHJMQ, autant grâce à ses points qu’à ses poings. À 17 ans seulement, il récoltait 135 points en 68 matchs, dont 50 buts, en plus de passer 266 minutes au banc des pénalités! Malheureusement pour lui, les blessures au genou ont entravé son séjour dans le circuit Bettman.

Abid n’était pas sous la loupe des dépisteurs de la LNH au début de son année de repêchage. Sélectionné au 5^e tour par les Saguenéens de Chicoutimi un an plus tôt, l’attaquant de 6’2 a éclos à 17 ans, finissant au sommet du classement des pointeurs de la LHJMQ et décrochant le trophée Michel-Brière, décerné au meilleur joueur de la ligue en saison régulière. Depuis le début du 21^e siècle, seuls deux joueurs de 17 ans ont su éclipser la barre des 110 points dans la LHJMQ : Sidney Crosby (2005) et Pierre-Marc Bouchard (2002). À cet égard, Abid avait récolté 135 points en 1998 ; soit 20 de plus que Vincent Lecavalier, le premier choix du repêchage de la LNH la même année.

Au-delà des statistiques offensives, le jeune attaquant n’avait pas froid aux yeux, jetant les gants devant n’importe qui osant le défier. Ses 825 minutes de pénalité en 250 matchs junior en témoignent. « On me reprochait toutefois mon coup de patin. C’était ma faiblesse. J’étais classé 8^e dans la dernière liste avant le repêchage et j’ai finalement glissé jusqu’à 28 », confie l’homme de 44 ans, autrefois perçu comme l’un des meilleurs espoirs québécois au monde.

Blessures au genou

Malheureusement pour le principal intéressé, les blessures au genou subies à ses débuts dans la LNH n’ont rien fait pour améliorer sa mobilité. En moins de douze mois, il a subi deux interventions chirurgicales pour réparer une déchirure au ligament croisé antérieur : la même blessure qui nuit aujourd’hui au jeune David Reinbacher, et comparable à celle qui a contraint Kirby Dach à tirer un trait sur la dernière campagne.

« Ma progression a stagné à 22 ans, quand j’ai subi ma blessure au genou. J’avais un bon début de carrière professionnel. J’ai eu mon opération et quelques matchs après mon retour au jeu, j’ai subi la même blessure à nouveau, au même genou. Cela a fait très mal à mon développement, surtout à un moment dans ma carrière où je voulais faire ma place dans la grande ligue. »

Les blessures au genou ont également ralenti la progression de David Reinbacher au cours des dernières années. Être privé d’une saison supplémentaire sera tout sauf bénéfique pour le jeune défenseur, et selon Abid, le mot d’ordre devra être la persévérance : « Quand j’ai subi ma deuxième blessure, les médecins n’étaient pas très optimistes quant à mon retour au jeu et à l’avenir de ma carrière. J’ai démontré de la persévérance pour revenir », souligne l’ancien joueur.

Abid a continué de jouer dans les rangs professionnels pendant plus d’une décennie, principalement en Europe, après ses deux reconstructions du genou. Toutefois, il n’a malheureusement jamais su se tailler un poste de régulier dans la LNH, ce qu’il semblait sur la voie d’accomplir avant que les problèmes de santé déferlent sur lui.

Arber Xhekaj et la famille Tkachuk

Rares sont les joueurs dans le hockey d’aujourd’hui qui se distinguent autant par leurs apports offensifs que par leur volonté de laisser tomber les gants régulièrement. Les frères Tkachuk font actuellement exception à la règle, au grand plaisir de Ramzi Abid. Plus jeune, ce dernier idolâtrait Keith Tkachuk, le paternel de ceux qui sèment aujourd’hui la terreur sur les patinoires de la Ligue nationale de hockey.

Abid a eu la chance de côtoyer son idole à son arrivée dans la grande ligue, avec les Coyotes de Phoenix. Il se remémore les jeunes Matthew et Brady Tkachuk, courant dans le vestiaire de l’équipe après les matchs et les entraînements : « Je ne me doutais pas du tout qu’ils allaient devenir aussi bons, sinon meilleurs que leur père. »

Brady Tkachuk a justement fait des siennes mardi, à Montréal, en jetant les gants devant Arber Xhekaj après un coup controversé aux dépens de Tim Stützle. Xhekaj avait fait de même le match précédent, se ruant sur Cédric Paré après sa mise en échec à l’endroit de Patrik Laine. Heureusement, on sait maintenant que Laine a miraculeusement évité une déchire du ligament au genou sur la séquence, contrairement à Reinbacher, Dach et Abid.

Ce dernier croit qu’Arber Xhekaj et Brady Tkachuk ont fait le nécessaire pour venir à la défense de leur coéquipier étoile. Compte tenu de sa feuille de route, il est raisonnable de s’imaginer que Ramzi Abid aurait lui aussi défendu son coéquipier dans une situation similaire.

« C’est important pour un gars comme Arber Xhekaj de protéger ses coéquipiers et de répondre à ces gestes. Il a fait le nécessaire. Au niveau professionnel, ça fait encore partie de la game. Tu peux voir que l’équipe du Canadien se tient et qu’ils sont unis. »

Carrière junior unique

Vous avez peut-être écarquillé les yeux en lisant, plus tôt dans le texte, les statistiques personnelles de l’attaquant originaire de Montréal. Abid a été impliqué dans deux transactions majeures lors de son passage dans la LHJMQ, dont un échange entre les Saguenéens et le Titan impliquant douze (!!!) joueurs, ainsi que des choix au repêchage. Cette décision a involontairement sonné le début d’une longue reconstruction pour Chicoutimi, où les menaces de déménagement se sont fait entendre les années subséquentes.

Pour Abid, la période d’adaptation avec sa nouvelle équipe, le Titan, fut brève, car l’ensemble de son trio chez les Saguenéens l’a suivi au Nouveau-Brunswick et les trois joueurs ont continué à évoluer sur la même ligne. Ramzi Abid a aussi eu la chance de prendre part au tournoi de la Coupe Memorial à 3 reprises en 4 ans, avec trois équipes différentes, sans jamais rafler les grands honneurs sur la scène canadienne. Aujourd’hui, l’ancien attaquant des Coyotes, des Penguins, des Trashers et des Predators transmet sa passion aux jeunes joueurs fréquentant l’Académie Joël Bouchard, à Blainville : « Quand je jouais, j’avais un style de jeu très agressif et très physique. Je tenais à me défendre et me faire un nom. J’ai appris que pour marquer il fallait aller au filet. Je l’enseigne aujourd’hui aux plus jeunes. »