2024-25 | Le pire début de saison de Martin St-Louis jusqu’à maintenant?
RDS.ca sortait hier des statistiques intéressantes sur les trois dernières saisons où Martin St-Louis a été à la barre du CH. Avec un dossier de 7-10-2 et 16 points au classement général, il s’agit du pire début de saison des Canadiens des trois dernières campagnes après 19 rencontres.
Saisons | Fiche | Points | BP | BC | Diff. |
---|---|---|---|---|---|
2024-2025 | 7-10-2 | 16 | 54 | 71 | -17 |
2023-2024 | 8-9-2 | 18 | 56 | 69 | -13 |
2022-2023 | 9-9-1 | 19 | 59 | 70 | -11 |
Qu’à cela ne tienne, à un moment où le prochain match de la Sainte Flanelle est encore à quelques jours dans un futur qui semble si loin, ce genre de comparaison a plus ou moins de tangibilité ou de pertinence alors que la fiche 2024-25 du CH n’est pas si décalée de celles des années précédentes et que le contexte de cette saison est complètement différent et pourtant presqu’identique aux trois dernières années. Mais regardons ensemble les bonnes et les moins bonnes raisons de ce décevant début de saison.
Les bonnes raisons
L’absence de Patrik Laine
Évidemment, Patrik Laine n’était pas là la saison dernière, ni celle d’avant, mais il reste que l’arrivée de Laine à Montréal a suscité une vague d’appréhension envers la saison 2024-2025 qui était largement démesurée et qui, nous devons l’admettre, a fait en sorte que la douleur est d’autant plus vive maintenant que la réalité nous est dévoilée un peu plus à chaque rencontre.
La jeunesse de la défensive
Kaiden Guhle, Lane Hutson, Arber Xhekaj et même Jayden Struble sont le coeur d’une défensive extrêmement jeune. Si on rajoute à cela les 5 rencontres que Logan Mailloux a joué avec le grand club et les 9 matchs de Justin Barron, il faut se rendre à l’évidence que les Canadiens de Montréal ont une des défensives les plus prometteuses, mais aussi, l’une des plus jeunes de la LNH. Ainsi, le temps et l’expérience devra faire son oeuvre.
Les performances chancelantes des gardiens
Bien sûr, Samuel Montembeault a réussi 2 blanchissages depuis le début de la saison, mais il a aussi accordé 3 buts ou plus à six reprises. Cayden Primeau, pour sa part, n’a jamais accordé moins de 3 buts cette saison, en plus d’en avoir accorder 5 ou plus à trois reprises en 7 rencontres. Le CH gagne quand ses gardiens tiennent le coup.
Le jeu invisible de Kirby Dach
En 2022-2023, à sa première saison à Montréal, Kirby Dach a démontré de belles choses aux partisans du CH, amassant 38 points en 58 matchs, laissant miroiter la possibilité d’enfin avoir trouver le fameux centre numéro deux qui semble nous manquer depuis le départ de Philippe Danault. La saison dernière, avec ses 2 passes en deux rencontres, on aurait pu penser qu’il était promis à une autre brillante saison marquée par un autre bond dans son évolution, mais il en a été tout autrement alors qu’il a subi une blessure qui a mit fin à sa saison de manière abrupte. À l’aube de la saison 2024-2025, on semblait prêt à le voir reprendre là où il avait laissé, jouer avec Patrik Laine peut-être, devenir le pilier d’un 2e trio susceptible de troubler les adversaires et jouer un rôle de premier plan dans une équipe en phase terminale de reconstruction et possiblement mature pour causer une surprise et s’immiscer en séries éliminatoires… mais il n’en est rien. En fait, nous aurions dû le savoir, Dach est à la recherche de ses repères présentement. Il doit retrouver cette confiance qui fera (ou non) de lui un joueur d’impact dans la LNH et c’est au détriment des insuccès actuels de l’équipe que Dach tente de se rebâtir après une saison complète d’inactivité.
Juraj Slafkovsky version 2022-2023… améliorée
Juraj Slafkovsky a connu une superbe saison 2023-2024, atteignant le plateau des 50 points pour la première fois de sa carrière et, pendant tout l’été, nous avons cru qu’il était finalement arrivé, qu’il était maintenant ce 1er choix au repêchage dont nous avons douté tout ce temps et qui apportait finalement ses dividendes sous une forme étincelante, portée par la confiance inébranlable du jeune homme de 20 ans et de son charisme indéniable. Mais tout n’est pas si simple. Le voilà désormais dans une nouvelle saison, dans un scénario où chaque rencontre a son importance (pour le moment) et où les points n’arrivent pas aussi facilement qu’à la fin de la saison dernière. Il a tout de même 11 points en 16 matchs, mais son impact est moins ressenti et le résultat des rencontres s’en ressent.
Les moins bonnes raisons
Le leadership de Nick Suzuki
Spoiler alert: Suzuki ne sera jamais un Joe Sakic, un Steve Yzerman ou un Sidney Crosby. Il n’aura jamais le statut de vedette générationnelle, enrobé d’un charisme tranquille, d’une volonté de fer et d’une capacité de changer l’allure d’un match à lui seul match après match, tout en flirtant avec le championnat des marqueurs année après année. Mais il a l’ADN d’un Jonathan Toews, d’un joueur pouvant amasser son lot de points et qui mène sans cesse par l’exemple. Il semble parfois manquer d’énergie sur la patinoire et, pourtant, il peut changer l’allure d’un match quelques fois. Il ne sera jamais aussi prolifique que Toews, mais il a cette force tranquille qui peut transcender bien des envolées lyriques. Il possède les qualités pour mener une équipe jusqu’aux plus grands honneurs, même s’il est aussi possible qu’il n’y parvienne jamais. Dans tous les cas, ça ne sera jamais faute d’avoir essayer de tout son coeur… toute sa carrière.
Martin St-Louis
Y en a-t-il vraiment qui veule voir Martin St-Louis être congédié? C’est possible. Il s’agit assurément des mêmes individus qui voudraient voir Pierre Houde être remplacé à la description des matchs du CH à RDS. Ça peut être effrayant d’entendre notre sport national être intellectualisé. Évidemment, quand les victoires s’enchainent et que certains hauts supplantent les bas comme nous avons pu connaitre avant l’arrivée de St-Louis, il est facile de ne pas trop s’en rendre compte et se laisser bercer par l’engouement patriotique qui vient avec le fanatisme autour de nos glorieux. Mais lorsque l’on doit vivre l’acceptation de la défaite, la réalité d’une brutale et profonde reconstruction, lorsque l’on doit regarder les matchs et essayer de comprendre pourquoi on se doit d’y croire encore un peu, de se faire expliquer le hockey de la manière que Martin St-Louis le fait pour les partisans (pas pour les journalistes) soir après soir, de décortiquer chaque aspect de son approche et la vulgariser pour tous et chacun, avec la pédagogie d’un enseignant bienveillant qui, pourtant, n’a pas toutes les réponses encore, c’est un processus cérébral qui nécessite une appréciation du sport et de ses complexités, un amour du jeu qui dépasse le simple engouement et une intelligence et un désir d’apprendre qui n’est pas donné à tous. Parce que tout ça, il le fait dans l’adversité, il le fait tout en apprenant lui-même à le faire, il le fait avec tout son amour pour le hockey et il le fait surtout sans le filtre ou la motivation d’avoir à protéger un emploi à tout prix comme le font tant d’entraineurs à l’image de tant de politiciens insipides qui veulent vendre un rêve, sans être capable d’en décrire le lyrisme ou la beauté qui permettrait peut-être d’y croire un peu nous aussi. Et Martin St-Louis fait tout ça… et plus encore.
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Ainsi, est-ce le pire début de saison de la carrière de Martin St-Louis? La réponse réside certainement quelque part dans la pertinence de la question.
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