Canadiens de Montréal | La mort d’un conservatisme essoufflé
Selon le petit Larousse, le conservatisme se décrit ainsi: «Attitude ou tendance de quelqu’un, d’un groupe ou d’une société, définie par le refus du changement et la référence sécurisante à des valeurs ou des structures immuables.»
Depuis trop longtemps, l’organisation des Canadiens de Montréal vit dans un esprit de conservatisme. On a essayé de se sortir de ce spectre conservateur lorsqu’on a nommé Marc Bergevin en poste. À la longue, on s’est aperçu que la philosophie demeurait similaire à celle d’il y a 20 ans. On changeait d’entraîneur et ça demeurait du pareil au même. On tentait de changer la stratégie au repêchage et ça demeurait du pareil au même. L’an dernier, le CH s’est rendu jusqu’à la finale de la Coupe Stanley. L’engrenage s’est encrassé pas mal par la suite.
Changement de garde
En procédant à une mise à pied colossale au sein de l’organisation, on a lancé comme message aux partisans que le conservatisme «tricolorien» allait être chose du passé. Plusieurs en doutaient et j’en faisais partie. Après toutes ces années où l’on apportait des changements, la philosophie demeurait la même: gagner sans devenir une dynastie.
Aujourd’hui, je constate la mort du conservatisme à plusieurs niveaux.
Dans les bureaux
L’arrivée de Kent Hughes et de Jeff Gorton en a secoué plus d’un. La question de la langue graffignait les valeurs de certains. Par contre, c’était la première fois depuis que je suis le CH que je constatais l’embauche de gens pour leur qualification en premier lieu.
On a même essayé quelque chose en nommant un agent comme DG. Et franchement, depuis l’arrivée de Kent Hughes, je n’ai rien à dire sur ce dernier.
Autre preuve qu’on semble beaucoup moins conservateur dans les valeurs ancestrales du Tricolore: on a bâtit un vrai département hockey. Avec Vincent Lecavalier comme conseiller, Jeff Gorton comme VP, Kent Hughes comme DG et éventuellement un assistant DG, on ne parle plus d’un «one man band» qui ne doit se rapporter qu’à Molson. On ira se chercher divers avis auprès de gens qualifiés.
Gorton, un dirigeant avec une bonne feuille de route.
Hughes, un agent émérite qui connait le côté «joueur» de la business.
Lecavalier, un joueur étoile dans la NHL.
Les avis seront variés plutôt que de se fermer à un seul avis. Et que dire du département de statistiques avancées qui sera assurément élaboré d’ici la prochaine saison…
Enfin, on risque de voir des changements aussi au sujet des joueurs acquis par la direction. Un effet que l’on verra directement sur la patinoire. Avant, on se donnait comme mission de dénicher des joueurs qui allaient jouer parfaitement le système. Maintenant, on semble mettre nos efforts sur la recherche de joueurs qui cadreront avec les valeurs recherchées. On veut du talent, de la rapidité, de la ténacité, de l’offensive et de la créativité. Ça va faire changement de nos joueurs «safes» acquis parce qu’ils respecteront le système en place…
La fierté
On a souvent associé la fierté des Canadiens avec les honneurs du passé. La Sainte-Flanelle, les Glorieux, le temps du Rocket, de Guy Lafleur, etc.
C’est bien se rappeler de ses racines, mais pour s’élever aux hauts standards qu’ont imposé les légendes de ce club, ça en prend plus dans le hockey d’aujourd’hui. On peut s’ancrer dans la philosophie des dernières années et se concentrer à faire les séries uniquement.
Ou bien on peut choisir de prendre un chemin moins conservateur pour aspirer à bâtir une dynastie. ÇA, ça devrait ramener la fierté des Canadiens. Car cette année, après une aussi belle prestation en séries l’an dernier, la fierté est grandement atteinte.
Il faut aussi être fier de notre équipe présente, pas seulement celles du passé.
Plusieurs blâmeront l’absence d’anciens du CH dans le groupe de gestion en place. Rappelons que dans l’ère Bergevin, les anciens Canadiens ne pouvaient même pas entrer en contact avec les joueurs. Lors des récents points de presse de l’organisation par contre, plusieurs anciens visages connus de l’équipe étaient présents. Je pense qu’on gardera une touche du passé au sein de l’organisation, mais elle sera différente. Un département du développement des joueurs avec plusieurs anciens peut-être ?
S’adapter ou sombrer, dit le dicton. Le CH a décidé de s’adapter à la réalité d’aujourd’hui. Ayez confiance aux gens en place même si les méthodes sont différentes de ce qu’on a été habitué dans les 25 dernières années.
Les médias
Longtemps, on a accusé le CH d’afficher un manque de transparence avec ses partisans. Depuis l’arrivée en poste de Chantal Machabée, un changement de ton est palpable à ce niveau. La blessure de Ben Chiarot fut révélée assez rapidement et il n’y a pas eu de cachette. Kent Hughes a même adressé les dernières rumeurs de transaction de façon assez transparente devant les médias. Je n’avais encore jamais vu cela.
On permet des questions plus en profondeur, je trouve, dans les zooms de l’équipe. Au niveau du CH, le conservatisme que l’on a connu jadis ne semble plus là. Ce sera au tour des grands médias maintenant de s’adapter à la réalité. Car récemment, on semble très aigri par la reconstruction chez certains médias.
Même la gestion des réseaux sociaux est maintenant digne d’une équipe milliardaire. On doit reconnecter avec les partisans et en attendant de leur fournir des victoires, on doit redorer le blason tricolore. Et ça passe par la transparence et l’honnêteté. Depuis les nominations récentes dans l’organisation, je dois dire que c’est du jamais vu.
Jeu sur la glace
Assez parlé des bureaux et de l’aspect communication. Sur la glace, on perçoit nettement une différence sous les ordres de Martin St-Louis. Et je dois d’abord affirmer que ce n’est rien contre Ducharme, Julien ou tout autre entraîneur.
Seulement, on a constamment étouffé les joueurs dans des systèmes défensifs et hermétiques. Depuis combien d’année on souhaite voir nos joueurs s’exprimer sur la patinoire plutôt que d’adopter une «game» plate. Combien de fois pouvait-on lire: «bon, un autre joueur bon sans la rondelle.» Parce que les valeurs conservatrices, c’étaient ça. Peu importe l’entraîneur, on a toujours eu ce type de style de jeu très Canadiens. C’est terminé !
Martin St-Louis l’a lui-même confirmé. Il souhaite que les joueurs s’amusent, s’expriment, et ce, sans imposer un système trop étouffant. On constate très bien le positif de cette nouvelle vision auprès du jeune Cole Caufield.
L’espoir du CH est à son meilleur lorsqu’on lui permet de s’exprimer librement sur la patinoire. Martin St-Louis, avec sa vision, a le potentiel de monter Caufield au rang de «superstar» alors qu’avant le coup de hache dans l’organisation, on se questionnait sur son réel potentiel futur.
En conclusion
Peut-être suis-je dans une génération qui accorde un peu moins d’intérêt sur le passé, je le concède. Par contre, on a vu que de rester coincé dans nos idées conservatrices, ça n’aide en rien le futur d’un club. Le lendemain de veille de la Coupe Stanley perdue fut brutal, mais si ça prenait cela pour un changement, tant mieux.
Je vous remets la définition du conservatisme «tricolorien»:
«Attitude ou tendance du CH, définie par le refus du changement et la référence sécurisante à des valeurs ou des structures immuables.»
Nous n’en sommes plus là et c’est une bonne nouvelle. Il faudra s’y adapter.
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