Comment Alex Newhook peut exploiter son plein potentiel à Montréal

Le directeur général des Canadiens de Montréal, Kent Hughes, est un homme de parole. Celui à la tête de la formation montréalaise a mentionné à maintes reprises vouloir réaliser une autre transaction de type Kirby Dach, si l’occasion se présentait durant la saison morte.

Ce qui devait arriver arriva. Hughes a acquis les droits de négociation d’un joueur de hockey qu’il a représenté au cours de son passé d’agent, en Alex Newhook de l’Avalanche du Colorado. En retour, Hughes a cédé deux choix de repêchage, les 31e et 37e en 2023, à son compatriote Joe Sakic.

Fraîchement acquis par le Tricolore, Newhook a été une sélection de l’Avalanche en 2019. Comme le hasard fait bien les choses, son nom s’est fait entendre tout juste après Cole Caufield, au seizième échelon. Les deux se retrouveront en sol québécois.

Newhook a disputé 46 rencontres dans les rangs universitaires, avant de prendre la route des montagnes. À sa première saison complète à Denver, il a amassé un total respectable de 33 points, tout en évoluant derrière les gros canons de l’Avalanche. Or, il n’a fait guère mieux offensivement cette année. Pourtant, avec le départ de Nazem Kadri et la blessure à Gabriel Landeskog, Newhook avait la porte grande ouverte pour assumer un plus grand rôle offensif.

Voyons pourquoi il n’a pas été en mesure de remplir la tâche et aussi, pourquoi cela pourrait changer à Montréal, dans le système de Martin St-Louis.

Il n’est pas Kirby Dach

Il y a une information qu’il faut savoir en entrée de jeu. Alex Newhook n’est pas Kirby Dach, il n’a pas le profil de ce dernier, ni sa créativité. Cela ne fait pas de lui un joueur moins talentueux, mais l’impact des deux sur l’allure d’une rencontre est tout simplement différent.

Kirby Dach a une longue portée et il est très bon en protection de rondelle sur le long des bandes. Pour sa part, il s’agit d’un aspect que Newhook pourrait mettre plus d’effort. Il doit être plus constant et souvent, il peut sembler nonchalant.

Newhook est doté d’un lancer vif, spécialement quand il décampe dans le corridor gauche. Son tir est d’autant plus puissant en pareilles occasions puisque sa vitesse lui permet de réaliser un transfert de poids. Sur l’avantage numérique, le Canadien aura cet avantage d’avoir Newhook et Caufield sur les deux ailes.

Il ne va pas attirer tous les joueurs sur lui en possession du disque, mais il est en mesure d’être en bonne posture pour s’isoler. Une facette qu’il saura mettre en valeur puisque le Canadien compte sur des joueurs qui ont comme qualité principale de préparer le jeu ; Nick Suzuki et Kirby Dach pour ne nommer que ceux-là.

Pourquoi Newhook n’a pas débloqué au Colorado

À sa première saison, Newhook a joué du très bon hockey pour un patineur recrue. Le hic est qu’il n’a pas beaucoup progressé depuis. L’Avalanche a alors pris la route de le transiger et d’utiliser les choix pour obtenir du renfort certain et immédiat. L’une des sélections acquises a permis au Colorado de mettre la main sur Ross Colton du Lightning de Tampa Bay, un attaquant établi. L’autre a servi afin de regarnir la banque d’espoirs.

Lorsque Newhook s’est vu offrir le poste de deuxième centre avec l’Avalanche au mois de décembre, il n’était pas prêt pour cette responsabilité. Il n’a pas montré de constance et son temps de glace a chuté par la suite.

L’Avalanche n’avait pas le luxe d’effectuer des essais-erreurs avec Newhook, l’équipe voulait gagner. Ce rôle vient avec une pression de performer et le centre de 22 ans n’a pas eu le temps de s’acclimater, autant à ses nouvelles tâches que ses nouveaux coéquipiers qui ont joué au jeu de la chaise musicale tout au long de l’expérience. Maintenant, parviendra-t-il à saisir la chance qui s’offre à lui à Montréal?

Il aura le temps et la chance de mettre ses habiletés à l’oeuvre. Pas plus tôt qu’en novembre, Kirby Dach mentionnait à quel point jouer sous les ordres de Martin St-Louis lui avait fait comprendre qu’il doit davantage se fier à son instinct.

Martin St-Louis m’a permis d’aller sur la glace et de simplement penser à rien sauf au fait de m’amuser. J’ai retrouvé le plaisir de jouer au hockey librement. Il comprend le jeu d’une façon différente parce qu’il (Martin St-Louis) était à notre place il n’y a pas si longtemps déjà. Il sait dans quelle direction se dirige la LNH et il n’a pas peur de sauter à pieds joints dedans.

Kirby Dach lors d’un entretien avec The Hockey News

Un jeu précis à exploiter

Le plus bel atout de Newhook est son coup de patin, il est très rapide en plus de posséder une bonne vitesse de pointe et une accélération au-dessus de la moyenne. Par contre, il pourrait mieux juger l’espace devant lui.

Par exemple, sur cette séquence, Newhook effectuera un jeu simple sur la bande, mais efficace pour dégager la rondelle de son territoire. Celle-ci sera interceptée par un joueur des Sénateurs, puis ensuite perdue après la mise en échec de Logan O’Connor. Newhook a eu une réaction instantanée, soit celle de récupérer le disque libre. Sans hésitation, il s’est servi de l’espace qu’il y avait entre les deux joueurs des Sénateurs pour percer la zone ennemie. Il réussira à contourner assez facilement le défenseur Lassi Thomson, avant d’y aller d’une très belle manoeuvre pour enfiler l’aiguille.

Évidemment, il ne va pas y arriver aussi aisément à chaque percée offensive. Néanmoins, s’il peut être l’auteur de plus de montées de ce genre, la production suivra. La rondelle n’entrera pas toujours dans le filet, mais elle sera au moins dirigé vers le gardien adverse, ce qui donnera lieu à une occasion de marquer. Newhook a des outils à son coffre pour mieux réagir lors de ces instants parce ce n’est pas le manque de vision qui l’empêche de réaliser ces jeux.

Martin St-Louis ou tout miser sur l’amour du hockey

Emily Kaplan du réseau ESPN a publié lors des dernières séries éliminatoires dans la LNH, un article sur l’impact du coaching positif. La journaliste mentionne Paul Maurice et Peter DeBoer comme exemple, dans une analyse complète et réfléchie.

En résumé, Kaplan aborde comment les deux entraîneurs ont changé leur approche pour être plus près des joueurs. Paul Maurice, entraîneur-chef des Panthers de la Floride, a modifié sa technique de présenter du vidéo à ses joueurs. À la place de montrer seulement des mauvais jeux, Maurice a décidé de se concentrer sur le positif aussi. Il a vite réaliser qu’il voyait des résultats de cette façon, soit en se concentrant davantage sur les encouragements que la critique.

St-Louis applique cette technique, tout en se concentrant sur les détails. Ce n’est pas un secret de polichinelle quand on mentionne qu’il peut passer beaucoup de minutes avec un joueur pour améliorer un aspect précis. D’ailleurs, il l’a fait avec Cole Caufield afin de l’aider à changer l’angle de son corps avant de décocher. Caufield à ensuite mis la main à la pâte et les résultats ont payés.

Le pilote des Canadiens aura certainement des devoirs à faire sur Newhook, comme sur Juraj Slafkovsky et d’autres joueurs en pleine progression, mais il a toujours relevé les missions qu’on lui a offert. Est-ce que peaufiner certaines techniques permettra à tous les joueurs d’atteindre un niveau supérieur dans leur jeu ? Ce serait surprenant. Mais Alex Newhook aura l’opportunité de s’établir et de laisser place à son talent. Martin St-Louis lui donnera des minutes et des responsabilités. À voir s’il saura en profiter comme l’ont fait Kirby Dach et Cole Caufield sous la gouverne du membre du Temple de la renommée.