Dossier Jonathan Drouin: L’importance d’accorder une visibilité aux problèmes de santé mentale
Pour la première fois depuis son retrait en avril dernier, Jonathan Drouin a brisé le silence sur les raisons qui l’ont poussé à quitter l’entourage du Canadien. Anxiété sévère, insomnie; Drouin a atteint le fond du baril sans même s’en rendre compte.
« J’ai des problèmes d’anxiété depuis de nombreuses années; les problèmes d’insomnie y sont liés. Cette semaine là à Calgary, où nous avons joués trois matchs, je les ai tous raté. Je ne me sentais pas bien. C’est là que j’ai frappé un mur. Il était temps que je prenne une pause du hockey pour prendre recul par rapport à tout et profiter de la vie. J’en avais besoin et c’était difficile pour moi de le faire à ce moment-là, car évidemment les séries éliminatoires arrivaient. Ce n’était pas une chose facile à faire, et je suis fière de ce que j’ai fait et heureux de l’avoir fait. »
Source: Traduction @JohnLuTSNMtl, twitter
Après avoir tenu ces entretiens avec les deux principaux réseaux sportifs québécois, l’homme de 26 ans dit vouloir tourner la page. Tourner la page et se concentrer sur la prochaine saison, mais aussi pour devenir la meilleure version de lui-même.
Bien que plusieurs avancées majeures aient été faites au cours de la dernière décennie afin de normaliser les divers troubles de santé mentale, Drouin ouvre la porte à une plus grande visibilité. Le besoin est encore présent et un bon nombre souffrent en silence.
Des êtres humains avant tout
À cet égard, en janvier dernier, un billet voyait le jour, mettant en lumière le parcours de cinq hockeyeurs ayant admis avoir eu recours à de l’aide externe pour contrôler leurs démons.
Cinq parmi tant d’autres qui vivent dans l’ombre.
Un article publié par le Comité olympique en 2019 révèle que les troubles de santé mentale s’attaquent à plus de 35% des athlètes d’élites à un moment ou un autre de leur carrière. Les éléments déclencheurs varient d’un être humain à l’autre. Néanmoins, des études démontrent que la mauvaise qualité de sommeil et la forte pression sont des facteurs prédominants.
Source: CIO
Il y a du travail à faire et le monde du sport n’est pas épargné. Propriétaires et dirigeants, les blessures psychologiques demeurent un tabou chez certains. Pourtant, prenons l’exemple d’un joueur qui doit être à l’écart pour une blessure à la cheville. Il ratera peut-être quelques semaines et cette blessure l’empêchera de fonctionner proprement. Et bien, c’est exactement le même scénario lorsqu’on aborde les problèmes de santé mentale. Devoir constamment se battre avec son propre état d’esprit est une blessure en soi et souvent, le processus dure une vie entière.
Pour bien approcher ce sujet délicat chez les sportifs, il faut en parler davantage. Il faut sensibiliser les jeunes et moins jeunes. Demander de l’aide n’est pas synonyme d’échec; au contraire, c’est synonyme de courage. Admettre que nous sommes au bord du gouffre et avoir la force de s’en sortir, c’est être doté d’une force incroyable.
Ainsi, la sortie de Drouin et de plusieurs autres permet d’avoir une conversation. Une conversation à propos de l’importance de réduire la stigmatisation entourant la santé mentale. Une conversation sur les mesures à entreprendre en tant que société, de manière à prendre soin des gens qui ont des difficultés.
Drouin est l’un de ceux-ci et par le fait même, il démontre brillamment que c’est possible de s’en sortir, en priorisant sa santé. Il entamera sa cinquième saison complète dans la métropole et il semble plus fébrile que jamais.
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