Et si le Canadien n’avait jamais perdu son droit de réserve sur les deux meilleurs Québécois de chaque encan?
Autrefois, le Tricolore détenait un droit de préemption sur les deux meilleurs joueurs québécois de chaque repêchage. Ce droit leur avait été octroyé lorsque le nouveau commissaire de la ligue à l’époque, Clarence Campbell, avait instauré le système de repêchage d’entrée moderne, mettant ainsi fin au système des clubs-écoles juniors.
Le Canadien junior générait tellement de vedettes pour le Tricolore, que la LNH jugeait injuste d’enlever du jour au lendemain l’ensemble des produits issus du système de développement de l’organisation montréalaise. Yvan Cournoyer, Serge Savard, Jacques Lemaire, Jacques Lapperière et Rogatien Vachon, pour ne nommer qu’eux, avaient tous gradué du club-école junior du Canadien au cours des saisons antérieures.
« Le bassin d’espoir que l’organisation avait construit était plus garni que celui des cinq autres équipes combinées », Mark Lidbetter, The Suburban.
En guise de compensation, Campbell avait accordé à Sam Pollock et aux Canadiens le droit prioritaire de sélectionner les deux meilleurs joueurs francophones à chaque repêchage, tout en conservant leurs sélections initiales.
En l’espace de sept ans, Montréal n’a exercé cette option qu’à quatre reprises, sélectionnant Michel Plasse et Roger Bélisle en 1968, ainsi que Réjean Houle et Marc Tardif en 1969. Cependant, à l’approche du repêchage de 1970, les autres équipes de la LNH abolissent l’option francophone à la suite d’un vote. Cela empêchera le Canadien de mettre la main sur Gilbert Perreault, un produit du Canadien junior, qui sera réclamé premier au total par les Sabres de Buffalo. Perreault sera nommé recrue de l’année quelques mois plus tard et sera ultérieurement reconnu comme l’un des plus grands joueurs de l’histoire de la LNH.
Ceux qui ont échappé au CH
Dans un monde où le Canadien aurait gardé son option francophone au repêchage, l’organisation aurait pu ajouter plusieurs joueurs de renoms qui ont finalement fait carrière ailleurs dans la LNH. Après Gilbert Perreault en 1970, Marcel Dionne aurait été une addition de taille pour Montréal en 1971. Le CH aurait également eu un droit de réserve sur Denis Potvin (1973), Pierre Larouche (1974), Raymond Bourque (1979) et Denis Savard (1980). Bien que Larouche et Savard ont rejoint les rangs du CH plus tard dans leur carrière, il est important de noter qu’afin d’acquérir ces deux joueurs, Montréal a dû se départir de Chris Chelios, Pete Mahovlich, Peter Lee, ainsi que d’un choix de deuxième tour. Si le droit de réserve avait été maintenue, il est fort probable que Savard et Larouche auraient été sélectionnés par le CH lors de leur repêchage respectif, sans qu’aucune transaction majeure ne soit nécessaire.
Puis, en 1984, le Canadien aurait eu la chance de réclamer le magnifique Mario Lemieux. D’autres grands noms francophones, tels que Vincent Damphousse (1986) et Pierre Turgeon (1987), auraient également rejoint les rangs de Montréal au cours des années 80. En 1990, Martin Brodeur fut le deuxième joueur francophone à entendre son nom être appelé au repêchage. Le Canadien l’aurait-il sélectionné malgré les prouesses récentes du jeune Patrick Roy? On ne le saura jamais, mais c’est possible. 1993 aurait marqué l’arrivée du prometteur Alexandre Daigle au sein de l’organisation montréalaise, tandis que Roberto Luongo et Vincent Lecavalier ont été les premiers joueurs francophones à être repêchés en 1997 et 1998.
Après Marc-André Fleury en 2003, il est probable que l’organisation du Canadien aurait forcé Sidney Crosby à maîtriser la langue de Molière afin de le qualifier de joueur francophone, et ainsi le sélectionner en 2005. En mettant fin à l’option francophone, Clarence Campbell a donc évité à la LNH et à Gary Bettman une controverse majeure en 2005, bien qu’il n’en ait pas eu conscience!
Aujourd’hui
Évidemment, toutes ces projections reposent sur une multitude d’hypothèses. À titre d’exemple, les Canadiens auraient fort probablement choisi des joueurs différents avec leurs choix puisque les besoins de l’équipe auraient été différents. Une équipe qui aurait compté sur autant de talent au fil des ans n’aurait également jamais connu une reconstruction comme celle d’aujourd’hui. Le Canadien, la LNH et le monde du hockey en général auraient été complètement différents. Sans Mario Lemieux et Sidney Crosby, les Penguins existent-ils encore? Combien de bannières supplémentaires auraient été hissées dans les hauteurs du Centre Bell ? La Belle Province aurait-elle produit davantage de talent au cours des dernières décennies? Beaucoup de questions, peu de réponses.
Voici néanmoins la liste des deux premiers joueurs francophones repêchés au cours des 15 dernières séances de sélection. Certains candidats ont été délibérément omis, tels que Mathew Barzal, un Britanno-Colombien parlant français, qui n’aurait probablement pas été considéré comme « canadien-français » à l’époque, puisque ce titre était presque exclusivement réservé aux Québécois.
Joueurs disponibles depuis 2010 :
2010 : Danny Biega, Jérôme Leduc
2011 : Jonathan Huberdeau, Phillip Danault
2012 : Mike Matheson, Raphaël Bussières
2013 : Jonathan Drouin, Samuel Morin
2014 : Nicolas Aubé-Kubel, Alexis Vanier
2015 : Thomas Chabot, Anthony Beauvillier
2016 : Pierre-Luc Dubois, Julien Gauthier
2017 : P-O Joseph, Maxime Comtois
2018 : Nicolas Beaudin, Joe Veleno
2019 : Samuel Poulin, Jakob Pelletier
2020 : Alexis Lafrenière, Hendrix Lapierre
2021 : Zachary Bolduc, Xavier Bourgault
2022 : Nathan Gaucher, Maveric Lamoureux
2023 : Gabriel Perrault, Ethan Gauthier
2024 : Sacha Boisvert, Maxim Massé
Alignement potentiel :
Cole Caufield | Nick Suzuki | Juraj Slafkovsky |
Alexis Lafrenière | Kirby Dach | Jonathan Huberdeau |
Alex Newhook | P.-L. Dubois | Joshua Roy |
Josh Anderson | Joe Veleno | Brendan Gallagher |
Mike Matheson | Kaiden Guhle |
Thomas Chabot | David Savard |
Lane Hutson | Arber Xhekaj |
Samuel Montembault |
Cayden Primeau |
Phillip Danault et Jonathan Drouin ont été omis de l’alignement puisqu’ils ont déjà quitté l’organisation au cours des dernières années.
Alors, cette équipe est-elle bien meilleure que celle qu’on connaît aujourd’hui? Après des années de domination, le Québec semble être dans un creux de vague quant à sa production de joueurs d’exception Il est bien difficile de compter sur de super vedettes québécoises à Montréal si de tels talents se font rares dans l’ensemble du circuit Bettman…
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