Gérer le risque | Une philosophie de vie pour Martin St-Louis
Les Canadiens de Montréal ont remporté un match important hier soir. Non seulement ont-il réussi à obtenir une 3e victoire en 4 rencontres, mais ils ont surtout trouvé le moyen de nous convaincre, l’espace d’un court instant, que les apprentissages que Martin St-Louis prône depuis le début de la saison se traduisent tranquillement dans la manière de se comporter de son équipe et que, bien au-delà des résultats, la manière de jouer importe davantage et, à l’aube d’un congé de 4 jours, c’est le genre de chose qui fait du bien à une équipe comme le CH… et à Martin St-Louis aussi, parce que, comme il l’a dit en point de presse hier soir, tout est une question de gestion de risque, mais comme il en a été le témoin privilégié depuis le début de sa carrière dans la hockey professionnel, gérer le risque est un jeu dangereux, même si la récompense peut être grande.
Ce matin, les Canadiens sont au dernier rang de la division Atlantique avec 16 points en 19 rencontres, mais, dans la réalité d’une LNH de plus en plus coriace et démocratique, Montréal n’est qu’à 3 points du Lightning de Tampa Bay et du 3e rang de la division Atlantique, alors que les Bruins, les Sabres, les Sénateurs et les Red Wings semblent pris dans un concours de médiocrité et qu’il n’y aucune de ces équipes qui est en mesure de se démarquer en ce début de saison, ainsi, tout est encore possible.
Évidemment, il ne faut pas se laisser berner par une victoire convaincante de 3-0 contre les fragiles Oilers d’Edmonton, mais on se doit d’admettre que ce risque que les joueurs du Canadiens s’efforcent de gérer, ils le font bien… par moment.
Gérer le risque – une autobiographie de Martin St-Louis
Ce principe n’est pas nouveau pour Martin St-Louis. La genèse même de son arrivée dans la LNH repose sur une gestion de risque. Que ce soit la décision d’aller jouer pour l’université du Vermont dans la NCAA, où celle de refuser un bonus de signature de 100 000$ de plusieurs équipes de la LNH afin qu’il quitte le circuit universitaire après trois saisons pour finalement compléter sa dernière année collégiale, connaissant du même coup une baisse de productivité (59 points en 36 matchs) qui fera en sorte qu’il ne recevra pas ce genre d’offre en bout de ligne suite au désintérêt des équipes de la LNH pour un joueur ayant pourtant cumulé 267 points en 139 parties dans la NCAA, ou de signer un contrat de deux saisons avec les Lumberjacks de Cleveland dans la IHL incluant une clause lui permettant de quitter l’équipe si une offre de la LNH lui était soumise jusqu’à se retrouver avec le Lightning de Tampa Bay où le reste fait maintenant partie de l’histoire. Toutes ces décisions, elles ont été menées par une gestion du risque et un mélange de combativité et de croyance profonde en ses capacités de réussir au plus haut niveau et c’est certainement ce qui l’a amené jusqu’au poste d’entraineur-chef avec les Canadiens de Montréal. Mais, encore une fois, avant toutes choses, il a géré le risque.
En 2014-2015, il a terminé la saison avec 52 points en 74 rencontres avec les Rangers de New York. Les Rangers n’ont pas voulu lui offrir un nouveau contrat, mais il a néanmoins reçu plusieurs offres d’autres formations qu’il a refusé pour ensuite prendre sa retraite le 2 juillet 2015, ce qui est une décision surprenante pour un athlète qui aurait certainement pu soutirer quelques autres bonnes années de salaires dans la LNH. Mais, encore une fois, il s’agissait d’un risque calculé.
En 2017, il s’est vu offrir un poste d’assistant-entraineur avec le Wolf Pack de Hartford dans la AHL, club-école des Rangers de New York, chapeauté à ce moment-là par Jeff Gorton, mais il a préféré se concentrer sur le hockey de ses garçons, un autre risque brillamment géré puisque que ses garçons seront à la source même de ses premières expériences d’entraineur et qu’en 2019 il se fera offrir une position de consultant avec les Blue Jackets de Columbus sous la tutelle de son ancien entraineur John Tortorella qu’il acceptera et qui fera assurément partie d’un premier pas vers un retour vers la LNH pour St-Louis. Évidemment, le choix de rester auprès de ses enfants en est un d’une évidence flagrante (pour quiconque ayant ses priorités au bon endroit), mais il reste qu’en faisant cela, St-Louis s’exposait certainement à la possibilité de sortir du circuit professionnel de hockey et de peut-être être relégué aux oubliettes du sport comme tant d’autres athlètes de renom avant lui. Mais toutes ces étapes ont fait parties d’un cheminement, d’une croissance et d’une évolution pour Martin St-Louis, et c’est le fruit de ces choix et de ces risques qu’il semble déterminé à cueillir au cours des prochaines années avec les Canadiens de Montréal, même si cela n’arrivera pas du jour au lendemain.
« Quand les équipes se relâchent contre nous, on peut les exposer et en tirer profit avec notre attaque, mais certain match, ils ne nous donneront pas cette chance et il faut faire confiance au processus et placer la rondelle aux bons endroits. Nous faisons un excellent travail à gérer le risque et ça fait partie des choses à faire pour ne pas aider l’adversaire. » -Martin St-Louis après la rencontre face aux Oilers hier soir
Prendre le poste d’entraineur-chef avec les Canadiens de Montréal est un risque pour quiconque espère avoir une carrière dans la LNH, mais pour Martin St-Louis, c’est un risque qu’il peut gérer, alors que sa carrière d’hockeyeur dans la LNH lui a permis de ne plus jamais avoir à travailler de sa vie, alors qu’il a une vie qu’il adore à Greenwich au Connecticut avec sa femme et ses enfants, alors que personne ne pourra jamais lui soutirer ses accomplissements qui l’ont mené au temple de la renommée du hockey et qu’il peut aussi voir dans les yeux de son père la fierté de regarder son fils être la barre de la plus prestigieuse équipe de hockey au monde.
Et tout comme que de déclarer avant le début de la saison que les Canadiens seraient dans le « mix » cette année était aussi un risque, c’est à travers la gestion de Martin St-Louis que devra s’accomplir la prochaine étape de la glorieuse histoire du CH, cette insurmontable tâche qui a vu tant d’autres hommes de hockey échouer auparavant et il devra de porter ce fardeau à travers tous les risques que cela représente pour tout le monde dans l’organisation des Canadiens de Montréal, sauf pour lui.
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