Il est temps de penser au développement de Cole Caufield

LAH : BÉNÉFIQUE POUR LES ATTAQUANTS DU REPÊCHAGE 2019

Un texte de Laurie Couture-Dallaire

Après un passage en finale de la Coupe Stanley l’an dernier, les Canadiens de Montréal connaissent une saison 2021-2022 très pénible. À l’image de son équipe, le jeune attaquant de 21 ans, Cole Caufield, a beaucoup de difficulté à se démarquer. Le Tricolore doit permettre à Caufield de se développer adéquatement afin qu’il atteigne son plein potentiel. Et comment ? La réponse est simple : l’envoyer terminer la saison dans la Ligue américaine de hockey (LAH) avec le Rocket de Laval où il aura la chance d’avoir un rôle très important dans un environnement favorable.

Récoltant cinq points, dont quatre buts, en 10 parties à ses débuts dans la LNH l’an dernier, Caufield a profité du beau parcours en séries des Canadiens pour ajouter quatre buts et huit passes pour 12 points en 20 parties. Un début de carrière prometteur pour l’ancien joueur des Badgers du Wisconsin qui a remporté le trophée Hobey Baker remis au meilleur joueur de la NCAA en 2020-2021.

Cette saison, Caufield peine à trouver son erre d’aller. Reconnu pour ses habiletés à remplir le filet adverse, l’Américain a marqué un seul but et amassé huit points en 29 matchs. Au-delà de sa maigre récolte de points qui peut être normale pour un jeune joueur, il faut surtout regarder son jeu d’ensemble. Caufield semble avoir perdu sa confiance. Non seulement il ne marque plus, mais il lui arrive plus souvent qu’à son tour de rater des petites actions qui sont habituellement ses qualités premières. Il a notamment passé dans le « beurre » sur des tirs sur réception et jongler avec la rondelle dans l’enclave à quelques occasions.

Caufield : toujours le joueur que Montréal devait repêcher

Certains commencent à parler de Caufield comme un flop, des gens l’enverraient avec le Rocket et d’autres veulent qu’il termine la saison à Montréal. Une petite analyse m’a permis de conclure que Caufield était – et demeure encore – le choix que devait faire les Canadiens lorsqu’ils l’ont sélectionné 15^e au total en 2019. Il n’est pas un flop. Il faut simplement lui donner du temps pour se développer adéquatement.

En effet, parmi tous les attaquants repêchés après Cole Caufield en 2019, seuls quatre ont un meilleur ratio points/match (pt/mj) que le petit attaquant de 5 pieds 7 pouces :

• Alex Newhook (COL, 16^e) : 10 buts, 9 passes pour 19 points en 40 matchs (0,48pt/mj) ;
• Philip Tomasino (NSH, 24^e) : 6 buts, 9 passes pour 15 points en 40 matchs (0,38pt/mj) ;
• Shane Pinto (OTT, 32^e) : 1 but, 7 passes pour 8 points en 17 matchs (0,47pt/mj)
• Nils Hoglander (VAN, 40^e) : 21 buts, 21 passes pour 42 points en 101 matchs (0,42pt/mj).

Connor McMichael (WAS, 25^e), avec 14 points en 43 matchs, a le même nombre de points par match que Caufield, soit 0,33.

De ces joueurs, seuls Caufield et Newhook ont disputé des matchs en séries. En calculant le nombre de points par match incluant les séries, celui de l’attaquant de l’Avalanche diminue a 0,44 tandis que pour Caufield, il augmente à 0,42.

Des passages bénéfiques dans la Ligue américaine

De tous les joueurs mentionnés ci-haut, tous ont joué plus de matchs dans la Ligue américaine de hockey que Caufield, à l’exception de Hoglander et Pinto. Avant de se joindre aux Canucks, Hoglander évoluait déjà avec des joueurs plus vieux dans la Ligue élite de la Suède. L’adaptation a donc été plus facile au niveau physique. Dans le cas de Pinto, tout comme Caufield, il a terminé la saison dans la LNH, l’an dernier. Cette saison, il n’a disputé que cinq matchs (un point) en raison de deux blessures consécutives à une épaule. Tomasino (32 points en 29 matchs) et McMichael (27pts en 33mj) ont bénéficié d’une saison complète dans leur club-école respectif afin d’être prêt à faire le grand saut dans la grande ligue cette année. De son côté, Newhook a joué huit matchs (9pts) dans la LAH l’an dernier avant de terminer la saison dans la LNH. Cette année, il a disputé 10 matchs (11pts) dans les mineures avant de gagner un poste régulier avec l’Avalanche.

Du côté des attaquants repêchés avant Caufield, il est également possible de constater qu’un passage dans la LAH a été primordial dans la majorité des cas pour favoriser le développement des jeunes joueurs.

On peut toutefois exclure les trois premiers choix, Jack Hughes (0,54pt/mj), Kaapo Kakko (0,36) et Kirby Dach (0,38) qui ont directement fait le saut dans la LNH depuis l’année de leur repêchage.

• Alex Turcotte (LA, 5^e) :

Turcotte est l’attaquant qui tarde le plus à se développer parmi les attaquants du top-20. Contrairement aux autres attaquants, l’Américain n’a pas dominé lors de ses parties dans la LAH récoltant 37 points en 56 parties. Le 28 décembre dernier, il a joué son premier match d’une séquence de huit avec les Kings, sans récolter un seul point.

• Dylan Cozens (BUF, 7^e) :

Cozens dispute actuellement sa deuxième saison complète avec les Sabres. Il n’a pas joué dans la LAH. Il a récolté 34 points en 83 matchs (0,41pt/pj) jusqu’à maintenant dans la LNH.

• Trevor Zegras (ANA, 9^e) :

L’excellent attaquant a disputé 17 parties avec les Gulls de San Diego l’an dernier (21 pts en 17 mj). Il avait par la suite été rappelé par les Ducks. Depuis, il a obtenu 45 points, dont 15 buts, en 66 matchs dans la LNH (0,68pt/mj).

• Vasili Podkolzin (VAN, 10^e) :

Comme Hoglander, Podkolzin n’a pas joué dans la Ligue américaine. Évoluant dans la KHL en Russie, il a fait le saut directement dans la LNH cette année. Il a obtenu 10 points, dont 7 buts, en 43 matchs (0,23pt/pj), mais il a un différentiel de +5. Newhook (+12), Pinto (+5) et Matthew Boldy (+9) sont les seuls joueurs mentionnés dans ce texte à avoir un différentiel positif dans la LNH.

• Matthew Boldy (MIN, 12^e) :

L’Américain s’est joint au Wild d’Iowa à la fin de la dernière saison. Boldy a également commencé la présente saison dans la LAH. En 24 matchs, il a obtenu 28 points. Boldy évolue maintenant dans le circuit Bettman. En 10 matchs, il a conservé une moyenne d’un point par match récoltant au passage quatre buts.

• Autre attaquant : Peyton Krebs (VEG, 17^e, deux rangs après Caufield) :

Échangé aux Sabres de Buffalo dans l’échange qui a envoyé Jack Eichel à Vegas, Krebs n’avait pas obtenu de points en neuf matchs avec les Golden Knights en début de saison. Il a bénéficié d’un séjour dans la LAH pour récolter 19 points en 18 matchs. Rappelé par les Sabres, Krebs a obtenu 5 points en 11 parties.

Bref, à la lumière de cette petite analyse, il est possible de constater qu’un passage dans la LAH a été bénéfique pour la majorité des attaquants repêchés en 1ere ronde en 2019 qui évoluent dans la LNH présentement (Zegras, Boldy, Newhook, Krebs, Tomasino et McMichael).

Le parcours de Caufield : un passage dans la LAH est de mise

Après sa saison avec les Badgers, le petit ailier droit a rejoint l’organisation des Canadiens. Il a disputé deux matchs avec le Rocket durant lesquels il a accumulé quatre points, dont trois buts. Il a ensuite complété la saison avec le Tricolore. Lors de son arrivée à Montréal à la suite de sa saison exceptionnelle en NCAA, il a créé une petite étincelle à la saison en montagnes russes du CH. Il était à la bonne place au bon moment, mais surtout bien entouré. Il a pu compter sur d’excellents vétérans, notamment Corey Perry et Eric Staal, pour lui montrer le chemin à suivre. L’an dernier, l’organisation a préféré faire prendre de l’expérience à Caufield en l’intégrant rapidement avec le grand club. C’était une bonne décision. L’environnement était favorable. Il a eu la chance de jouer. Il a bien performé. Tant mieux ! Cette saison, les Canadiens ne vont nulle part. Caufield a effectué un court séjour à Laval en novembre. Il a récolté cinq points en six matchs, en plus d’afficher un différentiel de -6. Ensuite, il est revenu avec le CH. Caufield n’a que 21 ans. Il a un énorme potentiel. Il a un talent pur pour marquer des buts. Maintenant, il est temps de favoriser son développement. Et ça va nécessairement passer par un renvoi à Laval, et ce, pour le reste de la saison. Il aura la chance de jouer de nombreuses minutes à égalité numérique ainsi qu’en avantage numérique. Le Rocket se livra une belle bataille jusqu’à la fin de la saison pour terminer le plus haut possible au classement. Caufield aura la chance de se développer tout en démontrant un haut niveau de compétition, ce que les Canadiens n’offrent malheureusement pas cette saison. Laissons-le aider le Rocket de Laval à mettre la main sur la Coupe Calder !