Lane Hutson: le 1er depuis Joe Nieuwendyk, Gary Sutter et Brendan Gallagher ?
La course au trophée Calder se dessine de plus en plus autour de trois candidats: Matvei Michkov, Macklin Celebrini et Lane Hutson. En début de saison, le nom de Logan Stankoven apparaissait comme une cible très plausible pour le gagnant du titre de recrue de l’année. Visiblement, Lane Hutson en a décidé autrement, s’invitant dans la course comme seul défenseur méritant une considération. Est-ce que Lane Hutson, 20 ans, deviendra l’un des rares choix de 2e tour à gagner le trophée Calder ?
Lorsqu’on remonte jusqu’à la saison 1987-1988, on dénombre un total de 26 choix de premier tour qui ont remporté le trophée Calder. Sur 36 récipiendaires depuis 1988, c’est tout de même assez flagrant qu’un espoir élite de première ronde risque de mettre la main sur le titre de recrue de l’année. On parle d’un pourcentage de 72%. Depuis la consécration d’Alex Ovechkin en 2006, on peut compter sur les doigts d’une main les joueurs n’ayant pas été choisis en première ronde qui ont gagné le Calder. En effet, seuls Artemi Panarin (non-repêché) et Kirill Kaprizov (5e ronde) ont réussi cet exploit. Les deux Russes sont arrivés toutefois dans la NHL à l’âge respectif de 24 et de 23 ans.
À LIRE: Liste mi-saison Centrale de recrutement de la NHL
Pourquoi parle-t-on de la saison 1987-1988 ? Parce qu’en 1988, on retrouve le tout dernier choix de 2e ronde ayant gagné le trophée Calder. Il s’agit de Joe Nieuwendyk, choisi au 27e rang au cours de la 2e ronde du repêchage de la NHL. Entre la nomination de Nieuwendyk et celle d’Alex Ovechkin en 2006, certains joueurs choisis tardivement au repêchage ont toutefois mis la main sur le Calder:
- Sergei Makarov en 1990 (12e ronde)
- Ed Belfour en 1991 (non-repêché)
- Pavel Bure en 1992 (6e ronde)
- Daniel Alfredsson en 1996 (6e ronde)
- Chris Drury en 1999 (3e ronde)
- Evgeni Nabokov en 2001 (9e ronde)
- Andrew Raycroft en 2004 (5e ronde)
Lane Hutson: l’exception de l’ère moderne
On s’aperçoit rapidement que jadis, il n’était pas rare de voir des joueurs choisis très bas au repêchage connaître du succès rapidement dans la NHL. Les méthodes de recrutement étaient assurément bien différentes d’aujourd’hui, à commencer pour tout ce qui touche la vidéo. Le repêchage à l’époque relevait très souvent de la chance alors qu’aujourd’hui, il est possible de ratisser plus large en matière d’observation des espoirs. La précision d’analyse chez les choix de première ronde demeure plus aiguisée, mais on semblait plus en mesure de trouver des perles plus loin dans le repêchage à l’époque. Les cartes cachées avaient tendance à rester cachées puisque les recruteurs ne pouvaient pas ratisser aussi large qu’aujourd’hui.
Bref, en gagnant le trophée Calder à la fin de la saison, Lane Hutson serait le premier choix de 2e ronde à mériter ce titre depuis Joe Nieuwendyk en 1988. Mais il serait aussi, à mon avis, une exception du hockey moderne s’il accomplit cet exploit. Je m’explique.
Bien qu’Artemi Panarin et Kirill Kaprizov n’aient pas été des choix de premier tour, ils portaient l’étiquette de joueurs étoiles avant leur arrivée dans la NHL à 23-24 ans. Ces deux joueurs avaient nettement fait leur preuve dans la KHL avant de s’attaquer au marché de la NHL. Et ce sont des attaquants, point important à préciser.
Chez les défenseurs dans l’ère moderne, Tyler Myers, Aaron Ekblad, Cale Makar et Moritz Seider sont les seuls à avoir remporté le Calder. On parle ici de très hauts choix au repêchage, le plus lointain étant Myers au 12e rang de la première ronde de 2008. Tant qu’à rester chez les défenseurs, qui est le dernier défenseur choisi en dehors de la première ronde ayant mis la main sur le trophée Calder ? Gary Sutter en 1986. Il avait récolté 68 points en 80 matchs chez les Flames après deux ans passés dans la NCAA. Un parcours qui n’est pas sans rappeler celui de Lane Hutson, sans comparer directement les deux joueurs.
Une première depuis Brendan Gallagher ?
Lorsqu’on regarde strictement chez les Canadiens, les nominations au trophée Calder ne sont pas monnaie courante dans l’ère moderne. En fait, il faut remonter à la saison 2012-2013 pour trouver le tout dernier joueur du Tricolore ayant été en nomination. En 2013, Jonathan Huberdeau mettait la main sur le titre de recrue par excellence, gagnant l’honneur devant Brandon Saad et Brendan Gallagher. Le teigneux attaquant, cette saison-là, avait cumulé 28 points en 44 matchs et avait un impact considérable dans l’alignement.
Par la suite, Michael Ryder avait été finaliste en 2004 et il aura fallu attendre plusieurs années. En effet, le CH a eu des finalistes au trophée Calder seulement qu’en 1986 (Kjell Dahlin), 1985 (Chris Chelios et Steve Penney) et en 1972 (Ken Dryden). C’est d’ailleurs ce dernier qui a l’honneur d’être le plus récent joueur des Canadiens à avoir remporté le trophée Calder.
Lane Hutson se dirige tranquillement vers une marque incroyable dans la NHL, mais surtout dans l’histoire des Canadiens de Montréal. En 2011, on croyait bien que P.K Subban figurerait parmi les finalistes. On aura finalement préféré Michael Grabner, Logan Couture et Jeff Skinner (gagnant) au défenseur du CH qui cumulait 38 points, dont 14 buts, en 77 matchs. Lane Hutson, s’il maintient le rythme, terminerait la saison avec 67 points. Une production similaire à Gary Sutter en 1986 et nettement supérieure à celle des défenseurs de l’ère moderne qui ont remporté le Calder, à l’exception de l’incroyable Cale Makar. Et s’il maintient le rythme, il n’y a aucun argument qui puisse contredire l’obtention du Calder par Hutson. Un défenseur qui produirait 67 points dans la NHL d’aujourd’hui à son année recrue, c’est bien mieux qu’un attaquant qui produit le même ratio de points. Voici les productions des défenseurs s’étant mérités le titre de recrue de l’année dans l’ère moderne de la NHL:
- Tyler Myers (2010): 48 points en 82 matchs
- Aaron Ekblad (2015): 39 points en 81 matchs
- Cale Makar (2020): 50 points en 57 matchs
- Moritz Seider (2022): 50 points en 82 matchs
Commentaires