Le CH, les partisans et les attentes
Le Canadien de Montréal est une entité fascinante. Un jour, elle peut être l’objet d’une adoration sans borne, un firmament étoilé d’histoires et de conquêtes, de victoires et de héros mythiques, une réflexion intemporelle d’un passé de plus en plus lointain et le lendemain, elle devient la proie du cynisme vindicatif des partisans et/ou des journalistes aigris par trop d’années d’insuccès et de faux espoirs, dans un marché qui, en toute réalité, n’a même pas besoin de perpétuer sa propre gloire pour être un modèle d’affaire rentable et prospère. Et on pourrait dire que la bipolarité émotive du microclimat montréalais ces dernières années fût plutôt bien dosée, alors que les dirigeants en place ont su invoquer une certaine sympathie à l’égard d’un plan de reconstruction relativement clair et circonscrit, avec des paramètres définis pour trouver la formule gagnante d’une science inexacte comme peut l’être le hockey de la LNH. Mais au lendemain du fameux tournois de golf des Canadiens de Montréal, qui donne lieu au lancement de chaque saison de hockey du CH depuis tant d’années, alors que tous les intervenants concernés ont répondu parfaitement à tous les questionnements hypothétiques des différents journalistes et médias sportifs du Québec qui se demandent tous où nous en sommes dans cette reconstruction quinquennale, il semble y avoir une étrange rupture dans la compréhension général du statut de notre Sainte Flanelle entre l’engouement des bons coups de Kent Hughes cet été (et depuis le début de son mandat), l’optimisme nécessaire des joueurs à l’aube d’une nouvelle campagne et la prudente retenue de la direction par rapport aux ambitions de l’équipe cette année.
Mais qui a-t-il à comprendre d’une situation où, dans un écosystème médiatique saturé comme l’est celui qui couvre les activités des Canadiens de Montréal, qu’il puisse y avoir une juxtaposition contradictoire entre la perception publique, un engouement purement émotif et partisan, le devoir sacré des joueurs, qui doivent performés nonobstant du contexte de l’équipe par respect pour le sport et l’uniforme qu’ils portent, mais aussi pour le salut de leur propres ambitions à long terme et la prudente retenue des dirigeants qui veulent maintenir une approche objective et réaliste dans un environnement qui a été trop souvent émotif, voir mélodramatique, dans le passé et qui ont la responsabilité d’être au-devant de la partisanerie et du positivisme complaisant qui ont nourri le cynisme des observateurs hockey des dernières décennies?
En fait, il n’y a rien à comprendre, si ce n’est que Montréal est un environnement qui génère énormément de tensions lorsqu’il est question du hockey. Et, alors que pendant plusieurs années nous semblons avoir pris le parti de la prudente indifférence dans notre appréciation de notre sport national, il est clair que nous n’avons jamais réellement appris à être un public modéré lorsque les choses prennent une tangente positive (ou négative) et que l’on voit poindre de jeunes espoirs prometteurs tels que Ivan Demidov ou qu’une vedette telle que Patrik Laine, techniquement dans la fleur de l’âge, se joint à notre équipe dans des circonstances particulières, mais néanmoins intéressantes du point de vue du potentiel.
Juste la performance de Lane Hutson le week-end dernier nous laisse déjà entrevoir la possibilité d’avoir un candidat au trophée Calder cette saison, mais en réalité, peut-être devra-t-il faire un séjour prolongé à Laval afin de peaufiner les différentes facettes de son jeu? L’état de santé de Kirby Dach nous donne l’impression d’avoir un centre numéro 2 fiable qui pourra assurer une stabilité au niveau de l’attaque cette saison, mais peut-on réellement s’emballer à propos d’un joueur qui semble, depuis le début de sa carrière, avoir développer une attirance chronique pour l’infirmerie? La fin de saison 2023-2024 de Juraf Slafkovsky est-elle garante d’une éclosion qui se perpétuera et évoluera au cours des prochaines années? C’est très difficile à dire. A-t-on même un gardien numéro un à Montréal présentement? Possiblement que oui, mais peut-être bien que non.
Ainsi, tous ces facteurs positifs qui entourent présentement la présaison du CH, cet engouement que les partisans engendrent et partagent depuis le repêchage, tout cela est légitime, comme le sont aussi tous les pronostiques actuels qui placent les Canadiens de Montréal dans les bas-fonds du classement de la LNH en prévision de la saison à venir. Et c’est là où la ligne de conduite des dirigeants du CH prend tout son sens et qu’elle trouve son utilité dans la résilience et la stabilité d’une vision, trouvant le moyen de susciter l’émoi et l’excitation chez les partisans, tout en berçant doucement le cynisme journalistique d’une main bienveillante et confiante que le processus fera foi de tout et que dans la binarité des réalités du hockey à Montréal, il puisse y avoir le gage ultime de la vitalité de notre sport et de la beauté intrinsèque de cette nécessité culturelle qu’est notre équipe de hockey, les Canadiens de Montréal.
Commentaires