Les joueurs du CH se sont-ils améliorés en 23-24 ? – Évaluation des ailiers
Un texte de Stephane Gaudreault
Dans une prochaine série de texte portant sur la récente saison des Canadiens de Montréal, notre rédacteur invité, Stéphane Gaudreault, dresse un portrait des améliorations ou des régressions des joueurs selon les positions. Pour appuyer son argumentaire, il s’appuie sur un modèle d’évaluation qu’il a construit que l’on nommera Appréciation globale standardisé. Pour découvrir toute la méthodologie dans ses plus amples détails, consultez l’article expliquant le modèle complet ICI.
Appréciation globale standardisée (EN BREF)
L’appréciation globale standardisée (AGS) est un modèle d’analyse statistique sur le hockey développé à partir de 18 variables qui sont par la suite pondérées et regroupées en 4 volets, soit la création, la finition, le contrôle et l’implication. Le but de ce modèle est d’avoir une évaluation mesurable et comparable des diverses facettes importantes d’un joueur de hockey.
Le principe de base du modèle est de comparer un joueur au 5e meilleur joueur à sa position pour une statistique donnée. De manière simplifiée, si le 5e meilleur centre a inscrit 40 buts et que le joueur évalué a marqué 30 buts, alors celui-ci aura une cote de 75 % (30 divise par 40) pour cette variable. La première étape de la mise en place de ce modèle a été d’évaluer globalement l’ensemble des statistiques des 10 dernières années.
Pour en apprendre plus sur les subtilités du modèle, je vous invite à lire l’article ci-joint en cliquant sur hyperlien et portant sur la Méthodologie du modèle
À lire: Évaluation des centres (AGS)
Voici en premier lieu un exemple d’analyse avec le modèle AGS auprès de deux ailiers vedettes dans la NHL:
Analyse des ailiers du CH
Je suis peut-être un des rares, mais j’ai beaucoup plus aimé le Caufield de cette année, comparativement à celui de l’an passé. À vrai dire, j’étais mécontent lorsqu’il a signé son gros contrat en juin 2023, j’aurais préféré une entente à la Zegras. J’exagère peut-être un peu, mais en 22-23, Caufield passait son temps à se faire oublier pour attendre la belle passe et prendre un tir de sa position préférée. Oui, il marquait, mais est-ce qu’il rendait meilleur son trio, pas à mon avis ? Cette année par contre, il essayait différentes choses, il bougeait, il passait, en fin de compte il diversifiait le jeu. Est-ce que c’était parfait, non, mais son trio était moins prévisible et globalement plus efficace. Ses statistiques de contrôle ont explosé, passant d’une cote de 53 % à 69 %, tout comme la cote de Suzuki de 52 % à 70 %, je vous laisse découvrir celle de Slafkovski par la suite. Il a perdu un peu en finition, mais ses chiffres en création ont explosé (cote de 41 % à 65 %).
Fun Fact : S’il se donne de meilleurs angles de tir (39,5 % de ses tirs proviennent de l’extérieur du triangle, ce qui lui a rapporté 14,3 % de ses buts), il devrait s’améliorer significativement en matière de finition.
La plus grande amélioration et de loin. Il faut dire que notre cher ailier partait de loin étant utilisé l’an passé avec beaucoup de parcimonie (TOI/GP 12:13). Cette année, son temps de jeu a bondi à 17,56 en moyenne. Il n’atteint pas encore les chiffres de ses collègues de trio, mais avec la fin de saison qu’il a eue, il y a lieu d’espérer. Tout comme Suzuki et Caufield, son contrôle atteint un bon niveau. Il est également le plus impliqué des trois.
Fun Fact : Le grand ailier bloque beaucoup de tir (cote comparative de 83,8 %), et ce en jouant très peu en infériorité numérique un peu comme T.J. Oshie.
Comme tout bon représentant d’un club au trophée Masterton, Armia revient de loin. Après une saison de misère en 22/23 et un début d’année en ligue américaine, Armia a réussi à devenir le 3e ailier le plus utilisé dans le club (en tenant, compte que nous positionnons Newhook au centre). Ce qui démontre bien l’engagement d’Armia, mais aussi l’importante faiblesse du CH à l’aile. Pour un ailier de ce type, 17 buts en 66 matchs c’est tout de même très bien. Il est également, l’un des 5 ailiers les plus utilisés de la ligue en infériorité numérique avec une cote comparée de 103,6 %. En général, un bon mixte d’utilité offensive et défensive que l’on voudrait sur un 3e trio. Cependant, pour son gabarit, on aimerait le voir plus impliqué entre autres au niveau des mises en échec (0,74 mise en échec par match).
Fun Fact : Avec une cote comparée, de 57,1 % Armia est le meilleur attaquant du CH, dans ce qui m’apparaît comme la plus grande faiblesse statistique du club, soit les revirements provoqués.
En extrapolant son nombre du but sur 82 matchs, Anderson en aurait marqué 25 en 2022 et uniquement 9 en 2023. Il faut dire qu’il a également beaucoup moins tiré cette année avec un ratio de tir par partie de 1,81 comparativement à 2,38 en 2022. On ne peut nier cependant son haut niveau d’implication, le meilleur attaquant du club après Pezzetta (qui n’a pas la même fonction dans le club).
Fun Fact : Anderson est l’attaquant provoquant le plus de pénalité chez l’adversaire avec une cote comparée de 84,8 %.
Lorsqu’un joueur gagne trop cher, il est difficile de l’apprécier uniquement pour ce qu’il apporte. Dans ses bonnes années, Gallagher passait sa vie en face du gardien à manger des coups de Sherwood dans le dos et à recevoir des lancers frappés sur ses mains. En fait, depuis 2013-2014, parmi les joueurs des Canadiens, il a obtenu 6 des 7 premières positions (chaque année étant prise individuellement) pour les tirs redirigés, dont le Gallagher de 2023-24 (avec 22) ce qui est bon signe avec ses 16 buts. On ne retrouvera probablement jamais le Gallagher des belles années (ne pas oublier qu’il a marqué que 2 fois plus de 30 buts) et il sera assurément surpayé pour le reste de son contrat. Ce que je souhaite minimalement, c’est qu’il reste le même type de joueur qui a fait son succès (quitte à se blesser à nouveau) et d’être un bon vétéran pour les jeunes.
Fun Fact : Qui détenait l’autre position (des 7) pour les tirs redirigés ? Anderson de la saison 2023-2024, et la 8e position, Slafkovski de 2023-24. Ces chiffres montrent bien que le CH était de retour devant les buts en 23-24.
Fun Fact 2 : Depuis la saison 2009-10 (début de la statistique à ce sujet), le CH de 2023-24 arrive en 1re position (parmi les 15 éditions du CH évalué) avec 157 tirs redirigés ou déviés, devant 18-19 (153) et 17-18 (134).
Fun Fact 3 : Bien que l’édition 23-24 du CH soit la plus remarquable pour le nombre de tirs redirigés des 15 dernières années. Le Canadien de Montréal est uniquement au 23 rang de la ligue, loin derrière Pittsburgh avec 232 tirs. Ça fait des années que l’on dit que le CH manque d’offensive et que les buts se marquent devant le filet (ou les tirs sont redirigés), voilà quelque chose à explorer.
Le plus triste c’est d’être pris pour parler de Pearson maintenant, puisqu’il a été le 6e ailier le plus utilisé en 23-24 pour ce qui est du temps de glace par partie. Un seul point positif à noter, une cote comparée de 56,3 % pour les tirs bloqués chez les ailiers.
Quelle chute pour RHP. La baisse pour le volet finition est stupéfiante, le nombre de buts (2 buts en 45 parties) est digne d’un défenseur défensif. Mais le plus triste pour moi est son affaissement pour la partie implication. Cote pour les mises en échec par match 24,3 % en 23-24 vs 41,9 % en 22-23, cote pour le chaos 23-24 (20,5 %) et 22-23 (62,1 %), cote pour les tirs dans la zone dangereuse 23-24 (22%) vs 22-23 (73,8 %).
Fun Fact : Sa cote comparée pour le nombre de tirs est de 0 %, donc il a été le 5e pire ailier de la ligue pour les tirs effectués. En 2022, cette cote était à 30,3 %.
Fun Fact 2 : Depuis 2 ans, RHP est parmi l’élite pour les tirs bloqués par un ailier avec des cotes comparées de 105 % en 23-24 et de 176,7 % en 22-23 (il était de loin le meilleur ailier ayant joué au moins 25 parties en 22-23 pour les tirs bloqués avec 1,65 par partie, le second avait 1,03 par partie).
Voici un joueur qui était dans une situation idéale pour se faire valoir et qui a manqué littéralement sa chance. Lui et RHP sont arrivés dans la ligue juste avant la masse de talent qui va suivre et ils avaient la chance de profiter d’un environnement idéal (axé sur le développement de la jeunesse) pour prendre une place intéressante. L’apport offensif d’Ylonen est anémique et son implication est la pire du groupe (défenseurs inclus).
Pezzetta restera toujours un peu un mal aimé malgré lui, on aime nos redresseurs de torts un peu plus gros. Il amène beaucoup d’énergie et de volonté, mais joue très peu.
Fun Fact : Défensivement cependant, nos trois ailiers les moins utilisés RHP, Ylonen et Pezzetta ont bien fait. Pour 23-24, la cote comparative chez les ailiers pour le pourcentage de tirs et d’arrêts d’une équipe à 5 contre 5 lorsque le joueur est sur la glace est de 77,1 % pour RHP, 95,4 % pour Ylonen et de 100 % pour Pezzetta (5e meilleur ailier de la ligue). En gros, ils sont bons sans la rondelle, mais avec la rondelle, il n’apporte aucune offensive.
Voici en vrac nos ailiers de 22/23 qui ont quitté ou n’ont pas assez joué en 23/24.
Blessé dans le 2e match de la saison, Dach ne fait évidemment pas partie de l’évaluation des joueurs actifs en 23-24. Pour ce qui est de 22-23, Dach a été considéré comme un ailier puisqu’il n’a pas pris assez de mise en jeu. Ce qui est intéressant dans son profil est son efficacité sur l’ensemble des facettes, la finition est un peu basse, mais les autres éléments dépassent ou avoisinent les 50 %.
Commentaires