Martin St-Louis | « Ils jouzent la game! »
Les conférences de presse de Martin St-Louis sont fascinantes. Peu de personnalités publiques au Québec pourraient sortir indemnes d’une tournure de phrase telle que « ils jouzent la game » à répétition sans devoir passer aux travers du jugement collectif pour cette dérogation à la langue de Molière. Mais Martin St-Louis n’est pas n’importe qui… et ses propos et son approche pédagogique de notre sport national dépassent largement les petits accrochages linguistiques.
En conférence de presse hier, Martin St-Louis parlait de son troisième trio composé de Brendan Gallagher, Jake Evans et Josh Anderson et il mentionnait de ses vétérans qu’ils « jouzent la game ». Mais que voulait-il vraiment dire, au-delà de souligner leur capacité à connaître leur rôle et à savoir qui ils sont? Alors qu’il est encore tôt dans la saison pour donner une réelle signification aux statistiques périphériques, regardons néanmoins quelques aspects du jeu de ces trois vétérans qui pourraient supporter les pertinents propos de leur entraineur-chef.
Brendan Gallagher
Brendan Gallagher a déjà deux buts cette saison. À ce rythme, il pourrait techniquement terminer la saison avec 41 buts ( ha ha! ), mais, soyons bien clair, même si Gallagher semble être un joueur «adapté» à la nouvelle réalité du joueur qu’il est aujourd’hui du haut de ses 32 ans et 12 saisons dans la LNH, jamais il ne marquera 41 buts dans une saison, ni même 30. Mais Gallagher joue la game de Martin St-Louis.
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Cette nouvelle façon de jouer que Martin St-Louis semble avoir concocter avec le principal intéressé, ils ne nous en parleront jamais directement, mais elle sera cruciale pour les prochaines années de Gallagher.
Après quatre rencontres, Gallagher a lancé 14 fois au filet. C’est autant de tirs que Cole Caufield et c’est 5 de plus Nick Suzuki qui arrive au 3e rang dans cette catégorie chez le CH. C’est une moyenne de 3.5 tirs par match. La saison dernière, Gallagher a lancé au filet en moyenne 2 fois par rencontre.
Il compte aussi 5 mises en échec. Cela peut sembler anodin, mais si on regarde l’ensemble de la carrière de Brendan Gallagher, il n’y a qu’à quatre occasions où il a distribué en moyenne plus d’une mise en échec par partie en douze campagnes dans la LNH : 2016-17, 2017-18, 2018-2019 et 2020-2021. Et lors de trois de ces quatre saisons, il a marqué à un rythme de 30 buts et plus.
Jake Evans
Jake Evans n’a qu’une manière de jouer et c’est la même depuis le début de sa carrière : il excelle dans le cercle des mises en jeu (51.1%), il produit à un rythme d’une trentaine de points par saison et il gère des missions défensives. Il a toujours « joué la game » parce qu’il n’a jamais eu un autre type de rôle que celui là.
Josh Anderson
Encore une fois, l’échantillon est tellement minime, mais Josh Anderson semble être un joueur changé. Il est passé d’un joueur de top-6 décevant à un joueur mid-6 responsable et ça pourrait faire toute la différence.
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Anderson a marqué un but depuis le début de la saison, mais depuis le début de sa carrière à Montréal, il a été étiqueté comme un joueur pouvant en compter 27 comme lors de la saison 2018-2019 à Columbus et c’est d’ailleurs ce qui lui a valu le lucratif contrat de 5.5M$ pour 7 ans que Marc Bergvevin lui a offert à son arrivée. Et alors qu’il a pu en marquer 19 en 2020-2021 et 21 en 2022-2023 avec le CH, la réelle identité de Josh Anderson est dans sa rapidité et sa grosseur.
Et le fait que Martin St-Louis lui ait trouvé une chaise stable sur la 3e trio, mais avec, en prime, une dimension défensive sur l’une des unités du désavantage numérique, cela pourrait relancer sa carrière et le remplir de cette confiance qu’Anderson recherche depuis tant d’années dans le fond des filets adverses et qui, en fait, se trouvait tout autour de lui, dans un contexte défensif, pouvant mettre à profit sa rapidité et son poids au service de missions défensives, loin du néant de sa créativité et de son imagination offensive.
Ainsi, « la game » que ces trois joueurs « jouzent », c’est une combinaison de différentes choses qui forment, pour l’instant, un tout qui contient toute leur expérience, leurs différents talents, leur compréhension du jeu après tant d’années, les missions spécifiques qu’ils peuvent accomplir, le focus de ne pas essayer d’être autre chose qu’être efficace pour les besoins de l’équipe et de laisser l’avant-scène aux plus jeunes et d’assurer une solidité là où, jadis, on condamnait les joueurs de soutiens typiques. Cette approche les met en valeur de la plus proactives des manières et, dans un contexte où le fait que deux de ces trois joueurs soient quelque peu surpayés par rapport à ce qu’ils sont désormais en mesure d’offrir n’a plus vraiment d’importance, c’est la situation la plus idéale que l’on pourrait espérer, alors que Gallagher, Evans et Anderson sont maintenant en mesure de simplement « jouer la game qui se présente à eux » et non d’avoir à espérer que leur scénario idéal se concrétise dans une LNH qui est rarement aussi généreuse.
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