Une approche réaliste pour le jeune Alex Newhook
Hier dans la journée, Eric Engels rapportait les propos de Martin St-Louis par rapport au nouveau-venu Alex Newhook:
«Je ne l’ai pas vu de mes propres yeux en vrai. Et je sais de quelle manière il était utilisé au Colorado, et j’ai été hésitant à aller regarder des vidéos de lui parce que je veux avoir un regard neuf sur ce qu’il peut faire dans notre environnement.» -Martin St-Louis
Source: Eric Engels – X
Évidemment, comme l’entraineur du CH nous a maintenant habitué à le faire sur tellement de facettes, ce genre de déclaration représente un vent de fraicheur dans le débat public concernant Alex Newhook et ce que l’on croit comprendre à son sujet.
Le centre de 22 ans, ancien choix de première ronde qui, après deux (vraies) saisons dans la LNH, n’a pas pu démontrer encore clairement ce qui a poussé Joe Sakic à le repêcher au 16e rang de l’encan 2019. Et s’il est vrai que son départ du Colorado peut nous indiquer que peut-être les dirigeants de l’Avalanche n’avaient plus espoir de voir Newhook s’établir comme le joueur d’impact qu’ils pensaient avoir repêché, il reste aussi d’intéressants impondérables dont il faut tenir compte avant de tout de suite jeter la serviette sur ce jeune espoir.
« Je ne veux pas avoir de présomptions basées sur ce qu’il faisait dans un environnement et un contexte que je ne connais pas. » -Martin St-Louis
Source: Eric Engels – X
Alex Newhook a eu du temps de jeu significatif sur le top6 au cours de ses deux saisons complètes avec l’Avalanche, mais si nous voulons regarder sa progression dans la LNH (ou plutôt son absence de progression), il faut éviter de simplement aboutir à des conclusions trop rapides sans analyser ce qui se passait réellement dans l’alignement du Colorado.
En 2021-2022, l’année où l’Avalanche du Colorado a remporté la Coupe Stanley, Alex Newhook était dans un contexte relativement favorable pour faire sa place dans la LNH. Il a commencé dans la AHL, où il a cumulé un étonnant 11 points en 10 rencontres avec les Eagles du Colorado. Lorsqu’il a été rapidement rappelé par le grand club, les deux positions de centre de l’équipe étaient déjà pleinement pris en main par Nathan MacKinnon et Nazem Kadri. Ainsi, il a pu prendre ses aises au sein d’un trio sans trop de lourdes responsabilités, avec un temps de glace moyen de 13:34 et une présence limitée (25.8%) sur l’avantage numérique. Newhook pouvait jouir de la présence d’ailiers de talent tels que J.T. Compher (avec qui il partageait aussi beaucoup des responsabilités au centre sur le même trio, dont les mises en jeu en zone défensive), André Burakovsky et Valeri Nichushkin, même si ces derniers ont fini par trouver des places plus permanentes sur les deux premiers trios. De plus, la couverture et la relance défensive de l’Avalanche cette année-là était d’une efficacité digne de prétendants aux grand honneurs avec des défenseurs tels que Cale Makar, Devon Toews, Samuel Girard, Eric Johnson, Bowen Byram, Josh Manson et Ryan Murray, offrant un support inestimable pour un joueur comme Newhook, voulant mettre de l’avant son caractère offensif et les attributs qui ont fait son succès dans la NCAA et la BCHL. Alex Newhook a terminé la saison 2021-2022 avec 33 points en 71 rencontres, laissant présagé qu’avec une belle progression au sein d’une équipe de premier plan, il arriverait plus tôt que tard à devenir un attaquant productif dans la LNH, comme il l’a été à tous les niveaux précédemment.
Dès le début de la saison 2022-2023, Newhook a été identifié par son entraineur comme étant le centre numéro 2 de l’équipe. Nazem Kadri ayant signé avec les Flames de Calgary au courant de l’été, l’entraineur Jared Bednar a pris la décision de mettre Newhook de l’avant:
Et c’est sensiblement ce qui est arrivé pour presque toute la durée de la saison, avec quelques alternances de responsabilité avec Evan Rodrigues, Denis Malgin et Lars Eller en fin de saison, mais surtout, avec beaucoup moins de support à l’aile, que ce soit du vétéran Andrew Cogliano ou de Logan O’Connor, qui n’ont pas été aussi productifs qu’André Burakovsky ou Valeri Nichushkin(qui n’a joué que 53 matchs) ont pu l’être la saison dernière, sans compter l’absence prolongée de Gabriel Landeskog, qui a aussi réduit les possibilités pour Newhook d’évoluer avec de bon ailiers de premier plan. La charge d’avoir à mener le 2e trio s’est fait ressentir, initialement dans les résultats mitigés de l’équipe en début de saison, mais aussi au niveau de la production offensive de Newhook et éventuellement, son temps de jeu (13:57) qui n’a guère été beaucoup mieux que celui de la saison précédente(13:34), en plus de sa présence sur l’avantage numérique qui est resté à 26% malgré le désir de son entraineur de lui donner une vrai chance. Newhook a terminé la saison avec 30 points en 82 rencontres. En séries, l’absence d’un 2e centre tel que Nazem Kadri s’est d’autant plus fait ressentir, et l’Avalanche n’a pas pu battre le Kraken de Seattle et leur ancien joueur Andre Burakovsky en première ronde.
Qu’en est-il maintenant qu’il se retrouve à Montréal avec une toute nouvelle opportunité de se faire valoir, avec un contrat de 4 ans en poche et un entraineur capable de rendre meilleur les joueurs à travers lesquels il arrive à se transposer?
« Je connais ses attributs. Il peut voler, il ne se fatigue jamais, il compétitionne et maintenant il doit découvrir ce qu’il peut faire d’autre. Quelles sont ses qualités? Quelles sont les choses sur lesquelles il doit travailler? Où est-il le plus confortable? Mais nous savons qu’il peut jouer sur l’avantage numérique, sur le désavantage numérique, il peut jouer au centre, il peut jouer à l’aile. » -Martin St-Louis
Source: Eric Engels – X
Quel regard devrait-on porter sur un joueur qui n’a joué que deux saisons dans la LNH jusqu’à présent? Comment devrait-on définir un joueur qui a produit 168 points en 98 rencontres dans la LHCB et 58 points en 46 matchs avec Boston College dans la NCAA et qui a finit par être repêché 16e au total à l’encan 2019? Comment peut-on user de pessimisme envers un joueur qui, depuis le début de sa carrière, a une production (0.42 pts/match) à peine en dessous de celle de son nouveau coéquipier Kirby Dach (3e choix 2019 – 0.46 pts/match) et au-dessus d’un autre joueur qui s’est retrouvé coincé derrière d’imposant vétéran à son arrivé dans la LNH, Kaapo Kakko (2e en 2019 – 0.41 pts/match) pour qui les Rangers ont certainement encore un peu d’espoir?
Martin St-Louis l’a compris:
« Alors, pour moi, ce qui me rend heureux, c’est que j’ai l’impression que nous avons un joueur de hockey. Je n’ai pas l’impression que nous avons un jeune qui joue au hockey, et c’est une grosse différence. Nous verrons comment il s’intègrera. » -Martin St-Louis
Source: Eric Engels – X
Dans une équipe remplie de jeunes joueurs(Dach, Harvey-Pinard, Evans), de quelques vedettes montantes(Suzuki, Caufield), d’une défensive loin d’être à point(Ghule, Harris, Barron, Xhekaj, etc), mais qui est néanmoins très excitante et surtout, de vétérans(Gallagher, Monahan, Anderson, Matheson, Savard) qui ne sont plus au sommet de leur gloire d’antan(et/ou qui ne l’ont jamais été), mais qui peuvent jouer un rôle de pédagogie et laisser toute la place à l’apprentissage et le dépassement, sans avoir la pression de trainer l’équipe sur leurs dos, possiblement qu’un joueur avec le potentiel d’Alex Newhook aura la chance de se faire valoir, de s’exprimer et de franchir toutes les étapes qui l’amèneront à son plein rendement, que ce soit à l’aile du top6 ou au centre du troisième trio ou à la désolante réalisation (dans quelques années) qu’il n’aura jamais pu faire le grand saut vers la LNH comme nous l’avions espéré. Dans tous les cas, nous aurons eu le luxe d’y croire un peu et de prendre une chance sur un joueur qui, pour l’instant, n’a pas réellement laisser croire à qui que ce soit qu’il ne pourrait pas y arriver.
Commentaires