Logan Mailloux et se développer proprement
Avec une fiche de neuf victoires à ses dix dernières sorties, et aucune défaite à la régulière, le Rocket de Laval est de retour plus que jamais dans la course aux séries éliminatoires. À la suite du début de saison laborieux de l’équipe, cette possibilité avait été remise en doute. Après tout, les membres de l’organisation, autant à l’interne que chez la haute direction, étaient en pleine connaissance de cause à l’aube de cette campagne.
Il s’agissait d’une année de transition. Plusieurs espoirs allaient se greffer à l’échiquier et apprendre les galons des rangs professionnels. La transition aura peut-être été plus ardue que ce qui était initialement prévu, mais le jeune groupe en place apprend maintenant à gagner ensemble de façon régulière.
Parmi les jeunes espoirs qui en sont à leurs premiers pas dans la Ligue américaine, il y a notamment le choix de premier tour de l’équipe en 2020, Logan Mailloux. Le défenseur de 20 ans a profité que les projecteurs étaient rivés sur Joshua Roy, et par la suite Arber Xhekaj, pour se développer sans trop d’attention médiatique.
Défendre contre des professionnels
Même avant de se joindre au Rocket, les lacunes défensives de Mailloux étaient connues de tous. Surtout célébré pour ses aptitudes offensives, l’arrière droitier allait devoir s’habituer au rythme professionnel. Dans les rangs juniors, Mailloux avait tendance à ne pas bien calculer les opportunités qui se présentaient à lui avant de se porter à l’attaque. Il se joignait au groupe d’attaquant, sans trop penser aux conséquences. Ce n’est pas rare chez un jeune joueur dans le junior, mais il s’agit d’un aspect qui te frappe de plein fouet quand tu fais le saut avec des joueurs plus vieux, plus physiques et plus rapides.
Mailloux l’a appris un peu à ses dépens, ce qui a entraîné une modification de son style de jeu et de sa façon de voir l’action se dérouler. Par le fait même, son efficacité a été affectée et on a vu le défenseur dans des situations qui ne conviennent pas à son rôle. Par exemple, flancher sous pression et précipiter ses actions, ce que l’on voyait moins de sa part dans le passé parce que tu as le luxe de prendre ton temps dans le junior.
Quand tu demandes à un jeune défenseur offensif de soudainement changer ses habitudes et se fier moins à son talent, et davantage à son instinct, il est certain que ça prendra un temps d’adaptation. Défensivement, l’aspect qui me saute le plus aux yeux d’octobre à aujourd’hui est sa capacité évolutive d’utiliser son gabarit pour effacer le gap entre la rondelle et lui. C’est de cette façon que Mailloux réussira à bien se débrouiller dans sa propre zone, ou du moins limiter les dégâts. Il l’a compris. Il est aussi beaucoup plus en mouvement en possession du disque, ce qui lui permet de gagner du temps.
Le duo Mailloux-Xhekaj
Si Arber Xhekaj a aidé Logan Mailloux, le contraire est aussi vrai. Les deux ont fait la paire lors du passage de Xhekaj à Laval. Son expérience a bénéficié à Mailloux, tandis que ce dernier a aidé à l’adaptation du favori de la foule montréalaise. Ensemble, Mailloux et Xhekaj ont amassé 14 et 11 points, affichant un différentiel de plus-7 et plus-5. Les deux jeunes défenseurs ont un profil relativement similaire, mais différent à la fois. Ils sont physiques, mais Xhekaj n’a pas la fluidité de Mailloux, alors que la conscience défensive de Xhekaj est plus développée.
Offensivement, Mailloux est plus réfléchi. Il priorisera toujours son lancer vif et précis, ce qui explique ses 10 buts cette saison. Il excelle pour trouver les lignes de tir et se faire oublier pour mettre à l’épreuve son arsenal. Du côté de Xhekaj, son coffre à outils est moins relevé et les aptitudes ne sont pas ce qui ressort du lot dans le portrait du défenseur.
Plafond, potentiel et développement
Au moment d’écrire ces lignes, Mailloux trône au dixième rang des meilleurs pointeurs chez les défenseurs, à six points du premier rang. Dix de ses 26 points ont été amassés à ses neufs derniers matchs. Il est présentement sur une séquence de cinq parties avec au moins un point. Ce n’est pas un hasard que cela coïncide avec la séquence victorieuse du Rocket.
On commence tranquillement à voir le véritable Logan Mailloux, celui qui agissait à titre de quart-arrière dans la Ligue de l’Ontario. L’ancien des Knights de London fait sentir ses présences de manière différente, que ce soit par sa portée offensive ou par un jeu clé avec son bâton afin d’empêcher la contre attaque. Mailloux a encore des aspects à travailler, notamment dans sa prise de décision parfois lente et sa captation des mouvements de corps de ses adversaires. Néanmoins, la progression est notable de match en match.
Chez un jeune défenseur, le plus important sera de voir comment il assimilera les responsabilités supplémentaires. Mailloux est utilisé à outrance dans les situations qui le mettent en valeur et il en profite. Quand un joueur commence à dominer dans certaines facettes, certains matchs, cela prouve qu’il progresse. Mailloux peut devenir un joueur de la Ligue nationale. À l’organisation d’user de patience pour exploiter son plein potentiel.
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