Analyse détaillée du jeu de Connor Bedard
Le jeune prodige natif de Vancouver n’a pas besoin d’aucune introduction. Après avoir réécrit le livre des records partout où il est passé, que ce soit dans la WHL ou avec Team Canada, Bedard est prêt à aller s’établir comme l’une de plus grandes têtes d’affiche que la LNH aura eu ce millénaire. Reconnu pour son tir qui représente sa marque de commerce et son flair pour les moments dramatiques, le joueur des Pats de Regina est tout simplement au-dessus de sa compétition à bien des égards. Il est difficile de faire justice à un tel talent avec des mots, mais voici ma tentative d’essayer de décrire ce qui fait de Bedard un joueur si spécial.
À moins que vous viviez sous une roche, vous savez probablement que le tir de Bedard représente sa meilleure arme. On ne parle pas seulement d’un tir élite, mais plutôt d’un tir révolutionnaire. Du moment qu’il foulera les patins sur une glace de la LNH, seulement une poignée de joueurs pourront espérer rivaliser avec la qualité de son lancer des poignets. Il tire avec acharnement et met tout derrière son lancer, à chaque lancer. Il ne se contente pas de mettre des rondelles au filet, il décoche avec l’intention de marquer à chaque occasion. Il peut littéralement changer l’allure d’un match en un clin d’œil.
Pour expliquer à quel point le tir de Bedard est spécial, il ne peut pas se montrer coupable d’une mauvaise sélection de tir, car TOUS ses tirs sont dangereux et représentent une bonne option. Non seulement la vivacité à laquelle la rondelle quitte son bâton est ahurissante, mais sa précision est tout aussi absurde. Ça lui arrive d’arriver sur le flanc droit et s’il n’est pas capable de battre le défenseur de vitesse, il peut décocher un tir en provenance du coin de la patinoire/ligne des buts. Croyez-le ou non, venant de Bedard, c’est un tir dangereux, il suffit que le gardien ait déposé un genou au sol et il se fera battre dans le haut du filet. Il peut placer la rondelle où il le veut, et ce, peu importe comment son corps est placé.
Une des choses qui rend son tir si élite est la façon dont il arrive à changer ses angles. C’est reconnu que c’est une subtilité maitrisée par les meilleurs tireurs sur la planète, le premier exemple qui vient en tête est Auston Matthews avec son fameux petit ‘Toe Drag’ avant de lancer. Ce qui est curieux dans le cas de Bedard, c’est qu’il couvre une distance latérale avec la rondelle sur la glace avant de lancer que je n’ai jamais vu auparavant. Et on parle d’un joueur de 5’10. Même s’il utilise un bâton relativement long pour sa taille, il n’a tout de même pas la portée d’un gars de 6’3 comme Matthews. Son maniement de rondelle est aussi élite et cela lui permet de placer la rondelle où il le veut avant de décocher ses tirs. En conjonction avec cette habilité, Bedard a cette capacité phénoménale à utiliser les défenseurs comme écran. Ceux qui me lisent depuis un bout savent que je ne suis pas quelqu’un qui tombe facilement dans l’utilisation d’hyperbole, mais je crois sincèrement qu’il n’y a aucun joueur sur la planète entière actuellement qui est aussi bon que Bedard à lancer sous le bâton des défenseurs qui cherchent à le harponner. Cela doit être une vue terrifiante pour eux, ils savent ce qui s’en vient, mais ils ne peuvent pas l’arrêter.
Quelque chose qui n’est pas souvent mentionné est à quel point le tir du revers de Bedard est d’une part entière tout aussi élite que son lancer des poignets. Celui de Sidney Crosby a plus de vélocité que celui de n’importe qui d’autre, Patrick Kane est un magicien et il peut loger la rondelle par-dessus l’épaule du gardien mieux que quiconque, mais je n’ai pas vu de joueurs pouvoir battre des gardiens en provenance d’une aussi grande distance que Bedard. Son but contre la Russie au moins de 18 ans en finale me donne encore des frissons seulement à y penser !
Qu’en est-il des talents de fabricants de jeux de Bedard ? Après tout, on observe fréquemment de jeunes joueurs se reposer constamment sur leur qualité prédominante au niveau inférieur et ne pas élargir leur répertoire offensif. Dans le cas de Bedard, il ne faut pas se méprendre, c’est un excellent fabricant de jeux, et il a développé cette facette de son jeu à un niveau dont je ne le voyais pas atteindre en début de saison.
Puisqu’on a terminé de parler de son tir en mentionnant son revers, c’est simplement approprié que de commencer à parler de ses talents de passeurs en faisant mention de sa propension à mettre la table pour ses coéquipiers en provenance de son revers. Ce qui est discutablement sa plus grande force dans cette facette. Ce sont les mêmes aspects qui font de ses passes du revers une qualité si distincte que pour son tir ; la dextérité de ses mains, mais aussi la distance et la précision avec laquelle il va exécuter de telles passes dans la zone offensive.
Bedard possède un niveau de créativité remarquable et son niveau de talent lui permet de tenter à peu près tout ce dont il veut sur la patinoire, il peut déjouer les joueurs à sa guise avant de passer la rondelle. Le fait qu’il représente toujours une menace pour lancer également lui ouvre beaucoup d’options.
Sa reconnaissance des ouvertures pour une passe est tout aussi rapide que son habilité à décocher ses lancers, il n’a besoin que d’une fraction de seconde pour prendre sa décision à savoir s’il lance ou non.
Ses talents de fabricants de jeux sont quelque chose qui s’est amélioré cette saison et pour moi, la plus grande différence est dans la façon que Bedard a de jouer Est en Ouest dans la zone offensive, surtout lorsqu’il rentre dans celle-ci. Il jouait un style plus linéaire par le passé et cela ouvrait moins le jeu pour ses coéquipiers.
Un aspect qui est très important à aborder dans le cas de Bedard est son niveau d’engagement et son désir d’être le meilleur et de faire la différence sur la patinoire. C’est un compétiteur né et il bataille chaque soir. Il est probablement le joueur de hockey le plus marqué sur la planète et malgré ça, il gère très bien le sort que son opposition lui réserve soir après soir ; il joue la tête haute pour se protéger, il reste en contrôle de ses émotions, mais surtout, il ne s’en laisse pas imposer, il riposte coup pour coup et peut même terminer sa soirée avec quelques bonnes mises en échec.
Tu ne peux pas contenir son talent, et tu ne peux pas égaler son désir de vaincre. C’est une combinaison létale.
J’ai un petit exemple à partager, cela peut paraître banal, et j’aurais très bien pu le mettre lorsque je parlais de son tir, mais pour moi ça encapsule parfaitement ce que je cherche à illustrer lorsque je dis que tu ne peux pas contenir Bedard.
On le voit dans une situation de 2 contre 1, il est en excellente position pour prendre un tir sur réception. Le défenseur chargé de le couvrir est légèrement en retard alors puisqu’il ne peut pas jouer le corps de Bedard, il neutralise son bâton avec le sien en le clouant contre la patinoire (à gauche sur l’image).
Bedard n’a eu besoin que d’une fraction de seconde pour contrer la stratégie de son rival. Il a éloigné son bâton du défenseur en le ramenant derrière ce dernier et en le passant complètement par-dessus lui par la suite, en une motion très fluide, il termine avec son bâton sur la patinoire sans avoir à composer avec celui du défenseur dans les jambes. Il a pu décocher un bon tir sans être embêté. C’est subtil comme jeu, mais ça témoigne non seulement de ses habilités de tireur, mais aussi à sa grande adaptabilité de son cerveau et surtout, à son grand désir de faire la différence. Et ça, ça ne s’enseigne pas. Tu viens au monde avec ça et seuls les grands joueurs prédestinés à l’excellence l’ont.
Pour ce qui est du coup de patin, c’est la seule chose qui n’était pas élite dans le coffre à outils de Bedard (autre que son gabarit) avant le début de saison et on peut maintenant dire que tous les doutes sont dissipés. Ce n’est pas un coup de patin élite, mais tout de même bien au-delà de la moyenne.
Il a une bonne accélération et une vitesse de séparation. Ça ne lui sert pas seulement en transport de rondelle, mais aussi dans de plus petits espaces, par exemple, dans la zone offensive après avoir déjoué un joueur, il peut exploser en une courte distance pour améliorer l’emplacement duquel il va décocher son lancer.
Le joueur des Pats de Regina est aussi très agile sur la glace. Il a d’excellents changements de direction. Ses pieds demeurent en mouvement et il vend constamment de mauvaises directions à ses adversaires. Ce qui le rend efficace dans les feintes de ce genre est qu’il met beaucoup de poids sur une seule jambe pour vraiment vendre sa direction.
En plus de cela, son équilibre sur patin est de premier ordre aussi. Tu ne pourras probablement pas lui enlever la rondelle et si tu cherches à le bousculer, son ballant est si bon qu’il va tout de même réussir à reprendre une position corporelle de sorte à exécuter le jeu qu’il avait en tête. Pour parvenir à de tels résultats sur la glace, Bedard doit être très fort musculairement parlant. Même sur une seule jambe en se faisant pousser, il conserve son équilibre. Son patin est en grande partie responsable de son jeu en protection de rondelle.
Pour ce qui est de son jeu défensif, Bedard n’est pas parfait, mais bien honnêtement, cela ne change rien. Il est adéquat et dans les circonstances, c’est bien suffisant.
Il est axé sur l’offensive et on peut voir lorsque l’équipe adverse quitte sa zone, en tant que joueur de centre, il ne va pas être suffisamment bas et il va chercher à intercepter la passe pour reprendre en offensive plutôt que de se replier. Il sera pris à contre-pied à quelques reprises, mais on ne peut reprocher un tel talent offensif et un tel désir de vaincre de jouer de la sorte, surtout dans le junior. Je n’ai aucune inquiétude qu’il va corriger ceci pour la LNH.
D’ailleurs, ce même désir de faire la différence offensivement est aussi sa plus grande qualité défensive. Son positionnement ne sera pas parfait, mais son engagement est de très haut niveau. Il va plonger sur la patinoire avec son bâton étendu pour couper des lignes de passes. Quand est la dernière fois qu’un joueur junior ayant en moyenne plus de 2.5 pts par matchs réalisa ce genre de jeu ?
Cela peut mener à l’un de seuls débats qui entourent Bedard : sera-t-il un centre ou un ailier dans la LNH ? Personnellement, je le vois à l’aile et cela n’affecte en rien l’impact que le joueur aura sur la glace. Je lui donnerais toute la latitude possible pour exploiter son talent.
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