Les Oilers au repêchage: reculer pour… ne pas avancer !
Les Oilers d’Edmonton nous ont habitués à une certaine tendance dans les derniers repêchages amateurs de la NHL. En effet, on préférait souvent reculer afin de récupérer un joueur ciblé dans la liste des recruteurs. Avec le temps, on se rend compte que les dirigeants préféraient reculer au repêchage, mais pour ne pas avancer en termes de progression de franchise…
C’est toujours facile de constater qu’une formation aurait pu prendre tel ou tel joueur au repêchage après quelques années. À l’époque du repêchage, l’organisation avait une liste et s’y tenait. Toutes les franchises se trompent au repêchage, c’est un constat inévitable. Cependant, lorsqu’on décide de s’éloigner volontairement de certains espoirs pour en choisir d’autres, c’est là qu’on doit se poser la question: est-ce que ça valait la peine ? On n’a qu’à remonter au repêchage 2021 pour noter une transaction qui a le potentiel d’hanter les Oilers très longtemps.
Repêchage 2022
Lors de cet encan, les Oilers choisissaient initialement au 29e rang. Ce n’était donc pas l’année où l’on allait tout casser au repêchage annuel. Or, la journée du repêchage, on a décidé de se reculer légèrement au 32e rang. Les Coyotes ont refilé le 32e choix, acquis précédemment de l’Avalanche, pour le choix #29. Résultat: le défenseur géant Maveric Lamoureux fut choisi par les Coyotes. On le ciblait vraiment sur la liste, comme on pouvait le comprendre à la diffusion des coulisses du repêchage des ‘Yotes. Au 32e rang, les Oilers ont penché pour la candidature de Reid Schaefer, un «overager» qui se dirigeait vers ses 19 ans au moment de sa sélection. Seul Craig Button (20e sur sa liste) voyait Schaeffer parmi les 30 meilleurs espoirs de ce repêchage. La Centrale le plaçait au 31e rang des patineurs nord-américains. Bob McKenzie le projetait au 37e rang.
On apprendra plus tard de la bouche de Jean-Philippe Glaude, recruteur chez les Preds, que Schaefer était vraiment dans le radar de l’organisation. Les Preds détenaient le choix 49 et souhaitaient s’avancer au début du premier tour pour prendre Schaefer avant que les Oilers ne le prennent. On aura finalement échangé ce choix au Kraken contre Jeremy Lauzon.
Bref, Schaefer n’aura fait que passer dans l’organisation des Oilers. En effet, ces mêmes Preds ont conclu une transaction pour aller chercher Schaefer. Glaude l’a d’ailleurs appris pendant une chronique à BPM Sports et sa réaction voulait tout dire. Les Oilers recevaient Mattias Ekholm contre Schaefer. Edmonton a aussi donné un autre choix de premier tour dans l’échange. On a donc reculé au repêchage 2022 pour prendre un joueur qui a servi dans une transaction. Ça entre dans la gestion des effectifs et ce n’est pas mauvais. Toutefois, on ne semble pas avoir avancé non plus avec Ekholm. Et ça a couté deux choix de 1er tour en Schaefer et avec le choix #24 de l’encan 2023. À ce rang, les Oilers auraient bien pu choisir, en 2023, un gardien de but dans une cohorte où il y avait plusieurs candidats intéressants.
Repêchage 2021
Cette cohorte n’était pas aussi talentueuse que 2023 ou 2024 dans le haut du repêchage. Cependant, les Oilers ne repêchaient que 20e dans ce repêchage. Au milieu du repêchage, on avait l’occasion d’avoir un joueur possiblement aussi talentueux qu’au début de la 2e ronde en raison de la profondeur de cette cohorte. Rien d’élite ne s’y présentait toutefois dans ces eaux-là. Du moins à première vue…
En effet, lorsque le repêchage a débuté, personne ne s’attendait à voir Jesper Wallstedt chuter au repêchage. Les Red Wings en ont surpris plus d’un en optant pour Sebastian Cossa au 15e rang. Wallstedt, un espoir qui était projeté par plusieurs experts dans le top 15, s’est retrouvé disponible au rang des Oilers. Or, on a décidé de reculer de quelques rangs pour ainsi choisir au 22e échelon. Les Oilers et le Wild ont transigé. Ainsi, au 20e rang, le Wild choisit Jesper Wallstedt et au 22e rang, les Oilers penchent pour Xavier Bourgault. On voulait vraiment l’espoir québécois chez les Oilers. Tellement qu’on a levé le nez sur un potentiel gardien #1 dans la NHL.
Deux ans plus tard, Jesper Wallstedt connait un très gros succès dans la AHL. Ses chiffres sont éloquents avec une moyenne de 2,00 et une efficacité de 0,932 en 8 matchs. Xavier Bourgault se développe lui aussi en AHL avec certainement moins d’impact que Wallstedt. On parle même d’utiliser l’espoir québécois dans une transaction pour aller chercher… un gardien de but ! Je doute fort qu’on puisse attirer un gardien d’avenir avec Bourgault comme monnaie d’échange principale. À moins que Nashville veuille vraiment se départir d’Askarov, mais bon. Ça aurait été si simple de prendre Wallstedt !
Repêchage 2020
Une transaction moins majeure que de reculer pour Schaefer ou pour éviter Wallstedt, mais quand même. En 2020, on a choisi de ne pas sélectionner au rang 76 de la 3e ronde. On a préféré reculer de quelques dizaines de rang. Ainsi, les Sharks donnaient le choix #100 et #126 pour le choix #76. Entre ces rangs, voici quelques joueurs qui furent sélectionnés:
- Calle Clang (G)
- Nico Daws (G)
Et au 100e rang, on a penché pour la candidature de Carter Savoie pendant que Jakub Dobes, Dylan Garand et Arthur Akhtyamov étaient toujours disponibles. Je peux comprendre que sélectionner des gardiens peut être vu comme un coup de dés en l’air. Toutefois, quand ta franchise peine clairement à avoir un gardien fiable, ne serait-ce pas bon d’en sélectionner quelques-uns dans les repêchages annuels ?
2018, l’exception !
En 2018, les Oilers avaient plutôt choisi la stratégie inverse. En effet, on a procédé à une transaction avec les Canadiens pour grimper au repêchage. Le CH envoyait le choix #62 en 2e ronde contre des choix de 3e et de 5e ronde. Montréal a donc choisi Jordan Harris et Samuel Houde à l’époque. Du côté des Oilers, ce bond de quelques rangs a permis à la franchise de repêcher Olivier Rodrigue. Et étonnamment, il connait d’excellents moments depuis deux ans dans la AHL à Bakersfield pour l’organisation. On ne veut pas l’amener trop vite en NHL, ce pourquoi on a fait signe à Calvin Pickard pour remplacer Jack Campbell, envoyé dans la AHL.
Étrangement, cette transaction fut conclue un an avant l’arrivée de Ken Holland à la barre des Oilers. Il y a un certain lien à faire dans la gestion des effectifs. Holland a choisi de reculer dans 3 repêchages depuis sa nomination en mai 2019. Reculer au repêchage, c’est une chose. Toutefois, l’histoire nous dicte présentement qu’il a pris des pas de recul pour ne jamais avancer. Le même problème demeure: les Oilers n’ont pas de gardiens. C’est une problématique qui perdure depuis des lunes. Même en 2006 lorsque les Oilers sont allés en finale de la Coupe Stanley, on fonctionnait avec un comité de gardiens impliquant Dwayne Roloson, Ty Conklin, Jussi Markkanen et Mike Morrison. Le dernier gardien a avoir endossé une grosse charge de #1, c’est Cam Talbot. Et encore là, les Oilers ont raté les séries à 3 reprises sur 4 saisons avec Talbot aux commandes.
Oui, développer un gardien, c’est long et sinueux comme chemin. Mais si tu ne prends pas la peine d’en développer, comment veux-tu ensuite avoir des candidats peu coûteux au sein d’un club dont la masse explose. Car c’est ce qui se passe présentement. On a de gros contrats en plus d’avoir Jack Campbell payé trop cher pour se faire passer des sapins. Ah ce qu’un gardien sous contrat d’entrée aiderait ! Un genre de Jesper Wallstedt, non ? Ou peut-être un Yaroslav Askarov pour un Reid Schaefer qui était convoité par les Preds. Tsé, question d’avoir reculé pour avancer un peu !
Le portait des gardiens
Depuis 2010, seuls Stuart Skinner et Olivier Rodrigue se développent dans le système des Oilers à la position de gardiens. Tous les choix depuis le repêchage 2010 ont à peine jouer dans la AHL au sein de l’organisation. L’une des sélections à cette position demeure intéressante toutefois. En effet, Ilya Konovalov affiche de très bonnes statistiques en KHL à l’âge de 25 ans. Toutefois, il s’est déjà rapporté aux Condors de Bakersfield en 2021-2022. Il a joué 17 matchs pour ensuite retourner en Russie. Je doute qu’il ne revienne. Tristement, il y a beaucoup de sélections ratées alors que des gardiens évoluant en NHL présentement étaient disponibles.
Carter Hart était disponible en 2016, mais les Oilers ont préféré Tyler Benson 16 rangs plus haut. En 2023, les Oilers ont penché pour Beau Akey au 56e rang. Une sélection correcte, mais considérant que Damian Clara (60e) et Jacob Fowler (69e) étaient disponibles, ça pourrait aussi venir hanter les Oilers. En 2013, les Oilers prenaient Marco Roy au 56e rang. Plus bas (donc plusieurs équipes sont passés outre) se trouvait un certain Juuse Saros au 99e rang.
Comme je l’affirmais en début de texte, c’est facile de dire que les Oilers auraient pu prendre un tel et un tel. Cependant, l’organisation n’a jamais pris la peine d’adresser un problème majeur qu’est celui de la position de gardiens de but dans les 10-15 dernières années. Et pire encore, on a choisi souvent de reculer au repêchage pour éviter des joueurs qui auraient comblé ce problème.
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