Carnets d’Europe | Un espoir du Canadien de Montréal et un gros talent offensif qui vise le Repêchage de juin: bienvenue chez le Djurgårdens IF!
La SHL représente le plus haut niveau du hockey suédois et bataille, avec la LNA Suisse, pour le titre officieux de meilleure ligue d’Europe hors-KHL. En son sein, ce sont les Vaxjö Lakers et le Frölunda Göteborg qui luttent actuellement pour la place de leader, avec respectivement 87 et 85 points, en 43 rencontres. Mais aujourd’hui, c’est sur un club posté dans le bas du classement que nous allons porter notre regard.
Bloqué au onzième rang de l’élite suédoise, le Djurgårdens IF ne figure pas parmi les grosses cylindrées de la ligue, mais peut toujours ambitionner de se rendre au tournoi printanier. Actuellement, le club basé à Stockholm compte 53 unités, à seulement trois points de Karlskrona, qui occupe la dernière place qualificative pour le tour préliminaire aux Séries Éliminatoires. Autant dire que la route sera longue avant de voir les joueurs de la capitale faire face aux plus grosses écuries de SHL une fois la saison régulière terminée, même si l’espoir est toujours là.
Dans le jeu, cette équipe plutôt exsangue offensivement a bien eu de la peine à générer de l’attaque, hier, face à l’ogre Frölunda, dans une défaite 2-1 concédée en prolongation. Concrètement, l’alignement semble avoir du mal à résister sous la pression de l’adversaire, se retrouvant souvent obligé de faire le dos rond lorsque l’opposant se trouve dans son camp. À l’arrivée, Djurgårdens est donc en difficulté pour construire proprement depuis la zone défensive, laissant le soin à ses ennemis de quadriller les abords de la cage du gardien vétéran Mikael Tellqvist sur de longues séquences de possession. Conséquence directe, la différence de buts du « Stockholms Stolthet » (littéralement, « la fierté de Stockholm ») est donc très négative, avec un -30 assez atroce, qui fait écho aux problèmes rencontrés par les hommes de Robert Ohlsson pour développer un jeu d’attaque viable.
Quant aux espoirs, si l’équipe compte bien deux joueurs repêchés dans sa défensive (Adam Ollas Mattson, en sixième ronde de 2014 par les Flames et David Bernhardt, au septième tour de 2016 par les Flyers), c’est cependant un duo d’attaquants qui nous vous invitons à découvrir, ou redécouvrir, à l’occasion de cette publication.
Lukas Vejdemo / 21 ans / C-A
Sélectionné en troisième ronde de l’encan amateur 2015 par le CH (87ème), Lukas Vejdemo est un espoir que la haute-direction québécoise souhaite, avec raison, laisser se développer dans son pays natal. Du haut de ses 6’2 » pour 194 livres, il se distingue par ses aptitudes défensives particulièrement électrisantes. Dans son propre territoire comme du côté opposé, ce centre s’impose comme un excellent joueur en un-contre-un, aussi bien capable de gêner l’adversaire avec son bâton que de le charger durement contre la bande. Vrai rempart devant le gardien, Vejdemo n’a pas peur de s’interposer et de bloquer des tirs. En zone défensive, sa vivacité et sa résilience sont de bons atouts pour lui permettre d’endiguer les attaques adverses. À la fois habile et difficile à bouger, il peut s’avérer efficace derrière le filet, pour soutenir l’échec avant ou ressortir le disque, mais il est également capable de défendre haut, de saboter les entrées en zone de l’ennemi et d’assumer au mieux son repli défensif sur le filet lors des transitions.
Côté attaque, cet avant polyvalent, parfois centre, parfois ailier, se plaît notamment à évoluer dans l’enclave, où il est un bon point d’ancrage pour ses équipiers. Avec sa belle stature, il peut facilement faire écran devant le gardien adverse. Son positionnement l’amène également à chercher souvent la déviation. Comme il n’a pas froid aux yeux, il ne rechigne pas (ou plus) à brasser et pourrait, éventuellement, se faire respecter en Amérique du Nord comme un contributeur décent sur l’échec avant. À l’instar de son attitude quand le jeu s’oriente vers la zone défensive, il se montre souvent attiré par le filet lorsque son équipe pénètre dans le camp adverse. En possession de la rondelle, ses courses s’orientent donc beaucoup sur la cage avant de déclencher un tir (il lance de la gauche).
Malheureusement, l’espoir du Canadien reste tout de même un rien trop limité en matière de contribution et de création sur le plan offensif. Cette saison, il cumule ainsi 5 buts et 12 passes pour 17 points en 52 rencontres avec Djurgårdens. C’est peu, ce total illustrant l’irrégularité qui caractérise Lukas Vejdemo dans la zone adverse. Il n’est ni un gros fabricant de jeu, ni un buteur naturel. Mais ce qui gêne, surtout, c’est son petit manque de fluidité, assez handicapant à l’heure où le hockey privilégie de plus en plus les attaquants explosifs, dotés d’une grande vitesse de patinage. Sans être particulièrement lent, Vejdemo manque ainsi de cette petite étincelle, de cette capacité à se montrer fulgurant pour surprendre les arrières adverses.
D’un point de vue montréalais, s’il représente toujours un pari très intéressant en vue de devenir un élément viable sur un quelconque bottom-6, son coup de patin aléatoire et ses petites tares en attaque ne dissipent pas les doutes le concernant. Doué défensivement, intelligent, utile dans l’enclave et capable d’encaisser le jeu physique, Vejdemo peut encore espérer s’aguerrir dans une ligue d’hommes, de professionnels, où l’exigence est élevée. Pour l’heure, le CH n’a toujours pas daigné lui offrir un contrat d’entrée. À ce jour, Montréal détient ses droits LNH jusqu’en 2019.
Marcus Davidsson / 18 ans / C-A
Éligible au prochain repêchage, Davidsson est considéré comme un potentiel choix de fin de première ronde par les observateurs. S’il paraît un peu plus talentueux que Vejdemo, notons que leurs profils présentent tout de même quelques petites similitudes. Comme lui, il est doté d’un gabarit intéressant (6’0 », 192 livres) et comme lui, il sait s’épanouir dans l’enclave. À la recherche d’une déviation ou d’un rebond, l’attaquant de Djurgårdens se veut avant tout polyvalent lorsqu’il joue proche du gardien. Il en va d’ailleurs de même pour l’ensemble de ses qualités en zone offensive. Sur ce plan, Davidsson combine ainsi plusieurs atouts, se révélant moins unidimensionnel que l’espoir du Canadien. Patineur rapide, il est utile sur les phases de transition, à la fois par sa capacité d’accélération que via son habileté technique, qui lui permet d’assurer sur les entrées en zone. Doté d’un bon sens du jeu, il sait se sortir d’une situation difficile, en un-contre-un ou acculé contre la bande, en faisant appel à sa créativité et à sa solide assise technique. À la fois utilisé au centre et à l’aile, il est, pour le coup, capable de distribuer autour de lui, de créer des opportunités.
Plein d’énergie, il se distingue aussi par sa façon de répondre au défi physique, qu’il embrasse de manière assez remarquable pour un joueur si jeune, évoluant dans une ligue pleine de vétérans expérimentés. Davidsson ne rechigne pas à charger, même s’il doit encore le faire avec plus de maîtrise. Défensivement, c’est son excellent jeu avec le bâton qui capte l’attention. Dans sa zone, le jeune suédois est en effet capable de se montrer responsable et sûr de lui, en utilisant sa crosse pour mettre en difficulté ses adversaires et leur subtiliser la rondelle. Sa principale faiblesse reste tout de même son irrégularité au lancer, qui affecte directement ses statistiques en SHL. En 36 rencontres avec Djurgårdens, il cumule actuellement 5 buts et 3 passes, pour 8 unités. Notons qu’en début de saison, Davidsson a rapidement fait la loi chez les juniors de son pays, cumulant une récolte de points tout à fait identique en… 7 matchs. L’an passé, il avait également connu une grosse saison avec les moins de 20 ans du club de la capitale, recueillant, à seulement 17 ans, un total de 40 points en 45 rencontres (17 buts, 23 passes). Des chiffres qui augurent d’un potentiel offensif certain, que Marcus Davidsson pourra confirmer en améliorant durablement la qualité de son tir. Avec ses atouts, il devrait au moins entendre son nom sortir parmi les trente premiers joueurs repêchés en juin prochain.
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