À la loupe | Athanasiou, Larkin, Mantha… quand la jeunesse relance l’offensive des Red Wings
C’est une citation qui avait fait parler deux semaines plus tôt. Au sortir d’une défaite concédée contre le Lightning de Tampa Bay (3-2), Henrik Zetterberg, le capitaine des Red Wings s’était lâché face aux médias. Interrogé sur les récents revers de sa formation, le Suédois avait ainsi offert une réponse plus que laconique :
Red Wings captain Henrik Zetterberg following TB loss: « We’re not good enough to win games. »
— The Athletic (@TheAthleticDET) 27 octobre 2017
« Nous ne sommes pas assez bons pour gagner des matchs. »
Bien qu’excessive, la sortie était néanmoins compréhensible. Après avoir loupé les Séries la saison passée, Détroit s’est préparé pour cette nouvelle campagne avec une étiquette d’équipe de bas de tableau, le bon départ des hommes de Jeff Blashill en ayant d’ailleurs surpris certains. Désormais, la franchise présente un bilan équilibré (7-7-1), et se poste aujourd’hui au 10ème rang de l’Association de l’Est.
S’il est difficile de savoir ce que les prochains mois réservent à cette escouade, gageons que c’est bien son avenir sur le long terme qui importe. Alors que Ken Holland tente de reconstruire graduellement sa formation, les performances encourageantes de certains jeunes éléments incitent ainsi à l’optimisme dans le Michigan.
En attaque, particulièrement, trois joueurs âgés de moins de 25 ans produisent actuellement à un bon rythme pour les Red Wings: Anthony Mantha (13 points, dont 7 buts, en 15 matchs), Dylan Larkin (13 points, dont 11 passes, en 15 matchs) et Andreas Athanasiou (1 but et 1 passe en 5 matchs). Trois hommes que Blashill n’hésite désormais plus à aligner côte à côte. Trois hommes qui pourraient éventuellement tempérer le pessimisme de leur coéquipier Henrik Zetterberg…
Une option intéressante pour Jeff Blashill
Jamais explorée l’an passé, la combinaison de ces trois jeunes talents n’a été utilisée que tout récemment par les Red Wings. Éloigné des patinoires en début de campagne à cause de sa saga contractuelle, Athanasiou a depuis réintégré l’alignement de Détroit et, comme le montre ce graphe de hockeyviz.com, il s’est retrouvé rapidement jumelé à Larkin et Mantha. Plus tôt dans la saison, la chimie entre ses deux partenaires avait également été développée par Blashill, qui les a fréquemment installé sur le même trio (voir sur ce graphe-ci).
Sur le papier, l’alliance des ces trois avants a de quoi faire saliver. Dans les faits, ce trio lance d’abord beaucoup, avec 74 et 70 tentatives de tirs, respectivement, pour Larkin et Mantha. Jusqu’ici, les deux hommes s’affirment ainsi comme les deux lanceurs les plus patentés de l’effectif, le vétéran Henrik Zetterberg restant néanmoins au contact (70). Athanasiou, de son côté, n’a pas perdu de temps pour recommencer à accumuler les tirs, compilant 29 tentatives en seulement 5 matchs.
Capables de tester le gardien adverse, ces trois hommes disposent également d’une qualité primordiale dans la LNH d’aujourd’hui: la vitesse. Larkin et Athanasiou, en particulier, sont réputés pour leur coup de patin endiablé, qui leur permet de briller sur les phases de transition. Désavantagé par son gabarit très imposant (6’5 », 225 livres), Mantha est lui moins véloce que ses deux camarades, mais n’en reste pas moins assez rapide pour causer des problèmes à l’adversaire. Ici, face aux Panthers, le Québécois profite par exemple d’une excellente passe d’Athanasiou à travers la zone neutre pour prendre de vitesse Aaron Ekblad, loupant de peu la cage de James Reimer sur l’enchaînement qui suit.
Meilleur pointeur de cette ligne, Mantha en est peut-être l’élément le plus dangereux. Opposé aux Coyotes, on le retrouve en train de mettre la pression à Oliver Ekman-Larsson, forçant le gardien Scott Wedgewood à sortir de son filet. L’avant des Red Wings tente un tir, repoussé, puis voit ensuite Dylan Larkin subtiliser la rondelle à Ekman-Larsson. Le numéro #71 trouve alors Athanasiou dans le haut de l’enclave, qui sert Mantha, dont le but vient conclure l’action qu’il avait initié.
Cette séquence illustre ainsi la chimie caractéristique de ce trio, visible au fil des derniers matchs. En plus d’avoir chacun un bon coup de patin, les trois jeunes attaquants possèdent également une vitesse d’exécution très précieuse. Sur l’unique but inscrit par Athanasiou cette saison, Mantha et Larkin récupèrent et s’échangent le disque rapidement après mise au jeu perdue par ce dernier, libérant de ce fait leur équipier qui va décocher, seul, un fulgurant tir sur réception.
Cette capacité à combiner rapidement est ainsi très utile sur les mises en zone offensive, où Larkin, pour l’heure solide dans le cercle (50,4% de »faceoffs » remportés), peut offrir à ses deux compères de bonnes occasions de s’exprimer. Nouvelle illustration ici, contre la Floride, avec une mise au jeu remportée par le jeune centre, permettant ensuite au vire-voltant Athanasiou de tenter sa chance en surprenant Reimer, qui retient néanmoins la rondelle. Mantha, bien que non-sollicité par son partenaire, se trouve lui dans l’enclave pour exploiter un éventuel rebond.
Des actions qui prouvent que cette ligne, bien que patrouillée par des attaquants rapides, n’est pas condamnée à s’exprimer uniquement sur transition, mais peut aussi s’avérer dangereuse sur des attaques plus placées. Cette versatilité amène donc ses membres à bien paraître sur certaines statistiques avancées, qui mettent en avant leur contribution offensive par rapport au reste de l’effectif.
On note, par exemple, que Mantha et Larkin trônent aux premières places à l’indice du pourcentage des buts pour (ou GoalsFor%)** à 5-contre-5 chez les Red Wings, avec 60 et 58,82 de GF%, respectivement. Seul Mike Green, le défenseur signant un excellent début de saison avec Détroit, vient s’intercaler entre les deux hommes (59,09). Comparé au reste de l’équipe, Anthony Mantha se place à +16,25 de RelGF% (pourcentage de buts pour relatif) et Dylan Larkin à +13,11. Athanasiou n’ayant joué que 5 matchs, les données le concernant sont en revanche trop aléatoires dans l’optique de tirer quelques enseignements.
Avec des PDO*** un peu élevés (ils sont tous au-dessus de la barre des 100%), il est par ailleurs possible que nos trois larrons connaissent une petite baisse de régime à l’offensive sur les prochaines semaines. Afin de tromper cette prédiction, Larkin et Athanasiou auront ainsi du travail à faire au niveau de leur pourcentage de réussite aux tirs, encore très bas. Le centre de 21 ans reste pour l’heure bloqué à 5,4% de lancers convertis, tandis que son partenaire est lui à 6,3%. Les deux hommes, qui ne comptent que trois filets à eux deux, devront davantage régler la mire s’ils ne souhaitent pas laisser le rôle du buteur à Mantha. Ce dernier mise d’ailleurs sur une réussite aux tirs assez élevée, à 17,9%, qui sera probablement amenée à redescendre au cours de la saison…
Si Jeff Blashill doit encore confirmer qu’il compte bien aligner ce trio sur une base régulière à 5-contre-5, les performances offertes jusqu’ici par ces éléments sont néanmoins encourageantes. Qu’ils évoluent ensemble, ou séparés, Athanasiou, Larkin et Mantha représentent le futur d’une équipe de Détroit en quête de sang neuf. Sur une même ligne, leur complémentarité paraît être un atout à exploiter pour leur entraîneur-chef. À Blashill de faire ses choix, en prenant en compte la vision à long terme pour son organisation.
Note :
**GF%: le pourcentage de buts pour, ou GoalsFor%, représente le pourcentage de buts marqués par une équipe lorsqu’un joueur est sur la glace. Il se calcule selon la formule suivante: ButsPour / (ButsPour + ButsAlloués).
***PDO: Additionnant le pourcentage aux tirs et le pourcentage d’arrêts lorsqu’un élément se trouve sur la glace, cette statistique vise à déterminer l’impact de la chance sur les performances d’un joueur.
Sources statistiques: hockeyviz.com, corsica.hockey, hockey-reference.com.
[STATS]5853[/STATS]
[STATS]5829[/STATS]
[STATS]5413[/STATS]
[STATS_EQUIPE]DET[/STATS_EQUIPE]
Commentaires