À la loupe l Avant le match du Canada, un œil sur la « Ligne Skellefteå », le solide quatrième trio des juniors suédois
Ce soir, c’est une équipe suédoise des plus redoutables que s’apprêtent à affronter les Canadiens en marge des demi-finales du Championnat du monde junior 2017. Sur la glace du Centre Bell, les partenaires d’Alex Nylander et Joel Eriksson Ek risquent de poser d’énormes problèmes à la défensive de l’unifolié, alors que l’attaque de la »Tre Kronor » évolue sur un rythme d’enfer depuis l’entame du tournoi. Lors de leur dernière sortie, contre la Slovaquie, les Scandinaves ont ainsi remporté un beau succès 8-3, balayant littéralement un adversaire un rien trop faible pour espérer s’en sortir sans grands dommages. Un match étincelant, qui témoigne aussi de l’incroyable profondeur des avants suédois, alors que six buteurs différents sont venus apposer leur nom sur la fiche de pointage.
Parmi eux, on retrouve notamment un ailier de quatrième trio, Tim Söderlund. En forme face aux Slovaques, le jeune joueur de bientôt 19 ans a non seulement pu inscrire son premier but du tournoi dans ce match, mais s’est même offert un doublé. Un bel aboutissement pour lui, mais aussi pour le reste de sa ligne pivotée par le centre Andreas Wingerli et complétée par Sebastian Ohlsson. La particularité de ce trident ? On y retrouve trois joueurs qui évoluent ensemble en club, sous les couleurs du Skellefteå AIK. Une chimie travaillée donc, que le coach des juniors suédois Tomas Monten n’a pas hésité à exploiter tout au long du tournoi. De par leurs profils assez particuliers, ces trois joueurs forment ainsi un dernier trio intéressant, dont l’apport dans le jeu illustre parfaitement les dangers qui attendent, ce soir, Équipe Canada.
En premier lieu, gageons que cette ligne s’épanouit grâce à une combinaison de vitesse et d’engagement. La jeunesse aidant, ses éléments (qui n’appartiennent pourtant pas à l’élite des techniciens) se donnent les moyens de mettre leurs adversaires en difficulté grâce à des projections rapides d’une zone à l’autre, comme sur le premier but de Tim Söderlund (#29). On y voit le travail d’un attaquant rapide, aussi bien dans son patinage que son exécution, auparavant bien servi par un Andreas Wingerli (#28) brillant via son bon sens de la passe. Des combinaisons rodées, davantage palpables sur le second but où Wingerli parvient cette fois-ci à récupérer le disque le long de la paroi, décalant parfaitement Sebastian Ohlsson (#25), lequel passe ensuite vers Söderlund, qui arme un tir depuis le haut de l’enclave. Si sa première tentative plein axe est repoussée, elle prépare le terrain pour le lancer suivant, qui va finalement permettre aux Suédois de passer à 6-3.
Ces deux actions illustrent bien la particularité de ce jeu à l’européenne, qui repose sur un mouvement constant, des passes et une exploitation maximale des espaces laissés par les arrières adverses. Et si cela ne vous convainc guère, jetez donc un œil à la rediffusion du match contre la Slovaquie proposée sur TSN.ca. En avançant directement à 49’01, vous y verrez les trois partenaires tenir une excellente circulation du disque, en compagnie des défenseurs Lucas Carlsson (#23) et David Bernhardt (#5). Sur cette séquence de possession, qui se poursuit jusqu’à 49’38, les trois partenaires, Söderlund en tête, parviennent à s’échanger la rondelle avec une certaine facilité, profitant cependant de la faiblesse de l’adversaire, déjà abattu. Néanmoins, la finesse technique affichée ici reste symptomatique d’une Équipe Suède qui substitue presque l’échec avant à un jeu de passe dont le but semble être d’étirer la défense ennemie, de jouer avec les espaces. Un style qui nécessite donc un certain niveau, remarquablement assuré par ce quatrième trio.
Individuellement, les trois membres de la »Ligne Skellefteå » ont pour eux certaines qualités utiles dans l’optique développer leur singulier jeu d’attaque. Pour Tim Söderlund (#29), il est avant tout question de fluidité dans son coup de patin, notamment sur les sorties de zone. Comme vous pouvez le voir à 19’40 sur la vidéo de TSN (attention, ça va très vite), c’est grâce à cette rapidité qu’il peut combiner avec Andreas Wingerli (#28), concrétisant ainsi une entrée bien contrôlée dans le territoire ennemi. De son côté, ce dernier assume assez bien son rôle de centre, s’impliquant défensivement tout en ne négligeant pas de diriger le jeu, notamment derrière la cage. Comme vous pouvez le constater, à partir de 13’40, Wingerli vient se placer aux abords du filet à la fois pour essayer surprendre le gardien, mais aussi pour tenter de délivrer quelques bonnes passes, dans une séquence qui se poursuit jusqu’à 14’10. Sebastian Ohlsson (#25), quant à lui, reste peut-être l’élément le plus discret du quatrième trio suédois. Très actif dans la zone neutre, il apporte un engagement certain dans ses duels malgré un gabarit anecdotique (5’9 », 176 livres), bataillant aussi le long des bandes pour subtiliser le disque avec son bâton. À forces égales, il est un attaquant remuant sur le plan défensif, comme l’illustre cette séquence qui débute à 53’40 sur la vidéo de TSN, où l’on voir le numéro 25 venir mettre la pression sur l’adversaire slovaque par l’entremise de sa crosse, avant une récupération habile de la rondelle à la ligne bleue (53’58). Aux côtés de Söderlund et Wingerli, il a d’ailleurs tout intérêt à tenir au mieux son rôle défensif, car les trois compères seront probablement très exposés face à Équipe Canada.
Les Canadiens, justement, représenteront à coup sûr une toute autre opposition que la Slovaquie pour la »Tre Kronor ». Sans nul doute, l’unifolié jouera ses chances à fond en mettant notamment l’accent sur l’élément physique, moins exploité chez les Suédois, et véritable talon d’Achille de notre »Ligne Skellefteå ». Moins robuste, ce trio représente cependant à lui seul ce qui caractérise en premier lieu l’Équipe Suède: une profondeur offensive certaine, doublée d’une grande aisance technique. Pour les joueurs de Dominique Ducharme, l’objectif sera donc de museler l’ensemble des avants adverses, et pas uniquement les noms les plus clinquants de l’alignement de Tomas Monten. Auquel cas, c’est le gardien canadien, quel qu’il soit, qui risque d’avoir assez peu de répit tout au long de la soirée.
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